1Auteur : Ayakai (lacarpetteyahoo.fr).
Nom : Terminal 5 to eternity.
Genre : au, sf, angst, gore, yaoi.
Disclaimer : les Dir en Grey ne m'appartiennent en aucun cas, et ils ne savent pas ce qu'ils ratent !.
Pairing : aucune idée pour l'instant..
Mot de l'auteur : c'est une fic qui n'a à priori pas de scénario XD ! Non, plus sérieusement j'ai un début, une ambiance, des bribes de scénario, ne reste plus qu'à attendre que le reste vienne. Mais il faut que je tape cette foutue idée sinon elle va me hanter pendant encore pas mal de temps. Et ça, c'est la faute à Métroid si j'ai voulu faire un truc qui se passe dans l'espace çç.
Aya, à fond dedans .
( 30/10/07)

Terminal 5 to eternity

Chapitre 1 : This is Halloween

Le vaisseau dérivait lentement dans l'espace, épave de métal sans couleur, voyageur endormi dont la carcasse triste flottait comme dans un rêve, dans un océan matelassé où les bruits ne pouvaient pas percer. De temps en temps, les rayons du soleil le plus proche le faisait scintiller, comme un gros joyau grisâtre que l'on aurait posé sur un écrin de velours piqueté d'étoiles. L'idée était alors permise que, peut-être, la vie existait encore quelque part à l'intérieur. Mais l'ombre d'un astéroïde proche en dissuadait tout aussitôt. Il ne pouvait rien y avoir à bord. Que des cadavres aux membres désarticulés, semblables à des poupées dont les bras de porcelaine heurtaient de temps en temps une paroi glaciale..
A l'abri du temps et de l'abîme, prisonniers de l'éternité.

