One-shot écrit dans le cadre de la cent-neuvième nuit d'écriture du FoF (Forum Francophone), sur le thème "Ensemble". Entre 21h et 4h du matin, un thème par heure et autant de temps pour écrire un texte sur ce thème. Pour plus de précisions, vous pouvez m'envoyer un MP !
Yuma essaya de se redresser en prenant appui sur ses coudes tremblants, mais ses bras se dérobèrent et il s'effondra de nouveau en avant, le visage sur les dalles rugueuses. En fait, il ne sentait presque plus l'humidité de la pièce, pas plus qu'il n'entendait le grincement des chaînes et les gémissements des prisonniers. La seule sensation qu'il percevait encore, c'était cette souffrance insupportable dans chaque parcelle de son corps. Ah, et la lourdeur écœurante du sang sur sa langue. C'était vrai, il n'était pas censé ressentir ça en temps normal...
Et puis, il n'eut pas l'occasion d'analyser plus avant l'état dans lequel il se trouvait, car il perdit connaissance.
Au même moment, un sifflement transperça les bruits de râle et les claquements de chaînes, et une hachette vint se ficher dans le mur, à quelques millimètres du crâne du bourreau. Qui loucha sur la lame tranchante, épouvanté.
"Camilla ! As-tu perdu la raison ? Tu as failli le tuer !
-Je l'ouvrirai en deux comme une vulgaire noix pour avoir osé toucher à Yuma ! Ecarte-toi, Léo !
-Arrête ! Tu sais bien que ce n'est pas... totalement de son fait.
-Oh, par les dieux ! Yuma ! Yuma ! Réveille-toi !
-Cessez de crier, tous les trois ! Si les gardes n'ont pas encore donné l'alerte, vos chamailleries ont déjà dû alerter Père !
-Xander, il saura ce qu'on a fait de toute façon."
Le bourreau vit alors quatre jeunes personnes débouler dans la salle de torture. Deux d'entre elles (la plus âgée et la plus jeune) se précipitent auprès du jeune prince étendu sur le sol; la troisième, celle qui avait lancé la hachette, empoigna le bourreau par le col et, dans sa fureur, le souleva pratiquement du sol. La quatrième essaya de lui faire lâcher prise.
"Camilla ! Du calme ! Il faut qu'on s'occupe de Yuma !
-Toi, siffla Camilla en raffermissant sa prise sur le cou du bourreau. Je vais t'ouvrir les entrailles pour avoir osé t'en prendre à mon adorable Yuma ! Je vais t'arracher les tripes et les donner à manger à mon dragon !
-Camilla, ça suffit !"
A ce moment-là, Yuma, toujours étendu sans connaissance sur le sol, gémit de douleur et ça déconcerta Camilla, qui desserra un peu sa prise. Léo en profita pour la faire lâcher. La princesse jeta un regard mauvais au bourreau et se précipita auprès de son frère et de sa sœur, qui examinaient, l'un en grimaçant, l'autre en sanglotant, les horribles blessures infligées par le bourreau à leur frère. Le tortionnaire, d'ailleurs, croyant trouver du soutien auprès de Léo, lui sourit avec connivence, mais celui-ci le toisa avec froideur et lâcha, venimeux :
"Estimez-vous heureux que nous craignions déjà bien assez le blâme de Père pour ne pas en plus tuer son bourreau. Autrement, j'aurais déjà fait déborder le sang par tous les pores de votre peau pour avoir osé toucher à mon frère."
Le bourreau déglutit et recula précipitamment.
"Il a besoin de soins, gémit la plus jeune princesse, qui n'y voyait presque plus rien à travers ses larmes. C'est horrible, regardez-ça... Son corps... on dirait de la charpie...
-Camilla, remonte-le dans sa chambre, ordonna Xander, le plus âgé. Élise et toi, faites venir les plus puissants guérisseurs du château. Nous ne pouvons pas le laisser dans cet état !
-Et toi, Xander ?
-Moi..."
Le frère aîné échangea un regard entendu avec Léo.
" Xander, objecta d'ailleurs celui-ci, je ne peux pas te laisser faire ça tout seul.
-Je ne te demande pas ton avis, Léo, rétorqua le prince héritier, d'un ton sec, mais prévenant. En temps que frère aîné, c'est à moi d'endosser ce blâme.
-Tu ne peux pas agir tout seul, mon frère, répliqua Léo en se mettant debout face à Xander. Quoi qu'il arrive, nous sommes dans le pétrin ensemble. Il en a toujours été ainsi. Et ça le sera toujours. Tous les cinq, nous sommes une famille.
-Je le sais, répondit Xander, et un sourire sincère adoucit sa figure marquée par l'inquiétude et la gravité. Et en temps que frère aîné, c'est à moi de tous vous protéger.
-Nous te protègerons aussi, Xander, intervint Camilla, qui se releva en portant Yuma. Et ce n'est pas négociable, mon cher."
Xander considéra longuement son frère et sa sœur.
"Vous savez ce que Père va nous faire subir lorsqu'il apprendra que nous avons interrompu la punition de Yuma, déclara-t-il. Voulez-vous toujours prendre ce risque ?
-Bien sûr, Xander.
-Nous serons toujours à tes côtés, mon frère."
Le prince héritier sourit.
"Merci à tous les trois. Et maintenant, portons Yuma dans sa chambre. Père aura bien assez le temps de nous faire chercher pour nous punir de l'avoir libéré."
Sévère et solennel, il se tourna vers le bourreau, toujours rencogné dans l'ombre.
"Lorsque notre père viendra vous voir pour exiger de savoir où est parti Yuma, dites-lui que nous sommes venus le chercher. Et que s'il y a un blâme à recevoir pour lui avoir désobéi, nous l'endosserons tous les quatre. Ensemble."
