Et ben voilà!

Bon je sais qu'il faudrait que j'avance mes autres fanfictions (haha... ha.) mais je bosse dessus depuis des mois avec Ywena et ça mérite qu'on le poste.

Voilà donc, La guerrière et l'idéaliste, c'était à la base un OS et finalement sera une fic qui met en scène une hypothèse plutôt simple... Et si cette fois, ma SI Aurélia Ruva avait été transportée dans la saga et réintégrée le corps de son double de onze ans (soit des mois avant d'entrer à Poudlard) et s'était donc retrouvée dans la maison qui était vraiment la sienne tout cela... dans la même promo qu'Elisa Bishop?

Voilà le deal. Aurélia n'est PAS Elisa et c'est justement pour ça que c'est très drôle.

Merci à la formidable Andouille pour être ma bêta et bah... j'espère que vous allez rire (car ouioui, ça va être parfois assez drôle à lire.)

Vous êtes prêts? C'est tipar!


La guerrière et l'idéaliste

PARTIE I: Découverte

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Il paraîtrait que pour dominer le monde, il faut des idées, des moyens et un bon plan. Les idées rassemblent les gens qui vous soutiennent dans votre entreprise, les moyens sont apportés par vos soutiens et le plan est exécuté par ceux qui possèdent un mental assez solide pour s'en occuper.

Dans le monde d'Harry Potter, les stratèges sont les Serpentards, ceux qui insufflent l'idée sont les Poufsouffle, ceux qui exécutent le plan les Gryffondors et enfin, l'information est apportée par les Serdaigles.

Notre histoire allait suivre deux élèves particulières avec une grande soif de changement. L'une l'avait depuis le début alors que l'autre allait l'acquérir un peu plus tard. L'une avait de grandes idées et des stratégies (presque) au poil, l'autre fonçait dans le tas, soutenait ses valeurs et était impitoyable. L'une construisait brique après brique sa réputation depuis des années, se faisant des relations, changeant la société petits détails après un autre, existant sur l'échiquier de la politique magique britannique. L'autre ? En avait strictement rien à foutre.

L'une était un Serpent cachée parmi les Blaireaux, l'autre avait un cœur de Blaireau fondu dans les flammes d'un Lion.

Elisa Bishop et Aurélia Ruva. Ces deux élèves de Poudlard, chacune singulières par leurs comportements et leurs connaissances accrues d'un futur proche, avaient cependant des approches radicalement différentes. Elles étaient dans la même promo, avaient le même objectif et ne souhaitent qu'une chose... Empêcher un psychopathe de revenir à la vie, sauver un certain gamin d'une vie de souffrance, sauver le pays, ... Bref, sacré programme.

(Chacune a son histoire... que vous pouvez retrouver sur le site , écrites et crées par les génies grâce à leurs créations respectives, mais imaginons un seul instant qu'elles soient au même moment dans le château. Qu'elles sachent toutes les deux qu'elles sont des réincarnations. Qu'elles décident par la force des choses de travailler ensemble. Et bien... Voilà comment ça se passerait... Possiblement.)


Elisabeth Bishop était banale, dans le monde des sorciers. Son prénom était banal (c'était d'ailleurs l'une des raisons pour lesquelles elle préférait qu'on l'appelle « Elisa »), ses pouvoirs magiques étaient normaux, et elle ne semblait en rien se distinguer du commun des mortels… Mis à part le fait, bien sûr, qu'elle était née avec les souvenirs de sa vie précédente, une vie passée à dévorer toute la saga Harry Potter, à écrire des fanfictions dessus, et à débattre avec passion des traits marquants des différents personnages. Mais bon, elle n'allait certainement pas le crier sur tous les toits. C'était son plus grand secret. Personne n'était au courant, pas même ses parents.

Elisa était fille unique, née d'un père Moldu pilote de ligne, et mère sorcière rejetée d'une longue et vieille lignée. Elle avait beau avoir encore la mémoire de sa vie d'antan, pour elle, c'était le présent qui comptait. Durant toute son enfance, elle avait été Elisa Bishop. Comment aurait-elle ne pas pu embrasser cette nouvelle identité ? Elle aimait cette vie. Elle aimait sa place ici, sa famille, son monde, ses parents, et ce qu'ils lui avaient transmis. Après tout, elle était fermement d'avis qu'il faudrait être dingue pour ne pas aimer Michael et Isabelle Bishop, ces deux baroudeurs aimant la quête de l'inconnu, qui collectionnaient des objets hétéroclites dans leur maison. Ce qu'ils étaient avait d'ailleurs forgé le caractère d'Elisa. Elle avait grandi avec une sorte de candeur, d'émerveillement devant les mystères de l'univers, et une foi inébranlable en la nature humaine.

Depuis toute petite, elle était optimiste. Elle avait grandi choyée, aimée, protégée. Elle se sentait puissante, et en sécurité, et lorsqu'elle regardait vers l'avenir… Elle ne supportait pas l'idée que tout ça puisse être détruit. Alors… Très tôt dans sa vie, lorsque son âme réincarnée s'éveillait à peine, elle avait décidé que sa mission serait de changer le cours du Destin. Protéger tout le monde, sauver tout le monde… Rendre les sorciers plus tolérants, faire disparaître la discrimination, introduire le progrès moldu dans leur communauté. Bref, dès son plus jeune âge, Elisa avait eu de grands plans pour l'avenir.

En cela, elle différait déjà d'Aurélia Ruva...

Car Aurélia Ruva avait débarqué dans ce monde sans le vouloir, sans l'avoir prévu, sans y être née, mi-mars 1988.

Aurélia avait été la victime d'une fusion spatio-temporelle. C'était un accident particulier, extrêmement rare (seulement deux cas en 150 ans) dans les rapports du Département des Mystères. Elle avait un double, vivant dans le monde d'Harry Potter, avec une famille exactement similaire à celle qu'elle avait dans celui d'où elle venait, mais il y avait deux différences majeures.

1. Aurélia Ruva n'était pas une sorcière dans le monde d'où elle venait, elle était une personne normale et Harry Potter n'était qu'une série de livres qu'elle connaissait presque sur le bout des doigts et avait adoré découvrir.

2. Aurélia Ruva... était une chimiste de 25 ans. Or, son double, jeune sorcière Sang-Pure dans une famille de quatre personnes, en avait onze.

La situation était unique, elle avait l'esprit d'une adulte de 25 ans et se retrouvait dans un monde qu'elle connaissait seulement en partie à l'âge canonique de onze ans. Elle était une enfant. UNE ENFANT. Elle avait failli s'évanouir en découvrant son reflet dans sa chambre d'hôpital.

Aurélia Ruva avait la peau mate, douce et presque sans défauts, le visage rond, les cheveux crépus bruns et en bataille ainsi que les yeux en amande. Ses pupilles couleur terre semblaient s'assombrir selon son humeur, comme celles de son père et de son petit frère. L'image parfaite d'elle à onze ans.

Après une crise de panique et des hurlements qui rameutèrent les infirmières, elle tenta de s'enfuir deux fois de l'hôpital.

La première fois, elle se fit rattraper alors qu'elle allait passer la porte principale, aperçue par la sorcière d'accueil qui appela tout de suite le chef du service qui la prenait en charge. La deuxième fois, Aurélia réussit à sortir de l'hôpital pour découvrir le Londres de la fin des années 80. Elle réussit à traverser le Green Park sans se faire arrêter et s'arrêta bouche bée devant les néons de Picadilly Circus qui annonçaient un concert de Queen à venir. Oh putain.

Cette fois, celui qui la retrouva, était une jeune Langue-De-Plomb. Un homme aux cheveux bruns fraîchement coupés, le regard normalement plutôt malicieux ou froncé dans une profonde réflexion. Il était grand, fin et intrigué. Elle apprit son nom un peu plus tard. Saul Funestar.

On la força à rester alitée, attachée par des sangles en cuir dans un Département de St-Mangouste pendant quasiment trois semaines. Les chercheurs du Département l'examinèrent sous toutes les coutures. Elle se retrouva nue plusieurs fois, exposée à la vue de cinq medicomages et autres chercheurs pendant des heures qui l'auscultaient froidement. Aurélia tremblait de tous ses membres, les larmes aux yeux. On la laissa finalement prendre une douche alors qu'une infirmière attendait dans la chambre. Aurélia resta longtemps sous le flot d'eau. Elle se sentait sale, dénuée de toute humanité.

Son frère et ses parents venaient lui rendre visite tous les jours et Aurélia, découvrit leurs visages plus jeunes mais identiques en tout points à ceux qu'elle avait laissé dans son monde. Leurs caractères étaient aussi similaires. La chaleur de son père, la froideur de sa mère et le cynisme de son frère. Elle en fut un peu soulagée. C'était un point de repère. Ils différaient seulement par leur magie et leurs professions.

Son père travaillait au Ministère de la Magie, souvent sur le terrain, au Département des Accidents Magiques en tant qu'Oubliator. Sa mère, infirmière à St-Mangouste, Serdaigle très attachée à sa collection personnelle de livres. Son frère Louis, tête à claques professionnelle, trois ans plus jeune qu'elle. Mais un gamin attachant, plutôt patient, qui adorait sa sœur.

On la ramena chez elle avec l'autorisation du Ministère, même si elle était toujours surveillée par des Langues-De-Plomb. La maison était de taille moyenne, chaleureuse, sur deux étages avec un grenier, un jardinet où sa mère faisait pousser des herbes aromatiques, et elle avait sa propre chambre. Le salon était rempli de livres rangés dans des bibliothèques, chacune remplies à ras-bord. Ils traitaient de tous les sujets, de l'art romantique Moldu à l'histoire de la civilisation gobeline de la Grande-Bretagne. Il y avait même un petit jardin derrière la propriété où Louis s'amusait à voler sur son mini-balai. Aurélia le regardait assise sur le perron, les yeux écarquillés comme si elle osait à peine y croire.

Ses parents eux, marchaient sur les œufs. Leur fille avait été traumatisée par un affreux accident, presque brûlée vive par le trop-plein de magie et c'était normal qu'elle soit différente. Sa mère lui parlait un peu cassante (car les habitudes ne changeaient jamais), mais avec sollicitude, quand son père lui donnait l'espace qu'il lui fallait. Enfin... il essayait :

- J'ai des billets pour la foire de Chester. On pourrait y aller ! Je suis sûr qu'ils ont des patacitrouilles fumantes. Tu adores ça non ?

Aurélia se contenta de le regarder sans comprendre. Elle ne savait pas de qui elle parlait. Elle ? Celle d'avant ? Le sourire de Victorien flétrit un peu, mais il n'abandonna pas. Malgré les recommandations des médicomages, il emmena sa fille visiter le Chemin de Traverse, les villages sorciers, les endroits qu'elle adorait apparement... Mais il n'y avait aucun souvenir. La famille Ruva fut confuse, blessée, perdue, mais elle avait été prévenue. Aurélia était différente, elle avait oublié tous les éléments de sa vie. Elle savait qui ils étaient mais avait oublié qu'ils étaient des sorciers. Tout ce qui avait trait ou presque à la magie.

Car elle avait vu et expérimenté à une certaine échelle, un monde moldu.

Enfin... C'est ce qu'Archidéus Kirke avait expliqué.

Archidéus Kirke était le vieux chef de la Section Temporelle du Département des Mystères. L'homme avait les cheveux blanc neige, le dos voûté sur une canne au pommeau de cuivre mais restait plutôt grand et longiligne. Il était dur d'oreille, à l'aube de la retraite mais demeurait une éminence dans le Département des Mystères. Il était un chercheur expérimental et expérimenté et adorait rester en compagnie de ses sabliers, horloges et livres qu'avec des gens. Cela semblait être une constante chez les chercheurs du DDM.

On avait appelé l'expert alors que la jeune Aurélia Ruva avait été admise à St-Mangouste, son jeune adjoint Saul Funestar s'étant occupé à faire descendre des airs, l'enfant qui avait perdu connaissance. Il vint alors constater pour lui-même et passa une bonne heure à observer Aurélia dans sa chambre. Il nota tout lui concernant, les résultats des analyses mais une déclaration de l'enfant lors de son réveil vint à le fasciner et l'interloquer : « Saint-Mangouste ? Comme dans Harry Potter, rigolait Aurélia. Vous vous foutez de ma gueule ? » Puis quand on confirma qu'il s'agissait bien de l'hôpital magique, elle pâlit et tenta de s'enfuir. Archidéus se posa beaucoup de questions, mais ce ne fut que lors des séances avec le sujet qu'il put définir des questions. Et cela l'intéressait au plus haut point.

Aurélia Ruva fut emmenée tous les jours pendant un mois, puis une fois par semaine au Département des Mystères pour passer des tests médicomagiques et psychologiques. Archidéus Kirke était son interlocuteur. A moitié sourd et à l'aube de la retraite. Elle marmonnait des phrases construites, les bras croisés quand on lui posait des questions. Oui, elle était confuse. Oui, elle voulait qu'on lui lâche les baskets. Non, elle n'avait pas de brûlures au cerveau (sérieusement ?). Ce qu'Aurélia ne savait pas c'était que le vieillard était en train de barrer toutes ses hypothèses les unes après les autres sur sa check-list et qu'il avait maintenant transfert ou fusion spatio-temporel en tête de liste.

Aurélia était confuse et pleine de doutes, mais elle était au moins sûre d'une chose.

Elle était TRÈS en colère.

En colère contre le monde, contre le système, contre le destin et bien entendu contre elle-même. Pourquoi ? Vous oseriez lui demander pourquoi ? Sans doute parce qu'Aurélia avait été arrachée à sa vie qu'elle avait bâti après tant d'efforts et qu'elle était sur le point d'enfin avoir. Elle avait 25 ans, le regard brillant. Elle avait des rêves, des objectifs qui commençaient à être réalisés et surtout, elle était guérie.

Aurélia avait eu sa part de drames et d'horreurs dans sa vie d'avant. Mais elle s'en était sortie. Elle avait donné un coup de pied dans ses doutes et s'était reprise en main. Elle avait commencé à se pardonner. Elle était devenue bienveillante avec elle-même.

Enfin, elle était devenue maître de son destin.

Et puis boum. Une (très) mauvaise chute, un éclair qui tombait au même moment dans la campagne anglaise lors d'un pique-nique familial, et ZOOOOU. Transportée en Mars 1988, intégrant le corps d'une version d'elle plus jeune, à a peine onze ans. Ses parents et son frère avaient été soulagés quand elle s'était réveillée en flottant dans une salle sécurisée de St-Mangouste. Elle avait alors très vite réalisé à quel point c'était la merde. CAR ELLE ALLAIT DEVOIR TOUT RECOMMENCER !

Aurélia avait passé des années à se construire et se RE-construire car elle avait eu ce que beaucoup d'écoliers avaient vécu bien malheureusement... Les cartables dans les chiottes, les insultes à peine voilées, les coups de fils intempestifs, les mains aux fesses avant de savoir ce que les mots agression sexuelle impliquaient... Et la voilà ! Non seulement dans un monde alternatif sans Iphone, Netflix, Tinder et pas l'âge requis pour boire de l'alcool, mais aussi et SURTOUT elle allait devoir recommencer avec ces conneries ! Les cours, les soi-disant professeurs présents, les rumeurs, les ricanements stupides, l'acné, les moqueries... Ah. Et cerise sur le gâteau ? Elle était une sorcière et la guerre contre un mégalomaniaque sans nez approchait. MAIS BORDEL!

Aurélia en avait déjà marre. Marre de son karma de vache morte. Marre qu'on lui pose des questions stupides au Département des Mystères, qu'elle mettait un point d'honneur à ne pas répondre entièrement car non, personne ne saurait qu'elle avait 25 ans dans la tête et la connaissance d'un futur proche, elle n'était pas suicidaire et la salle des cerveaux la faisait flipper. Ils pensaient donc qu'elle venait juste d'un monde sans magie. Il avait été facile de prétendre être une enfant face à cet incapable de Kirke. Il fallait de toute façon tordre la vérité. Tout le monde tomba dans le panneau... sauf deux personnes. Kirke et l'assistant de Kirke. Funestar.

Mais il ne pouvait rien dire. Il n'était pas encore responsable du dossier. Il se contenterait de l'observer pour l'instant. De plus, la famille d'Aurélia s'était rendue compte du changement du comportement de leur fille aînée, elle était plus cynique, s'exprimait de façon plus adulte... Bref elle était différente et ils auraient été naïfs de croire que rien n'allait changer. Ils se contentèrent de se mettre d'accord silencieusement. Ils soutiendraient leur enfant et cacheraient son état à Poudlard dans un premier temps. Après tout, la famille Ruva n'avait besoin de personne pour prendre soin d'eux-mêmes... Un trait que partageaient tous les membres, Aurélia incluse.

La jeune fille passa un long moment à se questionner et la question qui revenait souvent dans son esprit était si elle était là pour une raison. Un sort, un rituel qui avait mal tourné quelque part, l'existence d'un Dieu ou autre... Il devait y avoir une raison pour qu'une gamine soit à Poudlard, auprès de tous les protagonistes majeurs de la guerre et avec autant de connaissances sur ce qu'il était censé se passer. Il devait y en avoir une. Sinon... Non, elle ne voulait pas imaginer qu'il n'y avait pas de raison.

