Hello!

Je sais que je suis incorrigible... J'avais à peine entamé une fiction Hermione/Drago (Dix mois de présages) que je l'ai interrompue et supprimée... Pour ceux qui se posent la question, voici ma réponse : dans ma hâte d'écrire une fic sur Harry Potter, j'ai publié le début de mon histoire sans aucunement connaître les détails à venir. Normalement, c'est comme ça que je fonctionne (les idées me viennent à l'esprit au fur et à mesure de ma rédaction), mais sur ce coup-ci, je n'avais même pas les grandes lignes d'écrites, alors j'ai préféré l'abandonner.

Cette fiction-ci, Une leçon d'honneur, m'inspire beaucoup contrairement à Dix mois de présages. J'ai un bon plan qui m'inspire et qui m'encourage à écrire rapidement. Alors après des heures à essayer de trouver un titre convenable (qui même choisi, ne me satisfait pas), je poste enfin le prologue (suite à 23 610 relectures) de ce qui s'annonce être une longue fiction encore mieux ficelée que L'exode des hostiles. J'ai l'intention de poster lentement (un chapitre par semaine), mais il se peut fortement que je change d'avis et que dans un élan d'exaltation, j'en poste deux dans une même semaine. Puisque nous sommes actuellement jeudi, la publication de mes chapitres sera tous les jeudis (duh). Évidemment, il se peut également qu'il y ait des exceptions et que je ne poste pas certaines semaines (pour x éventuelle raison), mais ça, je ne saurais le prévoir.

Alors je vous laisse sur ces détails, espérant que je ne fasse pas comme avec Dix mois de présages et que je l'abandonne en plein chemin. Je suis tellement imprévisible...

J'espère que vous apprécierez votre lecture!

Lexa Nedra


Une leçon d'honneur

Prologue

L'odeur était écœurante. Des effluves de vomissures, d'excréments et d'humidité rendaient l'air humide irrespirable autour de Drago et avaient collé une grimace dédaigneuse sur son visage pâle aussitôt qu'il eut franchi le battant de bois pourri. Autant à ses pieds qu'au niveau de ses yeux, tout ne lui inspirait qu'une profonde nausée : les dalles installées sous lui et sur les murs se divisaient grossièrement par un chemin de moisissure, des toiles translucides d'araignées aussi grosses que sa main pendaient du plafond, des fluides douteux formaient des petites flaques brunâtres çà et là dans les concavités du sol… Drago n'arrivait pas à croire que son paternel ne soit pas devenu fou à force d'être séquestré dans des cachots semblables ; lui n'y était que depuis quelques courtes minutes et s'impatientait déjà à l'idée d'en sortir le plus rapidement possible.

L'homme derrière lui lui enfonça sa baguette dans le dos afin de le pousser à accélérer le pas, chose qu'il ne tarda pas à faire. Les gardiens d'Azkaban étaient tous les mêmes : rustres et aussi malpropres que le bâtiment qu'ils contrôlaient. Drago aurait pu lui décocher un regard torve pour lui rappeler qu'il était un visiteur et non un détenu, mais il se ravisa après s'être souvenu qu'un gamin de dix-huit ans et une femme aussi délicate que sa mère ne pourraient certainement pas tenir tête à ce malotru. De plus, il avait lorgné Narcissa avec un peu trop de concupiscence lors de leur entrée dans la prison pour qu'il se permette de le provoquer davantage en faisant le malin.

Comme si elle avait senti le malaise de son fils, Narcissa ralentit la vitesse de son pas puis saisit sa main moite. Son comportement était devenu très étrange depuis quelques semaines ; elle avait continuellement manifesté, au Manoir Malefoy, une exaltation qui ne collait pas du tout avec les derniers incidents qui avaient secoué leur famille. Certes, elle avait d'abord été complètement détruite lors du procès qui eut sentencié Lucius, pour une seconde fois, à une incarcération à vie sans possibilité de libération conditionnelle, mais les jours avaient apporté chez elle un changement radical, et c'était exactement ce changement d'origine mystérieuse qui le traînait aujourd'hui jusqu'à Azkaban ; enfin, il allait entrer en connaissance avec ce qui semblait lui avoir échappé pendant trop longtemps.

