1Auteur
: Ayakai (lacarpetteyahoo.fr).
Nom
: Terminal
5 to eternity.
Genre
: au,
sf, angst, gore, yaoi.
Disclaimer
:
les Dir en Grey ne m'appartiennent en aucun cas, et ils ne savent pas
ce qu'ils ratent !.
Pairing
:
aucune idée pour l'instant..
Mot
de l'auteur :
c'est une fic qui n'a à priori pas de scénario XD !
Non, plus sérieusement j'ai un début, une ambiance, des
bribes de scénario, ne reste plus qu'à attendre que le
reste vienne. Mais il faut que je tape cette foutue idée sinon
elle va me hanter pendant encore pas mal de temps. Et ça,
c'est la faute à Métroid si j'ai voulu faire un truc
qui se passe dans l'espace çç.
Aya, à
fond dedans .
( 30/10/07)
Terminal 5 to eternity
Chapitre 1 : This is Halloween
Le vaisseau dérivait
lentement dans l'espace, épave de métal sans couleur,
voyageur endormi dont la carcasse triste flottait comme dans un rêve,
dans un océan matelassé où les bruits ne
pouvaient pas percer. De temps en temps, les rayons du soleil le plus
proche le faisait scintiller, comme un gros joyau grisâtre que
l'on aurait posé sur un écrin de velours piqueté
d'étoiles. L'idée était alors permise que,
peut-être, la vie existait encore quelque part à
l'intérieur. Mais l'ombre d'un astéroïde proche en
dissuadait tout aussitôt. Il ne pouvait rien y avoir à
bord. Que des cadavres aux membres désarticulés,
semblables à des poupées dont les bras de porcelaine
heurtaient de temps en temps une paroi glaciale..
A l'abri du
temps et de l'abîme, prisonniers de l'éternité.
Un
« bip » extirpa l'homme de son sommeil, effaçant
le cauchemar qu'il venait d'affronter aussi facilement que l'aurait
fait une gomme sur un trait de crayon à papier. Seul lui
restait le désagréable goût, dans la bouche, de
la salive de l'endormi. Il avait toujours eu une sainte horreur de
cette saveur âcre, mais malgré un brossage de dent
assidu, et un détartrage régulier, elle était
toujours là, semblant le poursuivre jusqu'au plus profond de
ses rêves pour lui faire douter de la propreté de sa
mâchoire. Il chassa immédiatement ces brumes délirantes
de son esprit, tentant de reprendre rapidement connaissance, plutôt
que de philosopher sur un détail insignifiant de sa vie.
Tout
autour de lui clignotaient les multiples voyants du vaisseau spatial,
yeux brillants qui semblaient lui dire « Appuie ! Appuie ! Tu
verras le résultat une fois que tu auras appuyé ! ».
Et toutes ces colonies de manettes et de projecteur holographiques
dont il maîtrisait le maniement à la perfection. Il se
dessangla, se propulsant jusqu'au poste de pilotage pour pianoter une
combinaison de lumière. Le volet métallique qui le
plongeait dans un noir d'encre pivota, se repliant dans une paroi du
cockpit. En face de lui, une vue éblouissante en gros plan sur
la planète terre. Toujours aussi belle qu'à son
habitude, avec ses tourbillons nuageux et ses zones d'un bleu profond
dont la simple idée donnait l'impression d'avoir les poumons
remplis d'air pur. Ne serait-ce que les tâches grises des mers
de pollution et la terre cramée, la terre de feu, qui avait
remplacé les dégradés de vert et de brun que
l'on pouvait voir sur d'anciennes photos. Les photos « d'avant
». Il poussa un long soupir de dépit. Un vieux rêve
d'enfant que d'espérer seulement voir un jour, au détour
d'un de ses voyages intergalactiques, cette image regrettée.
Si l'on pouvait regretter quelques chose que l'on n'avait pas
connue. Mais bon, il devrait bien perdre ses illusions un jour, alors
il n'y avait vraiment aucun mal à les assumer encore un peu.
