Note de l'auteur : Il y a des moments dans la vie qui ne durent que quelques minutes, mais qui sont fantastiques. Là, par exemple, je viens de me relire un peu Les Portes et L'Aigle noir (la qualité des deux n'a rien à voir, je vous l'accorde), et tout ça me met tellement de bonne humeur et dans la bonne ambiance que je ne résiste pas au pur plaisir de venir recommencer à écrire.
Me voilà de retour avec une nouvelle fic, mes chers amis lecteurs ! Et vous n'imaginez pas à quel point cette perspective me ravit :D
Mais procédons dans les formes.
Titre : La Triade.
Thème : Les années de Poudlard des trois sœurs Black, j'ai nommé Andromeda, Bellatrix et Narcissa.
Durée : 3 chapitres, un par personnage (oui, je sais que c'est très court, croyez bien que je le regrette !).
Disclaimer : La grande et inégalable J.K. Rowling a tous les droits sur à peu près tous les personnages.
Chapitre 1 : Bellatrix
Bellatrix hésitait. Ses ongles frappaient nerveusement le rebord de la table. Ils étaient longs et fins, impeccablement limés, mais Bellatrix ne leur avait pas encore appliqué de vernis. Le choix de la couleur lui posait un problème épineux. Pouvait-elle se permettre de continuer à porter son rouge fétiche ? Non, certainement pas. Aux yeux du reste de sa Maison, une telle décision aurait peu de différences avec une déclaration d'amour enflammée à l'adresse des Gryffondors. Depuis que ceux-ci, fait inouï, avaient écrasé les Serpentards au Quidditch, on ne tolérait plus la plus petite marque de soutien à l'ennemi. Le goût que Bellatrix manifestait pour le rouge serait certainement mal vu, même s'il ne s'agissait pas de l'écarlate des Lions mais seulement d'un rouge sombre presque violacé. En soupirant, elle revissa le bouchon du tube de vernis et le jeta à la poubelle avec un pincement au coeur.
Mais le problème de ses ongles restait entier. Quelle que soit la vénération qu'elle portait à sa Maison et à ses couleurs, Bellatrix ne pouvait pas décemment se permettre de se peindre les ongles en vert ! Une faute de goût pareille – digne d'une Gryffondor, à vrai dire – lui vaudrait encore plus de reproches que si elle avait franchement arboré le rouge. Non, que ce soit un vert émeraude, sapin, amande ou n'importe quoi, c'était inconcevable. La couleur ne lui allait tout simplement pas au teint.
« Je suppose que je n'ai pas d'autre choix que de revenir au grand classique » songea Bellatrix avec une certaine lassitude en tendant la main vers le tube de vernis noir. Le noir serait sobre, élégant, en un mot irréprochable, quoiqu'un peu trop commun à son goût. Le rouge, au moins, était sa teinte personnelle. Si seulement les Gryffondor avaient pu perdre ... Résignée, Bellatrix concentra son attention sur ses ongles : il fallait les réussir du premier coup, car les retouches qu'elle était parfois contrainte de faire à la baguette manquaient toujours de précision et de soin. Bellatrix retint son souffle en peignant les ongles de sa main droite, le moment le plus délicat.
Le résultat final était un succès. « Ventus » murmura Bellatrix pour sécher l'ouvrage, avant d'y appliquer une dernière couche de laque. Quand ce fut impeccable, elle relâcha enfin la tension de ses épaules.
Tout un art.
Les grandes mains de Rodolphus se posèrent sur ses épaules tandis que Bellatrix hésitait à limer l'ongle de son annulaire.
— Alors, la panthère aiguise ses griffes ?
— Bas les pattes, Lestrange !
— Bonjour Bella, dit-il d'un ton amusé.
— Bellatrix, s'il te plaît. Miss Black serait encore mieux, mais j'ai peur que ce soit trop te demander.
Rodolphus se pencha pour l'embrasser, mais Bellatrix s'écarta d'un geste vif.
— Je vois que tu te permets de plus en plus de privautés !
— Des privautés ? Il t'en faut peu, Bella ... trix, ajouta Rodolphus en croisant le regard de la demoiselle Black.
— Nous ne sommes pas encore mariés, que je sache, répondit-elle avec un sourire espiègle.
— Non, c'est vrai, seulement fiancés depuis des années.
— Peut-être, mais pas officiellement. Tu sais bien que notre cher Ministère désapprouve nos « pratiques moyenâgeuses » de mariages arrangés.
