Bonsoir à toutes et tous,
Je sais que j'ai encore beaucoup de fictions non terminées, mais j'ai fait le malheur de revoir un de mes épisodes préférés de One Tree Hill (en FR : les Frères Scott), qui m'a mis dans un état d'esprit assez bizarre. Sur le coup, j'ai eu envie d'écrire dessus. J'ai longtemps hésité avant de me lancer, parce que j'ignore franchement si mon état d'esprit et le sujet vous intéressera, mais après tout, on ne vit qu'une fois...
Je tiens à vous prévenir que cette fiction sera assez dure au niveau émotionnel. Il n'y a pas de lemon de prévu pour le moment mais le rating sera M parce que certaines scènes seront un peu beaucoup très choquantes...
J'espère que vous aurez l'estomac bien accroché et que cette histoire vous touchera malgré tout.
Bonne lecture !
L'arme la plus puissante entre les mains de l'oppresseur est l'esprit de l'opprimé.
[Steve Biko]
Comme tous les matins depuis qu'elle était rentrée au lycée, Leah Clearwater trainait des pieds pour arriver le plus tard possible dans l'établissement. Son meilleur ami Brady et elle ne faisaient que compter les jours avant la fin des cours, et il restait exactement huit jours avant qu'ils ne soient enfin délivrés de cet horrible endroit.
Non pas qu'ils n'aimaient pas la Push, bien au contraire, mais le fait d'avoir été brimé depuis la fin du collège ne rendait pas ce petit coin de paradis où ils étaient nés et avaient grandi particulièrement attrayant.
Tout allait plutôt bien pour eux, pourtant, au départ. Ils faisaient partie d'un petit groupe d'amis d'enfance et étaient très respectés de par leur statut d'enfants des familles les plus importantes de la Tribu. Il avait fallu une simple fête pour que leur réputation soit à jamais ternie. Dès lors que Brady avait involontairement révélé son homosexualité lors d'un « Action ou vérité » bien arrosé, il avait été mis à l'écart par tous ses amis masculins, renvoyé de son équipe de football pour « mauvais comportement vis-à-vis de ses camarades », qui avaient la désagréable impression d'être « détaillés dans les vestiaires », et avait vu son casier être tagué à plusieurs reprises avait des insultes homophobes.
Leah avait été la seule à le soutenir et n'avait pas tardé à quitter son petit-ami de longue date, Sam Uley, capitaine de l'équipe de football de son état, lorsqu'elle avait appris qu'il était l'instigateur de cette machination contre le pauvre Brady. S'en suivit alors une vaste opération visant à salir la réputation de la jeune fille et des brimades de plus en plus fréquentes lorsqu'elle n'avait pas hésité à dénoncer ses anciens amis pour tout ce qu'ils avaient fait subir à Brady.
Ce dernier prenait son mal en patience, persuadé que tout se tasserait à leur dernière année, mais malheureusement le phénomène ne faisait que s'empirer.
Lorsqu'ils arrivèrent au lycée ce jour-là et que Leah vit dans leur casier une invitation à la fête de fin d'études de Jacob Black, elle sentait que rien de bon n'en découlerait. Brady, lui, était extatique, songeant qu'il s'agissait là d'une manière d'enterrer la hache de guerre et d'aller de l'avant.
– Moi je dis qu'on devrait y aller.
– Quoi ? Mais t'es complètement cinglé ? hoqueta Leah, abasourdie.
– C'est la première invitation de Jake qu'on a depuis des lustres, Lee ! insista Brady. Il n'a jamais été méchant avec nous, contrairement aux autres.
– Mais il n'a rien fait non plus pour les empêcher de nous pourrir la vie, rétorqua-t-elle amèrement.
– Il s'est excusé à plusieurs reprises de son comportement…
– Ouais, mais en cachette. Et ça ne l'a pas empêché de continuer à faire comme s'il ne nous connaissait pas les jours suivants.
– Tu sais bien qu'il n'avait pas le choix ! Il a besoin de rester dans l'équipe pour avoir une bourse d'étude !
– Tu es tellement naïf, Brad… se désola la jeune fille. Tu trouves toujours des excuses à tout le monde… Jacob a besoin de sa bourse d'études, Embry ne peut pas se permettre de faire des vagues parce qu'il a eu du mal à s'intégrer, Quil doit faire du sport pour entretenir la réputation des Ateara… Et Sam, c'est quoi, son excuse, à lui ?
– Il a peur de ce qu'il ne comprend pas. Ou alors c'est un homosexuel refoulé qui a la trouille de faire son coming-out…
– Je pencherai plutôt pour la deuxième version ! ricana Leah.
– C'est vrai qu'il a un petit côté efféminé quand il lance la balle…
– Et qu'il aime bien plaquer ses adversaires au sol ! renchérit-elle, hilare.
– C'est un homme de contact, très chère… Rien de plus ! minauda Brady en se joignant à son hilarité.
Leur moment de franche rigolade se termina lorsque la cloche se mit à sonner.
