Bonjour.
Fin du calendrier de l'avant que je n'ai pas, et début d'un énième recueil.
Bienvenu à ceux qui ne me connaissent pas! Première fois que je postes sur ce fandom, accueillez-moi bien s'il-vous-plaiiit!
Ce recueil sera un recueil d'OS, sur tout. Des amis, des ennemis, des douleurs, des joies. Des moments de vie, des moments d'amours.
Merci à Niska pour ses conseils de marketing, tu es gold, et à Soran, pour son indéfectible soutient.
Merci à Nev, pour tout, pour toujours.
Je suis partie sur un délire de Noël, et poster aujourd'hui m'as semblé adéquat étant donné que demain ce sera surement la fête du slip.
Pairing : Wolstar.
.
.
Être un loup-garou, ça craint.
Être gay aussi.
Ces deux informations font de moi quelqu'un qui craint.
Et c'est exactement pour ça que je cache ces deux parties de moi à tout le monde.
J'ai pas énormément d'amis, donc à priori, ce n'est pas censé être difficile. Sauf que mes amis s'appellent James Potter, Peter Pettigrew et Sirius Black. Sirius est le pire. Pour une raison inconnue, il remarque toujours quand je disparais aux pleines lunes, et il arrive aussi très bien à me prouver que mes excuses sont bidons Mais je préférerais encore leur avouer mon homosexualité que ma lycanthropie. Alors je continue à chercher des excuses.
Listes des trucs bidons pour PL (pleine lune) : Ma mère est malade / Travail à la bibliothèque / Endormissement / Devoir de préfet / Petite amie?
Je soupire et froisse la feuille entre mes mains.
Cacher un secret, c'est chiant. En cacher deux, c'est pire. Mais comment annoncer à vos meilleurs amis que vous êtes gay? Au détour d'une conversation? En ramenant un mec? Cash, comme ça? Je crois que plus j'y réfléchis, et plus ça devient compliqué et difficile de me résoudre à le faire. Pourtant, je n'y suis pas obligé, je pourrais juste leur dire quand je serais amoureux, mais quelque part, un bout de moi a envie qu'ils sachent.
Mais je continue de leur cacher, parce que c'est tellement plus facile.
La facilité, ça me connait. Pas que je sois lâche, ou couard, mais les solutions les plus simples sont souvent celles que je choisis.
"Remus, tu fais quoi ce soir?"
Comme si j'avais milles choses à faire dans ce château en effervescence. Les fêtes de Nöel approchent, et avec elles, le départ des étudiants. Comme chaque année, je reste ici. Pas que je ne veuille pas voir mes parents, mais ma famille, elle, ne veut plus me voir depuis ma "transformation". Comme si ce n'était pas moi qui en souffrait le plus, ils se permettent de refuser ma présence.
Je hausse les épaules, et James se penche par dessus mon livre, me cachant la vue des mots qui s'entremêlent gracieusement dans le nouveau roman que ma mère m'as envoyé.
"Tu es sûr de pas vouloir qu'on reste, Pete et moi, avec vous?
-Mais non, eh, à croire que je suffis pas!
-J'ai jamais dis ça!"
Sirius et James adorent se chamailler. Je dois passer la moitié de mon capital temps à les regarder faire ça.
Comme tout les ans aussi, Sirius reste aussi à Poudlard. Sa famille n'a pas vraiment les mêmes visions que lui, et il préfère jouer aux échecs et à la bataille explosives avec moi plutôt que d'être avec son frère et sa mère. Pourtant, quand il me parle de Regulus, je sens dans sa voix qu'il regrette la distance entre eux. Mais Sirius refuse d'être en contact avec quelqu'un qui croit que le Seigneur des Ténèbres peut nous sauver. Moi aussi.
"Bon, puisque ces messieurs n'ont pas besoin de notre présence pour passer une agréable fin d'année, allons faire nos valises, Peter!"
Je les regarde s'éclipser dans les escaliers en pierre menant au dortoir de garçons, et Sirius s'affale à côté de moi, un bras autour de mes épaules.
"Alors, lorsque nous aurons tout le château pour nous, que voudras-tu faire?"
Je souris en coin, et fais semblant de réfléchir. Sirius sait que jamais je ne provoquerais une situation illégale, mais il sait aussi que je le suivrais s'il décide d'en créer une. Evidemment, c'est ce qu'il a en tête.