Avant qu'il ne soit trop tard.
Le voyageur agrippa les poignées
de son siège de pilotage pour s'y sangler convenablement. Cela
fait, ses doigts agiles déclenchèrent sans vraiment y
réfléchir le départ du vaisseau. Sans un bruit.
Il avait conscience de la lumière qui avait étincelé
brièvement, déchirant le noir terrifiant de l'espace,
mais il lui semblait toujours aussi inenvisageable qu'elle ne soit
pas accompagnée d'un long rugissement de moteur. La carlingue
tremblait légèrement, signe de sa fatigue, et il se
promit de faire une révision complète une fois arrivé
à l'astroport. A présent il avait encore une ou deux
minutes avant d'entrer dans l'atmosphère, il était
temps de contacter la base d'atterrissage. Levant un doigt ganté
de mauve, il alluma l'écran de dialogue, envoyant son signal à
travers le vide jusqu'à la station de Paris. Il ne fallut que
quelques secondes pour qu'il soit capté et connecté.
-
Paris5 écoute, identifiez-vous.
-
Toshimasa Hara, vaisseau d456 bhg3 fr62, retour de zone C galaxie 12
système 4 planète 53, demande permission d'atterrir.
-
Permission accordée, nous vous ouvrons le port d546, combien
de temps avant d'entrer dans l'atmosphère ?
-
46 secondes.
-
Entendu, Paris5 écoute.
Toshimasa
Hara coupa le contact. Refermant la bulle de protection autour de
lui, il prépara la manoeuvre de retournement, surveillant d'un
oeil averti le compte à rebours qui clignotait devant ses
yeux. Son calme prouvait une certaine habitude de l'atterrissage en
manuel, et un expert aurait immédiatement reconnu ses
techniques de conduites, mais il ne s'inquiétait pas. Si les
tueurs à gages étaient officiellement hors-la-loi,
jamais personne n'aurait eu l'idée de lui interdire un
astroport du fait de sa profession. Et de toutes manières, il
était rare qu'un expert soit envoyé dans une station
dans le but de vérifier la qualité de conduite des
voyageurs, aussi cette perspective ne lui inspirait-elle aucune
crainte. .
Il saisit le manche d'une main sûre, et au
moment exact ou s'affichait le « 0 », il l'inclina en
sens inverse, provoquant l'immédiat retournement des
réacteurs. Le bouclier de refroidissement s'était
déclenché instantanément, faisant en sorte que
la température intérieure de l'appareil n'augmente pas
d'un degré. L'homme fit apparaître une vue de l'arrière,
évaluant sans aucun problème la trajectoire à
effectuer et la distance dont il disposait pour ralentir de manière
à repartir dans l'autre sens.
Il ne voyait derrière
lui que la grisaille épaisse comme du coton, de la nappe de
pollution qui recouvrait la capitale de la France. Ecoeurant.
Lorsqu'il avait repeint en noir sa porte d'entrée, l'eau qui
lui avait servi à rincer le pinceau avait la même teinte
de nuit diluée et de purée de pois. Il étira le
bras pour allumer l'écran de surveillance, et les grattes-ciel
lui apparurent en relief, comme délivrés de leur gangue
de crasse.
-
Paris5, écoutez. Le port d'attache est ouvert, déclenchez
la manoeuvre d'approche pour vous y atteler.
-
Hara écoute, retournement dans 5 secondes, 3, 2, 1,...
Le
monde bascula et apparut derrière le vitrage l'astroport non
filtré. Un tourbillon artificiel constant dégageait la
visibilité à ses alentours, permettant aux vaisseaux,
même les plus aveugles, d'atterrir sans aucun dommage.
