L'Amante du Professeur Snape
Disclaimer : Rien ne m'appartient. Tout est à la grande JKR. Je m'excuse au passage de ce que je fais subir aux personnages dans cette histoire.
Pairing : Snape/Granger
Relectrice : Lilou Black que je remercie au passage.
Note de l'auteur : je centralise toutes mes histoires et je fais en sorte qu'elles ne traînent plus dans de vieux dossiers, éparpillés. J'ai publié cette histoire sur ce site en 2004 sous le titre : "L'Amante du Professeur Rogue". À l'époque, mon pseudo était Djeiyanna. Depuis l'eau a coulé sous les ponts mais pas le plaisir d'écrire et de partager. Voici la dernière version sur laquelle j'avais travaillé. J'espère qu'elle vous plaira !
Bonne lecture !
L'Amante du Professeur Snape
1
Ironie du sort
1998, Collège de Poudlard.
Les cours venaient de se terminer et les derniers élèves avaient enfin désertés sa classe dans un brouhaha digne d'un match de Quidditch.
— Maudits cornichons sur pattes ! pesta l'homme au visage émacié tout en se passant la main dans ses cheveux noir mi- longs et gras.
Le week-end allait enfin commencer. 'Bénis soient les congés', pensa-t-il, soulagé.
Pour oublier cette lamentable semaine, il avait décidé de se rendre à Pré au Lard, le village côtoyant le collège. Il était très rare qu'il sorte du château, sauf lorsqu'il était appelé par le Seigneur des Ténèbres, mais là, il y avait urgence ! C'était même assez exceptionnel et il était en manque, impossible de le nier ! Il n'était qu'un être humain après tout, et lui aussi avait ses faiblesses. Bien sûr, il ne les aurait jamais dévoilées à qui que ce soit ! C'était tout simplement impensable, inimaginable. Il soupira avec lassitude. Après avoir pris le tas de copies du dernier devoir trimestriel, il sortit à son tour de la classe pour se rendre directement dans ses quartiers pour préparer son départ. Il savait qu'il ne reviendrait pas avant dimanche soir. Une ombre traversa son regard. Il trembla d'excitation à la pensée de ce qui l'attendait. Il en allait toujours ainsi lorsque ces envies irrépressibles se manifestaient au plus profond de lui. Il soupira devant cette preuve évidente d'humanité. Humanité… Oui, il n'était qu'un simple être humain après tout. Avec les faiblesses inhérentes à cette condition. Il eut un rire de dérision en se rendant compte qu'il ressassait toujours la même excuse.
Il soupira. Il savait qu'il se voilait la face. Il avait cru pouvoir l'oublier de cette manière mais au final, c'était toujours elle qu'il finissait par voir, car il n'y avait toujours eu qu'elle de toute manière.
oO§Oo
Une fois arrivé dans ses appartements, il prit un petit sac noir posé sur la table d'entrée. Il se dépêcha de préparer quelques affaires avant de reprendre la direction des couloirs, sans toutefois oublier les fameuses copies. Il les corrigerait là-bas et s'il était trop occupé, il le ferait en revenant. Après tout, vu ce que ces idiots comprenaient en potions, cela serait vite réglé ! Il aurait certainement le choix entre mettre un A pour les meilleurs ou un T pour les plus nuls et Merlin savait qu'il y en avait !
Un visage particulièrement détesté fit irruption dans son esprit et il grimaça de dégoût : celui-là, notamment, était la nullité incarnée… Cet idiot de Potter !
Ce fieffé imbécile totalement dépourvu de modestie et dont la présence l'exaspérait, même la plus simple pensée suffisait à lui coller d'affreuses migraines... comme c'était le cas présentement.
Il chassa le mal-être insoutenable qui le guettait en vouant mentalement Potter à tous les diables avant de prendre congé de ses cachots. En chemin, il croisa quelques professeurs qu'il envoya promener, puis il s'offrit un vrai petit plaisir en tombant sur quelques Gryffondor égarés au détour d'un couloir du château :
— Finnigan, dix points en moins pour avoir dérangé la bonne circulation des couloirs ! cracha-t-il avec hargne. Pareil pour vous Miss Weasley ! Continua-t-il tout en poursuivant son chemin sans un regard pour les deux élèves qui le dévisageaient avec des yeux remplis d'incrédulités et un peu d'effroi aussi.
Insensible à leurs états d'âmes, le professeur continua son chemin d'un pas vif et nerveux. Toutefois, les improbables rencontres n'étaient pourtant pas finies pour l'enseignant.