"Pourquoi ne pas faire nos devoirs, mh? Il me semble que nous avons deux parchemins d'études des potions à rendre pour la rentrée."
Mon meilleur ami lève les yeux au ciel.
"Qu'est-ce qu'on s'emmerde avec toi!
-Je suis juste sage, nuance.
-Sage? Sage, ça serait si tu nous disait d'arrêter, mais en fait, tu rigole autant que nous!"
Je rougis, et secoue légèrement la tête. Il la bloque avec son bras, je tente de me dégager, et on finit emmêlé sur le canapé de la salle commune, à tenter mutuellement de se faire tomber sur le sol.
Ses cheveux trop longs me tombent sur le visage, et je me retrouve à manger de ses mèches noires. Il éclate de rire devant mon air boudeur, et se penche pour embrasser mon front.
"T'es le plus mignon, tu le sais, ça? Tu veux toujours faire comme si tu étais gentil, alors que ton âme est aussi noire que la nôtre! Alors, je répète : que veux-tu faire d'interdit, lorsqu'ils seront partis?"
Je le pousse et me redresse.
"Mes devoirs et lire, voilà ce que je veux faire! Et arrête de me prendre pour ton enfant!"
Il soupire, mi-amusé mi-agacé.
"Quand est-ce que j'ai fais ça?
-Personne ne me fait de bisous sur le front à part ma mère. Es-tu ma mère?
-Rem, c'était affectueux! Tu sais que je t'aime!"
Sirius doit être le seul garçon que je connais qui exprime aussi facilement ses sentiments. C'est aussi le seul à s'agiter pour tout et rien, à tomber amoureux tout le temps, de tout le monde, et à faire le plus de conneries possibles. Parfois, ça m'agace, mais quand je prend le temps d'y penser, je me dis qu'ici, dans cette salle commune, ou dans notre dortoir, ou dans le château entier, ce doit être le seul endroit où il s'est jamais amusé de sa vie. Sa mère est froide et dure et son frère a hérité de ces… atouts. Quand à son père, il n'en parle jamais.
Mais Poudlard est sûrement le reflet de nos enfances envolées trop vite.
Devenir un loup-garou a fait de moi un enfant solitaire, et Sirius n'a jamais été autorisé à rire aux éclats chez lui. Alors, juste voir encore son sourire, je cède lorsqu'il propose de s'infiltrer dans le bureau de Dumbledore, demain, après les départs.
James nous serre dans ses bras, suivit de Peter, emmitouflé dans sa doudoune.
"Faites pleins de bêtises!"
N'importe qui d'autre aurait dit "Pas de bêtises", mais James étant James… Je fais mine d'être irrité, et il passe sa main dans mes cheveux.
"Allez, un sourire le bébé intello!"
Je chasse ses doigts de ma tignasse décoiffée en râlant.
"Je suis pas un intello!
-Mais tu es un bébé!
-Non plus!"
Ils aiment un peu trop me donner des surnoms desquels je me plains, mais une part de moi les aiment. Parce qu'avant eux, personne ne me donnait de surnoms. En fait, avant eux, personne, excepté mes parents, ne m'appelait. Personne ne connaissait ni mon prénom, ni la couleur exacte de mes yeux, ni ma propension à me souvenir de chaque détail d'un cours, même inintéressant. D'où le fait qu'ils pensent que je suis un intello.
La vérité, c'est que les premières années après la morsure, je les ai passé à faire l'école à la maison. Ma mère avait peur pour moi, pour les autres, pour tout. Alors la seule chose à laquelle je me raccrochais, c'était ces cours. Les cours qu'elle tentait de me prodiguer, pour que je reste au niveau. Les cours que je lisais dans les livres, et que j'apprenais, par cœur, pour me donner l'impression d'être occupé et utile.
Et peut-être que je suis un intello, mais si ça peut me donner le sentiment de maîtriser au moins quelque chose, alors je veux bien l'accepter.
Parce qu'on pourra dire tout ce qu'on veut, mais les amitiés, ça se contrôle pas. C'est comme la vie, ça va, ça vient. C'est le genre de sentiment qui n'as pas de fin, ni de limite, et qui n'en fait qu'à sa tête. Je ne peux pas dire où commence Sirius, ni où se termine James, parce qu'ils sont un tout. Je ne peux pas non plus leur demander de choisir entre Peter et moi, parce que je sais qu'il n'y a pas de réponses à ça. C'est nous 4 ou rien.