Seulement, ce tourbillon soi-disant sécurisé provoquait
quelques accidents en chopant des appareils en plein vol, les broyant
dans son vent terrifiant avant de le recracher contre la structure
d'une tour avoisinante, provoquant l'éboulement d'une partie
de l'édifice. Chaque base d'atterrissage avait sa technique
pour échapper à la pollution. Celle de Tokyo montait au
fur et à mesure que s'étalait en hauteur la nappe,
celle de Londres était sous-marine, celle de New-York avait
opté pour un couloir luminescent qui souffrait malheureusement
d'embouteillages lorsqu'un employé de la tour de contrôle
ne faisait pas son travail..
Le tueur à gage alluma les
réacteurs inférieurs, redressant la trajectoire de
l'engin. Quelques secondes plus tard il descendait à la
verticale dans l'oeil du cyclone, mêlant son sillage à
celui de dizaines d'astronef. Il lui fallut moins de 10 secondes pour
trouver le port d'amarrage d546 et y glisser son appareil.
Le
jeune homme se jeta un bref regard dans le rétroviseur de la
bulle, prenant tout juste la peine de remettre en place une de ses
mèches écarlates. Derrière lui, un taxi
klaxonnait comme un malade, certainement persuadé que ce son
possédait le pouvoir d'un turbo. Il lui adressa un doigt
d'honneur, conscient que tous ses mouvements étaient visibles
à travers la structure intégralement transparente du
véhicule.
La tour de l'astroport dans son tourbillon était
à présent assez proche pour qu'il sente l'aspiration du
vent malgré les barrières de protections qui
entouraient la zone. Il coupa le contact, se laissant tomber en chute
libre sur une vingtaine de mètre avant de se relancer
directement dans la foule de conducteurs qui pénétraient
dans le tunnel magnétique. Il adorait cette sensation
euphorisante qu'était celle de son coeur remontant dans son
cerveau, à un tel point qu'il n'était plus totalement
conscient qu'un jour la bulle ne redémarrait pas et qu'il
s'écraserait soit sur un véhicule volant à la
verticale de lui, soit des kilomètres plus bas sur le bitume
dévasté des bas-fonds de Paris.
Il fit un signe
joyeux au chauffeur estomaqué, à côté de
lui, qui venait de voir tomber de nul part la bulle transparente,
prit d'une soudaine envie d'éclater de rire. Un grésillement
le fit sursauter, et il toucha légèrement la projection
holographique de la radio, essayant d'éclaircir le son. Un
coup de klaxon lui signala qu'il allait se payer la barrière
de l'entrée du tunnel magnétique, et il redressa sa
trajectoire juste à temps pour se placer sur les rails
invisibles qui le menaient directement au parking de l'astroport.
-
... d456 bhg3 fr62, retour de zone C gal... plan... mission
d'atterrir.
- Permission accordée, nous ... port d546,
combien de temps...
- 46 secon...
-
... Paris5 écoute.
Le
rouquin laissa échapper un léger sourire, fier de sa
radio pirate, et surtout heureux que le son n'ai pas coupé au
moment où la tourelle annonçait les coordonnées
de la borne d'amarrage du vaisseau de Toshiya. Ou plutôt de
Toshimasa Hara. Toshiya était le nom sous lequel l'homme
officiait en tant que tueur à gage, l'autre étant son
nom officiel, celui inscrit sur tous ses papiers d'identités
et celui qu'il donnait au monde extérieur. Le monde intérieur
était le nom que donnaient au monde du meurtre ceux qui y
naviguaient. C'était le cas du jeune chauffeur. Pourtant, qui
l'aurait cru ?
Il manoeuvra rapidement pour couper la route d'une
voiture qui s'apprêtait à se garer, installant sa bulle
à sa place. Un concert de rugissements furieux se brisa sur
les murs insonorisés de l'appareil, n'affectant pas le moins
du monde l'homme qui écarta sa crinière de sang de son
visage pour fouiller sous lui à la recherche de l'étui
de violon qu'il avait dissimulé sous la banquette invisible.
