Salut tout le monde. Après avoir fait du tri dans mon ordinateur, je suis tombé sur cette histoire que j'ai écrite il y a un peu moins d'un an. Après l'avoir lu, j'me suis dit : « pourquoi ne pas vous en faire profiter ? ». C'est une petite fiction légère avec le couple Jasper-Bella.

Les publications se feront tous les dimanches soir.


Les entremetteurs

Chapitre 1

Bella entra dans la minuscule bibliothèque adjacente au salon et jeta un coup d'œil circulaire. C'était décidé. Elle allait faire tomber ce mur pour n'avoir qu'une seule grande pièce. Marchant lentement, Bella hocha la tête et continua son inspection.

Elle allait également remplacer toutes les vitres par de doubles vitrages, et enlever cette horrible peinture bleue sur les lambris pour retrouver la couleur chaude du bois de châtaignier. Celui qui avait choisi cette couleur aurait mérité d'être pendu.

Bella enregistra ses observations sur un mini magnétophone, préférant cette méthode plus rapide que des notes griffonnées et souvent illisibles.

Deux cassettes étaient déjà pleines concernant la maison qu'elle allait acheter. Ce serait sa maison, et elle déciderait elle-même de la décoration. Bella fronça les sourcils tandis qu'un petit sourire satisfait se dessinait sur ses lèvres. L'entrepreneur aurait intérêt à lui fournir exactement les matériaux qu'elle désirait, qu'il faille lui faire du charme ou le rudoyer. Elle avait toujours obtenu ce qu'elle voulait de l'une ou l'autre façon. S'il le fallait, Bella mettrait la main à la pâte en peignant les murs. Le travail ne lui faisait pas peur. Mais elle avait besoin de professionnels.

Bella acceptait volontiers les conseils, surtout quand ils coïncidaient avec ses propres points de vue. Et une fois un projet entamé, elle allait toujours jusqu'au bout.

Ce goût du travail bien fait lui venait de ses parents. Charlie Swan avait été amiral dans les marines pendant plus de vingt-cinq ans, épaulé par Renée Swan, institutrice. Depuis son plus jeune âge, ils lui avaient enseigné la rigueur, la patience, le sens de l'écoute et l'autorité naturelle.

Elle monta lentement l'escalier en courbe. De ses yeux couleur chocolat, Bella examina le sol, le plafond, traquant chaque détail, chaque défaut qui aurait pu lui échapper. Elle avait une peau fraîche comme les lys, des cheveux bouclés qui retombèrent au milieu de son dos. Une grande bouche, souvent en activité, et des mains fines rarement inépuisables.

Bella n'était pas vraiment belle, mais même ses détracteurs reconnaissaient qu'elle était attirante. Et des détracteurs, elle n'en manquait pas, comme toutes les femmes qui faisaient connaître haut et fort leurs opinions.

L'un des hommes qu'elle avait fréquentés l'appelait « La reine des Amazones ». A priori, ce n'était pas un compliment, pourtant cette expression lui allait comme un gant. Bella était séduisante, indépendante. Et impitoyable.

Se tapotant le menton du bout des doigts, elle étudia la chambre dans laquelle elle dormait depuis un mois. Il allait falloir dégager la cheminée. Quelle mauvaise idée ses prédécesseurs avaient eue en la condamnant ! Décidément, ces gens n'avaient aucun goût.

Elle se voyait déjà allongée sur un superbe lit majestueux, enfouie dans une montagne de coussins, avec une tasse de thé à la menthe et un bon livre. Et un feu crépitant dans l'âtre.

On était seulement à la fin du mois d'août et il faisait encore chaud à Forks, mais cette image lui plaisait. Et pour Thanksgiving, le rêve serait devenu réalité.

À Noël, la maison serait magnifique. Bella sourit. Elle pendrait la crémaillère pour le réveillon de la Saint-Sylvestre. Ce serait parfait.

La sonnette de la porte retentit. Bella consulta sa montre. Peter Whitlock était toujours aussi ponctuel. Elle travaillait avec lui depuis près de huit ans. Ce n'était pas la première propriété qu'elle achetait ou réhabilitait. L'immobilier était sa passion, et elle avait le sens des affaires dans le sang.

