Emma poussa lentement la porte de la maison et la referma délicatement derrière elle. Elle ôta rapidement ses chaussures et accrocha sa veste au porte manteau de l'entrée, tentant de faire le moins de bruit possible.
Elle avança à pas de loup vers le salon, et lorsque Ruby l'aperçut depuis le canapé, elle se leva d'un bond, éteignant l'écran de télévision d'un rapide geste de la main.
« Salut Emma, » chuchote la jeune femme qui s'est récemment teint les cheveux en rouge. « Henry a un peu traîné sur l'heure du coucher mais il a fini par s'endormir. Il te réclamait, et...
-Je sais, » la coupe Emma d'un geste de la main. « Plus le temps passe et plus il est difficile de lui faire entendre raison. » souffle-t-elle. « Hope se repose aussi ?
-Elle dort comme une bûche! » glousse la jeune femme aux cheveux rouges, sous le regard amusé d'Emma.
« Très bien.. merci beaucoup Ru' » chuchote t-elle en donnant une accolade à la jeune femme.
« Vous me devez un rencard, Emma Swan.. » rougit alors la dénommée Ruby.
« Je te demande pardon ?
-Un rencard. » répète t-elle en rougissant de plus belle. « J'ai promis de te faire goûter les fameux sandwichs de crème glacée et de te forcer à regarder Scream avec moi si tu parviens à rentrer avant minuit un de ces soirs...
-C'est vrai... » souffle la blonde en se grattant nerveusement la nuque. « Je suis désolée, j'ai beaucoup de travail et..
-Je sais que tu es débordée, Emma, » la coupe la rouquine. « Je disais ça pour plaisanter. » ment elle en baillant pour se donner une contenance.
« En tout cas merci, » répète Emma.
« Bonne soirée, Emma Swan, » annonce la rouquine en enfilant sa veste et en remettant ses chaussures.
« Bonne soirée, Ruby. » lui réplique la blonde alors que la porte d'entrée se referme enfin sur la baby-sitter.
Épuisée de sa journée, Emma décide de simplement aller se coucher, non sans aller vérifier d'abord que ses enfants dorment à poings fermés dans leurs chambres respectives.
C'est Gold qui avait conseillé à Emma d'engager Ruby comme baby-sitter pour l'aider à soutenir le rythme de ses journées chargées. Ruby récupérait Henry à l'école et Hope à la garderie tous les soirs de la semaine, et se chargeait de les surveiller jusqu'au retour de la policière. Ruby avait longtemps été baby-sitter avant qu'un ami ne la réfère auprès de la banque pour occuper ce que sa grand mère désignait comme « un vrai travail ». Mais la jeune femme préférait de loin passer du temps avec des enfants plutôt qu'accueillir des clients ou signer des demandes de retrait. Aussi avait elle accepté immédiatement la proposition d'Emma, lorsque celle-ci l'avait contactée quatre mois plus tôt.
Au delà d'être une gardienne hors pair pour ses enfants, Ruby était d'une agréable compagnie. Emma et elle avaient souvent partagé des fins de soirées à manger du popcorn et discuter devant un film, alors que les enfants étaient couchés. Malheureusement, si elle l'appréciait fortement, la policière ne pouvait se plier aux réelles intentions de la jeune femme rousse. Elle adorait sa compagnie et la considérait comme une bonne amie mais cela ne pouvait aller plus loin. Emma n'en était tout simplement pas capable.
7h43
« Tu as réussi à la trouver ? » demande l'adolescent en avalant une nouvelle bouchée de céréales.
Face à lui, Emma boit son café en surveillant que sa cadette ne se barbouille pas du gruau qu'elle est en train de dévorer.
« Trouver qui? » questionne Hope d'une voix fluette en prenant une nouvelle cuillerée.
Emma lance alors un regard sombre à Henry, avant de se racler la gorge pour se donner une contenance.
« Non, Henry. » réplique la policière. « Mais ce ne sont pas tes affaires. Je suis tenue par...
-Le secret professionnel ouais, » soupire le garçon. « Tu le répète tout le temps mais en attendant...
-Ne me pousse pas à bout, Henry. » le coupe sa mère sur un ton froid. « Et va te préparer, s'il te plaît. Tu vas être en retard. »
« Est ce que c'est toi qui m'amène ce matin? Ou bien tu vas encore demander à Mary de te remplacer dans ton rôle de mère ? » s'enquiert l'adolescent d'un air de défi.