Et cette intensité, cette certitude d'appartenir à quelque chose de plus grand que juste moi, c'est ça qui me donne le goût de la liberté. C'est ça qui me laisse rire à leurs débilités, et qui ne m'empêche pas de les suivre pendant leurs escapades risquées. Parce que maintenant, je suis avec eux. Ils sont avec moi.
Et c'est tout ce qui compte.
James et Peter montent dans le Poudlard Express, et, sur le quai, nous leur faisons de grands signes d'au revoir. Nous regardons les wagons s'élancer à toute allure sur les rails, et une fois qu'ils sont hors de notre vue, nous retournons au château.
Ce moment, ces moments, où nous sommes juste deux, nous demande toujours un temps d'accoutumance. Celui durant lequel on réalise que James ne viendra pas s'allonger sur nous pour s'incruster dans la conversation, ou que Peter ne sera pas là pour nous rappeler où nous avons laissé traîner nos robes. Nous montons les escaliers vers notre salle commune après s'être arrêter prendre des biscuits à la cannelle dans les cuisines, et nous nous s'affalons dans notre canapé. Celui en face de la cheminée, une table basse les séparant. On retire nos chaussures et on pose nos pieds sur le pauvre meuble, laissant nos chaussettes humides de neige sécher grâce au feu brûlant.
La pièce est calme, contrairement à d'habitude. Pendant les fêtes, nous sommes à peine une vingtaine sur les 300 élèves annuels à rester. Cette année, il semblerait que nous sommes les seuls gryffondors à célébrer le passage de l'année ici.
"Rem?
-Oui?
-Est-ce que tu crois qu'on mangera à la table des professeurs cette année?
-J'espère pas, sincèrement. C'était déjà assez horrible, l'année dernière.
-C'est clair."
Le silence revient, et je reste là, à regarder le feu rongé le bois dans l'âtre. La plupart du temps, c'est artificiel, autant les flammes que la chaleur. Mais maintenant que tout le monde est parti, et que nous sommes 2, Dumbledore nous laisse regarder la véritable beauté d'un brasier incandescent.
"Rem?
-Oui?
-Est-ce que tu crois que Snivellus est rentré chez lui, cette année?
-Qu'est-ce que j'en sais. On s'en fiche, non?
-J'aimerais bien aller l'emmerder, si il est là."
Je soupire, agacé. Je n'apprécie pas Severus Snape plus que ça, mais cet acharnement de sa part et de celle de Sirius m'énerve un peu. Cela dit, je me retiens bien de leur dire. Qu'est-ce que ça changerait ?
"Rem?
-Oui Sirius.
-Je te soule ?
-Là, tout de suite, oui. Tu veux pas te taire et apprécier le silence, pour une fois?
-J'essaie.
-Alors essaie plus fort."
Je l'entends gigoter, et il finit par s'allonger en chien de fusil, la tête sur mes genoux. Je souris, amusé par sa facilité à faire ce genre de chose.
Sirius a des facilités pour beaucoup de choses, en vérité. Pour dire ses sentiments, pour les contacts physiques, pour les études, pour les relations. Moi, c'est tout le contraire. La plupart du temps, j'ai peur de dire ce que je ressens. Je n'ose pas trop toucher les autres, à cause de ma force de loup, je dois travailler pour obtenir de bonnes notes, et je suis nul pour tisser des liens.
Sirius est le premier à m'avoir parlé, quand je suis arrivé. Il est celui qui m'as poussé à m'ouvrir, à rire, à parler, à m'exprimer. A être moi. Poudlard, c'était inespéré. Sirius, encore plus. Et tout ce qui en a découlé, et qui en découle toujours, c'est pareil.
Je n'aurais jamais pensé être capable d'avoir des amis. Pas des aussi forts, aussi sincères. Pas des qui s'inquiètent quand je me tais pendant le repas, ou qui me défendent quand quelqu'un se moque de mes vêtements démodés.
Je n'aurais jamais pensé me sentir aussi bien avec quelqu'un aussi proche de moi que l'est Sirius.
