Titre: Cas de peste

Résumé: C'est dans le malheur que l'on peut mesurer la valeur d'un homme. Quand la maladie sème la mort et la peur à Poudlard, mensonges et secrets quotidiens ne sont plus possibles: tous les repères s'effondrent, un par un, et l'on découvre des recoins de sa personnalité qu'on ne soupçonnait pas.
Deux élèves vivront intensément cette tempête: ils en ressortiront grandis, mais le chemin sera long, et le prix à payer…mortellement lourd.

Parole de l'auteur: depuis que j'ai lu le roman d'Albert Camus: La Peste, j'ai eu cette idée en tête. Je ne prétends arriver à la cheville de ce grand auteur, j'ai simplement voulu moi aussi imaginer l'histoire à ma façon. J'ajoute que j'ai volontairement masqué l'année de l'intrigue, sachez seulement que Voldemort est vivant, Harry Potter est en sixième année, il n'y a pas d'horcruxes, et Dumbledore est encore en vie.
J'espère que cela vous plaira, je pense que ce sera assez long comme fic. Si vous avez des questions, n'hésitez pas à les poser.

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Chapitre 1: La fin

Peste: du latin pestis. Désigne un fléau, une maladie contagieuse ou une importante épidémie, qui décime toute une communauté et se répand dans des populations entières.

«…Miss Granger, si c'est une plaisanterie, je tiens que ce que vous sachiez que ce n'est pas drôle du tout…et moi je tiens à ce que vous sachiez, professeur, que je n'ai pas du tout envie de rire…Arrête de nous prendre pour des idiots Granger, tout le monde sait qu'elle a disparu…et bien Malefoy, il faut croire que les morts s'en fichent…»

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La Gazette du Sorcier, 3 Octobre, année 199…

''La fin de Poudlard?

À la grande surprise de la population sorcière du Royaume-Uni, on annonce ce matin au ministère la mise en quarantaine de la célèbre école de sorciers. Désireuse de comprendre les raisons de cette décision aussi brutale qu'inattendue et soucieuse de répondre aux questions des nombreux parents d'élèves, la Gazette a envoyé ses meilleurs journalistes sur place afin d'obtenir des renseignements sur ce décret ministériel totalement imprévu.
"Un cas de peste s'est déclaré au sein même de l'école, déclare le ministre Scrimgour au reporters. Nous nous voyons donc dans l'obligation de prendre des mesures sanitaires strictes afin d'empêcher la propagation dans tout le pays. D'ici quelques jours, une circulaire sera publiée et donnera les décisions prises par les autorités médicomagiques et gouvernementales pour traverser cette période douloureuse. Bien entendu, cet état de fait a été examiné et confirmé par plusieurs médicomages expérimentés et réputés pour leur compétence.»

Le médicomage Stanley Horn soutient en effet: «Cette maladie est extrêmement contagieuse et mortelle. Le seul moyen pour un sorcier d'en guérir est d'absorber l'antidote approprié: la potion contraplague* dont la conception peut durer plusieurs mois. Les moldus, eux, utilisent des sortes de potions préventives qu'on appelle vaccins, mais qui sont inefficaces sur les sorciers car la magie rejette la substance, et souvent, aggrave le mal. Toutefois, nous ferons appel à quelques médecins moldus pour fabriquer la contraplague.

-Et vous n'en avez pas en réserve?

-Si, quelques fioles, mais la question n'est pas là: ce n'est pas la quantité de potion qui nous fait défaut; le problème se situe dans la nature même de la bactérie. Je m'explique: cela fait plusieurs siècles que le bacille ne s'était plus manifesté, mais il a quand même muté sous l'influence des ondes magico-radioactives, ce qui le rend donc immunisé contre le remède actuel. Et malheureusement, nous ne savons pas encore dans quelle mesure il s'est métamorphosé.

-Si j'ai bien compris, les produits conçus à l'époque de la dernière épidémie sont inutilisables?

-Non, au contraire, ils peuvent servir de base pour la nouvelle potion, et grâce à eux, on pourra détecter quelques unes des mutation du virus.»

En attendant l'arrivée des nouveaux antidotes, les enfants devront restés enfermer à l'intérieur du château afin de ne pas répandre la contagion dans tout le pays. La réaction de certains parents ne se sont pas faites attendre:

«C'est horrible! C'est affreux! Nos enfants sont en danger de mort constant, et on les abandonne là-bas comme des chiens!» S'écrie une mère dont les quatre enfants sont bloqués à Poudlard.