De son côté, Emma déglutit de rage. Si les derniers mois ont été compliqués pour eux, Henry devient de plus en plus insolent, dernièrement. Et, étant angoissée par son propre travail, Emma a du mal à supporter les remarques de son aîné. Néanmoins elle prend une grande inspiration pour se calmer avant de lui répondre.
« C'est moi qui vous amène. » souffle-t-elle. « Je sais que tu commence un peu plus tard mais j'aimerais qu'on discute après que j'ai déposé Hope à la garderie.
-Si ça te chante, » soupire l'adolescent en repoussant son bol de céréales vide et en se levant de table.
Emma soupire pour apaiser enfin la colère qui grondait en elle, et s'attelle à essuyer le menton de la petite fille avant de la prendre dans ses bras pour l'amener se préparer dans sa chambre.
Plus tard.
« C'est ici. » indique Emma en garant sa voiture devant un immeuble sombre dont la façade dissimule les immenses lofts de leurs propriétaires, à l'intérieur.
Henry se tourne vers elle, interdit, et la questionne du regard.
« Ici qu'elle...
-C'est la dernière adresse que j'ai trouvée, du moins. » explique Emma.
« Alors allons y! » propose l'adolescent.
« Hors de question, » réplique sa mère. « Je suis bien trop loin dans mon enquête.
-Tu enquête réellement sur elle? » demande le garçon alors qu'une moue dégoûtée se peint sur son visage encore enfantin.
« Je n'ai pas vraiment le choix, Henry. » soupire Emma alors que son cœur se serre de douleur.
« Mais c'est ma...
-Je sais, » le coupe la blonde. « Mais ses agissements des derniers mois m'obligent à lancer une enquête plutôt qu'une simple recherche. » explique-t-elle en retenant l'angoisse qui la gagne, mêlée à une pointe de rage.
« Tu lui en veux encore? » ajoute l'adolescent, curieux.
« C'est compliqué, Henry. » rétorque sa mère en ramenant la voiture sur la rue pour prendre la direction de l'école de l'adolescent.
« Tu n'en parles pas... tu ne me dis même pas ce que tu ressens et je ne sais pas quoi penser, M'man... » souffle le garçon alors que de petites larmes perlent aux coins de ses yeux.
« C'est compliqué, » répète Emma en faisant mine de ne pas remarquer la tristesse de son aîné.
« Mais je ne sais pas quoi penser Maman! » Gronde à présent l'adolescent. « Ça fait huit mois que je ne l'ai pas vue et qu'on a pas de nouvelles... comme si elle m'avait pas assez manqué avant! »
Il frappe sur le tableau de bord de l'auto, de rage, et Emma sursaute de la violence du garçon. Mais elle ne dit rien, préférant le laisser passer ses nerfs.
« C'est quoi qu'il s'est passé à la fin?
-Je te l'ai déjà dit, Henry. » soupire Emma.
« Mais enfin on ne disparaît pas pour ça! C'est quoi son problème à la fin?! » tonne-t-il, et la policière remarque que ses joues se teintent de rouge, comme à chaque fois qu'il est hors de lui.
La jeune femme blonde reste interdite face à la colère du garçon. Elle a fait ce qu'elle a pu, et essayé maintes fois de se convaincre que les choses allaient s'arranger, mais la situation ne s'est pas débloquée. Depuis huit mois, elle s'occupe seule de leurs deux enfants et Régina ne semble pas désirer reprendre contact avec eux. Et encore moins revenir vivre la petite vie de famille qu'elles ont pourtant créé.
Emma se retient de donner, elle aussi, un coup sur le tableau de bord alors qu'elle se stationne devant le collège d'Henry. Je n'en peux plus, songe-t-elle.
« Bonne journée, à ce soir. » souffle le garçon en sortant rapidement de la voiture et en claquant la porte derrière lui.
Emma ne prend même pas le temps de répondre, et se contente d'allumer le poste radio pour se changer les idées.
Neuf mois auparavant, Vincent lui demandait de rejoindre d'autres agents a Londres pour une mission de traque. D'autres attentats avaient eu lieu dans la capitale britannique et les services secrets du monde entier se mobilisaient pour retrouver les coupables et empêcher que les tragédies ne se répètent.