Il ne put s'empêcher d'afficher un sourire plein de malveillance lorsqu'il aperçut une proie de choix.
À l'autre bout de l'allée centrale se trouvait Neville Londubat qui se dépêchait pour ne pas croiser son professeur tant détesté et surtout craint.
Poussé dans un élan de pur sadisme, Severus Snape allongea le pas et fut bientôt à sa hauteur. Neville, qui n'avait pas entendu l'homme arriver derrière lui, se retourna violemment et... percuta brutalement le maître des potions de Poudlard. Ginny et Seamus qui n'avaient rien ratés du manège de l'enseignant, retinrent leur souffle, attendant la sanction qui n'allait pas tarder à tomber.
Severus attendit délibérément quelques secondes pour faire monter la tension du garçon et asséna :
— Londubat, votre stupidité abyssale n'a d'égale que... celle de votre crapaud ! Le professeur Snape ponctua sa phrase d'un regard noir qui eut pour effet de faire trembler davantage le pauvre adolescent qui n'en menait pas large. Ce n'était un secret pour personne que Neville nourrissait une peur bleue envers lui.
Ce dernier, imperturbable et trop heureux de pouvoir se défouler aussi facilement ne s'arrêta pas à si bon compte, bien au contraire.
— Votre manque de tact coûtera dix points de moins à votre maison.
Sans un mot de plus, l'homme laissa ses élèves estomaqués par tant d'injustice. Certes, tout cela était proprement injuste, mais il n'en éprouvait pas le plus petit regret cela lui donnait l'impression de planer ! C'en était presque jouissif. Mentalement il compta : trente points en moins pour ces idiots de Gryffondor.
Mais pourquoi tant de haine, pourraient se demander certains.
Parce que... c'était son seul plaisir dans cette maudite école que de retirer des points à la maison qu'il détestait le plus au monde ! Cette maison qui lui avait volé tant…
oO§Oo
Il lui fallut à peine moins d'une heure pour arriver aux abords du petit village de Pré au Lard.
Le Maître des potions vérifia que personne ne l'avait vu partir et surtout suivi, sait-on jamais. Il ne fallait pas que quelqu'un découvre ses projets pour le week-end. C'était strictement personnel et, par définition, cela ne regardait personne.
Une fois certain d'être seul, il s'engagea dans une minuscule ruelle peu connue des sorciers et probablement — et il l'espérait — pas du tout des élèves de Poudlard. Même les jumeaux Weasley ne devaient certainement pas la connaître. Plus que quelques pas et il serait enfin arrivé à destination ! Son cœur manqua un battement à l'idée de ce qu'il allait vivre durant ses deux jours de vacances dont il avait tant besoin et qui lui feraient sans doute le plus grand bien.
Après quelques pas pressés, l'établissement qu'il recherchait fut enfin en vue.
C'était une petite bâtisse de taille moyenne qui semblait avoir traversé les âges. Au premier abord, rien ne semblait désigner ce pour quoi elle avait été conçue, jusqu'à ce que l'homme habillé tout de noir n'y pénètre.
À l'intérieur, des tentures rouge sang couvraient les murs. Des candélabres trainaient un peu partout sur des guéridons ou bien encore accrochés aux murs. Des hommes et des femmes discutaient librement de tout et de rien. Tout aurait pu sembler normal si lesdites femmes n'étaient pas vêtues de simples sous-vêtements... enfin simples, ils étaient tout de même très équivoques, voire aguichants. De surcroit, les messieurs présents ne se contentaient pas de tenir la conversation aux filles, ils pouvaient aussi les emmener à l'étage pour faire plus ample, beaucoup plus ample, connaissance.
À n'en pas douter, il s'agissait d'une maison de plaisir. Un endroit qu'aucun élève de Poudlard ne devrait connaître avant sa majorité ! Encore moins les hommes pourvus de certains avantages physiques… Quoique.
Severus Snape savait qu'il n'était pas beau, il se savait même franchement laid avec ses cheveux gras qui pendaient lamentablement sur ses maigres épaules, ou encore son nez crochu, sans parler de son teint cireux. Rien dans son apparence n'aurait pu éveiller l'attention ou le désir des femmes encore moins des hommes. Il n'avait jamais connu de relation amoureuse depuis au moins son adolescence... ce qui remontait à loin ! Trop obnubilé par son désir de réussite et… par elle ! Il ignora délibérément l'éclair de douleur qui lui déchira la poitrine. Il n'aimait pas y repenser. Il aurait tant voulu avec elle. Tant voulu et tout accepter pour peu qu'elle lui ait proposé quoi que ce soit.
