Beckett leva les yeux alors qu'une goutte d'eau atterrissait sur sa joue. Magnifique, il va vraiment pleuvoir. Au moins, le meurtre se trouvait à l'intérieur. Se retournant vers l'entrée du bâtiment, elle vit que ses deux lieutenants préférés l'attendaient sous l'auvent.
- Salut, les Gars, dit Beckett alors qu'elle les rejoignait.
Ryan leva les yeux de son calepin.
- Hé, Beckett.
- Est-ce que la scientifique a fini, là-bas ? On dirait qu'il va bientôt pleuvoir.
Beckett jeta à nouveau un coup d'œil vers le ciel.
- Je ne veux pas perdre de preuves à cause de la météo.
- Oui, ils devraient avoir fini. Ils ont trouvé une empreinte sous cette fenêtre qui pourrait appartenir au criminel, dit Esposito en pointant une basse fenêtre, appartenant probablement au sous-sol. La grille et la fenêtre sont restées ouvertes et on dirait qu'ils ont pu en trouver une partielle.
Beckett regarda l'endroit où la scientifique travaillait.
- Rien d'autre ?
- On dirait qu'il y avait une caméra à cette intersection, déclara Ryan en la montrant du doigt. Je vais vérifier et voir si elle a enregistré quelque chose qui peut nous être utile.
- Bien. Castle est déjà là ?
Beckett savait que Castle était en train d'écrire son dernier livre lorsqu'elle avait quitté le loft ce matin.
- Ouais, je l'ai appelé après avoir eu le scoop de Lanie. Il est arrivé il y a quelques minutes et est directement allé voir ce qu'elle avait trouvé, dit Esposito en regardant ses notes, sous-sol numéro six.
- Merci, les Gars, dit Beckett par-dessus son épaule alors qu'elle se tournait pour aller à l'intérieur.
Beckett descendit l'escalier du sous-sol. Les peintures sur les murs s'écaillaient mais il y avait un endroit qui semblait gravement enfoncé, peut-être lors d'un combat. En regardant cette section de plus près, Beckett vit qu'il y avait un peu de sang sur le mur au niveau de la tête. Quelques cheveux blonds se trouvaient dans une fissure entre les morceaux de peinture écaillée.
Elle se retourna vers une technicienne de la scientifique au bout du couloir.
- Hé, vous avez vu ça ?
La femme leva les yeux de l'examen de la poignée de la porte.
- Non, vous avez trouvé quelque chose ?
- Il semble qu'il y ait eu une bagarre ici, vous voyez toute la peinture sur le sol ?
Beckett fit un geste vers les écaillures de peintures sur le sol, puis de nouveau sur le mur et ajouta :
- Et ici, il y a un peu de sang et des cheveux.
- Je vais emballer ça. Merci.
La technicienne de la scientifique sortit deux sacs pour les preuves et une pince de son kit.
- Faites aussi quelques photos, avant d'emballer les échantillons.
Beckett voulait mettre les photos sur le tableau blanc. Avec un peu de chance, ça pourrait les aider à imaginer ce qui était arrivé ici.
- Bien sûr, lieutenant.
Elle se pencha et se saisit de son appareil photo.
- Merci.
Beckett se baissa sous le ruban du dernier appartement.
La victime se trouvait sur le sol de la cuisine. Ses cheveux étaient blonds, ce qui voulait dire que les cheveux et le sang dans le couloir étaient probablement les siens, malheureusement. Il avait été poignardé plusieurs fois et il y avait du sang partout. Lanie était penché sur lui, dos à la porte, et était en train d'examiner quelque chose se trouvant au bas de l'arrière de son torse. Castle la regardait travailler. Beckett nota que quelque chose à propos de son expression lui rappelait quelqu'un qui était visité par un fantôme.
Beckett se dirigea vers la cuisine et se joignit à eux.
- Lanie, qu'est-ce que tu as ?