Après avoir passé un mois éprouvant à Londres, Emma avait reçu, un soir, un message de son ex petite amie. Une photo que Sheppard avait prise à Montréal, sur laquelle on voyait Régina embrasser langoureusement une de ses amies. Ne supportant pas le choc, la policière était revenue immédiatement au Canada, et Régina lui avait avoué l'avoir trompée après une soirée fortement arrosée. Elle avait expliqué à Emma que son absence l'affectait trop, et qu'elle ne l'avait plus supportée.
Mais la jeune femme blonde ne l'entendit pas de cette manière. Une dispute éclata entre elles deux et prit des proportions dépassant largement la simple histoire de tromperie. Emma avait quitté le domicile familial avec Henry et Hope, laissant Régina quelques jours pour y réfléchir.
Mais une semaine après, la portoricaine avait quitté la maison avec toutes ses affaires, et choisit de ne plus donner signe de vie à ceux qui constituaient, autrefois, sa famille.
Malheureusement, Emma eut rapidement des nouvelles de la banquière, lorsque Gold lui demanda pourquoi Regina avait démissionné précipitamment, et, un peu plus tard, lorsque le lieutenant de police Boisvin lui annonça que le chapitre portoricain avait réouvert à Montréal. Cette fois, il portait le nom de Mills, et semblait sévir bien plus que son prédécesseur... Aussi Emma s'était elle vue débuter une enquête sur sa propre ex-conjointe -même si elle ignorait où en était réellement sa relation avec Regina- car son supérieur estimait qu'elle était la plus à même de la mener jusqu'au bout.
Sean, de son côté, n'avait pas pu aider Emma. Les portoricains avaient coupé toutes leurs alliances avec les motards et, s'il avait essayé mainte fois de s'entretenir avec leur nouvelle chef pour négocier, Derry n'avait jamais obtenu l'autorisation de parler à Regina.
Vendredi soir, 23h10
Emma pousse la lourde porte de l'établissement et, avant même que le videur ne s'approche pour la fouiller, elle lui montre son insigne de police. Il acquiesce d'un air grave et mime une révérence pour la laisser passer.
Henry et Hope passaient la nuit chez leur tante Mary, et devaient s'être endormis devant un film avec leurs cousines. Emma avait toute la nuit devant elle.
Par précaution, elle avait laissé son arme de service dans sa voiture, mais avait gardé son insigne, sachant que ça lui ferait sauver de précieuses secondes auprès du videur.
Elle joua des coudes dans la foule d'hommes qui étaient proches du bar et, une fois arrivée devant l'épais comptoir, demanda à un barman de voir la gérante de l'établissement.
Une jeune femme rousse apparut alors quelques minutes plus tard, et, lorsqu'elle aperçut Emma, son éternel sourire radieux disparut. La policière put aisément lire l'angoisse se dessiner sur le visage de sa belle-sœur.
« Elle n'est pas là, Emma. » débuta Kelly d'un air grave.
« Ne te fous pas de moi, K. Elle n'est nulle part ailleurs, » réplique Emma d'un ton sec. « Je dois lui parler. »
L'hésitation de la rouquine fut visible, alors qu'elle déglutissait pour contenir sa panique.
« Je ne pense pas que ce soit une bonne idée.. » répéta t elle.
Mais le regard d'Emma lui fit comprendre qu'elle ne plierait pas, aussi lui indiqua-t-elle une salle annexe de l'établissement. Kelly rejoint la policière devant la porte de la salle VIP du club, et hésita un instant :
« Tu es..
-Je ne suis pas armée, Kelly. » la rassura la blonde en remontant son chemisier sur ses hanches pour lui prouver qu'elle ne mentait pas.
« Très bien, » souffla la rouquine dont les traits étaient à présent crispés de terreur.
Elle ouvrit la porte et, d'un geste du doigt, indiqua à Emma un coin particulier de la salle.
Des danseuses à demi nues se déhanchaient sur un podium au milieu de la pièce, et la musique résonnait moins forts entre les murs que dans la partie régulière du club. Emma avança lentement, respirant à grande bouffées pour se préparer à la confrontation.
Elle savait que Regina fréquentait souvent le club de Kelly, mais elle n'avait trouvé ni le courage ni le temps d'aller lui parler dans les mois précédents. Aussi ce soir s'était-elle servi deux verres de scotch avant de se décider à prendre la route vers la Green Room.
