Vivo Per Lei.

Chapitre 1.

6h du matin venait de sonner sur l'horloge de la chambre de Sébastian, le dévoué et talentueux majordome de la noble maison des Phantomhive. Il se leva donc de son lit plein de chats, les rangea réticent dans son armoire et se prépara pour une autre journée de service. Il enleva chaque poil de chat de ses vêtements, enfila son frac à queue de pie et ses gants, se recoiffa et se dirigea vers les chambres des domestiques.

6h10, il alla les réveiller d'un claquement sec des mains, Sébastian repartit ensuite pour la cuisine où il s'affaira à préparer le petit-déjeuner de sa si chère et si précieuse maîtresse. (Vous devinez sûrement pourquoi j'emploie ces adjectifs et ces marques de modalité. ) Il sourit à sa simple pensée.

Depuis quelques mois, d'étranges battements de cœur lui compressaient la poitrine, ses regards le paralysaient et le moindre de ses mot le réchauffait comme s'il avait été plongé dans une baignoire d'eau bouillante, même si c'était un ordre claqué.

Un peu moins d'une heure plus tard, déposant le service à thé, la corbeille de pain grillé, le beurre de trèfles et le journal repassé sur un chariot à roulettes, il prit la direction de la chambre d'Angelika.

Celle-ci, maintenant âgée de 15 ans, dormait encore profondément dans son grand lit à baldaquin. Sa longue et épaisse chevelure reposait sur l'oreiller, formant une tâche sombre. Ses cils noirs tapissaient ses pommettes d'une ombre délicate et sa respiration calme et régulière dit à Sébastian qu'elle n'avait pas fait de cauchemars cette nuit, à son comble.

Arrêtant le chariot au côté du lit, il ouvrit les grands rideaux de satin et dit d'une voix claire.

- Bonjour mademoiselle. Il est l'heure de vous lever.

Il reçut un grognement en guise de réponse. Angelika était décidément décidée à rester au lit.

- Mademoiselle…ne me forcer pas à user de la force pour vous tirer du lit. Vous avez du travail qui vous attend dans votre bureau.

- …

- …Parfait. Comme vous voudrez.

Lâchant un soupir, il retira d'un coup sec édredon et draps couvrant l'adolescente. Énervée, elle se recroquevilla en petite boule pour garder le peu de chaleur qui lui restait en dépit du froid mois de février dehors et que la cheminée s'était éteinte en pleine nuit.

- Va allumer un feu dans le foyer. On gèle ici, cracha-t-elle.

- Bien.

Et il s'exécuta. Entre-temps, Angelika émergea enfin de son lit et s'assit sur son bord, attendant que son majordome vienne l'habiller.

Quand il eut finit, Sébastian alla à l'armoire et en sortit des vêtements.

- Sébastian…n'étais-tu pas supposé veiller à ce que le feu ne s'éteigne pas dans le manoir?, demanda Angelika, une pointe d'énervement dans la voix.

- Toutes mes excuses bôchan. Cela m'ait complètement sortie de la tête (Trop occupé à rêvasser sur son anges des enfers aux yeux verts ^-^)

- Pff! Tâches de faire plus attention à l'avenir. De quoi aurais-tu l'air si ta maîtresse attrape froid par ton manque d'attention?

- Pardonnez-moi. Cela ne se reproduira plus.

- J'y compte bien.

Et le sujet fut clos. Sébastian, tout en revêtant sa contractante d'une chemise à col en V, d'une chaude veste en laine verte foncée et d'un pantalon assorti, il lui demanda.

- Excusez mon indiscrétion, mais n'êtes-vous pas un peu trop âgée pour faire des caprices de réveil le matin?

- N'as-tu pas vu la date d'aujourd'hui?

Sébastian haussa un sourcil et jeta un coup d'œil à sa montre à gousset qui affichait la date en plus de l'heure. 14 février, la St-Valentin. Ahhhh, il comprenait mieux à présent. Durant les cinq années où il avait été au service de la comtesse de Phantomhive, c'était toujours la même chose à chaque fête des amoureux.

- Oh…Lord Samuel va arriver aujourd'hui.

- Exactement, et je n'aie aucune envie de me taper une journée ennuyante et éreintante avec lui. Rappelle-toi l'année dernière.

- Ah oui, cette année où il vous avait supplié de faire des chocolats maisons avec lui. Quelle pagaille vous aviez mis dans les cuisines tous les deux!

- Tu vois?! Donc quand il arrivera, car je sais qu'il arrivera, trouve une excuse pour l'éloigner de moi le plus possible. C'est un ordre!

