Bonjour à tous !
En attendant que l'inspiration me revienne pour "Nemesis", je change complètement d'univers... pour tenter celui de Saint Seiya ! J'ai découvert ce chef-d'œuvre grâce à mon mari. Depuis, je n'en décolle plus (du manga comme de mon mari :P ) ! Sauf quand c'est l'heure d'aller bosser... Ce qu'il faut savoir avant de lire cette histoire, c'est que je n'ai pour l'instant vu l'anime que jusqu'au chapitre "Hadès" (et les films, ceux de 1987, 1988 et 1989). J'avance doucement dans les mangas... Donc pas de références (volontaires, du moins) aux autres arcs.
A la fin de l'arc "Hadès", j'étais frustrée, j'avais l'impression qu'il manquait quelque chose... il n'est fait nulle part mention de Perséphone (et dans la mythologie, le couple Hadès/Perséphone me fascine, entre autres choses), par exemple. Alors mon imagination a pris le relais... Et voilà comment est née l'idée de cette fanfiction. Et même si j'adore lire des fanfictions sur des couples comme Shun-Hyôga, je ne me sens pas capable d'en écrire moi-même... Vous voilà prévenus !
Je ne sais pas ce que ça vaut. Mais je vous souhaite quand même une agréable lecture ! Au plaisir de vous lire :)
Disclaimer : les personnages de Saint Seiya ne m'appartiennent pas, et je ne gagne pas un yen en publiant cette fanfiction.
Chapitre 1
Vers un monde baigné de tristesse.
Les yeux fixes et froids du chevalier lui firent courir des frissons glacés le long de l'échine, comme à chaque fois qu'elle lui rendait visite.
Saori s'efforça de sourire, s'approcha du lit où gisait son plus fervent protecteur, posa une main fraîche sur son front pâle.
– Bonjour, Seiya, dit-elle doucement en repoussant une mèche de cheveux fins et cassants.
Sur le drap blanc de l'hôpital, les bras reposaient, inertes, amaigris. La vue du corps décharné, des os pointant ici et là sous le coton, souleva à nouveau le cœur de la jeune fille.
– Oh, mon pauvre chevalier... souffla-t-elle. Reviens parmi nous, s'il te plaît.
Mais le regard éteint de Seiya fut sa seule réponse – comme toujours. Il n'y aurait pas d'autre miracle. Le coma de Seiya durait depuis presque trois mois maintenant. Saori avait pourtant utilisé son cosmos, à plusieurs reprises, pour tenter de faire revenir le chevalier Pégase à la vie, pour l'appeler, du fin fond du monde de ténèbres où il se trouvait... en vain. Elle ne ressentait même plus la présence du cosmos du chevalier. C'était une coquille vide, dont l'âme s'était égarée, quelque part ; seul le cœur battait encore.
– Comment va-t-il ? fit une voix derrière elle.
– Son état est stationnaire, répondit la jeune fille sans se retourner – elle connaissait trop bien ses chevaliers pour cela. Okaerinasai, Hyôga.
Le chevalier du Cygne tira une chaise à côté de la sienne et s'y assis à l'envers, croisant les bras sur le dossier. Saori l'accueillit avec un sourire sans joie.
– Quand es-tu arrivé au Japon ?
– À l'instant. Je suis venu directement de l'aéroport.
Ils gardèrent le silence quelques minutes, contemplant leur ami alité. Saori se sentait infiniment triste malgré la présence bienvenue de Hyôga. La jeune fille finit par tourner la tête vers lui, aperçut les cheveux blonds, tirant sur l'or, et le bandage qui lui couvrait l'œil.
– Comment vas-tu ? demanda-t-elle finalement.
– Plutôt bien. J'ai passé deux mois en convalescence en Sibérie. Je suis parfaitement guéri maintenant.
– As-tu des nouvelles de Shiryû ?
– Il se remet aux Cinq Pics, grâce à Shunrei.
– Tant mieux...
Ils s'étaient tous séparés si vite, après leur retour des Enfers... Saori sentit son cœur se serrer à cette pensée. Mais pouvait-elle les en blâmer, ses si proches amis, après tout ce qu'ils avaient subi pour la sauver – encore une fois ? Un mois à peine pour se reposer, admettre que l'état de Seiya ne changerait pas, que les médecins, Miho et Seika s'occuperaient bien de lui, pleurer la mort des Chevaliers d'Or... puis Shiryû était reparti aux Cinq Pics, et Hyôga en Sibérie. Ikki avait, quant à lui, tout simplement disparu, une fois de plus. Son jeune frère avait préféré ne rien montrer de sa peine, et rester au manoir Kido.
Saori aperçut un sac de voyage dans un coin de la chambre d'hôpital, posé sur l'imposante urne de l'armure du Cygne. Elle soupira, croisa le regard bleu acier de Hyôga lorsqu'elle tourna de nouveau la tête vers Seiya.