Un « bip » extirpa l'homme de son sommeil, effaçant le cauchemar qu'il venait d'affronter aussi facilement que l'aurait fait une gomme sur un trait de crayon à papier. Seul lui restait le désagréable goût, dans la bouche, de la salive de l'endormi. Il avait toujours eu une sainte horreur de cette saveur âcre, mais malgré un brossage de dent assidu, et un détartrage régulier, elle était toujours là, semblant le poursuivre jusqu'au plus profond de ses rêves pour lui faire douter de la propreté de sa mâchoire. Il chassa immédiatement ces brumes délirantes de son esprit, tentant de reprendre rapidement connaissance, plutôt que de philosopher sur un détail insignifiant de sa vie.
Tout autour de lui clignotaient les multiples voyants du vaisseau spatial, yeux brillants qui semblaient lui dire « Appuie ! Appuie ! Tu verras le résultat une fois que tu auras appuyé ! ». Et toutes ces colonies de manettes et de projecteur holographiques dont il maîtrisait le maniement à la perfection. Il se dessangla, se propulsant jusqu'au poste de pilotage pour pianoter une combinaison de lumière. Le volet métallique qui le plongeait dans un noir d'encre pivota, se repliant dans une paroi du cockpit. En face de lui, une vue éblouissante en gros plan sur la planète terre. Toujours aussi belle qu'à son habitude, avec ses tourbillons nuageux et ses zones d'un bleu profond dont la simple idée donnait l'impression d'avoir les poumons remplis d'air pur. Ne serait-ce que les tâches grises des mers de pollution et la terre cramée, la terre de feu, qui avait remplacé les dégradés de vert et de brun que l'on pouvait voir sur d'anciennes photos. Les photos « d'avant ». Il poussa un long soupir de dépit. Un vieux rêve d'enfant que d'espérer seulement voir un jour, au détour d'un de ses voyages intergalactiques, cette image regrettée. Si l'on pouvait regretter quelques chose que l'on n'avait pas connue. Mais bon, il devrait bien perdre ses illusions un jour, alors il n'y avait vraiment aucun mal à les assumer encore un peu. Avant qu'il ne soit trop tard.
Le voyageur agrippa les poignées de son siège de pilotage pour s'y sangler convenablement. Cela fait, ses doigts agiles déclenchèrent sans vraiment y réfléchir le départ du vaisseau. Sans un bruit. Il avait conscience de la lumière qui avait étincelé brièvement, déchirant le noir terrifiant de l'espace, mais il lui semblait toujours aussi inenvisageable qu'elle ne soit pas accompagnée d'un long rugissement de moteur. La carlingue tremblait légèrement, signe de sa fatigue, et il se promit de faire une révision complète une fois arrivé à l'astroport. A présent il avait encore une ou deux minutes avant d'entrer dans l'atmosphère, il était temps de contacter la base d'atterrissage. Levant un doigt ganté de mauve, il alluma l'écran de dialogue, envoyant son signal à travers le vide jusqu'à la station de Paris. Il ne fallut que quelques secondes pour qu'il soit capté et connecté.
- Paris5 écoute, identifiez-vous.
- Toshimasa Hara, vaisseau d456 bhg3 fr62, retour de zone C galaxie 12 système 4 planète 53, demande permission d'atterrir.
- Permission accordée, nous vous ouvrons le port d546, combien de temps avant d'entrer dans l'atmosphère ?
- 46 secondes.
- Entendu, Paris5 écoute.
Toshimasa Hara coupa le contact. Refermant la bulle de protection autour de lui, il prépara la manoeuvre de retournement, surveillant d'un oeil averti le compte à rebours qui clignotait devant ses yeux. Son calme prouvait une certaine habitude de l'atterrissage en manuel, et un expert aurait immédiatement reconnu ses techniques de conduites, mais il ne s'inquiétait pas. Si les tueurs à gages étaient officiellement hors-la-loi, jamais personne n'aurait eu l'idée de lui interdire un astroport du fait de sa profession. Et de toutes manières, il était rare qu'un expert soit envoyé dans une station dans le but de vérifier la qualité de conduite des voyageurs, aussi cette perspective ne lui inspirait-elle aucune crainte. .
Il saisit le manche d'une main sûre, et au moment exact ou s'affichait le « 0 », il l'inclina en sens inverse, provoquant l'immédiat retournement des réacteurs. Le bouclier de refroidissement s'était déclenché instantanément, faisant en sorte que la température intérieure de l'appareil n'augmente pas d'un degré. L'homme fit apparaître une vue de l'arrière, évaluant sans aucun problème la trajectoire à effectuer et la distance dont il disposait pour ralentir de manière à repartir dans l'autre sens.
Il ne voyait derrière lui que la grisaille épaisse comme du coton, de la nappe de pollution qui recouvrait la capitale de la France. Ecoeurant. Lorsqu'il avait repeint en noir sa porte d'entrée, l'eau qui lui avait servi à rincer le pinceau avait la même teinte de nuit diluée et de purée de pois. Il étira le bras pour allumer l'écran de surveillance, et les grattes-ciel lui apparurent en relief, comme délivrés de leur gangue de crasse.
- Paris5, écoutez. Le port d'attache est ouvert, déclenchez la manoeuvre d'approche pour vous y atteler.
- Hara écoute, retournement dans 5 secondes, 3, 2, 1,...
Le monde bascula et apparut derrière le vitrage l'astroport non filtré. Un tourbillon artificiel constant dégageait la visibilité à ses alentours, permettant aux vaisseaux, même les plus aveugles, d'atterrir sans aucun dommage. Seulement, ce tourbillon soi-disant sécurisé provoquait quelques accidents en chopant des appareils en plein vol, les broyant dans son vent terrifiant avant de le recracher contre la structure d'une tour avoisinante, provoquant l'éboulement d'une partie de l'édifice. Chaque base d'atterrissage avait sa technique pour échapper à la pollution. Celle de Tokyo montait au fur et à mesure que s'étalait en hauteur la nappe, celle de Londres était sous-marine, celle de New-York avait opté pour un couloir luminescent qui souffrait malheureusement d'embouteillages lorsqu'un employé de la tour de contrôle ne faisait pas son travail..
Le tueur à gage alluma les réacteurs inférieurs, redressant la trajectoire de l'engin. Quelques secondes plus tard il descendait à la verticale dans l'oeil du cyclone, mêlant son sillage à celui de dizaines d'astronef. Il lui fallut moins de 10 secondes pour trouver le port d'amarrage d546 et y glisser son appareil.

