Bonjour tout le monde,
Me revoilà avec une nouvelle histoire intitulée L'incorrigible attraction. Je vous la livre avec une certaine angoisse car je m'essaie ici à un nouveau style, davantage centré sur la relation amoureuse entre deux personnages. En l'occurrence, Tom et Harry. Un couple "traditionnel" dans le monde des fanfictions mais j'espère que l'angle sous lequel je vais amener leur relation et ce qu'il va se passer entre eux va vous faire apprécier cette histoire. Certains éléments de l'histoire original ne sont pas conservés (au-delà de la magie bien sûr puisqu'il s'agit d'un UA sans magie ^^)
Je l'ai rédigé en deux mois environ et 36 chapitres sont déjà écrits. Il m'en reste environ 6 / 7 à écrire, donc vous aurez l'intégralité de cette histoire, ne vous inquiétez pas. Le rythme de publication sera d'un chapitre par semaine tous les mercredis. Mes deux autres fanfictions (Un pas de côté et Être une famille) ne seront pas impactées dans leur publication puisqu'elles sont toutes les deux terminées.
J'ai hâte d'avoir vos impressions sur ce premier chapitre qui place surtout le décor, le contexte et les personnages. Chaque review est une récompense et j'espère que vous serez nombreux à lire l'histoire et à donner votre avis dessus. Je me fais un plaisir d'y répondre chaque fois ( sauf cas exceptionnel ).
Je remercie Miss Khay, très sincèrement. Comme toujours, elle fut ma première lectrice et ma première conseillère pour ce projet.
A mercredi prochain et bonne lecture, Patmol25
L'incorrigible attraction
Chapitre 1
« Prêt fiston ? »
Harry Potter, dix huit ans, tourna un regard tourmenté vers son père. James Potter l'observait dans un mélange de sollicitude et d'amusement perturbant. Le jeune adulte fut une nouvelle fois frappé par sa ressemblance avec lui. Tous les deux arboraient les mêmes cheveux noirs jais complètement ébouriffés et incapables de se discipliner. Tant le père que le fils était de carrure moyenne même si Harry avait un côté davantage androgyne. Leur nez fin accueillait une paire de lunettes pour compenser leur vue déplorable. Leurs yeux étaient la principale différence marquante au niveau du visage. Ceux de James étaient marrons alors que son fils avait hérité du regard émeraude absolument renversant de sa mère, Lily Potter née Evans.
« Pas trop le choix, » croassa le jeune homme.
Harry agrémenta sa réponse d'un faible sourire, incapable d'étirer davantage ses lèvres avant de reporter son regard sur l'énorme bâtiment devant lequel son père s'était garé. L'Université de Westminster, en plein cœur de Regent Street dans le quartier du West End à Londres, se dressait devant eux. L'architecture était époustouflante. Les bâtiments croulaient sous les décors creusés à même la pierre dont les ancêtres britanniques étaient particulièrement friands.
Harry adorait ce style très ancien qui se rapprochait des détails appliqués pour les églises. Depuis longtemps, il avait su que c'était précisément dans cette université qu'il voulait réaliser ses études supérieures après l'école secondaire. Il se souvenait de la première fois où sa mère, lors d'une promenade à Regent's Park, avait fait un crochet pour lui montrer la beauté du bâtiment de cette université. Ils n'étaient pas rentrés à l'intérieur, se contentant de profiter de la façade principale de la bâtisse.
Sans même savoir qu'un campus aussi grand qu'un village se dissimulait derrière ces murs, Harry, alors enfant, était resté bouche-bée devant l'architecture magistrale et avait assuré à sa mère que c'était ici qu'il irait à l'université. Lily avait rit, amusée et attendrie par son enthousiasme face au lieu. Finalement, Harry n'avait jamais abandonné cette idée et il avait tout fait pour y parvenir et deux mois plus tôt, il avait décroché ses A-Levels avec des notes plus que correctes à la grande fierté de ses parents.
Et maintenant, il était fin prêt à entamer ses études dans le domaine des médias et de la communication. Le 1er septembre était arrivé et tous les premiers années étaient attendus à 9H00 pour lancer officiellement cette rentrée scolaire. L'afflux de jeunes étudiants au regard quelque peu craintif devant l'entrée révélait d'ailleurs que les vacances étaient belles et bien terminées.