– Vous n'avez pas à vous sentir coupable, Saori-san, dit Hyôga. Seiya vous a protégée de l'épée d'Hadès. C'était non seulement son devoir, mais aussi son choix.
– Et crois-tu que cela me fasse me sentir mieux ? dit-elle d'une voix brisée par les larmes. Crois-tu que, sous prétexte que je suis la réincarnation d'Athéna, je puisse décemment m'empêcher de pleurer tous ceux qui sont morts en mon nom ?
– Non, je ne crois pas, Saori-san, répondit doucement Hyôga.
– Les Chevaliers d'Or ont donné leur vie, poursuivit Saori qui gardait les yeux fixés sur le jeune homme alité et tentait vainement de retenir ses sanglots. Shun, Shiryû et toi avez tant souffert pendant toutes ces batailles... et Seiya... Seiya...
Saori cacha son visage dans ses mains et laissa libre cours à son chagrin. Hyôga, gêné, infiniment triste lui aussi, chercha une réponse qui puisse la réconforter. Les Chevaliers n'étaient entraînés qu'à protéger Athéna contre ses ennemis, pas contre elle-même...
– Seiya est plus résistant qu'il n'y paraît, finit-il par dire sans quitter son ami du regard. Il finira par revenir, j'en suis sûr.
La jeune fille renifla, se calma, essuya ses joues mouillées de larmes.
– Oui... oui, tu as raison.
Elle inspira un grand coup, se redonna une contenance, puis alla ranger sa chaise dans un coin de la pièce, avant de recouvrir soigneusement le corps inerte d'une couverture épaisse.
– Pardonne-moi de m'être donnée en spectacle, Hyôga. Tu dois être fatigué de ton voyage. Viens, rentrons au manoir.
oOo
Les souvenirs se confondent aux rêves ; parfois, ils émergent à la surface de votre conscience, glissant tels des serpents au moment où vous pensiez parvenir à les saisir, et ils vous marquent sans que vous ne vous en rendiez compte.
Il en allait de même, à cet instant, pour le chevalier d'Andromède.
Les yeux rivés sur une photographie jaunie, il détaillait chacun des enfants alignés sagement derrière Tatsumi, et ses lèvres esquissaient les noms, un par un. Seiya d'abord, reconnaissable à son air bravache et ses genoux écorchés ; Ikki, son grand frère, jamais bien loin ; Shiryû, les bras croisés dans le dos, ses longs cheveux noirs légèrement soulevés par la brise qui soufflait ce jour-là Hyôga, son regard bleu acier braqué sur le photographe ; Jabu, Geki, Nachi... tous, jusqu'au vieux Mitsumasa Kido, les mains posées en un geste protecteur sur les épaules de Saori-san.
Mais l'autre petite fille, à côté d'eux tous, semblait émerger d'un brouillard, comme si la photo, ou sa mémoire peut-être, l'avait jusqu'à présent occultée. Elle se tenait bien droite, tout sourire, entre lui-même, Shun, et celle qui s'avérerait être la réincarnation d'Athéna. Des cheveux d'un noir corbeau, coupés très courts, et des yeux bruns à l'éclat espiègle – le cliché avait été pris juste avant... avant... quoi ? Shun fronça les sourcils, cherchant à attraper ce fragment de passé qui s'obstinait à fuir entre ses doigts, comme de l'eau.
Les souvenirs de son enfance lui revenaient à travers du coton. Il avait l'impression qu'une partie de lui-même lui avait été retirée à son insu. Comment avait-il pu oublier ? Pourquoi ne remarquait-il cette fillette que maintenant, alors qu'il avait contemplé cette photographie de nombreuses fois ? Pourquoi son visage lui paraissait-il à nouveau familier ?
C'était une sensation étrange, et dérangeante. Shun passa le bout du doigt sur le cadre de verre pour en chasser un grain de poussière. Il se doutait qu'Hadès n'avait pas été étranger à cette curieuse résurgence ; lorsque l'âme divine avait pris possession de son corps, le jeune chevalier avait senti la noirceur du maître des Enfers fouiller partout, sans vergogne, afin de s'approprier la plus petite parcelle de son hôte, éveillant des sensations, rappelant des souvenirs dont il n'avait pas – plus – conscience, dont il ignorait jusqu'à l'existence, et dont il ne pouvait affirmer avec certitude qu'ils lui appartenaient. Ainsi, lorsque, de retour au Japon, dans le monde des mortels, Shun avait tenu à retrouver ses propres souvenirs, était-il certain de l'endroit où la retrouver, tout en redoutant ce moment – et s'il s'agissait d'une réminiscence d'Hadès ?
Les moments passés avec elle lui revenaient comme on retrouve de vieux amis : la sensation rassurante de repérer un visage familier, dont les traits s'effacent avec le temps, mais qui paraît tellement évident une fois que vous le voyez à nouveau.
Le nom avait sur ses lèvres un goût de choses oubliées. Kay.