Un rapide coup d'oeil à l'intérieur lui indiqua que
toutes les pièces étaient présentes et qu'il
n'avait plus qu'à les monter. Les jours de grande fatigue, ça
lui prenait 5 secondes, et là il se sentait plutôt en
forme.Il sauta à terre après avoir rapidement piraté
l'horodateur, et pris l'ascenseur pour la secteur D en sifflotant
joyeusement un air de musique. Un vieux truc qu'il avait entendu
alors qu'il regardait une émission sur la fin des années
« avant ». Le groupe s 'appelait Oasis ou quelque chose
dans le genre, mais à vrai dire c'était un nom qui lui
paraissait tellement abstrait qu'il ne pouvait confirmer que c'était
bien le cas.
La cabine de verre commença à ralentir
et le rouquin dut retenir un glapissement d'excitation en appercevant
le panneau « secteur D ». Il adorait son métier.
Toshimasa descendit de son
vaisseau du pas malhabile de celui qui a passé trop de temps
dans l'espace. Malgré toutes ces années de voyages
interstellaires, l'arrivée lui faisait toujours le même
effet déstabilisant, comme s'il réaprenait à
chaque fois à marcher.. Un tireur embusqué n'aurait pas
eu trop de mal à le descendre si l'envie lui était
venue. Mais il ne voyait pas comment un tireur pourraient s'infiltrer
aussi proche des vaisseaux, et si c'était le cas, ça
signifierait que sa tête serait mise à prix. Il pensait
en être le premier informé si jamais ça devait
arriver.
Un soupir de soulagement lui échappa lorsqu'il
enleva son casque, libérant sa masse de cheveux bruns sur ses
épaules. L'air purifié du bâtiment lui
apparaissait comme un véritable soulagement après avoir
passé deux semaines dans un appareil à air recyclé.
Avec la somme que lui rapporterait la tête de sa dernière
cible abattue, il projetait d'investir dans un diffuseur de parfum,
les derniers comportaient les options « air de montagne »,
« air de bord de mer » et « fraîcheur d'hiver
», ce dont rêve dont voyageur condamné à un
enfermement prolongé dans une cabine à 30° et aux
délicats relents de sueur.
- Monsieur Hara, je m'occupe de
votre véhicule ?
Le brun lança un regard à
l'androïde d'entretien qui lui présentait son bras pour
qu'il y introduise sa carte de paiement et y enregistre ses désirs.
Il prit tout d'abord le temps d'enfiler ses lunettes, scannant
rapidement la zone au cas où un sniper soit actuellement en
train de s'accorder. Rien en vue. Il glissa une carte en plastique
dans le lecteur intégré du robot, et tapa rapidement un
programme de révision-réparation-nettoyage-plein en
pleurant sur son compte en banque. Mais il ne s'inquiétait pas
outre-mesure, grâce à son dernier contrat, il rentrerait
largement dans ses frais.
- Merci monsieur Hara. Le vestiaire est
à votre gauche. Nous espérons que...
- ... vous avez
fait un bon voyage et que vous profiterez le plus longtemps possible
de l'hospitalité de l'astroport Paris5, récita le tueur
en levant les yeux au ciel.
Dix ans qu'on lui sortait le même
barratin, il finissait par le connaître plus que par coeur. Il
jeta un oeil à son bracelet holographique et déclencha
le déchargement de sa valise par l'avant du véhicule.
Un gros sac noir monté sur coussin antipesanteur glissa
jusqu'à lui depuis le coffre, avant qu'il ne se referme dans
un clac métallique qui fit trembler la carlingue. Une couche
de peinture répratrice allait être nécessaire :
même aller jusqu'à Mars aurait été de trop
pour le vaisseau.Sur cette constatation financièrement
catastrophique, il prit la direction du gros vestiaire orange vif
avec l'impression d'être une star du glam retournant dans sa
loge.
