EMPATHIE


TIENS MAIS QUE VOILA DONC ? Encore une fic sur SysyTheHotdog et DidiChandouidoui, mais quel hasard extraord- *SBAF* OK, j'ai rien dit ._. Bon bah ANJOUA ! [Sydi]

NB :

Les deux personnes réelles qui inspirent cette histoire ne m'appartiennent évidemment pas, j'ai inventé une partie de leur personnalité pour les besoins de cette fiction. Voilà, ça tombe sous le sens mais je le précise pour la forme.

Et euh… Les gars, si vous tombez là-dessus (pour de vrai, du coup)… Je suis navrée x)

Bonne lecture, les gens ! :)

Arcs-en-ciel, pandas et licornes x3


Chapitre 1


Les « super-pouvoirs », ça fascine tout le monde. Enfin, seulement quand c'est quelque chose d'assez stylé, comme remonter le temps, être invisible ou se téléporter. Bref, dès qu'il y a une manifestation physique pour tel pouvoir surnaturel, ça intéresse, ça impressionne, et je comprends pourquoi les films de super-héros marchent autant. Il y a des effets spéciaux, de la lumière, ça pète de partout. Malheureusement, moi, je n'ai pas ce type de pouvoir. Mais j'en ai un. Particulier.

Pour quelconque raison, je ressens les émotions des personnes grâce à un simple toucher, et ce depuis que je suis petit. Bien évidemment, j'ai mis beaucoup de temps – on peut compter cela en années – à comprendre ce qui se passait, à comprendre ce flot d'informations soudain, ce ressenti atypique qui se propage en moi avec un simple contact. Au fur et à mesure, j'ai réussi à décortiquer et à analyser chacune de toutes ces petites choses qui se manifestaient en moi, comme par exemple du bien-être instantané, des sueurs froides, des pleurs incontrôlables. Cela ne défonce pas particulièrement des baraques, au sens propre comme au figuré, mais mon côté curieux de nature est comblé avec cela, et ça me passionne de savoir ce qui se cache derrière le visage stoïque de quelqu'un ou un silence accablant. Et puis, c'est bien pratique pour comprendre ce que ressent un ami et le réconforter.

Bien que je me serve de ce pouvoir assez souvent en fin de compte, parce que je ne le contrôle pas réellement, j'ai toujours un peu de difficulté à différencier ma gorgée de sentiments dans, parfois, un océan agité de puissants mots silencieux, de picotements, de frissons, de vagues de ressentis à séparer et à étudier. Pourtant, avec le temps et l'expérience, j'ai fini par être à peu près capable de me distinguer dans ce torrent de cette énergie qui nous compose, qui nous rend vivant, qui fait ressortir notre humanité. Car c'est aussi un pouvoir contraignant quand on n'y est pas habitué, et cela m'a mis quelques bâtons dans les roues pour forger ma personnalité. Mais aujourd'hui, je m'en sors plutôt bien.

Ces petits soucis de compréhension de moi-même m'ont donné du fil à retordre socialement, et surtout un manque de confiance en moi. Du coup, je me suis restreint à ne parler de ce pouvoir qu'à ma famille – et encore, seulement mes parents et mes frères et sœurs – car je n'ai pas vraiment envie que le monde entier le sache et qu'on profite de moi pour exploiter ma capacité surnaturelle « d'empathie ». Je veux être considéré comme un humain banal, pas comme un être extraordinaire ou magique. D'ailleurs, c'est parfois ennuyeux ou même gênant d'en savoir beaucoup, voire trop sur les gens qui m'entourent. Cette impression de percer la bulle d'intimité de quelqu'un sans le vouloir me met mal à l'aise et j'ai la désagréable sensation de devenir presque un voyeur dans ces cas-là. Comme quoi, même un « super-pouvoir » a ses défauts.

