Disclaimer : Les personnages appartiennent à Dreamworks.

Rating : T

Genre : Romance / Hurt, Comfort

NDA : Suis-je la seule à vouloir intensément la suite de Voltron ? Je ne sais pas ! En tout cas, mon petit cœur de lapin en avait besoin, et ce qui a commencé en OS, puis fiction pour répondre au besoin imminent de Sheith dans ma vie s'est transformé en projet de publication. Donc me voilà à vous partager mes écrits, en espérant que vous puissiez passer un bon moment ! (publication les vendredi et mercredi.)


Nocturne (Chopin : op. 9 no. 1 in B flat minor)

Toujours dans une sorte de flou impalpable, la réalité mêlée à ses souvenirs peut-être inconscients, il ne se savait en vie que par les douleurs qui se propageaient constamment d'un bout à l'autre de son corps. Et aussi parce que sa mère, à son réveil le lui avait assuré, son visage contrastant le blanc du mur de sa chambre à l'odeur impersonnelle d'hôpital. L'inquiétude, la joie et la fatigue se lisait dans ses traits en un étrange mélange qui faisait mal au cœur et qui lui apportait la certitude que son propre état devait être bien pire. Ce qui était le cas. Et ce soir encore il cherchait à comprendre où était l'amélioration extraordinaire de son état que louaient les médecins chaque jour, appuyé contre l'encadrement de sa fenêtre, avec pour seule lumière celle d'un croissant de lune qui inondait d'argent la Garnison, l'horizon détruit, l'intérieur de sa chambre. Et les yeux clos, il laissait la fine brise nocturne caresser son visage, espérant quelque part au fond de lui qu'elle soigne l'entièreté de ses blessures jusqu'aux plus invisibles. Ou bien qu'elle l'emporte comme une feuille morte qu'elle trouverait sur son chemin.

-Keith ? Comment tu vas ?

Seuls ses yeux s'ouvrirent face au paysage sur lequel ils s'étaient fermés, sa respiration qui s'était bloquée un instant à peine reprenait son rythme lent et mesuré. Le murmure de l'appel l'avait sorti de ses pensées, le bruit de la porte ne l'avait lui, pas alerté. Il reprenait pied avec la réalité et un léger sourire prenait place sur ses lèvres. Les étoiles se détachaient sur leur lit d'ombre, des pas se rapprochaient de lui. Ce n'était pas la première fois.

-Il faudra quand même que tu me dises comment tu fais pour entrer ici en pleine nuit sans avoir à passer par les fenêtres.

-Je suis un VIP dans le service, j'ai mes entrées ! Je l'ai sûrement plus vu que quiconque ici à une époque. À l'exception des personnels bien évidemment. Par chance, mon clone maléfique a réglé tous les problèmes !

-Quelle chance ! J'aurai dû demander aux Galras de m'en faire un alors...

-Keith ?

Les intentions qui se voulaient enjouées se perdaient dans le silence de la nuit qui était revenu, plus fort que jamais. Et sa conscience ne cessait de lui rappeler qu'il ne pourrait pas échapper longtemps à la question qu'à chaque fois il évitait consciencieusement, à laquelle il n'avait volontairement pas répondu. Toujours adossé au mur, son visage à moitié tourné vers l'extérieur, il senti une main se poser sur son épaule. Il ne pourrait plus y échapper, il le savait. Mais il ne savait comment interpréter cet ultimatum composé d'un sentiment de délivrance à venir et d'une peur extrême : celle de devoir se révéler sous la lumière de la lune comme en plein midi. Tout l'air de ses poumons se vida d'un coup comme un entraînement à ce qui allait venir. Une introduction à ses paroles futures qu'il retardait. Une de ses jambe engourdie se déplia lentement dans un froissement de tissu. Il cherchait à perdre un temps qui lui semblait interminable. Il se savait pourtant face au mur.