« - Ils ont juste choisi la mauvaise personne, pensa Aurélia. Je suis la plus cabossée des cabossées et on me choisit moi ?! Pour arrêter une guerre? Bon sang... »

Aurélia se redressa sur son lit après avoir contemplé son plafond qui avait la même texture qu'un ciel orageux. Elle allait recevoir sa lettre de Poudlard et, qu'elle le veuille ou non, elle était impliquée. Elle aviserait et ferait des recherches pour regagner son plan spatio-temporel. Ainsi, au lieu de rester plantée là sans rien faire et en attendant de comprendre ce qu'il se passait, elle devait assumer son devoir.

Et exploser la tête de Lord Voldemort à coup de batte de baseball.

Alors qu'elle était à un mois de sa rentrée à Poudlard, Aurélia avait été plusieurs fois grondée par sa mère, pour lui avoir piqué sa baguette afin de s'exercer à des sorts. Dans son autre vie, Aurélia avait eu une relation conflictuelle avec sa mère, presque effrayée par sa voix puissante de créole et son autorité naturelle semblable à un uppercut puissance dix. Mais là, Aurélia n'avait plus peur. En fait, elle n'en avait plus RIEN à faire. Elle était déjà passée par là. Ainsi, oui. Sa mère criait quand elle lui piquait sa baguette ou livre trop avancé sur la Métamorphose et la DCFM. Elle notait sur un carnet les sortilèges offensifs, de protection et de déverrouillage. Elle avait aussi des livres de Potions qu'elle mettait de côté pour les étudier. Elle était une chimiste dans son ancienne vie, cela ne devait pas être si compliqué de lier sa connaissance des molécules avec des mélanges magiques.

Son frère ne disait rien en la faisant chanter pour qu'elle lui apprenne. Aurélia se contenta de sourire et lui tendit la baguette pour qu'il en fasse de même. Il y eut des punitions mais aussi des connaissances notées sur ses nombreux carnets couverts de gribouillis, dessins et sigles. Quel que soit l'issue du conflit, elle devait se préparer à survivre, à se protéger elle et sa famille. Bref...

Aurélia se préparait à se battre.

De son côté, Elisa…

Eh bien, Elisa ne se préparait pas à la baston, mais elle anticipait quand même de se retrouver sur un champ de bataille, à savoir : le monde sorcier et sa corruption. Elle ne se considérait pas comme un soldat, une survivante, ou une rebelle. Elisa se voyait comme une rêveuse dont le but dans la vie était d'aider les gens. Et oh, bien sûr, il aurait été assez simple de s'engager dans cette voie en se préparant à devenir Auror ou Guérisseuse. Mais Elisa voulait aller au cœur du problème, faire en sorte que les gens n'aient pas besoin d'être sauvés en premier lieu. Réduire les inégalités, faire prendre conscience au monde sorcier de ses problèmes de racismes, faire respecter les Moldus, les Êtres, les Créatures, instaurer des lois de protection des elfes, réformer l'éducation, mettre des gens plus honnêtes dans les positions de pouvoir du Ministère, assurer à chacun le droit à un procès équitable…. C'était ça qu'Elisa visait. Eliminer la menace de Voldemort, pour elle, ce n'était qu'un premier jalon sur cette voie. Il y avait juste tellement de chose à faire ! Pourquoi se préparer à se battre, alors que c'était une partie vraiment infime de ce qui se profilait à l'avenir ?

Alors non, Elisa ne se préparait pas au combat. Elle s'entraînait à parler devant le miroir pour pouvoir débattre face à quelqu'un sans rougir ou perdre ses moyens. Elle se renseignait sur la législation, sur l'Histoire, sur les failles du système, sur qui avait le pouvoir, qui voulait le pouvoir, qui manipulait le pouvoir, et qui avait des enfants qui feraient leur rentrée à Poudlard. Elle se préparait à se faire un réseau, et à amorcer de petits changements en espérant entraîner une révolution.

Et puis… Elle ne faisait pas que se préparer. Elisa avait onze ans, après tout, et une famille qu'elle aimait. Elle bricolait avec son père, faisait de la divination avec sa mère, galopait dans le bois d'érables derrière chez elle. Elle allait parfois jouer avec les enfants sorciers de Loutry Ste Chaspoule, son village : Cédric Diggory, Fred et George Weasley, et même parfois leurs aînés Percy ou Charlie. Bref, elle profitait de la vie. Elle était encore à un âge où on se pense invincible et éternel. Même avec la maturité que lui avait apportée sa conscience d'adulte réincarnée, Elisa avait eu droit à une enfance dorée.

Les deux enfants étaient donc conscientes de ce qui était sur le point d'arriver et, autant Elisa était prête à changer le monde sorcier, à le mener dans une douce révolution pour faire barrage à Lord Voldemort par la pression populaire, autant Aurélia était prête à tout simplement faire tout ce qui était en son pouvoir pour défoncer la tête de l'homme susnommé avant qu'il ne fasse des dégâts...


Elisa et Aurélia ne s'étaient pas rencontrées dans le train.

La gamine aux cheveux afros était partie du compartiment où des gamins de deuxième année parlaient de Quidditch et en avait déjà marre du bruit. Le fait qu'elle allait se retrouver avec des mômes de onze ans lui sembla soudainement être une amère souffrance. Elle flânait donc dans les couloirs quand elle entendit les rires de garçons plus âgés. Elle jeta un coup d'œil à travers la vitre pour découvrir un garçon roux de dix-sept ans qui plaisantait avec ses amis, un plus trapu aux cheveux mi-longs couleur chocolat et un autre garçon aux cheveux noirs, plus calme, qui s'esclaffait aussi. Aurélia aperçut alors l'insigne de préfet-en-chef sur la robe du roux et comprit instantanément qui il pourrait être. Elle toqua à la porte du compartiment. Après tout... Why not ?

Ceux-ci la prirent en pitié, attendris par ses grands yeux adorables et son sourire faisant apparaître des fossettes. L'un deux, s'appelait Bill Weasley. Le garçon était si habitué à s'occuper de ses frères et sœurs qu'il fut instantanément protecteur envers l'enfant. Et Aurélia était drôle. Son cynisme et son ironie pour une enfant de onze ans faisaient mouche. Elle passa le reste du trajet à lire son livre de défense et échangea sur le sujet avec eux. On lui demanda dans quelle maison elle pensait atterrir. Aurélia dit tout sauf Gryffondor.

- Pourquoi pas Gryffondor ? sourcilla Bill.

- Je ne suis pas cinglée, répliqua-t-elle avec un grand sourire.

Le garçon calme, qui s'appelait Gilbert Ronan, éclata de rire alors que Bill et Jarod Mezart (un deuxième gryffondor) fronçaient les sourcils. Celui-ci voulut calmer son hilarité mais elle redoubla alors qu'Aurélia tapotait l'épaule de Bill avec un sourire contrit. Oh l'ironie.

Elisa s'était retrouvée en compagnie de ses amis d'enfance : Cédric Diggory, et de Fred et George Weasley. Ils venaient tous du même village, après tout, et ils se connaissaient déjà plus ou moins bien. Elisa était un peu intimidée par tout ce monde dans le train, cela dit. Elle avait pour projet de sympathiser avec le plus de monde possible, dans le plus de Maisons possibles, pour tenter d'unifier Poudlard et de mettre fin à la rivalité ridicule qui déchirait l'école, et qui allait souvent jusqu'à la brutalité. Cela dit, ça nécessité de sympathiser avec des gens… Et donc de leur parler. Et Elisa n'avait absolument pas le cran de faire ça toute seule.

Elle inspira un grand coup, se tourna vers les jumeaux Weasley, et afficha un sourire innocent :

– Eh, ça vous dit de rassembler toute notre promo dans un compartiment, pour rencontrer tout le monde ? J'offre les Chocogrenouilles.

Rien ne peut convaincre une bande d'enfant de se faire des amis aussi bien qu'une promesse de sucrerie. Fred et George parcoururent tout le train en clamant qu'il y avait réunion des premières années dans le compartiment du fond, avec distribution gratuite de Chocogrenouilles. Très vite, attirés par la curiosité ou la gourmandise, tous les gamins de onze ans migrèrent vers le compartiment en question.

Certains étaient sympathiques, comme Trisha Buttermere, une fillette avec qui Elisa sympathisa aussitôt en se plaignant de la pression que faisait peser sur eux la Répartition. D'autres étaient franchement antipathiques, comme Cassius Warrington, un Sang-Pur qui fixa Elisa avec mépris dès qu'il entendit son nom de famille. Quelques uns étaient silencieux, comme Miles Bletchley : ou exubérants, comme Lee Jordan ou Raashid Hussain : certains parlaient déjà avec passion de leurs sujets préférés, comme Helen Dawlish ou Adrian Pucey. Bref, il y avait de tout. Et même si Elisa ne parvint pas à devenir amie avec tout le monde…. Eh bien, au moins, chacun de ces enfants avait pu discuter avec les autres, partager des bonbons, et rigoler à leurs blagues, sans être divisés par la couleur de leurs uniformes. Avec un peu de chance, cette entente perdurerait même après la Répartition.

Aurélia était la seule des premières années qui n'était pas allée dans le compartiment, cela dit, et donc la seule à ne pas faire partie de cette trêve.

Son absence ne fut guère remarquée (elle ne connaissait personne parmi eux) et elle refusa catégoriquement d'y mettre les pieds. Même les chocogrenouilles n'étaient pas assez bonnes pour l'attirer. Bill la poussa gentiment à y aller mais Aurélia s'obstina. Elle n'était pas encore prête à s'entourer d'une bande de gamins. On ne se jetait pas dans le grand bassin si on ne savait pas nager la brasse !

Les deux fillettes étaient donc dans des barques différentes et se retrouvèrent à la fameuse Répartition, les mains tremblantes et pleines d'appréhension. Elisa Bishop (ordre alphabétique), fut appelée parmi les premiers et après une longue discussion fut envoyée dans la maison des Poufsouffles (si vous voulez savoir ce que le Choixpeau lui a dit... lisez son histoire), quant à Aurélia, ce que lui dit le Choixpeau demeura un mystère... Mais il fut question de choix. Aurélia bouillonnait, il semblait qu'elle hurlait mentalement avec tout ce qu'elle avait:

Un silence résonna mais Aurélia avait croisé les bras, le regard dur sous les yeux choqués de McGonagall et de ceux, plus amusés, de Dumbledore. Finalement, ce fut... Gryffondor. Elle en fut bouche bée. Elle avait envisagé toutes les possibilités mais être dans cette maison de tarés était une vraie surprise pour elle. Elle en ronchonna intérieurement, ce sale Choixpeau n'en faisait qu'à sa tête.

Elle ferma brutalement sa bouche alors qu'elle rendait l'artefact et marcha, droite comme un i, vers la table rouge et or qui applaudissait sa venue. Bill Weasley, mort de rire se décala pour lui offrir une place dans son groupe.

- Bienvenue chez les cinglés, l'accueillit-il en lui servant du jus de citrouille.

Aurélia grommela en buvant son verre qu'elle faillit recracher. C'était dégoûtant ! On aurait dit du sirop industriel ! Elle finit tout de même le verre en se forçant pour se laver ensuite la bouche en buvant de l'eau. Puis Aurélia tourna la tête vers les jumeaux, assis quelques sièges plus loin, qui pépiaient d'impatience. Aurélia sourit à peine. De toute façon, la maison importait peu. Ce qui comptait, c'était ce qu'elle allait faire. La jeune Ruva attrapa alors le plat de pommes frites et, après un grognement satisfait, mangea avec appétit.

Elisa échoua dans un dortoir chaleureux couleur jaune canari avec Trudy Glaston, Rhonda Flatbury et Trisha Buttermere.

Aurélia se retrouva avec Angelina Johnson, Alicia Spinnet (futures Poursuiveuses de talent dans l'équipe de Quidditch), Trinity Lynn (une fille qui avait l'air aussi sympa qu'une porte de prison) et Thelma Holmes (Une Née-Moldue aux yeux perpétuellement écarquillés d'émerveillement... C'était mignon.) au sommet de la Tour des Gryffondors.

La métisse choisit le lit le plus proche de la fenêtre et, alors que les autres enfants rejoignaient les bras de Morphée, elle contempla les lueurs de la lune se refléter sur la vitre... Voilà. On y était. En espérant que les années fileraient vite.


Aurélia et Elisa s'habituèrent à leur nouvelle vie avec plus au moins de succès. La Poufsouffle, qui était heureuse comme tout d'être dans la maison jaune et noire, parlait avec animation à ses nouveaux amis. Elle gardait contact avec détermination avec tous les autres enfants de sa promotion, même s'ils étaient dans d'autres Maisons. C'était d'ailleurs assez rare pour être remarqué. Bien sûr, ce n'était pas interdit. Mais souvent, la pression sociale poussait les enfants à rester entre membres d'une même Maison, pour ne pas avoir à traverser la cour ou la Grande Salle s'ils voulaient parler à leurs amis. Ils ne s'en rendaient même pas compte. C'était juste…. Plus pratique.

Mais Elisa, elle, s'en rendait compte, et elle disait avec détermination : fuck that. Le plus grand problème dans le monde sorcier c'était que les gens restaient coincés dans leurs modes de pensée étriquées, que personne n'osait faire le premier pas. Eh bien, elle, elle oserait. Oui, même si parler en public la pétrifiait, même si attirer l'attention sur elle lui nouait l'estomac ! Il fallait que quelqu'un le fasse, il fallait que les choses changent !

Alors elle s'asseyait en cours avec les Serdaigle, les Gryffondor, et les Serpentard, et poussait ses amis à faire de même. Chez les Poufsouffle, il n'y avait pas vraiment de hiérarchie sociale. Celui qui avait une idée la donnait, et les autres suivaient. Et Elisa avait plein d'idées. Du coup, la plupart des élèves de sa classe jouaient le jeu, curieux de savoir ce qui allait en ressortir, et assez intéressés par l'idée de se faire de nouveaux amis (ou de garder de bonnes relations avec leurs amis d'enfance envoyés dans une autre Maison que la leur). Et… Ça marchait. Oh, bien sûr, les Puristes continuaient à froncer le nez si Elisa s'asseyait trop près, et certains Serdaigle la trouvaient insupportable parce qu'elle brillait en Sortilèges, et deux ou trois personnes l'avaient déjà surnommée Miss-Je-Sais-Tout parce qu'elle était autoritaire, mais… Ça marchait. Les enfants de onze ans, tout nouveaux dans ce grand château, aimaient être entourés par leurs pairs. Même si ce n'était pas des membres de leurs Maisons, ils aimaient avoir quelqu'un avec qui discuté, ils aimaient échanger leurs notes et partager leurs devoirs, ils aimaient se raconter comment s'étaient passés leurs cours respectifs avec les profs terrifiants comme Rogue et McGonagall.

Alors ça marchait. Leur promotion n'était peut-être pas unie et soudée, et mais les membres des quatre Maisons avaient une relation beaucoup plus cordiale que leurs aînés. Même les plus agressifs des Puristes, comme Warrington, n'aurait jamais osé s'en prendre à un Né-Moldu de leur promotion, tout simplement parce qu'il y avait comme une trêve implicite entre eux. Elisa ne savait pas combien de temps ça durerait, mais c'était déjà énorme.

Et dire qu'il avait simplement suffit d'un peu de gentillesse, et de quelques Chocogrenouilles…

Bref. Elisa s'efforçait de garder tout le monde en bons termes, mais pour autant, elle n'avait pas beaucoup d'amis proches. Elle avait Trisha Buttermere, dont elle était devenue inséparable, et Heather Thatcham, une Serpentard métisse qui avait les meilleures notes de sa classe. Elle avait les jumeaux Weasley, et Cédric, dans une certaine mesure. Elle avait aussi Helen Dawlish, une Serdaigle fan de duel et probablement l'élève la plus populaire de leur promotion, et Takashi Noda, un Né-Moldu de Serdaigle qui continuait à suivre des cours de maths, de physiques et de littérature par correspondance (ce qui intéressait beaucoup Elisa). Mais voilà, en dehors de son petit cercle d'amis, Elisa n'était pas proches de tous les membres de sa promo. Elle n'était tout simplement pas assez extravertie.

Elle faisait cependant un gros effort pour se tenir au courant de tout, et être aimable avec tout le monde. Même si les gens l'envoyaient balader, elle devait au moins faire un effort.

Elle se présenta à Aurélia dès leur premier cours en commun, remarquant tout de suite le seul visage inconnu de la classe, et s'asseyant à côté d'elle. Cela dit, toutes ses tentatives pour lancer la conversation tombèrent à plat.

– On ne s'est pas vu dans le train, tu as manqué quelque chose !

– Mmmmnh.

– Tu n'aimes pas les chocogrenouilles, peut-être. C'est quoi, ton bonbon préféré ? Personnellement j'adore les Chaudrons au caramel !

– Sais pas.

– … Ah. Et… Euh… Tu viens d'où, sinon ? Tu connaissais des élèves avant d'arriver à Poudlard ?

