Disclaimers : Tous les personnages appartiennent à Blizzard, je ne fais que jouer avec ! (Et l'idée de base me vient de sailorSweety, OF COURSE)
Prologue
Dans les séries et films américains qu'elle adorait, ça commençait souvent par un héros ou une héroïne qui était cruellement déraciné de chez soi pour une raison X ou Y et qui subissait des adieux déchirants… Elle avait toujours trouvé ça ridicule, exagéré.
Jusqu'à ce que ça lui tombe dessus.
Deux semaines plus tôt, lorsque son oncle, chez qui elle vivait depuis trois ans, avait accepté un travail au Texas. Et depuis, elle avait tout fait pour le faire revenir sur son idée. Elle comprenait qu'il n'en puisse plus de son travail à la boucherie et qu'il avait vu tellement d'horreur qu'il en était même devenu végétarien. Elle comprenait aussi qu'il ait besoin de changer d'emploi. Mais pourquoi le Texas ?!
Hana avait préparé ses affaires comme il lui avait demandé. Elle n'avait rien oublié. Allant de ses vêtements à ses peluches. Elle n'oubliait pas ses robots qu'elle collectionnait, ni son ordinateur. Elle n'avait pas non plus oublié les adieux en larmes auprès de ses amis qu'elle ne reverrait peut-être jamais.
À part sur Skype.
Mais elle ne voulait pas les voir juste par Skype…
- Hana ?
Elle avait les bras croisés, la tête appuyée contre le montant de la portière de la voiture d'occasion. Elle regardait le paysage défilé. Ils avaient quittés San Antonio après avoir pris l'avion et ça faisait plus de trois-quarts d'heures qu'ils conduisaient. Elle avait vu le panneau affichant Pipe Creek mais savait qu'ils n'allaient pas là.
Ils en avaient encore pour une dizaine de minutes.
- Je vais « bien ». J'essuie juste le coup.
- Dix heures.
- Je sais. Soupira-t-elle.
Elle bougea la main pour mimer une personne qui parlait.
- Ça fait dix heures que tu ne m'as pas parlé. Je ne comprends juste pas… Le Texas ?! Il n'y avait aucun travail ailleurs, tonton Mako ?
Il avait les mains autour de son volant, lequel disparaissait presque sous ses doigts boudinés. Et pour laisser la place à son imposant ventre, il devait repousser au maximum son siège.
- Si. Mais c'est une ferme.
Elle le connaissait depuis le temps et elle se doutait de ce qu'il voulait.
- Tu crois que tu vas pas devoir tuer d'animaux là ?
- Je vais travailler dans la maison.
- Et moi ? Je vais devoir faire quoi ? Demanda-t-elle.
- Pipe Creek. Ils ont des écoles aussi.
- Je l'ai vue. Répondit Hana.
Elle retira ses lunettes pour essuyer les verres avec son t-shirt puis le remit à sa place.
- Ça te fera du bien. Dit-il.
Elle le regarda, appuyant son coude contre la vitre qu'elle avait entrouverte. Pourquoi le Texas serait mieux que les étendues Néo-zélandaises ?
Bon, il était vrai qu'ils vivaient à Tauranga et que c'était du béton, béton et béton à perte de vue. Ici, ils seraient dans un coin perdu. Elle ne voyait plus que de l'herbe à perte de vue. De l'herbe qui n'était plus très verte, d'ailleurs. Des ballots de pailles roulaient le long des sentiers terreux et couverts de gravillons.
C'était dur d'avancer ici et son corps sautait de temps en temps sur son siège.
Mako regardait à droite et à gauche. La propriété devrait bientôt être discernable au loin.
On l'avait engagé parce qu'il fallait absolument que la ferme soit un peu plus en état lorsque ses nouveaux propriétaires arriveraient. Il se demandait depuis combien de temps les champs étaient laissés à l'abandon. Il n'y avait pas d'animaux si ce n'était des corbeaux. Il n'y avait rien qui semblait fertile.
Il se demandait comment les gens avaient seulement pu accepter cette ferme.
Il lui paraissait évident qu'il n'y avait aucun espoir pour les années à venir. On ne perdrait que de l'argent. Est-ce que lui, il serait payé ? On lui avait promis un petit bâtiment annexé à la ferme. On lui avait promis mille cinq cent dollars. Et il était ici ? Il avait l'impression d'avoir fait une erreur.