Sur l'immense canapé de cuir que Kelly lui avait désigné, Emma remarqua une dizaine de personnes qui paraissaient tous avoir de passionnantes discussions avec leurs voisins. Sur la table au milieu trônait un seau rempli de glace et de bouteilles de champagne. D'autres bouteilles d'alcool traînaient ça et là sur la table, et chacun avait un verre à la main. Au centre du canapé, la blonde reconnut immédiatement la personne qu'elle venait voir, et son cœur se serra. La portoricaine semblait plongée dans une conversation fort intéressante avec la jeune fille à sa droite, et sa main posée sur sa cuisse indiquait qu'elle essayait clairement de la séduire. Emma tenta de faire fi de ses sentiments et continua d'avancer vers le cercle.
Regina avala une nouvelle gorgée de son verre et réprima un hoquet. Elle sentit son esprit divaguer légèrement, comme si un coussin de plumes avait remplacé son cerveau. Elle sourit, consciente que l'alcool faisait enfin effet, et plaça sa main sur la cuisse de la jeune femme qu'elle tentait de séduire depuis le début de la soirée. Elle était blonde, jeune, et ses yeux bleus attiraient la portoricaine autant que la finesse de ses jambes. Regina n'avait pas manqué non plus de remarquer la poitrine généreuse de l'inconnue, et savait déjà qu'elle allait tout faire pour la ramener chez elle à la fin de la soirée.
Cela faisait quelques mois que la portoricaine se refusait à passer ses nuits seule, et encore moins sobre. Elle prétendait profiter enfin de sa jeunesse alors qu'en réalité, elle était seulement terrifiée par ses démons qui n'attendaient que le déclin du soleil pour l'assaillir...
Alors qu'elle se tourne de nouveau vers la table pour se resservir un verre de whisky, Regina sursaute en apercevant Emma. La policière rejoint enfin le petit groupe et, ne donnant aucune espèce d'attention à la blonde, s'adresse directement à son ex conjointe.
« Regina il faut qu'on parle. » crache-t-elle, tentant autant qu'elle peut de dissimuler la rage qui broie son cœur depuis qu'elle a aperçu la brune.
« Je t'écoute, » sourit Regina, qui est pourtant décontenancée.
Elle essaie toujours de garder une attitude décontractée auprès de ses pairs. Comme si rien ne pouvait l'atteindre. Elle sait que son chapitre effraie la moitié de la ville depuis presque six mois et le pouvoir qu'elle a acquis en ce court laps de temps est aussi grisant que libérateur.
Quand elle domine ses pairs, ou quand elle leur ordonne d'aller dérouiller un traitre, elle oublie aisément qu'elle ne ressent, en réalité, plus aucune envie d'exister. L'emprise qu'elle a sur nombre de ses prospects lui permet de ne pas songer à ses actes passés, et elle en a presque oublié le concept même de regret. Presque est le mot approprié, car lorsqu'elle se retrouve seule, chez elle, elle redescend bien rapidement dans les enfers qu'elle n'a, en réalité, pas quitté depuis huit mois.
« Pas ici. Dehors. » ordonne la policière.
La brune sourcille et laisse échapper un rire mesquin pour se donner une contenance auprès de ses acolytes qui ont commencé à suivre la conversation.
Mais, au fond d'elle, Regina meurt d'envie de se lever et de suivre Emma. Elle rêverait que la blonde lui annonce qu'elle l'a pardonnée et que tout peut reprendre comme avant. Mais Regina n'est pas dupe. Ce serait bien trop simple. Et ça n'arrivera pas, pas après tout ce qu'elle a fait.
Alors que les autres commencent à glousser également devant la condescendance de leur chef, Regina se lève, laissant échapper un soupir qui signifie que ça l'ennuie profondément. Elle se retourne rapidement vers la blonde qu'elle a laissé sur le canapé et lui adresse un clin d'œil complice. Emma commence alors à prendre le chemin de la sortie, qui permet aux fumeurs de ne pas envahir l'espace intérieur de leurs volutes cancéreuses, suivie par une Regina légèrement titubante.
Elles s'éloignent rapidement du groupe des fumeurs qui discutent devant l'entrée, et la portoricaine sait déjà que son ego l'empêchera de plier à ce que va lui dire la blonde. Quoi qu'elle lui propose.