– Non.

Elisa se résigna donc au fait qu'Aurélia était une antisociale. Et Aurélia, quant à elle s'écroula de soulagement en réalisant qu'elle avait réussi à converser avec une gamine de onze ans sans griller sa couverture. Eh oui, ce n'était pas la misanthropie qui l'isolait. C'était son incapacité à se fondre dans le moule. Contrairement à Elisa, elle n'était plus une gamine depuis longtemps !

Aurélia était donc distante avec les enfants de sa promo et restait avec Bill, Gilbert et Jarod quand ils voulaient bien d'elle.

Ils l'incluaient volontiers à leur table lors des repas, ou dans leurs groupes quand ils se croisaient dans les couloirs. Leurs autres amis avaient rapidement accepté la gamine, amusés. Entourés d'adolescents dégingandés, Aurélia semblait minuscule, mais toujours ravie de leur compagnie. Cette vision originale avait placé Aurélia sur la carte de Poudlard comme la « petite protégée ».

Beaucoup prirent ça comme de la timidité. Elle avait onze ans, elle s'accrochait à des protecteurs, ce n'était pas hors-cadre. Mais Aurélia évitait sa promo quand elle le pouvait à cause de la différence de mentalité. Elle avait du mal à se lier à des enfants de onze ans. Oh elle était polie. Elle disait bonjour, s'il-te-plaît et merci. La plupart des réflexions de ces enfants étaient amusantes (et puis les jumeaux la faisaient mourir de rire), mais elle était trop éloignée d'eux et de leur monde. Elle restait donc seule quand elle n'était pas avec Bill ou dans une moindre mesure, Charlie Weasley, qui la rencontra le jour après la Répartition. Aurélia étudiait solitairement des livres avancés. Elle se contentait de ce calme et de cette situation, mais... pas pour trop longtemps.

Car bien entendu Bill s'était inquiété de la voir éloignée de sa promo et demanda à ses frères et aux autres Gryffons de plus l'intégrer. Aurélia faillit en crier de frustration, mais n'avait pu rien dire en voyant Angelina, Thelma ou Alicia s'asseoir avec elle aux repas et se rendre compte des livres qu'elle lisait. Alicia ouvrit grands les yeux :

- Tu comprends ça toi ?

Le livre qu'Aurélia tenait traitait des alternatives de soins magiques qu'elle avait récupérés dans la bibliothèque de sa mère (en plus de beaucoup d'autres bouquins. Elle avait assez de lecture pour le reste de l'année). Cela lui permettait de se rendre compte des matières qu'il lui faudrait bosser en plus de la Défense et la Métamorphose. Les Potions. Les Runes. Les Sortilèges. Ciel. Elle avait du boulot.

Aurélia ne répondit pas tout de suite. Elle mit un post-it rose pétard (une couleur qu'elle exécrait), pour marquer sa page et y nota ce qui l'intéressait. Puis elle ferma le livre et regarda Alicia avec un léger sourire :

- Pas vraiment. Mais j'apprends.

- Wow, laissa échapper la gamine. T'es hyper intelligente.

Non, pensa Aurélia. Je suis juste méthodique. Elle se contenta d'hocher la tête tout de même.

- J'ai du mal à comprendre les Potions, soupira Alicia.

- En même temps le professeur Rogue n'est pas la personne la plus patiente du monde, ajouta Angelina qui se servait en œufs brouillés.

- C'est clair, lâcha Aurélia malgré elle.

Même elle, qui arrivait à suivre le cours de potions faisait des erreurs bêtes quand Rogue la regardait. Ce type était très malaisant et le fait qu'elle sache qui était en face d'elle ne faisait qu'accentuer son malaise. Elle ignorait quoi penser de Rogue, la seule chose dont elle était sûre c'était qu'elle avait devant elle un homme brisé par le poids de la culpabilité. Elle aurait dû être en colère car il avait quand même vendu la famille Potter et condamné Harry à une vie de merde, mais elle... le comprenait.

Rogue était ce qu'elle aurait pu être si elle ne s'en était pas sortie. Quand on avait été violenté et humilié quelque chose en soi était cassé et irréparable pour le restant de ses jours. On pouvait devenir un monstre ou un guérisseur. Rogue n'avait plus d'espoir et elle en avait aussi peu. Donc oui. Elle avait de l'empathie et du respect pour lui. Même s'il la faisait bondir et lui enlevait dix points car elle avait oublié de mettre une mesure d'épines de porc-épic. Enfin, quand elle n'éclatait pas de rire alors que Lee Jordan faisait apparaître une Mornille derrière son oreille.

Car, malgré tous ses efforts, Aurélia commençait à apprécier les enfants autour d'elle. Ils étaient majoritairement gentils, innocents et avaient la vie devant eux... Malgré ce qui allait se passer dans leur futur proche. Quant à Lee Jordan... C'était son préféré. Il était plutôt calme et avait une conscience aigüe ce qui l'entourait. Sans parler du fait que ce gamin était aussi un fan de magie, mais pas de la magie du château, celle des moldus ! En effet, Lee, fils de moldu était un fanatique de prestidigitation et n'arrêtait pas de faire apparaître et disparaître des objets divers. Les Sang-Purs étaient bouche bée, comment un Né-Moldu pouvait maîtriser la difficulté des sortilèges d'Apparition et de Disparition ? Aurélia en était morte de rire, car les réactions des Puristes et des professeurs étaient formidables. Cela lui fit penser à un headcanon qu'elle avait lu sur un réseau social quand elle était encore dans son monde. Et si Harry avait apporté une approche moldue aux problèmes magiques ? Un tuba et une bouteille d'oxygène pour sauter dans le lac, un flingue pour tuer Voldemort... Oh ? C'était une idée. Ou même trouver un sort qui transforme sa baguette en sabre-laser. OH ÇA CE SERAIT COOL !

Bref Lee l'inspirait, il réveillait tous sa logique moldue et donc, elle ne disparaissait jamais et se retrouvait notée dans des calepins.

De plus, son camarade Gryffondor était surpris de voir que la métisse connaissait autant de groupes de musique... Car Aurélia était une mélomane. Lee s'en était rendu compte en l'entendant siffloter un tube de The Who. Celui-ci savait que ce n'était pas courant pour une Sang-Pure vis à vis de l'isolationnisme pratiqué en Grande-Bretagne.

Aurélia ne pouvait pas vraiment dire d'où lui venait cette science, le Département des Mystères ET ses parents le lui avaient interdit, mais elle s'amusait quand même à prétendre de ne pas savoir avant d'étaler son savoir en souriant. Cela avait marché avec les Gryffons de sa promo... pas sûr pour les autres dont les Serpentards. Aurélia et Lee nourrissait le projet de faire découvrir la VRAIE musique à leur maison en débattant sur les Beatles versus Stones :

- Stones, évidemment, renifla Aurélia.

- QUOI ? Les Beatles, répliqua Lee. All you need is love, Help, Lennon!

- You can't always get what you want, Sympathy for the Devil, Paint it Black, MICK JAGGER.

- De la mouise ! Les Beatles c'est universel ! Les Stones c'est juste du spectacle !

- COMMENT OSES-TU ?

- Thelma, dis-lui !

La Née-Moldue qui était assise entre eux alors qu'ils révisaient dans la Grande Salle laissa tomber son livre de Métamorphose pour les regarder, complètement blasée :

- Ni l'un, ni l'autre. Cindy Lauper.

Lee et Aurélia grimacèrent en chœur, ce qui fit rire les jumeaux (malgré le fait qu'ils n'avaient aucune espèce d'idée de quoi ils parlaient) à côté d'eux. Thelma ferma son livre alors qu'Ethan Gerard et Kenneth Towler (les deux derniers gryffons de leur promo) souriaient de toutes leurs dents :

- De toute façon on a Défense avec les Poufsouffles. Vous reprendrez votre dispute après.

- On ne se dispute pas, dit Lee devançant l'expression outrée d'Aurélia. On échange.

- Oui oui... »

A cause de Lee, ou plutôt grâce à lui et à Bill qui avait poussé les Gryffons à plus lui parler, Aurélia n'était pas seule. Elle était entourée d'enfants expansifs et qui s'amusaient à la traîner avec eux. Elle avait l'impression de veiller sur une nuée de petits oiseaux et, même si au début cela la rebutait vu le NOMBRE de choses qu'elle avait à penser... C'était pas si mal finalement.


« - Auré ? Tu veux bien me prêter ta plume, la mienne vient de se casser, se plaignit Alicia Spinnet.

La métisse se contenta d'en sortir une de son sac et la tendit à Alicia qui en sourit, contrite. Puis elle poussa un peu sa bouteille d'encre vers la petite, qui avait aussi oublié de remplir son flacon. Et se remise à regarder son professeur de Défense qui gesticulait devant elle. Le professeur Watchdog (elle avait cru à une blague quand il s'était présenté, et son rire soudain, lui avait fait perdre cinq points pour sa maison) était apparemment spécialisé dans les créatures dangereuses. Mais surtout c'était à ce cours...

Que le professeur fit l'appel de la maison Poufsouffle et appela les noms, Bishop, Buttermere, Diggory...

A ce nom, Aurélia se redressa brusquement pour regarder à l'avant. Elle était assise au dernier rang avec Thelma Holmes non loin des jumeaux Weasley. Elle se figea en découvrant la frimousse blonde du petit garçon. Elle avait oublié qu'il était dans la même promo qu'elle car elle n'avait pas vraiment écouté la Répartition, trop stressée par la sienne. Ce moment, Aurélia s'en rappellerait toute sa vie. Comment dire à un type de onze ans qu'il allait mourir à dix-sept ? C'était simple, on ne le faisait pas. On faisait en sorte que ça n'arrive pas... Ruva s'assombrit. On dirait qu'elle n'arriverait pas à se détacher. Elle pouvait prétendre tout ce qu'elle le voulait, chassez le naturel, il revenait au galop.

Elle ne laisserait aucun de ces enfants souffrir. Jamais. Quitte à être impitoyable ou détestée.

Enfin plus tard, décida-t-elle en roulant des yeux. Elle avait encore du temps, deux à trois ans avant qu'Harry Potter n'entre à Poudlard. Le pauvre chouchou était dans un placard en ce moment même et ça la rendait malade. Pourquoi avait-t-il fallu qu'elle soit projetée dans ce monde en tant qu'enfant ? Elle était une adulte, elle aurait donc dû être projetée en tant qu'adulte ! Pour qu'au moins on la prenne un peu plus au sérieux et qu'elle ait les mains libres. M'enfin...

- LES ACROMENTULES, s'écria soudainement le professeur Watchdog, les yeux écarquillés comme dans un mauvais film de série B. Jamais il ne faut tourner les dos à ces créatures. Notez. JAMAIS TOURNER LE DOS A CES CREATURES.

Les premières années prenaient des notes diligemment, Aurélia semblait aussi le faire, mais Alicia se rendit compte très vite qu'elle dessinait Watchdog poursuivi par une araignée et avait entouré le mot phobie à côté de la créature. L'enfant ouvrit la bouche quand Watchdog sortit sa baguette et les Poufsouffles comme les Gryffondors eurent un léger mouvement de recul. Dire que ce prof vivait son cours était un euphémisme!

- Elles vous mordent, continua-t-il, et cela liquéfie vos entrailles ! Et après elles vous aspirent par leurs crochets comme une briquette de jus de citrouilles. Clacclaclclac !

La plupart des élèves étaient effrayés. Normal c'était des petits chatons ! Aurélia, elle, était plutôt fascinée, ne se rendant pas compte de la réaction épidermique des enfants autour d'elle.

- Il n'y a donc qu'une seule solution pour se débarrasser d'eux ? Qui en a une idée ?

Certains levèrent la main timidement. Aurélia aussi sans grande conviction. Watchdog la regarda et hocha la tête en la voyant.

- Les cramer, répondit-elle tout simplement.

- Tout à fait, Ruva s'exclama Watchdog. Cinq points pour Gryffondor !

Aurélia lui adressa le signe des métalleux, Lee Jordan faillit en exploser de rire et plaqua ses mains sur sa bouche alors que les Sang-Purs étaient encore une fois largués. Watchdog lui ne l'avait pas vu et continuait son discours :

- Plusieurs sorts sont assez puissants pour allumer des feux mais cela n'est enseigné qu'en deuxième année, donc...

Il renifla de dégoût en disant cela.

- Je vous l'apprendrais au prochain trimestre. Car vous devez être prêts ! Les Acromentules sont partout, elles sont nyctalopes et donc vous ne pourrez pas vous cacher, jamais ! NOTEZ, rugit-il.

Les enfants obéirent. Aurélia faisait tourner sa plume dans sa main. Watchdog fronça les sourcils.

- Vous ne prenez pas de notes Ruva ?

- J'ai une bonne mémoire professeur.

Watchdog releva un sourcil alors qu'Aurélia le regardait avec un peu d'amusement.

- Qu'est-ce que la nyctalopie ?

- La faculté de voir dans le noir, répondit Aurélia tac au tac. D'ailleurs j'ai une question, est-ce que le feu doit être nécessairement d'origine magique pour détruire les Acromentules ?

Watchdog fronça cette fois ses sourcils.

- Poursuivez... ?

- Avoir un briquet sur soi, créer une explosion ou tourner l'araignée elle-même en source de feu... énuméra Aurélia.

Watchdog avait les yeux qui brillaient littéralement.

- OUI ! Rugit-il.

La sonnette sonna alors et les élèves sortirent en grappe pour aller à la bibliothèque ou à leur salle commune quand Watchdog arrêta Aurélia :

- Est-ce qu'une carrière dans l'extermination de créatures dangereuses vous intéresse Ruva ?

- Euh... Pas dans l'immédiat. J'ai onze ans, professeur, répondit-elle pince-sans-rire et morte de rire intérieurement.

- Pensez-y et...

Il lui offrit un livre concernant les créatures dangereuses d'Occident.

- Lisez-ça. C'est mon livre de sujet, la bible du Département de Régulation des Créatures Magiques.

- Merci. »

Puis elle s'en alla en mettant le livre dans son sac. Pourquoi avait-il fallu qu'elle ouvre sa grande gueule ?

Plusieurs Poufsouffle la regardaient un peu bizarrement. D'habitude, Aurélia n'adressait jamais plus de trois mots aux gens de sa classe, alors la voir parler en cours (et avec autant d'assurance) était pour le moins inhabituel. Bon, le fait qu'Aurélia n'adressait pas la parole aux Poufsouffle était essentiellement lié au fait que les deux seules personnes à tenter de discuter avec elle soient Elisa (beaucoup trop sociable pour Aurélia !) et Cédric (à qui elle n'osait pas parler de peur de lui dire accidentellement un truc sinistre et passer pour une folle). Mais elle ne parlait jamais aux Serdaigle ou aux Serpentard non plus. En fait, elle parlait un peu avec les Gryffondor de sa classe, mais c'était tout.

– Elle est bizarre, fit remarquer Heidi Macavoy à personne en particulier. Quand je discute avec Angelina et Alicia, c'est limite si elle ne prend pas la fuite.

– Peut-être qu'elle est fille unique et n'a pas l'habitude de parler avec des gens de son âge, protesta Gabriel Tate.

– Non, elle a un petit frère, les informa Cédric. Fred et Georges me l'ont dit.

– Peut-être qu'elle est traditionaliste ? hasarda Rhonda. Tu sais, comme Adélaïde Murton de Serpentard, qui pense qu'on devrait strictement rester entre gens d'une même Maison…

Mais là, ce fut Raashid qui secoua la tête :

– Elle n'est pas Puriste, elle est pote avec Lee Jordan !

Du coup ils suivirent Aurélia du regard d'un air songeur. En tant qu'unique personne à rester résolument en dehors de l'entente qui liait tous les membres de leur promo, la Gryffondor les intriguait.

– Elle est juste bizarre, alors, conclut Trisha Buttermere.

Elisa émit un reniflement qui pouvait passer pour un acquiescement. Cela dit, son attention avait été attirée. Jusque là, elle avait été concentré sur tous les autres enfants, mais… Oui, Aurélia méritait qu'on se penche un peu plus sur son cas. Certaines personnes s'isolaient parce qu'elle préféraient être au calme, comme Tamsin Applebee, une Poufsouffle de sa classe. Mais d'autres s'isolaient parce qu'ils se méfiaient de leurs camarades, parce qu'ils étaient perpétuellement sur la défensive. Comme…. Eh bien, comme Harry au début du canon. Comme Rogue dans son enfance. Et c'était généralement mauvais signe. D'ailleurs, pourquoi est-ce qu'aucun adulte ne se penchait sur la question ?

Du coup, elle en parla un peu avec Fred et Georges.

– Et elle n'est pas Puriste ? Ou misanthrope ? Ou juste, vous savez, rempli d'instincts meurtriers dès que quelqu'un lui adresse la parole ?

– Toi t'as été marqué par le cours de Watchdog ! rigole Fred (ou Georges).

Elisa haussa les épaules d'un air penaud. Ouais, mais bon, ce prof était marteau, aussi.

– Vous savez pourquoi elle ne veut pas parler aux gens alors ? Je veux dire… Est-ce que c'est moi, ou Cédric ?