Halloween. L'adolescent ne se
lassait pas de contempler les sombres décorations qui
flottaient à quelques mètres du sol. Des fantômes
se baladaient entre les citrouilles, les feu-follets, et autres
effets holographiques qui hantaient le gigantesque hall de la section
D de l'astroport de Paris5. Une voix amplifiée s'entêtait
à répéter l'arrivée des astronefs et leur
zone d'attache. Il n'y faisait pas attention, il savait au fond de
lui que lorsque serait annoncé le vaisseau qui transportait
ses parents il l'entendrait. Cela faisait trop longtemps qu'ils
étaient absents, le numéro de la navette qui les
transportait, sa provenance, et son heure d'arrivée étaient
profondément ancrés dans sa mémoire, comme
l'était un virus dans celle d'un ordinateur.
Autour de lui
se bousculait la foule hétéroclite et pressée
des voyageurs interstellaires. L'un avait son taxi à prendre,
l'autre était en retard pour le bus spatial en direction de la
Lune, ce troisième avait perdu ses bagages, et son semblable
cherchait désespérément sa fille de trois ans
aux couettes violettes et aux boucles d'oreilles en forme de fraise.
Il ne s'en sentait pas affecté. Jamais ne lui était
venu l'idée que cette masse humanoïde et monstrueuse
était bruyante ou désagréable. Non, c'était
le chant de l'astroport. Sa voix et son sang. Lui-même était
un globule blanc, un peu trop jeune, un peu trop fragile, et il
attendait désespérément que s'ouvrent les valves
de l'astronef en provenance du Jardin des Cygnes, trente et unième
planète habitable de la constellation du Cygne.
-
Excuse-moi, est-ce que tu saurais où se trouve l'ascenseur
pour le niveau 2 ?
L'enfant lâcha des yeux une sorcière
au nez crochu et au rire grinçant pour reporter leur regard de
cendre sur l'homme qui se dressait devant lui. C'était un
grand gaillard aux allures d'alumettes, les cheveux comme des
flammes, une paire de lunette de soleil juchée sur le nez,
vêtu d'une manière un peu dépassée qui
évoquait ceux « d'avant », et un étui à
violon couvert d'autocollants sous son bras. Il lui trouva
immédiatement quelque chose de bizarre. Il dégageait
trop de charme, trop de sympathie, et trop de mystère pour
qu'il puisse vraiment être quelqu'un de normal. D'ailleurs,
est-ce que quelqu'un de normal porterait ces vêtements ? Il
jeta un coup d'oeil aux hautes bottes en simili-cuir qui lui
montaient jusqu'aux genoux : elles semblaient posséder toutes
les dernière technologie malgré leur aspect dépassé.
-
Excuse-moi, répéta le roux passablement agacé,
si tu veux mes bottes autre part que dans le cul, je te conseille
d'arrêter de rêvasser... L'ascenseur pour le niveau 2, où
est-il ?
L'adolescent laissa une seconde la voix agréable
de l'homme s'insinuer en lui, avant de rouvrir les yeux et de pointer
le doigt vers la droite..
- L'ascenseur pour le niveau 2 se trouve
de l'autre côté de la salle, mais il est toujours plein.
Je vous conseille de prendre l'élévateur, c'est moins
rapide mais personne ne le prend jamais. Ensuite si vous cherchez les
différentes zones du niveau 2, les dispariteurs de 1 à
100 sont à droite de la salle, ceux de 101 à 200 sont à
droite, mais il faut vous procurer un jeton pour actionner le
dispariteur qui vous intéresse. C'est 30 shuris, que vous
échangerez à la caisse qui se trouve au milieu de
chaque niveau.
L'autre hocha la tête, un sourire
visiblement impressionné sur les lèvres laissant
entrapercevoir des dents aux étranges reflets arc-en-ciel,
comme le nacre.
- Tu gères ! T'as passé ta vie dans
l'astroport pour cracher ton bulletin d'information comme ça
?
- Non, j'attends juste que mes parents reviennent.