« Qu'est ce que tu me veux? » demande-t-elle en allumant une cigarette, devant le regard ébahi d'Emma.
« Tu fumes, maintenant?! » s'étonne la policière, mais un haussement d'épaules est la seule réponse que Regina lui donne.
« Henry veut te voir. Il a besoin de toi. Et Hope aussi... » reprend alors la blonde d'un air sérieux. Elle a envie d'ajouter qu'elle aussi aimerait retrouver Regina à chaque fois qu'elle rentre, le soir, mais s'est retenue. Ce serait trop simple.
C'est la première fois qu'elles se revoient depuis leur séparation, et Emma remarque que Regina a beaucoup minci. Ses épaules laissent légèrement apparaître les os de ses clavicules et la blonde en vient à se demander si la portoricaine se nourrit correctement, avant de se rappeler que ce ne sont pas ses affaires.
« Eh bien qu'ils viennent me voir! » ricane Regina en prenant une bouffée de sa cigarette.
« Ne te fous pas de moi, » réplique Emma entre ses dents. Elle tente d'apaiser sa colère en songeant à autre chose mais la rage semble littéralement couler dans ses veines, faisant trembler ses mains. Elle ne s'en tirera pas comme ça, pas après tout ça.
« A quoi tu joue bon sang?! » explose-t-elle alors, et elle remarque que les yeux de la brune se voilent de tristesse.
« Pourquoi être retournée dans le milieu? Pourquoi fumer? Pourquoi boire à en finir comateuse? Et ne me regarde pas comme ça, Regina, je sais que tu as subi un coma éthylique il y a quelques semaines. Les infirmières de Saint Charles m'ont tout dit. Et pourquoi ne plus donner signe de vie à tes propres enfants ?! » gronde alors la blonde qui a simplement envie d'arracher la cigarette que tient Regina dans sa main droite et lui asséner une claque pour la réveiller.
Peut être parce que j'espère qu'entre sauter des repas, boire comme un trou et fumer à longueur de journées, un de ces facteurs m'arrachera enfin définitivement à ce cauchemar, Emma. A moins qu'un de mes nombreux ennemis ne parviennent à en finir avant.
La portoricaine sent un nœud se former dans sa gorge, mais elle ne plie pas. Elle n'en revient toujours pas que la blonde soit venue jusque là pour la confronter après tout ce qu'elle lui a fait subir. Mais elle ne plie pas. Elle est Regina Miller. Elle ne peut pas simplement fondre en larmes et supplier son ex conjointe de tout recommencer à zéro, comme elle l'a fait lors de leur ultime querelle.
Nouveau haussement d'épaules.
« Mais bon sang réveille toi, Regina! » hurle à présent Emma, qui ne prend même pas la peine de sécher les larmes qui filent le long de ses joues depuis plusieurs secondes.
« C'est pour le pouvoir que tu fais ça? Parce que c'est grisant d'avoir le droit de vie ou de mort sur les autres ?! » questionne-t-elle, ne reconnaissant plus la personne qu'elle croyait être la femme de sa vie.
« Tu pense que c'est pour ça que je suis retournée dans le milieu ? » pouffe alors la brune en jetant sa cigarette encore fumante d'un claquement des doigts.
« Alors pourquoi, si ce n'est pas ça la raison ?! » tonne Emma, à bout d'arguments.
Parce que, mademoiselle Swan, quand on n'a plus d'espoir, on reproduit inexorablement les comportements qui nous ont, par le passé, anéantie. Parce que lorsque l'on atteint le point de non-retour, on commence à agir comme la personne que l'on a le plus détestée dans sa vie. Comme une punition qu'on s'infligerait soi-même. On mime ce qui nous a détruit pour plus encore nous laisser sombrer vers le fond de l'eau.
Regina prend une longue inspiration, hésitant à donner un coup sec dans la carapace qu'elle a mis des mois à se construire, et finit par hausser de nouveau les épaules d'un air désintéressé.
Face au manque de réaction de son ex-conjointe, Emma décide d'abandonner la partie. Il est clair que Regina va rester campée dans ses positions ce soir. Elle relâche alors ses épaules tendues et, soupirant de dégoût, rebrousse chemin vers le club.
Regina reste plantée la, respirant longuement l'air frais de la nuit. Et, alors que la porte de sortie se referme sur Emma, de petites gouttes d'eau commencent à filer le long des joues de la portoricaine.
