Format : one shot découpé en deux parties
Genre : romance, univers alternatif (joliment nommé "prompt chelou" à la base, cela donne une idée de la chose)
Timeline : Codename wa Sailor V & Arc 1
Univers : manga
Spoilers : pas vraiment
Statut : terminé, deux chapitres
Note : basé sur le manga mais apparition des Kusaka du live. Je joue un peu sur le déroulement des événements du premier arc. Transposition à l'époque actuelle (ordinateurs et téléphones portables en tête)
Warning : changement de sexualité de personnages (donc OoC pour les concernés), H/H non explicite, très léger lime HxF


Partie I

Malgré les années à se côtoyer, d'abord en amis puis en amants, Motoki s'étonnait toujours du lieu où vivait son petit-ami.

Le quartier d'Azabu-jūban était loin d'être le plus moche et le plus pauvre de la capitale et y vivre témoignait d'un certain niveau de vie. Lui n'habitait qu'un modeste trois pièces – ce qui était déjà très bien – payé par son père. Dans les faits, il payait son loyer mais comme son géniteur possédait la salle de jeux où il travaillait, ça revenait au même. Sa moitié ? Elle logeait dans un immeuble de haut-standing, dans un appartement bien trop spacieux pour une personne. Parce que malgré ses dix-sept ans, son amant vivait seul. Il vivait seul depuis sa seconde année de lycée, en fait, année où son tuteur lui proposa gentiment de prendre une indépendance partielle.

Chiba Mamoru était orphelin depuis l'âge de six ans environ. L'accident de voiture qui eut raison de ses parents emporta également sa mémoire avec. Kusaka, un des collaborateurs de Chiba père, ramena l'enfant chez lui et lui offrit une nouvelle famille non sans s'occuper de l'énorme héritage que le gamin trimballait. La fortune, colossale tant en biens immeubles qu'en portefeuilles d'actions, attirait les convoitises de membres de la famille éloignée qui, s'ils ne voulaient pas s'encombrer d'un enfant, accepteraient bien de le délester de quelques millions de yens. Jamais Kusaka ne toucha à l'héritage monstrueux, il s'attela même à le faire fructifier, sous la surveillance de l'avocat des Chiba, affecté à la surveillance de l'enfant jusqu'à sa majorité. Dans ce nouveau cocon familial, Mamoru grandit avec la petite Hina, de quelques mois son aînée, et avança dans la vie comme un enfant normal sans toutefois être adopté.

Kusaka père apprit deux choses l'hiver de la première année de lycée de sa fille et son pupille : ce dernier était insensible aux charmes féminins et sa fille le savait depuis le début et côtoyait un autre garçon. Les deux ne pouvaient donc se marier. Il en fut plutôt agacé mais surtout parce qu'il ne voyait pas comment contenter les deux jeunes gens. Il avait eu le projet de les marier pour leur offrir son entreprise qui, fusionnée avec la Chiba Zaibatsu, deviendrait l'un des piliers des pharmaceutiques japonaises. Mais maintenant ? Il existait toujours la possibilité de leur proposer une fusion et donner à chacun la moitié de ses parts mais cela entraînerait des ennuis s'ils venaient à se quereller. Et en l'occurrence, sa fille y serait perdante puisque les parts dormantes du couple Chiba appartenaient officiellement à leur fils. Léser l'un pour contenter l'autre était hors de question et il savait pertinemment qu'ils n'accepteraient pas. Quant à l'homosexualité de Mamoru, s'il grinça des dents les premiers mois, la chose finit par passer, à la plus grande surprise de tout le monde. Si bien que Kusaka proposa au jeune homme d'utiliser une partie de son héritage débloquée à ses quinze ans pour s'installer seul. Il était suffisamment mature pour ça et ainsi, même si son tuteur gardait un œil sur lui, il pourrait commencer à prendre son indépendance. S'il était enfin à l'aise avec l'idée, Kusaka n'était pas prêt à connaître la vie sentimentale et plus de son pupille. Les gens ne trouvaient peut-être pas ça convenable mais il s'en moquait : tant que ses deux petits étaient heureux, au diable les convenances. Il avait suffisamment d'influence pour que ses choix et ses opinions ne soient que vaguement discutés.

Cette installation fut suivie des débuts de la relation plus poussée entre Motoki et Mamoru.

Les deux garçons se lièrent d'amitié durant au collège : Furuhata fut le senpai de Chiba et le fait que le premier soit le fils du gérant de la salle d'arcades les rapprocha d'autant plus. Ils ne comptaient plus le nombre d'heures passées à jouer au Crown pour exploser les records. Il fut également le premier crush homosexuel de Mamoru et le déclencheur de la découverte de sa sexualité. Puis Motoki alla au lycée, Mamoru resta au collège puis entra dans un lycée différent et ils se perdirent de vue pendant deux ans et demi. Ce ne fut qu'au détour d'une rencontre inter-lycées qu'ils se revirent et renouèrent comme s'ils ne s'étaient jamais quittés. Mamoru commença alors sa tentative de séduction de ce beau jeune homme un peu voyou avec ses cheveux décolorés, tentative qui fut bien accueillie et aboutit à leur mise en couple. Cela faisait huit mois, maintenant.