Fred et Georges se regardèrent, puis haussèrent les épaules, parfaitement synchrones :

– Non. C'est juste qu'elle n'aime pas vraiment les gens en général. Sauf Bill, peut-être. Elle parle avec les autres Gryffondors parce que ça fait deux mois qu'on vit dans la même salle commune, alors elle s'est habituée à nous, mais… Elle est juste comme ça au naturel. Elle préfère être toute seule.

Elisa hocha la tête, rassurée. En ce moment, elle essayait de garder un œil sur les « enfants à problèmes », puisqu'apparemment aucun adulte dans cette foutue baraque n'était capable de voir si un élève avait des soucis personnels et besoin d'aide pour les régler. Aurélia, avec son comportement inhabituel, avait attiré son attention… Mais si la tendance à s'isoler d'Aurélia était le produit d'un goût pour la solitude plutôt que d'une méfiance généralisée à l'égard de ses pairs, alors elle s'inquiétait pour rien. Et puis, Aurélia n'était pas la seule dans cette situation. Tamsin Applebee, par exemple, était une Poufsouffle qui préférait largement la solitude à la conversation, ou même à la participation aux groupes d'aides aux devoirs qui commençaient à se former au sein de leur promotion.

Cela dit, Elisa travaillait dur pour que leur promotion soit soudée, et bien souvent Aurélia la voyait partager ses notes de cours avec tel ou tel élève, conseiller une personne d'aller parler de ses difficultés scolaires avec une autre, ou juste présenter deux individus qui avaient les mêmes centres d'intérêts. Oh, elle ne faisait pas ça souvent. Mais quand elle en avait l'occasion, elle avait l'œil pour diriger telle personne vers le bon interlocuteur. Plusieurs fois, Elisa tenta de faire de même avec Aurélia, la présentant à Raashid Hussain (Poufsouffle mordu de musique) ou à Helen Dawlish (Serdaigle fan de duel qui rongeait son frein en attendant que le prof de Défense leur enseigne des sortilèges utiles), mais sans grand succès.

Elisa ne se décourageait pas, cela dit. Aurélia n'était qu'une seule personne. Le reste des élèves continuaient à progresser au-delà de ses espérances dans la direction vers laquelle elle les avait pointés. Il n'y avait pas de baston inter-Maisons. Les Puristes ne provoquaient pas ouvertement les Nés-Moldus en classe ou dans les couloirs. Les Serpentard et les Gryffondor étaient cordiaux. En classe, les binômes étaient souvent mixtes. Durant les week-ends, les membres de différentes Maisons s'invitaient les uns aux activités des autres.

Doucement Elisa s'imposait comme la leader des Poufsouffle. Ça n'avait pas vraiment été conscient de sa part. C'était juste qu'elle était la seule gamine à avoir une assurance d'adulte, à être ouverte et souriante sans sembler nerveuse (même si elle était intérieurement pétrifiée de trouille !), et que ses camarades avaient pris l'habitude de se tourner vers elle. Bon, ensuite, c'était du boulot. Les gens avaient pris l'habitude de lui demander son avis, ou de lui confier des tâches comme l'organisation des révisions et le partage des antisèches en Histoire, et mine de rien, c'était quand même une responsabilité. Il fallait être à l'écoute, il fallait refouler sa frustration quand des gens venaient se plaindre à elle de problèmes insignifiants, il fallait rester calme et patiente si un gamin venait pleurer sur son épaule, il fallait anticiper les frictions, il fallait être disponible.

C'était du boulot. Mais Elisa était une Poufsouffle. Le travail ne lui faisait pas peur.

Et puis, pfff, ce n'était quand même une école. Qu'est-ce qu'elle ferait, sinon, de ses journées ? Les cours étaient faciles, et les horaires ridiculement accommodantes. Elisa avait un temps libre incroyable.

Elle commençait à bidouiller avec les Sortilèges, cherchant à enchanter de petits objets pour lui rendre la vie plus facile. Elisa était l'une des meilleures élèves de toute la promo, se maintenant presque sans efforts dans les premiers rangs. Elle était douée. Et elle avait aussi des facilités avec tout ce qui relevait des sortilèges et des enchantements.

Un jour, copiant le principe du papier-carbone, elle inventa un parchemin qui recopiait tout ce qui était écrit au-dessus (même si on empilait tout un tas de feuilles). Ce fut un succès immédiat. Elle se fit une petite fortune en les vendant à ses camarades. Et, en elle, l'idée commença à germer… Et si elle se mettait à inventer d'autres objets ?

La vie continua son cours. Elisa se mit à trifouiller avec des plumes enchantées et des stylos moldus. Elle continua à cultiver son réseau, à parler à tout le monde, et à garder l'œil sur les tensions inter-Maisons.

Petit à petit, à force de passer du temps avec les Gryffondor, Aurélia commençait réellement à se socialiser avec eux. Elle continuait à ignorer les autres Maisons, cela dit. Elle préférait largement la compagnie de son petit groupe réduit d'amis. C'était avec eux qu'elle était la plus joyeuse et la plus expressive. Ok, ils n'étaient que des enfants, mais ils étaient habitués à elle et à ses excentricités, et Aurélia commençait à se sentir détendue avec eux. Elle pouvait se plaindre de ses devoirs, blaguer sur les profs, parler de musique, organiser des dance-off impromptus dans la salle commune.

De plus en plus souvent, à la fin des cours, toute sa classe l'attendait. Les jumeaux, Lee, Angelina, Alicia et Thelma. Aurélia leur adressa un sourire et, généralement, lançait la conversation :

- Allez on y va, j'ai la dissert de Binns à terminer.

Elle caqueta en compagnie de son groupe en tempêtant contre Binns. Elle aimait l'histoire, mais là... C'était du foutage de gueule et elle le fit bien savoir.

La métisse continua son discours enflammé en priant le ciel les mains en l'air pour que les cours d'Histoire de la Magie deviennent plus vivants, ou elle allait faire une pétition à Dumbledore pour qu'une chaise soit engagée à sa place. Les jumeaux étaient complètement survoltés, ils proposèrent qu'on fasse vraiment une pétition et offrirent d'écrire le discours pour la défendre en salle commune. Aurélia répliqua en riant qu'elle n'accepterait qu'une chaise en sapin et exigea qu'on lui donne une identité :

- Je propose le nom de Professeur de la Chaise du Destin. Elle reste debout, elle ne bouge pas, elle ne ROMPT pas.

Les rires redoublèrent à la table des Gryffondors, alors que Percy Weasley leur lançait un regard furibond. Bill vint voir les première année et écouta Angelina Johnson qui lui raconta la lubie d'Aurélia. Le préfet-en-chef les réprimanda et les conjura de rester calmes ou sages, tout en faisant des clins d'œil qui achevèrent de plonger le pauvre Percy dans le plus profond désespoir.

Chez les Poufsouffles, on préféra rouler des yeux comme chez les Serdaigles ou les Serpentards même si certains élèves étaient amusés par le caractère déjanté absolu de cette gamine de onze ans.

- Tu ne serais pas de la même famille que Fred et Georges par hasard ? lâcha Alicia

Aurélia et les jumeaux se contentèrent de sourire de la même expression diabolique. Oh shit.

En voilà une qui allait foutre le bordel.


Les mois de Septembre et Octobre passèrent sans encombres puis mi-Novembre, Aurélia Ruva se retrouva mêlée à sa première bagarre.

Il y avait quelque chose à ne jamais douter en Aurélia. Elle détestait la méchanceté gratuite, le racisme, la maltraitance. Elle s'était jurée de ne plus jamais être témoin et laisser les victimes être toutes seules. Maintenant qu'elle était revenue en enfer elle refusait de sombrer sans donner un coup de boule à l'ennemi. Tout le monde savait, qu'elle était indépendante, qu'elle était brillante dans ce qui l'intéressait, mais... Personne ne savait encore qu'elle était une force qu'il fallait craindre.

Mais arriva l'affaire de Teddy Mint.

C'était une semaine après Halloween quand Aurélia entra dans la salle commune avec un bouquin de Défense qu'elle avait emprunté à la bibliothèque. C'était le weekend, elle avait enfin fini de faire ses devoirs, elle pouvait maintenant se poser quelque part et lire son emprunt. C'est alors qu'elle vit un garçon blond qu'elle reconnut de deuxième année entrer dans la salle commune entouré par ses amis, qui le consolait maladroitement. Il avait un affreux bleu sur la joue et ses vêtements froissés comme si on l'avait pris par le col. Ils se précipitèrent à l'étage supérieur, Aurélia avec un mauvais pressentiment les suivit discrètement. Ils s'étaient mis sur le palier où il n'y avait pas un chat.

- Allez Teddy, c'est bon. On va en parler à un préfet... lança un garçon aux cheveux bruns, qu'Aurélia ne reconnaissait pas.

- Non, le coupa le garçon éploré. Il m'a dit que si je disais quoi que ce soit, il me ferait la peau !

- Raison de plus pour intervenir, s'énerva son interlocuteur. C'est dégueulasse ce qu'il a fait !

- Malheureusement on ne peut rien faire, lâcha le troisième larron avec patience.

Aurélia le reconnut instantanément, il s'agissait de Quentin Martins. Elle avait entendu son nom alors qu'il jouait souvent aux échecs dans la salle commune seul ou contre d'autres élèves. Bref, il faisait partie du décor.

Aurélia fronça les sourcils. Comment ça ?

- Yaxley a une famille influente. Même si on en parle aux Préfets, il aura une tape sur les doigts et ne sera jamais inquiété.

- Alors on fait quoi ? Répliqua le brun. Il l'a bousculé dans les toilettes ! Si on ne plus faire nos besoins en paix, où on est ?

- On ne fait rien, répondit Quentin assez agressif. On est qu'en deuxième année et les Serpentard malgré tout ce qu'on pense sont très liés, autant que les Poufsouffle ! Tu veux avoir le reste de la maison ou pire Rogue sur le dos ? Car non, pas moi !

Il s'adressa à Aurélia qui s'était figée sans s'en rendre compte en les regardant. Elle faillit bondir alors qu'elle était plongée dans ses pensées. Et toi, claqua sa voix en direction d'Aurélia qui était figée dans les escaliers, qu'est-ce que tu veux ?

- Rien, dit-elle précipitamment.

Puis avec une hésitation à la victime.

- ça va ?

Teddy l'ignora très embarrassé. Quentin se mit devant elle.

- Il va bien. Laisse-nous tranquilles et ne dit RIEN à Weasley, Ruva.

Aurélia fut surprise qu'il connaisse son nom mais hocha la tête. Quentin Martins la regarda avec beaucoup de méfiance mais Aurélia soutint son regard. Oui, elle n'allait rien dire à Bill. Mais elle allait garder Mint à l'oeil. Il était hors de question qu'il se retrouve seul face à ce babouin de Yaxley.

- D'accord. »

Suite à cet intermède, Aurélia, comme elle s'était promise surveilla discrètement Teddy Mint puis Yaxley qu'elle découvrit comme un véritable enfoiré de première catégorie. Fier et arrogant comme un paon, l'élève de cinquième année avait craint et adulé par son banc de suiveurs, qu'elle appelait son banc de morues. La fière métisse reniflait et mettait en place dans sa tête trente-cinq possibilités d'action pour l'accrocher au sommet de la tour de Gryffondor par le slip.

Et puis le premier match de Quidditch de la saison arriva, et Aurélia se retrouva dans la foule compacte des Gryffondors lors de l'affrontement qui les opposaient à Serpentard. Superbe entrée en matière. Surtout que Yaxley jouait au poste de gardien. La jeune métisse était entourée de Lee, les jumeaux, Angelina et Alicia qui regardaient les joueurs avec envie. Elle tourna ses yeux vers le trio de Quentin Martins, Teddy Mint et le troisième dont elle n'avait pas encore le nom qui encourageaient aussi leurs joueurs. Teddy semblait détendu et agitait son drapeau en rythme. Un vrai supporter ! Aurélia sourit alors légèrement et tourna sa tête vers Alicia qui sautillait d'enthousiasme.

- J'ai hâte de passer les essais l'année prochaine, disait-elle.

- Moi aussi, sourit Angelina. Peut-être pour Batteuse.

- Tu serais mieux en gardienne, lança Fred.

- Non, je te vois mieux en Poursuiveuse, Angie, proposa Aurélia.

Celle-ci pencha sa tête sur le côté, elle pouvait imaginer cela. Bien entendu. Aurélia pencha alors sa tête en arrière et vit un joueur rouge et or voler à toute vitesse en faisant des acrobaties. Elle en écarquilla les yeux, c'était absolument dingue ! Ce type allait se rompre le cou !

- C'est qui ?

Les jumeaux attrapèrent ses épaules en riant alors que Lee venait de comprendre de qui il s'agissait :

- Regarde mieux.

Aurélia fronça ses sourcils et vit…

- C'est Charlie ?

- CHARLIE LE DRAGON, s'égosillait une voix de crécelle au micro.

Aurélia faillit tomber des gradins en découvrant Nymphadora Tonks avec le micro entre les mains. Mais enfin, comment cette école désignait les commentateurs? Lee regardait d'ailleurs le micro avec un éclat dans les yeux. Cela fit sourire Aurélia malgré elle. Thelma qui était au-dessus d'elle debout à côté de Trinity demanda alors les règles. Angelina et Alicia se firent un plaisir de lui expliquer les règles. Mais plus important, Aurélia ne quittait pas Yaxley des yeux, comme si elle essayait de le faire tomber de son balai avec toute sa concentration. Lee la tira de ses funestes pensées avec une exclamation :

- ça manque d'ambiance ici. Rien à voir avec un match de foot !

- Il n'ont pas les références musicales, je rappelle, siffla Aurélia. Un bon We Will Rock You ferait grimper la température mais avons-nous assez de Nés-Moldus fana de rock pour nous suivre ?

- Peut-être pas, mais nous avons des Weasley.

Fred et George regardèrent Aurélia et Lee qui avait le même éclat dans les yeux. Thelma sembla hésiter à les arrêter mais Angelina et Alicia étaient curieuses et Trinity... bah rien à foutre en fait.

- Il nous faut un micro, décida Aurélia. Mais je ne maîtrise pas le Sonorus.

- Et si on demandait à Tonks de nous le prêter ? Elle dit que des bêtises depuis tout à l'heure !

- Oh Weasley, montre-nous tes pectoraux !

- MISS TONKS !

Aurélia étouffa un rire alors que Lee commençait quand même à faire le rythme.

- On fait sans. Allez ! Faites comme nous !

- On a l'air d'imbéciles, geignit Alicia.

- Croit en l'effet de groupe, la motiva Aurélia.

Elle faisait aussi le rythme, puis les Nés-Moldus des gradins de Gryffondor suivirent le mouvement en hurlant... les paroles.

- WE WILL; WE WILL ROCK YOU !

Les Sang-Purs étaient complètement paumés, mais l'ambiance était euphorique, toute la promo des Gryffons d'Aurélia suivait le mouvement, même (oui) Trinity.

Charlie attrapa finalement le vif d'or sous les vivats de sa maison et supporters, la fête dans la salle commune fut franchement sympathique, et Aurélia put même se détendre en voyant toute sa maison célébrer ensemble. Comme une seule entité. En fait, elle aimait ça. L'unité.

.

Deux semaines plus tard, Aurélia sortit du cours de Botanique suivie par sa bande au complet et le groupe de Poufsouffle qui prenait plus son temps, juste derrière eux :

- Enfin ! s'exclama Lee, je meurs de faim ! Vous pensez qu'il y aura du poulet ce midi ?

- Comme... à tous les repas, s'amusa Alicia qui marchait entre Angelina et Aurélia.

- J'aime cette école, apprécia Lee sous les sourires des jumeaux.

Ils entrèrent dans le bâtiment et remontèrent les couloirs en discutant avec animation. Enfin tous, sauf Aurélia Ruva qui semblait chercher quelqu'un du regard, ce qui fit lever un sourcil à Angelina Johnson.

- Auré ? Tu cherches qui ?

Aurélia ouvrit la bouche alors que Lee secouait la tête pas dupe pour un sou, il avait bien remarqué que son amie surveillait Teddy Mint de très près et semblait sur le point d'éviscérer Yaxley à chaque seconde. Alors, il tourna aussi la tête, essayant d'apercevoir leur camarade de deuxième année.

C'est en tournant un couloir non loin de la Grande Salle que le groupe des Gryffons, vit Teddy Mint et ses propres amis sauf qu'il était chahuté par Yaxley. Ce dernier lui avait chipé son livre de potions et s'amusait à le faire tourner dans ses mains, alors que Mint était restait immobile. Il ne protestait pas, Quentin Martins restait beaucoup trop calme alors que le troisième larron, serrait ses poings pour se maîtriser. La situation était terrible. Il n'y avait pas de préfets et il n'y avait pas d'élèves âgés qui prenaient la défense de Mint:

- Je croyais que ta maison promouvait le courage ? T'es vraiment qu'une lavette Mint, s'amusa Yaxley.

