Toujours aimer, toujours souffrir, toujours mourir

Disclaimer : tout est à J.K. Rowling, à l'exception du scénario.

Note : Cette fic fera certainement moins de dix chapitres. Je n'update pas souvent je pense, alors ne m'en veuillez pas si vous devez attendre un peu ^^. Je sais à peu près où cette fic doit aller, mais il me reste encore à l'écrire. Le titre de cette fic est tirée d'un vers de Corneille dans Suréna :

« Je veux sans que la mort ose me secourir

Toujours aimer, toujours souffrir, toujours mourir. »

Je vous laisse à présent lire le chapitre 1 ! Au passage, le titre du chapitre 1 est bien la phrase écrite sur la porte de l'Enfer de Dante.

J'ai rajouté quelques passages dans ce chapitre, deux ou trois phrases. On m'a reproché que le monologue de Draco était trop long. J'ai essayé de le couper en deux, mais j'ai du mal à en supprimer des parties. Je tenais vraiment à montrer une partie du personnage dont Harry pouvait tomber amoureux. Il s'agissait aussi d'illustrer une perte totale de contrôle. Tant pis si j'y n'ai pas réussi, je le réécrirai peut-être plus tard si ça ne va pas. J'ai également corrigé une erreur, une coquille que j'avais laissée due aux multiples changements de chronologie que j'ai faits.

Chapitre 1 : Vous qui entrez ici, laissez toute espérance

Je me suis souvent demandé pourquoi j'étais si amoureux de lui. Etait-ce sa beauté ? Mais je sais que je ne suis pas ce genre de personne, qui peut mélanger les sentiments et l'attirance physique, de même, je ne vois pas la beauté avant toute autre chose. Au contraire, l'apparence m'apparaît presque inexistante, je ne la remarque presque pas. Elle n'a aucune importance pour moi. Du moins, j'aime à penser que c'est le cas, et toujours je tente de coordonner mes actions à cette pensée. Je n'ai plus depuis longtemps cette pensée puérile que l'apparence correspond à notre caractère, comme si elle s'adaptait peu à peu à notre attitude, qui d'après Dumbledore, et j'ai tendance à le rejoindre sur cet avis, forme intrinsèquement notre caractère.

En réalité, je suis plutôt sûr que s'il eût été complètement différent physiquement, je serais tout de même tombé amoureux de lui. Voyez-vous, je suis un homme, et bien que je n'ai absolument rien contre les gays (rien pour non plus, je considère qu'ils ont les mêmes droits et devoirs que tous. On aime qui on aime, le monde n'a rien à faire dans notre pantalon.), je suis absolument sûr que je ne le suis pas, je veux dire, je ne suis pas gay. Et quand même, mon amour pour lui est réel et profond. J'ai aimé des femmes auparavant – Cho, Ginny – mais aucun garçon. Et je suis tout-à-fait sûr que quelque soit l'attachement que j'ai ressenti pour ces filles, pour lui, je pourrais faire dix fois plus en dix fois moins de temps, dix fois mieux.

Qu'a-t-il fait ? Je me pose toujours cette question, à part qu'il m'a traité comme de la merde dans ses meilleurs moments durant ces sept années – le pire est pour moi son indifférence à mon égard, son regard passant sur moi comme si je n'étais qu'une vitre, comme si je portais ma cape d'invisibilité. Cependant, je sais que parfois, il peut avoir un côté plus doux derrière cette apparence froide et dure. J'ai remarqué que devant ses parents, en particulier sa mère, son regard s'adoucit. Devant son père au contraire, il se tient droit et fier. Mais des éclats de complicité avec celui-ci transparaissent parfois dans ses yeux. Je n'y ai pas droit. Etant qui je suis – la personne qu'il hait le plus au monde, ou du moins, c'est ce que je crois, et peut-être j'espère – je sais qu'il ne me montrera cet aspect de lui qu'involontairement ou à contrecœur. En vérité, ce côté plus doux dont je parle, je l'ai déjà vu une fois, une seule, dirigé envers sa famille en l'absence de celle-ci, et ce fut assez. Mon cœur fut désormais à lui, tout comme le furent mon corps et mon âme.

