DISCLAIMER: Ni Severus, ni Lily ne m'appartiennent. Pouldard non plus malheureusement, j'en aurai bien fait ma maison de vacance... Harry Potter en général appartient à JKRowling et je ne touche rien sur ce que j'écris. Le titre de la fiction et les titres généraux des chapitres or précision contraire appartiennent à Tolkiens et sont tirés du Seigneur des Anneaux.
Hello tout le monde!
Cette petite série d'os retranscrira ce que j'imagine être la relation de Lily et Severus de leur enfance jusqu'à l'âge adulte. Je ne peux pas promettre que ce sera toujours parfaitement fidèle aux évènements décrits dans les livres. Pour ceux d'entre vous qui lisent ou ont lu Pandore, je pense que cela peut être considé comme un pré-Pandore, puisque je vais garder la trame décrite dans mon autre fic. Pour les autres, ça peut parfaitement se lire tout seul.
Toute suggestion de moments que vous voudriez voir est bien sûr bienvenue.
Je tenterai de garder un ordre chronologique mais... l'inspiration vient et va donc, il se peut que j'aille et vienne avec le temps lol.
Merci bien entendu à Audéarde d'avoir bêta readé et de continuer à bêté reader cette fic.
Dans cet os, Severus et Lily ont approximativement dix ans. Il se place donc un peu plus d'un an avant leur entrée à Poudlard.
A light from the Shadows shall spring
La température chutait de plus en plus et Severus commençait à penser qu'elle ne viendrait pas. Elle n'avait rien promis et il n'avait rien demandé de peur qu'elle ne brise ses espoirs.
Il ne lui demandait jamais rien.
Il prenait.
Il prenait tout ce qu'il pouvait de l'étrange créature qu'était Lily Evans. Tellement vivante, tellement courageuse… Tellement tout ce qu'il n'était pas… Il était toujours émerveillé quand elle accourait vers lui avec ce grand sourire qui lui dévorait le visage, il était toujours surpris que sa mère, qui les accompagnait parfois Pétunia et elle, ne lui ait pas déjà ordonné de se tenir loin du petit bon à rien qu'il était…
Madame Evans était toujours gentille…
Elle avait toujours un goûter en plus pour lui et une parole affectueuse… Elle lui avait caressé la joue, une fois, et comme il s'en était voulu par la suite d'être resté figé, attendant la gifle qui n'aurait pas manqué de suivre si elle avait été Eileen…
Personne ne criait jamais chez les Evans. Il n'était rentré dans la belle et grande maison que deux ou trois fois… Uniquement quand Lily voulait jouer avec lui mais qu'il faisait trop froid pour rester dehors. Il avait refusé d'abord, arguant qu'il ne voulait déranger personne et qu'il attendrait qu'il fasse plus chaud pour voir Lily –bien sûr ça lui avait brisé le cœur de devoir renoncer à son amie un des rares jours où il pouvait la voir, mais il ne voulait pas mettre ses parents en colère- cependant Madame Evans avait décrété qu'il était ridicule et qu'ils pouvaient tout aussi bien jouer dedans.
Et de façon surprenante, il s'était bien amusé avec les jeux Moldus des deux sœurs malgré le fait que les pions ne bougent pas tout seul et qu'il n'y ait rien chez elle de magique.
Lily l'était assez pour le reste de sa famille.
Seule ombre au tableau et probablement seule chose qui l'empêchait de courir chez son amie à l'instant même, Monsieur Evans lui faisait peur.
C'était idiot, il le savait. Et quand il avait osé en parler à Lily, elle avait ri aux éclats. Son père n'avait apparemment rien de menaçant et il n'avait jamais levé la main sur elle. Surpris, il avait relaté le comportement de Tobias. Il avait pensé que tous les pères se comportaient comme cela.
Pourtant, plus il repensait à ce que Lily lui avait dit sur son père et plus il réalisait que le regard que lui avait jeté Monsieur Evans quand il avait déposé le petit garçon devant Spinner's End, la semaine dernière, n'avait pas été un regard de colère comme il l'avait originellement pensé. Pitié ? Compréhension ? L'homme n'avait certainement fait aucun commentaire quand Tobias était sorti de la maison, ivre mort, pour insulter son fils et lui reprocher son absence. Eileen avait détourné la tête. Comme toujours.
