Sur la sellette
« En ce cas si personne n'a rien à ajouter, nous allons en rester là. »
C'est à cet instant précis, alors que le vieil homme qui présidait à la réunion s'apprêtait à y mettre un terme, que la lourde porte de chêne s'ouvrit avec fracas, faisant sursauter au passage le jeune homme sur qui était focalisée toute l'attention une seconde plus tôt.
« J'ai quelque chose à ajouter : je représente M. Malefoy.
- Voyons, M. Malefoy, vous ne pouvez tout de même pas représenter votre propre fils ! D'ailleurs le terme « représenter » me semble quelque peu exagéré… remarqua le vieux sage à la barbe blanche.
- Votre Honneur, je proteste ! J'invoque le droit de défendre les intérêts de mon client ! »
Lucius Malefoy avait haussé la voix et la colère semblait sur le point de le gagner.
« Fort bien, fort, bien… Après tout je ne peux vous l'interdire de part votre statut de…
- Oui enfin, le coupa le père très dévoué mais surtout au bord de la crise de nerfs, venons-en au fait : de quoi mon fil… Drago Malefoy est-il soupçonné ?
- Pardonnez-moi mon cher, mais il me semble que le soupçon n'est plus à l'ordre du jour. »
Une voix froide et grinçante s'était élevée d'un coin sombre de la salle et son détenteur, jusqu'ici noyé dans les ténèbres, se fît voir aux yeux de tous.
« Oui, nous en sommes plutôt à la phase accusation : accusation pour dissimulation de preuves, accusation pour mensonges délibérés sous serments, trahison à sa maison,… Dois-je poursuivre ? »
Severus Rogue – car c'était lui – fixait de son regard transperçant Lucius Malefoy, qui fusillait son fils de son œil d'acier, fils qui apparemment semblait vouloir mettre en pratique le sort d'hypnose sur ses chaussures. Quand une claque bien sentie sur le haut du crâne lui fît comprendre qu'on ne se permettait pas de lorgner avec insistance sur ses pieds lorsque votre pèr…euh avocat vous regardait, il releva la tête… et s'évanouit.
« Après analyse des faits, nous nous voyons contraint de déclarer M. Malefoy Jr. Coupable du délit suivant : mensonges délibérés prononcés devant le professeur Rogue, garant de l'autorité dans sa classe de Potions. L'accusation de « destruction de preuves » n'a toutefois pas pu être retenue, les petits mots bien sentis entre Potter et Malefoy ayant été volontairement brûlés durant le cours de Potions. Cette fois la séance est, je crois bien, levée. »
La salle resta silencieuse. Le prévenu était resté affalé sur son fauteuil et reprenait peu à peu connaissance. Lucius Malefoy prît la parole, d'une voix où perçait l'anxiété liée à l'incertitude sur la condamnation de son fils :
« Mais votre Honneur, quelle sera la sanction ? »
Tandis que Drago tentait de se redresser et donner un peu plus d'assurance à sa position, Dumbledore feuilletait le grimoire posé devant lui. Les pages semblaient si usées que l'on appréhendait de devoir les tourner. Il s'arrêta enfin et se pencha afin de mieux y voir.
« Eh bien, il est ici écrit que la peine pour un tel acte est de huit jours de pendaison par les pieds dans le plus noir cachot de l'école… »
Drago tomba dans les pommes.
« … texte datant du XIIIème siècle et révisé en 1638. La punition a depuis été commuée en cinq heures de colle par semaine. »
