Yo ! Voilà un petit texte de la Nuit du Fof écrit sur le thème Blêmir donné par Oceanna ! Ça faisait un bail que je m'étais pas un peu penché sur de l'AkuRoku, tiens.

Bonne lecture !

Blême est le jour qui passe sans toi.

Tu ne veux pas rentrer ? Revenir ici ?

C'était l'été ou du moins quelque chose qui ressemblait à l'été dans ce monde où le Temps passe sans nuit et sans saison, et je t'ai invité et alors tu m'a suivi – il faisait beau temps comme il fait toujours beau temps dans ce monde, et le rouge du ciel était rouge et l'orange du ciel était orange et le jaune des dalles était jaune.

Invariable.

Invariables certains mots, invariable ce monde où le Temps n'a pas d'emprise sur le ciel : la Cité du Crépuscule ne voit pas le soleil se lever et briller à son zénith, la Cité du Crépuscule ne connaît pas la lumière blafarde des étoiles accrochées au velours bleu noir de la nuit, la Cité du Crépuscule connaît le crépuscule et rien d'autre.

Et pourtant.

Tu as pris un chemin de nuit, et je voudrais que tu le prennes à nouveau pour cette fois revenir vers moi, dans mes bras, non, si tu venais juste t'asseoir à côté de moi, oui ce serait suffisant.

J'essaie.

Je te jure que j'essaie.

C'était l'été ou du moins quelque chose qui y ressemblait et à présent rien n'a changé et pourtant le rouge est blême et l'orange est blême et le jaune est blême et le vert est blême.

Pourquoi tu as fait ça ?

Pourquoi tu as blêmi toutes les couleurs du monde quand tu es parti ? Pourquoi tu as pris les couleurs avec toi, dans les poches de ton manteau tu les as mises et tu es parti avec elles et tout est blême maintenant. Tu as tout volé.

Tu m'as tout volé.

Tu m'as tout volé et tu as renié ce vol.

Tu ne me connais pas.

Tu as raison.

Personne ne me connaît.

Même moi, je ne me connais pas. Je ne me reconnais pas, comme tu ne m'as pas reconnu.

Je ne reconnais pas ce monde où le rouge est plus terne que la pluie, je ne reconnais pas ces yeux où le vert est blême comme de la more, je ne reconnais pas ce goût salé et sucré et blême qui m'engourdit la bouche, je ne reconnais plus.

C'était l'été et tu n'existais pas encore et alors j'aimais cela, le rouge et le vif et les couleurs qui hurlent à tous les mondes qu'elles sont là pour briller.

Où est-ce que tu es ? Les couleurs que tu m'as volées, est-ce que tu les as étalées dans les yeux de quelqu'un d'autre ?

De qui ?

Donne-moi leurs noms. Donne-moi son nom. Donne-moi, donne-moi, donne-moi ce que tu m'as pris, et plus encore.

La cruauté accidentelle ne souffre pas d'excuse.

C'est trop tard, tu ne vois pas ? Tu ne vois pas que je ne vois plus ?

Si tu ne veux pas revenir alors je ne veux pas que tu reviennes.

Non, non.

Ne reviens pas.

Tu veux ?

Ne reviens pas.

Tu veux ?

Tu entends ?

Non, non.

J'essaie, pourtant. J'essaie mais c'est impossible, alors tu verras que les flammes de ma colère seront blêmes quand elles viendront te chercher et tu verras ce que ça fait quand il n'y a plus de couleurs dans le monde.

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Voilà ?

À très vite !