C'était à cause d'elle qu'il avait échoué ici, dans cet endroit de perdition absolue. Un jour, alors qu'il broyait du noir, ressassant douloureusement les derniers instants vécus avec elle, son ami Lucius Malfoy l'avait emmené ici dans l'espoir qu'il y jette sa gourme et qu'il pense enfin à autre chose.
Après beaucoup d'hésitations, il avait fini par accepter. Depuis, il y allait régulièrement dès que le besoin se faisait ressentir.
Ici, personne ne le jugeait pour son physique, personne n'avait à l'aimer et lui n'avait rien à perdre. Les filles de petite vertu, pour quelques Gallions, étaient prêtes à accepter ses moindres désirs, ses moindres caprices, ses moindres fantasmes. C'était tout ce dont il avait besoin. Il n'avait jamais recherché plus que ce qu'il obtenait durant ces quelques week-ends, et c'était tout à fait suffisant à son sens. Qu'aurait-il fait d'une autre femme à aimer ? Et elle, qu'y aurait-elle gagné ? Rien, sinon le danger que sa condition d'agent double lui amenait. Sans parler de l'inquiétude... très peu pour lui. Il était bien mieux seul. Et puis il y avait ces cheveux auburn… ces yeux verts qui depuis près de vingt ans ne l'avaient pas quittés... Et continuaient à le hanter. Severus arrête d' y penser, s'admonesta-t-il. Tu es là pour te détendre, évacuer le stress d'une harassante semaine, pas pour ressasser ce maudit passé !
Perdu dans ses réflexions, il n'entendit pas arriver à sa rencontre la directrice de la maison : Madame Sophia. Elle était encore très belle malgré son âge ses cheveux roux tombaient en cascade dans son dos et elle était habillée avec goût et distinction.
Severus devait reconnaître qu'elle n'avait rien d'une vulgaire maquerelle. Madame Sophia s'était toujours fait un devoir d'offrir à ses clients un service de qualité. Il y avait bien assez de prostituées dans les rues. Ce qu'elle proposait dans son club était bien au-delà de cela ses filles avaient de la culture et étaient élégantes. Elles travaillaient chez elle par choix professionnel et non par contrainte due à la pauvreté. De cela, Madame Sophia en était très fière. Bien sûr, elles espéraient aussi toutes tomber sur un riche amant qui voudrait bien les entretenir, c'était assez courant dans le milieu. Bien sûr, cela n'était pas proprement avoué. C'est donc avec un grand sourire chaleureux qu'elle accueillit l'homme qui se trouvait dans l'entrée de son « club ».
— Bonsoir, mon cher Severus ! s'exclama-t-elle en levant les bras vers lui comme si elle tenait à lui donner l'accolade.
Peu habitué aux démonstrations affectives de la part de son hôtesse, il se contenta de hocher la tête en signe de salutation. Il n'avait pas besoin de parler pour lui faire comprendre qu'il n'était pas venu ici par courtoisie.
— Allons, allons, lui dit-elle tout en lui prenant le bras pour l'entrainer dans les couloirs. Je vous ai trouvé la perle rare, mon ami ! Elle est belle à damner un saint et encore vierge ! Un vrai bijou !
Sophia avait dit cela d'une traite, espérant que cela passe mieux ou bien qu'il ne remarque pas ce qu'elle venait de lui avouer. Peine perdue, il avait bien saisi le fait que la jeune femme qui l'attendait serait… innocente.
Severus déglutit avec peine depuis vingt ans qu'il fréquentait son établissement elle ne lui avait jamais proposé ce genre de service. Une vierge ? Et puis quoi encore ? Il n'était pas venu pour faire l'éducation des filles de Sophia !
Cette dernière, dont le regard ne l'avait pas lâché, devina sa gêne. C'est pourquoi elle crut bon de le conforter dans son choix :
— Ne vous en faites donc pas, mon chou. Elle fera tout ce que vous voulez ! Même si elle n'a jamais été déflorée, je vous assure qu'elle a déjà de l'expérience en la matière. Elle se prêtera aux moindres de vos envies ! termina-t-elle en lui lançant un léger clin d'œil dans le simple but de le rassurer.