«Je trouve cela absolument scandaleux, s'indigne l'avocate des parents d'élèves.
-Poudlard n'est plus un endroit sûr, on nous a menti jusqu'au bout de ligne, on trahi la confiance des familles: des pères, des mères et des enfants! Je dénonce l'attitude faussement protectionniste du ministère qui prive les enfants et les parents de leur dernier contact. Cette politique arbitraire n'est ni plus, ni moins qu'une condamnation à mort de toute une jeune génération innocente.»

Cette décision brutale n'est pas sans inquiéter des économistes:

«C'est très grave, le monde sorcier est est peu dense en Angleterre, la disparation de cette génération de sorciers va créer un trou énorme dans les populations sorcière et moldues qu'il sera très difficile de combler. Il faudra s'attendre à de grosses difficultés économiques dans les années à venir: perte de jeunes diplômés sur le marché du travail, problème de renouvellement et des retraites, baisse des effectifs dans les écoles et les universités, répercussion sur le moral des citoyens et donc perturbations du travail sur un plan concret (dépression, maladies, suicides)…»

De nombreux parents moldus ne sont pas encore au courant de cet arrêt gouvernemental, le ministère s'occupera dans les prochains jours de prévenir le ministre moldu afin qu'il prenne les dispositions nécessaires pour annoncer l'information aux familles, et leur avertir que eux non plus ne peuvent récupérer leurs enfants, pour des raisons de sécurité.

Nous nous tenons toujours fidèlement à l'écoute afin d'informer le plus vite possible la population du moindre changement.

Toute l'histoire du virus p.7

Les traitements médicaux utilisés chez les moldus p.9

Témoignages des parents d'élèves p.11

Reporter: Mouche assassine"

L'homme ricana en refermant le journal. Il se réjouissait ouvertement de la tournure des événements: tout allait bien pour lui et pour ses affaires: une population déprimée et amoindrie, de futurs ennemis en moins, le ministère affaibli, et Harry Potter bientôt trépassé. Certes, la perte de nombreux sorciers de sang pur était regrettable, même un peu fâcheuse, mais pour un tel résultat, ce n'était pas trop cher payé finalement. Après tout, pour arriver à ses fins, il faut parfois consentir à des sacrifices! À la guerre comme à la guerre, c'était le cas de le dire.
Oui, la vie s'annonçait belle pour Lord Voldemort.

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«Circulaire ministérielle n°1795 du 5 Octobre 199…, votée à la majorité au Magenmagot

Le virus de la peste ayant été découvert à Poudlard, l'école est officiellement mise en isolation sanitaire. Par prudence et pour éviter toute contagion, les élèves ne sont pas autorisés à sortir de l'enceinte, ni les parents de venir les chercher. Un cordon sanitaire sera installé autour du château, en vue de bloquer la contagion du virus.
En revanche, il sera possible de communiquer par courrier après installation d'une équipe spécialisée pour désinfecté et contrôlé tout objet et hibou venant de Poudlard. À ce sujet, une lettre vous sera envoyée afin de vous informer quand il vous sera possible d'écrire à vos proches dans le château. Mais avant la mise en oeuvre de ce service, tout courrier venant de Poudlard, ou y partant, sera intercepté par le périmètre de sûreté mis en place, et renvoyé à son destinataire.
Étant naturellement immunisés contre le virus, les elfes de maison assureront l'approvisionnement. Toutefois nous recommandons aux sorciers et aux sorcières la plus grande prudence, et de ne pas approcher ces créatures magiques qui pourraient être les porteurs involontaires des germes.
Nous rappelons à la population qu'il s'agit là de mesures exceptionnelles, et pour le bien de tous. Nous rouvrirons les portes de Poudlard le plus tôt possible dès que l'épidémie se sera affaiblie.
À l'adresse des parents moldus: nous regrettons infiniment ces événements tragiques, mais il ne vous est pas permis non plus de reprendre vos enfants car le virus peut aussi bien toucher les moldus que les sorciers.
En vous remerciant de votre compréhension.»