Harry sentit son cœur cogner dans sa poitrine avec force. Il essuya ses mains moites sur son jean puis se racla la gorge bruyamment. Même s'il avait attendu et anticipé ce moment pendant des mois, imaginant son entrée dans le monde des « grands », faire soudainement face au campus qui allait l'accueillir pendant les cinq prochaines années lui tordait l'estomac dans tous les sens.
Son téléphone émit un signal sonore qui cassa le silence dans l'habitacle. Harry farfouilla dans la poche avant de son sac à dos bleu marine et extirpa le mobile. Il ouvrit le SMS reçu à l'instant et poussa un soupir soulagé en le rangeant de nouveau dans son sac. Il tourna la tête vers son père et sourit avec un peu plus de confiance.
« Bon, j'y vais. Ron vient d'arriver. Il m'attend dans la cour intérieure, » déclara t-il fébrilement. « Hermione ne doit pas être loin non plus. Elle est probablement là depuis l'aube. »
À son grand embarras, James paraissait ému et ses yeux marrons brillaient d'une lueur étrange. Merde. Il n'allait quand même pas rendre la situation encore plus gênante ? Harry roula des yeux pour masquer son malaise mais il fut secrètement soulagé que l'homme ait insisté pour le déposer à l'université pour son premier jour. Par la suite, il prendrait le métro chaque jour pour rejoindre le campus mais James voulait marquer ce premier jour. Il s'était assuré de pouvoir arriver plus tard au commissariat central de Londres dans lequel il tenait le grade de commissaire. Harry avait râlé entre ses dents, rappelant ainsi qu'il avait atteint sa majorité un mois plus tôt mais son père était resté sourd à ses protestations, en proie à une vive excitation.
« Passe une bonne journée. Envoie un message dans la matinée à ta mère pour la rassurer, » conseilla James en lui flanquant une tape dans le dos. « Elle était dans tous ses états ce matin en partant au cabinet. »
Lily Potter était avocate dans un cabinet londonien de grande renommée. Avec les années, elle s'était constituée une solide réputation et les dossiers les plus épineux ne l'effrayaient jamais. Son amour pour la justice faisait d'elle une travailleuse acharnée et les clients en ressortaient toujours satisfaits, vainqueurs ou non mais avec la certitude d'avoir été accompagnés jusqu'au bout par leur avocate.
Harry acquiesça en gloussant. La veille au soir, sa mère était quasiment plus inquiète que lui en songeant à sa première rentrée universitaire. Harry avait finit par la rembarrer sèchement quand ses conseils et son flot de parole ininterrompu avait commencé à l'angoisser plus que de raison. Elle s'était par la suite tarie en excuse avant de manquer de fondre en larmes en le voyant préparer son sac.
Bref. Lily Potter était une femme acharnée au tribunal mais sa grande sensibilité était parfois difficile à gérer tant pour son fils que pour son mari. Ceux-ci échangèrent d'ailleurs un sourire entendu comme si leurs pensées se croisaient. La main sur la poignée de la voiture, Harry prit une dernière inspiration puis ouvrit la porte et quitta le véhicule.
« A ce soir. Je ne sais pas à quelle heure je vais rentrer. J'ignore combien de temps je vais passer à mon stage aujourd'hui, » rappela Harry en grimaçant. « Ne m'attendez pas pour manger si je rentre trop tard ! »
« Bonne journée, mon grand, » répondit James en lui faisant un petit geste de la main et Harry lâcha la porte pour la claquer. « Hé ! Harry ! »
Le jeune homme rattrapa la portière et passa sa tête dans l'interstice pour écouter son père. L'homme passa une main fébrile sur le bas de son menton avant de lui adresser un sourire maladroit. Harry fut secrètement amusé de le voir si mal à l'aise. James Potter n'était clairement pas l'homme le plus à l'aise avec ses émotions et pour les verbaliser.
« Profite en bien. »
Quand Harry s'avança en direction de l'immense grille d'entrée qui le fit passer sous une voûte en pierre, il savait parfaitement que son père ne parlait pas uniquement de sa journée de rentrée. Mais bien de l'ensemble de son cycle universitaire. En profiter ? Il y comptait bien ! Il était si excité !