Son grand-père, Caïus Swan, était parti de rien, et avait fait fortune rapidement grâce à son esprit vif, son œil aiguisé et son tempérament d'entrepreneur. De tous ses enfants et petits-enfants, c'était Bella qui lui ressemblait le plus dans ce domaine.

Elle dégringola l'escalier, impatiente de discuter des plans et des tarifs avec l'artisan texanais. C'était son grand-père qui lui avait recommandé Peter Whitlock et sa société, des années plus tôt, et elle ne pouvait que l'en remercier. C'était un artisan doué, digne de confiance, pour qui elle éprouvait de surcroît une réelle affection.

Bella ouvrit la porte en souriant. Mais son sourire s'évanouit aussitôt.

Ce n'était pas Peter qui se trouvait en face d'elle, mais son fils, Jasper Whitlock, le seul point noir dans son excellente relation avec Peter.

Sans se soucier de lui dire bonjour, elle demanda froidement :

- Où est ton père ?

- Il ne se sent pas bien.

Jasper ne gaspillait pas ses sourires avec les femmes désagréables. Ses yeux bleus, sa bouche pleine et bien dessinée restèrent impassibles.

- Je viens le remplacer.

- Peter est malade ?

Inquiète, elle tendit la main à Jasper.

- Qu'est-ce qui lui est arrivé ? Ton père est allé voir son médecin ?

- Rien de grave, il a fait un malaise hier soir. Le médecin lui a conseillé de lever le pied quelque temps. J'en serais plus quand il ira récupérer ses examens sanguins.

Jasper se radoucit un peu. Cette femme paraissait sincère. Apparemment, elle avait beaucoup d'affection pour son père.

Ils restèrent immobiles sur le palier éclairé par le soleil matinal. Libérant sa main, Bella réfléchit rapidement. Elle n'avait pas spécialement envie de travailler avec Jasper, et encore moins de laisser le chantier prendre du retard. Mais elle ne voulait surtout pas que Peter se croit obligé de venir travailler à peine guéri. Bien sûr, Jasper lui mettrait les nerfs à vif, mais si elle voulait avancer, elle devait le supporter quelques jours.

Il parut lire dans ses pensées et lui lança un regard ironique.

- Si tu peux affronter la situation, Bella, j'y arriverai moi aussi.

Bella se rembrunit. Les hommes qui étaient beaux comme lui l'agaçaient rarement. Il avait un visage qui paraissait sortir des mains d'un sculpteur, un corps souple et musclé, et des cheveux blonds et ondulés qu'il portait un peu trop long à son goût. Cependant, malgré ses attributs flatteurs, il l'irritait bel et bien avec son sourire suffisant. Son arrogance lui donnait une furieuse envie de le remettre à sa place avec des paroles cinglantes.

Bella soupira. Agaçant ou pas, le fils de Peter travaillait bien, c'était indéniable. Tel père tel fils. Après tout, il ne s'agissait que d'un remplacement.

- Très bien Jasper, commençons.

Jasper hocha la tête et entra dans le hall carrelé de céramique noire. Il jeta un bref coup d'œil sur l'escalier, et arrêta son regard sur le plafond voûté.

- Comment sont les fondations ?

- Solides comme un roc.

- Je vais quand même vérifier.

Bella serra les dents. Et voilà, c'était exactement ce qu'elle redoutait. Cet homme allait constamment remettre en question son jugement et ses opinions, mépriser ses goûts. Prenant une profonde inspiration, elle tira de sa poche de son jean les bandes qu'elle avait enregistrées et les lui tendit.

- J'ai pris des notes.

- Ah oui, les fameuses cassettes Swan ! dit-il sarcastique.

Il les prit et les fourra dans la poche arrière de son jean.

- C'est plus pratique que de prendre des notes sur un papier, et c'est le plus sûr moyen pour que mes plans et projets soient correctement interprétés.

- Tu es vraiment très efficace.

- C'est ma maison ! rétorqua-t-elle.

Jasper lui lança un regard agacé.

- Personne ne va te dire le contraire.

Passant devant elle, il entra dans le petit salon et jeta un coup d'œil circulaire. C'était charmant, mais celui qui avait peint les lambris en bleu aurait mérité d'être pendu !