Je m'amuse à défaire les noeuds qui se font dans ses cheveux. Il ne se coiffe jamais, et je me retrouve toujours à lui scruter la tête pour m'en occuper à sa place. Si je le laissais faire, il aurait au moins une dizaine de dreadlocks sur le crâne.
"Remus ?
-Quoi encore ?
-Tu penses qu'on aura des cadeaux sous le sapin ?"
Mes doigts se figent entre ses mèches, et je laisse le silence répondre pour moi.
"Toi, tu en auras. Ta mère, au moins. Elle pense à toi."
Mon coeur me fait mal.
"Peut-être que Regulus aura plus de cadeau, pour compenser.
-Arrêtes, tu te fais du mal.
-Bien sûr que je m'en fais. Tu crois que c'est facile, quand tout le monde rentre, de rester ici parce que ta famille sont des putains de mangemorts?
-Sirius!
-Quoi, Remus?"
Je ne sais pas quoi dire, alors je me tais, et je plaque mes mains contre ses tempes, pour les masser. Inconsciemment, son malaise et sa tristesse déteignent sur moi, et j'ai envie de pleurer pour lui. Sirius ne pleure jamais.
"Remus?"
Je penche la tête, et nos regards se croisent.
"Merci. De vouloir pleurer pour moi, et de le faire si souvent. Merci de prendre soin de moi pendant les fêtes. Je ne sais pas ce que je ferais si tu partais, toi aussi."
Il dit ça comme si j'étais spécial, comme si, si moi je partais, ça serait la goutte d'eau de trop. Je ne sais pas pourquoi ça me fait autant plaisir.
Et d'un coup, j'ai envie de lui dire. De tout lui dire. De me libérer de ce poids sur mon coeur, sur mes épaules, sur mon estomac. De cette boule dans mon ventre et ma gorge. Je me dis que c'est le moment ou jamais… Et puis Mary MacDonald entre dans la salle commune. C'est une amie de Lily, l'élue du coeur de James.
"Oh, vous restez, vous aussi?"
Elle nous sourit, et Sirius se redresse.
"Toi aussi? C'est cool!"
Elle hausse les épaules, et je sens dans son regard que c'est la première fois pour elle.
"Je venais juste prendre mes bottes, ils font une bataille de neige dehors, ça vous tente?"
Evidemment, Sirius se jette sur l'occasion, et m'entraîne dans son sillage pour nous habiller chaudement.
Et je me retrouve dehors, dans le froid, à faire des munitions pour mon meilleur ami.
"Regarde ça, Rem, en plein dans la face de cet abruti de Warren."
Je le laisse croire qu'il vise mieux que moi, juste parce que ça paraîtrait louche que je me mette à toucher en pleine tronche ceux qui sont à 50 mètres.
Puis, au bout d'un moment à lui confectionner des boules, cacher derrière un rempart, je commence à m'en foutre. Alors je me redresse et lance sans hésitation ma dernière confection sur un élève de poufsouffle dont j'ignore le nom. Il pousse un cri d'hébétement lorsque le projectile s'écrase sur son nez, et j'éclate de rire. Mary s'élance vers moi en me faisant le V de la victoire, et me saute sur le dos. Elle passe ses bras autour de mon cou, et je lui souris pendant qu'elle vante mon lancer "prodigieux". Elle finit par quitter mon espace vital, et je me sens un peu mieux. Les seules personnes que je laisse faire ça sans problème sont James, Peter et Sirius. Les autres, je me sens toujours un peu agressé.
Mais Mary est gentille, et l'euphorie de la bataille me gagne, alors je laisse ce non-événement de côté. Lorsqu'elle s'éloigne pour courir après Brandon, un serdaigle plus jeune que nous, je me tourne vers Sirius, et tombe dans son regard ébahi.
"Sirius?
-Remus, tu as vu la distance à laquelle tu viens de toucher ce gars?"
Je fais semblant de pas savoir, mais il m'agrippe le bras quand je m'éloigne vers un tas de neige.
"Pourquoi tu n'as pas repoussé Mary?
-Hein?
-Ca te gène, non? Les contacts.
-C'était pas important. Allez viens, on a une guerre à gagner, toi et moi!"