Le gardien pressa le pas afin de doubler les deux visiteurs puis s'arrêta devant une cellule quelques mètres plus loin. Il saisit la matraque accrochée à sa ceinture de cuir marron puis cogna activement contre les barreaux de métal qui produisirent, en écho interminable, un son incroyablement agressant.

- Mal'foy! éructa le gardien comme s'il s'adressait à une déjection. Hé, Mal'foy! T'as d'la visite, p'tite fleur!

Drago grimaça, embarrassé par le sobriquet utilisé pour désigner son père. Sûrement se faisait-il constamment humilier en raison de ses origines aristocratiques et de ses tics gracieux qui contrastaient fortement avec le lieu dans lequel il avait abouti.

Lui et sa mère rejoignirent le gardien sous le regard récriminateur de celui-ci et aperçurent enfin l'homme qu'ils étaient venus visiter. Le visage de Lucius s'illumina tristement dans la pénombre de sa cellule tandis qu'il quittait sa couchette pour s'approcher des barreaux de fer.

- Z'avez di' m'nutes, déclara le gardien en chiquant insolemment un machin indéfinissable. J's'rai là-bas, d'l'autre côté d'la porte. J'vais v'nir vous chercher quand vot' temps s'ra fini.

Narcissa remercia l'homme d'un sourire affecté puis attendit qu'il s'éloigne avant de tourner son attention vers son mari.

- Ma chérie… gémit Lucius en passant une main entre deux barreaux pour approcher son visage du sien.

Ils s'embrassèrent longuement, laissant Drago dans une position inconfortable ; indisposé, il balaya de son pieds quelques plumes d'un blanc immaculé qui jonchaient le sol.

Depuis la Bataille de Poudlard, quelque chose en lui s'était éteint. Quelque chose qui l'avait autrefois lié étroitement à son père et à sa mère. En étant témoin de cette guerre, Drago avait pris conscience du rôle extrêmement important que sa famille avait joué dans cette ère sordide qui s'achevait. Cette lucidité lui avait été beaucoup plus néfaste que bénéfique, car maintenant, il voyait ses parents comme deux imposteurs.

- Drago, mon fils… susurra le prisonnier avec émoi en posant une main sur son épaule.

- Bonjour papa, répliqua Drago en étirant un maigre sourire.

Les nouvelles s'échangèrent mais sans réel intérêt puisqu'un sujet beaucoup plus urgent semblait brûler les lèvres écarlates de Narcissa. Durant l'entière conversation, ses deux yeux céruléens n'avaient fixé que son époux pour qui elle éprouvait manifestement encore un amour éperdu, et Drago, loin d'être dupe, devinait déjà que le but de sa visite n'allait pas l'enchanter outre mesure.

- Drago, j'estime que tu as maintenant le droit de savoir ce que nous manigançons depuis quelques semaines… admit Narcissa, le regard étincelant, tandis que Lucius plongeait une main dans sa chaussette.

Déjà, les pensées du jeune Malefoy n'étaient que confusion. Comment pouvaient-ils avoir « manigancé quelque chose » si Narcissa s'eut confinée entre les murs de leur demeure depuis mai dernier sans esquisser le moindre effort pour en sortir? Le petit miroir mal équarri que Lucius brandit sous son nez dissipa aussitôt le brouillard dans lequel il nageait sans toutefois le dispenser de fortes appréhensions. Tout ça n'augurait pas bien.

- C'est cette chose qui m'attire toute sorte de surnom semblable à celui que tu viens d'entendre, indiqua Lucius à l'adresse de son fils. Tu sais ce que c'est, n'est-ce pas?

- Évidemment. Maman a le même, pas vrai?

En guise de réponse, Narcissa extirpa de son gant de dentelle noir un miroir dont les pourtours irréguliers semblaient épouser parfaitement ceux de son jumeau et le présenta à son fils.

- Pourquoi ne pas m'avoir annoncé plus tôt que vous communiquiez ensemble? demanda sèchement le jeune homme. (Il s'adressa directement à sa mère.) C'est pour ça que tu t'enfermais dans le boudoir avec les autres? Pour discuter avec papa?

