Bonsoir ou bonjour, je vous présente un récit bien différent de ce que j'ai l'habitude de produire. J'espère que cela vous plaira, et j'aimerais avoir vos avis sur ce petit début. Les prochaines parties seront bien plus longues. Ici je fais une rapide présentation de deux dès quatre personnages principaux, j'espère que ce début vous plaira sincèrement et si vous avez quelques critiques constructive à me donner ( bonne ou mauvaise ) n'hésitez pas :)
Bonne lecture :)
- In Too Deep, Partie I, Big Girls Don't Cry :
Dépassant largement les cent kilomètre-heure, une vieille Chevrolet Camaro bleu continuait son chemin sur la route 160 en direction du parc national du Grand Canyon, rugissante. Ses passagers avaient quittés Denver aux alentours de cinq heures du matin et traçaient leur route sans prendre d'arrêts. La fatigue ne se faisait pas forcément sentir, bien que leurs muscles commençaient à grogner.
Mais le conducteur n'y prêtait pas grande attention, appréciant simplement le calme ambiant qui régnait dans l'habitacle, il n'y avait bien que la voix robotique du GPS qui venait briser le silence ainsi que les minces filets d'air frais qui s'échappaient de sa vitre entre-ouverte. Il laissait de temps en temps son regard se glisser au côté passager, là où avait pris place sa petite-sœur. Celle-ci ne semblait pas réellement prêter attention à son frère et préférait observer presque confusément, le paysage qui défilait derrière la vitre, comme si l'étendu de désert qui s'étalait à l'extérieur renfermait un secret emplit de curiosité.
Quand le véhicule faisait face à des soubresauts, le matériel placé dans le coffre produisait un bruit monstre, inquiétant par instant le blond qui se demandait si il n'avait pas oublié de fermer certains sacs. Puis, il secouait le visage, se disant que de toutes manières, il allait falloir tout déballer en arrivant sur le site.
Le blond retenu un soupir avant de poser son coude gauche contre la portière, profitant calmement du vent qui s'engouffrait bruyamment à l'intérieur. Sa main droite maintenait avec vigilance le volant. Le cuir avait chauffé au fil des heures, c'était presque à contre-coeur qu'il conduisait à présent.
Un grognement l'obligea à détourner son attention de la route.
« C'est vraiment un coin paumé ici… ça fait depuis qu'on a quitté Denver que je capte plus rien. »
Le garçon ne répondit rien et se concentra de nouveau sur la route. Son regard rencontrant par moment des flottement de chaleur émanant du goudron sûrement bouillant. Le garçon avait parfois peur que les pneus finissent par éclater.
Il prit une grande bouffée d'air frais, contemplant du coin de l'oeil sa sœur s'énervant intérieurement sur son téléphone.
« Je pensais qu'on s'était mis d'accord sur ce point : pas de portable pour le week-end, sa remarque se déversa en écho dans la voiture.
- Oui, je sais, répliqua sa voisine, toujours le regard rivé sur l'écran tactile. Mais on est pas encore arrivés, alors je peux toujours essayer de profiter de mon restant de liberté. »
Le conducteur ricana quelques instants avec désespoir puis, dans un geste nonchalant, passa sa main gauche dans ses cheveux. Il ne pouvait pas la forcer à abandonner son smartphone, déjà qu'il l'avait légèrement forcé à l'accompagner camper. Non, décidément, il n'en avait pas le droit.
« Il va bientôt faire nuit, Aden. » commenta de nouveau sa sœur.
Le garçon prénommé Aden posa son regard sur le tableau de bord et discerna l'heure : 19h42.
« Il nous reste encore deux cent kilomètres environ… »
La plus jeune le regarda soudain, comme surprise de ce constat.
« Deux cent-kilomètres ? Répéta-t-elle.
- Ouais, mais on va faire une pause pour la nuit. Je suis crevé et il va bientôt falloir faire le plein. »
Aden tapota d'un doigt agile le plastique du tableau de bord, désignant l'insigne qui leur indiquait le niveau restant d'essence.
« Génial… » marmonna sa sœur.
Celle-ci rangea rageusement son portable dans sa poche de jean, serrant les dents pour ne pas lâcher quelques insultes au passage. Le temps ne semblait pas avancer et la chaleur qui régnait dans la voiture lui donnait mal à la tête. Il n'y avait que le paysage vide de vie qui la distrayait suffisamment pour oublier l'affreux week-end qui se rapprochait.