Le
sourire s'effaça et l'inconnu se passa une main mal à
l'aise dans les cheveux. Il sembla prêt à faire un
commentaire, mais le retint au dernier moment. Il soupira et
ébouriffa la crinière couleur de miel sombre de son
interlocuteur.
- Merci. Bonne attente.
Le garçon se
recoiffa machinalement, les yeux plantés dans le dos de
l'homme, qui s'éloignait d'un pas souple. Un fantôme lui
passa sous le nez sans qu'il n'y fasse attention.
Toshimasa
Hara sortit du vestiaire, ayant troqué sa combinaison noire et
violette contre une longue jupe-pantalon rouge parcourue par des
rayures noires et blanches, et un simple pull moulant à motifs
variables. Cela faisait visiblement un moment que la mode des
jupes-pantalons était passée, mais connaissant la
rapidité avec laquelle les goûts changeaient sur terre,
il ne serait pas surpris que ce soit de nouveau top tendance le mois
suivant. Il chercha immédiatement un kiosque à
journaux, histoire de se remettre au courant des choses de la rue et
de la scène. Si on pouvait bien lui repprocher une chose en
tant que tueur, c'était sa superficialité apparente,
mais il assumait parfaitement. Il prit la direction d'un distributeur
sur deux niveaux en faisant tinter les grelots de ses bottes..
-
Excusez-moi, je cherche le Vogue
Street, est-ce
que vous l'avez ?
Le centaurien qui tenait le premier niveau du
kiosque lui jeta un regard creux en agitant sa longue chevelure de
tentacules mauves avant de crier de sa voix éthérée
:
- Blutrel, est-ce que tu aurais le Vogue
Street
?
- Ouiiii !!
- Montez au premier, mon compagnon l'a.
-
Merci.
Le brun prit place sur l'élévateur une
personne, qui dégageait une lueur orange fluo assez
volcanique. Il s'appuya sur la rambarde du premier niveau pour juger
de la décoration dont jouissait l'astroport Paris5. Les murs
de la zone D240, qui abritait dix ports d'attaches dont cinq pour
nefs publiques, étaient gris-bleus, représentant
l'intérieur d'un vieux manoir. Des automates de vampires et de
monstres s'inclinaient dans tous les sens pour saluer le passage des
voyageurs. Il avait toujours adoré revenir aux époques
de fêtes pour admirer les décorations, les vitrines à
thèmes et les groupes de costumiers hantant les rues.
Il
se détourna pour aller acheter son magazine au superbe
centaurien bleu qui le dévisageait depuis son arrivée,
ayant dans l'intention d'en profiter pour se dégotter un plan
cul -il avait toujours adoré baiser avec les centauriens-
lorsqu'un signal particulier dans le coin de ses lunettes l'arrêta.
Il les effleura pour activer le scanner discrètement. Son
coeur rata un battement. C'était bien ça : il y avait
un tueur à gage dans la salle. Faisant mine de rien, il
s'approcha de l'extraterrestre qui le reluquait allègrement,
occupé à lire les informations qui défilaient
dans le coin de ses lunettes. Un tueur à gage dont le gage
était bien visible, inscrit à l'intérieur de sa
cheville gauche, mais dont le possesseur avait réussi à
limiter les effets en brouillant les informations qu'il contenait. Il
jura mentalement.
Tous les tueurs à gages possédaient
ce gage : un tatouage qui contenait leurs données de tueurs et
qui scellait l'aryhnium qui bouillaient dans leur veine. L'aryhnium
était un parasite que la commission intergalactique faisait
injecter dans le corps de tous leurs habitants et qui les empêchait
d'attenter à la vie d'un autre individu parasité par
l'aryhnium. Par conséquent, ceux qui exerçaient des
professions nécessitant le meurtre devaient faire sceller le
parasite. Seulement le scellé en question permettait à
n'importe qui possédant un lecteur d'aryhnium de les repérer
et de lire les données les concernant. Bien entendu, le
lecteur en question était un objet extrêmement rare dont
les composants nécessitaient des expéditions
extrêmement dangereuses, que Toshiya avait obtenu de la manière
la plus illégale qu'il soit. Ça n'aurait pas été
drôle, dans le cas contraire.