Quand Mamoru ouvrit la porte, le sourire de Motoki disparut. Son petit-ami était plus cerné qu'un panda et ses yeux, injectés de sang et brillant de fatigue, les faisaient davantage ressortir. Son teint était pâle, bien plus que d'habitude. Chiba s'effaça pour le laisser entrer et Motoki le suivit et s'inquiéta de sa santé pendant qu'il ôtait ses chaussures.

« Cauchemars, répondit laconiquement le plus jeune en se dirigeant vers la cuisine ouverte sur le salon. Thé ?
– Oui mais laisse-moi faire.
– Je veux bien. Je vais prendre une douche rapide et j'arrive. »

Quinze minutes plus tard, le lycéen était frais mais pas dispos. Il s'assit néanmoins à la table où étaient éparpillés cahiers, feuilles, livres et stylos.

« Tu es sûr que tu veux travailler ?
– J'ai un exposé pour la semaine prochaine, je dois le terminer. Et j'ai besoin que tu m'expliques certaines choses en japonais classique. »

Furuhata abdiqua et s'assit à son tour. Ils travaillèrent pendant une heure mais l'attention de Mamoru s'étiolait à mesure que les explications de son compagnon s'étalaient en longueur. Finalement, l'étudiant ferma le livre de japonais d'un geste impérieux :

« Va dormir, Mamoru, tu es exténué.
– Je dois travailler, soupira le brun.
– Si tu ne dors pas, tu n'iras pas en cours la semaine prochaine pour présenter ton exposé donc, ça ne sert à rien. Tu es épuisé, tu dois dormir. Écoute ton senpai, un peu » fit Motoki, faussement autoritaire.

La boutade fit rire Mamoru mais le cœur n'y était pas du tout. Un nouveau soupir lui échappa et il finit par poser son critérium et fermer son trieur. Il ne fit cependant pas mine de se lever et il semblait soucieux, regardant son petit-ami en coin. Un sourire étira les lèvres de ce dernier et il se leva.

« Je viens avec toi, je te protègerai des cauchemars. »

Mamoru consentit enfin à aller se coucher et, installé dans son lit et serré dans les bras de Motoki, il s'endormit comme une masse. Il ne lutta pas, cette fois. Oui, les cauchemars reviendraient certainement mais au moins, il ne serait pas seul au réveil. Et la présence et la chaleur de son étudiant le rassuraient alors peut-être que les cauchemars seraient repoussés une heure ou deux. Juste une heure ou deux…

OoOoO

Motoki ne comprenait pas : depuis deux semaines qu'il dormait chez son petit-ami, celui-ci était hanté toutes les deux nuits par de puissants cauchemars qui l'empêchaient de se rendormir et l'épuisaient. Faire des cauchemars, c'était naturel. En faire autant, non. Et Mamoru ne voulait pas lui raconter. Oh ! il lui avait bien dit que ce n'était pas dû au traumatisme de l'accident mais si ça n'avait aucun rapport, il en taisait le contenu et lui interdisait d'en parler à son tuteur : il ne voulait pas passer pour un enfant immature incapable de faire face à de mauvais rêves. Motoki argua bien que des cauchemars aussi violents ne rentraient absolument pas dans la catégorie des mauvais rêves mais le lycéen était aussi têtu qu'une mule morte. Alors il subissait cela, impuissant à aider son copain. Et lui aussi commençait à sentir les conséquences des nuits chaotiques pendant lesquelles les geignements, les cris et l'agitation du plus jeune le réveillaient en sursaut. Il fut même obligé de demander à sa petite sœur de le remplacer à la salle de jeux, ne pouvant plus concilier faculté et nuits agitées. Unazuki se moqua gentiment de lui avant de voir le regard hanté par l'inquiétude et la fatigue qu'il lui lança. Finalement, un soir, alors qu'ils regardaient tranquillement la télévision, Mamoru se lança :

« Tu devrais retourner dormir chez toi, Furu. Tu es épuisé, je te réveille toutes les nuits, tu n'arrives plus à dormir correctement.
– Mais non, c'est que j'ai trop de boulot. Maintenant qu'Unazuki a pris quelques heures aux arcades, ça va aller mieux.
– Tu es sûr ? voulut savoir le brun tandis que le journaliste à la télévision parlait d'un nouveau sauvetage de Sailor V.
– Affirmatif, confirma l'étudiant en serrant un peu plus Mamoru contre lui et en lui embrassant le crâne. J'ai pris l'habitude d'avoir mon doudou humain pour dormir. »

Chiba rit doucement et n'ajouta rien tandis que les photographies floues d'une Sailor V sautant sur les toits défilaient à la télévision.

OoOoO

Mamoru lui cachait inconsciemment quelque chose. Ne pas partager la teneur de ses délires nocturnes n'était pas gênant, il pouvait comprendre sa pudeur, mais ça faisait plusieurs matins qu'il se réveillait et trouvait le lycéen en boxer. Le jeune homme s'endormait pourtant en pyjama, retrouvé abandonné dans le salon au matin. Les cauchemars se raréfiaient et il dormait comme un loir mais si son petit-ami faisait des crises de somnambulisme, il l'aurait entendu. Or, il n'entendait rien. Sans parler du fait que parfois, Mamoru se réveillait les cheveux mouillés, avec quelques bleus apparus par magie ou perclus de courbatures.

Et, fait étrange, le lycéen ne lui mentait pas quand il disait ne pas savoir pourquoi.