Le médecin légiste regarda ses notes.
- Homme blanc, la trentaine, la cause de la mort préliminaire est une agression à l'arme blanche avec un objet pointu.
Beckett examina le jeu de couteaux sur le comptoir et Lanie vit son regard.
- J'ai déjà regardé les couteaux se trouvant ici et je peux te dire qu'aucun d'eux n'a pu faire ce genre de blessures. Je devine, basé sur la forme de la plaie et la légère déchirure sur le côté, que c'est probablement une lame à double tranchant avec des dents de scie sur le haut, sans doute un couteau de chasse.
Beckett se pencha pour examiner les blessures. Quelque chose à propos de ces blessures lui semblait familier...
- Aucune identité ?
- Pas sur lui, mais il me semble que son portefeuille a glissé sous la chaine hi-fi, là-bas, dit Lanie en hochant la tête en direction de l'appareil.
Beckett se tourna vers Castle. A quoi pensait-il ?
- Ça va, Castle ?
Castle hocha simplement la tête.
Lanie se leva et fit face à son amie.
- Kate, chérie, j'ai besoin que tu restes calme.
Ceci n'était jamais accompagné de bonnes nouvelles.
- Il y a des coups de couteau dans le bas de son dos qui ressemblent à ceux que Coonan utilisait. Maintenant, je n'en serais sûre que jusqu'à ce que j'aie les résultats de son autopsie, mais il semble que ce soit quelqu'un que Coonan a entrainé avant sa mort, ou c'est un très bon imitateur. Je voulais juste te le faire savoir maintenant pour que tu ne m'engueules pas plus tard.
Beckett sentit comme si le monde autour d'elle tournait. Non, pas encore. Castle la regardait avec un air inquiet sur son visage et elle savait qu'elle venait de pâlir. Rapidement, elle força son cerveau à penser à autre chose que sa peur. Lanie parlait mais Beckett ne semblait pas l'entendre.
Beckett força son cerveau à retourner à la conversation.
- Je suis désolée, qu'est-ce que tu disais ?
- Je demandais si tu allais bien, répéta Lanie, tu as en quelque sorte pâli et tu es restée figée. Je commençais à m'inquiéter.
- Um, oui, je vais bien.
Beckett s'éclaircit la gorge et secoua la tête pour s'éclaircir les idées.
- Tu as déjà l'heure de la mort ?
- A en juger par l'état de décomposition, je dirais entre une et quatre heures du matin. J'en saurais plus quand je l'aurais emmené à la morgue.
Lanie laissa tomber son professionnalisme.
- Si tu as besoin de quelque chose, appelle-moi, même si tu veux juste parler. O.K ?
Beckett hocha la tête.
- Merci, Lanie.
- Bien sûr, chérie.
Lanie lui tapota le bras et retourna examiner le corps.
Castle s'approcha d'elle et posa une douce main sur sa joue, tout en l'approchant un peu plus de lui avec l'autre. Il pencha sa tête en arrière pour qu'il puisse voir ses yeux.
- Hé, ça va ?
- Ouais, je vais bien.
Beckett savait que c'était un mensonge, mais elle ne voulait pas en parler, du moins pas ici.
Castle savait qu'elle n'était pas complètement honnête.
- Tu es sûre ?
- Castle, on est au travail. On en parlera plus tard.
Beckett espérait qu'il comprendrait le message.
Il comprit.
- O.K. On en parlera quand on sera à la maison.
Castle lui fit un baiser rapide sur les lèvres avant de la laisser partir et regarda les alentours de la cuisine un peu mieux. Beckett regarda également les alentours de l'appartement pour se détourner des nouvelles que Lanie avait déversées sur elle. Il était bien meublé, malgré le fait qu'il fasse partie du sous-sol. Les photos se trouvant le long du mur suggéraient qu'il vivait seul, mais il y en avait une sur la table basse qui suggérait qu'il sortait avec une jolie femme brune. Quelque chose à propos d'elle lui semblait familier mais elle ne pouvait pas dire quoi. Se désintéressant de la photo, Beckett vit la chaine hi-fi. Elle n'était pas du tout haut de gamme mais elle était bien. Beckett traversa le salon et se pencha pour récupérer le portefeuille sous l'appareil.