L'allée le fit gagner le cœur du campus composé d'un énorme espace vert encadré par des bâtiments en pierre. Ce n'était pas la première fois que Harry pénétrait dans l'Université de Westminster. Il s'était présenté aux portes ouvertes pour en savoir davantage sur le campus puis au moment des inscriptions. Toutefois, c'était la première fois qu'il foulait l'allée de cailloux blancs en tant qu'étudiant.
Son sourire s'élargit à cette pensée et il ne fronça même pas les sourcils quand un étudiant aux cheveux blonds platine le bouscula sans formuler la moindre excuse à son égard. La foule était d'ailleurs dense même si le parc créé au cœur même de l'Université offrait un espace plutôt large. Harry sentit l'angoisse revenir avec force en constatant le nombre d'étudiants déjà réunis en petits groupes et l'inquiétude de paraître stupide en restant seul, planté comme un arbre au milieu de l'allée le gagna.
« Ron ! Hermione ! » héla t-il soudainement avec soulagement.
Ses deux meilleurs amis se tenaient côte à côte et ils se tournèrent d'un même mouvement dans sa direction. Ses yeux pétillèrent de joie en observant la silhouette dégingandée de Ronald Weasley. Le rouquin faisait une bonne tête de plus que lui et l'ensemble de son corps était tout en muscle. Son visage était constellé de tâche de rousseur et ses joues étaient légèrement rougies par la chaleur inhabituelle de ce 1er septembre. Les mains enfoncées dans les poches de son pantalon large, il lui adressa un sourire franc et – Harry en était certain – soulagé.
Ce soulagement était certainement lié à l'anxiété émanant de Hermione Granger, leur meilleure amie. C'était une jolie jeune femme aux traits fins. À peine maquillée, ses cheveux bruns étaient bouclés avec élégance. Harry se souvenait de son choc quand, à seize ans et pour la première fois, Hermione avait décidé de faire quelque chose de sa masse de cheveux touffue. Sa cousine lui avait redessiné des boucles dynamiques avec un fer à boucler et depuis, Hermione ne quittait plus cet accessoire.
Hermione Granger était l'archétype de la bonne élève. Bien sûr, elle était toujours la première de la classe mais elle était également la première à lever la main pour répondre à une question. Elle s'évertuait à lire tous les bouquins recommandés – et donc non obligatoires – par les enseignants. Elle parvenait toujours à finir ses devoirs avec plusieurs jours d'avance et elle n'avait donc jamais connu l'angoisse et l'effervescence des « devoirs de dernière minute ». Malgré tout cela, la jeune femme vivait cette rentrée universitaire avec beaucoup d'angoisse car elle était incapable d'appréhender le monde scolaire sans une dose – complètement absurde aux yeux de Harry au vu de ses capacités – de stress et d'angoisse extrême.
« Harry ! Te voilà enfin, » lança t-elle.
Par souci, Harry jeta un coup d'œil à sa montre et soupira de soulagement. Il n'était pas en retard : loin de là ! Il secoua sa montre sous le nez de la jeune fille pour le lui prouver mais elle se contenta de lever les yeux au ciel avant de replonger le nez dans le guide d'accueil donné à tous les nouveaux étudiants après leur inscription à l'Université de Westminster au début du mois de juillet.
« Je suis sûr que tu le connais par cœur, » souffla Ron en secouant la tête. « Et en plus, il y a des panneaux partout pour nous indiquer de nous rendre dans le bâtiment B pour le discours du doyen de l'université. »
Harry sentit la joie exploser en lui en observant Hermione fusiller du regard le rouquin. Elle rangea néanmoins le livret dans son sac à dos et se détourna d'eux, le nez pointé en l'air. Leurs chamailleries étaient toujours un divertissement à elles seules pour Harry et, dans leur entourage, les paris commençaient à se faire pour savoir quand ces deux crétins allaient enfin se rendre compte de leur attirance mutuelle.
Les deux garçons lui emboîtèrent le pas en échangeant un regard de connivence. Ils pouffèrent quand la jeune fille, dotée d'un sixième sens, leur jeta un regard suspicieux par dessus son épaule. Ron, Hermione et lui étaient amis depuis leur première année d'école secondaire. Ils s'étaient trouvés, même si leur amitié avec Hermione avait mis plus longtemps à se former, et depuis, ils ne s'étaient plus jamais quittés. Venir ensemble à l'université était une évidence même.