Quitter la Nouvelle-Zélande où il avait un travail pour se perdre au Texas ? Sa nièce avait raison. C'était insensé. Mais son travail le rendait malade… Chaque soir, il rentrait un peu plus déprimé, se haïssant. Il n'en pouvait plus de voir le regard des animaux avant qu'il les tranche. D'être couvert de sang. D'entendre le cri des animaux.
Il devait fuir.
Il devait être dans un lieu où les animaux seraient aimés…
Mako dressa le doigt et montra la seule chose qui ressortait un peu de ce champ aride. Hana se pencha contre la vitre. Elle venait d'apercevoir la ferme. Ses yeux s'écarquillèrent.
- Oh mon Dieu !
Non seulement il y avait un immense bâtiment qui tenait plus du château que de la ferme, mais il y avait aussi d'autres bâtiment. Il était incapable de savoir à quoi ils pouvaient servir mais il reconnaissait au moins un silo et des serres.
Peu importe qui avait décidé de reprendre la ferme, ils avaient les moyens. On ne pouvait pas transmettre un tel endroit sans avoir l'argent qui allait avec.
Bon… La peinture blanche devrait être refaite sur les murs il fallait changer les rideaux qui étaient mangés aux mites les fenêtres étaient immondes il manquait des tuiles sur le toit mais ça restait un endroit magnifique.
Ils pouvaient deviner certains endroits. Là, ça devait être un verger. Ici, c'était probablement un poulailler, par là, ça ressemblait à une porcherie, non ? En tout cas, une certaine odeur stagnait et s'élevait. Là, avec ses bottes de foin pourries qui se voyaient par les portes ouvertes, ça devait être le fenil. Toutes ses choses étaient derrière la maison, comme cachées au monde alors que des clôtures à moitié détruites annonçaient qu'il y avait eu un enclos à pâturage.
Hana courait par-ci, par-là. Cette merveille, qui avait bien besoin d'un lifting, lui faisait oublier qu'elle avait tout quitté parce qu'il y avait tellement à découvrir ! Elle n'avait jamais été du genre à rêver de château, de robe de Princesse ou quoi que ce soit mais ses yeux pétillaient. Elle aurait rêvé, par contre, d'un pareil endroit pour jouer étant enfant. Ça ne voulait pas dire qu'elle ne pouvait pas s'amuser maintenant. Elle n'avait que quinze ans. Ça pouvait être son usine de robot qu'elle dominerait !
Elle s'étira en revenant près de la voiture puis passa ses mains dans ses courts cheveux bruns avec un sourire.
- On va voir la maison et au boulot. Dit Mako.
Ils avaient dit, dans le mail qu'on lui avait envoyé, qu'il avait le droit d'avoir le petit bâtiment à gauche. Il s'agissait d'une petite maisonnée ne comportant qu'un rez-de-chaussée. Ils s'y rendirent ensemble et découvrir une salle de bain, une chambre, un salon et une cuisine. Il faudrait remplir la cuisine. Il dormirait dans le fauteuil. Il lui suffisait d'aller acheter un clic-clac.
Mais avant de penser achats, ils devaient remettre de l'ordre ici ! Les propriétaires arriveraient dans deux semaines.
On lui avait dit qu'il recevrait plusieurs mails pour préparer la maison comme il se devait. La première chose à faire, c'était de pouvoir vivre. Ensuite, de rendre la demeure principale présentable.
Il ne devait pas perdre de temps !
- Installe-toi. Dit-il.
Il regarda la chambre de sa nièce et donna des coups sur le matelas, soulevant de la poussière qui le fit tousser. Il ouvrit en grand les fenêtres, faisant tomber des toiles d'araignées avec leurs propriétaires. Heureusement, ils avaient emmenés leurs propres affaires et elle aurait des draps propres.