Aurélia fulminait. Lee s'en rendit compte et posa sa main sur son bras. Elle ne s'était pas rendu compte que tout son groupe s'était arrêté, bloquant le passage des Poufsouffle qui essayaient de se hausser sur la pointe des pieds pour voir ce qui se passait. Les deux Serpentards qui suivaient Yaxley comme son ombre (bon sang, c'était Malefoy 2.0 ou quoi ?!) leur lancèrent un regard méprisant mais, pas stupides au point d'ignorer leur infériorité numérique, commencèrent à reculer en direction de la Grande Salle. Yaxley lança alors le livre de Potions par terre en marchant dessus :

- De toute façon, un sang-de-bourbe comme toi ne mérite pas d'être dans cette école, marmonna-t-il en s'éloignant.

Teddy perdit ses couleurs, le garçon brun ouvrit grand la bouche outré, Quentin aussi. Mais Yaxley avait parlé trop bas, et seuls les Gryffondors au niveau d'Aurélia, soit Lee, Angelina et Alicia avaient entendu ce que le Serpentard avait dit et cela...

Fit péter un véritable plomb à Aurélia Ruva.

Elle bondit littéralement devant le cinquième année et le regarda comme si il n'était qu'une crotte d'hippogriffe sous sa chaussure :

- Excuse-toi immédiatement.

Yaxley fut surpris pendant une milliseconde avant d'éclater de rire. Un rire caverneux et dénué d'espièglerie. Un rire cruel.

- Dégage, gamine.

Il y eut une vague de marmonnements et de murmures, les élèves à l'arrière demandant ce qui se passait, et les élèves à l'avant essayant de s'écarter de l'endroit où le ton montait. En bout de file, quelqu'un se mit à râler qu'ils bloquaient le passage vers le déjeuner. Mais Aurélia resta campée sur ses positions, bloquant le passage de Yaxley (et donc du reste de son public involontaire). Elle était très TRES énervée et ne voyait pas du tout que son comportement était sujet à des murmures derrière elle. En fait, elle s'en fichait :

- Excuse-toi, Yaxley.

- Dégage de mon chemin ! T'es qui ?

- Celle qui va t'enfoncer ta baguette là où rien n'est supposé être enfoncé, espèce d'abruti! Tonna-t-elle

Les Gryffondors autour d'elle laissèrent échapper un hoquet sous la violence des propos de l'enfant de onze ans. Cédric Diggory eut l'air franchement désapprobateur, encore plus lorsque sa voisine (qui n'était autre qu'Elisa), laissa échapper un gloussement à la fois nerveux et hilare. De leur place, ils n'avaient pas pu voir comment cette affaire avait commencé, mais ils réalisaient tous les deux que ça allait chauffer. L'inquiétude et l'embarras le disputait à une étrange fascination. Ils étaient à Poudlard depuis moins de trois mois, et grâce à l'entente qui unissait leur promotion… c'était, pour la plupart d'entre eux, la première fois qu'ils se retrouvaient pris dans une altercation entre deux Maisons. Ou même dans une altercation tout court !

- T'as dit quoi, rase-mottes ? fulmina Yaxley.

- T'as bien entendu, fumier !

Yaxley la bouscula. Aurélia lui écrasa le pied sans aucune hésitation. Le Serpentard en laissa échapper une légère exclamation de douleur alors qu'Aurélia le regardait avec défi. Les jumeaux jouèrent des coudes pour s'avancer aux cotés de Lee :

- Il se passe quoi ?

– Ça suffit, moi je ne m'en mêle pas ! lâcha Raashid Hussain de Poufsouffle avant de lui aussi jouer des coudes pour échapper à l'attroupement et filer vers la Grande Salle.

Il entraîna avec lui une bonne moitié des Poufsouffle et des Gryffondor, mais le groupe qui resta en arrière, observant l'affaire avec curiosité ou inquiétude, restait quand même assez conséquent. Trop conséquent pour que Yaxley puisse prétendre que rien ne s'était passé. Il avait été insulté, ça allait barder. Il beugla :

- Je vais t'apprendre le respect !

- Pardon ? C'est toi qui va l'apprendre pauvre crétin ! Répliqua-t-elle

Yaxley sort sa baguette, Aurélia brandit la sienne. Oulah. Ça allait dégénérer. C'est alors qu'Alicia attrapa Aurélia par la taille :

- Ne fais pas ça !

- Lâche-moi Alicia ! S'énerva Aurélia en se débattant, je vais lui faire la peau !

- Tu vas te faire dégommer, essaya de la raisonner Alicia Spinnet alors que Yaxley se marrait moqueur.

- Ecoute ton amie, petite. Retourne jouer à la poupée.

Aurélia se figea. Avait-elle bien entendu ? Ce sale petit con allait tâter de sa rage destructrice. Elle allait peut-être finir à l 'infirmerie, mais... RIEN A FOUTRE !

Elle se détacha d'Alicia et courut sur Yaxley en lui lançant un :

- FLIPENDO !

Yaxley se le prit en plein visage et tomba sous la surprise. Le public poussa des exclamations choquées. La plupart des premières années n'avait pas vraiment pensé que ça irait vraiment jusqu'au duel. Plusieurs d'entre eux sortirent leurs baguettes, n'ayant pas vraiment l'intention de s'en servir mais devinant nettement qu'avec l'hostilité ambiante, mieux valait être préparé.

Yaxley se releva avec un juron grossier, l'air meurtrier. Son nez était cassé et il avait plein de sang sur le visage. Une vague de malaise parcouru les premières années. Elisa déglutit, puis lâcha à l'adresse de ses voisins :

– Je vais chercher un prof !

Elle détala. Les quelques Poufsouffle qui étaient restés reculèrent, et Alicia et Angelina aussi. Seuls Lee et les jumeaux, sans doute moins impressionnés par la vue du sang, ne bougèrent pas d'un pouce.

- Cette sale peste, lâcha le Serpentard entre des insultes plus nourries.

- Aurélia, qu'est-ce que tu as fait ? se désespéra Alicia.

- Il l'a mérité, répondit Angelina qui avait aussi sorti sa baguette.

Puis Yaxley balança un sort de métamorphose qu'Aurélia se prit en pleine poire. Elle avait maintenant la tête en forme de citron... Angelina répliqua d'un Furonculus. Teddy Mint et Quentin Martins étaient interdits, mais les Serpentards qui soutenaient Yaxley avaient aussi sorti leurs baguettes. L'un d'entre eux visa Aurélia, le garçon brun le bouscula et lui fit dévier sa trajectoire. L'élève de deuxième année sortit aussi sa baguette tout cela sous le regard de Lee qui les encourageait :

- DU SANG. DES TRIPES ! Criait le Né-Moldu

- Lee arrête ! S'énerva Alicia. Que quelqu'un appelle un professeur!

- Elisa est partie faire exactement ça ! lâcha avec nervosité Trisha Buttermere qui n'avait pas l'air de savoir si elle voulait attaquer ou rester le plus loin possible de ce chaos.

– Arrêtez tous, c'est stupide ! fit désespérément Cédric. Quelqu'un va finir par être blessé !

- Oh. Aurélia vient de se faire désarmer, s'écria Thelma qui était avec les Poufsouffles.

Les jumeaux se tournèrent pour voir la petite métisse qui était dans un sale état, mais qui regardait Yaxley les yeux emplis de défi alors que son adversaire avait toujours le nez pissait encore le sang. Angelina et le garçon brun étaient maîtrisés par les deux autres Serpentards. Aurélia n'avait plus de baguette ? Qu'à cela ne tienne !

Elle se précipita vers Yaxley et lui donna un coup de pied bien placé. Yaxley tomba à genoux. La petite en profita pour lui arracher la baguette des mains et la jeta à travers le couloir !

Yaxley se releva et bondit en avant, tentant de l'attraper, mais Aurélia plus petite passa ENTRE ses jambes en se baissant sous la surprise générale ! Elle se tourna mais Yaxley lui attrapa les cheveux, c'est alors qu'elle lui mordit sa main libre jusqu'au sang ! Yaxley répliqua en la tapant sur la tête mais Aurélia ne lâcha pas. Angelina était par terre avec l'ami brun de Teddy. C'était le chaos. Lee criait, Alicia les suppliait, les jumeaux s'amusaient et les Poufsouffles étaient juste désespérés. Jusqu'à ce que :

« - Mais qu'est-ce qu'il se passe ici ? Rugit la voix puissante du professeur McGonagall, qui arrivait derrière Elisa. Miss Ruva, lâchez la main de Mr Yaxley immédiatement ! Nous ne sommes pas dans une jungle ! »

OooooooooO

Une semaine de retenue avec Rusard, cinquante points en moins pour Gryffondor et une heure d'engueulade de la part de McGonagall. Aurélia se défendit avec beaucoup de colère :

- Bien entendu que j'ai dû faire ça, cria-t-elle à bout de patience, IL N'Y AVAIT PERSONNE ! Pas de préfets ! Pas de profs ! Et aucun élève qui a pris la défense de Mint ! Ça fait des SEMAINES qu'il est maltraité et personne n'a rien vu !

- Et vous ? Pourquoi vous n'avez rien dit ? Coupa McGonagall en fronçant les sourcils.

Aurélia ouvrit la bouche. Puis la referma. Hermétiquement.

- Miss Ruva. Ne me faîtes pas répéter.

- J'ai...

Non elle avait promis. Aurélia se contenta de regarder ailleurs. Elle avait promis à Mint de ne rien dire. Certes ce n'était pas malin, mais la confiance était quelque chose qu'elle tenait en estime. Elle ne perdrait pas la confiance de quelqu'un car elle avait ouvert sa grande bouche. Elle gardait les secrets.

- Ruva, fulmina McGonagall. Deux semaines de retenue.

- QUOI ?!

- Ce n'est pas à vous de distribuer la justice, mais à l'autorité, répliqua sa directrice de Maison.

Aurélia avait la bouche ouverte d'indignation. Elle savait qu'elle allait se faire punir, mais là ! A croire que c'était sa faute !

Ses joues se teintèrent de rouge alors qu'elle tremblait de colère :

- Et Yaxley ? Il va s'en sortir facilement ?

- Vous avez jeté le premier sort.

- Il a traité Mint de Sang-De-Bourbe. Ça mérite bien plus qu'un Flipendo à la figure.

Un lourd silence souligna les paroles d'Aurélia. Minerva McGonagall s'était tue et avait croisé ses doigts, tout en regardant sa jeune élève. Aurélia croisa ses bras. Bon sang. Elle était une adulte, et là elle réagissait comme une gamine. Non... On la prenait pour une gamine. C'était affreux. Elle n'avait aucune légitimité ou force. Elle était faible et inutile et cela était trop pour elle. Elle devrait se barrer de cette maison de cinglés. Changer d'identité, revenir dans le monde Moldu et étudier la microbiologie. Elle avait toujours hésité entre ça et la chimie dans son ancienne vie.

Aurélia savait qu'elle avait surréagi, mais elle ne savait pas comment faire autrement. Il n'y avait pas si longtemps elle était dans la même situation que Mint. Mais là c'était pire. Tous ces gosses avaient des armes aux mains. La mauvaise formule et BOUM ! Elle était aussi isolée, acculée et faible. Elle avait grandi et s'était endurcie. Maintenant, quand elle se regardait dans le miroir et regardait la elle de onze ans lui jeter un regard effrayé, elle avait l'impression d'avoir régressé, d'être revenue à la case départ. Alors elle se débattait. Elle ne voulait pas être faible. Elle. Ne. Voulait. Pas. Être. Faible.

McGonagall reprit la parole avec un ton patient :

- Mr Yaxley sera puni pour avoir proféré de tels mots, soyez-en sûre.

Aurélia se contenta de siffler entre ses dents, les yeux noirs de colère. Minerva soupira :

- Miss Ruva, je sais que vous avez voulu bien faire. Mais la violence entre les murs de cette école n'est jamais une solution.

Aurélia faillit sourire. Vraiment ? Pourtant une guerre aura lieu entre ces murs. Mais McGonagall continua :

- La prochaine fois que vous êtes face à une telle situation, prévenez un préfet

- Mais...

- Et s'il n'y a pas d'adultes autour de vous, ne réagissez pas à chaud, restez calme.

Aurélia renifla. Calme ? CALME ? Argh.

- Retournez dans votre dortoir.

- Avec plaisir, marmonna la métisse.

Puis elle s'en alla en tapant des pieds. McGonagall ne put s'empêcher de laisser échapper un léger rictus. Quel sale caractère.

Depuis ce jour, certains élèves curieux remarquèrent Aurélia Ruva. La rumeur de son combat fit trois fois le tour de l'école. Certains étaient bien évidemment énervés, notamment les Puristes. Yaxley voulait sa revanche suite à son humiliation. Elle avait perdu mais elle restait une petite première année qui lui avait tenu tête. Cela dit, le professeur Rogue lui ôta vite de la tête cette idée ridicule.

Apparemment, il trouvait complètement inacceptable qu'un Serpentard soit surpris en train d'insulter un élève devant témoins, puis se fasse botter le train par une gamine. C'était une disgrâce. Bien sûr, personne ne voulait raconter ce qui s'était passé à des non-Serpentard (la maison vert et argent se serrait les coudes) mais Elisa, grâce à son amitié avec Heather Thatcham, appris que le directeur de Serpentard avait verbalement éviscéré Yaxley et lui avait assigné quatre semaines entières de retenues, à récurer de vieux tonneaux remplis de trucs dégueulasses. Désormais, celui-ci ne ferait plus de vague au moins jusqu'à la fin de l'année.

Mentalement, Elisa ne put s'empêcher d'applaudir Rogue. Ok, c'était une enflure, mais lui au moins, il ne rigolait pas avec la discipline.

La plus grosse inquiétude d'Elisa était que cette bagarre fasse voler en éclat la trêve qui s'était installé entre leurs classes. Dans les autres promotions, les tensions étaient parfois vives entre les différentes Maisons, et il en faudrait peu pour que ça déborde. Mais… A sa grande surprise (et à sa grande fierté), tous les élèves de sa promotion continuèrent à s'entendre. Même si leurs aînés utilisaient cette altercation comme exemple que « on ne peut pas faire confiance aux Serpentard » ou « que les Gryffondor cherchent toujours la bagarre », eh bien… Les jeunes élèves de premières années s'étaient fait des amis dans leur promotion. Ils n'allaient pas se séparer parce que deux personnes s'étaient battues. C'était une histoire qui n'engageait qu'eux, pas leur Maison.

Bill et Percy n'étaient pas DU TOUT contents. Aurélia eu le bon ton de regarder ses mains en mordant sa lèvre alors que le plus âgé des Weasley la sermonnait:

- Mais enfin qu'est-ce qu'il t'a prise ? Pourquoi tu n'as pas appelé un préfet ?

- Il n'y avait pas de préfet dans les environs, répliqua-t-elle.

- Tu sais ce que je veux dire Aurélia ! gronda Bill. Tu as eu de la chance de t'en être sortie sans trop de séquelles. C'est un cinquième année, et tu n'as que onze ans.

Vingt-cinq, faillit hurler Aurélia en réponse. Mais elle préféra regarder ailleurs. Bill soupira :

- Je sais que ce qu'il a dit à Mint était terrible, mais tu aurais dû me dire ce qu'il se passait avant que ça ne dégénère.

- J'avais fait une promesse Bill.

Et même si, elle savait que ça aurait été plus sage de dire cela à Bill avec discrétion, Mint se serait senti beaucoup plus humilié. Et selon Aurélia, la dignité était un bien précieux et très fragile.

Bill Weasley la jaugea du regard pendant un court instant. Il savait qu'elle avait fait cela par soif de justice, Aurélia ne supportait pas de voir les gens opprimés. C'était quelque chose qu'il appréciait chez elle, mais sa propension à faire la justice elle-même n'était pas quelque chose qu'il approuvait. Pourquoi refusait-elle d'en parler ou faire confiance à un adulte ? Bill fut un peu touché, Aurélia n'avait donc pas confiance en lui ?

- As-tu confiance en moi ?

La jeune enfant regarda Bill comme piquée au vif. Quoi ? Pourquoi il en était arrivé à penser le contraire ? Oh..

- Bien entendu ! Je...

Aurélia baissa la tête. Elle avait confiance en lui, mais il y avait des choses qu'elle devait cacher. Ses réactions n'étaient pas celle d'une enfant de onze ans, elle en avait conscience mais... Comment combattre sa propre identité ? Qui était-elle ? Elle en avait trop vu, elle était déjà passé par son adolescence, elle savait que trop bien ce que Mint ressentait. Elle avait voulu quelqu'un pour le défendre à son âge, des adultes compétents... mais dans cette école, ils étaient trop rares voire inexistants.

Aurélia serra ses poings son visage fermé. Il n'y avait personne pour prendre soin des enfants ici. Du moins les enfants... Les préfets étaient trop jeunes, pas assez nombreux. Il fallait trouver une solution car vu que les adultes ne faisaient pas le job, elle allait faire en sorte qu'il soit fait par les élèves. Alors elle releva la tête et croisa les yeux noisettes de Bill Weasley.

- Je te fais confiance Bill, dit-elle d'une voix plus définitive.

Le Weasley hocha lentement la tête avec un léger sourire et se pencha à sa hauteur ce qui fit sourire Aurélia malgré elle.