- C'est exact, rétorqua doucement la dame, mais…

- Alors pourquoi m'avoir tenu écarté de vos réunions secrètes? renchérit-il avec ardeur.

- Nous y venons, Drago, nous y venons, le coupa Lucius d'une voix qui n'inspirait que le calme. Laisse ta mère poursuivre. Mais juste avant… (Il rompit son miroir en son centre à l'aide de ses deux mains puis lui tendit une moitié.) Ceci t'appartient, dorénavant.

Drago observa l'objet avec méfiance, comme s'il s'apprêtait à lui lacérer le visage. Lucius dut saisir la main de son fils pour lui-même y enfouir le miroir tant sa réaction tardait, mais il ne se montra pas amer pour autant.

- À partir de maintenant, nous pourrons discuter aisément entre père et fils, annonça Lucius sans cacher son bouleversement. Chose qui se raréfie malheureusement…

- Je pourrais être très sévèrement sanctionné si on me trouvait avec ça sur moi à Poudlard, rétorqua Drago sans s'attendrir le moins du monde. Surtout si on découvrait que je communique avec un prisonnier d'Azkaban.

- Aucun risque. Ce genre de moyen de communication est loin d'être commun.

D'un hochement de tête, le blondinet signala qu'il avait compris et enfouit l'objet dans sa poche sans grande précaution. Lucius permit ensuite à sa femme, d'un simple geste engageant, d'expliquer leurs manigances. Narcissa accueillit l'invitation avec un sourire qui découvrit de belles dents blanches parfaitement alignées, jeta un œil en direction de la porte derrière laquelle le gardien patientait depuis cinq minutes puis se concentra sur son petit récit :

- Ce miroir, Drago, nous a permis de discuter avec ton père sur un sujet bien particulier, développa-t-elle d'une voix basse. Lorsque nos amis et moi nous isolions, c'était afin de tranquillement bâtir un plan qui nous permettrait éventuellement de reproduire le scandale qui eut lieu en janvier 1996…

Sa progéniture grimaça ; il n'était pas d'humeur à jouer aux devinettes.

- Une évasion, Drago…! murmura Narcissa avec de grands yeux pétillants d'excitation. Un plan pour provoquer une seconde évasion massive!

Un cognard frappé directement dans le ventre par la grande Gwenog Jones aurait eu le même effet. La nouvelle, effroyable, le laissa sans voix durant la suite qui s'étendit :

- Imagines-tu? Ton père serait enfin libre… (Elle lança à son mari un regard surchargé d'affection.) Et nos amis, ceux détenus dans cette infecte prison, seraient également libérés grâce à nous! Nous qui avons évité de justesse une cellule comme celle-ci…

- C'est un plan finement ciselé, ajouta Lucius avec fierté. Tout a été peaufiné. Il ne reste que la date à fixer.

Drago aurait au moins voulu feindre l'exaltation afin de combler ses parents, mais le choc était trop colossal pour le lui permettre.

- Mais… pourquoi? bredouilla simplement leur fils.

Leur euphorie s'estompa brusquement. Narcissa sembla soudainement affreusement déçue, presque scandalisée, tandis que les traits de son père se déformèrent jusqu'à dessiner sur son visage une expression de pure haine.

- Comment oses-tu poser cette question idiote? assena le condamné en se penchant à la hauteur de son fils. Ne fais-tu pas partie de la même famille que nous? N'es-tu pas un membre de la lignée désormais déshonorée des Malefoy? N'as-tu pas vécu dans le même monde que nous lorsque ce… ce… cette… p-pourriture de Potter a saboté la dignité de notre famille déchue, Drago? N'es-tu pas révolté?

Intimidé par la colère de son père, le jeune homme baissa les yeux. Contrairement à ses parents, cette guerre l'avait complètement changé, lui. Vraiment. L'effroi avait été beaucoup trop puissant lors des dernières années pour que le ressentiment l'habite encore. Mais ça, il était hors de question qu'il l'admette à voix haute, car ses deux géniteurs ne semblaient avoir tiré aucune leçon de cette tragédie qui aura marqué l'histoire. Ou si oui, que celle-ci : ils devaient venger la dégression des Malefoy.