— Voyons Bella, qu'entends-je ? s'exclama Lucius Malfoy, assis près de la cheminée de la Salle Commune des Serpentards. Tu critiques notre estimable Ministère ? Mais sais-tu que cela pourrait te coûter cher ? acheva-t-il en affichant un air offensé.
Bellatrix éclata de rire, bientôt imitée par les deux garçons. Ils ne se calmèrent que quand un élève de 3ème année entra dans la salle, inconscient des complots politiques que tramaient ses aînés.
La cloche allait bientôt sonner. Lucius et Rodolphus descendirent dans leur dortoir y chercher leurs affaires, et Bellatrix partit sans les attendre.
Clac. Clac. Clac.
Bellatrix sourit en entendant l'écho rythmé du bruit de ses talons dans le couloir étroit où elle marchait. Puis un autre son se joignit à l'écho.
— Bella, attends-moi !
Clac, clac, clac, clac, clac.
Le bruit de talons qui courent. Bellatrix se retourna, croisa les bras, et attendit que Némésis Parkinson la rejoigne. Némésis faisait le louable effort de tenter à la fois d'enfiler sa cape, de renouer sa cravate, de remonter le sac qui tombait de son épaule et de ramasser son livre de Potions tombé à terre, le tout en courant pour rattraper son amie. Bellatrix se mit à sourire.
— Du calme, reprends-toi, conseilla-t-elle. Tu as l'air aussi brouillonne qu'une Poufsouffle.
Némésis accueillit la proposition avec reconnaissance et fit une pause pour retrouver un peu de dignité. C'était une jeune sorcière que Bellatrix avait prise en affection depuis quelques années, et leurs familles respectives avaient chaleureusement approuvé cette amitié. Némésis était une alliée précieuse ; son pouvoir ne tenait pas à son éventuelle grande beauté, car en dehors d'une splendide chevelure noire Némésis n'avait pas d'atout particulier de ce côté-là, ni à une puissance hors du commun puisque ses pouvoirs étaient ceux d'une sorcière parfaitement normale. Non, tout l'intérêt d'avoir Némésis Parkinson dans son camp, c'était de ne pas être son ennemie : si par malheur elle se jugeait un jour offensée, elle ne s'accordait plus le moindre répit jusqu'à ce que sa vengeance contre l'auteur de ses tourments soit totale et définitive.
— Où est-ce que tu étais passée, Némée ? demanda Bellatrix. Je ne t'ai pas vue dans la Salle Commune.
— Je finissais d'écrire une lettre à mon frère. Tu ne sais pas la dernière nouvelle ? Il se marie !
— Qui, Kentarus ? Déjà ? Mais il n'a quitté Poudlard que l'an dernier !
— Tu sais ce que c'est, répondit Némésis avec un coup d'œil entendu. Les parents commençaient à penser qu'il était plus que temps de nouer de sérieuses alliances avec les autres familles de Sang-Purs.
— Oui, je vois.
Les deux filles se remirent en marche et, tout en remontant vers le Hall de l'Ecole puis en gravissant les étages un à un, poursuivirent leur conversation à voix basse.
— Et qui est l'heureuse élue ?
— Tu ne risques pas de la connaître, c'est une fille de Bulgarie.
— Bulgarie ? Hum, c'est exotique, au moins. Comment est-elle ?
— Comme il faut, selon mes parents. Bien née, bien élevée, et bien dotée. Mais je crois que Kentarus n'est pas tout à fait ravi : d'après ce qu'il m'a dit, la fille n'est vraiment pas une beauté.
— C'est malheureusement le prix à payer, soupira Bellatrix. On ne peut pas toujours bien tomber.
— Eh oui. Je le lui ai dit, mais je crois que de toute façon, il s'est déjà résigné.
— Et puis s'il n'est pas content, il pourra bien aller épouser une jolie Moldue, dit Bellatrix d'un ton ironique, faisant éclater de rire Némésis.
— Ne dis pas de bêtises !
Bellatrix et Némésis continuèrent à bavarder jusqu'à avoir atteint le sommet de la Tour Nord, là où était située la salle de Divination. Elles montèrent à l'échelle de corde qui les attendait sous une trappe puis entrèrent dans la classe. Comme à chaque fois, Bellatrix dut cligner des yeux un bon nombre de fois pour s'habituer à la pénombre qui y régnait. Ce n'était pas que la lumière était vaguement assourdie par des tissus de couleurs fixés sur les fenêtres, non, l'obscurité était noire et bien noire. Les fenêtres étaient condamnées par des panneaux de bois, de grands pans de tissu noir drapaient la salle, les sièges et les tables, et seules quelques grosses bougies posées ça et là permettaient de ne pas trop trébucher quand on allait rejoindre sa place.