Monsieur Evans n'avait jamais reproché à Severus de l'avoir embarrassé ce jour là, alors qu'il était clair qu'il avait été mal à l'aise.
Un coup de vent plus brutal que les autres amena les larmes aux yeux du garçon, et Severus tenta tant bien que mal de refermer son vieux manteau usé. Le froid s'infiltrait peu à peu sous ses vêtements et le faisait grelotter. L'après midi hivernal n'offrait aucun abri dans ce parc et il devina qu'il devrait bientôt céder à la raison et retourner chez lui.
Lily ne viendrait pas.
La déception pesait lourdement sur ses épaules mais il se força à l'ignorer. Après tout, elle avait d'autres amis… Des amis qui, comme Pétunia l'avait gentiment fait remarquer, étaient normaux. Elle n'avait aucun besoin de lui. Elle ne savait probablement même pas quel jour on était. Et même si elle le savait… pourquoi aurait-elle dû s'en préoccuper ?
Ni Tobias, ni Eileen ne s'en était jamais préoccupé.
Il ne s'y intéressait lui-même que parce que cela lui permettait de compter précisément les jours, les mois et les années de moins en moins nombreuses qui le séparaient de Poudlard. Rien d'autre.
Il n'avait jamais éprouvé le besoin de partager cette journée là avec quelqu'un et il n'y avait aucune raison de commencer aujourd'hui.
Aucune.
Se drapant de sa fierté –il n'y avait bien que ça pour lui tenir chaud- Severus se leva, tentant de ne pas noter combien la balançoire avait été froide sous ses fesses et se dirigea avec empressement vers la grille rouillée qui fermait le parc.
Un autre enfant aurait probablement couru jusqu'à chez lui, pressé de se mettre au chaud et d'obtenir une sucrerie quelconque… Lui, marchait aussi lentement que possible, réduisant avec amertume la distance qui le séparait de chez lui. Rien ne l'attendait là bas. Rien d'autre que des cris et un peu plus de haine.
Il tournait à peine le coin de la rue quand quelque chose se jeta sur lui par derrière, le poussant, par réflexe, à rouler au sol pour éviter l'attaque et à repousser dans le même mouvement son adversaire.
« Sev ! » se plaignit immédiatement une voix contrariée. « Tu m'as fait mal ! »
Le regard de Severus se dirigea vers le sol où il venait de jeter sans ménagement sa seule amie. Sans se préoccuper des éclairs que lançaient les yeux verts, le garçon sourit à la fillette.
« Lil ! » s'exclama-t-il. « J'ai cru que tu m'avais oublié… »
L'expression de Lily se fit plus dure et une différente sorte de colère déforma ses traits. Une brusque chaleur monta en Severus et il sentit ses joues se colorer faiblement. Elle détestait quand il disait ce genre de choses. Elle s'était énormément fâchée la dernière qu'il avait sous-entendu qu'il ne comprenait pas pourquoi elle était amie avec lui quand elle valait tellement mieux. Il n'était qu'un guide utile vers la magie…
Il aurait aimé s'excuser mais ne savait pas très bien comment faire, alors il se contenta de lui tendre la main et de la tirer sur ses pieds. A peine debout, elle jetait ses bras autour de son cou et l'attirait dans un de ses étreintes étouffantes qui le mettaient mal à l'aise. Comment exactement prenait-on quelqu'un dans ses bras ?
« Bon anniversaire ! » cria-t-elle à son oreille et il ne put que rougir plus franchement quand elle plaqua un baiser sonore sur sa joue.
Elle le libéra sans sembler entendre ses remerciements marmonnés.
Une joie étrange crépitait dans son ventre. C'était la première fois que quelqu'un lui souhaitait son anniversaire. Il profita un instant de cette sensation inédite avant de la mettre soigneusement à l'écart dans un coin de son esprit, pour l'analyser plus tard.