- Cosy !

- Trop petit, corrigea-t-elle. Je veux faire tomber le mur de droite et réunir cette pièce et celle d'à côté.

Jasper hocha vaguement la tête. Bella avait raison, bien sûr, mais il ne résistait pas au plaisir de la contredire.

- Les vieilles maisons comme celle-ci supportent mal les changements de structure.

- Sans doute, mais ce n'est qu'une cloison.

D'un pas nonchalant, il s'approcha du mur et le regarda de haut en bas.

- Ça va certainement abîmer ce beau plancher en pin.

- Eh bien, tu n'auras qu'à le réparer ?

Bella traversa la pièce vide.

- Je veux enlever la peinture bleue pour laisser apparaître les panneaux de bois naturel. De plus, le plâtre des plafonds est à refaire. Les pierres de la cheminée doivent être rejointoyées par endroits, mais le manteau est très bien comme il est. Et là...

Elle entra dans l'autre pièce et attendit qu'il la suive.

- La porte ouvrant sur le patio est trop petite. Je veux faire élargir l'ouverture, et mettre une porte en châtaignier avec du verre biseauté et une poignée en cuivre.

Jasper imaginait sans effort le résultat. Oui, c'était exactement ce qu'il fallait ici. Cependant, il préféra hausser les épaules.

- Il va falloir supprimer des briques.

- Je sais, Jasper.

- Ça va te coûter cher.

Bella lui jeta un regard furieux et répliqua d'une voix tranchante :

- On discutera de ton devis une fois que tu l'auras établi. Pour continuer, il va sans dire que je veux faire repeindre tous les murs. Quant à la cheminée...

Elle fit une pause et inclina la tête sur le côté.

- Je veux la faire déplacer, pour qu'elle se trouve en face de celle de la pièce voisine. Il faudra aussi ouvrir le foyer. Et je veux du double vitrage à toutes les fenêtres, naturellement.

- Naturellement.

Ignorant son intervention, Bella passait devant lui. Quel dommage que Peter Whitlock ait été obligé de se faire remplacer par son fils ! S'il avait été là, elle lui aurait demandé son avis, elle aurait discuté avec lui. Il y aurait certainement eu un point ou deux qui les aurait fait rire. Et ils se seraient probablement mis à quatre pattes pour examiner le plancher de plus près.

Mais avec le fils, c'était inenvisageable.

Jasper l'observait du coin de l'œil. Décidément, Bella Swan était aussi raide et glaciale qu'une déesse de la guerre. Mais elle sentait sacrément bon. Chaque fois qu'il s'approchait d'elle, il était assailli par son parfum. Difficile de se concentrer dans de telles conditions.

Mieux valait garder ses distances. De toute façon, elle était méprisante, autoritaire et arrogante. Ce n'était vraiment pas son type. Et il se demandait parfois quel goût avaient ses lèvres, c'était un pur réflexe, rien de plus.

Jasper la suivit au premier étage, et inspecta minutieusement chaque pièce, du sol au plafond. C'était une très belle maison, ce qui n'avait rien d'étonnant, au fond. Bella n'était pas du style à acheter n'importe quoi. Elle avait l'œil en ce qui concernait l'immobilier.

Il hocha imperceptiblement la tête. Oui, elle savait revaloriser une bâtisse, elle s'y connaissait en matière de décoration. Mais pourquoi était-elle si exaspérante ? Bon sang, cette femme était un vrai moulin à paroles ! Et elle le traitait comme s'il avait une graine de courge à la place du cerveau. Elle expliquait tout dans les moindres détails. Le croyait-elle vraiment incapable de voir tout seul ce qui devrait être changé ?

Ils passèrent près d'une heure dans la cuisine. Bella voulait qu'elle soit complètement réorganisée autour de deux points : la vieille cheminée de briques et l'ancien placard mural aux portes en chênes sculptés.

Jasper l'écoutait sans sourciller. Mais deux ou trois idées qu'elle venait d'émettre étaient irréalisables. Il allait se faire une joie de le lui démontrer. Et doubler son plaisir en les remplaçant par ses propres suggestions.