Sébastian finit de lasser les bottes à talons d'Angelika, de lui attacher sa natte et de lui passer son collier en minces plaquettes d'or au cou et mit une main sur son cœur.

- Yes, my Lady.

La jeune fille hocha la tête, mangea son petit déjeuner et partit pour son bureau pour faire ses contrats.

De son côté, Sébastian repris la vaisselle et le journal chiffonné à force d'être tripoté et s'en alla en cuisine.

Tout en faisant la vaisselle, il repensait à son ordre sur Sammy. L'éloigner…l'éloigner…facile à dire ça! Il collait sa fiancée comme une mouche sur du miel! Mais tout à coup, il se dit que tant qu'à essayer d'écarter le marquis, autant essayer de rapprocher le majordome. Mais pour ça…

- Bard?!

- Mmmh?!, grommela le chef-militaire en tournant les yeux dans la direction de son supérieur.

- En tant qu'américain, tu dois sûrement connaître quelques méthodes pour essayer à…d'aborder une demoiselle sans la brusquer (Enfin, il espérait, car le romantisme, c'était pas sa matière forte. Un démon n'en a pas l'habitude).

- Hein?!

- Tu ne m'as pas entendu?

- Si, si…mais pourquoi tu veux savoir ça?

- Est-ce que ça te regarde? Non, alors dis-moi, tu sais ou pas?!

Le cuisinier, encore un peu surpris d'une telle question, mais plutôt content de se la faire poser, fit un sourire banane et se frotta le dessous du nez avec son index en se relevant de son baril.

- Hé! Hé! Hé! Tu t'adresses à la bonne personne mon cher! Dans mon pays, on me surnommait le Casanova des États-Unis. Je vais t'apprendre tout ce qui faut pour séduire les donzelles.

Sébastian se demanda alors s'il n'avait pas commis une autre gaffe…

- Si tu veux mon avis, je te suggèrerais de faire comme dans les films: tu mets notes sur note pour que ta dulcinée aille d'un endroit à une autre et découvre une belle surprise au point final.

…finalement non, il n'avait pas gaffé.

- Dis donc, ce n'est pas bête ce que tu me dis là. C'est même une excellente idée. Et moi qui pensais que tu n'étais bon que pour faire sauter des choses.

- Bin là, tu charris pas mal!

Mais trop tard, Sébastian avait déjà filé. Personne ne le vit courir à pleine vitesse pour la ville de Londres. Il ne s'attarda point et se hâta d'acheter ce qu'il souhaitait et rentra aussitôt après.

. . .

Plus tard, vers 14h, une furie blonde entra dans le bureau de la comtesse pour se jeter sur elle. L'impact fut si brutal que le fauteuil en tourna sur lui-même quelques fois.

- JOYEUSE ST-VALENTIN ANGELIKA!, s'écria Samuel.

- Samuel! Combien de fois t'aie dit de ne pas me sauter dessus ainsi et de ne pas venir ici à l'improviste?

- Et toi, combien de fois faudra-t-il que je te répète de m'appeler Sammy?!

- Bon, bon…qu'est-ce que tu veux?

- Mais enfin chérie, c'est la St-Valentin aujourd'hui! Il n'est pas question que tu restes enfermée dans ce bureau glauque à travailler! Tu vas passer la journée avec moi!

- Je ne puis, Sammy, soupira Angelika, une main sur son front. J'ai énormément de travail et il ne peut attendre…

- Je trouve que c'est une idée merveilleuse, marquis de Midford, intervint Sébastian sur le pas de la porte.

- Dis donc Sébastian, s'exclama Angelika en se relevant, les mains sur son bureau. Qui t'a permis d'entrer sans avoir frappé d'abord?

- Vous m'en voyez navré mademoiselle, mais il se trouvait que la porte était ouverte et comme vous pouvez le constater, je ne suis pas directement dans la pièce, mais dans le cadre de porte.

- Ne te moque pas de moi! Vint en au fait de ta venue ici.

- Avec plaisir, sourit le majordome des enfers en entrant. Je disais donc que j'ai trouvé une excellente idée pour votre journée de St-Valentin à tous les deux.

Angelika haussa un sourcil septique, mais Samuel rayonnait de joie. Ses grands yeux verts lançaient des étoiles.

- Ohhhh! Et ça consistes en quoi?, demanda-t-il.

- Et bien my Lord, j'ai préparé une série de six énigmes pour chacun de vous qui vous permettra d'arriver au cadeau que l'un réserve pour l'autre.

- Quoi?!, s'exclama le jeune marquis, tu vas m'offrir un cadeau Angelika?!

- Quoi?...Hein…Oh, mais bien sûr que oui. Tu croyais quand même pas que je te ne donnerais rien? Franchement…

- Oh merci, Angelika. J'ai hâte de savoir c'est quoi? Quel est la première énigme, Sébastian?