Cependant, cela me permet tout de même de savoir ce que mes amis ressentent, et c'est bien pratique, comme par exemple lors de la dépression de Didi, où j'ai pu l'aider à remonter légèrement la pente, à ma façon et à mon échelle, en essayant de percevoir ce mal-être complexe qui lui pesait. Malgré mes soucis pour analyser ce tourbillon qui l'emportait à n'importe quel moment vers les pensées les plus sombres, j'ai réussi à le soutenir et à l'amener vers la guérison, avec évidemment l'aide de bien d'autres éléments extérieurs. Et je suis plutôt fier de moi pour savoir utiliser mon pouvoir dans les cas nécessaires. Je ne suis pas un super-héros, mais je peux me féliciter de quelques petites victoires tout de même. De toute façon, je le garde pour moi, même les quelques proches qui sont au courant ne savent pas forcément quand j'utilise ce don.

Aujourd'hui, alors que je suis sur le tournage du 5 Théories sur le voyage dans le temps avec Dylan, je ne pensais pas mettre encore à l'usage mon avantage comme ma contrainte. En effet, le tournage ayant été assez long et intense – surtout pour lui – il laisse l'euphorie l'emporter. Une fois la caméra éteinte, il se rapproche de moi et me prend machinalement dans ses bras, ce qui me surprend un peu, mais je pose mes mains sur son dos, pour une accolade normale, sans ambiguïté, sans message derrière. Enfin, c'est ce que je pensais.

Alors qu'il est collé contre moi, me serrant sans m'étouffer comme le ferait un bon ami, je suis soudainement frappé et submergé par une vague d'émotions et de réactions diverses. Au-delà du fait que je ne m'y sois pas attendu, elles semblent couvrir un message profond, intriguant et difficile à déchiffrer, d'autant plus qu'elles se propagent en moi en une fraction de seconde. Jamais je n'avais ressenti une si forte « énergie » par le biais d'un basique câlin, à un tel point que j'en suis choqué et bousculé. Dans le même temps, une sensation de détente se propage en moi, contrastant avec les battements de mon cœur qui s'accélèrent brusquement. Ma respiration se fait plus irrégulière, mes jambes tremblent un peu à cause de flammes crépitantes et soudaines dans mon ventre, alimentant cette chaleur agréable qui s'empare de ma poitrine.

Je ne sais pas comment réagir sous cette déferlante de réactions aussi violentes que douces, je suis relaxé et en même temps pétrifié, et tous mes sens sont en éveil. Sans que j'en aie le contrôle, mes doigts serrent sa veste, comme pour le garder contre moi, et je frissonne sous sa lente respiration qui effleure légèrement la peau de mon cou, mais qui a l'effet d'un cyclone ravageur en moi. Cette avalanche d'émotions est tellement forte, inattendue et troublante qu'elle m'oblige à reculer, à me séparer de Didi et à me retenir contre le premier mur que je trouve.

Alors que je suis en train de reprendre mon souffle et un minimum de contenance, mon comportement inquiète Dylan qui se rue vers moi, posant une main réconfortante sur mon dos. Ses yeux trahissent de la panique mais surtout un grand nombre de questions qui se confondent dans sa tête. Ce n'est pas la première fois que ce genre de vertige m'arrive, et on m'a déjà bien des fois interrogé sur l'origine de ceux-ci, certains de mes amis croyant que je suis malade. Évidemment, je me suis obligé à mentir pour garder les vraies raisons scellées sous clé, même si parfois, j'aimerais me libérer de ce secret et, dans les moments où il a été le plus dur à assumer, de ce pouvoir intrusif.

Après m'être calmé de cette décharge intense, j'enlève rapidement la paume de Didi qui me touche car, je n'ai pas vraiment envie de ressentir toute son inquiétude et ses doutes qui s'écroulent sur moi, j'ai déjà eu mon lot tout à l'heure. Ses iris bruns ne me quittent pas une seconde et il me demande, préoccupé par mon état :

« - Ça va, mec ? Tu te sens bien ?

- Ouais, t'inquiète, je vais pas collapser non plus, rien de grave.

- Oui mais bon, ça fait quand même plusieurs fois que ça t'arrive.

- Nan mais c'est juste un petit malaise, c'est parce que j'ai pas mangé ce midi.