Bellatrix alla s'asseoir au centre de la salle et Némésis vint la rejoindre. Marvin Nott était déjà installé dans un coin sur leur gauche, et ne semblait pas particulièrement désireux de leur faire la conversation. Les autres élèves arrivèrent ensuite, d'abord Eliza Wilkes, grande panthère noire qui partit s'étirer dans le fond de la classe, puis Anthonin Dolohov, son éternel sourire ironique aux lèvres, et enfin Rodolphus et Lucius. Ils adressèrent un signe de tête rapide aux filles et allèrent s'asseoir à quelques places d'elles.
Jugeant alors que suffisamment d'élèves étaient arrivés, le Professeur Delphius sortit de la pénombre si soudainement que Bellatrix sentit Némésis réprimer un sursaut à côté d'elle. Delphius était un sorcier très âgé, si âgé que ses cheveux blancs avaient pris la teinte de l'argent, et pourtant assez jeune encore pour que ses yeux aient gardé leur bleu glacé étincelant. Bellatrix s'était souvent amusée à regarder son professeur comme le pendant sombre de Dumbledore : physiquement, les deux se ressemblaient, et si le Directeur étaient indiscutablement le plus puissant, Delphius demeurait assez retors pour réserver à ses élèves quelques fameuses surprises.
Ce qui intriguait le plus les Serpentards, c'était de savoir de quel côté ils pouvaient le ranger. Dès le premier cours passé dans une ambiance qui n'était pas sans rappeler celle de la Magie Noire, ils avaient cru pouvoir régler facilement la question, mais c'était se montrer bien trop présomptueux. Delphius gardait bon nombre de mystères derrière son regard trop bleu, et son sourire mystérieux pouvait rivaliser avec celui de Dolohov.
— Bonjour à tous, dit Delphius de sa voix grave. Vous pouvez ranger vos livres, aujourd'hui. Vous êtes arrivés à un stade de vos études où vous avez déjà étudié en détail l'essentiel des techniques de la Divination, et ce n'est pas la peine de revenir sur des théories que vous rabâchez depuis des années. À présent, nous allons pouvoir nous intéresser à des choses moins élémentaires, en commençant par le croisement des techniques. Vous allez par exemple découvrir à quel point l'interprétation que l'on peut faire des lignes d'une main peut être bouleversée si on la confronte à la lecture des signes du feu.
Les élèves échangèrent discrètement des coups d'oeils intrigués. Qu'est-ce que leur mystérieux professeur pouvait bien leur réserver, cette fois ?
— Mettez-vous par groupes de deux et venez chercher vos corbeaux, dit Delphius en soulevant le tissu noir qui recouvrait une cage.
Dans la cage reposaient quatre ou cinq corps de corbeaux inanimés. Bellatrix grimaça. Lire des entrailles n'était pas du tout sa forme de Divination préférée ; elle allait devoir passer un bon moment à nettoyer ses beaux ongles des morceaux de chair qui s'y seraient incrustés. Cependant, il n'était pas question de protester contre les ordres du Professeur Delphius ; Rodolphus s'y était essayé lors de leur 5ème année et le regrettait encore. Bellatrix se leva donc pour aller chercher un corbeau. Les corps étaient encore chauds, stupéfixés : ils allaient devoir les tuer eux-mêmes. En sortant son petit poignard d'argent de son sac, Bellatrix se demanda si Dumbledore était vraiment au courant de tout ce qui se passait au sommet de la Tour Nord.
En silence, les élèves s'appliquèrent à inciser l'abdomen des oiseaux noirs sur toute la longueur. Ecarter la peau, les plumes et les petits os pour dégager les viscères était un travail délicat, et Bellatrix se réjouit d'avoir les doigts de fée de Némésis pour l'aider dans sa tâche. Quand les corbeaux furent prêts, elle releva la tête, curieuse de savoir ce qui viendrait ensuite. Avec quelle technique allaient-ils croiser la lecture des entrailles ? Sans se presser, Delphius allumait des bougies au parfum entêtant et des bâtons d'encens pour favoriser leur transe divinatoire. Bellatrix sentait des picotements dans ses yeux aux pupilles dilatées par l'obscurité ; déjà la tête lui tournait. Elle avait l'impression que Delphius riait intérieurement de leur impatience, et se garda de montrer une trop grande curiosité.