Il me suit, l'air un peu cotonneux, et finit par se réveiller lorsque je lui plaque ma main gelée dans la nuque. Il pousse un cri peu viril, et j'ai à peine le temps de me réjouir de cette réaction que je mange déjà de la neige. On abandonne lâchement les autres pour se rouler par terre, et, envahit par l'ambiance hors du temps, les rires des autres et le blanc immaculé dans lequel nous sommes couchés, je débride ma force. Je me retrouve assis sur lui, son bonnet quelque part dans l'étendue poudreuse, avec le mien. Nos cheveux sont aussi pâle que le sol, et nos doigts aussi glacés que le temps.
"Mais t'as mangé quoi aujourd'hui?"
Il a l'air sincèrement déstabilisé par ce soudain revirement de force, et je me redresse en lui tendant une main. J'évite la question suffisamment longtemps pour qu'il oublie qu'il l'a posé en cherchant mon bonnet, et je finis par abandonner.
"Je vais rentré, j'ai trop froid.
-Je viens, j'ai de la neige jusque dans le caleçon sérieux, elle va tomber."
Je lève les yeux au ciel, mais je pouffe dans mon écharpe.
Parfois, il nous faut du temps pour nous habituer à être seulement deux. Mais cette année, il nous a fallu 1 heure devant un feu et une bataille de boules de neige pour nous sentir bien.
Nous sommes un groupe de 4, mais Sirius et moi, on est proches différemment. Je lui en suis reconnaissant de m'avoir prit sous son aile, et lui, je sais qu'il chérit mon côté calme et taquin. J'apaise son tempérament de feu, en quelque sorte.
Parfois, j'ai l'impression que si je n'étais pas là pour lui dire que faire telle ou telle chose n'est pas sympa ni drôle, il n'aurait pas de limite. Il aime tellement blaguer qu'il ne rend pas compte qu'il peut aussi blesser, en allant trop loin. James est taillé dans la même roche, et Peter n'osera jamais leur dire que c'est trop. J'ai mis du temps à le faire, mais quand je sens qu'ils abusent, je refuse de participer. Et comme je sais que c'est nous 4 ou rien, ça évite des catastrophes diplomatiques.
"Remus, mes doigts vont se casser en deux…
-Tu n'es pas assez en hypothermie pour ça, idiot.
-Je rigole pas… Tout mon corps va se transformer en glace."
J'attrape son bras et le tire dans les escaliers.
"Attend d'être dans les dortoirs alors, parce que si Rusard nous attrape en train de dégouliner sur son sol, il va criser.
-Comment ça j'attend ?"
Son ton indigné me fait rire, et nous atteignons finalement le portrait de la Grosse Dame, qui garde la tour Gryffondor.
"Guirlande!"
La porte s'ouvre pendant que la Grosse Dame roucoule sur nous. Elle nous aime bien. Elle nous aimerais moins bien si elle entendait Sirius parler, dès qu'elle se referme.
"Franchement, Guirlande ? Ses choix sont nuls, Rem, chaque semestre c'est pire."
Je le laisse râler pendant que nous rejoignons les douches. Nous abandonnons notre fausse pudeur en balançant nos vêtements détrempés sur le sol, et nous nous jetons dans deux cabines voisines. J'allume l'eau au maximum du chaud, quitte à me brûler, et me frictionne de savon à l'odeur de rose. J'arrête assez vite de trembler, et je m'adosse au mur, dans un gémissement de bien-être.
"Remus, tu te branle pas hein?"
Pendant deux secondes je pense à lui répondre, puis je me rend compte que j'en ai rien à foutre. Je suis trop bien pour bouger, ou parler. Qu'il pense ce qu'il veut.
"Remus?"
L'eau continue de me rincer, et je baisse les yeux vers mon torse, parsemé de cicatrices. Aucun d'eux ne m'a jamais demandé d'où elles venaient, et tant mieux, parce que je devrais mentir. Je ne peux pas leur dire que ce sont des marques des quelques fois où je me suis battus avec d'autres loups-garous. Ces quelques fois ont été suffisantes pour me redonner le goût à la vie, que j'avais perdu en même temps que ma liberté lunaire.
"Tu penses à quoi quand tu te branles ?"
J'interromps mes pensées pour soupirer.
"Sérieusement ? Pas à toi.
-Je m'en serais douter!
-J'aurais pû, cela dit."