Son frère qui fixait toujours la route finit par allumer la radio qui émit directement un grésillement désagréable. Fronçant les sourcils, il tenta de trouver une station mais rien n'y faisait, il n'y avait qu'un grésillement incessant. Il avait beau tourner le bouton avec la plus grande délicatesse, l'objet n'émettait que des bruits inclassables et quelque-peu agaçants.
Sa sœur énervée, l'éteignit.
« Si au moins t'avais un câble USB, on aurait pu mettre de la musique.
- Voyons Clarke, le simple fait de passer du temps entre frère et soeur devrait te suffire, plaisanta faussement Aden.
- Passer un week-end entier à tenter de planter une tente au beau milieu d'un canyon juste pour passer du temps avec toi, franchement, faire un fifa aurait été tout aussi simple. »
Le garçon rigola encore une fois.
« Oui, mais planter une tente nécessite de sortir dehors, contrairement à tes jeux vidéos, la plus jeune discerna un semblant de reproche dans le ton de son frère.
- T'avais juste à me demander d'ouvrir ma fenêtre, si tu voulais à ce point respirer de l'air frais.
- Encore te fallait-il réussir à grimper ta montagne de vêtements pour accéder à la fenêtre. » le blond se surpris à sourire alors que Clarke venait lui frapper le haut du crâne.
La plus jeune repensa à sa chambre et à cette soit-disant montagne de vêtements… Il était vrai qu'elle avait tendance à balancer ses vêtements sales sur le sol et précisément sous sa fenêtre, mais de là à dire que ce tas s'apparentait à une montagne…
« Et puis ça te fera du bien de sortir un peu, continua Aden. Dis-moi, ça fait combien de temps que tu n'es pas sorti de ta chambre à part pour aller au lycée, hein, six mois voir sept, peut-être.
- Tu exagères toujours tout, répliqua Clarke.
- Peut-être, concéda le garçon. Mais avoue que tu ne sors pas souvent de la maison. »
La plus jeune détourna le regard et se concentra encore une fois sur le paysage qui défilait derrière la vitre, évitant ainsi subtilement de répondre. À l'extérieur, il n'y avait rien d'autre que de la terre rougit par les heures de bronzage intense, des arbres morts depuis bien des années, des sortes de buissons touffus sans grands intérêts, des oiseaux maigrichons quelque peu inquiétant, et des cailloux. Des centaines de milliers de cailloux. Cela déprima encore un peu plus la blonde qui se recroquevilla contre son siège.
« D'ailleurs, reprit le blond, tout en passant une main dans ses cheveux d'une façon hésitante. Le jeune homme n'avait jamais été réellement à l'aise quand on parlait de sujet qui fâches. Comment ça se passe les cours ? »
Il savait que la question était compliquée à aborder, et il en eut la confirmation quand un silence pesant prit soin de s'introduire dans le véhicule. Depuis son retour au mois d'Avril, le garçon avait bien remarqué le douloureux changement d'attitude de sa sœur. Celle-ci qui, auparavant, sortait bientôt tout les week-end avec ses amies, était à présent enfermée dans sa chambre en compagnie d'une console de jeux. Ça ne lui ressemblait pas.
« Ça se passe, répondit vaguement Clarke tout en triturant une mèche de ses cheveux. Le lycée quoi. »
Le garçon acquiesça doucement tout en observant le ciel se maculer d'un rose pastel. Un peu plus loin, à l'horizon, il pouvait encore discernait un bleu océan puissant. Les nuages apparaissaient, cependant.
Le blond avait quitté le lycée de Denver deux ans plutôt pour rejoindre les bancs de la faculté de Yale. Il y étudiait l'histoire et s'y plaisait terriblement. C'est pour ça qu'il avait déménagé et qu'il s'était installé à New-York, loin du cocon familial. Il ne voyait presque plus Clarke et le regrettait amèrement. Surtout depuis que sa mère lui avait parlé des difficultés que rencontrait la cadette en cours. Non, ça ne lui ressemblait définitivement pas, car habituellement, elle était toujours dans les premiers de sa classe.
Alors prenant une semaine de vacance – qu'il devrait bien vite rattraper – Aden avait décidé d'emmener sa sœur camper. Il allait ainsi pouvoir se retrouver tout les deux et surtout, ils allaient pouvoir discuter un peu.