Planté au milieu de la cuisine, il dit :

- Tu as beaucoup de place. Pourquoi la gaspiller ainsi ?

- Je ne veux pas...

- C'est stupide de mettre le four et le réfrigérateur dans ce coin. Il te faut un plan plus rationnel. Esthétique et pratique à la fois. Il est évident que tu ne dois jamais cuisiner.

Bella lui adressa un coup d'œil furibond.

- Dans ton univers, les femmes passent leurs soirées à préparer des petits plats à leurs maris qui rentrent épuisés du travail, je suppose.

- Dans mon univers, les gens qui mangent le mieux sont ceux qui cuisinent eux-mêmes. Tu peux garder l'évier sous la fenêtre. Le plan de travail s'inscrira autour, comme ceci. Il peut être incurvé.

Il avait des gestes vifs, précis, ceux d'un homme accoutumé à prendre les choses en mains - et à être obéi.

- Le lave-vaisselle ici, le four dans ce coin, le réfrigérateur là. Débarrasse-toi de cette horrible porte. Et si j'étais toi...

- Ce que tu n'es pas.

Jasper fit mine de ne pas remarquer l'interruption de Bella.

- J'installerais une autre longueur de comptoir ici. Un bar, pour poser les plats, mais aussi pour prendre le petit déjeuner, ou un repas sur le pouce. J'utiliserais cet espace, je le ferais entrer dans la pièce en supprimant ce mur.

Bella leva un sourcil.

- Je croyais que les vieilles maisons traditionnelles n'aimaient pas trop le changement de structure, dit-elle d'un ton sec.

Jasper haussa les épaules. Un bon point pour elle.

- Si tu veux en faire tomber un, tu peux en faire tomber deux. Et utiliser cette partie du salon. Je peux aussi faire courir un banc sous la fenêtre.

Le regard de Bella s'éclaira. Il venait d'avoir une idée géniale.

- J'ai vu un superbe banc de prière la semaine passée. Il serait parfait à cet endroit.

- Mieux encore. Tu ne vas pas garder cette véranda telle qu'elle est. Si tu l'abattais, tu gagnerais beaucoup en luminosité.

Bella esquissa un sourire. Oui, c'était exactement ce qu'elle voulait.

- Eh bien, je vais y réfléchir, consentit-elle.

- Parfait. Je suppose que tu ne veux pas garder le revêtement de sol.

- Bien sûr que si, il est tout neuf !

- Je suis sûr qu'il recouvre un superbe plancher.

- Tu plaisantes. Personne ne serait stupide pour recouvrir un parquet !

Lui jetant un regard de défi, Jasper tira un canif de sa poche.

- On parie ?

Bella hésita. Elle préférait qu'il ait raison, mais elle détestait avoir tort.

- D'accord, soulève un coin. Mais si tu t'es trompé, tu retires dix pour cent sur le devis.

- Et si j'ai raison, tu suivras mes conseils pour la cuisine.

Elle hocha la tête.

- Marché conclu !

Jasper se dirigea vers le coin le plus proche de la porte de derrière et se mit à genoux.

Moins de trente secondes plus tard, il déclara :

- Tu vas être heureuse.

- Je m'en doutais. Il n'y a pas de plancher.

Un sourire victorieux aux lèvres, elle le rejoignit et regarda de plus près.

- Oh !

Bella se mit à quatre pattes, et poussa une exclamation de joie en voyant le bois.

- Enlève un peu plus de lino.

- Le plancher est probablement rayé et taché.

Il fit ce qu'elle lui demandait. C'était aussi excitant que de trouver un trésor enfoui. Bella se refréna pour ne pas arracher le lino à mains nues.

Ils étaient maintenant hanche contre hanche, épaule contre épaule. Jasper lui jeta un coup d'œil en coin. Bella Swan était surprenante. On aurait dit une gamine à qui on aurait donné un cornet-surprise. Une mèche brune de ses cheveux bouclés vint lui effleurer la joue. Son odeur fruitée détourna son attention. Sans réfléchir, il tourna la tête et se mit à la humer.

Bella se redressa vivement tandis qu'une sensation bizarre se manifestait au creux de son estomac.

- Que fais-tu ? demanda-t-elle d'un ton sec.

