Petit disclaimer avant de commencer :
- Aucun personnage de la série Yuri! on Ice ne m'appartient
- La photo de couverture de la fic est un montage réalisé à partir d'une image de l'anime pour Victor et Yuri, et d'un fanart pour Yurio. Le fanart ne m'appartient pas, vous pouvez le retrouver à cette adresse : seetsudark. deviantart. |c|om| / art /Yuri-Plisetsky-Render-640880414 (sans espaces ni barres verticales)
Un grand grand merci à Saad Maia qui a gentiment accepté de me donner son avis et de me corriger sur cette fic !
Sur ce... ENJOY !
La nuit était tombée depuis longtemps quand Yuri et Victor sortirent du Palais des Glaces de Saint-Pétersbourg, où ils s'entraînaient désormais ensemble. Le japonais frissonna violemment en remontant la fermeture de son manteau. Même avec cette doudoune que Victor lui avait achetée, il n'arrivait décidément pas à supporter les températures de l'hiver en Russie. Victor jeta un regard dans toutes les directions. Ils avaient pris l'habitude d'emprunter de petites ruelles pour rentrer chez eux plus tranquillement et, constatant que la rue était complètement déserte, il souffla avec un sourire :
- Allez, viens là.
Il passa un bras autour de ses épaules, l'attirant contre lui pour le réchauffer pendant qu'ils marchaient. Yuri haussa les sourcils de surprise. Depuis qu'il l'avait rejoint à Saint-Pétersbourg pour patiner avec lui, Victor s'attachait à garder une certaine distance entre eux en dehors de leur appartement. Le japonais s'était interrogé sur ce brusque changement de comportement mais Victor lui avait rapidement expliqué pourquoi. Même si, en Russie, l'homosexualité n'était plus ni un crime, ni une maladie mentale, cela restait extrêmement mal vu par une grande majorité de personnes. Il était fréquent que des couples gays se fassent agresser dans la rue. Trois ans auparavant, une loi avait même été votée, interdisant catégoriquement ce que le gouvernement appelait la "propagande homosexuelle" : si un policier les croisait, ils pouvaient finir la nuit en cellule uniquement à cause de ce bras que Victor avait passé autour des épaules de Yuri. Bien que le japonais apprécie son initiative, il savait pertinemment que Victor n'aurait jamais pris le risque de le faire s'il y avait eu une seule personne pour les voir.
Depuis la vidéo de leur chorégraphie de clôture du Grand Prix, les deux patineurs étaient au cœur d'un véritable scandale. Une telle démonstration de cette "propagande homosexuelle" avait fait beaucoup parler d'eux sur le sol russe. Moins d'une journée après sa diffusion, les autorités avaient demandé des comptes à Victor et seule l'intervention de la fédération russe de patinage lui avait évité d'être arrêté. La vidéo avait rapidement été censurée mais beaucoup de personnes avaient eu le temps de la voir. Si quelques uns les avaient félicités, ils avaient également reçu une multitude d'insultes et de menaces suffisamment graves pour que Yakov les prenne au sérieux et les supplie de faire attention à eux.
- Ça va ? s'inquiéta Victor en le voyant perdu dans ses pensées.
- Oui oui ! le rassura Yuri. C'est juste que… Enfin, j'aimerais pouvoir marcher comme ça avec toi plus souvent, c'est tout.
Yuri avait à peine murmuré sa réponse, embarrassé d'exprimer ainsi ses sentiments pour son coach. Victor parut surpris de sa remarque mais son visage s'éclaira d'un sourire affectueux.
- On pourra un jour, lui assura-t-il d'une voix douce. Les choses finiront par changer, c'est évident. Il faut juste un peu plus de temps à ce pays qu'à d'autres, c'est tout. Et même si ça traîne trop, on ne restera pas éternellement ici. Quand on aura tous les deux pris notre retraite, rien ne nous empêchera de partir ailleurs.
- Tu serais prêt à quitter définitivement la Russie ? s'étonna Yuri.
- Je préférerai ne pas avoir à le faire, avoua-t-il. Mais si ça peut me permettre de t'enlacer comme ça à chaque seconde qui passe, je n'hésiterai pas un seul instant.
Yuri répondit à son sourire et se lova un peu plus contre lui, repliant le bras pour laisser ses doigts effleurer la main sur son épaule. Cela faisait un peu plus d'un mois qu'il avait rejoint Saint-Pétersbourg et emménagé dans l'appartement de Victor. Même si le russe vivait déjà avec lui l'année précédente, à Hasetsu, le fait de s'éloigner de sa famille et de n'avoir personne d'autre avec qui partager leur chez-eux les avait encore plus rapprochés. Pour les personnes qui les connaissaient, leur amour et leur complicité ne faisaient plus aucun doute lorsqu'ils étaient sur la glace.
Ils s'entraînaient sans relâche, Victor préparant son retour, Yuri perfectionnant sa technique et ses sauts pour honorer la promesse qu'il avait faite à son coach : réussir le Grand Chelem. Ils avaient une ou deux fois reparlé de la proposition de Victor de l'épouser après la finale du Grand Prix et étaient tombés d'accord pour se donner encore un peu de temps. Victor lui avait même glissé qu'ils se marieraient le jour où ils domineraient ensemble le monde du patinage. Yuri ne voyait pas bien comment cela pourrait être un jour possible, le mariage homosexuel n'étant autorisé ni en Russie, ni au Japon, mais il ne s'en souciait pas. Ils auraient bien le temps d'en reparler lorsqu'il aurait ramené à Victor toutes les médailles qu'ils convoitaient. Pour l'instant, il se contentait de profiter de chaque instant qu'il pouvait passer dans les bras de Victor. Ils s'apprêtaient à tourner à l'angle de la rue où se trouvait leur immeuble quand une voix derrière eux les interpella :
- Victor Nikiforov ? Yuri Katsuki ?
