Tout commence une chaude nuit d'hiver, le hippie est assis dans le fauteuil. Il est seul, terriblement seul. Personne n'a signé sa pétition en faveur des éléphants de Dubaï. Peut-être parce qu'il n'y a pas d'éléphants à Dubaï, il sait pas, il est trop défoncé. Il va dans sa chambre et s'affale sur le lit. Il sent une masse chaude et douce... Il ne s'en inquiète pas.
- Hé ! fait Maître Panda. Pousse-toi !
- Hmmf... Quoi, gros ?
Le Panda prends la main du Hippie et le reconduit dans sa chambre. Le Hippie aime bien le Panda, il est le seul à le comprendre, surtout en ce qui concerne l'aide aux espèces en danger. Il comprends également pourquoi il se drogue. La vie est une pute, les gens sont méchants, barre-toi d'cet enfer. Et puis, il chante. Le Panda commence à s'en aller.
- Mais reviens, gros. Tu veux pas fumer un peu avec moi ?
- Hum, sans façon. C'est pas trop mon truc... Pardon, ajoute-t-il quand il voit la mine déconfite du pauvre hippie.
- Okay, gros, tant pis j'fumerai tout seul... Comme d'hab.
Le Panda sort et retourne dans sa chambre. Le Hippie fumait lorsque lorsque qu'un cri retentit. Ils le reconnaissent entre milles. Ils l'entendent si souvent quand le Patron est en train de martyriser ce pauvre Geek... Qui entre dans la chambre de l'ursidé et ferme à clé derrière lui. Il a la joue rouge et les yeux baignés de larmes. Second cri, plus rauque. Tout le monde le connait également, c'est le Patron qui le pousse quand sa proie favorite lui échappe. Le Hippie toque à la porte du Panda.
- Ouvre-moi, gros ! J'veux un bout d'rideaux, j'ai fumé les miens c'matin, j'ai pas eu le temps d'en racheter, gros ! Rideeaaaux...
Le Panda ouvre et laisse entrer son ami.
- Déchire un bout, mais pas trop gros, je veux pas que les voisins se posent des questions sur le fait que Mathieu ait un panda de compagnie. Je suis PAS UN PANDA DE COMPAGNIE, PUTAIN !
- Peace, gros, peace...
Le Hippie déchire un bout de rideaux pour le glisser dans sa feuille de papier recyclé qu'il roule et met dans sa bouche.
- Euuh, fait le Geek, qui a séché ses larmes. Merci. Euuh... Je vais d-descendre.
Il ouvre la porte, laissant le Hippie et le Panda seuls, assis côte à côte sur le lit. Le Panda aime bien le Hippie. Il est le seul à vraiment se soucier du sort de son espèce. Il sent son cœur qui bat anormalement rapidement. Le Hippie frôle la main de Maître Panda. Ce dernier essaie de contenir cette envie de la prendre dans la sienne. Mais il se demande pourquoi pas. C'est vrai, pourquoi ne pas prendre la main de ce hippie, le seul qui le comprends, le seul qui... Maître Panda n'ose pas continuer à penser. Il n'ose pas s'aventurer à dire qu'ils sont plus que des amis. Il ne sait pas si c'est vraiment de l'amour qu'il ressent. Il sait seulement qu'il a une terrible envie de lui prendre la main. C'est alors ce qu'il fait, gêné. Le Hippie tourne lentement la tête.
- Moi aussi j't'aime bien, gros !
- Euh...
- Elle est douce ta main, gros...
Le Hippie ne se pose pas ce genre de questions. Quand il a envie de faire quelque chose, il le fait, tout simplement. Il approche alors son visage de celui de son ami. Maître Panda sait maintenant. C'est vraiment de l'amour qu'il ressent pour lui. Alors, il fait de même jusqu'à ce que leurs lèvres se rencontrent. Le Hippie ne se dérobe pas, au grand étonnement du Panda, qui connaît pourtant sa réticence par rapport aux rapprochements corporels. Ce dernier s'éloigne de l'ursidé.
- Moi aussi j't'aime bien, gros, répète-t-il.