Le jeune homme se jeta un bref regard dans le rétroviseur de la bulle, prenant tout juste la peine de remettre en place une de ses mèches écarlates. Derrière lui, un taxi klaxonnait comme un malade, certainement persuadé que ce son possédait le pouvoir d'un turbo. Il lui adressa un doigt d'honneur, conscient que tous ses mouvements étaient visibles à travers la structure intégralement transparente du véhicule.
La tour de l'astroport dans son tourbillon était à présent assez proche pour qu'il sente l'aspiration du vent malgré les barrières de protections qui entouraient la zone. Il coupa le contact, se laissant tomber en chute libre sur une vingtaine de mètre avant de se relancer directement dans la foule de conducteurs qui pénétraient dans le tunnel magnétique. Il adorait cette sensation euphorisante qu'était celle de son coeur remontant dans son cerveau, à un tel point qu'il n'était plus totalement conscient qu'un jour la bulle ne redémarrait pas et qu'il s'écraserait soit sur un véhicule volant à la verticale de lui, soit des kilomètres plus bas sur le bitume dévasté des bas-fonds de Paris.
Il fit un signe joyeux au chauffeur estomaqué, à côté de lui, qui venait de voir tomber de nul part la bulle transparente, prit d'une soudaine envie d'éclater de rire. Un grésillement le fit sursauter, et il toucha légèrement la projection holographique de la radio, essayant d'éclaircir le son. Un coup de klaxon lui signala qu'il allait se payer la barrière de l'entrée du tunnel magnétique, et il redressa sa trajectoire juste à temps pour se placer sur les rails invisibles qui le menaient directement au parking de l'astroport.
- ... d456 bhg3 fr62, retour de zone C gal... plan... mission d'atterrir.
- Permission accordée, nous ... port d546, combien de temps...
- 46 secon...

- ... Paris5 écoute.
Le rouquin laissa échapper un léger sourire, fier de sa radio pirate, et surtout heureux que le son n'ai pas coupé au moment où la tourelle annonçait les coordonnées de la borne d'amarrage du vaisseau de Toshiya. Ou plutôt de Toshimasa Hara. Toshiya était le nom sous lequel l'homme officiait en tant que tueur à gage, l'autre étant son nom officiel, celui inscrit sur tous ses papiers d'identités et celui qu'il donnait au monde extérieur. Le monde intérieur était le nom que donnaient au monde du meurtre ceux qui y naviguaient. C'était le cas du jeune chauffeur. Pourtant, qui l'aurait cru ?
Il manoeuvra rapidement pour couper la route d'une voiture qui s'apprêtait à se garer, installant sa bulle à sa place. Un concert de rugissements furieux se brisa sur les murs insonorisés de l'appareil, n'affectant pas le moins du monde l'homme qui écarta sa crinière de sang de son visage pour fouiller sous lui à la recherche de l'étui de violon qu'il avait dissimulé sous la banquette invisible. Un rapide coup d'oeil à l'intérieur lui indiqua que toutes les pièces étaient présentes et qu'il n'avait plus qu'à les monter. Les jours de grande fatigue, ça lui prenait 5 secondes, et là il se sentait plutôt en forme.Il sauta à terre après avoir rapidement piraté l'horodateur, et pris l'ascenseur pour la secteur D en sifflotant joyeusement un air de musique. Un vieux truc qu'il avait entendu alors qu'il regardait une émission sur la fin des années « avant ». Le groupe s 'appelait Oasis ou quelque chose dans le genre, mais à vrai dire c'était un nom qui lui paraissait tellement abstrait qu'il ne pouvait confirmer que c'était bien le cas.
La cabine de verre commença à ralentir et le rouquin dut retenir un glapissement d'excitation en appercevant le panneau « secteur D ». Il adorait son métier.