Neuf heures approchait et tous les nouveaux étudiants se dirigèrent tel un seul homme en direction du bâtiment B. Harry était soulagé d'entendre les nombreux murmures surexcités autour de lui. Lui-même avait envie de sautiller sur place tant sa joie était grande et en même temps, son inquiétude pour les prochains mois faisait battre son cœur de manière frénétique.
« C'est si grand, » souffla Hermione en pénétrant dans un des nombreux amphithéâtres du campus.
Soufflé par la pièce dans laquelle ils venaient d'entrer, Harry resta muet et observa autour de lui avec admiration. L'amphithéâtre était tout ce qu'il y avait de plus classique si ce n'est qu'il semblait se trouvait dans une salle de cathédrale. La hauteur sous plafond était impressionnante. Les fenêtres étaient en réalité des vitraux. Devant l'immense tableau vert se tenait un large bureau en bois doté de plusieurs micros sur une estrade. Se dressait enfin le demi-cercle de sièges et de petites tablettes en bois qui pouvait accueillir pas moins de cinq cents étudiants.
« Bon Dieu, qu'est-ce que je fiche ici ? » marmonna Ron.
Harry retint un grand éclat de rire tandis que Hermione levait les yeux au ciel. Ron n'avait jamais été très à l'aise à l'école. Il avait obtenu ses A-Levels de justesse et il devait son entrée à l'Université de Westminster pour ses excellents résultats sportifs. Ron pratiquait du rugby depuis son plus jeune âge et son talent lui avait permis d'obtenir une bourse malgré son niveau scolaire très moyen. Il entrait à présent dans un cursus sportif dans l'espoir de pouvoir travailler dans ce milieu.
Ils grimpèrent les escaliers puis s'arrêtèrent au niveau de la dixième allée, trouvant enfin trois places libres l'une à côté de l'autre. Hermione sortit aussitôt de son sac un cahier flambant neuf et une trousse remplie de stylos de couleurs, de surligneurs et de blancs correcteurs. Ron poussa un grognement nerveux en passant une main sur son visage et Harry adressa un sourire à l'étudiante qui prit place à côté de lui avec timidité.
L'effervescence dans l'amphithéâtre provoquait un brouhaha plutôt impressionnant et il fallut pas moins de cinq minutes pour que tout le monde trouve une place. Les bruits de conversation s'arrêtèrent seulement quand la double porte de l'immense pièce se referma dans un claquement sec. Tous les regards se tournèrent alors vers l'estrade et Harry sentit un sourire étirer ses lèvres quand des murmures perplexes s'élevèrent de part et d'autres.
« Quel bonheur de voir tant de jeunes étudiants fouler pour une nouvelle année le sol de l'Université de Westminster, » déclara le doyen après avoir allumé le micro, un large sourire aux lèvres. « Je me présente, Albus Dumbledore, doyen de l'université. »
La voix de l'homme était profonde et emprunte de sagesse. Mais le plus déroutant était son accoutrement. Le vieil homme était vêtu d'un pantalon fluide vert pomme et d'une large tunique, semblable à une robe, d'un bleu ciel. Ses longs cheveux blancs tombaient en cascade sur ses épaules et sa barbe, toute aussi blanche, descendait jusqu'à sa taille. Ses yeux bleus étaient encerclés par des lunettes en forme de demie-lune et il balaya du regard l'ensemble des nouveaux étudiants avec intensité.
Harry connaissait plutôt bien Albus Dumbledore pour l'avoir rencontré à de nombreuses reprises dans un cadre personnel. L'homme était un ami proche de ses parents. Il connaissait James par les parents de celui-ci et Lily suite à ses études de droit à Westminster. Derrière son apparence loufoque, c'était un homme d'une grande intelligence qui, après des années à enseigner la philosophie, avait endossé le poste de doyen. Harry n'était plus étonné par son excentricité et il y avait quelque chose de très amusant à observer les réactions de ses camarades.