- Potter paiera, lui assura Lucius après avoir apaisé son accès de rage. Ses actes ne resteront pas impunis. Du moins, pas de mon vivant.

- Alors c'est ça? fit petitement Drago sans trouver le courage de lever les yeux. Tu veux t'évader pour accomplir ce que le Seigneur des Ténèbres n'a pas su faire?

Un ange passa. Drago, la moue aux lèvres, profita de ce silence afin de, tranquillement, lever le menton.

- Exactement. Mais contrairement à lui, j'aurai un motif valable qui saura me guider correctement pour mieux réussir. Je me fiche du règne ou d'une vie éternelle. Ce que je désire, c'est d'exterminer la chose qui a mené ma précieuse famille à sa perte.

Drago déglutit avec difficulté. Une espèce d'étau de fer écrasait ses entrailles et lui laissait un goût amer dans la bouche. Tout ça ne sentait absolument pas bon. Qu'une catastrophe pourrait résulter d'un point de vue à ce point obstiné, et Drago savait que son désir de ramener ses parents sur le droit chemin était oiseux. Leur haine l'emportait maintenant leur raison ; la terreur instaurée par Voldemort venait à peine de succomber que son père, revanchard, était prêt à réitérer.

Trop de questions se bousculaient dans sa tête, et Drago aurait voulu hurler afin de manifester son désaccord.

- Je comprends que tu sois effrayé, Drago, soutint Lucius en reprenant son masque de père aimant. Nous le sommes tous un peu… Mais c'est pour le bien de notre famille.

- Où iriez-vous? demanda abruptement le jeune blondinet. Le manoir sera sûrement surveillé vingt-quatre heures sur vingt-quatre et vous serez activement recherchés!

Lucius sourit, rassuré par les angoisses de son fils.

- Crois-tu vraiment que nous allons rester au manoir? railla Narcissa en posant une main délicate derrière sa tête.

- C'est de la folie! s'exclama subitement Drago en se dégageant brusquement.

La porte de bois, quelques mètres plus loin, s'ouvrit dans un crissement à faire dresser les cheveux sur la tête, puis le gardien, toujours aussi affable, fit signe aux visiteurs de déserter les lieux d'un geste impertinent du doigt.

- C'est tout, les di' m'nutes sont passés, lança-t-il après avoir craché contre le sol une chique de gomme grosse comme son poignet. Sortez tou' suite si vous voulez pas qu'j'vienne vous chercher.

Drago ne se le dit pas dire deux fois ; sans adresser le moindre au revoir à son père ni même attendre sa mère, il enfouit ses mains au fin fond de ses poches de pantalon puis se dirigea vers la sortie.

- Drago! l'interpella Lucius.

Il s'immobilisa à contrecœur puis lança par-dessus son épaule un regard à son père qui hochait lentement la tête. Pour la première fois depuis le début de l'entretien, le jeune Malefoy perçut de la démence pure dans les yeux de son paternel. Azkaban, au travers des mois, lui avait fait perdre la raison et Drago ne put ressentir que de l'anxiété à cette idée.

- Tout ira bien, lui assura-t-il en étirant un sourire à faire glacer le sang.

Son fils ouvrit la bouche dans l'intention de répliquer, mais rien ne parvint à franchir ses lèvres tremblotantes. Seul son front, barré de plusieurs plis exprimant son trouble, su extérioriser une réaction. Après tout, comment un jeune homme tel que lui, encore fortement traumatisé, devait réagir en apprenant que son père avait l'intention de reprendre les plans du Seigneur des Ténèbres? Cette histoire surpassait ses plus grandes craintes et la perspective d'en être impliqué l'inquiéta à un point tel qu'il faillit fondre en larmes tandis qu'il traversait le couloir glauque.

La chute définitive de Voldemort n'avait pas entrainé la fin d'une ère ; elle n'avait qu'instauré un court hiatus qui ne tarderait pas à se lever.