Severus émit un soupir de résignation. À cela, il n'en doutait pas, elle n'aimait pas les mijaurées et n'en aurait jamais accepté une dans sa maison ! Aucun souci à se faire là-dessus, il le savait.
— Bien, dit-elle, une fois qu'ils furent arrivés devant la porte. Je vous souhaite une très bonne soirée mon ami.
Sur ce, elle se détourna de lui dans un tourbillon de soie et de dentelles avant de redescendre, en ondulant du bassin, l'escalier menant au hall d'entrée.
Severus haussa un sourcil pensif. Il avait déjà eu, bien des années auparavant, le privilège d'une nuit avec elle mais il savait d'expérience qu'elle ne couchait pratiquement jamais avec l'un des clients de son établissement. Il ne savait pas pourquoi elle lui avait accordé ses faveurs et même aujourd'hui elle ne le lui avait jamais dévoilé mais lui n'oublierait jamais cette fameuse soirée.
Il avait pu réaliser son premier vrai et unique fantasme une peau blanche, des cheveux roux… des yeux verts. L'illusion d'une nuit qui lui avait ravi le cœur plus qu'il ne l'aurait cru. Il avait voulu recommencer avec elle, elle avait poliment mais fermement refusé.
Revenant au présent, il sut cependant, à sa démarche et aux sous-vêtements aguicheurs que laissait voir sa tenue qu'elle attendait un invité de marque pour ce soir. Avec un certain pincement à la poitrine, il regretta que cela ne soit pas lui.
Reportant son attention sur la porte, il expira l'air comprimé dans ses poumons. Pour une raison tout à fait inconnue de lui, une légère appréhension s'était glissée dans sa tête. Une vierge ! … était-ce raisonnable ? Pourtant, après tout, quel mal cela pouvait-il faire ? Aucun ! La fille était là de son plein gré et avait accepté de se faire dépuceler par un inconnu, c'était donc son problème à elle et pas à lui. Un léger rictus se dessina sur ses lèvres. Il se souvenait de la fois où il était revenu en ces lieux un an après être devenu maître des potions au collège de Poudlard. Il avait eu des sueurs froides à l'idée de trouver une de ses anciennes étudiantes l'attendant dans un lit. Quelle idiotie ! Chassant ces idées saugrenues de son esprit, il ouvrit la porte en bois d'un geste sûr.
Il entra très lentement dans la chambre, savourant ce qu'il allait y découvrir. Son angoisse s'était envolée. Il trouva la pièce plongée dans la pénombre. Sur le lit l'attendait, étendue, une jeune femme en sous-vêtements suggestifs. Malheureusement, l'obscurité ne lui laissait pas grand-chose à voir. Il sortit alors sa baguette pour y remédier.
Le jeu allait pouvoir commencer.
— Lumos ! souffla t-il tandis que la chambre se teintait d'une douce lumière jaunâtre. Quelques bougies allumées ne seraient pas plus mal pour la suite des évènements, pensa-t-il et puis il avait toujours aimé voir ce qui se passait.
Appréciant du regard la personne allongée, il s'accorda à penser que Madame Sophia avait eu raison de se vanter de sa dernière trouvaille.
Le corps de sa future partenaire était magnifique. Ses cheveux détachés étaient étalés sur les oreillers de satin, sa bouche peinte en rouge était pulpeuse et son nez petit et mignon. Comme il l'avait demandé plus tôt, elle avait les yeux bandés par un long tissu opaque, attaché derrière la tête. Elle ne pourrait pas le dévisager et lui ne lirait pas le dégoût dans son regard. C'était mieux ainsi. Il n'aimait pas se montrer. De plus, cela lui permettrait d'imaginer d'autres traits… une autre femme, plus rousse, plus fine… Il secoua la tête pour chasser certaines pensées désagréables.
Il s'assit sur le lit et caressa doucement l'ovale du visage de la jeune femme, puis sa main descendit jusqu'au creux entre le cou et l'épaule. Elle eut un léger frisson et ses lèvres s'entrouvrirent doucement. Il se pencha pour y déposer un tendre baiser. À son haleine chargée, il comprit que la demoiselle avait bu de l'alcool. Il arqua un sourcil. Pourquoi avait-elle eu besoin de se saouler pour coucher avec lui ? Un léger doute s'insinua dans son esprit mais fut vite chassé. Elle ne pouvait savoir qui il était. Ce n'était donc pas à cause de lui. Sans doute avait-elle peur et avait-elle décidé de prendre un remontant pour se donner le courage d'aller jusqu'au bout. Une chose néanmoins était certaine, c'est qu'il n'aurait aucune pitié pour elle. Elle faisait ce travail de son plein gré et lui était ici pour son plaisir. Comme le disait le proverbe, « le client est roi ».