Il se rendit vers la salle de bain et regarda s'il pouvait récupérer un peu d'eau. Ou tout simplement de l'eau. On l'avait prévenu que l'électricité et l'eau étaient payées. Mais les charges pouvaient bien être réglées, ça ne voulait pas dire qu'un si vieux endroit les accueillerait…
Hana regarda son oncle s'éloigner, son ventre se soulevant et s'abaissant brusquement lorsqu'il se déplaçait. Il s'épuisait très vite à cause de son embonpoint et ça lui faisait de la peine. Elle le savait résistant mais il donnait toujours l'impression qu'il allait tomber dans les pommes pour un rien.
Elle se donna un coup de fouet mental et se mit au travail immédiatement. Elle commença par faire le ménage pour pouvoir mettre ses affaires dans les placards sans redouter que ça devienne la maison de quelques animaux.
Il n'y avait pas que les insectes qui avaient pris possessions des lieux mais aussi des rats, souris, mulots ou chauve-souris. Elle trouva même une fouine dans un tiroir…
µµµ
Mako avait réussi à relancer l'eau dans la petite maison et dans l'immense aussi. Qui était vraiment, vraiment immense. Ça faisait tourner la tête de voir autant d'étages, de chambres, de salles de bain. Le modèle ressemblait beaucoup à celle des Riches du Sud. Ceux dont on vantait tellement la beauté et la grandeur. Même si elles avaient ces petits désavantages.
Maintenant, il essayait de faire un peu de ménage. Remettre le gaz, l'électricité…
Il devait bientôt allez faire ces fameuses courses mais il voulait d'abord voir les frigos fonctionner. Sans ça, il n'y aurait pas d'espoirs !
Mako était acharné. C'était une de ses plus grandes qualités. Il ne baissait pas rapidement les bras et il aurait raison de tous les soucis de cette maison.
En deux semaines. Il se le jurait !
Ce n'est que lorsqu'il eut terminé de ramener électricité et gaz qu'il sortit pour aller à la voiture. Il avait déjà dit à sa nièce qu'il irait en ville et il n'avait pas besoin de se répéter. Il s'arrangerait pour rendre le véhicule bientôt, quand il en aurait acheté un à lui mais pour l'instant, il en avait encore besoin. D'autant plus qu'ils étaient vraiment reclus de tous.
Il contourna la carlingue bleue et remarqua un papillon entre le parebrise et les essuie-glaces. Il soupira.
- Idiot.
Il déplaça le plastique et mit son gros doigt sous l'insecte. Les ailes jaunes soulignées de rouge. Il était magnifique, d'un genre qu'il n'avait jamais vu mais qui devait être d'ici. Il agita la main pour le faire s'enfuir et il le suivit des yeux. Il se glissa ensuite derrière son volant. Il démarra et partit pour la ville. Il devrait être de retour d'ici une heure. Deux, grand maximum.
µµµ
Il restait beaucoup de choses à faire mais tout ne pouvait se régler en un jour. Ils avaient bien le droit de se reposer. Surtout qu'ils devaient se lever tôt s'ils voulaient aller inscrire Hana à l'école. Aussi, Mako faisait le repas pendant que l'adolescente fouinait encore ci et là.
Il faisait dorer du maïs au four, cuisait des pommes de terre pour de la purée et surveillait des steaks de tofus. Sa nièce n'avait jamais exprimé l'envie de manger de vraie viande au repas, ce pourquoi il ne lui en faisait pas. Mais il la laissait dévoré des saucisses si elle le désirait ou quoi que ce soit d'autre.
Les odeurs étaient tout à fait délicieuses dans la cuisine et ça donnait une sensation de vie dans la maison. Il avait la sensation qu'on pouvait habiter ici.
- Tonton !
Hana arriva dans la pièce.
- Hm ! Ça sent bon ! Commenta-t-elle. Tonton ! Tu peux venir m'aider ?
Il tourna la tête vers elle, l'air de lui demander « avec quoi ? »
- J'ai trouvé quelque chose dans la grange ! S'il te plaît ! S'il te plaît !
- Attends.
S'il laissa les pommes de terre bouillir dans leur eau, il coupa sous les steaks. Il accompagna sa nièce à l'extérieur et traversa la cour aride pour entrer dans la grange à sa suite. Il restait encore un peu de foin et de paille pourris dont l'odeur était insupportable mais la plupart avait été mis à l'extérieur, pour le compost. Pour qu'ils puissent nourrir les champs dès qu'il le faudrait.