Toshimasa descendit de son vaisseau du pas malhabile de celui qui a passé trop de temps dans l'espace. Malgré toutes ces années de voyages interstellaires, l'arrivée lui faisait toujours le même effet déstabilisant, comme s'il réaprenait à chaque fois à marcher.. Un tireur embusqué n'aurait pas eu trop de mal à le descendre si l'envie lui était venue. Mais il ne voyait pas comment un tireur pourraient s'infiltrer aussi proche des vaisseaux, et si c'était le cas, ça signifierait que sa tête serait mise à prix. Il pensait en être le premier informé si jamais ça devait arriver.
Un soupir de soulagement lui échappa lorsqu'il enleva son casque, libérant sa masse de cheveux bruns sur ses épaules. L'air purifié du bâtiment lui apparaissait comme un véritable soulagement après avoir passé deux semaines dans un appareil à air recyclé. Avec la somme que lui rapporterait la tête de sa dernière cible abattue, il projetait d'investir dans un diffuseur de parfum, les derniers comportaient les options « air de montagne », « air de bord de mer » et « fraîcheur d'hiver », ce dont rêve dont voyageur condamné à un enfermement prolongé dans une cabine à 30° et aux délicats relents de sueur.
- Monsieur Hara, je m'occupe de votre véhicule ?
Le brun lança un regard à l'androïde d'entretien qui lui présentait son bras pour qu'il y introduise sa carte de paiement et y enregistre ses désirs. Il prit tout d'abord le temps d'enfiler ses lunettes, scannant rapidement la zone au cas où un sniper soit actuellement en train de s'accorder. Rien en vue. Il glissa une carte en plastique dans le lecteur intégré du robot, et tapa rapidement un programme de révision-réparation-nettoyage-plein en pleurant sur son compte en banque. Mais il ne s'inquiétait pas outre-mesure, grâce à son dernier contrat, il rentrerait largement dans ses frais.
- Merci monsieur Hara. Le vestiaire est à votre gauche. Nous espérons que...
- ... vous avez fait un bon voyage et que vous profiterez le plus longtemps possible de l'hospitalité de l'astroport Paris5, récita le tueur en levant les yeux au ciel.
Dix ans qu'on lui sortait le même barratin, il finissait par le connaître plus que par coeur. Il jeta un oeil à son bracelet holographique et déclencha le déchargement de sa valise par l'avant du véhicule. Un gros sac noir monté sur coussin antipesanteur glissa jusqu'à lui depuis le coffre, avant qu'il ne se referme dans un clac métallique qui fit trembler la carlingue. Une couche de peinture répratrice allait être nécessaire : même aller jusqu'à Mars aurait été de trop pour le vaisseau.Sur cette constatation financièrement catastrophique, il prit la direction du gros vestiaire orange vif avec l'impression d'être une star du glam retournant dans sa loge.

Halloween. L'adolescent ne se lassait pas de contempler les sombres décorations qui flottaient à quelques mètres du sol. Des fantômes se baladaient entre les citrouilles, les feu-follets, et autres effets holographiques qui hantaient le gigantesque hall de la section D de l'astroport de Paris5. Une voix amplifiée s'entêtait à répéter l'arrivée des astronefs et leur zone d'attache. Il n'y faisait pas attention, il savait au fond de lui que lorsque serait annoncé le vaisseau qui transportait ses parents il l'entendrait. Cela faisait trop longtemps qu'ils étaient absents, le numéro de la navette qui les transportait, sa provenance, et son heure d'arrivée étaient profondément ancrés dans sa mémoire, comme l'était un virus dans celle d'un ordinateur.
Autour de lui se bousculait la foule hétéroclite et pressée des voyageurs interstellaires. L'un avait son taxi à prendre, l'autre était en retard pour le bus spatial en direction de la Lune, ce troisième avait perdu ses bagages, et son semblable cherchait désespérément sa fille de trois ans aux couettes violettes et aux boucles d'oreilles en forme de fraise. Il ne s'en sentait pas affecté. Jamais ne lui était venu l'idée que cette masse humanoïde et monstrueuse était bruyante ou désagréable. Non, c'était le chant de l'astroport. Sa voix et son sang. Lui-même était un globule blanc, un peu trop jeune, un peu trop fragile, et il attendait désespérément que s'ouvrent les valves de l'astronef en provenance du Jardin des Cygnes, trente et unième planète habitable de la constellation du Cygne.
- Excuse-moi, est-ce que tu saurais où se trouve l'ascenseur pour le niveau 2 ?
L'enfant lâcha des yeux une sorcière au nez crochu et au rire grinçant pour reporter leur regard de cendre sur l'homme qui se dressait devant lui. C'était un grand gaillard aux allures d'alumettes, les cheveux comme des flammes, une paire de lunette de soleil juchée sur le nez, vêtu d'une manière un peu dépassée qui évoquait ceux « d'avant », et un étui à violon couvert d'autocollants sous son bras. Il lui trouva immédiatement quelque chose de bizarre. Il dégageait trop de charme, trop de sympathie, et trop de mystère pour qu'il puisse vraiment être quelqu'un de normal. D'ailleurs, est-ce que quelqu'un de normal porterait ces vêtements ? Il jeta un coup d'oeil aux hautes bottes en simili-cuir qui lui montaient jusqu'aux genoux : elles semblaient posséder toutes les dernière technologie malgré leur aspect dépassé.
- Excuse-moi, répéta le roux passablement agacé, si tu veux mes bottes autre part que dans le cul, je te conseille d'arrêter de rêvasser... L'ascenseur pour le niveau 2, où est-il ?
L'adolescent laissa une seconde la voix agréable de l'homme s'insinuer en lui, avant de rouvrir les yeux et de pointer le doigt vers la droite..
- L'ascenseur pour le niveau 2 se trouve de l'autre côté de la salle, mais il est toujours plein. Je vous conseille de prendre l'élévateur, c'est moins rapide mais personne ne le prend jamais. Ensuite si vous cherchez les différentes zones du niveau 2, les dispariteurs de 1 à 100 sont à droite de la salle, ceux de 101 à 200 sont à droite, mais il faut vous procurer un jeton pour actionner le dispariteur qui vous intéresse. C'est 30 shuris, que vous échangerez à la caisse qui se trouve au milieu de chaque niveau.
L'autre hocha la tête, un sourire visiblement impressionné sur les lèvres laissant entrapercevoir des dents aux étranges reflets arc-en-ciel, comme le nacre.
- Tu gères ! T'as passé ta vie dans l'astroport pour cracher ton bulletin d'information comme ça ?
- Non, j'attends juste que mes parents reviennent.
Le sourire s'effaça et l'inconnu se passa une main mal à l'aise dans les cheveux. Il sembla prêt à faire un commentaire, mais le retint au dernier moment. Il soupira et ébouriffa la crinière couleur de miel sombre de son interlocuteur.
- Merci. Bonne attente.
Le garçon se recoiffa machinalement, les yeux plantés dans le dos de l'homme, qui s'éloignait d'un pas souple. Un fantôme lui passa sous le nez sans qu'il n'y fasse attention.

