Disclaimer : Les personnages utilisés ne m'appartiennent pas ; je ne gagne pas d'argent pour écrire cette fic. Petit bla-bla habituel, en fait, bien connu des lecteurs de fics.
Note de l'auteure : Ceci est une suite de « Géante Rouge », ma première fic. Dans "Géante Rouge", le Soleil se met à grossir soudainement, pour engloutir la Terre en quelques mois. Le SGC décide d'évacuer le maximum de Terriens possible avant qu'il ne soit trop tard, par la Porte des Etoiles ou par vaisseau. Des Portes sont amenées sur Terre pour permettre à des nations du monde entier de quitter la Terre, tandis que dans la galaxie différentes planètes accueillent les Terriens réfugiés.
Cette fic se déroule durant cette situation de crise. Elle ne met pas en scène nos personnages favoris, dont je raconte l'histoire dans "Géante Rouge", mais montre le point de vue d'une personne lambda qui doit, comme tout le monde, quitter la Terre, à quelques semaines de sa destruction. L'univers de Stargate est toujours présent, voilà pourquoi je peux considérer que c'est une "pseudo-fic". En espérant que cela vous accroche...
J'y repense…
'O'
Je suis debout, ahurie, devant cette valise pleine à craquer qu'il va bien falloir fermer un jour. J'ai la tête vide. Paralysée. J'ai l'impression que d'un instant à l'autre, je vais me réveiller. Fin de ce début de cauchemar : je vais me retrouver face à la commode et entendre la voix joyeuse d'un enfant à l'autre bout du couloir. Mais le compte à rebours est bien réel : dans un mois et quelques semaines, la Terre va disparaître.
Il faut que je m'en aille avant.
Dans ma léthargie, j'entends la porte de la chambre s'ouvrir. C'est ma mère qui entre. Elle me sourit tristement.
Je ne sais pas depuis combien de temps je suis plantée là, devant ce pêle-mêle de pulls, tee-shirts, bermudas et pantalons – je ne sais pas quel est le climat là-bas, ni quel est exactement ce « là-bas », d'ailleurs. Sans connaître le contexte, on pourrait penser que je pars faire le tour du monde pour un temps indéterminé.
En réalité, je pars pour une autre planète. Enfin j'espère.
Ma mère n'est plus qu'à quelques centimètres de moi. Je vais fondre en larmes, mais je ne dois pas. Elle compte sur moi.
« Ma chérie… »
Je me tourne vers son visage ridé, cherchant quelle émotion elle veut laisser transparaître. Je me perds dans ses yeux si tendres, si résignés aujourd'hui. Elle est encore belle et battante, pourquoi la condamne-t-on à rester ici ?
Je l'enlace, la serrant pour la dernière fois de ma vie peut-être. Il ne faut pas que je pleure : elle compte sur moi et je dois être courageuse. Mais on a beau être adulte, on tient toujours autant à ses parents.
J'essuie une larme qui a coulé malgré moi, avant qu'elle ne s'en rende compte.
« Je sais qu'il est en sécurité avec toi. Vous y arriverez… »
J'entends son rire de petit garçon s'échapper de la cuisine.
Dmitri a six ans.
Dans deux jours, on me proposera de quitter la Terre sans lui.
'O'
Je pose ses deux sacs dans la voiture, mon étui à violon, nos sacs de couchage et cet immense panier à provisions – à mon avis, nous avons assez de vivres pour cinq jours, surtout que mon estomac me semble tellement noué que je me sens incapable d'avaler la moindre miette. Le nœud doit être énorme, il va me falloir un mois au moins pour le défaire.
Je ne veux pas le montrer mais intérieurement je suis paniquée. Il faut que j'arrive à parcourir ces centaines de kilomètres pour aller en Pologne. Je le dois. La vie de Dmitri en dépend.
Je mets enfin ma valise. Je n'emporte que le strict nécessaire, la moitié de mon sac contient les précieuses seringues qui font vivre Dmitri. De l'insuline.
Autour de nous la rue semble étrangement vide. La plupart des gens sont partis, les autres attendent ou deviennent fous.
