- Michael ?

Entre ces murs sombres, sa voix trahit un désespoir qu'elle ne soupçonnait pas si grand. Ce ne fut que lorsqu'elle perçut le faible écho de son appel qu'elle réalisa combien elle était terrorisée. Un sentiment qu'elle allait devoir apprendre à maîtriser vu la soudaine complexité de son existence. La situation dans laquelle elle se trouvait à cet instant précis en était un parfait exemple. Sara Tancredi avait rendez-vous, à nouveau, avec l'homme le plus recherché du pays, l'homme à abattre, Michael Scofield.

Prise de tremblements, Sara se passa la main dans ses cheveux anciennement longs et roux, signe de nervosité chez la jeune femme. Dire qu'elle avait sacrifié jusqu'à sa coupe de cheveux pour un homme qui visiblement semblait peu pressé d'arriver. Ce fut avec toute la mauvaise foi dont elle était capable qu'elle arriva à se persuader que ce n'était en aucun cas parce qu'elle était en avance d'une petite heure que Michael tardait à arriver. Résignée, son anxiété fit progressivement place à une impatience à peine contenue. Elle se mit alors à faire les cent pas, en veillant cependant à rester hors de vue d'un quelconque visiteur inattendu. Sara ne cessait de repenser aux évènements de ces derniers jours. Elle avait dû faire face à tant d'épreuves telles que la mort de son père, la sienne dont elle avait miraculeusement réchappé, sa confrontation avec Michael… L'époque où sa vie, certes déjà chaotique mais tellement routinière et ennuyeuse, se résumait à prendre la tension des détenus de Fox River lui semblait bien lointaine et Sara avait de plus en plus de mal à se rappeler comment c'était, une vie normale. Une vie avant Michael Scofield.

- Vous, vous restez là. J'y vais seul.

Sa voix était sans appel. Lincoln avait beau être l'aîné, il avait parfaitement conscience que lorsque Michael avait décidé quelque chose, il ne valait mieux pas tenter d'en discuter. Du moins, pas avant. Ce fut donc le cœur anormalement battant et seul, que le fugitif poussa la lourde porte du hangar désaffecté dans lequel, du moins l'espérait-il, Sara, sa Sara, l'attendait.

La porte venait à peine de se refermer derrière lui que le troisième homme s'empressa d'ouvrir le coffre de leur voiture. Lincoln lui jeta un regard intrigué jusqu'à ce qu'il se retrouve nez à nez avec un revolver pointé sur lui. Complètement figé, Lincoln ne maudit mentalement d'avoir obéi une fois de plus à un frère qui se refusait à se méfier de tout et n'importe qui.

- Alors, nous y voilà, vous allez me descendre pour rentrer dans les bonnes grâces de ces enfoirés du gouvernement hein ?

Kellerman, l'arme toujours pointée sur Burrows esquissa un faible sourire à la pensée d'une possible négociation de la dépouille de cet abruti contre sa réhabilitation. C'était tentant… mais une autre fois peut être.

- Prenez ça. Vous en aurez besoin. Votre frère pense jouer les héros en entrant là-dedans tout seul, il va surtout jouer les cibles parfaites parce que croire que Mahone n'a pas compris son petit manège, c'est comme croire que je pourrais récupérer ma place contre vos deux cadavres.

Sur ces mots, il tendit l'arme à Lincoln qui bien que soulagé doutait plus que jamais de la fiabilité de leur nouveau « copain ». Il empoigna néanmoins le pistolet que Kellerman lui tendait et suivit celui-ci vers l'entrée de l'entrepôt dans lequel Michael avait pénétré quelques secondes plus tôt.

Recroquevillée en position fœtale, Sara malgré la fatigue qui la gagnait était bien trop excitée pour se laisser surprendre par un assoupissement. Non, Sara était à l'affût du moindre bruit susceptible de lui révéler la présence de Michael. Comme ce bruit sourd d'une porte que l'on referme un peu trop précipitamment. Avec une étonnante rapidité, vu les courbatures dont elle souffrait, la jeune femme se redressa sur ses deux jambes et tenta de calmer son rythme cardiaque soudain étrangement élevé. Son excitation se mua bien vite en frustration lorsque le seul bruit qui parvenait encore à ses oreilles était sa respiration saccadée. L'entrepôt était décidément bien trop grand pour qu'elle se contente d'attendre dans son coin que Michael vienne la chercher. Elle voulait le voir. Tout de suite. Ce fut donc avec la quasi certitude de tomber sur lui que Sara s'aventura vers l'issue du bâtiment. Des bruits de pas résonnèrent à peine à quelques mètres de la jeune femme qui se figea, préférant attendre tout de même dans l'obscurité que l'intrus se montre à découvert. Lorsqu'elle l'aperçut enfin, son cœur manqua un battement. Mais pas pour les raisons qu'elle s'était imaginées. L'homme qui lui faisait maintenant face n'était pas un de ceux qu'elle s'attendait à revoir, surtout pas ici et maintenant, parce qu'elle ne l'attendait pas, parce qu'elle ne le voulait pas. Alors qu'elle fixait Kellerman avec une expression interdite et profondément dégoûtée, un sentiment qui l'avait momentanément quittée la pétrifia à nouveau sur place, la terreur.

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