« Je vous accueille aujourd'hui en ayant la certitude que vous avez tous, quelque part en vous, construit une projection de ce que sera vos prochaines années parmi ces murs, » ajouta t-il en souriant. « Gardez bien à l'esprit cette image car quand vous ressortirez de Westminster, vous vous rendrez compte que toutes vos certitudes sur ces futures années se seront révélées bien loin de la vérité. Une seule chose est certaine : vous aurez changé et grandi. »
Le discours de bienvenue d'Albus Dumbledore ne fut en réalité que le début d'une longue succession d'allocutions et de rencontres. Harry, Ron et Hermione se quittèrent à contre cœur pour chacun rejoindre la spécialité choisie pour les études. Dans le bâtiment C consacré aux études dans les médias et la communication, Harry récupéra son emploi du temps du semestre, rencontra Filius Filius Flitwich, le responsable des premiers années, entendit parler avec une angoisse sourde de partiels puis visita avec ses cent autres camarades le bâtiment. À part des sourires timides, Harry n'échangea rien avec ces derniers tant ils étaient envahis par une horde de discours et d'informations à noter scrupuleusement.
La fin de la journée arriva enfin et il quitta le campus de Westminster la tête pleine d'une centaine de nouvelles informations. Ron avait été libéré plus tôt et Hermione, entamant un cursus de droit, était encore enfermée dans un amphithéâtre bondé pour une heure. Harry rejoignit à pied la station de métro d'Oxford Circus, l'esprit complètement embrumé par cette première journée passée à une vitesse hallucinante. Les cours commençaient le lendemain et l'angoisse de ne pas être capable de suivre le rythme, de s'habituer à l'espace immense, de ne pas se faire le moindre ami revint en lui avec force.
Il n'eut pas le temps de s'épancher réellement sur son inquiétude et, dix minutes après être monté dans le métro, il s'extirpa difficilement de la masse de voyageurs. Il regagna la terre ferme avec joie et se rappela soudainement de n'avoir envoyé aucun message à sa mère. En récupérant son téléphone, il sourit en notant que Lily s'était contrôlée en lui envoyant seulement trois messages depuis le début de la matinée. Il s'empressa de taper rapidement une réponse rassurante avant de s'arrêter devant un grand bâtiment construit tout en verre.
Sa bouche s'assécha légèrement quand il leva la tête pour observer l'immense tour se dressant devant lui. Dans la City de Londres, ce genre de bâtiment était monnaie courante mais Harry n'avait guère l'habitude de les fréquenter. Il inspira un grand coup pour se donner le courage nécessaire de traverser les portes automatiques menant à l'intérieur d'un hall immense. Il repéra facilement le bureau d'accueil et s'approcha à pas vifs, tentant de ne pas comparer sa tenue de jeune étudiant – jean, tee-shirt noir simple et converse – aux costards-cravates portés par tous les hommes autour de lui.
« Bonjour. »
La jeune femme d'accueil était penchée sur un immense registre, ses longs cheveux noirs tombant sur son visage dans un rideau sombre. Au bout de quelques secondes désagréables, elle releva la tête et toisa Harry de haut en bas avant de froncer les sourcils. Harry se racla la gorge, peu enclin à se laisser intimider par celle-ci.
« Je suis le nouveau stagiaire de Lucius Malefoy, » ajouta t-il en constatant son silence. « Je commence aujourd'hui. »
Elle arqua un sourcil parfaitement épilé de façon dubitative avant de soupirer silencieusement.
« Dix-huitième étage. »
Agacé, Harry ne prit même pas la peine de la remercier et il se dirigea vers les ascenseurs à la droite du hall. Son irritation s'envola pour ne laisser place qu'à de l'embarras en notant que l'immeuble disposait de pas moins de cinq ascenseurs. Bon dieu ! Lequel devait-il prendre ? Son dilemme trouva vite réponse puisqu'il s'engouffra dans la première cabine qui s'ouvrit devant lui.
L'espace étroit était bondé en cette fin d'après-midi et Harry se retrouva rapidement coincé entre un homme au ventre bedonnant et le grand miroir collé contre la paroi. Il en profita pour jeter un coup d'œil à son apparence et une grimace traversa ses traits. Il s'empressa de tenter de plaquer ses cheveux contre son crâne puis il lissa fébrilement ses vêtements.
Quand l'ascenseur s'ouvrit au dix-huitième étage, Harry joua des coudes pour se retrouver dans un hall d'accueil décoré avec sobriété mais élégance. Tout était très moderne et luxueux. Harry se sentit décalé dans sa tenue très simple mais il s'efforça de ne pas se laisser manger par son inquiétude.