- Rien.

Jasper se mit à soulever le lino. Que lui arrivait-il ? Est-ce qu'il devenait complètement idiot ?

- Tu étais en train de me renifler, dit-elle.

Il resta impassible.

- Je ne suis pas un chien de chasse. Je respirais plus fort, c'est tout. Je fais souvent cela pour me relaxer.

Bella ouvrit de grands yeux. Que se passait-il ? Son pouls battait la chamade, c'était horripilant. Elle avait la bouche sèche, et sentait sa peau brûler.

- Eh bien, ne le fais pas à côté de moi !

Elle se mit debout.

- Allons au deuxième étage, qu'on en finisse !

- Je te suis.

Jasper referma son canif et le remit dans sa poche. Il était furieux contre lui-même. Il venait de faire preuve d'un manque total de contrôle.

- Et ne t'inquiète pas, Bella, je ferai en sorte de retenir mon souffle.

- Idiot, murmura-t-elle en sortant de la pièce.

Décontenancée, elle secoua la tête. D'elle ou de lui, à qui faisait-elle allusion avec ce qualificatif ? Elle n'était pas très sûre de le savoir.

. . . .

. .

Caïus Swan rêvassait. Il se voyait tirer sur un cigare. Blotti dans le fauteuil massif de son bureau cossu, il envoyait au plafond des volutes de fumée imaginaires, tout en écoutant son vieil ami Peter Whitlock au téléphone.

- Alors, ton garçon a marché ?

- Oui. Je me suis mis à tousser et je me suis pincé le nez au téléphone. Je parlais comme ça.

Sa voix était devenue étouffée et rauque. Il continua :

- Je lui ai dit : « Jasper, il faudra que tu ailles voir Bella aujourd'hui, je ne me sens pas bien depuis que j'ai fait mon malaise hier soir. Le médecin m'a dit ne pas faire trop d'effort pendant quelques jours en attendant les résultats de ma prise de sang. »

Puis, il reprit une voix normale :

- Mon fils est tombé dans le panneau, il n'a pas hésité une seule seconde.

Caïus sourit au plafond, changea le téléphone d'oreille. Il connaissait Peter Whitlock depuis dix-huit ans. Dix-huit ans qu'ils travaillaient ensemble, respectant en lui le professionnel. Il l'avait soutenu quand il avait perdu sa femme Charlotte, dix ans plus tôt. Et il complotait avec lui depuis presque aussi longtemps.

- C'est un gros œuvre, dit Caïus. Cela va prendre plusieurs mois, pendant lesquels ils vont s'affronter.

- Je vais être malade pendant une ou deux semaines. Ensuite, il y aura encore deux semaines de convalescence. À ce moment-là, Jasper sera dans le chantier jusqu'au cou. Je n'aurai plus qu'à le convaincre de le terminer. Il y a de fortes chances pour qu'il soit le premier à le vouloir.

Caïus hocha la tête.

- Je n'ai jamais compris pourquoi il ne s'est jamais intéressé à Bella. Ils se connaissent depuis des années. Ils sont jeunes, en bonne santé et séduisants l'un que l'autre.

Il caressa sa barbe blanche.

- Je te le dis, Peter, si on ne les prend pas en main, les jeunes d'aujourd'hui passent à côté de ce qui est important.

- Il y a une étincelle entre eux, Caïus. Toi et moi, nous n'avons qu'à souffler dessus. Il est temps que mon fils s'installe, et qu'il soit heureux.

- Voilà qui est bien dit ! Et ta stratégie me paraît infaillible.

Caïus tambourina sur la table du bout des doigts.

- Et pour Bella, c'est la même chose. Cette petite a déjà vingt-neuf ans. Je me demande ce qu'elle attend !

Il sourit, s'enfonça dans son fauteuil et raccrocha.

Caïus se leva de son fauteuil pour rejoindre sa femme dans son atelier de peinture, et songea à leur plan. Avaient-ils bien fait de jouer aux entremetteurs derrière leurs dos ? Après tout, que risquaient-ils ? Rien, si ce n'est que Jasper et sa petite fille prennent conscience de leur sentiment.


J'espère que le début vous a séduits.

À dimanche prochain,

Lysblanche.