- Mmh, OK. »

Son ton nonchalant me suffit pour voir qu'il n'est pas satisfait de mon excuse un peu bancale. Je lui lance un petit sourire pour tenter de le rassurer et aussi de le convaincre dans mes propos, mais ça n'a pas l'effet escompté : il lâche un soupir discret puis retourne à la caméra s'occuper de ses propres oignons, mais c'est indéniable que ses doutes persistent sur mon attitude qui peut sembler étrange de temps en temps depuis des années. Sauf que je me rends compte également que la sienne aussi n'est pas banale, puisque cette bourrasque d'émotions qui m'a mis dans tous mes états, elle provient de lui.

Je reste contre le mur quelques instants, à tenter de comprendre le phénomène qui s'est produit lors de notre accolade. Pourquoi cet essaim si puissant et brusque de sentiments très différents les uns des autres a pour origine l'esprit de Didi ? Bien sûr, il m'est arrivé plein de fois de faire des câlins à des amis, à lui aussi, ce qui « activait » mon empathie, mais jamais je n'avais senti une énergie si exceptionnelle émaner de mes potes, même mes meilleurs. Pourtant, j'ai beau étudier son visage et sa posture, j'ai beau avoir vu son inquiétude face à mon état, rien d'autre qui sortait de l'ordinaire n'a émané physiquement de lui. Pas un regard persistant ou inhabituel, pas plus d'affection de sa part, bref, il se comporte comme il s'est toujours comporté avec moi.

Ce qui s'est passé là, c'est vraiment l'exemple qui illustre parfaitement les problèmes que peut me poser mon pouvoir. D'un côté, il peut m'être vraiment utile et me permettre de me mettre à la place des gens et ainsi pouvoir les aider. De l'autre, le fait de ressentir des choses incompréhensibles ou qui me rendent confus de la part de personnes proches qui restent muettes sur ce qui se trame au fin fond de leur crâne, et me retrouver plein de doutes sur quelqu'un, moi-même et notre relation, ce n'est pas super génial. Cela ne me plaît pas tellement de piétiner sur le terrain des secrets flous protégés par le silence, de pénétrer cette coquille d'intimité et de m'apercevoir que je suis complètement perdu.

Je reste silencieux et reviens vers lui, qui est d'ailleurs en train de ranger la caméra. Il remarque ma présence et me lance un bref sourire avant de terminer ce qu'il a commencé. Ce sourire m'aurait, en temps normal, paru sympathique et amical, mais depuis cet événement, je ne peux pas m'empêcher de penser qu'un message se cache derrière ses lèvres qui s'étirent un peu dès qu'il me voit, qu'une vérité qu'il n'ose m'avouer lui brûle la langue et les cordes vocales. Ou peut-être que je me fais simplement des illusions et que je pars trop loin dans mes analyses. Je n'en sais rien, je ne sais pas quelle direction prendre et comment interpréter ce bordel qui m'est tombé dessus.

Didi me fait un petit signe de la main et nous amorçons le chemin du retour pour revenir chez moi. Je profite des quelques minutes où nous marchons sans parler beaucoup pour continuer à réfléchir à ce qui s'est passé, même si je pense ne pas vraiment pouvoir l'expliquer davantage juste en le ressassant dans ma tête. En plus de cela, je suis toujours un peu troublé lors du moindre geste ou contact entre nous, même si c'est juste une main sur mon épaule. Mais, de toute manière, je ne peux m'empêcher d'y songer.

Une fois que nous sommes rentrés, nous en profitons pour casser la croûte, et je constate qu'il m'observe du coin de l'œil pour vérifier que je mange bien, étant donné que je lui ai dit que mon « petit malaise » était dû au fait que je n'avais rien avalé avant le tournage – ce qui est faux, mais il me fallait bien un alibi. De mon côté, je suis encore et toujours en train de me retourner le cerveau à propos de tout à l'heure. C'est très rare que je me sente à ce point perdu face à une « transmission » de sentiments, depuis le temps que j'ai appris à gérer et à décrypter à peu près le phénomène à chaque fois. C'est toujours un peu compliqué de discerner les émotions émanant de l'autre de celles que j'éprouve moi-même, non seulement sur le moment mais aussi en conséquence de ce transfert, mais dans l'extrême majorité des cas, je m'en sors bien et j'arrive à surpasser et à ne pas m'y attarder. Sauf que, dans le cas présent, tout me semble beaucoup plus flou, bordélique et, pour une raison qui me taraude particulièrement, plus intense que d'habitude.