Voilà. C'est sortit tout seul.
Je n'avais pas l'intention de le dire, enfin, pas là, pas tout de suite, mais c'est fait.
"Comment ça, tu aurais pû?"
Je plaques mes mains sur mon visage, et ferme mes yeux si fort que j'en vois des points noirs. Je n'ai pas du tout envie de répondre à cette question, surtout posée si innocemment. Sirius est un peu bête des fois.
"Remus?"
Je me mure dans mon silence, et c'est encore pire. J'entends le bruit de l'eau qui se coupe, d'une cabine s'ouvrir, se fermer, et puis il entre dans la mienne.
Comme ça.
Je laisse tomber mes mains de devant mes yeux.
"Mais!"
Il me regarde, l'air de me défier de le dégager, et je grogne contre lui.
"Remus, c'était quoi ça?"
Je n'ose plus répondre, ça y est. Je suis figé, face à lui. J'aurais dû me taire.
"Remus, est-ce que tu es gay?"
Je vais m'évanouir. Je suis quasiment sûr que c'est pire que l'inquisition.
"Remus, je vais pas te frapper ou quoi, tu peux arrêter de me regarder comme ça, s'il-te-plaît?"
Je secoue la tête, et il soupire.
"Rem, sérieusement? Tu crois que je vais faire quoi? Te brûler, te flageller? On s'en fout, d'accord? Allez, sors de là, idiot."
Il me tire un peu fort, et éteins l'eau derrière moi. Je m'enroule dans une serviette, et je me retourne vers lui. Quitte à faire de ce moment le pire de ma vie, autant le rendre pire jusqu'au bout.
"Je suis un loup-garou, aussi."
Il me fixe, sa serviette dans ses cheveux, et fronce les sourcils, comme s'il n'était pas sûr de comprendre.
"Et donc?"
Et donc? Il devrait réagir, non? Me dire que je lui ai mentit, que je leur ai tous mentit. S'énerver, me crier dessus, me dire que je suis un con.
Sauf qu'il a l'air de s'en foutre.
"Remus, tu me dis ça tellement sérieusement. Que tu aimes les queues et que tu hurles à la lune, j'en ai rien à faire. Je t'aime quand même. Tu restes Remus Lupin, le garçon le plus important pour moi. Ok? Maintenant, on s'habille, et on fait comme d'habitude, parce que ça change rien, tu m'as compris? Ca change rien du tout."
Et il quitte la salle de bain pour aller fouiller dans son placard.
Je reste quelques secondes là, mon cerveau tournant à plein régime, et un élan d'amour me prend aux tripes. J'enfile un caleçon, un pantalon et un pull, et me précipite vers lui. Il est encore bloqué devant ses vêtements, comme s'il en avait trop pour choisir. Ce qui est le cas. Je l'enlace, mon torse contre son dos. Je remarque pour la première fois qu'il est quand même plus grand que moi de quelques centimètres.
"Eh!"
Il se retourne, et je le lâche.
"Que me vaut le plaisir d'un câlin d'un louveteau sauvage?"
Et encore un surnom à ajouter dans la collection.
Il referme ses bras autour de mon cou et me serre contre lui. Je me laisse faire, et lorsqu'il me lâche, je lâche :
"Par contre, ne rentre plus à poil dans ma douche, c'était très gênant.
-Oups!"
Il n'as pas du tout l'air désolé, alors je lui donne un coup de coude, et on termine la journée comme ça. Juste nous deux, à rire, à jouer à des jeux auxquels on perd trop, et à se chatouiller quand on en a marre.
Etre avec Sirius, c'est libérateur. Je n'ai plus besoin de penser à rien.
Parce que je sais qu'il m'accepte, et qu'il m'aime.
Le 25 matin, Sirius dort toujours super tard. Peut-être parce qu'il n'as pas envie de voir qu'il n'y rien sous le sapin pour lui. Sauf que cette année, il y a deux paquets qui l'attendent, sagement posés sur ses chaussures, qu'il a laissé là seulement parce que je l'ai forcé.
Je le réveille en me jetant sur son lit, et il s'agrippe à moi dans une étreinte forcée. Sirius au réveil…
"Sir', debout, y'a des trucs pour toi!"