« On va au parc ? » proposa-t-il, oubliant le froid ambiant qui l'avait chassé en premier lieu. « Je peux te parler des Sombrals si tu veux… J'ai trouvé un livre dans la chambre de Mère qui… »
« Je ne peux pas aller au parc, Sev. » coupa Lily sans en paraître désolée. « Maman ne veut pas qu'on reste dehors, elle a dit qu'il faisait trop froid. »
« Oh… » répondit-il, déçu.
Madame Evans faisait ça parfois. Severus, comme la majorité des enfants de sorciers, était scolarisé chez lui. Il apprenait par lui-même, il n'avait pas de tuteur. Mais il était doué pour découvrir les choses et ce qu'il lisait, il ne l'oubliait jamais. Quoi qu'il en soit, Madame Evans savait très bien qu'il passait la plupart de ses journées dans le parc. Et lorsqu'il faisait trop froid et que les filles étaient à l'école, elle faisait le trajet jusqu'aux balançoires et lui disait de rentrer chez lui. Des fois, elle envoyait Lily.
Il ne désobéissait jamais à Madame Evans.
« D'accord. » accepta-t-il finalement, s'estimant heureux d'avoir pu voir son amie en coup de vent. Sans attendre, il se détourna et reprit son chemin avec encore moins d'enthousiasme que précédemment.
« Hé ! Sev ! » protesta immédiatement Lily. « Maman a dit que je devais te ramener à la maison. Il y a… » la voix de la fillette baissa jusqu'au murmure. « … une surprise. »
Amusé malgré lui par la petite fille, Severus fronça les sourcils et s'arrêta.
« Une surprise ? » répéta-t-il en se retournant. Le ton était prudent. Il n'avait pas une excellente opinion des surprises…
Lily hocha la tête, un sourire mystérieux aux lèvres. « Tu viens ? »
Comme d'habitude, il n'eut même pas le temps de formuler une réponse avant qu'elle attrape sa main et ne l'entraîne dans une course dont il peinait à tenir le rythme. Il ne fit aucun commentaire bien sûr. Il avait déjà compris qu''elle pouvait l'emmener au bout du monde. Au bout de son monde.
Ils s'arrêtèrent, à bout de souffle, devant la maison des Evans. Négligeant le portillon, Lily escalada avec l'aisance de l'habitude la petite palissade blanche. Severus hésita, la main sur le bois. Ce n'était pas un comportement très correct que de sauter par-dessus les barrières… Si ça revenait aux oreilles d'Eileen…
« Tu as peur ? » défia Lily et il observa, un instant surpris, la lueur de triomphe qui illuminait le regard vert.
« Ta surprise… » dévia-t-il avec habileté. « C'est une bonne surprise ou… »
Ou le genre qui lui vaudrait une correction solide ?
La petite fille eut l'air déstabilisé. « Une surprise, c'est toujours bien, non ? »
Il eut envie de lui expliquer que, non, les surprises n'étaient pas toujours bonnes, mais il se retint. De quel droit lui ôterait-il cette si précieuse innocence dont il profitait amplement ? Il aimait que Lily ne soit encore qu'une enfant. Il aimait pouvoir être un enfant avec elle.
Avec Lily, il n'avait pas à être silencieux ou respectueux… il n'avait pas à agir autrement que comme il le souhaitait… Avec Lily, il était libre. Elle lui offrait des ailes.
Sans répondre, il passa maladroitement de l'autre côté de la clôture.
Dans le monde de Lily, une surprise était toujours bonne.
Et il était dans le monde de Lily.
Il la suivit jusqu'à la porte d'entrée, tressaillant quand ils pénétrèrent à l'intérieur de la maison. Il n'avait pas réalisé à quel point il faisait froid à l'extérieur, mais maintenant que la chaleur invitante l'enveloppait, il se surprenait à grelotter. Il espéra qu'il n'avait pas pris froid. Eileen n'était jamais patiente quand il était malade…
« Viens ! » ordonna Lily avec excitation, en lui arrachant pratiquement le manteau des épaules, en jetant sa propre veste sur le porte-manteau et en attrapant une nouvelle fois sa main pour le tirer dans la direction de la cuisine.