« Bonjour, » l'accueillit une jeune femme à la peau mate. « Que puis-je faire pour vous ? »
L'accueil chaleureux acheva de faire disparaître ses dernières craintes et il s'approcha d'elle en souriant.
« Bonjour Madame, je suis Harry Potter. Je démarre un stage avec Mr Lucius Malefoy. »
« Bien sûr. Mr Malefoy vous attends. Suivez-moi, » indiqua t-elle joyeusement. « Je m'appelle Angelina Johnson au fait. On aura l'occasion de se parler régulièrement. »
Derrière le bureau ovale d'accueil s'ouvrait un large open-space dont la moitié des bureaux était vide à cette heure de la journée. Harry s'empressa de garder un sourire mécanique sur ses lèvres pour ne pas paraître impoli auprès de ses futurs collègues. Quand Angelina Johnson frappa contre une porte en bois au fond de l'open-space, Harry regretta de ne pas l'avoir invité à le tutoyer mais il n'eut pas le temps de le faire qu'un « Entrez » tonitruant se fit entendre.
Angelina lui adressa un clin d'œil rassurant avant de pousser la porte. La première chose que Harry vit fut les yeux gris-bleus de glace qui le vrilla. Ensuite, ce fut le visage pâle de marbre qui n'affichait aucune émotion. Les cheveux d'un blanc étincelant tombant le long des épaules. Lucius Malefoy se tenait derrière un énorme bureau en chêne massif ridiculement cher. Harry l'avait déjà aperçu à la télévision ou dans les journaux mais faire face à l'homme avait quelque chose de déstabilisant.
« Voici Harry Potter, votre nouveau stagiaire, » annonça poliment Angelina en se retirant.
« Bonjour, » ajouta poliment Harry, tout sourire.
La porte se referma derrière la jeune femme et le silence s'instaura dans le bureau à la lumière tamisée. La pièce était richement décoré et, en plus de l'énorme bureau recouvert de papiers, comportait un espace de travail collectif, un espace détente avec une table basse, une banquette et deux fauteuils d'un vert bouteille.
Harry déglutit et fit un pas en avant. Lucius Malefoy le dévisagea un instant, impassible, avant de reporter son attention sur une pile de feuilles. Harry se mordit la lèvre inférieure pour retenir une grossièreté qui, à coup sûr, lui attirera des ennuis et mettra un terme brutal à son stage à peine entamé. Mais sérieux, pour qui se prenait cet espèce de connard à agir comme s'il n'existait pas ?
Au bout de longues secondes désagréables, l'homme fit un mouvement de tête sec en direction des deux fauteuils devant son bureau. Harry s'empressa de s'asseoir sur l'un d'entre eux, appréciant le confort de celui-ci. Merde. Ça valait le coup de rentrer dans ce bureau seulement pour profiter de ce fauteuil. Et à en juger par l'incroyable machine à café posée sur un bahut en bois ancien à un pas de lui, boire un café ne devait pas non plus être désagréable dans cette pièce.
« Bienvenue dans le cabinet de conseil en communication Malefoy, » déclara de but en blanc l'homme sans la moindre émotion. « En accord avec votre emploi du temps universitaire, vous serez en stage trois jours par semaine chez nous et vous suivrez en parallèle vos cours. À partir du moment où vous signez cette convention de stage, vous vous engagez à représenter le cabinet Malefoy et donc à avoir des résultats et une attitude irréprochable dans votre scolarité. »
Le ton était sec et ennuyé comme si la présence de Harry était particulièrement dérangeante. Celui-ci s'appliqua à ne pas montrer son agacement et hocha la tête d'un air sec. Réaliser un stage, rémunéré qui plus est, dans le cabinet de conseil en communication Malefoy en étant seulement un étudiant de première année en média et communication était une chance inestimable. Il ne devait pas la gâcher en s'offusquant des manières rustres du patron.
Ses parents et même son parrain, Sirius Black, l'avaient prévenu du côté frigorifique de la famille Malefoy et notamment du patriarche. Ils se connaissaient plutôt bien, notamment parce que la cousine de Sirius était la femme de Lucius Malefoy. Autant dire qu'ils ne s'appréciaient guère. Mais l'opportunité de Harry était bien plus importante que leur mésentente.