- le Vogue
Street
s'il vous plaît, demanda-t-il avec un sourire qu'il savait
craquant.
Le centaurien bleu le lui tendit, ses yeux
intégralement rouge le scrutant comme on le ferait d'une
friandise dans un rayon de supermarché. Le brun l'attrapa en
effleurant longuement la main de son vis-à-vis. La peau
intégralement glabre de l'extraterrestre s'électrifia
sous la caresse. Il lança un nouveau scanner tandis que le
vendeur bougeait sulfureusement des tentacules. Un sniper. Tous les
poils de son corps s'hérissèrent d'un coup.
Le garçon leva
naïvement les yeux vers les hauts-parleurs. Port d'attache D241
pour l'astronef en provenance des Jardins du Cygne. Pour le première
fois depuis de longues années, les battements de son coeur
accélérèrent comme il ne devrait pas être
permis, lançant des salves de frisson d'excitation dans son
corps entier. D'ici quelques minutes, ses parents seraient là.
Ils seraient de retour sur terre. Auront-ils beaucoup vieillit ? Non,
sûrement pas. Pas avec les produits de jouvences qui abondaient
sur leur planète. Auront-ils changé ? Sera-t-elle
toujours blonde et lui toujours blanc ? L'auront-ils oubliés ?
Le trouveront-ils changé ? Il n'en pouvait plus d'attendre les
réponses à toutes ces questions.
Autour de lui, la
foule compact sembla se remettre à bouger, le happant dans les
bouillonnements chaleureux de son flot rapide. Les valves allaient
s'ouvrir et tous les globules se précipitaient vers
l'ouverture. Il y plongea avec allégresse, ressortant la tête
de temps en temps pour respirer et vérifier qu'il évoluait
bien dans la bonne direction. L'élévateur qui lui
semblait si vide, si désoeuvré habituellement,
charriait à présent les voyageurs comme il ne l'avait
jamais fait, les propulsant vers le haut dans un simulacre de pointe
de vitesse d'une lenteur désespérante. En temps normal
il aurait pu attendre patiemment son tour, mais l'attente avait déjà
été si longue... pourquoi lui imposer plus ?
Un
fantôme le traversa et il cria comme si les monstres
d'Halloween avaient soudainement pris vie. Un courant électrique
lui traversa les muscles et il bondit en avant, bousculant une
famille d'extraterrestres en forme de patates pour prendre place dans
l'élévateur. Une secousse l'ébranla, le
soulevant du sol avec la lenteur d'un escargot. Allez, plus vite,
plus vite ! Il tapa du poing contre la vitre, dans un état
d'énervement extrême. Et s'il arrivait trop tard et
qu'ils étaient déjà partis sans le voir ? Et
s'il ne les trouvait pas ? Et s'ils avaient raté leur astronef
? Non, c'était impossible, il les avait eu par téléphone
un mois auparavant, lorsqu'ils avaient embarqué. Il n'avait
aucune raison de stresser. Ils seraient là.
Le jeune homme était
allongé dans un coin d'ombre du plafond, le dos collé
contre le métal par la combinaison aimantée qu'il
portait sous ses vêtements. L'architecture volontairement
dénudée du bâtiment, avec ses tuyaux dans les
angles comme pour faire bouée au cas où l'astroport
sombrerait dans l'océan, lui rendait un bien grand service. Il
régla la lunette de son sniper, et Toshiya lui apparut en gros
plan. Fort mignon. Il n'aurait pas eu à lui faire exploser la
tête d'une balle, il l'aurait volontiers croqué. Un
rictus sadique lui étira les lèvres : tuer n'était-ce
pas une manière de posséder quelqu'un ? Donc en quelque
sorte de lui faire l'amour ?
Un détail le fit tiquer,
l'empêchant encore une fois d'appuyer sur la gâchette.