« Maman ! » cria-t-elle et Severus grimaça.
A Spinner's End, un tel boucan lui aurait valu une fessée et d'être privé de repas pendant deux à trois jours.
Mais il était dans le monde de Lily, se rassura le petit garçon. Il n'arriverait rien de tel dans le monde de Lily.
Ils débarquèrent dans la cuisine en dérapant sur le parquet ciré et encore une fois, Severus anticipa les cris et les insultes. Seulement, lorsqu'il leva la tête, prêt déjà à défendre Lily contre les récriminations de sa mère, il ne trouva que le regard affectueux et le sourire chaud de Dana Evans.
« Bonjour, Severus. » salua-t-elle gentiment. « Joyeux anniversaire. »
Un remerciement incrédule se formait à peine sur ses lèvres que des pas lourds dans son dos le faisait sursauter. La main de Lily serra la sienne plus fort, comme pour le rassurer et lui rappeler qu'il n'y avait aucun danger ici.
« J'ai cru entendre un troupeau d'éléphants. » plaisanta William Evans, en ébouriffant les cheveux de Lily qui grimaça en réponse. « Bon anniversaire, Severus. »
« Merci, Monsieur. » marmonna-t-il, en se rapprochant légèrement de son amie.
« Dix ans, n'est-ce pas ? » interrogea Monsieur Evans, sans la moindre trace du mépris qui aurait sans aucun doute teinté la voix de Tobias. « Alors, qu'est-ce que ça fait d'être un grand garçon ? »
« Severus a toujours été un grand garçon, William. » intervint doucement Madame Evans avant qu'il ait pu répondre. « Installez-vous, les enfants, c'est presque quatre heures. »
S'installer ? S'installer pourquoi ? D'habitude, elle leur permettait d'emporter un gâteau et d'aller jouer dans le salon ou dans la chambre de Lily… Néanmoins, son amie s'était déjà perchée sur une des chaises de la table de la cuisine et tapotait le siège à côté d'elle pour lui indiquer de s'asseoir. Craignant de faire quelque chose qui déplairait aux parents de Lily et qui le priverait de son amitié, il se glissa là où elle le voulait sans discuter.
« Où est Pétunia ? » demanda Monsieur Evans, en prenant place en face de Severus.
Le garçon ne comprenait rien à ce qui était en train de se passer.
« Elle est chez Betty. » répondit Lily, en levant les yeux au ciel.
Severus crut se rappeler que Lily n'aimait pas la Betty en question. Il était tout prêt à la détester par solidarité. Bien qu'il ne sache pas bien pourquoi sa sœur comptait tellement… Elle n'était pas comme eux après tout.
Quant à ses parents…
C'étaient des adultes.
On ne pouvait pas faire confiance aux adultes. Quels qu'ils soient.
« Tu veux m'aider, Lily ? » proposa Madame Evans, et la petite fille sauta immédiatement de sa chaise.
Severus la regarda disparaître dans le garde-manger attenant à la cuisine avec une incompréhension de plus en plus prononcée. Perdu, il laissa son regard dériver sur les plans de travail impeccables, puis sur la table, remarquant pour la première fois la pile d'assiettes qui semblaient attendre qu'on les remplisse.
Il en compta quatre. Mais si Pétunia n'était pas là… Ses yeux rencontrèrent brusquement ceux de Monsieur Evans. Ce dernier lui adressa un sourire chaleureux.
« Dis-moi, Severus, qu'as-tu eu comme cadeau ? » s'enquit l'homme.
Le garçon baissa les yeux, cherchant dans ses souvenirs le nom d'un jouet ou d'un objet que Lily avait mentionné et qui n'inciterait aucune suspicion chez William Evans. Evidemment, tout le quartier était au courant de ce qui se jouait à Spinner's End. Tout le monde savait que Tobias dépensait son salaire en alcool et en femmes. Tout le monde savait qu'Eileen passait ses journées à hurler et à détruire le mobilier. Personne ne savait que Severus passait les siennes à dévorer tous les livres qu'il pouvait trouver et à explorer la ville alentours.
