Les solitaires de Noël.

J'avais été jeté dehors de mon appartement la veille de Noël, vous le croyez, vous ? Bon... Ce n'était pas totalement vrai. Mon neveu m'avait mis dehors pour pouvoir le fêter avec son petit-ami comme il se doit, me disant de retourner dans mon propre appartement. Comme si j'allais rester dans son antre remplis d'amour niais en ce moment... Je le préférais largement en loup-garou renfrogné et solitaire, je pouvais plus facilement l'embêter aussi. C'était finis ce temps-là. On a encore de la chance qu'il ait réussi – par je ne sais quel miracle – a empêcher Stiles de mettre toutes les décorations qu'il voulait. Il devait d'ailleurs se demander où était partis le carton, ce n'était que moi, qui était passé par là pour le ranger dans un garage. Il finira par le récupérer. Un jour.

Je sais ce que vous êtes en train de vous dire, « Ho le pauvre Peter Hale, tout seul dans le froid un soir de Noël, il a beau être méchant, il ne mérite pas ça... » Bla bla bla... « En plus, il est tellement sexy que moi, je l'accepterais bien dans mon lit... » Oui. Mais non. Une fois de plus, vous n'avez rien compris, tout cela dépend de mon bon vouloir, je ne suis pas simplement dehors. Je guette. J'attends ma proie. Je suis simplement debout devant sa maison et je sais qu'il ne va pas tarder. J'ai raison. Quelques minutes plus tard, il est dehors, pour aucune raison apparente, peut-être juste l'envie de prendre l'air ? Il soupire et se frotte un peu les mains, alors que la neige commence doucement à tomber... Puis, il lève son regard sur moi. Il se tend. Se braque. Il ne s'attendait certainement pas à me voir.

« - Chris. »

Il plisse son regard, l'air méfiant. C'est normal. Je crois que j'aurais la même réaction à sa place, si mon meilleur ennemi débarquait soudainement devant chez moi. Que ce soit un soir de Noël ou un soir normal.

« - Peter ? Qu'est-ce que tu fiches ici ? Un problème ? »

J'hausse un peu les épaules alors que je souris discrètement avant de m'avancer vers lui. Lui aussi est seul ce soir. Aussi seul que je l'ai toujours voulu.

« - Mon seul problème a toujours été toi. »

Il ouvre la bouche, puis la referme, réalisant mes paroles. Il sait absolument de quoi je parle. Je suis proche. Peut-être un peu trop proche de lui. Mon regard se fond dans le sien, comme souvent, il essaie de lire en moi mais il n'y arrive pas. C'est indescriptible.

« - Ne recommence pas, ça fait des années que c'est derrière nous...

- Que tu crois. Tu ne pouvais pas accepter notre relation pour des raisons qui ne concerne que toi. Tu voulais une famille. Tu as eu tout ce que tu voulais, mais tu n'as pas su le protéger.

- Peter ! Si tu es venu pour enfoncer le couteau dans la plaie, repars d'ici avant que je puisse attraper mon flingue.

- Non. Je ne partirais pas d'ici avant d'avoir ce que, moi, je veux. »

Chris fronça un peu les sourcils, faisant semblant de ne pas comprendre. Faisant l'innocent. Mais ça n'a jamais marché avec moi. Alors qu'il a un mouvement de recul, je n'hésite pas à l'attraper par la gorge, l'incitant à ne plus bouger d'un pouce, sinon qui sait ce qui pourrait lui arriver.

« - Tu devrais me faire entrer. »

Cela sonnait plus comme un ordre. Il ne répondit pas mais je vis dans son regard qu'il était d'accord. Depuis le début, il était d'accord du moment que je lui forçais la main. Pas que ça me fasse plaisir de lui forcer la main mais s'il n'y a que ça... Je ferais avec. Je le relâche doucement et le suis alors à l'intérieur. C'est plus vide et triste – voir morne – que dans mes souvenirs. Ça me va. Après tout, Stiles pense bien que je vis dans la grotte la plus sombre et humide qui existe alors... à coté de ça, c'est un palace.

« - C'est parce que tu n'as pas su me tuer, que tu as tout perdu...

- Crois bien que je m'en veux, chaque jour qui passe. »

Je l'attrape par le bras et le plaque violemment contre le mur. Je l'observe avec un petit sourire satisfait. Presque malsain.

« - Toujours aussi dur envers toi-même. J'ai toujours aimé ça, chez toi. »

Je m'approche plus prés, je sens son odeur, un instant, peut-être plus, nos lèvres se frôlent doucement et j'entends d'ici son cœur battre. Plus vite. Il est tendu contre moi. Mais lui aussi, il en veut plus. J'embrasse ses lèvres. Ça faisait longtemps. Trop longtemps. Je sens sa main s'insinuer dans mes cheveux pour essayer de me tirer en arrière. Je mords sa lèvre et il me laisse finalement faire. Mon pauvre Chris, si les gens savaient à quel point tu es véritablement faible face à moi, tu serais la risée des chasseurs. Il le sait très bien. Je dévore ses lèvres. Je ne m'en prive pas. Je ne m'en priverais plus, à présent. Je le regarde à nouveau, comme un chasseur devant sa proie. Aujourd'hui, les rôles sont inversés.

« - Je ne te laisserais plus jamais m'échapper, alors prépare-toi... »

Chris ne put s'empêcher de déglutir. Je comprends tout à fais, c'est le genre de réaction que j'espérais. Parce qu'il est pris au piège...