Disclaimer : JK Rowling

Rating : K+

Petit OS qui sera en deux/trois parties. La première est du point de vue de Sirius principalement, la seconde devrait être du point de vue de James et si j'envisage de faire la troisième, elle sera de celui de Peter.

La pleine Lune vue par les Maraudeurs.


Partie 1 : Lune Maudite

A chaque pleine Lune, c'était le même calvaire. A chaque pleine Lune ils savaient qu'il souffrait, se tordait de douleur, seul dans cette lugubre cabane. Mais ils n'y pouvaient rien, ils n'avaient aucun moyen d'alléger l'immonde supplice.
Ils ne pouvaient que, sans un mot, le voir revenir le lendemain, griffé, tête basse, ses grands yeux d'ambre plus cernés que jamais.
Il marchait d'un pas lourd, allait en cours, mangeait sans joie des aliments sans saveur, et rien n'était fait de bon cœur. Son mal-être crevait les yeux.
Fatigué à l'extrême, jamais il ne se plaignait, jamais un seul sanglot ne lui échappait. Et pourtant. Il aurait pu pleurer des heures, lâcher prise une fois pour toutes.
Sirius ressentait presque les courbatures, les brûlures et toutes ces plaies qui lançaient son ami, faisaient vibrer son pouls plus fort, il savait qu'elles l'étreignaient et le vidaient de ses forces. Chaque soupir lui rappelait un peu plus le poids de l'injustice que Remus était contraint de subir chaque mois.
Il ne pouvait rester là sans agir. Son impuissance le mettait en rogne, menaçant de lui faire perdre la tête. En tant qu'ami, il exigeait de tout partager. Y compris la plus ignoble des souffrances. Alors, après de longues réflexions, d'interminables discussions avec James et Peter, ils s'étaient décidés.

La décision qu'ils avaient prise, aucun d'entre eux ne la regrettait. Malgré les risques, ils avaient choisi de se lancer. Pour leur amitié. Pour l'amour qu'ils lui portaient. Et si le but était noble, pour eux ce n'était qu'un choix évident qui honorait leurs liens.
Ils avaient réussi.
Fouillant dans les plus douteux ouvrages de la Réserve, après des heures de lecture attentive et de multiples escapades nocturnes pour s'entraîner dans le parc au mépris de tous les règlements et malgré les difficultés, mais aussi les risques parfois très mal considérés, le talent et la chance avaient été au rendez-vous pour leur permettre d'accomplir cet exploit.
Ils avaient, à eux trois, accompli l'exploit que nul autre avant eux n'avait réussi. À quinze ans, devenir des Animagi au nez et à la barbe - pourtant conséquente - de Dumbledore mais aussi du Ministère, il y avait de quoi être fier.
Le temps qu'ils y avaient passé ne comptait pas, seul le résultat importait pour Sirius. Si l'entraînement avait payé, sa détermination sans failles n'y était pas pour rien. Il en exploiterait les moindres veines jusqu'à ce que leur réussite soit totale.

Aujourd'hui, tout était prêt. Chaque détail de leur plan minutieusement étudié. Il était temps.
Ce mois-ci, cette nuit de pleine Lune, ils y seraient. Près de lui. Pour l'épauler. Armés de tout leur courage.
Alors qu'il était en train de se transformer, agonisant au sol comme jamais, Sirius espérait de tout cœur que leur geste ne serait pas vain. Il souhaitait tant le soulager, rendre un peu plus supportable l'horreur qui chaque mois le submergeait.
Remus s'écroula. Son corps était secoué, parcouru de convulsions.
Sirius avait envie de se précipiter sur lui, de lui parler, de le rassurer mais il savait pertinemment que celui-ci n'y comprendrait absolument rien. C'était à en devenir fou. A cet instant précis, il aurait voulu souffrir, il aurait voulu être à la place de Remus et sentir chaque once de son corps se déchirer, encaisser toute la douleur d'un coup, ne plus se relever, oublier les autres, crier une rage démente au monde entier.
Il se maudit d'être en parfaite condition, il maudit celui qui avait infligé ça à son ami, une petite voix chuchotant dans son cœur qu'il trouverait un jour l'occasion de le venger. Il trouverait. La vengeance était un acte facile.

Tous trois regroupés dans un coin de la salle, ils attendaient le dernier moment pour se transformer.
Sirius se mordait furieusement les lèvres. Voir souffrir son ami ainsi était le pire des calvaires. Il agrippa un panneau de bois à moitié arraché. Ses mèches brunes lui retombaient devant les yeux. Tant mieux. Elles brouillaient sa vue. Il ne voulait plus voir ni entendre. Plus jamais entendre ces cris, ces grognements, sentir l'atmosphère pesante et douloureuse. Il en voyait encore trop. Il ferma les yeux. Puis, sans un mot, la respiration saccadée, il attendit. Essaya de ne pas écouter. De projeter dans sa tête les éclats de rire de leur dernier repas ensemble, bousculer les souvenirs pour que son esprit soit assailli par autre chose que ces hurlements qui lui déchiraient le cœur. Rien n'y faisait, c'était comme si tout son être ne lui obéissait plus. Comme s'il voulait réellement entendre les cris de douleur, comme si son corps réclamait ces frissons qui lui portaient au cœur.
Enfin, un bruissement se fit sentir à ses côtés et il devina que le moment était venu. Péniblement, il ouvrit les yeux. Jeta un rapide regard à James. Retenant sa respiration, il compta mentalement jusqu'à trois. Cette fois il était fin prêt. Et il se lança.

En quelques instants, Sirius laissa place à un énorme chien noir hirsute, tandis qu'à ses côtés un grand cerf se tenait. Entre eux deux, un rat tremblotant grattait le plancher. Leur plus grand exploit jamais réalisé. Il marcha doucement vers la masse recroquevillée au sol, au beau milieu de la pièce sombre. Mille odeurs se bousculaient dans sa truffe, ses oreilles dressées captaient les moindres sons autour de lui.
Cependant la tâche n'était pas finie.
A présent, le grand loup restait à apprivoiser.


Je publierai probablement bientôt la suite de cet OS, qui sera assez courte aussi.

Vous pouvez reviewer, je ne mords pas. (Enfin ça dépend qui.)