De rage, le chef de famille Malfoy froissa le papier encore tiède dans son poing. Son épouse, livide, les lèvres serrées, ne pouvait souffler mot. À l'instant même, leur pensée se rejoignirent dans un seul et même sujet d'angoisse: leur fils, leur unique enfant. L'homme avait essayé quelques jours plus tôt de graisser la patte de quelques contacts au ministère afin de faire sortir son fils, mais cela avait débouché à un échec cuisant. Chacun au ministère avait de la famille plus ou moins proche à Poudlard, et tout le monde se trouvaient logés à la même enseigne, par conséquent, l'entraide et la corruption étaient impossibles.
L'aristocrate soupira et posa ses doigts sur les tempes, dire que pour une fois que la corruption était légitime, il fallait qu'elle échouât! Triste ironie du sort: le vice lui avait toujours réussi pour de mauvaises raisons, et au moment où la vertu s'en mêlait, la chance l'abandonnait. De quoi vous dégoûter de faire le bien en fin de compte!

Quant à la femme, elle se maudissait d'avoir empêcher son tout jeune enfant d'aller à Durmstrang il y a des années. Elle le revoyait, anxieux mais digne, très fier (peut-être un peu trop), à la gare King's Cross, entouré de tous ses amis d'enfance. Elle le revoyait monter dans le train sans se retourner, comme pour se rassure lui-même qu'il était un grand garçon, capable de vivre loin sans ses parents. Elle se souvint de leur attitude à eux, parents Malefoy: tout aussi dignes, fiers, et malgré eux légèrement attendri par le comportement typiquement adolescent de leur fils.

Elle s'arracha brusquement de sa rêverie lorsqu'elle vit son époux faire les cents pas.

«Qu'allons-nous faire monsieur?

-Je ne sais que répondre ma chère. J'avoue avoir épuisé mes ressources.

-Ne peut demander au ministre d'agir? Après tout, votre influence n'est plus à prouver.

Mais son mari hocha la tête en signe de dénégation:

-Personne ne nous aidera au ministère, chacun ne se préoccupe que de ses propres rejetons, pesta égoïstement Mr Malefoy.

La dame parut réfléchir un instant, puis demanda:

-Et le Maître? Pourquoi ne pas lui demander…?

-N'allez pas plus loin ma chère, coupa sèchement le lord, j'ai de bonnes raisons de croire que le Seigneur des Ténèbres ne fera rien pour sauver Drago, ni aucun autre enfant de sang pur d'ailleurs.

-Que voulez-vous dire?» S'alarma Mrs Malefoy.

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Adossée au canapé, recroquevillée contre son mari, Mrs Granger pleurait à chaudes larmes. Depuis qu'ils avait lu la circulaire ministérielle, les deux parents étaient effondrés. La mère sanglotait tout haut comme une enfant, et le père serrait les poings, maudissait tour à tour le ministère, les sorciers, Poudlard, lui-même et les médecins (le terme «médicomage» ne lui était vraiment pas familier).

Mais plus que le chagrin et le colère, la culpabilité terrassait les deux moldus. Ils s'en voulaient d'avoir laissé leur fille unique, pénétrer dans ce monde inconnu, menaçant et haïssable qui, en prenant la seule enfant qu'ils n'auraient jamais, leur avait tout pris en un seul instant, et ne leur avait laissé que leurs yeux pour pleurer et leurs remords pour les tuer à petit feu.

D'une voix enrouée, Mrs Granger gémissait:

«Ma fille…Hermione…pourquoi?»

De son côté, Mr Granger avait passé un bras autour de son épouse et la maintenait contre lui, il ressentait le besoin de la protéger, tout comme elle ressentait le besoin d'être protégée. De son autre main, il se tâtait le front, son cerveau tournait à plein régime afin de trouver une solution pour sauver sa fille de la mort, la sortir de son école, qui s'était transformée en prison digne des couloirs de la mort des États-Unis.

La voix de la jeune femme le tira de ses réflexions:

«Que peut-on faire?

L'homme ne répondit pas tout de suite. Il paraissait avoir vieilli de dix ans d'un coup.

-J'ai peur…je crains qu'on ne puisse…rien faire, souffla-t-il.

-Rien? S'étrangla-t-elle. Mais ce n'est pas possible, il y a toujours une solution à…

-Non, l'interrompit son époux, j'ai réfléchi, et bien que ce soit terrible à admettre, nous sommes pieds et poings liés. La circulaire a été très claire: interdiction aux parents de venir chercher leurs enfants et les connaissant, leur fameux «cordon sanitaire» est sûrement composé de barrières enchantées pour repousser tout le monde du château, y compris les sorciers. En vérité, nous sommes complètement impuissants, et à la merci de ce fichu ministère de la magie.