- Alors la prochaine fois que tu es témoin de ce genre de situation tu m'appelles moi ou un préfet et surtout, tu ne lances JAMAIS le premier sort. Tu te défends, tu n'attaques pas. Deal ?

C'était raisonnable et surtout acceptable. Aurélia ne pouvait pas promettre de ne pas intervenir mais elle pouvait promettre d'essayer jusqu'au dernier moment de laisser l'autorité s'en occuper. Enfin, elle l'espérait...

- Deal, promit-elle (à moitié)

Bill sourit plus largement mais remarqua qu'Aurélia était encore préoccupée. Cependant, elle le regardait avec un regard déterminé. Une idée avait traversé l'esprit de la gamine et elle allait sortir. Il soupira alors et lui demanda :

- Qu'est-ce qu'il te gène ?

Aurélia hésita un instant. Elle ne savait pas trop comment articuler sa pensée. Elle avait beaucoup d'éléments qui s'ajoutaient. Son passé, son présent... le futur à venir. Elle pensait que le monde était trop dur pour des enfants et se préparait à l'être encore plus, mais ce qu'elle voyait maintenant, en face d'elle c'était quelque chose de plus tangible.

Quand elle était dans la situation de Mint… Aurélia avait agi de la même façon. Elle avait gardé la violence pour elle-même et avait blâmé les adultes de ne pas être intervenus. Mais personne n'avait été mis au courant. Il y avait des signes, mais les adultes avaient mieux à faire. Ils étaient absents. McGonagall était débordée. Elle s'en était rendue compte dans le bureau, ce n'était pas qu'elle rechignait à protéger ses élèves (bon sang c'était Minerva McGonagall), mais elle n'avait pas le temps ou l'énergie. Alors peut-être qu'il fallait faire son job. Le job qu'elle était supposée faire. Les Gryffons avaient besoin de structure, c'était un fait, on les laissait trop seuls. Ils avaient besoin de structure, de règles et de lien. Pas d'un champ de bataille 24h/24. Car la réalité c'était que les Gryffondors avaient eu Sirius Black. James Potter. Peter Pettigrew. La maison Gryffondor devait être plus à même de protéger les siens. Or, la seule personne qui se rapprochait d'un adulte avec un tant soit peu de pouvoir décisionnaire et autoritaire était... juste devant elle:

- Le professeur McGonagall est débordée.

Bill fronça légèrement les sourcils. Aurélia mit ses mains devant elle en bégayant presque :

- Non. Je veux dire...

Elle inspira et expira.

- Quand je suis allée dans son bureau pour me faire punir... Je sais qu'elle veut faire son boulot de directrice de maison, mais la réalité c'est qu'elle ne le fait pas. Elle gère toute l'école ET ses cours. Il n'y a pas d'adultes ou de cadre dans notre maison. Hier, Fred et George ont fait entrer une méga fusée du , j'ai peur qu'ils fassent péter la tour ! S'il-te-plaît ne leur dit pas que je te l'ai dit, ajouta-t-elle précipitamment.

Bill hocha la tête mais l'écoutait encore.

- Tu proposes quoi ?

- De l'auto-gestion. Vu que McGonagall ne peut pas faire le job, c'est aux préfets, à TOI de mettre le hola.

Bill fronça les sourcils. Aurélia pencha la tête sur le coté.

- Notre maison est livrée à elle-même mais pas les trois autres... Enfin je ne crois pas ?

Un silence passa entre eux. Aurélia ferma sa bouche. Elle était peut-être allée trop loin... Mais Bill hocha lentement la tête. Elle n'avait pas besoin d'ajouter quoi que ce soit d'autre. Dans sa tête des rouages se mettaient en place. Effectivement, il fallait un peu plus de structure dans la Maison. ET pour ça, s'inspirer des autres ne semblait pas une mauvaise idée. Il n'avait pas beaucoup de contacts chez les Serdaigle, les Poufsouffle ou les Serpentard, cela dit. Mais Charlie avait des amis dans d'autres Maisons… Il pourrait sans doute leur demander.

- D'accord. »

Effectivement, Charlie servit de relais, et fit passer le message à ses amis dans les autres Maisons. Les Préfets de Serdaigle se montrèrent un peu condescendants, ceux de Serpentard carrément moqueurs, et ceux de Poufsouffle vaguement incrédules : mais ils acceptèrent tous de lui expliquer comment ça marchait chez eux. Les Poufsouffle axaient tout sur la responsabilité des Préfets : ils étaient compétents, avaient des formations spéciales, devaient lire des guides en matière de médicomagie ou de psychologie, etc. Les Serdaigle, eux, avaient un système axé sur l'auto-gestion : chaque élève avait un parrain ou une marraine, qui lui-même avait été parrainé jadis, et ça formait une longue chaîne permettant aux élèves de toujours trouver le soutien nécessaire pour régler leurs problèmes rapidement et sans avoir à passer par les adultes ou les Préfets. Les Serpentards, eux, avaient un système bien plus simple : c'était Rogue leur adulte de référence, et comme il terrorisait les brutes et interdisait toute violence ou signe de désunion entre les membres de Serpentard, il n'y avait aucun souci de ce côté-là.

Et du coup, Bill se retrouva avec tout un tas de devoirs supplémentaires. Bah oui. Certes, les Serpentard n'avaient rien d'utile à lui apporter, mais… Entre les Poufsouffle qui suivaient scrupuleusement un manuel mis en place par leurs prédécesseurs, et les Serdaigle qui notaient absolument tout, ça faisait pas mal de trucs à lire !

Charlie Weasley garda l'œil sur Aurélia alors que Bill préparait la transformation du rôle des Préfets de Gryffondor. La dynamique entre la petite métisse et le fanatique des dragons devint plus chaleureuse. Aurélia était beaucoup plus proche de Bill dans un premier temps, mais maintenant, elle était souvent avec Charlie quand elle n'était pas avec ses autres amis. Ils parlaient dragons, défense, Quidditch et même musique, car Aurélia et Lee débattait souvent en la compagnie de leur aîné, à chaque repas. Charlie donnait des conseils à Aurélia pour qu'elle améliorer sa défense et se rendit compte de l'intérêt réel que la petite avait pour la discipline et aussi l'offensif. Elle voulait être une combattante dans le souci de défendre les autres. Et donc, garder sa baguette dans sa poche et ne pas dégainer quand les Puristes reniflaient de dédain en voyant Thelma, Lee ou Mint la rendait dingue. Alors Charlie la félicitait et cela la réconfortait.

D'ailleurs concernant Mint, le garçon devint plutôt avenant avec Aurélia après quelques jours sans lui parler. Aurélia comprenait la distance mais ce fut l'ami de Teddy Mint, le troisième larron qui l'avait poussé à parler à la petite de première année. Elle découvrit d'ailleurs un garçon drôle, avenant et charmeur :

- Je m'appelle Phil Pinto, se présenta-t-il en lui tendant la main. Et je tiens à te remercier.

- J'ai perdu cinquante points pour Gryffondor et j'ai deux semaines de retenue, répliqua Aurélia avec un peu d'amusement. Je ne crois pas que vous appréciez ça, dit-elle en laissant son regard glisser sur Quentin Martins qui était aussi à leurs côtés. Ils étaient tous en train de dîner dans la grande salle, le garçon s'assit en face d'elle.

- Je pense qu'il faut choisir ses batailles, s'expliqua Quentin. Mais… Quand Yaxley a dit ce qu'il a dit… Moi aussi, j'aurais voulu le frapper.

Aurélia comprit que c'était sa manière de s'excuser. Elle hocha la tête, alors que Phil lui frappa l'épaule avec affection et rejoignit Quentin à la table. Seul Mint restait debout… Embarrassé. Aurélia et lui se regardèrent sans rien dire… C'était vrai qu'intervenir pour quelqu'un qu'elle ne connaissait pas… Elle s'était juste vue. A sa place. Elle comprenait.

Alors Aurélia se saisit du premier plat de nourriture en face d'elle et ignora royalement le problème :

- Pommes de terre ?

Mint fut surpris pendant quelques secondes puis laissa un sourire s'épanouir sur son visage. Il s'assit comme ses deux amis et commença à converser avec la jeune enfant sous les regards acérés de Lee et Angelina aussi à ses côtés. Très vite, le trio découvrit Aurélia et sa spontanéité naturelle, cela installa des rires. Teddy raconta qu'il adorait le Quidditch et avait tellement adoré le match précédent qu'il envisageait d'ouvrir un club de supporters. Angelina et surtout Lee renchérirent en disant que c'était une super idée, faisant rougir le garçon. Quentin se révéla être drôle avec un humour pinçant mais qui faisait mouche et Phil avait l'énergie de quarante personnes.

- Phil, c'est le diminutif de Philippe j'imagine? lança Aurélia sur le ton de la conversation.

- Pas du tout, c'est le raccourci pour Méphisto, répondit Phil en finissant son dessert.

Il eut un silence autour d'eux, la promo d'Aurélia était abasourdie alors que la concernée tentait du mieux qu'elle pouvait de ne pas éclater de rire. Phil la regarda droit dans les yeux;

- Vas y. Je suis habitué.

- BWAWAWAWAAAAA, explosa-t-elle alors que Phil roulait des yeux avec un petit sourire.

Tout le monde était hilare, Aurélia la plus sonore, cependant personne n'avait remarqué le visage d'Alicia Spinnett se crisper. Apparemment le fait que Méphisto soit d'origine espagnole, l'embêtait beaucoup.

Enfin bref. Ce fut la première mais pas la dernière fois qu'ils mangèrent ensemble. Aurélia les appréciait beaucoup, c'était plus facile avec eux d'être elle-même… Peut-être parce qu'ils étaient comme des toiles blanches, elle ne savait rien d'eux contrairement à certaines personnes de sa promo. Tout cela en tout cas… Ce fut assez pour devenir très bons camarades.

Puis le soir-même, Aurélia aperçut Bill plongé dans le guide du préfet des Poufsouffles ouvert devant lui. Le recueil faisait bien 300 pages et était rempli de marqueurs écarlates. Bill surlignait des lignes, notait des informations, entourait des passages et les copiait sur un carnet. Aurélia fronçait les sourcils et observa son ami très concentré alors que Percy vint l'intercepter :

- Plus tard Ruva, il est en train de mettre en place le planning des prochaines réunions de préfets.

- Je vois ça… Mais il est tout seul, ça à l'air assez énorme comme job.

Percy leva un sourcil un peu moqueur mais surpris.

- Tu veux l'aider ?

- Tu rigoles ? répliqua-t-elle, je suis irresponsable et j'ai des pétards à faire exploser. Non, je pensais à toi. Tu veux devenir préfet, non ? C'est un bon entraînement et tu es très bon en organisation.

Percy fut pris au dépourvu, il tortilla sa tête avec un petit embarras.

- Comment... tu sais ça ?

- Les jumeaux. De toute façon, tous leurs grands frères devraient avoir des médailles, sourit-elle avec amusement.

Les joues de Percy rosirent alors qu'Aurélia fit un signe de la main à Bill qui ne leva pas la tête puis soupira.

- Tu devrais le voir, dit-elle en se détournant, il a vraiment l'air d'avoir besoin d'aide.

Puis, elle se précipita vers Lee qui l'attendait pour une partie d'échecs alors que Percy se tint plus droit et se dirigea vers son frère.

OooooooooO

La vie reprit un cours plus calme. En Janvier, grâce aux réunions et à la promesse à Bill et Charlie, Aurélia ne se retrouva plus mêlée à des bagarres. Elle faisait des blagues avec les jumeaux pour libérer de la vapeur, assez ponctuellement ou s'entraînait. Elle rigolait souvent avec le trio qui était devenu de très bons camarades. Aurélia et Yaxley se regardaient comme deux chiens en faïence quand ils se croisaient mais aucun des deux ne sortaient leurs baguettes. Du moins pas maintenant, la discussion avec Bill avait été efficace.

Elle apprit plus tard en parlant avec Percy Weasley (ce qui le surprenait au plus haut point car la gamine était une camarade de ses frères blagueurs et pourtant était très intéressée par la bonne marche de la maison) que Bill avait fait des réunions extraordinaires des préfets et les avaient tous formés rapidement avec une formation calquée sur celle des Poufsouffle. Il avait aussi envisagé d'appliquer le système des parrains des Serdaigle, mais les préfets de Gryffondor s'y opposèrent par un vote, disant que c'était trop difficile à mettre en place dans l'année en plus des changements. L'idée resta pourtant en haut de la pile et serait appliquée bien plus tard quand la maison fonctionnerait sans trop de problèmes. Bill parlait aussi à McGonagall qui était ravie de voir le changement de système s'opérer dans la maison rouge et or, et pris en compte la suggestion de Bill concernant la nomination des futurs préfets. Plus de popularité relative, il voulait des responsables. Minerva McGonagall approuva en surface car ce que le jeune Weasley ne savait pas... C'était que le professeur Dumbledore avait un intérêt tout particulier pour la nomination des préfets de Gryffondor. Et cela faisait en sorte que sa suggestion ne soit jamais réellement prise en compte.

Bref, le changement c'était maintenant dans la maison des Gryffondors et Aurélia était très satisfaite de ce qu'il se passait. La maison avait de toute façon besoin d'être solide et résister aux épreuves vu ce qu'il y avait à venir. Elle laissa alors les aînés Weasley prendre le relais (de toute façon elle n'était pas intéressée à diriger, elle préférait inspirer) et s'intéressa à ses cours, notamment la Défense.

Le professeur Watchdog de son côté, aimait sa personnalité brute de décoffrage (ça en plus du temps record qu'elle prenait pour lire ses livres. Elle était très intéressée par le sujet et notamment par les loups-garous).

- Ce n'est pas encore dans le programme mais tenez Ruva, dit Watchdog en début de cours en lui donnant un livre. C'est un livre traduit du russe sur les colonies des loups-garous. Vous devriez aussi emprunter l'autobiographie d'un loup-garou à la bibliothèque. Cela donne une bonne interprétation de leur vie avec le monstre en eux.

Aurélia hocha la tête plutôt gravement. Lupin arriverait en troisième année, et l'un des plus grands dangers de la guerre était Greyback. Savoir comment se défendre contre eux était pur pragmatisme.

Le cours se passa bien jusqu'à ce que le jumeaux Weasley libérèrent des araignées dans la classe et que Watchdog, hystérique lança des flammes qui brulèrent la moitié de la classe et le bureau en face de lui. Puis il s'évanouit. Oups.

- On devrait lui apprendre comment fabriquer des cocktails molotov, plaisanta Aurélia en sortant de la classe suivie par les Gryffons.

- Un quoi ? Murmura Alicia à Angelina qui haussa les épaules à coté d'elle.

- C'est quoi un cocktail molotov, Aurélia ? Demandèrent les jumeaux innocemment.

- Un explosif, répondit-elle, difficile à faire ici.

- Pourquoi ?

- Il faudrait des trucs d'adultes, dit-elle évasivement.

Les jumeaux échangèrent un regard pas dupes pour un sou alors qu'Aurélia remonta le couloir en attrapant Angelina et Alicia par les épaules pour aller explorer le château. Poudlard était un vrai terrain de jeux...


Juste avant les vacances de Noël, après une journée de cours assez concentrée, elle était allée se réfugier dans le calme de la bibliothèque et en ressortit un énième livre d'Art du Combat. Puis elle rentra dans sa salle commune pour trouver Percy Weasley, le visage rouge d'énervement. Il retournait les coussins du divan.

- Un problème Weasley ? Demanda Aurélia alors que le garçon semblait sur le point d'imploser.

Percy hésita. Il ne faisait pas mystère de son animosité pour Aurélia Ruva. Elle déclenchait des bagarres et faisait aussi perdre des points à la maison et ce n'était pas acceptable. Aurélia prenait beaucoup de choses avec ironie, ce qui faisait penser à Percy, qu'elle ne prenait rien au sérieux. Cependant, elle ne laissait jamais qui que ce soit dans la panade, c'était une qualité qu'il lui reconnaissait.

- Je cherche mon rat, dit-il en serrant les dents. Fred et George me l'ont piqué et maintenant ils sont incapables de me dire où ils l'ont posé... Ruva ?

Il s'interrompit alors qu'il remarqua le visage d'Aurélia qui était devenu extrêmement pâle. Oh Seigneur. Oh par l'enfer.

- Ruva ? Répéta Percy.

- Hein ? Ah euh... Tu veux que j'aille demander aux jumeaux où ils l'ont planqué ?

Percy en fut légèrement surpris, mais il hocha la tête avec un sourire.

- Merci.

Aurélia hocha la tête en retour et monta dans les escaliers précipitamment avant d'entrer dans la chambre des jumeaux. Ceux-ci qui discutaient avec Lee sourirent en chœur.

- Hey Auré, salua Fred, on a une SUPER idée pour le prochain match de Quidditch !

- Où est le rat de Percy? Coupa Aurélia.

Les jumeaux furent surpris de sa voix un peu coupante comme du fil de fer, ils s'échangèrent un regard.

- Croûtard ? On l'a caché, dit George fièrement.