Toshimasa Hara sortit du vestiaire, ayant troqué sa combinaison noire et violette contre une longue jupe-pantalon rouge parcourue par des rayures noires et blanches, et un simple pull moulant à motifs variables. Cela faisait visiblement un moment que la mode des jupes-pantalons était passée, mais connaissant la rapidité avec laquelle les goûts changeaient sur terre, il ne serait pas surpris que ce soit de nouveau top tendance le mois suivant. Il chercha immédiatement un kiosque à journaux, histoire de se remettre au courant des choses de la rue et de la scène. Si on pouvait bien lui repprocher une chose en tant que tueur, c'était sa superficialité apparente, mais il assumait parfaitement. Il prit la direction d'un distributeur sur deux niveaux en faisant tinter les grelots de ses bottes..
- Excusez-moi, je cherche le Vogue Street, est-ce que vous l'avez ?
Le centaurien qui tenait le premier niveau du kiosque lui jeta un regard creux en agitant sa longue chevelure de tentacules mauves avant de crier de sa voix éthérée :
- Blutrel, est-ce que tu aurais le Vogue Street ?
- Ouiiii !!
- Montez au premier, mon compagnon l'a.
- Merci.
Le brun prit place sur l'élévateur une personne, qui dégageait une lueur orange fluo assez volcanique. Il s'appuya sur la rambarde du premier niveau pour juger de la décoration dont jouissait l'astroport Paris5. Les murs de la zone D240, qui abritait dix ports d'attaches dont cinq pour nefs publiques, étaient gris-bleus, représentant l'intérieur d'un vieux manoir. Des automates de vampires et de monstres s'inclinaient dans tous les sens pour saluer le passage des voyageurs. Il avait toujours adoré revenir aux époques de fêtes pour admirer les décorations, les vitrines à thèmes et les groupes de costumiers hantant les rues.
Il se détourna pour aller acheter son magazine au superbe centaurien bleu qui le dévisageait depuis son arrivée, ayant dans l'intention d'en profiter pour se dégotter un plan cul -il avait toujours adoré baiser avec les centauriens- lorsqu'un signal particulier dans le coin de ses lunettes l'arrêta. Il les effleura pour activer le scanner discrètement. Son coeur rata un battement. C'était bien ça : il y avait un tueur à gage dans la salle. Faisant mine de rien, il s'approcha de l'extraterrestre qui le reluquait allègrement, occupé à lire les informations qui défilaient dans le coin de ses lunettes. Un tueur à gage dont le gage était bien visible, inscrit à l'intérieur de sa cheville gauche, mais dont le possesseur avait réussi à limiter les effets en brouillant les informations qu'il contenait. Il jura mentalement.
Tous les tueurs à gages possédaient ce gage : un tatouage qui contenait leurs données de tueurs et qui scellait l'aryhnium qui bouillaient dans leur veine. L'aryhnium était un parasite que la commission intergalactique faisait injecter dans le corps de tous leurs habitants et qui les empêchait d'attenter à la vie d'un autre individu parasité par l'aryhnium. Par conséquent, ceux qui exerçaient des professions nécessitant le meurtre devaient faire sceller le parasite. Seulement le scellé en question permettait à n'importe qui possédant un lecteur d'aryhnium de les repérer et de lire les données les concernant. Bien entendu, le lecteur en question était un objet extrêmement rare dont les composants nécessitaient des expéditions extrêmement dangereuses, que Toshiya avait obtenu de la manière la plus illégale qu'il soit. Ça n'aurait pas été drôle, dans le cas contraire.
- le Vogue Street s'il vous plaît, demanda-t-il avec un sourire qu'il savait craquant.
Le centaurien bleu le lui tendit, ses yeux intégralement rouge le scrutant comme on le ferait d'une friandise dans un rayon de supermarché. Le brun l'attrapa en effleurant longuement la main de son vis-à-vis. La peau intégralement glabre de l'extraterrestre s'électrifia sous la caresse. Il lança un nouveau scanner tandis que le vendeur bougeait sulfureusement des tentacules. Un sniper. Tous les poils de son corps s'hérissèrent d'un coup.