Cependant, avant qu'il ait pu trouver une réponse convenable, la voix fluette de Lily entamait le chant traditionnel, un paquet couvert d'un papier vert brillant dans les bras, tandis que Madame Evans portait ce qui semblait être un gâteau couvert de bougies. La femme posa la pâtisserie devant lui et l'observa en souriant, semblant attendre quelque chose.
De plus en plus confus, Severus tourna la tête vers Lily qui cessa immédiatement de chanter. C'était ce qu'il aimait chez elle. Elle lisait en lui comme dans un livre ouvert. Elle posa distraitement le paquet sur la table, à côté du gâteau et approcha du garçon dont elle reprit la main, par habitude.
Severus n'aimait pas qu'on le touche. Sauf quand c'était Lily.
« Il faut que tu souffles les bougies. » murmura-t-elle à son oreille.
Inclinant la tête sur le côté, Severus la dévisagea.
« Lily ? » demanda-t-il.
Un air sérieux se peignit sur les traits de la fillette et le garçon fit de son mieux pour ignorer ce qu'il jugeait être des expressions perplexes et attristées sur les visages de ses parents.
« C'est ta surprise. » avoua Lily. « Un vrai anniversaire. Avec un gâteau. Et un cadeau aussi. J'ai aidé Maman avec le gâteau… »
Une chaleur bienvenue envahit sa poitrine à la même vitesse qu'une méfiance piquante se logeait dans son cœur.
Personne ne faisait rien pour rien… Pourquoi les parents de Lily avaient-ils accédé au caprice de leur fille ? Un vrai anniversaire ? Pour lui ? Pourquoi s'étaient-ils embêtés ?
Dana Evans répondit à son regard incertain par un de ses sourires chaleureux.
« Souffle tes bougies, Severus. » commanda-t-elle gentiment.
Toujours un peu perplexe, le garçon fit comme on lui demandait, éteignant en une seule fois les bougies qui avaient commencé à fondre sur le gâteau. Aussitôt, Madame Evans entreprit de trancher la pâtisserie pour en faire des parts égales.
« Tiens. »
Avant qu'il ait pu ouvrir la bouche, Lily lui avait mis le paquet rectangulaire, couvert de papier cadeau vert, dans les mains. Il n'hésita qu'une seconde avant d'ôter le scotch avec soin, à la grande exaspération de son amie qui l'aurait probablement déchiqueté pour obtenir le contenu. Quand il eut déballé le cadeau, il se retrouva avec l'intégrale du Seigneur des Anneaux et ne sut pas vraiment comment réagir devant un présent aussi… Moldu.
D'un autre côté, c'était la première chose qu'on lui offrait. Et il aimait lire alors, c'était plutôt quelque chose d'utile…
Cependant il n'était pas sûr d'apprécier le geste. Etait-ce de la charité ? Si tel était le cas, il quitterait cette maison et n'y remettrait plus jamais les pieds.
« Tu vas adorer ! » trancha Lily en lui ôtant un volume des mains pour examiner la couverture plus en détails. « Et tu me les prêteras quand tu les auras lus, d'accord ? Tunia a détesté mais… elle n'y connaît rien. »
Si Pétunia avait détesté… Il considéra les livres d'un regard neuf.
Lily avait déjà soulevé la couverture du premier volume et avait coincé le tome avec le verre pour qu'ils puissent lire tous les deux en même temps. Les trois premières phrases suffirent à emporter Severus bien loin de la cuisine des Evans. Lily et lui avalèrent leur part de gâteau sans y prendre garde, d'ors et déjà pris par une comparaison sérieuse sur les Hobbits et les Gobelins…
La fin d'après-midi passa si rapidement que Severus fut légèrement surpris quand Monsieur Evans entra dans la chambre de Lily où les deux enfants, à plat ventre sur le tapis, lisaient en même temps l'œuvre de Tolkien.