Il se redresse, me faisant tomber sur lit, et je râle en me frottant la tête. Ma future bosse à l'air d'être le dernier de ses soucis lorsqu'il se lève et court pour constater de ses propres yeux. Je descend derrière lui, et croise Mary, qui me souris.
"Bien dormit?
-Oui, et toi?"
Elle se met à babiller sur sa nuit silencieuse depuis que les autres sont rentrées chez elles, et je décroche pour regarder mon meilleur ami déchirer ses papiers cadeaux avec une joie débordante. J'ai envie d'immortaliser cet instant à jamais sous mes paupières, parce que la première chose qu'il regarde, avant même son cadeau déballé, c'est moi.
"Viens regarder avec moi!"
Il a l'air d'un enfant, ce que nous sommes encore un peu, et je m'approche. Mary se moque gentiment de lui, et s'assoit par terre pour récupérer les siens.
J'aime un peu plus Sirius à chaque minutes de ma vie, mais là, c'est encore pire. Je ne l'avais jamais vu si .. rayonnant. Le premier cadeau est un recueil de contes. Signé par ma mère, et je lui en suis tellement reconnaissant. Le second, un sachet de bonbon à la violette, le nouveau truc de notre cher directeur. Ce qui me fait penser que nous n'avons finalement pas pénétré son bureau. Tant mieux.
Sirius serre ses présents contre son coeur. On dirait que ce sont ses trésors.
Il se lève, et je le suis dans notre dortoir. J'abandonne Mary, mais elle n'as pas besoin de moi. Sirius, si.
Il me fixe, avec une lueur étrange dans les yeux.
"Remus, tu sais ce qui rendrait mon Noël encore plus parfait?"
Je secoue la tête. Je n'ai pas ouvert mes cadeaux, mais je m'en fiche. Tout ce qui compte, c'est mon meilleur ami.
"Ce que je voulais le plus, cette année, c'est que tu arrête de penser que je suis ton meilleur ami."
Mon coeur rate un battement.
"Quoi?"
J'ai la bouche sèche. Il ne l'aime plus?
"Je voulais vraiment pouvoir… Arrêter de m'en vouloir de penser à toi comme ça. Mais tu ne montrais aucun signe, rien. Et puis, tu m'as dis ça, l'autre soir. Alors j'ai eu l'audace de m'imaginer que peut-être, j'avais une chance que je ne sois pas le seul."
Je comprend plus rien.
Il pose son livre et ses bonbons sur le lit.
"Tu es vraiment le plus mignon, Rem. Tu mets vraiment du temps à comprendre les sentiments des autres, même quand ils te les montre et qu'ils te les disent."
Il s'approche de moi, et attrape mon menton dans sa main.
"Je suis amoureux de toi, petit loup. Tu n'avais pas deviné?"
Je me sens rougir, et je me demande vaguement si c'était ça. Si c'était, qui le poussait à m'embrasser sur le front, à me dire qu'il m'aimait si facilement, et à ne pas comprendre pourquoi je laissais Mary m'approcher. Puis, je me demande si c'était aussi ça, qui moi, me poussait à me sentir contrarié lorsqu'il disparaissait longtemps, sans moi.
Puis je me pose plus de question, puisqu'il fait apparaître une branche de houx au dessus de nos têtes. Il hausse les épaules.
"Juste une excuse."
Et il se penche pour poser ses lèvres sur les miennes. Juste comme ça, quelques secondes. Il appui à peine, et c'est doux, tendre… amoureux?
Et il recommence plusieurs fois.
Et je suis vraiment naïf, vraiment, parce que quand il arrête, je me demande comment j'ai pu vivre sans cette sensation de légèreté et de bien-être.
Comment j'ai pu ne pas comprendre ? Ne pas comprendre que moi aussi, moi aussi j'étais amoureux, tout ce temps?
Peut-être que je suis jeune, peut-être que je ne sais pas vraiment ce que c'est d'aimer, ni comment faire, mais ce que je sais, c'est que Sirius n'est pas comme les autres.
Lui, il fait battre mon coeur tellement plus fort, avec tellement plus d'intensité.
Alors je m'en fiche si je crains, parce que je crains, mais avec Sirius à mes côtés. Et c'est mieux d'être nul avec lui, que d'être nul sans lui.
.
.
Joyeux réveillon, joyeux Noël, mes cadeaux à moi seront vos retours.