« Le cabinet est composé de vingt collaborateurs. Vous travaillerez avec chacun d'entre eux afin de comprendre comment un cabinet en conseil se doit de devenir indispensable pour notre portefeuille de clients. Du plus anonyme des citoyens au plus important homme politique de la ville, chacun compte et doit se sentir comme la personne la plus importante quand elle traverse les portes de cet immeuble, » ajouta t-il. « Toutes les décisions passent par moi et uniquement par moi. J'administre moi-même les dossiers les plus… délicats et importants. Tel que le contrat qui lie le cabinet avec le premier ministre britannique. »
« Bien Monsieur, » répondit Harry, à court de mots.
« Pourquoi avez-vous envoyé une candidature ici ? »
Harry resta un moment muet, scié par le ton sec et presque menaçant – notamment en ce qui concernait la marge de manœuvre de ses collaborateurs – de l'homme. Il prit le temps de rassembler ses pensées afin de formuler une réponse correcte. Il avait le sentiment que Lucius Malefoy lui accordera peu de temps au cours de son stage et il souhaitait lui faire bonne impression.
« Le cabinet Malefoy est éminemment connu et respecté dans le monde de la communication et c'est un réel honneur pour moi de pouvoir y faire mes premiers pas, » déclara Harry de sa voix la plus claire. « Je suis certain de pouvoir acquérir une expérience professionnelle solide tout en étant encore en étude. Au moment d'entrer sur le marché du travail, j'aurais bénéficié d'une excellente formation. »
Malefoy resta impassible, l'air presque ennuyé. Harry sentit la colère gronder en lui. Était-il obligé de se comporter si froidement ? En quoi être accueillant allait-il le tuer ? Son père l'avait prévenu tout en l'encourageant fortement à s'engager dans ce stage mais ça n'en restait pas moins difficile à supporter.
« Je suppose que le fait que faire un stage vous apporte des points non négligeables dans votre moyenne a également son importance, » lança l'homme d'un ton traînant.
Harry rosit légèrement car effectivement, ce point là était très intéressant. Il n'eut pas le loisir de répondre à l'homme car, à son grand soulagement, trois coups secs à la porte se firent entendre. Lucius haussa un sourcil narquois – et Harry rêva de lui faire ravaler son sourire presque invisible – mais ses yeux bleus s'élargirent à peine quand la cloison s'ouvrit sans qu'il ne l'autorise.
L'atmosphère se modifia aussitôt dans le bureau et Lucius se mit sur ses jambes en une demi-seconde. Son visage était tout aussi fermé qu'à son arrivée mais Harry nota quelque chose dans son regard mêlant respect, inquiétude et surprise. Désarçonné par ce soudain changement de comportement, Harry resta sur le fauteuil mais pivota le haut de son corps pour regarder l'invité imprévu.
Et là, son cœur manqua un battement.
L'homme, vêtu d'un costard noir, se tenant au seuil de la porte était grand, élancé et d'une beauté froide renversante. Les traits de son visage pâle étaient fins et aristocratiques. Ses lèvres étaient dessinées avec finesse et d'un rose très agréable. Ses cheveux d'un brun sombre étaient épais et légèrement bouclés. Ils tombaient avec grâce sur son cou et quelques mèches couvraient son front de façon élégante. Harry se sentit transpercé de toute part par son regard marron et quand l'homme avança près d'eux, il nota la présence de paillettes carmins.
« Lucius. Je vois que tu as de la visite. »
Harry cligna des yeux et resta bêtement enfoncé dans son fauteuil, bouleversé par la voix de velours mais glaciale de l'homme. Il se racla la gorge, prenant soudainement conscience de son impolitesse. L'homme était à présent à côté de lui et l'observait avec intensité. Harry crut déceler un sourire hautain mais aussi amusé et il bondit sur ses pieds pour lui tendre une main tremblante.
À sa grande surprise, l'homme, d'une trentaine d'année, attrapa avec délicatesse sa main et l'approcha de sa bouche pour lui faire un baise main.
« Tom Jedusor, » se présenta t-il d'une voix grave.
Harry écarquilla les yeux et ses joues prirent une teinte cramoisie. Il n'osa pas protester face à l'indécence du geste et sa main retomba le long de son corps avec stupeur. Oh bon dieu ! Mais… Que venait-il juste de se passer ? Ce Tom Jedusor lui avait vraiment baiséla main ? Personne ne lui avait jamais fait cela. Et à juste titre, bon sang !