« Il commence à être tard, Severus. » remarqua gentiment le père de son amie. « Veux-tu que je te ramène ? »
En deux temps trois mouvements, le garçon était sur ses pieds, prêt à éviter le moindre geste violent.
« Non merci, Monsieur. » répondit-il hâtivement. « Je peux marcher. »
L'homme fronça les sourcils avec un air soucieux.
« Il fait très froid dehors et ce n'est pas un problème, Severus. Il n'y en a que pour quelques minutes en voiture. Tu mettras beaucoup plus de temps à pieds. »
« Je peux venir ? » intervint Lily.
Soulagé, Severus jeta un coup d'œil à Monsieur Evans. Si Lily l'accompagnait… Non pas qu'il ait peur ou quoi que ce soit mais…
« Bien sûr. » accepta l'homme.
En moins de dix minutes, ils étaient installés dans la voiture et roulaient en direction de Spinner's End. Sa bonne humeur fondait proportionnellement aux kilomètres qui le ramenaient chez lui.
Et finalement, ils y étaient.
Monsieur Evans s'engagea dans l'impasse malgré l'assurance de Severus que ce n'était pas nécessaire et se gara devant la maison délabrée. Lily n'était jamais venue jusque là et il l'observa détailler la maison avec honte et embarras. Ca ne ressemblait en rien à sa jolie demeure… Peut-être qu'elle allait vouloir reprendre son cadeau maintenant ? Et ne plus vouloir le voir probablement…
Résigné et énervé de l'être, il ouvrit la portière et se glissa à l'extérieur en marmonnant un remerciement à Monsieur Evans. Il avait presque atteint la porte quand il sentit une main plus petite se glisser dans la sienne.
« Quand on est poli, on dit au revoir. » reprocha Lily avec gentillesse.
Le froid rougissait ses joues et rendait ses yeux brillants.
Les yeux de Lily brillaient toujours.
« J'ai dit au revoir. » cingla-t-il.
Une autre qu'elle se serait probablement vexée de son ton tranchant.
« Pas à moi. » répliqua-t-elle, et elle semblait anxieuse. « La surprise t'a plu ? »
Une seconde, son caractère menaça de l'emporter et il faillit lui dire qu'elle pouvait retourner dans sa maison parfaite de Moldus. Un regard de la fillette apaisa sa mauvaise humeur.
« Beaucoup. » avoua-t-il. « Tu viendras au parc, demain ? »
« Maman a dit qu'il ferait peut-être trop froid. » Lily haussa les épaules. « Elle a dit que tu ne devrais pas trainer dehors non plus. »
Ce fut au tour de Severus de hausser les épaules. « Je n'ai rien d'autre à faire. »
« Si. » contra la petite fille. « Tu peux voir si Frodon arrivera à détruire l'anneau. »
« Je peux. » acquiesça Severus, avant d'incliner la tête avec une gravité étrange pour un enfant. « Mais s'il n'y arrive pas ? »
Lily lui sourit et il eut la certitude que ses sourires pouvaient changer le monde.
« On trouvera une autre histoire. » dit-elle simplement.
Un bref coup de klaxon rappela aux enfants qu'ils n'avaient pas toute la nuit.
« Je t'attendrai, demain. » déclara Severus.
Lily sembla surprise.
« Mais je t'ai dit que je ne pourrais sûrement pas venir et que Maman ne voulait pas que tu sortes non plus ! »
Le garçon lui sourit doucement. « Je t'attendrai quand même. »
Elle hésita une seconde puis soupira.
« A quatre heures aux balançoires ? »
« A quatre heures aux balançoires. » confirma Severus, avant de se détourner pour avancer vers la porte d'entrée, sachant qu'il était peu probable que qui que ce soit ait remarqué son absence.
« Lil ! Gandalf ferait un bon Serdaigle. » cria-t-il alors qu'elle allait monter dans la voiture. Elle leva la tête, croisa son regard et lui sourit.
Et une nouvelle fois, il se surprit à penser qu'un sourire de Lily Evans pouvait changer le monde…