Elle passa la langue sur ses lèvres en une invite plus qu'explicite. Sans doute par inadvertance, sans doute n'en était-elle pas vraiment consciente mais cela l'excita plus que tout. Sans attendre davantage, il s'empara cette fois avidement de cette bouche offerte à tous ses désirs, et de sa langue il câlina celle de sa compagne. Le baiser lui sembla durer une éternité. Il en profita pour enfouir ses doigts dans la chevelure de la jeune femme avant de laisser sa main redescendre lentement vers sa poitrine. D'un geste sûr, il lui enleva son soutien gorge dans la foulée. Il l'admira, le souffle court. Elle était belle même si ce n'était pas Elle.
Haletante, la jeune femme se cramponna alors à ses épaules pour ne pas tomber. Elle eu un petit hoquet de surprise quand il commença ce pourquoi il était venu.
oO§Oo
Elle avait peur, elle se sentait désemparée. N'allait-elle pas commettre une bêtise ? Que lui avait-il pris de venir dans cette maison close ? Certes, elle avait peur mais ses angoisses étaient partagées par une certaine curiosité. Refoulant au loin sa bonne conscience qui lui disait qu'un autre moyen lui coûterait très certainement moins cher, elle anticipa ce que l'inconnu s'apprêtait à lui faire.
Lorsqu'elle était arrivée en fin de journée, la femme qui tenait l'établissement lui avait annoncé qu'elle avait un très bon client pour elle.
— Tu verras il est très gentil et il ne te fera pas de mal mais... il a une simple lubie.
— Laquelle ? demanda-t-elle.
— Il veut que tes yeux soient bandés par un foulard opaque. Il déteste que les femmes le regardent. Va savoir pourquoi...
En apprenant cela, un long frisson d'appréhension avait traversé sa colonne vertébrale.
En attendant, elle était là, avec cet inconnu qui lui faisait l'amour avec une certaine tendresse et un brin de brutalité. Elle pouvait sentir la dureté de ses gestes alors que sa bouche se faisait douce et gourmande. La sachant vierge, il prit même un certain soin de ne pas trop l'effrayer en la prenant trop rapidement. Chaque coup de rein était certes sauvage mais il semblait vouloir la mettre à l'aise. Lui donner aussi du plaisir ? Allons donc elle n'était pas là pour cela et il le savait très bien. Pourtant, la façon dont il se mouvait contre elle et en elle pouvait lui faire croire le contraire.
Durant tout l'acte il ne prononça pas un mot, pas un soupir, même après avoir joui… Étrange, se dit-elle. Encore plus, lorsqu'il lui caressa tendrement le menton. Néanmoins une partie d'elle fut soulagée car elle n'avait pas eu plus mal que cela en fin de compte et elle n'éprouvait pas de réel dégoût pour ce qu'il venait de se passer. Sans doute aurait-elle dû, mais ce n'était pas le cas. Comment l'aurait-elle pu avec un client qui semblait aussi attentionné ?
Après un long silence, enfin il parla.
oO§Oo
— Ce sera mieux la prochaine fois, lui dit-il, encore essoufflé par l'exercice.
— Oui, je l'espère... mais...avec vous j'ai toute confiance ! s'empressa-t-elle de rajouter, se rappelant qu'elle n'avait pas à le contredire.
Malgré son bien être, une partie de l'esprit de Severus était soucieux. Pourquoi ? La voix de sa maîtresse lui semblait vraiment très familière. Il était sûr de l'avoir déjà entendue quelque part, mais où ? Un horrible doute s'empara de lui et il se leva brusquement de la couche sur laquelle ils reposaient tous les deux. Cette voix ! Il était certain de la connaître. Elle lui rappelait de désagréables souvenirs…
Il la regarda attentivement. Il plissa les yeux et essaya de se souvenir de l'endroit et des circonstances exactes où il aurait pu la voir. Ses cheveux bruns indisciplinés lui rappelaient ceux d'une lionne, sa bouche, qui avait perdu toute trace de rouge à lèvres était pulpeuse et ses lèvres dessinaient une moue légèrement arrogante.