Le garçon leva naïvement les yeux vers les hauts-parleurs. Port d'attache D241 pour l'astronef en provenance des Jardins du Cygne. Pour le première fois depuis de longues années, les battements de son coeur accélérèrent comme il ne devrait pas être permis, lançant des salves de frisson d'excitation dans son corps entier. D'ici quelques minutes, ses parents seraient là. Ils seraient de retour sur terre. Auront-ils beaucoup vieillit ? Non, sûrement pas. Pas avec les produits de jouvences qui abondaient sur leur planète. Auront-ils changé ? Sera-t-elle toujours blonde et lui toujours blanc ? L'auront-ils oubliés ? Le trouveront-ils changé ? Il n'en pouvait plus d'attendre les réponses à toutes ces questions.
Autour de lui, la foule compact sembla se remettre à bouger, le happant dans les bouillonnements chaleureux de son flot rapide. Les valves allaient s'ouvrir et tous les globules se précipitaient vers l'ouverture. Il y plongea avec allégresse, ressortant la tête de temps en temps pour respirer et vérifier qu'il évoluait bien dans la bonne direction. L'élévateur qui lui semblait si vide, si désoeuvré habituellement, charriait à présent les voyageurs comme il ne l'avait jamais fait, les propulsant vers le haut dans un simulacre de pointe de vitesse d'une lenteur désespérante. En temps normal il aurait pu attendre patiemment son tour, mais l'attente avait déjà été si longue... pourquoi lui imposer plus ?
Un fantôme le traversa et il cria comme si les monstres d'Halloween avaient soudainement pris vie. Un courant électrique lui traversa les muscles et il bondit en avant, bousculant une famille d'extraterrestres en forme de patates pour prendre place dans l'élévateur. Une secousse l'ébranla, le soulevant du sol avec la lenteur d'un escargot. Allez, plus vite, plus vite ! Il tapa du poing contre la vitre, dans un état d'énervement extrême. Et s'il arrivait trop tard et qu'ils étaient déjà partis sans le voir ? Et s'il ne les trouvait pas ? Et s'ils avaient raté leur astronef ? Non, c'était impossible, il les avait eu par téléphone un mois auparavant, lorsqu'ils avaient embarqué. Il n'avait aucune raison de stresser. Ils seraient là.

