Cher lecteur, bonjour !

Bienvenue à toi, et merci infiniment de t'être aventuré jusqu'ici... alors prends un cookie, installe-toi confortablement, et enjoy !

(le titre de cette fic vient du poème "Peu à peu, puis un vin silicieux", de René Char)

...

Il marche à grands pas à côté de toi, porté par une indignation juste et enflammée, et tu le suis sans te laisser distancer, encore sonné par les révélations qui font écho dans ta tête.

Tu ne peux t'empêcher de l'imaginer, rampant hors de sa tombe, les doigts gourds et pleins de terre, son visage gris tourné vers la pluie, vers le ciel. Tu souhaites de tout ton cœur avoir été présent, avoir pu lui tendre la main, le serrer contre ta poitrine et dire dans ses cheveux tout va bien, tout ira bien.

Il ne parle pas. Les talons de vos chaussures claquent sur le béton humide de la route déserte, et tu risques un regard dans sa direction… il regarde droit devant lui, mâchoire dure et crispée, et tu ne l'as jamais vu plus décidé.

Plus adulte.

Il entre chez toi comme si c'était chez lui, et durant une seconde tu te perds à imaginer un futur où c'est vrai, où tu te réveilles le matin les bras pleins d'un corps encore endormi blotti contre toi, longs cils couleur sable sur joue blanche et calme…

Il ne prend pas la peine d'enlever sa veste, traverse les pièces de ses longues jambes à la démarche inégale, et sa présence fait quelque chose à l'espace impersonnel de la maison, le fait gonfler et vibrer et vivre.

Incertain, tu le suis jusqu'à ta chambre, où il prend place sur l'unique siège disponible, face au miroir… oh.

Tu te figes sur le pas de la porte; un indescriptible sentiment t'envahit, tordant ton estomac, et tu sais que ce qui va se passer est important, capital.

Tu ne dis rien.

Il enlève ses lentilles, et son visage est caché quand il baisse la tête pour libérer ses yeux; ses mains cherchent et tu le vois se crisper quand ses longs doigts se retirent.

Il se redresse, lentilles abandonnées jetées au sol; ses paupières sont closes et tu retiens ton souffle. Ses cils battent, une fois, deux fois, puis il s'affronte. Il regarde droit dans son reflet, iris trop pâles et pupilles éclatées, et tu te sens minuscule devant sa fierté, devant son courage qui ne cille déjà plus.

Il sort une lingette de sa poche, la passe d'une main lente sur sa joue, et une longue bande de peau apparaît, blanche et livide et parfaite… tu es captivé par la prise de ses doigts sur le tissu noir, envoûté par la courbe de sa main.

Il semble soudain se souvenir que tu es là, toujours sur le pas de la porte; ses yeux nouvellement dévoilés se tournent vers toi, et ta tête se vide, pensées et admiration perdues dans la pâleur fière et laiteuse de son regard.

Il se lève, se rapproche. Tu sens sa présence, solennelle, électrique, se concentrer sur toi, et tu revis dans son attention. Sa main se porte à ta joue, et tu sens vaguement, lointainement, la caresse de la lingette démaquillante.

Son geste est impossiblement tendre, doux sur ton visage et sur ton cœur, et son regard plongé dans le tien est clair et sûr. Tu penches la tête quand il passe le tissu sur ton front, et tu vois la nouvelle fierté dans ses yeux, juste et fragile, la fermeté et la force et l'infinie bravoure…

Tes poumons sont trop vides, trop pleins, ta poitrine est en feu… et quand il t'embrasse, tendre et ferme et sûr, tu sais qu'il n'y a rien, absolument rien, que tu ne ferais pas pour Kieren Walker.

...

Voilà, c'était mon tout premier essai dans ce fandom, alors surtout n'hésite pas à laisser une review pour me dire ce que tu en as pensé !

En attendant, je te souhaite une excellente journée, et je te dis à bientôt j'espère ! ^^