Ivan attache Dmitri à l'arrière de la voiture et s'approche de moi. Il me tend une liasse de billets et je m'interroge.
«« Il se peut que vous en ayez besoin. » On ne passe pas la Porte avec un enfant qui a besoin d'un traitement pour vivre.
Je prends l'argent, n'osant lui dire que les roubles sont une bien mauvaise monnaie d'échange. En tournant la tête vers la rue, je comprends d'où vient tout cet argent : sa voiture a disparu.
J'enlace mon beau-père tendrement, désespérément. Il a toujours été d'un soutien admirable. Une épaule. Un vrai père.
Ma mère a les yeux embués, mais elle s'empêche de pleurer. « J'espère que tu n'auras pas trop de difficultés à retrouver Andreï, quand vous serez là-bas. ». Elle m'enlace avec une force dont on la croirait incapable. C'est le temps des adieux, mais étrangement je n'en ai pas l'impression. Je vais partir pour un long voyage, que j'espère magnifique, avec un enfant adorable. Il leur racontera à notre retour.
On ne brise pas des liens aussi facilement. Ils seront toujours avec nous. Je le sais.
Je me décide à monter prendre le volant et par la fenêtre ouverte à cause de la chaleur torride, ma mère me tend un livre. Un album photos.
Je lui souris, et démarre dans un dernier adieu.
Et c'est mon cœur qui se déchire. Pourquoi y a-t-il une limite d'âge pour passer cette « Porte » ? Pourquoi refuse-t-on les malades ? Pourquoi n'ai-je pas pu emmener ce petit garçon diabétique quand on m'a proposé de passer la première fois, ni la seconde ? Pourquoi le Soleil grossit-il, au point de ressemble à un énorme ballon rouge, accroché au ciel ? Pourquoi ?
Je répare mon cœur à la hâte, pour qu'il résiste aux épreuves à venir. Je suis responsable d'un autre que moi-même. Il s'appelle Dmitri, il a six ans et déjà des réflexions d'adulte. Sa vie n'a pas été faite que de chants et de rires. Dans deux jours, on me proposera de partir sans lui.
J'ai refusé déjà par deux fois de passer la Porte sans lui. Je m'accroche à cet enfant et j'ai raison. Andreï qui est déjà sur la planète attribuée à la Russie a réussit à me transmettre le message qui m'a décidé à tenter ce voyage : apparemment, de l'insuline se balade de planète en planète dans la galaxie, synthétisée par des Terriens exilés. Il n'y en a pas assez pour tous les diabétiques de la Terre, alors on préfère les condamner à rester ici. Je ne sais pas où l'on peut trouver ce traitement, ni comment l'obtenir. Mais je refuse la fatalité, alors je pars. Car peut-être qu'ailleurs, finalement, Dmitri peut vivre. Il va vivre.
'O'
Je n'ai plus de souvenirs du voyage Moscou-Varsovie. Je me rappelle juste que je me suis à peine arrêtée. J'ai peu dormi. Dmitri a respecté mon silence angoissé, se contentant de jouer assis sans faire de bruit.
Sur la route de Minsk, une marchande nous a offert des crêpes. J'ai laissé Dmitri faire un écart à son régime. Il avait le sourire jusqu'aux oreilles. La marchande aussi.
A notre entrée en Pologne, le trafic s'est intensifié. Alors que nous n'avions croisé pratiquement personne tout au long du trajet, voilà que nous nous retrouvons bloqués durant des heures dans les embouteillages à la périphérie de Varsovie. C'était prévisible : toute l'Europe de l'Est fait cet exode désespéré vers la Porte des Étoiles. Si ce qu'on m'a dit est exact, dans trois jours nos « alliés » extra terrestres nous l'enlèverons pour l'emmener en Turquie. J'ai l'impression d'être un auteur de science-fiction quand je pense à ça. Des extra-terrestres…
Je profite de la route encombrée pour dormir un peu. L'appétit revient. Tant mieux, le plus dur reste à faire : j'ai trois jours pour passer cette Porte.
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