Enfin, le professeur fit un geste rapide de la main qui fit apparaître un paquet de grandes cartes décorées de signes complexes et aux couleurs passées. Des tarots. Bellatrix était presque déçue, elle aurait préféré se replonger dans la contemplation des signes de feu. Mais les tarots pouvaient aussi avoir leur charme, et elle prit sans broncher les cartes que Delphius leur assigna. Pendant que Némésis s'affairait toujours avec leur corbeau, Bellatrix mélangea les tarots et les disposa avec des gestes précis en un demi-cercle agrémenté de sept pointes, faces cachées, comme Delphius le leur avait enseigné en 4ème année.
— Vous pouvez commencer, dit alors le professeur.
Bellatrix ferma les yeux et tous les autres l'imitèrent. Il s'agissait d'un moment délicat, il fallait se concentrer pour vider son esprit, mais dès que l'on pensait à vider son esprit, l'esprit en question n'était plus vide. Avec le temps, Bellatrix avait fini par se trouver une technique assez efficace : elle visualisa mentalement une bulle de savon. Une grande bulle, transparente et irisée, sur une surface d'un noir impénétrable. Rien qu'une bulle. Et lorsque ses contours furent particulièrement clairs dans son esprit, Bellatrix la fit éclater. Il ne restait plus rien. Elle ouvrit les yeux.
Il lui semblait que les tarots lévitaient faiblement, à quelques millimètres au-dessus de la table. Certaines cartes tournoyaient sur elles-mêmes, chacune à son rythme, et Bellatrix crut percevoir dans leur mouvement un chuchotement secret. Une fumée s'échappait du corps ouvert du corbeau, formant des signes de brume éphémère. Ses plumes noires frémissaient imperceptiblement, les organes se mouvaient pour dessiner un ensemble précis. La fumée, les cartes. Les signes, le murmure. Bellatrix était prête à lire.
Ce fut Némésis qui retourna les cartes. La Salamandre vint en premier, suivie du Puit. Puis un gargouillis de sang noir accompagna la sortie du Phénix. Némésis fit alors une pause et rejeta la tête en arrière. Bellatrix se laissa aller à sa rêverie, sans chercher à réfléchir ni à comprendre les images qui lui traversaient l'esprit. Il fallait attendre que la prédiction soit achevée. À son tour, elle tendit la main vers les cartes : l'Orage. Le foie du corbeau se contracta quand apparurent la Couronne Renversée et le Crâne.
Bellatrix hésita. Il ne restait plus qu'une carte. Voulait-elle vraiment découvrir ce que dissimulaient les tarots ? Elle avait peur de commencer à comprendre ... Mais après tout, elle n'était pas une sorcière ni une Serpentard pour rien.
Tout retomba quand elle retourna le dernier tarot : la fumée disparut, le murmure s'éteignit, le corbeau s'immobilisa.
L'Œuf.
Bellatrix releva les yeux et croisa le regard de Delphius. La Salamandre lui fit un clin d'œil.
Eliza Wilkes grimaçait quand le cours s'acheva et que les Serpentard quittèrent la salle.
— Ce prof est dément de nous faire utiliser une magie pareille, grommela-t-elle. C'est trop puissant pour nous, ça pourrait faire de gros dégâts.
— Mais tout s'est bien passé, finalement, donc ce n'est pas si grave, répondit Némésis pour l'apaiser.
Eliza lui répondit par un regard noir.
— Tu ne sais pas de quoi tu parles, Parkinson.
— Parce que toi, tu le sais, peut-être ? s'emporta Némésis. Avoir un grand-père chaman ne donne pas la science infuse, ajouta-t-elle avec véhémence avant qu'Eliza ne puisse reprendre la parole. Tu crois vraiment que tu t'y connais mieux en la matière que le prof lui-même ? Non mais attends, tu l'as regardé un peu ? Et puis franchement, tu pourrais avoir un peu plus d'orgueil ! « Trop puissant pour nous », pff ! Tu crois vraiment qu'on va passer notre vie en admiration silencieuse devant tout ce qui sera trop puissant pour nous ? Il faut se réveiller, Wilkes ! On t'a changée en Poufsouffle, ou quoi ?
Matée par cette violente diatribe, Eliza n'osa pas répondre, et Bellatrix réprima un sourire. Qui aurait cru que la petite Parkinson aurait assez d'autorité pour rabattre la fierté d'une Wilkes ? Et pourtant ! Pour la énième fois depuis bien des années, Bellatrix se félicita de n'avoir jamais cherché à s'opposer à Némésis. Comme Eliza avait été suffisamment humiliée comme ça, Bellatrix prit son amie encore furieuse par le bras et l'entraîna dans un autre couloir pour gagner la Grande Salle.
— Cette pimbêche prétentieuse, grogna Némésis entre ses dents.