-Seigneur! Tous ces enfants enfermés là-bas, en proie à la mort et à la souffrance, je n'ose même pas imaginer…

-C'est une véritable tragédie», conclut le père peu désireux de s'attarder sur ce drame.

Mr Granger craignait surtout de ne plus être capable de se contenir et d'éclater en pleurs à son tour. La pensée que sa fille était là-bas, peut-être déjà morte le torturait et lui serrait la gorge. Il se rappela alors son bébé aux yeux sombres, si petit, niché entre ses bras, à la fillette de trois ans qui souriait avec ses deux dents de devant en moins; il revoyait nettement l'insupportable gamine de six ans qui coupait fièrement ses cheveux touffus, pensant se transformer ainsi en princesse. Inconsciemment, le père ressassait les vieux souvenirs et faisait défiler, dans sa tête, la petite enfance de sa fille, comme pour faire marche arrière, changer les événements et retenir son enfant auprès de lui.

Derechef, la mère le tira de ses songes en posant une seule question, sans savoir qu'elle était toute la clé de la gigantesque énigme macabre:

«Il y a quand même quelque chose qui m'intrigue: c'est de savoir comment le virus de la peste a pu se déclarer dans un lieu aussi clos que le château de Poudlard.»

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Environ un mois plus tôt:

Le Poudlard Express crachait son panache de fumée blanche, à la plus grande joie des enfants qui n'avaient jamais vu de train aussi grand, ni aussi beau. Les grands, eux, se dépêchait de s'installer dans les compartiments encore vides, et les parents disaient au revoir, certains plus émus que d'autres. Et les amis se retrouvaient, souvent avec ravissement, parfois bruyamment comme ce groupe de jeunes gens qui riaient aux éclats, ou même tendrement comme les quelques jeunes couples ici et là, enlacés tels des jeunes pousses de lierre au soleil.

Une jeune fille brune, après avoir embrassé ses parents, furetait et tournait la tête de tous les côtés, cherchant visiblement quelqu'un. Enfin, un sourire éclaira son visage: elle venait d'apercevoir deux garçons, presque des hommes. Elle appela:

«Harry! Ron!

Ils se retournèrent, sourirent à leur tour, puis vinrent à la rencontre de leur amie:

-Hey! Salut Hermione.

Hermione donna une embrassade à chacun de ses amis, et s'étrangla de rire lorsque Ron la souleva presque. Elle était tellement contente de les revoir.

-Comment allez-vous les garçons?

-Ça va, sourit Harry.

-Sûr? Insista Hermione quelque peu soucieuse.

-Oui, je t'assure, ne t'inquiète pas pour moi, répliqua gentiment le jeune homme, mais si tu veux consoler quelqu'un, occupe-toi plutôt de Ron, il a reçu un savon de Mrs Weasley.

-Hé! Protesta ce dernier faussement indigné. Espèce de traître! Faux frère!

-Oh! Tout de suite les grands mots, ricana Harry.

-Quelqu'un peut m'expliquer? Demanda Hermione mi-intriguée, mi-amusée.

-Ben voyons! Intervint une voix traînante et désagréable. Comme si il fallait une vraie raison pour rosser cette tête d'abruti de Weasley.

-Bonjour à toi aussi Malefoy, on n'attendait que toi pour partir justement, riposta Harry avant que Ron ne puisse répondre.

-C'est ça! Allez donc rejoindre vos amis les indésirables et les Sang-de…

-Bon! Ce n'est pas que nos retrouvailles m'ennuient, mais nous ferions mieux de rechercher un compartiment tout de suite avant qu'il n'y en ait plus un seul de libre.

-Je ne sais pas si c'est utile dans ton cas Granger, qui voudrait d'une…

-Mais tu vas la fermer, oui? S'emporta Ron dont les oreilles étaient devenues écarlates. Ce n'est pas humain d'être aussi…

-Stop! Hurlèrent Harry et Hermione en même temps. Viens Ron, rajouta Hermione très calme, laisse-le tout seul, et pends pitié de lui plutôt, puisqu'il semble ressentir un besoin irrépressible de nous insulter pour justifier sa pauvre existence.

-Répète un peu cela Granger! S'énerva Malefoy piqué au vif.

-Drago?

Un jeune homme à la peau sombre s'était arrêté devant le groupe des adolescents enflammés, les jaugeant du regard, comme le ferait un vieillard devant une mêlée de petits enfants turbulents. Il reprit d'un ton où l'ironie le disputait à l'ennui:

-Qu'est-ce que tu fais avec ces…personnes?

