DISCLAIMER : Les personnages de John Steed, Emma Peel, Purdey et Mike Gambit ne m'appartiennent pas. Je ne fais que les emprunter sans en retirer le moindre bénéfice pécuniaire. En revanche, tous les autres protagonistes de cette histoire, ainsi que l'histoire elle-même sont le fruit de mon imagination parfois fertile.

Et ceci étant désormais dit, je vous souhaite une bonne lecture ! Tout commentaire sera grandement apprécié. Merci.


1977, quelque part en Ecosse. Lundi 16 mai. 8h55.

Un couple s'enlace et s'embrasse sur un lit à baldaquin.

GAMBIT

Nous devons…prévenir…

PURDEY

Je sais….mais…embrasse-moi encore avant.

On voit leurs vêtements s'envoler à travers la chambre et leurs voix ne sont plus que des murmures quand…le téléphone sonne.

Ils mettent un moment avant de répondre.

RECEPTIONNISTE

Monsieur Gambit, nous sommes navrés de vous déranger mais vous êtes attendus, vous et votre épouse, dans le bureau de notre Directeur.

GAMBIT

Quand ?

RECEPTIONNISTE

Au plus vite, monsieur.

GAMBIT

Très bien. Dites-lui que nous arrivons…dans un moment.

Il raccroche, se tourne vers sa partenaire et ils se mettent à chuchoter tout en se câlinant.

GAMBIT

Nous pourrons reprendre ça plus tard ?

PURDEY

Il a mordu à l'hameçon ?

GAMBIT

Oui. Alors ?

PURDEY

Alors on y va mais on appelle Steed auparavant. J'ai une mauvaise intuition.

GAMBIT

Depuis le téléphone de l'entrée, tu crois que c'est prudent ?

PURDEY

Avons-nous une autre solution, Mike ?

GAMBIT

Et pour nous ?

PURDEY

Finissons cette mission et nous en reparlerons.

Ils réajustent leurs vêtements, sortent de la chambre, descendent l'escalier et vont téléphoner dans le hall d'accueil. En passant vers l'entrée, Gambit dépose discrètement un bout de papier qu'il enfouit presque entièrement dans la terre de la jardinière.

STEED

Allô ?

PURDEY

Bonjour mon oncle !

Steed comprend aussi sec qu'ils sont probablement sur écoute.

STEED

Tout se passe bien ?

PURDEY

Oh c'est merveilleux ici. Si vous saviez ! Le manoir est splendide, les autres clients sont comme nous, de jeunes mariés, le personnel est aux petits soins pour nous.

STEED

Je suis heureux pour vous, les enfants.

PURDEY

Ils sont vraiment attentifs à nos moindres désirs. Et le Directeur a l'air charmant et très à cheval sur l'accueil car il nous reçoit, tous, dans son bureau, autour d'un thé, pour évaluer nos besoins.

STEED

C'est bien aimable de sa part en effet. Et les alentours ?

PURDEY

Vous savez, nous n'avons pas encore eu le temps de beaucoup visiter mais je suis sûre que vous apprécieriez énormément la jardinière à l'entrée. Me croirez-vous si je vous dis qu'ils y font pousser des orchidées ?

STEED

En Ecosse ? C'est très surprenant.

PURDEY

Elle est à l'intérieur, Oncle Jim.

STEED

Il faudra m'en dire plus, mon petit.

PURDEY

Je vais prendre une photo pour vous montrer ça dès notre retour.

STEED

Bien.

PURDEY

Vous voulez parler à Mike ?

STEED

Non, embrasse-le pour moi.

PURDEY

Ce sera fait. Nous vous rappellerons demain matin, Oncle Jim. Bonne soirée à vous.

Elle sourit en coupant la communication et tend son bras à son prétendu mari pour se rendre en sa compagnie dans le bureau du Directeur.

Le lendemain, chez Steed, près de Londres. 12h12

Steed est au téléphone.

STEED

Écoutez, Monsieur, je suis sans nouvelles d'eux depuis hier. […] Non, cela ne leur ressemble pas. […] Vous n'avez personne sous la main ? […] Une femme, bien sûr. […] Je vois. Je vais me débrouiller. […] Bien sûr que j'y vais ! Quelle question ?! […] Oui, Monsieur. Cela va de soi. […] Très bien, j'en prends note.

Agacé et inquiet, il raccroche et se sert une tasse de thé. Il réfléchit à la situation devant la fenêtre quand lui vient une idée saugrenue. Aussitôt, il reprend le téléphone et compose un numéro qu'il connait par cœur.

STEED

Allô, Madame Peel ?

EMMA

Che chouis décholée monchieur mais la madame elle êche pas là.

Il sourit.