L'homme occupé à draguer le centaurien bleu, dans son
viseur, avait un comportement un peu étrange. Il touchait sans
arrêt ses lunettes, et son corps semblait être toujours
prêt à bondir. Cela pouvait paraître ridicule de
s'inquiéter pour si peu, mais connaissant le tueur de
réputation, il avait du mal à croire que ça
puisse être un hasard. Il ajusta encore une fois son fusil sur
son épaule, vérifiant qu'il était bien sanglé
et qu'une fois réglé pour le tir il ne bougerait pas.
Il n'avait sans doute aucune raisons de s'inquiéter...
Le
roux suait à grosse goutte, ses muscles tendus commençaient
à le faire souffrir. S'il lui était déjà
arrivé d'avoir à tuer quelqu'un dans cette position,
jamais il n'avait dû y rester autant de temps avant de se
décider à le faire.
Toshiya ne cessait ses
mises à jour, prêt à bondir dès que le
tueur-araignée, comme il appelait ceux qui s'accrochaient au
plafond pour tirer, se déciderait à enfoncer sa
gâchette. A vrai dire, il stressait tellement qu'il n'arrivait
pas à draguer convenablement le centaurien qui lui faisait
face. Ce n'était pas la première fois qu'il se savait
en joue, mais c'était la première qu'il se savait visé
par un tueur à gage d'un niveau suffisant pour tenir 5 minutes
la position de l'araignée dans un astroport, et pour avoir
réussi à brouiller son gage. Lui-même pouvait se
vanter d'être un tueur de classe A, capable de rester prêt
d'une heure en araignée sans que l'aimantation ne lui fasse
perdre connaissance, mais tout tueur A qu'il était, la
situation lui était plus que défavorable..
Il
s'étira les épaules pour faire partir un frisson qui
avait élu domicile entre ses omoplates. .
Et le tir
partit. .
Il plongea de côté, roulant sur le sol
pour faire face à l'araignée, n'accordant pas un regard
au centaurien qui avait prit la balle dans le ventre à travers
la paroi du kiosque et qui s'écroulait, des giclées de
sang fluorescent éclaboussant les alentours. Il accrocha le
regard de son assassin à travers leurs deux paires de lunettes
et le viseur du sniper. .
Le temps sembla s'immobiliser.
Soudain, ce fut
l'apocalypse. Un astronef transperça le mur donnant sur l'oeil
du tourbillon, écrasant la foule de voyageurs épouvantés.
Son flanc éventré crachait un déluge de feu sur
le sol de l'astroport, brûlant les passagers les plus proches
comme s'il s'était agi de poupées d'essence. Partout
ça hurlait, des torches humaines aux extraterrestres coupé
en deux par les panneaux d'affichages tombés de leur supports.
Des corps écrasés par les débri, écrasés
par l'astronef, écrasés par la foule et écrasés
par la peur jonchaient le sol noir et orange fluo. Le trou créé
dans le mur par le vaisseau béait comme une grande bouche aux
lèvres déchiquetées, avalant les éléments
le plus proche, automate comme être vivants, pour les recracher
dans le vide.
Bientôt les seuls mouvements qui agitaient
encore la zone dévastée du terminal furent la danse des
flammes, l'agonie convulsive des blessés, et le glissement
ironique des fantômes holographiques et des automates en
plastique fondu.
A suivre...
Et
fin du premier chapitre ! J'ai un scénario de malade qui
commence à faire son bonhomme de chemin dans mon esprit ! En
plus, étant donné que je suis toujours à fond
dans Métroid, j'ai l'ambiance idéale qui demeure dans
ma tête, je le sens bien. Enfin, je sens surtout que je vais
m'éclater sur ce truc ! Franchement, j'ai l'impression de m'en
être pas mal tirée du tout pour ce premier chapitre !
Qu'en pensez-vous ?
Aya, fan de Samus
(03/11/07 ;
13:09)