« Maman m'a dit que tu avais séchée ton cours d'art plastique jeudi, le blond se frotta les yeux discrètement alors que Clarke relevait le regard.
- Depuis quand maman te parle de moi ? Le ton qu'employait la jeune femme fit grimacer Aden.
- Depuis qu'elle s'inquiète pour toi. »
Clarke fut surprise par ces paroles mais reprit bien vite son air je-m'en-foutiste.
« Elle s'inquiète surtout pour sa réputation. Tu sais, il paraît que l'année prochaine elle va organiser la messe du dimanche avec notre paternel. »
Aden ne répondit rien, sachant pertinemment qu'une part de vérité s'échapper des lèvres de la benjamine.
Clarke observa sa réaction. Calmement, presque sereinement.
Son frère avait à peine froncer les sourcils, et elle remarqua qu'il n'avait pas changé depuis le Noël dernier. Ses yeux étaient toujours aussi brillants et le vert se fondaient avec une alchimie imparable dans le marron. Clarke pensa brièvement que elle aussi, elle aurait aimée possédait ce type d'iris, ça la rendait presque jalouse. Il portait une chemisette blanche sans trace de transpiration. Elle l'enviait parfois pour cela. La tignasse du garçon était comme toujours mal peignée et quelques mèches se glissait derrière ses oreilles, comme emprisonnées. Elle pouvait aussi discernait le vieux collier qu'elle lui avait offert trois ans plus tôt, c'était un lion taillé dans le bois, il était suspendu à un cordon de cuir ras du cou.
Elle l'avait acheté dans une vieille brocante juste après les cours en passant dans un quartier. L'anniversaire du plus grand approchait et elle n'avait toujours rien pris. Alors quand l'objet lui était apparu, elle avait cru au miracle. L'achetant pour quelques dollars, elle l'avait observé longuement. Le lion en bois lui rappelait la crinière blonde de son frère, indomptable.
« Pourquoi tu le gardes ? Demanda-t-elle curieuse, tout en désignant l'objet d'une main nonchalante.
- Il me porte chance. »
La cadette leva les yeux au ciel en comprenant que le garçon se moquait d'elle, mais au fond, elle savait qu'il portait cette horreur simplement parce qu'il l'appréciait. Le garçon lui, souriait tranquillement tout en tapotant du bout des doigts le volant, créant un léger tempo difficilement discernable.
« Je t'admire sincèrement d'oser porter cette chose, reprit Clarke.
- Cette chose, comme tu le dis, tu me l'as offerte pour mon anniversaire.
- Oui, mais quand même… Tu aurais juste pu le porter pour les réunions de familles ou des conneries dans le genre, fit remarquer la blonde.
- C'est vrai, concéda Aden. J'aurai dû t'imiter.
- Pardon ?
- J'aurais dû faire comme toi, porter un t-shirt immonde offert par mon grand-frère adoré juste à Noël avant de le revendre sur internet.
- J'ai jamais fait ça ! S'exclama aussitôt Clarke, tentant de se défendre.
- Oui, bien sûr… Tu ne le revend pas, tu le jette juste à la poubelle.
- Comment-
- Maman m'avait obligé à sortir les poubelles après le réveillon, la coupa Aden tout en rigolant discrètement.
- Ah… »
Prise la main dans le sac, la plus jeune ne put que lui envoyer une grimace d'excuse tout en se calant un peu plus contre son siège, cherchant par tout les moyens à trouver une position confortable qui ne lui ruinerait pas le dos.
« Tu comptes faire une pause où, au fait ? Questionna avec curiosité Clarke, changeant au passage subtilement de sujet.
- J'ai fait le tour des hôtels sur internet avant de partir et j'en ai trouvé un près de notre route, pas loin d'où on se trouve d'ailleurs, si je ne me trompe pas, il continuait de sourire.
- Cool, parce que j'ai l'impression d'être bloquée dans ta bagnole depuis vingt ans… »
Son marmonnement se perdit dans le silence de l'habitacle et le blond acquiesça car au fond, il commençait à se fatiguer de cette route presque rectiligne et de ses paysages abandonnés. Une hâte sans non se glissa dans son esprit et l'envie d'arriver au motel le fit légèrement accélérer. Sa sœur ne remarqua pas ce geste et resta le regard figé sur le désert lassant qui s'étendait à l'extérieur.
Elle avait elle aussi, hâte de descendre de cette fichue bagnole…