Il ne savait pas encore ce que serait exactement sa tâche une fois que ses employeurs seraient là.
- Regarde !
Elle pointa un épouvantail derrière une vieille échelle. Elle le trouvait fantastique même s'il lui manquait une jambe et qu'il était rempli de coutures en tout genre. Il avait une cagoule sur la tête d'où du foin sortait comme s'il avait une queue dans des cheveux pailles. Et ses yeux lui faisaient penser à ceux des robots. Il était tout bonnement effrayant avec sa bouche ouverte sur le foin.
- Il est super classe, non ?
Elle pointa le bois pourri sur lequel l'épouvantail était accroché. Un épouvantail en parfait état. Il ne puait même pas !
- Y a pas de plantation. Dit Mako.
- Mais il est classe ! Protesta Hana. On pourrait le mettre devant ma chambre en attendant ? S'il te plaîîîîîît ?
Elle lui fit les yeux doux.
Mako prétendait toujours que rien ne pouvait le faire céder et qu'il était inflexible. Bien sûr, c'était sans compter qu'il avait plus de cœur qu'il ne le reconnaissait. Il préférait néanmoins ne pas trop le faire savoir autour de lui. Surtout pas quand les yeux de sa nièce pouvaient définitivement le faire céder sur presque tout.
Ce n'était qu'un épouvantail.
Et elle avait toujours eu un goût bizarre.
- Le bois est vermoulu. Remets-le en état et tu en fais ce que tu veux !
Hana poussa un cri de joie avant de se mettre à la recherche d'un bout de bois. Il fallait qu'elle mette la main sur un manche de balai ou quelque chose dans ce goût-là.
Mako ravala son sourire et il partit vers la cuisine pour terminer le repas. Il avait très fait. Il décida de préparer une salade en plus. Il avait même acheté de la vinaigrette et ça promettait d'être délicieux !
µµµ
Lorsqu'on venait dans une nouvelle maison, on était toujours confronté au chant inhabituel. Le bruit dans les tuyaux, les animaux qui grattaient, le vent qui ne sonnait pas pareil… C'était encore pire lorsque tout se remettait en marche depuis allez savoir combien de temps…
Mako somnolait dans le divan-lit, difficilement bercé par le son de ces imperfections.
Après avoir autant travaillé, il aurait dû tomber comme une pierre et juste s'endormir mais il restait à moitié éveillé. Juste assez pour être conscient de ce concerto affreux. Au moins si Hana venait le voir, inquiète, il pourrait lui dire « ne t'inquiète pas, c'est l'eau dans les tuyaux ». Quoique ce n'était pas le genre de sa nièce qui avait toujours eu des tripes en métal.
Il entendit un coyote au loin et s'imagina que si Hana était réveillée, elle devait être transportée de joie.
Ils adoraient les animaux, tous les deux.
- Hhhhgggnnnnnn.
Il se redressa dans le divan-lit.
Qu'est-ce que c'était ?!
- Aaaaaaaaaaaaaaaaargh ?
Un cri humain ?
Il se leva et se précipita vers la chambre d'Hana, ouvrant d'un coup, haletant comme un porc.
- Hana ?!
- C'était quoi, tonton ? Demanda-t-elle.
Elle-même semblait plus que paniquée.
- Pas toi ?
Elle secoua la tête.
Il lui fit signe de ne pas bouger et il alla chercher une lampe torche ainsi qu'un couteau de boucher alors que les hurlements se mêlaient à des plaintes. Il fronça ses épais sourcils en braquant le faisceau partout. Il scrutait les environs après le moindre indice.
- Pitié. Pitié. Pitiiiiiiiiiiiiiiii… aaaaaaaaaaargh.
- Y a quelqu'un ?! Cria Mako.
- On ne vous veut aucun mal ! Reprit Hana.
Il se tourna vers elle et lui montra la main d'un doigt épais. Son expression était si furieuse qu'elle s'exécuta immédiatement.
Les cris furent remplacés par des sanglots.
- J'ai rien fait… Gémissait-on.
C'était une voix assez jeune. Un adolescent ?
Il fit le tour de la ferme avec sa lampe torche mais ne trouva rien. Au loin, il entendit un loup hurler à la mort. Ça ne dissimulait pas les sanglots…