- Sa carte d'identité indique qu'il s'agit de Brian Watson, trente-deux ans. Il vit à cette adresse. Cependant, son argent et ses cartes de crédit ont disparu.
Mauvais travail de dissimulation par le tueur.
Castle le vit aussi.
- Le vol n'était pas un mobile.
- Comment tu le supposes ?
Lanie errait, probablement pour garder un œil sur son amie.
- Si c'était un vol, le voleur aurait saccagé cet endroit ou au moins pris une partie de l'électronique.
Beckett arpenta la pièce.
- Est-ce qu'il avait un téléphone portable ?
- Le scientifique l'a déjà emballé. Il a été perforé par le couteau. Peut-être qu'il y aura des traces dessus.
Lanie ramassa le sac dans lequel se trouvait la preuve.
- De toute façon, le criminel ne l'aurait pas pris, il est détruit.
Beckett jeta un rapide coup d'œil.
- O.K, merci, Lanie.
Lanie reposa le téléphone dans la boite de preuves et retourna dans la cuisine. Beckett et Castle quittèrent l'appartement et retrouvèrent Ryan et Esposito qui se dirigeaient vers eux.
- Vous avez déjà fini ? dit Esposito, l'air déçu.
- Oui, Lanie et la scientifique sont en train de finir. Vous avez trouvez autre chose ?
- Seulement que les caméras à l'intersection ne marchaient pas. On dirait que le box où étaient accrochées les caméras a été crocheté. La scientifique n'a trouvé aucune empreinte utilisable. Donc, nous n'avons aucune image de ce qui s'est passé.
Ryan était également déçu. Aucune preuve vidéo, cela signifiait que le meurtrier était prudent.
- Nous avons fait du porte à porte chez les voisins, personne n'a rien entendu. La plupart n'était pas chez eux, ce matin.
- O.K, trouvez-moi ce que faisait M. Watson pour vivre.
Elle tendit le portefeuille à Esposito.
- Je retourne au bureau pour trouver qui est cette fille sur la photo.
- O.K, boss.
Esposito prit le portefeuille et se dirigea vers l'appartement et vers sa fiancée.
Beckett sortit du bâtiment. La pluie tombait ardument et Beckett voulait simplement être sous l'auvent du bâtiment et la regarder tomber. Castle se tenait à côté d'elle et la laissa à ses pensées pendant un moment. Quand le fourgon du coroner arriva, il toucha doucement le bas de son dos et la guida vers son véhicule.
Castle l'attira de nouveau près de lui.
- T'es prête à y aller ?
Beckett soupira.
- Oui, allons-y.
Castle sentait qu'elle était réticente à retourner tout de suite au travail.
- Tu veux prendre quelque chose à manger avant qu'on retourne au commissariat ?
- Oui.
Beckett se tourna vers la voiture puis de nouveau vers Castle.
- Hé, Rick. Merci pour ta compréhension.
- Toujours.
Il avait murmuré le mot qui faisait toujours fondre son cœur et il continua :
- J'imagine que tu ressens la même chose que le jour où Jack Coonan s'est fait tué.
- Oui, comme un coup de poing dans l'estomac. Presque comme si Rathborne sortait de sa tombe.
Beckett frémit à la pensée.
- Viens. Partons d'ici.
Alors que Beckett courait sous la pluie jusqu'à sa voiture, elle ne put s'empêcher d'espérer que cela puisse être un cauchemar dont elle se réveillerait à tout moment. Mais même si elle pensait ça, elle savait que ce n'était pas vrai.