***

Il était donc ici ! Caché sous les arbres comme à son habitude, afin de ne pas être dérangé. Draco se leva et sortit de dessous l'un d'entre en tentant d'être discret. Il regarda autour de lui. Personne ne semblait être à proximité. C'était sa chance ! A présent, marcher jusqu'au lac, lentement – très lentement, sans aucun doute. Il était conscient de sa grâce, même si elle était complètement naturelle, car étant un sang-pur, il avait bien entendu appris à danser dès son plus jeune âge. Cela avait été difficile, à huit ans à peine, et peut-être même moins, d'apprendre tous les pas, les rythmes et les mouvements charmants des bras, et de faire confiance à une partenaire. Cependant, après, il y avait la récompense : sa mère, oh mère si belle, si gracieuse, et son sourire rare, et ses robes merveilleuses. Il s'arrêta près du lac. Dans la fraîcheur matinale, l'eau qui refroidissait encore l'atmosphère était si calme et plate. Pas la moindre petite brise n'agitait la surface du lac ; Draco pouvait presque penser qu'il serait capable de marcher dessus, s'il ignorait sa nature aquatique. Lentement, il se mit à genoux. A présent, que faisait-il ? Que fabriquait-il ? Préparait-il un sort qui exigeait l'utilisation de runes qu'il devrait inscrire sur le sol ?

Mais Draco resta dans cette position sans bouger d'un pouce. Harry se déplaça légèrement afin d'avoir un meilleur angle de vue. Et de fait, il le vit : ce visage habituellement froid et cassant, pointu même, comme sa langue acérée, se décomposa sous ses yeux. Une nouvelle expression, autre que la colère et le mépris qu'il avait toujours montré, ce formait devant lui. Les sourcils se plissèrent, les commissures des lèvres s'arquèrent vers le bas. C'était d'un seul coup comme le visage d'un enfant perdu, qui ne sait pas où aller. Une question vint à l'esprit du voyeur – car c'était ainsi qu'il se sentait d'un coup. Non un espion héroïque, soupçonneux de tout, mais un profanateur. L'impression qu'il ne devait pas être là envahissait tout à coup son être tout entier. Que se passait-il donc ? Avant qu'il ne puisse prendre le temps d'y réfléchir, il entendit un doux bourdonnement provenant de l'adolescent. Puis sa voix.

« Mère, te souviens-tu ? Te souviens-tu cette robe bleu roi que tu portais le jour où tu jugeas que j'étais digne de danser avec toi ? Te souviens-tu de la façon dont Tinky avait arrangé tes cheveux ? Oh, Mère, tu étais si belle ce jour-là… Tu m'as gratifié d'un de tes splendides sourires après la danse. Tu m'as dit que je ferais tourner des têtes quand je serais devenu grand. »

A cet instant, Draco se releva d'un coup et se mit à crier, crier si fort, de toute son âme, comme si le hurlement venait de son cœur, blotti au plus profond de lui. Soudainement, il avait besoin de relâcher ses sentiments, d'extraire de sa poitrine avec les ongles sa souffrance.

« Pourquoi n'es-tu plus là ? Je n'ai pas encore eu l'occasion de te présenter mon tout premier vrai béguin. Je ne me suis pas encore marié. Je n'ai pas encore d'enfant. M'aurais-tu trouvé assez âgé pour supporter ton absence ? Mais tu avais tort. Je suis encore un enfant intérieurement. Je suis encore ton petit garçon qui pleurait silencieusement parce qu'il n'arrivait pas à se rappeler les pas de danse. Mère, j'ai encore besoin de toi. Pourquoi m'abandonnes-tu entre leurs mains ? N'ai-je pas été un bon fils ? J'ai encore besoin de ta protection. Je voudrais redevenir ce petit garçon à qui tu racontais des histoires extraordinaires, qui regardait encore son père avec de grands yeux admiratifs. Pourquoi ne puis-je pas rester dans ce monde enfantin, où ton corps et ta voix formaient autour de moi comme une barrière impénétrable, où rien ne pouvait me faire peur, bercé par la certitude que quoi qu'il arrive tu serais là pour me protéger ? »