STEED

Madame Knight ou quel que soit le nom par lequel vous souhaitez être appelée désormais, je vous ai reconnue.

EMMA

Steed ! Quel plaisir de vous entendre. Que me vaut cet honneur ?

STEED

Êtes-vous libre pendant les jours à venir ?

EMMA

Tout dépend pour quoi faire, mon cher.

STEED

Pour m'accompagner en Ecosse.

EMMA

Vraiment ? Et j'imagine qu'il doit y avoir une raison particulière à votre soudaine envie de m'emmener là-bas, n'est-ce pas ?

STEED

Raison que je vous expliquerai de vive voix dans une demi-heure, chez vous, si cela ne vous dérange pas, bien sûr.

EMMA

Steed, je vais peut-être vous sembler quelque peu pointilleuse mais nous venons de passer près de 10 ans sans nous revoir et là, subitement, vous m'annoncez que vous venez chez moi pour m'emmener en Ecosse. Vous comprendrez que je sois…surprise et méfiante.

STEED

Je le comprends mais c'est important. Et il faut que ce soit vous qui m'accompagniez.

EMMA

Et pourquoi moi, précisément ?

STEED

Parce que c'est vous, Emma.

Elle soupire, sachant qu'elle n'en tirera rien de plus.

EMMA

Bien, je suppose que je vais devoir me contenter de ça pour l'instant. Je vous attends dans 30 minutes, John.

STEED

Merci. J'arrive.

Il va dans sa chambre, prépare sa valise, ouvre un tiroir et en sort un boîtier qu'il ouvre pour en vérifier le contenu. Puis il le referme et le range dans la poche intérieure de son veston.

De son côté, en l'attendant, Emma cogite et passe en revue toutes les possibilités. La seule qu'elle pense probable soit qu'il ait besoin d'elle pour une mission particulière où ses compétences seront utiles. Il se serait manifesté bien plus tôt s'il avait eu des intentions autres. Disons plus romantiques. Ou seulement amicales. Ses appels téléphoniques de temps en temps prouvent qu'il ne l'a pas oubliée mais le fait qu'il n'ait jamais émis le souhait de la revoir prouve qu'elle ne compte pas plus que ça pour lui.

Elle prépare une valise et continue à penser à lui, se remémorant quelques-uns de leurs moments de totale complicité. En souriant, elle repense à toutes les fois où elle parvenait autrefois à le désarçonner, à le troubler, à le pousser dans ses ultimes retranchements pour ne pas céder à l'attraction qu'elle représentait pour lui. Elle le savait et en jouait. Mais à ce jeu, elle se souvient aussi qu'elle y perdit des plumes. Ce qui avait commencé comme une lutte de séduction avait fini par lui briser le cœur. Quand son mari était revenu du diable vauvert et qu'elle avait dû quitter John Steed. L'homme dont elle était tombée irrémédiablement amoureuse.

Domicile d'Emma Knight. Même jour. 13h05.

Songeuse, elle boucle sa valise et revient dans son salon au moment précis où la sonnette de la porte d'entrée retentit. Elle ouvre la porte et se retrouve projetée dix ans en arrière. Lui, là, sur le pas de sa porte, son chapeau melon sur la tête, son éternel parapluie au bras, dans son costume gris sombre il est comme dans ses souvenirs. Toujours aussi charmant.

STEED

Bonjour Emma.

EMMA

Bonjour John. Je vous prie, entrez.

Elle lui cède le chemin et il pénètre chez elle. Elle note au passage qu'il n'hésite plus à l'appeler par son prénom. « L'heure doit être grave », ne peut-elle s'empêcher de penser.

STEED

Vous n'avez pas changé d'un pouce, ma chère. Toujours aussi belle et radieuse.

EMMA

Et vous êtes demeuré toujours aussi flatteur. Parce qu'en 10 ans, Steed, j'ai pris quelques rides.

STEED

Moi aussi.

EMMA

C'est vrai, oui. Ainsi qu'un léger embonpoint.

STEED

Je fais pourtant de mon mieux pour l'éviter. Mais la bonne chair et la cinquantaine ont raison de mes efforts. D'ailleurs, je suis persuadé qu'Épicure est mort avant 50 ans.

EMMA

Erreur. Il avait 71 ans. Ce qui était très vieux pour l'époque.

STEED

Je vais finir par vous appeler Universalis, vous savez ?

Elle sourit.

EMMA

Désirez-vous boire quelque chose ?

STEED

C'est gentil mais non. J'aimerais que nous partions au plus tôt.

EMMA

Seulement après que vous m'ayez dit de quoi il s'agit, Steed.

En évitant le regard d'Emma, il parcourt la pièce et lui répond.