– C'est l'heure de rentrer dans l'arène… soupira lourdement Brady en fermant son casier.
– Courage. Plus que huit jours à tenir avant la remise des diplômes… murmura Leah en lui tapotant l'épaule.
Il lui sourit faiblement et la suivit jusqu'à leur salle de cours.
Bien que l'espagnol ne soit pas une des matières préférées de Leah, elle avait accepté de prendre ce cours afin de ne pas laisser son meilleur ami affronter seul le moindre moment en classe. Ils avaient exactement le même emploi du temps et passaient tout leur temps libre entre les cours ensemble, excepté lorsqu'ils devaient aller répondre à l'appel de Mère Nature.
C'était généralement à ces moments-là que Sam et sa bande s'attaquaient à Brady, Leah ne pouvant pas l'accompagner à l'intérieur des toilettes des hommes, ni le surveiller des toilettes des femmes. Ils essayaient donc de ne pas y aller jusqu'à ce qu'ils ne puissent plus se retenir.
Ce jour-là, étrangement, Brady sortit des toilettes le sourire aux lèvres.
– Jake m'a demandé si on comptait venir à sa fête ! claironna-t-il, ce qui fut loin de soulager Leah, qui pressentait un mauvais coup de la part de Sam et ses sbires.
– J'espère que tu lui as dit non !
– Et pourquoi j'aurais fait ça ? sourcilla le jeune homme.
– Pourquoi ? Tu te fous de moi, Fuller ? Il suffit que ce faux-cul te mette une invitation personnalisée pour que tu oublies tout ce qui s'est passé ? s'emporta Leah.
– Je n'ai rien oublié du tout. Il veut qu'on vienne histoire de mettre le passé derrière nous et je suis entièrement d'accord.
– Mais tu ne vois pas que toute cette histoire n'est pas…
– Hum… Salut, Leah… l'interrompit Jacob, qui venait de sortir des toilettes.
La jeune fille le fusilla du regard tandis qu'il se frottait nerveusement la nuque.
– Qu'est-ce que tu veux ? rugit-elle.
– Juste te remercier d'accepter de venir à ma fête demain soir… répondit-il, mal à l'aise.
– D'accepter de… Tu lui as dit que j'acceptais sans même me demander mon avis ? vociféra Leah en lançant un regard meurtrier à son meilleur ami.
– Ben, je me suis dit que comme j'y allais…
– NON ! tempêta la jeune fille. Il est hors de question que je mette les pieds dans ton repaire d'hypocrites et de persécuteurs !
– Leah, je… Je sais que tu nous en veux et c'est normal, mais je te jure que…
– Garde ta salive, Black. Ton invitation pu le mauvais coup à des kilomètres et toi, Brady, tu serais vraiment bête de te laisser embobiner par ce beau parleur ! martela-t-elle fermement.
– Ce n'est qu'une invitation à une simple fête ! Rien de plus ! Il faut que t'arrêtes de voir le mal partout et que tu te détendes, Clearwater ! intervint Jacob.
– Tu m'excuseras, mais quand on voit la manière dont tu nous as ignorés ces trois dernières années, je pense que j'ai tout à fait le droit de voir le mal partout et de vouloir protéger mon meilleur ami de vos sales combines ! cingla-t-elle.
– Calme-toi, Lee ! lui intima Brady en faisant écran entre elle et Jacob. Jake a raison, faut arrêter de toujours chercher un sens caché aux actions des autres. Il a eu la gentillesse de nous inviter tous les deux à ce qui pourrait être notre dernière soirée lycéenne et je ne vais y aller, que tu le veuilles ou non. Je sais que tu t'inquiètes pour moi, mais je suis un grand garçon. Pour une fois, ne réfléchis pas et laisse-toi porter !
– Je te signale que c'est justement parce que tu t'es « laissé porter » qu'on se retrouve dans cette situation. Alors non, merci, je passe mon tour.
Brady recula comme si elle l'avait giflé et elle regretta immédiatement ses paroles.
– Brady, je…
– Non, laisse tomber. J'ai compris. Désolé d'avoir été un fardeau pour toi ces derniers temps et de t'avoir entraîné dans cette… Situation… cracha-t-il avant de tourner les talons et de s'en aller.
Elle l'appela et esquissa un mouvement dans sa direction pour le rattraper, mais le regard de son meilleur ami l'en dissuada. Le cœur serré, elle le regarda quitter l'établissement et se maudit intérieurement d'avoir été aussi stupide.
– Du rififi au paradis ?
Leah se retourna et aperçut Sam qui la regardait, un sourire narquois aux lèvres.
– De quoi je me mêle, enflure ? grogna-t-elle.
– C'est quand même pas tous les jours qu'on voit la Belle et la Bête en pleine scène de ménage ! railla-t-il.
Exaspérée, Leah le bouscula et partit dans la direction opposée à Brady. Son sang se glaça lorsqu'elle entendit son ex petit-ami rire aux éclats et déclarer :
« J'ai hâte d'être à demain soir ! Ça promet d'être marrant, si la Princesse vient sans son chien de garde ! »