***

Cette expression nouvelle, ce gémissement perdu… ce fut assez. Je vis alors une part de lui qui montrait qu'il aimait et pouvait se soucier des êtres. Je commençai à le regarder, à essayer de voir qui il était derrière son visage froid et sa voix glaciale et traînante. Ne me méprenez pas cependant, il ne joue pas la comédie. Enfin, pas toujours du moins. C'est « Draco Malfoy » après tout, et il reste un petit con. Mais à présent, je sais qu'il est capable d'amour, et qu'il n'est pas juste un petit con. Et je pense que cela suffit.

***

-Vous pouvez sortir. M. Malfoy, si vous pouviez rester, j'aimerais échanger quelques mots avec vous.

-Très bien, Professeur Snape.

Le jeune homme très blond attrapa rapidement – mais noblement comme toujours – son sac et rangea ses affaires. Il attendit que les étudiants partent, puis il s'approcha du bureau du maître des potions.

-Je vous écoute Professeur.

-Draco, j'aimerais vous parler d'un problème plus ou moins personnel. Par conséquent, tout ce dont nous allons parler doit absolument rester entre ces murs.

-Cela va sans dire Professeur.

-J'aurais besoin de vous poser quelques questions tout d'abord. Comment trouvez-vous Potter ?

-Je vous prie de m'excuser ?

-Répondez-moi sans mentir, s'il-vous-plaît. S'il s'avérait que vous ayez… l'opportunité de passer une nuit avec lui, en profiteriez-vous ?

-… Professeur, j'abhorre Potter, vous en êtes bien conscient. C'est un imbécile prétentieux, un sale gosse balafré qui exige constamment que le monde entier ait les yeux braqués sur lui. Quant à son physique, ses lunettes sont absolument affreuses. Et pas besoin de mentionner ses cheveux. Il est maigre, et pire, c'est un garçon. J'aime les filles Professeur. Potter n'est certainement pas attirant. Puis-je vous demander pour quelle raison vous me posez cette question ?

-Draco, vous savez que cet idiot doit gagner la guerre, tout comme je le sais moi-même. Si le Seigneur des Ténèbres parvient à tuer Potter, le monde magique ne s'en remettra pas. Potter est notre atout, bien que cela soit sa seule utilité. Mais il n'est pas assez puissant. Il tire son énergie de l'amour, et il semblerait qu'il pense ne pas en recevoir assez.

-Veuillez m'excuser, Professeur, mais je ne vois toujours pas le rapport.

-La réponse est simple. Potter vous désire. J'ai eu l'occasion de m'en apercevoir. Il tente tant bien que mal de le cacher, mais la façon dont il lui arrive de vous regarder le trahit. Une bataille se prépare. Bientôt, que ce soit dans un mois ou dans un an, Potter devra combattre le Seigneur des Ténèbres. Cela doit être leur dernière rencontre. Je compte sur vous, Draco. Je sais à quel point cela est difficile, étant donné l'idiot dont vous devez vous occuper, mais cela doit être fait. Une fois suffira. Pensez-y.

Le jeune homme acquiesça et sortit de la pièce. Le professeur Snape, toujours assis dans son fauteuil, se pinça le nez entre le pouce et l'index et poussa un soupir en fermant les yeux. « Je suis vraiment désolé, Draco. »