Le jeune homme était allongé dans un coin d'ombre du plafond, le dos collé contre le métal par la combinaison aimantée qu'il portait sous ses vêtements. L'architecture volontairement dénudée du bâtiment, avec ses tuyaux dans les angles comme pour faire bouée au cas où l'astroport sombrerait dans l'océan, lui rendait un bien grand service. Il régla la lunette de son sniper, et Toshiya lui apparut en gros plan. Fort mignon. Il n'aurait pas eu à lui faire exploser la tête d'une balle, il l'aurait volontiers croqué. Un rictus sadique lui étira les lèvres : tuer n'était-ce pas une manière de posséder quelqu'un ? Donc en quelque sorte de lui faire l'amour ?
Un détail le fit tiquer, l'empêchant encore une fois d'appuyer sur la gâchette. L'homme occupé à draguer le centaurien bleu, dans son viseur, avait un comportement un peu étrange. Il touchait sans arrêt ses lunettes, et son corps semblait être toujours prêt à bondir. Cela pouvait paraître ridicule de s'inquiéter pour si peu, mais connaissant le tueur de réputation, il avait du mal à croire que ça puisse être un hasard. Il ajusta encore une fois son fusil sur son épaule, vérifiant qu'il était bien sanglé et qu'une fois réglé pour le tir il ne bougerait pas. Il n'avait sans doute aucune raisons de s'inquiéter...
Le roux suait à grosse goutte, ses muscles tendus commençaient à le faire souffrir. S'il lui était déjà arrivé d'avoir à tuer quelqu'un dans cette position, jamais il n'avait dû y rester autant de temps avant de se décider à le faire.

Toshiya ne cessait ses mises à jour, prêt à bondir dès que le tueur-araignée, comme il appelait ceux qui s'accrochaient au plafond pour tirer, se déciderait à enfoncer sa gâchette. A vrai dire, il stressait tellement qu'il n'arrivait pas à draguer convenablement le centaurien qui lui faisait face. Ce n'était pas la première fois qu'il se savait en joue, mais c'était la première qu'il se savait visé par un tueur à gage d'un niveau suffisant pour tenir 5 minutes la position de l'araignée dans un astroport, et pour avoir réussi à brouiller son gage. Lui-même pouvait se vanter d'être un tueur de classe A, capable de rester prêt d'une heure en araignée sans que l'aimantation ne lui fasse perdre connaissance, mais tout tueur A qu'il était, la situation lui était plus que défavorable..
Il s'étira les épaules pour faire partir un frisson qui avait élu domicile entre ses omoplates. .
Et le tir partit. .
Il plongea de côté, roulant sur le sol pour faire face à l'araignée, n'accordant pas un regard au centaurien qui avait prit la balle dans le ventre à travers la paroi du kiosque et qui s'écroulait, des giclées de sang fluorescent éclaboussant les alentours. Il accrocha le regard de son assassin à travers leurs deux paires de lunettes et le viseur du sniper. .
Le temps sembla s'immobiliser.

Soudain, ce fut l'apocalypse. Un astronef transperça le mur donnant sur l'oeil du tourbillon, écrasant la foule de voyageurs épouvantés. Son flanc éventré crachait un déluge de feu sur le sol de l'astroport, brûlant les passagers les plus proches comme s'il s'était agi de poupées d'essence. Partout ça hurlait, des torches humaines aux extraterrestres coupé en deux par les panneaux d'affichages tombés de leur supports. Des corps écrasés par les débri, écrasés par l'astronef, écrasés par la foule et écrasés par la peur jonchaient le sol noir et orange fluo. Le trou créé dans le mur par le vaisseau béait comme une grande bouche aux lèvres déchiquetées, avalant les éléments le plus proche, automate comme être vivants, pour les recracher dans le vide.
Bientôt les seuls mouvements qui agitaient encore la zone dévastée du terminal furent la danse des flammes, l'agonie convulsive des blessés, et le glissement ironique des fantômes holographiques et des automates en plastique fondu.

A suivre...

Et fin du premier chapitre ! J'ai un scénario de malade qui commence à faire son bonhomme de chemin dans mon esprit ! En plus, étant donné que je suis toujours à fond dans Métroid, j'ai l'ambiance idéale qui demeure dans ma tête, je le sens bien. Enfin, je sens surtout que je vais m'éclater sur ce truc ! Franchement, j'ai l'impression de m'en être pas mal tirée du tout pour ce premier chapitre ! Qu'en pensez-vous ?
Aya, fan de Samus
(03/11/07 ; 13:09)