-Mais rien du tout Blaise, répondit Malefoy qui semblait avoir retrouvé toute sa maîtrise de soi, Je voulais simplement savoir si ces trois-là avaient par heureux hasard évolué du stade pouilleux. Mais je crains qu'il n'y ait rien à espérer, compléta-t-il dans un rictus.

-En doutais-tu sincèrement? Sourit Zabinni avec condescendance.

-Eh bien…commença Malefoy.

Il s'interrompit aussitôt: les trois Griffondors avaient disparu. Mécontent et vexé malgré lui, Malefoy jeta un regard furieux à son ami qui ne broncha pas, puis il se retourna pour se diriger vers le train à son tour, sa valise flottant devant lui. Ces idiots avaient tout de même raison, il devait vite se trouver compartiment lui aussi, et surtout le plus loin possible des ses bien-aimés Griffondors. Il ne remarqua pas le sourire étrange de Zabinni derrière lui.

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Le train venait de démarrer, fendant la campagne à travers champs, telle une flèche rouge et blanche au milieu d'un paysage sauvage et vert forêt. Le soleil brillait de tout son éclat, comme s'il ignorait que ce train-là menait ses occupants à la mort. Jamais la nature n'avait été aussi belle, insensible au drame subtil qui se mettait peu à peu en place, et dont les engrenages tournaient implacablement, au même rythme que les roues de la locomotive. Il est parfois des catastrophes que même leurs créateurs ne peuvent contrôler, lorsque la machine se met en route, ce n'est plus une affaire d'hommes, mais affaire de Diable.

Mais il était encore loin le temps des premières inquiétudes. Pour l'heure, les élèves de Poudlard étaient joyeux et plein d'entrain, à l'image de ce temps superbe qui leur semblait d'excellent augure, comme un accueil de bienvenue en Écosse. Un seul élève ne partageait pas cet enthousiasme, il était même plutôt déprimé. Depuis plusieurs minutes, il déambulait comme une âme en peine de compartiment en compartiment. Soupirant, il toqua à la porte de l'un d'eux, et fut soulagé d'entendre quelqu'un l'inviter à entrer. Il ouvrit la porte…

«Tiens, salut Neville. Comment vas-tu? demanda Harry.

-Heu…bien, merci, vous n'auriez pas vu Trevor, il s'est encore sauvé, se plaignit le jeune garçon d'un air malheureux.

-Non, désolé, répondit Hermione sur un ton d'excuse. Pourquoi ne viens-tu pas t'asseoir avec nous. Tu auras le temps de le rechercher tout à l'heure.

-C'est très gentil, merci.

Timidement, Neville s'assit entre Hermione et Ron qui dut lui faire une place de mauvaise grâce.

-Au fait Hermione, est-ce je t'ai déjà dit que j'ai adoré la façon dont tu as remballé Malefoy?

-Mais oui Harry, répliqua-t-elle en riant, c'est la troisième fois j'ai compté!

-Tout cela est dans l'ordre: jamais deux sans trois, affirma Ron d'un air docte.

-J'avoue que ça m'a beaucoup amusée moi aussi, j'ai rarement vu Malefoy perdre tous ses moyens devant nous, et peut-être que ça se renouvellera.

-Attention Hermione, avertit Ron faussement menaçant, ton comportement ressemble dangereusement à celui d'une enfant gâtée.

Tout le monde se mit à rire.

-Pendant que j'y pense, s'exclama la jeune fille. Pourquoi Mrs Weasley t'a passé un savon?»

Ron feignit ne pas avoir entendu et sortit un magazine de Quidditch, signifiant très clairement qu'il considérait l'incident comme étant clos. Gêné, Harry reprit la conversation avec Neville, et Hermione boudeuse qu'on l'ait si grossièrement ignorée, prit son livre de potions de sixième année et commença à réviser.

Le voyage fut peu mouvementé, ponctué par l'arrivée du chariot de nourriture, égayé par les récits des jeunes gens de leurs vacances (Harry resta vague dans sa description, ayant dû passer tout l'été chez les Dursley). Puis vint le moment où l'on parla Quidditch. Ron déclara vouloir se présenter au poste de gardien, Hermione resta soigneusement en-dehors de la conversation, et Harry était un peu nerveux à l'idée de prendre les rennes de l'équipe de Griffondor en tant que capitaine. Quant à Neville, il intervenait de temps en temps, plutôt timidement et peu intéressé par ce sport; puis soudain, se rappela une chose:

«Au fait Hermione, est-ce que tu vas reprendre le poste de préfète de sixième?