Sébastian sortie alors deux enveloppes de la poche intérieur de son frac et les tandis aux deux jeunes nobles. Celle d'Angelika était cachetée de cire rouge et celle de Samuel de cire verte.

- Lisez attentivement ce que contiennent ces enveloppes et partez chercher votre cadeau. Vous avez jusqu'à l'heure du dîner. C'est-à-dire vers 17h.

Tout enthousiaste, Samuel lu rapidement son énigme et partit sur le champ. Angelika considéra la sienne et dévisagea Sébastian comme s'il était malade.

- Vous m'aviez demande quelque chose qui écarterait M. Samuel. Voilà qui est chose faite.

- Bon…bon boulot. Je vais à présent être tranquille jusqu'au dîner…

La comtesse allait retourner s'assoir à son bureau, mais un bras de démon lui barra le passage.

- Euh, Sébastian…comment suis-je censée travailler si tu me bloque le passage?

- Non, non, non…Pas de ça aujourd'hui. M. Samuel a raison. Pour la St-Valentin, vous ne vous encabanerez pas ici. Vous allez participer à mon activité.

- Tu te fiches de moi ou quoi?

- Aucunement, je n'oserais jamais vous faire ça…Mais je n'ai malheureusement d'autres options que de vous priver de gâteaux si vous ne consentez pas à obtempérer à ma demande.

Angelika calcula toute la gravité de la situation. Pas de gâteaux! Alors là non! Même pas en rêve! Poussant un grognement de frustration, elle décacheta l'enveloppe et lu rapidement l'énigme.

(J'ai pas envie d'inventer des énigmes, alors on va dire …)

Sébastian laissa donc sa jeune maîtresse à ses charades et alla vérifier celle de Sammy. Celui-ci était complètement perdu comme l'avait escompté Sébastian. Le marquis, au lieu de se casser la tête, ouvrait porte après porte pour voir si son cadeau y était. Le manoir comptait pas lion d'une centaine de pièces, et toutes très spacieuse. Il en aurait jusqu'au mois de mai avant d'en voir le bout.

Satisfais, le diable de majordome, le laissa donc à sa quête presque sans fin pour poursuivre dans l'ombre le cheminement de la jeune adolescente.

. . .

Angelika trouvait que Sébastian aurait pu se forcer un peu pour ses devinettes. Elles étaient vraiment trop faciles.

La première avait mené aux cuisines où Angelika avait trouvé sous la surface du plan de travail une autre enveloppe cachetée de rouge.

Celle-ci l'avait conduite au salon de billard. La suivante était entre les baguettes de billard accrochées au mur.

La suivante se trouvait dans le couloir des chambres d'amis derrière une peinture d'Ophélie de Hamlet.

La suivante dans la salle de bal, dans le lustre.

La suivante dans la chambre de May Linn, dans la poche de tablier de son uniforme de rechange.

Maintenant, Angelika était rendue à la dernière, mais non le moindre. Il était presque 17h et elle commençait à avoir sérieusement faim. Elle avait dû renoncer à son goûter pour toute cette mascarade.

La réponse du problème final la menait vers…la chambre de Sébastian. Pourquoi Samuel irait cacher son cadeau là? La jeune fille était même sûre que son fiancé n'était jamais allé là-bas.

Curieuse de connaître le fin-fond de cette histoire, elle prit la direction de la chambre de son serviteur. Elle n'y était entré que deux fois. La fois pour lui monter que la pièce serait sa chambre à son arrivée et quand elle cherchait des indices d'un meurtrier lors de l'affaire des morts avec Sir Arthur Conan Doyle. Bien qu'elle n'y fût pas entrée depuis deux ans, elle se souvenait encore de la banalité de la pièce. Un lit, une armoire, une table de nuit et un bureau avec chaise.

Toutefois, quand elle eut ouvert la porte, tout était complètement différent. L'ambiance qui y régnait lui procurait une incroyable sensation de bienêtre. Et dès qu'elle eut mis un pied dans la chambre, une musique au piano se fit entendre et deux chanteurs, un homme et une femme, l'accompagnèrent en italien.

- Vivo per lei da quando sai

la prima volta l'ho incontrata,

non mi ricordo come ma

mi è entrata dentro e c'è restata.

Vivo per lei perchè mi fa

vibrare forte l'anima,

vivo per lei e non è un peso.

Vivo per lei anch'io lo sai

e tu non esserne geloso,

lei è di tutti quelli che

hanno un bisogno sempre acceso

come uno stereo in camera,

di chi è da solo e adesso sa,

che è anche per lui, per qusto

io vivo per lei.