« Tom. J'ignorais que vous passeriez ce soir, » se reprit finalement Malefoy d'un ton neutre avant de se tourner vers Harry. « Nous avions fini de toute façon. Sortez et revenez demain pour votre premier jour. »
Harry resta un bref instant immobile, le temps que l'ordre de déguerpir de Lucius atteigne son cerveau. Ne faisant pas confiance à sa voix, le jeune homme acquiesça fébrilement et adressa aux deux hommes un geste de la tête distrait. Il ramassa rapidement son sac à dos, loupant ainsi le regard intéressé de ce Tom Jedusor et le malaise grandissant de Lucius.
« Au plaisir de vous revoir jeune homme, » lança Jedusor.
Harry lui jeta un dernier regard par-dessus son épaule, incapable de lui répondre avant de sortir rapidement du bureau. Tous les regards se tournèrent vers lui quand la porte se referma derrière lui et il maudit ses joues d'être encore enflammées. Il prit une inspiration tremblante, complètement déboussolé par l'attitude de l'homme mais surtout, par sa propre réaction. Au lieu de se sentir horrifié et vexé, son estomac l'avait trahi en faisant une embardée vertigineuse face à ce comportement chevaleresque.
« Ne le dévisagez pas comme ça ! » gronda subitement Angelina en se précipitant à sa rescousse. « Je peux te tutoyer ? Voici une partie de tes futurs collègues mais ne t'inquiète pas de leur comportement rustre. »
« Hein ? Euh, non, tout va bien, » balbutia Harry en la laissant l'entraîner dans son sillage. « Tu peux me tutoyer, bien sûr. »
Angelina lui lança un sourire rayonnant et son comportement tout à fait normal – joyeux et chaleureux comparé au bureau de Malefoy – l'aida à se détendre. Elle le guida vers un petit bureau vide et étriqué, séparé de ses collègues par des cloisons en plexiglas. Sur le meuble se trouvait un ordinateur, un téléphone et un dessous de bureau. Rien d'autre.
« Voilà ton bureau, » déclara t-elle. « Tu rencontreras toute l'équipe demain. Je m'occupe de l'accueil des clients mais aussi des nouveaux pour compenser les manières rustres du patron. »
Elle accompagna ses mots d'un gloussement qui détendit Harry même s'il n'osa rien dire contre le créateur du cabinet. Le critiquer après seulement une heure de présence dans les bureaux pouvait lui attirer des ennuis. Il releva la tête et fut soulagé de voir que l'open-space était quasiment vide. Les quatre personnes présentes rassemblaient d'ailleurs leurs affaires et Harry les vit s'approcher d'Angelina et lui, un sourire aux lèvres. L'ambiance chaleureuse contrastait fortement avec celle dans le bureau de Lucius Malefoy.
Attroupés autour de son bureau, ils se présentèrent tous mais Harry était encore chamboulé par sa courte conversation avec Lucius Malefoy et sa rencontre avec Tom Jedusor. Il laissa la jovialité d'Angelina parler pour lui, se contentant de sourire poliment. En notant que ses collègues masculins portaient des mocassins, il songea distraitement qu'il allait devoir s'acheter de nouvelles chaussures.
« Tu as vécu une arrivée en fanfare ! » s'amusa l'un d'entre eux dont Harry n'avait pas retenu le prénom. « Un entretien avec le boss puis une rencontre avec Tom Jedusor, c'est plutôt corsé. C'est probablement le client le plus important du cabinet. »
« Je pensais qu'il s'agissait de Mr Fudge, notre premier Ministre, » s'étonna Harry.
Il se sentit légèrement vexé quand ses propos provoquèrent une vague de rire amusé. Angelina le rassura d'un clin d'œil et elle se pencha légèrement vers lui.
« Oh non, crois-moi, il s'agit de Tom Jedusor. Tu n'as pas la moindre idée de l'importance de cet homme. »
Harry jeta un regard pensif à la porte du bureau fermée, songeant qu'effectivement il ignorait qui était cet homme. La seule chose qu'il pouvait dire était qu'il lui avait fait une sensation vraiment perturbante. Et qu'il n'était pas prêt d'oublier sa voix grave ni la douceur de ses lèvres sur le dos de sa main.
A la fin de ce premier chapitre, j'ai très hâte d'avoir votre premier avis :)