***

Je suis quelqu'un de lucide. J'ai su dès le début que cet amour étrange et non-conventionnel que j'éprouvais pour lui n'était pas réciproque. C'est la raison pour laquelle je n'en revenais pas lorsque Draco me plaqua contre un mur de tout son corps une nuit après le couvre-feu. Pas un mot ne fut échangé. Je ne l'ai pas rejeté. On dira que l'espoir rend la vie plus belle. Ou peut-être savais-je déjà que cela n'était rien de plus qu'une baise rapide. Vous savez, il est parfois difficile de faire la différence entre l'espérance et le désespoir au bout d'un moment. Je pense que si cette nuit-là n'était jamais arrivée, si le temps s'était arrêté à l'heure du couvre-feu, à neuf heures précises sur l'horloge de la salle commune des Gryffondor, j'aurais pu continuer à sourire. Mais je ne sais toujours pas si je souriais parce que je possédais le secret espoir qu'un jour Draco m'aimerait, ou parce qu'au contraire, j'avais accepté le fait que ce côté-là de ma vie, ma vie sentimentale, serait vide pendant quelques années encore. Peut-être était-ce les deux. Après tout, rien n'est impossible en ce qui concerne l'âme humaine. Mais ce dont je suis certain, c'est que ce soir-là, cette nuit insomniaque au cours de ma sixième année, ma vie fut mise sans dessus dessous en un rien de temps.

***

Il marchait dans le couloir, tentant de faire le moins de bruit possible. Il était minuit ou une heure, et le couvre-feu était passé depuis longtemps. Harry soupira. Les cauchemars étaient devenus tels ces derniers temps que dormir plus de cinq heures semblait d'un seul un exploit extraordinaire, que seul son ami Ron parvenait à accomplir. Oui, les cauchemars perturbaient ces nuits, et pour ne rien arranger, les sentiments qu'il semblait éprouver pour son vieux rival d'enfance venaient de plus en plus le narguer. Mais que pouvait-il y faire ? Les nuits devenaient encore pires lorsque ces deux facteurs s'alliaient pour le torturer. Draco torturé, Draco hurlant, Draco à la place de cette petite fille moldue qui venait de voir sa famille mourir et était à son tour tuée… Les nuits étaient une souffrance perpétuelle. Alors que pouvait-il faire ? Marcher était un des moyens les plus silencieux qu'il avait trouvé pour se vider la tête.

Mais alors qu'il passait dans le couloir du septième étage qui abritait la Salle sur Demande, il se sentit d'un seul coup plaqué contre un mur sans rien avoir vu venir. Un souffle caressa son oreille pendant que deux grandes mains pâles s'installaient solidement sur ses hanches. Harry essaya de se retourner en se débattant. Une mèche de cheveux blonds l'aveugla un instant. Une couleur si pâle… Draco ? L'ombre lui vola alors un baiser vorace, forçant le passage entre ses dents et ravagea sa bouche. Oui. Draco. Mais comment…

Tout se passa ensuite très vite. Les deux mains se mirent en mouvement, l'une défaisant son pantalon, l'autre le maintenant la tête contre le mur. Le boxer tomba aussi vite. Les gestes étaient rapides, les touchers presque superflus. Il fallait aller au but, et vite. Un doigt s'infiltra entre les fesses d'Harry et s'introduisit dans son entrée. Douleur. Puis elle s'évanouit et un deuxième doigt se rajouta. Quand il fut jugé prêt par son… partenaire ?, Harry sentit la main se retirer et entendit une boucle de ceinture sonner dans son dos, puis un bruit d'étoffe glisser sur le sol. Il allait vraiment… ? Puis de nouveau, la douleur, causée par quelque chose de bien plus gros. Une attente d'un instant pour qu'il s'habitue, puis des va et vient de plus en plus rapides. Douleur, douleur… Ah ! Qu'est-ce que c'est ? Vague de plaisir qui lui parcourt le corps comme une onde électrique lors d'un choc. Qu'est-ce que c'était ?

Dans le vide blanc post-extatique, Harry entendit vaguement le bruit de l'étoffe soulevée du sol, et à nouveau la boucle de ceinture métallique. Puis des bruits de pas qui s'éloigne. Il sort des brumes. Il se rhabilla aussi rapidement qu'il le pouvait en tentant de se relever. Retour de la douleur. Maintenant, faut-il rire ou pleurer ?