Ils se figèrent soudainement et Victor relâcha lentement l'épaule de Yuri. C'était une voix grave, celle d'un homme, que Yuri était à peu près sûr de n'avoir jamais entendue auparavant. Aucun d'eux deux ne s'était aperçu qu'ils étaient suivis. Ils se retournèrent vers un groupe de cinq hommes devant avoir plus ou moins leur âge. Ils étaient tous à peu près de leur gabarit – même si Yuri avait l'impression qu'ils faisaient chacun le double de sa taille et de son poids. Ils portaient des vêtements et des bonnets noirs mais leurs visages étaient découverts. Un éclat provoqué par la lumière des réverbères attira son regard sur leurs mains. Ils tenaient chacun une longue barre de métal.
Avant qu'ils n'aient eu le temps de réagir, cinq autres personnes vêtues de la même façon les rejoignirent, achevant de les encercler contre un mur. Victor s'avança d'un pas, se plaçant entre eux et Yuri, et leur parla dans un russe trop rapide pour que Yuri ne parvienne à le comprendre. Les personnes face à eux ricanèrent et l'un d'eux répondit. Yuri ne pouvait pas suivre leur conversation mais il pouvait entendre la voix de Victor, dans laquelle sa peur transparaissait de plus en plus au fur et à mesure qu'ils parlaient. Il en était persuadé, Victor était terrorisé. Et lui aussi. Il ne connaissait pas les personnes face à lui mais il avait déjà vu cette tenue entièrement noire, jusqu'au bonnet. Sur les photos des gens qui les menaçaient sur les réseaux sociaux, après la parution de leur danse en duo. Ils étaient complètement encerclés, Yuri n'avait pas la moindre idée de la façon dont ils pourraient se sortir de là. Ils devraient pourtant bien trouver une solution. Leur immeuble n'était plus qu'à quelques mètres, est-ce qu'ils pourraient essayer de les prendre par surprise et de s'enfuir suffisamment rapidement pour se mettre à l'abri derrière les portes fermées à clé de leur hall ? L'une des personnes en noir s'avança vers Victor, réduisant la distance entre eux et souffla quelque chose entre ses dents avant de lui balancer un violent coup de poing dans le ventre, le pliant en deux.
- Victor ! hurla Yuri.
Il voulut s'avancer à sa hauteur mais eut juste le temps de voir une barre de métal se lever avant de ressentir un choc violent au niveau de sa tempe, faisant tourner le décor autour de lui. Deux autres coups tombèrent sur son visage et il s'effondra au sol, les yeux fermés, entendant Victor leur hurler d'arrêter. Il rouvrit lentement les yeux. Victor était à genoux, se débattant violemment contre les trois hommes qui le retenaient. L'un d'entre eux saisit fermement le russe par les cheveux, se rapprocha de son oreille et murmura, dans un anglais suffisamment lent pour être sûr que Yuri comprenne également :
- Ne t'inquiète pas, on s'occupera de toi après. Pour l'instant, profite du spectacle.
Yuri entendit Victor hurler une seconde avant qu'un coup de pied dans les côtes ne lui coupe la respiration.
-O-O-O-O-O-O-O-O-O-O-O-O-O-O-O-O-O-O-O-O-O
Quand Yurio passa la porte du centre d'entraînement, il sut à l'avance que quelque chose n'allait pas. Il comprit assez vite ce qui le dérangeait : à cette heure-là, la seule personne qui s'entraînait devait être Mila. Pourtant, un brouhaha s'échappait du bord de la patinoire. Il se rapprocha et se figea soudainement. Cette fois, il en était certain, il s'était passé quelque chose. Trois policiers en uniforme discutaient avec un Yakov horriblement pâle. Sur l'un des bancs, Mila était en larmes, secouée de sanglots incontrôlables. Assis à côté d'elle, Georgi essayait de la réconforter mais son air défait et ses tremblements laissaient clairement comprendre qu'il luttait pour ne pas en faire autant. En trois gestes, il se rapprocha de Yakov, qui finissait de discuter avec les policiers.
- Yakov ! C'est quoi ce bordel ? Qu'est-ce qui se passe ?
Yakov resta silencieux quelques secondes avant de répondre lentement :
- Victor et Yuri ont été agressés en sortant de l'entraînement hier soir.
- Quoi ? Tu déconnes ? s'exclama Yurio.
- Non. Ils ont été tabassés à quelques mètres de chez eux. On pense que c'est à cause de leur vidéo en duo et… De leur relation.
Yuri acquiesça d'un hochement de tête. Ça n'aurait pas du le surprendre, ce genre d'agressions était plus que courante en Russie. Mais le fait qu'il n'ait jamais connu personne l'ayant vécu directement lui avait jusque là permis de garder une certaine distance avec ces événements, de ne pas se sentir plus touché ou concerné que ça quand il lisait le récit d'une nouvelle agression.
- Où ils sont ? demanda sèchement Yuri. Ils ont été emmenés à l'hosto ?
Sa question parut surprendre Yakov, qui devint encore un peu plus pâle. Soudainement, les images des dernières secondes s'enchaînèrent dans son esprit. La présence des policiers, les sanglots de Mila, les tremblements de Georgi… Yakov releva légèrement la tête vers lui. Même lui avait les yeux embués de larmes et semblait lutter pour ne pas s'effondrer. Sa voix devint rauque lorsqu'il répondit :
- Ils… Ils sont morts, Yuri.
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