- C'est pas cool, répliqua Aurélia. Il le cherche comme un forcené dans la salle commune. Il croit qu'un chat l'a mangé.

Les trois la regardèrent bizarrement. Aurélia se rendit compte alors de son changement de ton. Elle soupira.

- Je voudrais bien pouvoir m'asseoir dans la salle commune sans qu'un rat se balade dans le canapé. Allez quoi.

Lee lança un regard interrogateur aux deux garçons qui soupirèrent ensemble. Fred Weasley ouvrit son tiroir, un éclair sombre passa dans le regard de la métisse. Le voilà donc. Ce sale rat. Le garçon le rendit à Aurélia qui le reçut en retenant une grimace.

- Merci. A toute.

Et elle sortit à grands pas de la chambre avec Peter Pettigrew entre ses mains.

Aurélia Ruva avait tout simplement oublié que Peter Pettigrew sous la forme d'un rat était sous la garde de Percy Weasley. Croûtard était le rat de Ron. Elle se rappelait de cela, mais avait occulté que l'Animagus était tout d'abord... celui de Percy. Elle se rappela que l'enfant s'en débarrassait quand Ron entrait à Poudlard deux ans après. Aurélia se figea un court instant en descendant les escaliers.

Cela voudrait dire... Qu'il est possible qu'elle ait oublié d'autres informations !

C'était pas déconnant. Elle avait reçu un choc énorme et la fusion temporelle était tellement violente qu'elle était restée des semaines à St-Mangouste pour s'en remettre. Il se pourrait que la plupart des informations s'étaient floutées... Personne ne pouvait prétendre se rappeler 7 tomes dont deux qui faisaient plus de 600 pages précisément. Surtout qu'avec les films, la plupart des informations étaient tronquées. Oh merde.

Aurélia jeta un rapide coup d'oeil au rat puis descendit les escaliers. Non. Peter Pettigrew quelque soit la version était un bâtard qui avait osé faire tuer ses soi-disant meilleurs amis. Il devait payer et Black malgré son caractère de merde devait être libéré. De plus, laisser un type pareil dormir dans le lit de Percy... C'était hors de question.

Elle avait envie de gerber.

Aurélia rendit d'abord le rat à Percy, en faisant semblant de s'extasier. Puis elle sourit largement et remonta dans sa chambre pour se mettre sur son lit. Elle bâcla la dissertation pour les Potions (elle aurait sans doute un Désolant) et se concentra plutôt sur son carnet. Aurélia se mit à écrire. Tout ce dont elle se rappelait sur Peter Pettigrew, Sirius Black et la situation les entourant. Elle pensait gérer les situations quand elles se présenteraient, mais là... Les circonstances lui prouvaient que non. Alors elle devait être sûre de son coup. Et agir. Car il ne fallait tout de même pas rester paralysée par les possibilités. Chaque situation sera réglée, les unes après les autres.

Cela permit de mettre en lumière une certaine situation. Elle avait presque oublié que Black avait été condamné SANS procès. La guerre à l'époque et les témoignages concordants avait enfermé un innocent. Logiquement, nous n'étions plus en guerre donc les situations exceptionnelles n'étaient plus légion…. Comme les exécutions rapides. Qui avait été exécuté rapidement après la guerre?

Aurélia réfléchit. Tome 3, Sirius avait failli se faire avoir par des Détraqueurs car il était un fugitif exceptionnel. Tome 1 et 2 personne n'avait été arrêté. Tome 4. Croupton ? Exécuté par Fudge qui...

Oh. OH NON.

Aurélia entoura le nom de Croupton. Et MERDE. Barty Jr avait été exécuté sous l'ordre de Fudge car il voulait garder son poste et ne croyait pas Dumbledore ! Sans parler du tome 5 avec les Détraqueurs envoyé par Ombrage pour attaquer Harry pour SEULEMENT le renvoyer ! Donc elle ne pouvait pas faire confiance à la justice pour libérer Sirius, même si Pettigrew leur était livré sur un plateau d'argent ! Et est-ce que Dumbledore allait le faire libérer ? Elle n'en était pas sûre. Bon sang, il n'y avait personne à part Amélia Bones qui faisait le job ou quoi?

Aurélia soupira. Elle avait le corps d'une gamine de 11 ans et très sérieusement elle n'avait pas envie de trop réfléchir, de plonger sans que les choses soient réglées et qu'on lui foute la paix. Elle n'avait pas ENVIE de révolutionner ce monde. Elle n'avait aucune foi dans les gens et le fait que Fudge risquait de mal agir, ne faisait qu'affirmer ce qu'elle pensait. Elle avait déjà perdu sa vie, elle n'avait rien à perdre mais...

Grr... VOILA POURQUOI ELLE NE VOULAIT PAS ETRE A GRYFFONDOR. Elle allait FORCEMENT s'attacher à ces imbéciles !

Aurélia balança son carnet de côté. Tant pis. Il fallait quand même sortir ce sale rat de là et au moins l'enfermer pour l'empêcher de rejoindre son maître ou faire du mal. Elle avait besoin d'une prison, d'une caisse hermétique. D'un endroit dans le château que personne ne pouvait trouver à part elle et où Pettigrew pourrait être enfermé. La Salle Sur Demande ? Hm. A tester. Au pire, il y avait sans doute une salle secrète derrière un tableau qu'elle pourrait écarter, ça prendrait du temps mais elle était du genre patiente et perfectionniste pour les choses qui en valait la peine...

Soit enfermer un Mangemort en taule jusqu'à #le donner aux autorités.

Un souterrain que Rusard ne connaissait pas ? Est-ce que les jumeaux avaient déjà la carte ? Si ce n'était pas le cas...

Elle était dans le bureau du concierge avant qu'ils ne la récupèrent... Non ?


C'était finalement les vacances, Aurélia était revenue chez elle et avait acheté des cadeaux pour ses amis (car apparemment c'était un truc à faire quand tu étais un sorcier d'après son père qui l'avait traînée sur le chemin de Traverse). Et, elle en avait pas mal à envoyer pour toute la bande des Gryffons.

Elle avait envoyé des livres sur le métier de Langue-de-Plomb à Bill, des bonbons et des feux d'artifices, bombabouses pour les jumeaux et Lee Jordan, une boussole pour balai à Charlie avec un autocollant en forme de dragon, des médiators de toutes les couleurs pour Angelina Johnson qui jouait très bien de la guitare (Aurélia en avait été surprise), une peluche volante en forme de vif d'or pour Alicia, de la nourriture pour rat (ugh) pour Percy, des chocolats pour Gilbert, Jarod et Trinity et elle avait même réussi à emmener son père chez un disquaire pour acheter des disques de Led Zeppelin et the Who pour Thelma et Lee, les deux seuls Nés-Moldus de leur promotion. Elle envoya aussi des bonbons au trio de deuxième année. Victorien Ruva demanda comment elle était autant au courant des inventions moldues en touchant un radiocassette avec intérêt, avant de se rappeler que sa fille avait subi un accident lui donna ces connaissances l'année d'avant.

Aurélia réalisa d'ailleurs à quel point le rock et les concerts lui manquaient. Attendre d'être assez âgée pour voir les Stones à Wembley était ENCORE quelque chose qu'elle avait perdu. Rah ! Il allait falloir qu'elle trouve un moyen pour voir Queen avant que Freddie Mercury parte en 1991. Quitte à fuguer.

En attendant, elle avait une radio à trafiquer pour capter les stations moldues ou demander à Lee ou Thelma d'emmener le radio-disque pour le bricoler ET... Une prison pour Pettigrew. Joyeux Noël.

Cela nécessitait de nombreuses connaissances qu'elle n'avait pas encore. Runes, Défense, Charmes Gardiens. Le niveau de difficulté était terrible. L'une des raisons pour lesquelles Aurélia était de toute façon heureuse de rentrer chez elle pour Noël, c'était aussi consulter les bouquins de sa mère. Elle chercha pendant une après-midi alors qu'Annabelle travaillait, des bouquins sur la Défense, trouva deux trois trucs sur les charmes de protections et le sang comme influence sur les sorts, mais surtout, un livre sur les périmètres et autres sceaux. Elle l'ouvrit de suite. Ce livre était utilisé comme référence à St-Mangouste pour confiner les patients qui se faisaient du mal et annulaient leur magie pour filtrer tout empoisonnement à la magie noire. Sa mère avait même mis des notes et des posts-its alors qu'elle l'étudiait. C'était donc la stratégie parfaite.

Aurélia ricana diaboliquement. Le périmètre se nourrissait grâce à des cristaux sans interruption et sans fin. Si elle mettait en place cela dans une boîte transparente scellée au milieu de la Salle sur Demande, Peter était fichu. De plus, elle pourrait le nourrir car seule la présence vivante ne pouvait pas sortir du périmètre. C'était une bulle parfaite. L'architecture du sort lui prendrait quelques jours pour bien consolider la prison. Il fallait l'achever ensuite avec une boîte similaire à la malle de Maugrey. Celui-ci avait sans doute appliqué un sortilège d'Extension indétectable... Aurélia devra alors aussi le maîtriser. Et cela ne sera pas DU TOUT facile.

Elle ferma le livre qu'elle lança dans sa malle. Cela allait prendre du temps, mais plus tôt elle s'y mettra, plus tôt Pettigrew sera dégagé. En attendant, elle garderait un œil sur lui.

Et ensuite ? Meilleur des cas, livré avec un joli ruban rouge au Ministère, bureau d'Amélia Bones. Oh tiens. Peut-être que ça méritait un peu plus de préparation. L'idée qui lui traversa l'esprit lui fit sourire largement. Quitte à avoir du temps autant bien faire les choses. Elle écrivit sa pensée dans son carnet préféré et le rangea dans sa table de chevet.

Le jour de Noël se passa très bien. Elle mangea et rigola avec ses deux parents et son frère. Le reste de sa famille préféra venir l'année prochaine ou pendant l'été. Puis les hiboux arrivèrent et posèrent des cadeaux au fur et à mesure près du sapin de la famille. Louis fut surpris de voir que sa sœur reçut autant de cadeaux et les parents étaient encore une fois soulagés. Au moins leur petite était intégrée. Aurélia eut des livres, du nécessaire pour les blagues, des bonbons et des chocolats qu'elle partagea avec son frère, des chaussettes longues en rouge et or et surtout... Un pull Weasley de couleur bleue marine (sa couleur favorite) avec la lettre A. Elle se figea un court instant. Elle avait reçu un PULL à la Molly Weasley. Nom de nom.

Elle était vraiment dans la mouise maintenant.


Elisa et Aurélia ne fréquentaient pas les mêmes cercles et, durant toute l'année, elles ne s'adressèrent pas la parole plus d'une dizaine de fois. C'était même un peu étonnant, quand on savait qu'elles fréquentaient les mêmes personnes, et avaient des amis proches en commun !

Oh, Aurélia ne s'était ouverte à aucune personne en dehors des Gryffondor, certes. Lorsque ses amis lions se mêlaient à d'autres membres de leur promotion, elle se réfugiait en compagnie de Bill, peu encline à rencontrer ou à sympathiser avec d'autres adolescents de son âge. Pour la gamine aux cheveux afros ébouriffés, cela était normal, prétendre à ce niveau-là était au-dessus de ses forces.

Pour Elisa, c'était dommage. Cela dit, Elisa n'allait pas la chasser autour du château pour copiner avec quelqu'un qui n'en avait apparemment rien à faire d'elle. Elisa avait des projets. Elisa voulait changer le monde. Elisa avait de grands rêves et un temps limité pour les réaliser.

Alors, bien sûr, elle l'occupait utilement.

Elle avait ramené plein de livres de fiction moldue de chez elle et, après qu'un ami lui ait demandé avec curiosité s'il pouvait lui en emprunter un volume, dès le moins de février, elle se mit à organiser tout un système pour diffuser la littérature moldue dans le château. Elle prêtait les livres, contre quelques noises ou quelques notes de cours, et demandait subtilement au lecteur de lui en faire la publicité, puis de prêter le livre à quelqu'un d'autre. Les bouquins passaient de mains en main. Sans surprise, beaucoup de Sang-Purs adorèrent la fiction moldue, qui était à la fois totalement novatrice pour eux… Et qui avait aussi un petit goût d'interdit.

Le trafic de livres était une idée brillante. Déjà, ça permettait à Elisa de diffuser discrètement la culture moldue. Après avoir lu un bouquin qui les avait fascinés, aucun lecteur sorcier ne pourrait se dire que les Moldus étaient des animaux inférieurs. Oh, aucun ne dirait ça carrément (sauf une poignée de Puriste), mais c'était quand même une idée profondément ancrée dans leur éducation. Les sorciers avaient un sacré complexe de supériorité, et découvrir les merveilles de la littérature moldue… Eh bien, ça devrait leur donner un peu de recul.

Mais il y avait aussi un autre avantage à ce trafic de livres : c'était qu'Elisa rencontrait plein de gens. Pour l'instant, elle se concentrait surtout sur la création de son réseau au sein de sa promotion. Elle voulait connaître tout le monde. Pas forcément devenir la meilleure amie de tout le monde, mais au moins être en bons termes avec eux. Plus tard, leur génération donnerait l'exemple aux plus jeunes, et elle voulait que ce soit un bon exemple. Cela dit, ce n'était jamais inutile de rencontrer des élèves plus âgés. On pouvait être en bon termes avec les Préfets, comme ça. Ou simplement pouvoir discuter de fonctionnement du système législatif avec les enfants de fonctionnaires haut-placés.

Le trafic de livres n'était cependant pas la seule création d'Elisa. L'un des Serdaigle de son année, Takashi Noda, suivait des cours par correspondance pour conserver une éducation moldue adéquate. Ses parents étaient très exigeants et tenaient absolument à ce que, après Poudlard, il aille dans une université. Elisa se montra fascinée par l'idée, et demanda à Takashi de la laisser lire ses cours moldu. L'idée alla bien plus loin que ça, puisqu'ils formèrent un petit groupe d'étude : d'abord, il n'y avait qu'eux deux, puis Elisa ramena Trisha, qui ramena ensuite Raashid, qui ramena Lee, qui ramena Thelma… Petit à petit, entre les Nés-Moldus et Sang-Mêlé, l'info se propagea par bouche-à-oreille.

Beaucoup d'élèves qui venaient à ce petit club n'étaient pas des passionnés de physique ou d'histoire-géo : ils voulaient juste être avec d'autres gens venant du monde moldu comme eux, des gens avec qui ils pourraient s'effarer de la complexité de la monnaie sorcière ou se moquer de la mode des robes moyenâgeuses. A l'école, personne ne parlait de son statut de sang. C'était privé. Le club d'éducation moldu (ou « CEM », en abrégé) était le seul lieu où on pouvait tacitement se reconnaître.

Elisa invita Cédric, mais même si celui-ci l'assura qu'il soutenait de tout cœur son projet, il déclina gentiment. Peut-être que ce n'était pas plus mal. Il n'y avait aucun Sang-Pur ici. Les membres n'en parlaient même pas à leurs amis Sang-Purs, d'ailleurs. Ainsi, Lee Jordan était membre du CEM, mais Fred et George n'étaient même pas au courant de son existence… Il y avait comme un agrément tacite entre les membres du CEM, qui savaient que l'existence du club était fragile, et devait rester aussi discrète que possible.

Peut-être que dans quelques années, ça changerait. Mais on n'en était pas encore là.

Elisa continuait à bosser sur ses inventions. Elle avait tout une liste de petits gadgets qu'elle rêvait de fabriquer, soit parce que le concept lui plaisait soit parce qu'ils se vendraient bien. Des miroirs à Double-Sens à prix abordable, par exemple. Des plumes qu'on n'a pas besoin de tremper dans l'encrier toutes les cinq minutes. Des snowboards ou des skis qui lévitaient dans les airs, pour avoir des sports d'hiver (et surtout des glissades à toute allure) en toute saison. Des sabre-lasers. Des montres digitales. Des cadrant portables pour afficher la météo et les phases de la lune…

Elle planchait dessus. Elle gérait son trafic de livres. Elle écoutait Helen se plaindre du prof de Défense, et potassait discrètement ses manuels pour rendre de l'avance sur les cours des profs. Elle feuilletait des grimoires usés dans la bibliothèque, et essayait d'apprendre les sorts que la saga de JKR lui avait montré être les plus utiles, comme l'Expelliarmus, le Protego, le Stupéfix. Elle se tenait au courant de l'actualité, lisant le journal par-dessus l'épaule de Cédric, et écoutait avec intérêt les Sang-Purs discuter ouvertement de la corruption qui semblait faire partie intégrante du fonctionnement du Ministère. Elle descendit aux cuisines, se présenta poliment aux elfes, leur demanda du thé, et commença à essayer de cultiver de bonnes relations avec eux.

Elle se préparait. Elle attendait.

Elle savait que cette vie était une nouvelle chance. Pas seulement de donner un happy end à une histoire qu'elle avait adoré dans son enfance, mais aussi une nouvelle chance de vivre. Manger, boire, sentir le soleil sur son visage, rire aux blagues de ses amis, voyager avec ses parents, se casser la tête devant un défi intellectuel… Elisa avait de grands rêves, mais elle était aussi consciente du cadeau qui lui avait été fait.