-Pendant tout ce temps, je ne me suis jamais posé de questions sur quoi que ce soit en dehors de ce qui me semblait nécessaire d'être fait. Et j'ai fais en sorte de faire ces choses-là. En donnant tout ce que j'avais. Avant notre retour je n'avais jamais pensé que pouvoir reconnaître les constellations que j'avais sous les yeux me manquait tant. Et en même temps je me sens si peu à ma place ici. Pour tous les autres, revenir sur Terre était une évidence. Je le croyais aussi. Et j'ai compris que contrairement à eux, je n'avais rien ni personne qui m'attendait ici. Même plus un toit, un endroit à appeler chez moi. Et que je me sentais un étranger là-même où j'ai vécu. En dehors de ces murs, je n'ai plus nulle part où aller. Et si il n'y avait que ça... Shiro, je sais que je ne t'ai pas donné la réponse que tu voulais entendre...

-Ça fait longtemps qu'il n'y a plus de bonnes ou de mauvaises réponses. Surtout pas dans un moment comme celui-ci. Pas entre nous.

-J'étais terrifié. Pendant qu'on transportait ce monstre sur nos Lions le plus loin possible. Avant qu'elle n'explose et nous propulse inconscients sur Terre. Et ce n'était même pas de savoir que j'allais vers une mort certaine, non. J'étais terrifié parce que la communication avec l'Atlas avait été rompue, que j'ignorai comment tu allais et que je risquais de ne jamais le savoir à nouveau. Je me suis senti plus seul que jamais.

Sa main toujours sur l'épaule qu'il sentait lasse, Shiro avait comme retenu son souffle de peur de qu'il ne recouvre les paroles qu'il entendait et qui raisonnaient en lui en un douloureux écho. Jamais il n'avait oublié ce qu'il avait ressenti, avant d'être ramené par Allura du Lion Noir. Et pourtant, alors qu'il aurait voulu trouvé les mots justes pour le réconforter, il ne sut quoi dire, tout deux plongés dans un silence qui les ramenaient aux plus sombres moments de leurs vies. Alors il se rapprocha un peu plus, unis dans cet instant où chacun d'eux lisait en l'autre et se comprenaient sans aucun mot, retenant son dernier pas qui aurait brisé une frontière qu'il s'interdisait de franchir. À présent ils savaient tout deux que ce sujet-là ne serait plus abordé car ils avaient tout partagé et exorcisé. Et un moment passa, suspendu, pendant lequel personne n'avait parlé ni bougé. Si ce n'étaient les paupières de Keith qui avaient fini par se refermer et les doigts de Shiro qui dessinaient avec lenteur leur propre toile. Un moment qui leur avait été nécessaire.

-Quand est-ce que tu pourras sortir ?

-D'après les médecins d'ici la fin de la semaine, sous condition de revenir tous les deux, trois jours.

-Et tu sais où aller ?

-À vrai dire, tout le monde m'a proposé de venir, mais je n'ai jamais répondu. Ils viennent de retrouver leur famille, leur chez-eux, je ne me vois pas m'imposer comme ça...

-Je comprends. Tu sais, ma porte t'est ouverte. C'est même une demande que je te fais ! Je passe mon temps à éviter cet endroit depuis qu'on est revenu.

-D'où tes escapades nocturnes jusqu'ici ?

Pour la première fois, Keith avait tourné son visage vers Shiro, un sourire au coin des lèvres et les yeux brillants. Shiro lui-même avait rigolé à la question et l'expression de Keith à ce moment-là lui avait rappelé l'impertinence du jeune garçon qu'il était autrefois, celui qui avait grandi si vite et qui avait tant changé aujourd'hui.

-Entre autre oui.

Le long du bras de Keith glissait la main qui était à peine un instant plus tôt sur son épaule, laissant dans son sillage une douce tiédeur dont les doigts venaient finir leur course en se glissant entre les siens.

-C'est d'accord, je viendrai.