È una musa che ci invita

a sfiorarla con le dita,

attraverso un pianoforte

la morte è lontana,

io vivo per lei.

Vivo per lei che spesso sa

essere dolce e sensuale

a volte picchia in testa ma

è un puguo che non fa mai male.

Vivo per lei lo so mi fa

girare di città in città,

soffrire un po'ma almeno io vivo.

È un dolore quando parte.

Vivo per lei dentro gli hotels.

Con piacere estremo cresce.

Vivo per lei nel vortice.

Attraverso la mia voce

si espande e amore produce.

Vivo per lei nient'altro ho

e quanti altri incontrerò

che come me hanno scritto in viso:

io vivo per lei.

Io vivo per lei

sopra un palco o contro ad un muro

Vivo per lei al limite

...anche in un domani duro.

Vivo per lei al margine.

Ogni giorno

una conquista,

la protagonista

sarà sempre lei.

Vivo per lei perchè oramai

io non ho altra via d'uscita,

perchè la musica lo sai

davvero non l'ho mai tradita.

Vivo per lei perchè mi da

pause e note in libertà.

Ci fosse un'altra vita la vivo,

la vivo per lei.

Vivo per lei la musica.

Io vivo per lei.

Vivo per lei è unica.

Io vivo per lei.

Io vivo per lei.

Io vivo per lei.

La chanson dégageait tant de passion, bien qu'elle sortait d'un phonographe. Angelika en avait des frissons dans tous le corps.

La pièce était bassement éclairée par une poignée de chandelles et au milieu de la pièce était dressée une table. Dessus il y avait un plateaux à étages comportant plusieurs variétés de confiseries les plus riches qu'on puisse trouver, un thé bien chaud très parfumé et un immense vase de cristal garni des quatre douzaines des roses blanches les plus belles qu'Angelika ait jamais vu. Elles étaient toutes épanouies et une mince rosée collait à leurs pétales.

Angelika se décolla de leur contemplation quand ne main d'une infini douceur prit sur la sienne. Elle tourna les yeux et vit son majordome, non pas dans son uniforme habituel, mais dans un costume de gentilhomme noir avec un foulard blanc.

- Sébastian…mais qu'est-ce que…bredouilla-t-elle quand il s'agenouilla devant elle.

- Chut…n'en dîtes pas plus…il y a tellement de choses que je voudrais moi-même dire.

Angelika était complètement éberluée. Où était passé le Sébastian Michaelis qu'elle connaissait jadis? Celui avec qui elle se chamaillait, celui qui s'occupait d'elle, qui la taquinait sur sa petite taille, qui la protégeait en cas de danger…? Celui qu'elle avait en face d'elle était totalement différent. Il ne souriait pas narquoisement, mais de toute autre manière. C'était un sourire tendre, chaleureux et amoure…

- Mais enfin, Sébastian…qu'est-ce que tu fabriques à la fin?! Arrête cette comédie. Tu m'embarrasses! Tu es trop tôt pour le 1er avril! Et si Samuel débarquait?!

- Il ne risque pas de nous déranger. Il est encore bien loin…Écoutez mademoiselle,…depuis-…

- Non!, claqua Angelika en retirant sa main de celle de son majordome.

- Mademoiselle…?

- Non! Ça suffit! Tu pousses trop loin!

En réalité, Angelika savait parfaitement ce qu'allait dire Sébastian. Les chandelles, la musique, la noirceur, tout y était pour une atmosphère romantique comme dans les films. La jeune fille se doutait qu'il allait tenter une déclaration d'amour…mais elle savait aussi qu'il n'en pensait pas un mot. Un démon est incapable d'aimer ou de ressentir des émotions! Tout ce qui lui importait c'était les âmes! Et ce n'était sûrement pas une gamine de 15 ans qui allait l'intéressé comme compagne.

Le rouge aux joues et les larmes au bord des yeux, Angelika tourna les talons et couru à sa chambre.

Sébastian était atterré. Rien ne c'était passé comme il l'avait souhaité. Il savait qu'elle réagirait, mais pas aussi négativement.

Suivant ses pas, il s'arrêta devant la porte de sa chambre et toqua.

- Va-t'en!, lui cria-t-elle.

- Mademoiselle, si vous me laissiez seulement m'expliquer…

- Tais-toi! Fiche le camp de ce manoir! C'est un ordre!

L'ordre fatal. Sébastian sentit sa marque du pacte le chauffer et dut qu'il n'avait pas d'autre choix que d'obéir.

Donc, des plus réticents, il mit une main sur son cœur et dit peut-être pour la dernière fois.

- Yes, my Lady