Celle-ci ne répondit pas immédiatement, un peu désarçonnée que Neville passe «du coq à l'âne». Enfin, elle retrouva ses esprits:

-Et bien…non à vrai dire…j'ai refusé.

-Refusé, mais pourquoi? S'étonna Neville

-Je me suis rendue compte que ça ne me plaisait pas tant que ça, de faire la discipline», répondit simplement Hermione.

Les deux autres garçons jetèrent un regard surpris à leur amie, mais ne firent aucun commentaire. Après elle était grande, elle faisait ce qu'elle voulait. Au fonds d'elle-même, Hermione se reprochait de leur mentir effrontément, mais comment aurait-elle pu leur expliquer alors qu'elle-même ne savait pas pourquoi elle avait refusé?
C'était ainsi: lorsqu'elle avait reçu la lettre et le badge, elle s'était rendue compte qu'elle n'avait pas la moindre envie de reprendre le poste cette année. Pourtant, si l'on exceptait la présence Ombrage, elle s'en était plutôt bien sortie l'année dernière. Mais curieusement, elle n'était plus motivée cette fois-ci, peut-être avait-elle pris goût à l'imprévu et que l'idée de reprendre une responsabilité familière l'ennuyait. Hermione se moqua d'elle-même: «Décidément, Ron a raison, j'ai tout de l'enfant gâtée, nos petites aventures de fin d'années ont déteint sur moi.»

Et puis, même si elle n'osait encore se l'avouer, Hermione redoutait surtout de se retrouver une fois de plus en présence du maudit Serpentard dénommé Malefoy. Non pas qu'elle eût peur de lui, elle n'avait simplement plus la patience de le supporter. Elle tremblait à l'idée de perdre un jour le contrôle de ses nerfs et de faire quelque chose de regrettable, comme lui jeter quelques sorts de son crû à la figure.

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Pansy Parkinson, confortablement installé sur la banquette verte rembourrée, observait avec mélancolie son ami. Pensif, ne détachant pas les yeux du paysage qui défilait devant lui, Drago Malefoy ne laissait rien transparaître de ses réflexions. Pansy avait toujours été intimidée par Drago: enfants, il dominait toujours les jeux, il était le chef incontesté, et si quelqu'un voulait prendre sa place, il était immédiatement rejeté par une de ses paroles perfides et venimeuses dont il avait le secret. Il commandait, mais n'avait aucun ami, du moins, aucun égal.

Les choses avaient changé à Poudlard, avec l'arrivée de Blaise Zabinni, le seul qui ait tenu tête à Drago. Si les débuts avaient été difficiles, pour ne pas dire chaotiques, aujourd'hui, Blaise et Drago étaient comme deux doigts de la main.

«Ce thon! Grommela soudain le blond.

-Quoi?

-Granger, ce…ce thon aux dents de castor! Elle devrait avoir honte de paraître en public.

-Tu t'es encore énervé à cause d'elle, soupira Pansy, combien de fois t'ai-je répété qu'elle ne mérite même pas ton mépris.

-Fais attention Drago, avertit doucement Blaise, cette année, tu n'es plus préfet, ce qui signifie que tu ne pourras plus sanctionner comme avant.

-Merci de cette précision, ironisa Malefoy.

-Et tu auras plutôt intérêt à te faire discret, poursuivit Zabinni comme s'il n'avait pas entendu la dernière réplique, car il y en a beaucoup qui te tiennent rancune pour…l'année dernière. On ne te fera pas de cadeau.

-Oui bon, s'impatienta Malefoy, je n'ai pas besoin qu'on me materne non plus. Je suis parfaitement capable de me débarrasser de ces idiots.»

La discussion s'arrêta et Zabinni abordait un air étrangement satisfait. Le sujet épineux, en l'occurrence Granger, venait une fois de plus d'être écarté, sans le moindre effort. Le Serpentard se félicitait intérieurement de son habileté. Pansy fit alors sursauter tout le monde:

«Au fait, est-ce que l'un de vous saurait ce que le Seigneur des Ténèbres prépare en ce moment?»

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Voilà, c'est tout pour cette fois-ci, verdict? Je poursuis ou j'abandonne?
Bonne semaine à vous tous.

* «contraplague» En anglais plague veut dire peste.