— Ne pense plus à ce qu'elle a dit. Moi, en tout cas, j'ai trouvé que le cours avait été fascinant.
— Oui, j'ai remarqué que ça t'avait fait une certaine impression. Mais je crois que je n'ai pas tout compris : j'avais l'impression de sentir quelque chose, quand on a retourné les premières cartes, mais ensuite ... Le Crâne ... J'étais perdue. Et puis aucun des autres groupes n'avait la même prédiction que nous.
— C'est normal, nous avions tous une idée différente derrière la tête en interrogeant les tarots. On croit toujours avoir l'esprit parfaitement pur, mais finalement ...
— À quoi pensais-tu, toi ? demanda Némésis.
— À Delphius. Ce prof m'a toujours intriguée.
— Pas très étonnant : personne n'a jamais réussi à le percer à jour. Quoi qu'en dise Eliza, je trouve qu'il est exceptionnel. Dommage qu'il parte bientôt à la retraite.
— Comment ça, à la retraite ? s'étonna Bellatrix.
— Eh bien oui, qu'est-ce que tu croyais ? Tu as vu l'âge qu'il a ? Je crois que mes grands-parents l'avaient déjà comme professeur, et il n'était déjà plus tout jeune !
— Oui, c'est vrai, mais tout de même ... À quoi est-ce que ça va ressembler, sans lui, la Divination ? Les sorciers de sa qualité sont rares en la matière.
— Tu pourrais postuler, toi, proposa Némésis en riant à moitié. Tu as toujours dit que tu aimais ça.
— Moi, travailler à Poudlard ? Et sous les ordres de Dumbledore, en plus ? Non merci, sans façon ! Je me prévois un avenir plus exaltant, ajouta Bellatrix à mi-voix.
Némésis et elle échangèrent un regard complice. Elles avaient toutes les deux de bonnes raisons de savoir à quoi s'attendre : d'abord, en ce qui concernait leur future famille, Bellatrix était destinée à épouser Rodolphus, et Némésis s'en remettait à ses parents pour choisir un sorcier dont les origines seraient assez pures pour la mériter. Mais le plus ensorcelant, ce dont elles discutaient parfois sous cape, les nuits où la Salle Commune devenait le lieu de rencontre de certains Serpentard, c'était ... lui. Le Grand Maître. Celui qui allait changer le monde, le transformer, et le purifier pour en faire ce qu'il aurait toujours dû être.
Bellatrix était fascinée par ce sombre Seigneur, plus mystérieux encore que Delphius, plus puissant peut-être que Dumbledore. Tout ce qu'il disait, tout ce qu'il faisait réveillait en elle une passion qu'elle ne se serait jamais crue capable d'éprouver sans lui. C'était lui, celui qu'il fallait suivre, celui qui savait. Bientôt, dès qu'ils auraient fini leurs études, ils iraient le retrouver, lui jurer fidélité et combattre avec lui.
Bellatrix savait déjà qu'ils seraient vainqueurs. Elle venait de le lire dans les tarots : la Salamandre allait tomber, le Phénix allait gronder, mais au final, la Couronne serait renversée et le Crâne au serpent prendrait le pouvoir. Pour toujours.
L'esprit plein de rêves de gloire et de grandeur, Bellatrix et Némésis partirent retrouver Rodolphus et Lucius dans la Grande Salle. Elles ne se rendirent pas compte que, dans leur prédiction, elles avaient oublié quelque chose. Oh, une toute petite chose, qui ne valait sûrement pas que l'on s'en méfie.
Juste un Œuf. Juste un bébé.
À propos des noms :
- Némésis et Kentarus : héhé Je sens que ce n'est pas la dernière fois que je les recase quelque part, ceux-là. Depuis le temps que j'avais envie d'appeler un personnage Némée ...
- Delphius : eh bien j'ai pensé divination, devin, prédiction, destin, Pythie, Delphes, d'où Delphius. Pas bien sorcier, si j'ose dire.
J'adore les personnages qui se révèlent au fil de la plume, sans même qu'on ait prévu quelle consistance on allait leur donner :) Vous avez tout compris à la prédiction ? Sinon, n'hésitez pas à me demander, je me ferai un plaisir de tout vous expliquer.
Chouette, j'ai fini un premier chapitre ! Ça vous plaît ? On a passé la matinée avec Bellatrix ; l'après-midi sera consacrée à Andromeda. N'hésitez pas à me laisser des reviews, commentaires, critiques, louanges, ou tout ce qu'il vous plaira !
À bientôt
Lily Evans 2004