STEED

Un manoir d'Ecosse, au bord du Loch Tay, accueille des couples de jeunes mariés qui, deux jours après leur arrivée, disparaissent sans laisser de traces. À ce jour, il y a eu 5 couples au cours des 2 derniers mois. J'y ai envoyé mes agents, Purdey et Gambit, sous couverture. Ils devaient me rappeler ce matin et…

EMMA

C'est le sixième couple à avoir disparu ?

STEED

Exact. Le plus étrange c'est que ce manoir compte 6 chambres et que toutes furent louées au cours des 8 dernières semaines. Mais seuls 5 couples ont disparu.

EMMA

C'est curieux, en effet. Qu'en pensez-vous ?

STEED

Qu'il doit y avoir une sélection opérée par le Directeur peut-être, parmi les couples. C'est du moins ce que je pensais et j'avais chargé mes agents de découvrir ce qu'il en était.

Elle subodore déjà la question qu'il va lui poser.

EMMA

Et donc, là, vous êtes venu faire appel à moi pour… ?

STEED

Toutes les femmes de l'organisation sont en missions diverses. De plus, aucune d'elles n'aurait pu jouer ce rôle auprès de moi.

EMMA

Et pour quelle raison ?

STEED

Parce que nous nous connaissons tous les deux parfaitement bien. Si nous avions à répondre à des questions personnelles l'un sur l'autre, je sais que nous pourrions le faire sans ciller.

EMMA

Vous oubliez qu'il y a eu dix années pendant lesquelles nous avons pu changer, John.

STEED

Avez-vous tellement changé ?

EMMA

Et vous ?

STEED

Non. Et nous allons avoir quelques heures de train pour discuter de tous les moindres détails qui pourraient nous avoir échappé.

EMMA

En d'autres termes, vous me demandez de reprendre du service.

STEED

Emma, je ne ferais pas ça si je n'y étais pas obligé. Croyez-le bien, je suis sincèrement désolé d'avoir à le faire mais je suis inquiet pour les enfants et…

EMMA

Les enfants ?

STEED

Je les appelle comme ça.

EMMA

Et ils vous appellent papa ?

STEED

Ça leur arrive, oui. Mais en général, je suis plutôt leur oncle.

Elle rit.

EMMA

Et je suis votre dernière chance, c'est ça ?

STEED

Pas la dernière mais la meilleure. J'aurais pu y aller seul et me faire passer pour un agent commercial quelconque, un entrepreneur, un banquier, que sais-je ? Mais j'ai pensé qu'il serait plus simple d'avoir un accès direct au cœur du problème en étant moi-même un jeune marié accompagné de ma jeune et ravissante épouse.

EMMA

Il n'est pas nécessaire de me flatter pour obtenir mon aval, Steed.

STEED

Je sais mais je ne faisais que dire la vérité.

EMMA

Bien. J'ai eu raison de maintenir mon niveau d'arts martiaux.

STEED

Alors vous acceptez ?

EMMA

Je ne le devrais sans doute pas mais…je ne me souviens pas d'un jour où j'ai été capable de vous refuser quoi que ce soit.

STEED

En cherchant un peu, nous en trouverons bien. Je peux utiliser votre téléphone pour réserver notre chambre au Manoir ?

EMMA

Bien sûr, faites comme chez vous.

Elle se rend dans sa chambre et prend sa valise. Elle écoute vaguement ce que dit Steed au téléphone et revient au salon quand il en a fini. Il regarde sa valise.

EMMA

Je l'avais préparée au cas où vous arriveriez à me convaincre.

STEED

Allons, Emma, je suis persuadé que vous mourriez d'envie de changer d'air et de faire un peu d'exercice, non ?

EMMA

De quels exercices parlez-vous pour une jeune mariée ?

Certaines choses ne changeront jamais, pense-t-il. Elle le provoque gentiment, l'allume et il doit se contenir. Toujours se contenir.

STEED

Je peux laisser ma voiture devant chez vous ?

EMMA

Vous pensez qu'on peut aller à la gare à pieds, Steed ?

STEED

J'ai pris la liberté de commander un taxi avant de partir, chère madame.

Il jette un œil sur sa montre et reprend.

STEED

Taxi qui sera là dans 5 minutes.

EMMA

Si je vous suis bien, vous aviez minuté le temps qu'il vous faudrait pour me convaincre de vous accompagner.

STEED

Plus ou moins, oui. Ainsi que je vous le disais, nous nous connaissons excessivement bien et je savais que j'obtiendrais un oui ou un non ferme de votre part en moins de 20 minutes. Il nous reste même du temps.

EMMA

Je savais que j'aurais dû essayer de vous faire languir davantage.

Il meurt d'envie de lui rétorquer que cela fait 12 ans qu'il se languit d'elle mais se retient. Encore trop tôt.

Puis le taxi arrive et les emmène à la gare.

TBC