Prologue :
6h30. Comme tous les matins depuis bientôt trois ans, le réveil sonne et ces mêmes chiffres rouges apparaissent. Comme tous les matins, je me lève encore toute engourdie par une nuit de sommeil et je me dirige vers la salle de bain. Je franchis les quelques mètres qui me séparent de la porte, prends une veste pour recouvrir mes épaules nues et cette fois-ci, je vais en direction de la cuisine. J'habite un appartement pas très grand et cela me convient, je ne suis jamais chez moi si ce n'est pour y dormir. Je travaille trop, tous mes amis le disent, Harry, Ron, Ginny ou encore Luna, et je le sais mais je ne veux rien changer. J'ai mes habitudes au ministère, c'est ma deuxième maison, surtout depuis que Harry et Ron travaillent en tant qu'Aurors et que Ginny est au département des moldus. Je les vois tous les jours, et heureusement, sinon je serais désespérément seule. Depuis ma rupture avec Ron, je n'ai eu aucune relation sérieuse et je n'en recherche pas. Elle s'est terminée d'un commun accord, on s'est vite rendu compte qu'on avait besoin l'un de l'autre mais comme frère et sœur, et non comme amants. Nous sommes donc restés en bons termes.
Je prépare mon petit déjeuner et l'avale en moins de dix minutes. Comme tous les matins, un bol de café avec deux tartines. Une routine s'est installée et je dois dire que je n'aime pas ça. Depuis que le monde est débarrassé de Vous-Savez-Qui, je me suis enfermée dans un train-train quotidien plutôt morne. C'est pour cette raison que j'aime tant mon travail. Il me permet de découvrir le monde et de vivre dangereusement comme lorsque nous étions partis avec Harry et Ron. Cette période me manque quelques fois et je me demande si elle leur manque également. Eux aussi ont une vie bien rangée maintenant, Harry et Ginny sont parents de deux enfants, Lily et Sirius tandis que Ron va devenir père dans quelques mois. Il a rencontré Debby, sa femme, au ministère, et je la trouve charmante, certes un peu envahissante, mais charmante.
Mon petit déjeuner fini, je retourne dans la salle de bain pour prendre une douche. J'ai encore suffisamment de temps pour ne pas me presser. Une fois séchée, je prends un jean foncé dans mon armoire avec un chemisier rose pale. En temps normal, les femmes travaillant au ministère optent pour les jupes et les talons aiguilles, moi je préfère être en jean et en chaussures plates. Question pratique. Je me coiffe et, comme tous les matins, je noue mes cheveux en queue de cheval. Je pourrais avoir recours a plusieurs sorts pour les lisser mais je préfère les attacher. Question pratique, encore. Je me maquille très légèrement, un peu de mascara et de rouge à lèvres. J'observe mon reflet dans le miroir, on ne peut pas dire que j'aie changé. Mes cheveux sont un peu plus courts qu'à l'époque de Poudlard, mais toujours autant indisciplinés. Je fais la même taille et le même poids que quand j'ai quitté l'école. A 24 ans, on ne peut pas dire que je ressemble à une gamine, mais presque.
Je prends mon sac, mes clefs (vieille habitude moldue) et je sors. Je pourrais transplaner, mais mon appartement se situe en plein milieu de Londres et je mets à peine dix minutes pour rejoindre le ministère. L'air frais ne peut aucunement me faire du mal.
J'appuie sur le bouton de l'ascenseur et il se met en marche. Je suis seule dans la cabine, il n'est que 7h40. Comme tous les jours, je suis en avance. Mon bureau est au quatrième étage. Je sors de la cabine et me dirige vers ma porte quand une voix m'interpelle.
_Hermione !
Je me retourne pour découvrir la tète d'Harry dépassant de l'encadrement de la porte de son bureau. Il n'a pas l'air en forme, ou plutôt, il a l'air de quelqu'un qui n'a pas beaucoup dormi.
_Ah ! te voilà enfin ! Peux-tu venir dans mon bureau immédiatement, s'il te plaît ?
Je hoche la tête pour toute réponse. Ça ne sent pas bon, je dirais même, pas bon du tout. La dernière fois que je l'ai vu dans cet état, il m'a annoncé que sept prisonniers s'étaient évadés d'Azkaban, alors il y a de quoi avoir peur. Je me dirige à pas lents vers son bureau et entre. Dire qu'il y aurait eu une tornade serait un euphémisme. A peine eus-je posé un pied à l'intérieur que je marchais déjà sur un dossier. Je relève la tète et regarde Harry en attendant qu'il prenne la parole.
« _ Ferme la porte et assieds-toi, finit-il par dire. Je sais que tu es débordée en ce moment, mais l'affaire dont je vais te parler est prioritaire. Oublie tout ce dont sur quoi tu travaillais jusqu'à aujourd'hui, j'ai besoin de 100% de tes compétences.
Je me redresse sur ma chaise et le fixe dans les yeux. Il me fait peur. Je veux dire, pas lui directement mais sa façon de parler, de tourner autour du pot. Il n'est pas comme ça d'habitude, il est calme et posé, quelque soit l'affaire dont il me parle. Mais là, on dirait presque qu'il est… inquiet ?
_ Tout ce que je vais te dire devra rester entre ces murs, c'est compris ? Tu ne devras en parler à personne, sous aucun prétexte, et je ferai de même.
Il laisse alors quelques secondes de silence s'égrainer entre nous et l'atmosphère devient encore plus pesante. Il n'avait pas besoin de me préciser de rester discrète et il le sait. Il est vraiment très, très stressé.
_Alors voilà, comme tu le sais, plusieurs mangemorts se sont récemment échappés d'Azkaban. Grâce à toi, ils ont été mis hors d'état de nuire, mais une question subsiste depuis : par qui ont-ils été aidés ? Nous avons mené l'enquête et nous avons découvert que plusieurs traites se trouvent parmi nous, au ministère.
Je ne suis pas surprise, c'était évident que quelqu'un avait aidé les mangemorts à s'évader. Ce qui m'interpelle, en revanche, c'est qu'Harry affirme qu'ils sont plusieurs. Plusieurs traîtres.
_ Grâce à l'interrogatoire des mangemorts au veritaserum, nous avons pu trouver une personne susceptible de détenir des informations. Beaucoup d'informations. Malheureusement, les organisateurs ont pris grand soin de ne pas faire connaître l'identité du traître aux échappés. C'est pour cette raison que je fais appel à toi. Je sais que tu es la meilleure pour cette mission, je te confie donc le dossier.
Il prend alors entre ses mains une grosse pochette rose, dénotant avec la gravité de ce qu'il vient de me dire.
_Tout ce que le ministère sait se trouve à l'intérieur. Tu as carte blanche pour trouver cette personne et obtenir le plus d'informations possible. Mais n'oublie pas, ta discrétion est plus que primordiale. Avec le ministre de la magie, nous sommes les trois seuls au courant de cette mission. »
Je m'empare du dossier en regardant Harry. Il ne m'a pas tout dit, je le sais. Mais il doit avoir une bonne raison, alors je ne lui demande pas. Je sors de son bureau et en passant la porte un petit sourire se dessine malgré moi sur mes lèvres. La chasse est ouverte.