Un éclair de lucidité et de compréhension éveilla son regard terne. Par Merlin, ce n'était pas possible. Non. Impossible n'était pas sorcier. Il venait de comprendre où il avait entendu cette voix, où il avait déjà cru voir cette silhouette... Ces cheveux que rien ne pouvait dompter…
Sans plus attendre il arracha le masque qui lui couvrait encore le visage et les yeux.
Il tituba sous le choc de la révélation.
Elle même sembla surprise par ce qu'elle découvrit. Il la contemplait avec la même incrédulité qu'elle. Bientôt sa stupeur se mua en peur. Qu'avait-elle fait ?!
Quant à Severus, il était aussi sous le choc.
Qu'avait-il fait ? Que venait-il de commettre ?
— Pro... Professeur ! bégaya-t-elle atterrée.
La terrible vérité s'insinua dans son esprit encore engourdi il venait de coucher avec une de ses élèves. Il en aurait ri s'il n'avait pas été trop choqué pour cela. Merlin, quelle élève qui plus est !
— Je...
— Taisez-vous impudente ! Idiote ! Stupide gamine !
Il fulminait littéralement de rage ! Il allait la tuer c'était clair. Avant de mettre à exécution ses pensées, il fallait qu'il sache quelque chose.
— Pourrait-on savoir ce que vous fichez ici, dans cette maison des plaisirs, Miss Granger ? hurla-t-il tremblant de rage et de honte.
Opprobre et cruelle réalité, il se retrouvait là, nu, en face d'une élève pas plus habillée que lui, et pas n'importe laquelle ! Une gamine qu'il exécrait plus que tout au monde !
Et comble de l'ironie, il lui avait fait l'amour et il avait aimé ça. Oui, et s'il était sincère avec lui-même, il devait s'avouer qu'avant elle, aucune femme ne lui avait fait ressentir ce qu'il avait vécu avec cette fille. Aucune, sauf peut-être…
Un muscle tiqua sur sa joue. Elle s'était moquée de lui ! Il allait se venger et sa revanche serait terrible. On ne jouait pas avec Severus Snape et elle allait l'apprendre à ses dépens. Elle l'avait pris pour un idiot ! Sans doute l'avait-elle espionné et suivi dans le but de le confondre et d'en référer ensuite à sa directrice chérie… Sans doute s'était elle faite prendre à son propre jeu pour finir par échouer dans un lit… son lit ! Par Morgane, il allait la tuer !
Il fallait qu'il se calme. Inspirer, expirer. S'il la tuait, il finirait à Azkaban et cela ne lui disait rien comme maison de retraite. Il préférait encore finir sa vie avec les cornichons sur pattes qui lui servaient d'étudiants. Au moins, là il pouvait se défouler… Inspirer, expirer...
Il la regarda froidement et un sourire carnassier se peignit sur son visage blême. Oh oui, il allait lui faire payer tout cela. Il y veillerait personnellement.
Pauvre Hermione ! Elle s'était retrouvée ici contrainte et forcée. Si elle avait eu le choix, elle aurait passé son week-end à travailler dans la bibliothèque du château. Au lieu de cela, elle se trouvait dans cet immonde endroit de fornication où elle devait travailler durant ses deux jours de libre. Elle avait apprécié son inconnu tendre et prévenant et, lorsqu'il avait ôté son masque, elle avait ressenti de l'impatience à l'idée de voir son visage que par avance elle était certaine d'aimer ! Ah, miséricorde !
Comment pourrait-elle l'aimer puisqu'il s'agissait de son redoutable professeur de potions ? L'angoisse lui donna des frissons. Qu'allait-elle devenir ?
Elle était prise au piège car aucun d'eux ne pouvait en référer au directeur de Poudlard. Cela signifierait leur renvoi à tous les deux. Alors qui était le plus à déplorer dans cette histoire ? Lui ou elle ?
Elle, c'en était certain. Elle avait perdu sa virginité et la moindre plainte de sa part correspondrait à sa mise à la porte de l'école.
Alors ?
Son destin était à présent entre les mains de son bourreau, Severus Snape.
— Qu'allons-nous faire maintenant ? se risqua-t-elle à demander.
— Vous verrez bien, Miss Granger, vous verrez bien…
Il la toisa avant de se draper dans sa cape, toujours totalement nu. Debout face à elle, il lui paraissait démesurément imposant tandis qu'elle, encore en tenue d'Ève et étendue dans le lit, se sentait totalement vulnérable.
Cela ne présageait rien de bon, elle s'en doutait.
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