Elle avait douze ans, à présent. Elle pouvait bien en profiter. Et Aurélia…

Eh bien, Aurélia n'avait pas du tout la même perspective, déjà.

Elle était impatiente. Elle savait qu'elle n'avait qu'une seule chance, juste UNE SEULE. Elle n'avait pas encore accumulé assez de savoir, sans parler d'une discussion éclairante qu'elle avait eue avec Bill, Gilbert et Jarod :

- Tu n'as pas encore assez de puissance magique, dit Bill d'un ton sans appel alors qu'elle lui demandait de l'aide pour apprendre à faire un Patronus.

Aurélia savait qu'il n'y avait pas de téléphone portable à cette époque, et avoir la main sur un miroir double-sens était difficile, alors le Patronus était une option intéressante pour envoyer des messages. Ça... et le fait que c'était un des sortilèges de défense qu'elle rêvait de maîtriser. Elle voulait un peu d'aide de la part de ses « aînés » pour aller plus vite, mais Bill avait secoué la tête tout en lui rendant son livre. Tout le groupe était assis dans la Grande Salle alors qu'Aurélia roulait des yeux. Mais Bill ne lâchait pas l'affaire :

- C'est lié à ta croissance et ta puberté, il y a une raison pour laquelle tu apprends des sorts qui ne nécessitent pas une grande puissance magique, expliqua-t-il.

- Mais... tu sais que je comprends vite ! s'indigna Aurélia.

- Je sais Auré, mais ce n'est pas le problème, soupira Bill.

Gilbert Ronan, le Serdaigle prit alors la parole avec douceur. Le garçon était un ami de longue date de Bill mais aussi très patient. Il était enthousiasmé par toutes personnes qui voulait apprendre quel que soient leurs raisons. Alors, conseiller Aurélia était très naturel pour lui.

- La force de l'esprit n'a rien à avoir avec ta force magique. Tu comprends très vite les rudiments et le fonctionnement et c'est déjà très bien, cela voudra dire que tu maîtriseras plus vite ces sorts-là. Mais les sortilèges de défense et de métamorphose demandent une certaine puissance magique débridée.

Aurélia fronça les sourcils. Comment ça ?

- Est-ce que tu sais ce qu'est la Trace, lui demanda Gilbert en connaissant d'avance la réponse de la petite métisse.

- Un sortilège de pistage des sorciers mineurs ?

- Tout à fait, mais pas seulement. Vois-tu c'est un sortilège de détection qui permet de savoir si vous brisez la loi notamment dans le monde Moldu, mais surtout c'est une partie non négligeable du bridage de votre baguette. Chaque année, la puissance magique que vous utilisez est de moins en moins limitée. Les facteurs pris en compte sont les lois et bien entendu votre propre puissance magique que tu as internalisée. Les baguettes sont des vecteurs mais la puissance magique vient de toi. Si tu es majeure à 17 ans c'est parce que c'est à cet âge-là que ta puissance arrive à son plein potentiel.

Cela coupa la chique à Aurélia... Elle avait lu énormément de livres sur des sortilèges mais ne pas pouvoir les faire suite à son manque de puissance magique était... extrêmement irritant.

Elle en renifla, dégoûtée par son impuissance. Voilà, ce qui arrivait quand on était adulte dans un corps de gamine ! Bill se contenta alors de lui tapoter la tête avec un sourire, ne sachant pas que la tempête avait été déclenchée dans la tête de l'enfant.

- Tu sais ce que tu devrais faire ?

- Non, marmonna-t-elle.

- Tu devrais avoir une autre approche de ton problème. Bon, tu ne pourras pas conjurer de sorts, mais il y a d'autres moyens d'utiliser de la puissante magie sans pour autant passer par ta baguette. Les potions par exemple.

Aurélia grommela ce qui fit rire Jarod. Bill sourit aussi.

- Ou, tu sais, les Runes.

Aurélia leva un sourcil. Mais soupira.

- Je sais, mais la méthode est fichtrement difficile, c'est comme apprendre un nouveau langage. J'ai ce livre de ma mère qui est intéressant mais je comprends pas grand chose, à cause des combinaisons sur trois niveaux.

Gilbert, Bill et Jarod s'échangèrent un regard, elle venait quand même de faire référence à une connaissance de niveau Aspic.

- Tu comprends ce que ça veut dire les combinaisons ?

- Bah c'est un peu comme du codage donc...

Elle s'interrompit. Par Merlin, elle était dans le monde sorcier, le codage ne leur parlait pas ! Surtout fin année 80. Bill se contenta d'hocher la tête lentement.

- Et bien, je sais pas ce que c'est le « codage » mais... tu ne peux pas sauter les étapes avec les runes. Autant quand tu auras assez de puissance magique, les sorts te viendront facilement, mais les runes demandent du temps et un peu de patience.

Elle laissa échapper une plainte qui fit sourire les trois garçons. Gilbert sortit alors un carnet de son sac et nota une référence de livre.

- On en a une copie chez les Serdaigles, mais je pense que ta mère doit l'avoir, demande-lui de te l'envoyer.

Aurélia récupéra le papier qui est une méthode avancée de compréhension des Runes et combinaisons simples. Gilbert lui adressa un clin d'œil.

- C'est une méthode concentrée qui commence au début et t'emmène jusqu'aux combinaisons en trois niveaux. Il y a des exercices complets. Je l'utilisais pour réviser, c'est beaucoup mieux que d'acheter plusieurs bouquins sur le sujet.

- C'est ta bible, plaisanta Aurélia.

- Tout à fait. Tiens-moi au courant de tes progrès. Et essaie de ne pas trop de battre pour avoir le temps de savoir déchiffrer des phrases basiques ! »

Aurélia se leva alors avec un énorme sourire aux lèvres et s'en alla en courant en manquant de percuter un septième année qui venait dans sa direction.

- Pardon lâcha-t-elle en quittant la Grande Salle alors que le garçon qui portait la robe de sorcier aux couleurs de Serpentard salua Bill, Gilbert et Jarod d'un check bien exécuté.

- Vous traînez encore avec cette gamine ? Vous en avez pas marre ? taquina le Serpent.

- Elle est drôle et avancée intellectuellement pour son âge, répliqua Gilbert. Tout le contraire de toi, Simpson.

- Oh Gil... Tu vas me faire pleurer, s'esclaffa son camarade en ébouriffant ses propres cheveux châtains.

Bill secoua la tête d'un léger sourire, alors que Jarod demanda à Simpson de l'aider pour ses révisions de Défense...

Alors même si Aurélia en était vraiment emmerdée, elle s'exerça encore et encore et tout en fusillant Pettigrew du coin de l'œil, faisait des exercices de Runes un par un et les faisait même corriger par Gilbert qui souriait tout content de voir une gamine de onze ans déjà avancée sur le sujet. Chacune de ses nouvelles connaissances était une pièce de puzzle en plus pour emprisonner Pettigrew dans une malle bardée de pièges. Patience et témérité. Elle allait le piéger et il serait fait COMME UN RAT. Sans mauvais jeu de mots.

Puis Juin arriva, les oiseaux chantaient et les examens étaient terminés. La promo des Gryffondor était sortie dans le parc profiter du soleil et tremper leurs orteils dans le Lac Noir.:

- Je pense avoir réussi la Défense, les Sortilèges et l'Astronomie énuméra Alicia. Et toi Auré ?

Aurélia réfléchit légèrement avant de livrer son pronostic :

- Sans doute Troll en Histoire de la Magie, mais je pense que le reste est assimilé. Tiens, où est Lee ?

Les jumeaux qui avaient suivi le mouvement, sourirent en chœur :

- C'est une bonne question, ma chère Auré,

- A laquelle nous avons possiblement une réponse.

- Bon sang, arrêtez et parlez, s'exaspéra Aurélia sous les sourires d'Alicia et Thelma a et les soupirs énervés d'Angelina et Trinity.

- Notre cher camarade Jordan est parti chercher une petite surprise,

- Pour fêter la fin des examens !

- Je ne veux absolument rien savoir, coupa Angelina. Donc je vais m'éloigner de vous avant de me retrouver dans le bureau de Rusard. Alicia, Aurélia ?

Alicia suivit son amie mais Aurélia s'était figée. La mention à Rusard avait fait sonner un petit rappel dans son esprit. Effectivement, elle avait mit de côté cette information dans son esprit, à cause de son apprentissage de Runes, de Défense et ses lectures avancées. Elle mémorisait tout ce qu'elle pouvait, avant que sa maturité magique la rattrappe, histoire d'avoir un pas en avance. Mais maintenant, l'année scolaire était terminée et Aurélia avait donc un peu de temps avant de repartir et donc... Un dernier coup d'éclat :

- Est-ce qu'il y aura du chaos et un gros risque de retenue ?

- Possiblement, nous vivons dangereusement, Ruva, répondit Fred avec un grand sourire.

- Alors je vais vous aider. J'ai rien à faire, et j'ai envie de m'amuser pour fêter dignement la fin des devoirs, contrôles et couvre-feux pour l'année.

Les jumeaux s'échangèrent un regard, mais Aurélia avait son sourire qui s'élargissait.

- Si je ne participe pas... Je peux aussi le faire toute seule. Après tout, moi aussi, j'ai ma propre marchandise de fusées du .

Après avoir été attrapée au troisième étage à faire une bataille d'eau avec les jumeaux, Aurélia Ruva se retrouva seule dans le bureau du concierge Argus Rusard, qui marmonnait sa nostalgie des châtiments corporels. Malheureusement pour elle, les jumeaux et Lee avaient réussi à s'enfuir alors qu'elle s'étalait de tout son long sur la pierre froide de Poudlard. Enfin... C'est ce que les garnements avaient cru. Maintenant Rusard avait décidé de faire un remake d'un film de flic en l'interrogant, la lampe de bureau droit sur son visage. Aurélia ferma presque les yeux à cause de la lumière éclatante :

- QUI était avec vous ? Était-ce ces affreux rouquins ?

- Il y a beaucoup d'affreux rouquins dans le château, Mr. Rusard.

- Suffit ! Ruva ! Ce n'est pas la première fois que vous causez des problèmes, vous serez renvoyée !

Hey. Elle ne s'était battue qu'une seule fois. C'était injuste. Mais Aurélia se mordilla la lèvre :

- D'accord. J'avoue. J'avais bien un complice, dit-elle en feignant d'être mortifiée.

- AHA, s'exclama Rusard avec enthousiasme. Je le savais.

- Peeves.

- Peeves ?

- Tout à fait. C'est incroyable ce que vous pouvez obtenir de cet esprit frappeur, juste en lui laissant une caisse remplie de bombes à eau.

Rusard ouvrit la bouche, complètement choqué.

- VOUS ! VOUS ETES-

- A l'heure qu'il est, il devrait être dans la salle des trophées.

- JE VAIS VOUS FAIRE RENVOYER.

- Vous avez raison, soupira Aurélia. Je suis une affreuse gamine. Qu'on me punisse et qu'on me pende par mes doigts de pieds dans les cachots.

Les yeux de Rusard semblaient sortir de ses orbites.

- Vous mentez !

- Comme vous voulez.

Rusard ferma sa bouche, il faisait un calcul dans sa tête à toute allure. Puis... Il se leva et ouvrit grande la porte de son bureau.

- Restez ici ! Miss Teigne reste avec vous, si vous faites quoi que ce soit je le saurais.

Et pour faire bonne mesure il ferma la porte à clef. Bon sang. Ce mec était parano. Enfin... Il avait raison.

Aurélia tourna sa tête vers Miss Teigne qui la fixait d'un regard perçant. Cette sale bête allait sans doute tout faire rater. Tant pis.

- Petrificus Totalus, psamoldia Aurélia.

Le chat se prit le sort en pleine poire et Aurélia se leva pour tirer la boîte des objets confisqués vers elle et... rien. NADA.

Aurélia jura. Ils avaient déjà la carte en leur possession. Bon sang. Elle soupira. Il lui faudra faire la sienne ou jeter un sort d'oubliettes aux jumeaux... Non, elle rigolait mais à envisager.

Elle remit la boîte dans sa position initiale. Puis à peine quelques secondes avant que Rusard revint dans son bureau elle fit disparaître le sort de pétrification sur le chat :

- Vous avez touché à quelque chose, dit Rusard.

- Quoi ? Non ! S'indigna faussement Aurélia.

- Vous mentez cracha Rusard, Peeves n'était pas dans la salle des trophées, vous n'êtes qu'une menteuse.

- Oh ?

- Vous allez me dire ce que vous avez fait ! Vous allez parler !

- Argus? Détonna une voix tranquille.

Rusard qui était rouge de colère se tourna vers la porte et vit le professeur Dumbledore qui était dans l'embrasure. Il se dégonfla comme un ballon de baudruche et reprit ses esprits. Aurélia, elle s'était figée. C'était la première fois de toute l'année qu'elle croisait le regard avec le barbu et c'était pas une très bonne nouvelle. Elle n'était pas prête à lui faire face. Pas maintenant. C'était trop tôt.

- Mr le Directeur... hoqueta Rusard

- Pourquoi criez-vous sur une simple première année, sourcilla le Directeur avec une voix étrangement enrouée.

- Et bien... balbutia-t-il, elle m'a dit que Peeves faisait le chaos dans la salle des trophées mais... ce n'est pas le cas et donc...

- Peeves est bien dans la salle des trophées Argus. Il s'y promène tranquillement en ce moment-même.

- QUOI ?

- Laissez partir Ruva.

- Mais... Mr. Le Directeur ?

- Argus. »

Rusard marmonna et Aurélia fut mise alors à la porte, son cœur battant à tout rompre. Elle allait donc s'en sortir, mais... pourquoi ? Elle se racla alors la gorge et...

- Euh, professeur ? Merci et euh...

- Peeves dans la salle des trophées, faut mieux mentir que ça Ruva, tu vas te faire avoir pour de vrai sinon !

La voix enjouée qui avait répondue n'était pas celle d'un vieillard, mais celle d'une jeune adolescente qui portait une robe affreuse avec des lunes et étoiles. Ses cheveux roses pétard entouraient un visage en cœur. Le visage estomaqué de la petite métisse la fit rire bruyamment.

- TONKS !

- Salut Aurélia.

– Salut Aurélia ! renchérit un visage familier en apparaissant derrière Tonks.

– Bishop ? lâcha la Gryffondor, surprise, en reconnaissant Elisa.

Elisa passait pas mal de temps avec Tonks, et les voir ensemble n'était pas surprenant. Mais jusqu'ici, Aurélia n'avait jamais vu Elisa s'impliquer dans aucune blague. Elle se contentait de rire avec le public, ou d'admirer le travail, comme tout le monde. Un peu comme Cédric Diggory, elle était du genre « élève sage ». Alors la voir jouer le jeu de Tonks était assez surprenant.

- Je t'ai vu te faire embarquer et j'ai dit à Tonks de tenter le coup pour te faire libérer, avoua Elisa comme si elle avait deviné ses pensées. Les amis de Fred et George sont mes amis, après tout.

Aurélia ne put s'empêcher de sourire, touchée. Puis Tonks reprit son apparence de Dumbledore, et se caressa la barbe d'un air réprobateur :

– Alors on fait des blagues maintenant ? Tu veux que Charlie et Bill aient des crises cardiaques ou quoi ?

- Mais que... Et toi, qu'est-ce que tu fais déguisée comme ça ?

- Oh, ça ? C'est ma blague de fin d'année. Je viens de faire croire à Mathurin Rosier qu'il a perdu cinq points car il portait deux chaussettes différentes.

Aurélia s'esclaffa. Puis elle quitta le bureau de Rusard avec les deux Poufsouffle, amusée, et soupira :

- J'aurais voulu être Métamorphomage moi aussi.

Tonks se contenta de lui effleurer les cheveux.

- Je voudrais bien ta coiffure.

Aurélia sourit largement alors qu'elle rejoignit la bande des trois garçons qui poussèrent de grands cris dans la Grande Salle en s'excusant de l'avoir laissée tomber. Aurélia se contenta de répondre en leur balançant une bombe d'eau à la figure de George Weasley.

Il lui en restait une dans la poche.

Puis l'année s'acheva... Après le banquet de fin d'année qui vit les Serpentard gagner la coupe, Jarod Mezart, Gilbert Ronan et Bill Weasley furent diplômés. Malgré elle, Aurélia ne put s'empêcher d'avoir ses yeux qui piquaient. Charlie lui ébouriffa les cheveux et les jumeaux la consolèrent en lâchant une peluche en forme d'araignée dans la classe de Watchdog qui hurla comme une cantatrice soprano à son dernier cours. Aurélia en rigola sadique, mais amusée. Après tout, elle n'était pas vraiment seule. Et elle avait leurs adresses pour communiquer avec eux par lettre et irait en vacances aux Barbades. Elle avait un peu hâte de découvrir la magie vaudou créole et prendre le soleil.

Il fallait bien se reposer, non ?

oOOOOOOOOOo

Et voilà mes cocos. L'année est finie et ouais... Elle est plutôt sympatoche. ça introduit gentiment le reste... qui sera dantesque. Laissez des commentaires! Bisous!