Je voulais une histoire sur Sylphide/Valentine, car je trouve ce couple assez peu utilisé alors qu'ils sont trop choupichous. Du coup, j'ai mis les mains au clavier, j'ai monté cette histoire, tirée par les cheveux et possiblement étrange, mais dont l'idée s'est incrustée, pour ne plus s'en aller. Et comme Valentine est l'un de mes spectres favoris, c'est lui qui s'en prendra plein la figure (ceci ne fait aucun sens).

En plus de retomber encore une fois dans ce fandom, je me suis mise toute seule au défi. J'adore écrire depuis que je suis en âge de savoir écrire un peu près sans faute à chaque mot, j'ai pas mal de problème avec les temps de narrations, avec la fâcheuse tendance de tout écrire au présent. Alors, cette fois-ci, outre les évocations du passé et du futur, voici un texte écrit au présent. Entre nous, je regrette autant que je m'éclate.

Le titre ne vient pas de moi, mais d'une amie proche (que je harcèle littéralement avec cette fanfic avec une autre amie commune, depuis sa création, même en temps de Japan Expo, PerleMajor, Byby, je vous nem fort), car mes propres titres ne collaient pas. Il est possible qu'il change.

Avec ce chapitre posté, j'ai les trois suivant en réserve (et relecture), et le cinquième en cours d'écriture. Étant donné que je bosse jusque fin août et que je reprends les cours par la suite, je vais tenter de faire un chapitre par mois et de garder cette avance (croisez les doigts, je bosse au Luxembourg où ils n'ont que des claviers Qwertz…).

Sur ce, j'espère que la Japan Expo fut intéressante (si vous vous y êtes rendus) et je vous souhaite une bonne lecture !


Deadly Valentine
Chapitre Un

Milieu du XXIe siècle – fin 2040's - Juillet.

_ Ses Majestés t'ont confiées une mission d'assassinat. Nous partons sur le champ.

Sylphide hoche la tête et suit sans un mot, le Juge qu'il sert depuis des millénaires.
Sa mission n'est pas anodine, c'est même une tâche récurrente qu'il effectue sans problème.

En silence, Rhadamanthe en tête, ils quittent le parvis du troisième tribunal des Enfers.
Minos a obtenu d'Hadès qu'il y ait désormais trois tribunaux distincts, que les trois Juges puissent effectuer chacun de leur côté leur travail, sans tension d'aucune sorte, ni compétition quelconque. À présent, si les journées restent éprouvantes, Sylphide reconnaît qu'elles se déroulent dans une ambiance plus sereine. Même les âmes leur semblent moins angoissées face à leur jugement dernier.

Le Basilic fronce les sourcils quand il se rend compte que son maître n'emprunte pas le chemin vers la sortie des Enfers, mais s'enfonce dans les différentes sphères et les prisons. Cela l'intrigue plus qu'un peu, mais le jeune spectre ne pose aucune question. Son Seigneur sait ce qu'il fait. Sylphide n'a qu'à obéir.
Toutefois, il perd un peu de sa superbe quand tous deux parviennent à l'entrée du palais d'Hadès. Outre les Juges et en dehors des rassemblements des troupes, aucun spectre n'a le droit de pénétrer le palais de Guidecca sans y avoir été officiellement invité par Hadès, Perséphone ou encore Pandore. Les invitations ne sont que des convocations déguisées qui n'apportent jamais rien de bon. Rares sont ceux qui s'en tirent avec un simple blâme.

Ils savent. pense le jeune spectre une boule au ventre, Ils savent

Rhadamanthe, imperturbable au conflit interne de son subalterne, poursuit son chemin à l'intérieur de la baptise, où une sœur s'empresse de lui ouvrir la lourde porte, le dos courbé au plus bas.

_ Ses Majestés n'attendent pas. gronde le juge dans un rappel à l'ordre

Ne souhaitant s'attirer la colère de son maître et celle des dieux du domaine, Sylphide rentre la tête dans les épaules et avance à son tour. La sœur referme la porte derrière lui. Les yeux fixés sur le sol, le spectre du Basilic suit Rhadamanthe comme un chien suivrait docilement son maître.
Le juge ne l'emmène pas dans la salle du trône ; le soulagement libère le nœud de son estomac. S'il ne va pas faire face à Hadès et sa femme, c'est qu'ils ne savent pas. Mais dans ce cas, si ses seigneurs et maîtres ignorent son larcin passé, pourquoi est-il ici pour une simple mission d'assassinat ?

Les couloirs sont sombres, interminables. Un parfait labyrinthe qui fait ressurgir les craintes informulées du spectre du Basilic. C'est une aile du palais que peu de spectres ont eu le loisir de visiter et Sylphide les identifie comme étant les appartements privés d'Hadès et Perséphone, lorsqu'ils ne résident pas à Elysion.
Ses craintes se transforment bientôt en inquiétude : son Seigneur Rhadamanthe ne va pas monter une tentative d'assassinat sur le couple royale ? N'est-ce pas ?

Le Juge le tire de ses réflexions délirantes :

_ Quelques surplis sont issus de monstres ayant un attrait particulier pour dévorer les âmes. commente alors le Juge en le tirant de ses pensées, Ils arrivent parfois, que cet instinct primaire ressurgisse, et pousse le porteur à en dévorer quelques-unes. Les âmes dévorées ne peuvent être réincarnées. Tu comprends donc que c'est un acte grave, puni par la mort, sans aucun procès. Sa Majesté Hadès comprend que cet acte de folie est initié par le surplis, il accepte donc que le spectre incriminé soit réincarné. Nous nous occupons donc de tuer ledit spectre, de le réincarner, tandis que Sa Majesté s'occupe de laver le surplis.
_ Je n'ai-
_ Tu n'as rien à te reprocher Sylphide. Ses Majestés t'ont juste choisit pour éliminer le spectre qui a dévoré plusieurs centaines d'âmes. C'est un camarade à nous tous, qui a servi fidèlement pendant des siècles et Ses Majestés souhaitent qu'il parte rapidement et sans douleur. Puisque c'est un spectre que tu connais, Ses Majestés t'octroieront quelques jours de repos. Libre à toi de les prendre ou non.
_ Pensez-vous que je dois les prendre ?

Il a déjà tué, il aide aux jugements des âmes... Tuer quelqu'un ne lui fait ni chaud, ni froid. Un mort de plus de son dû ne lui fait pas peur. Une de plus ou une de moins ne tourmentera pas sa conscience. Mais la personne qu'il a ordre de tuer est un camarade, collègue et compagnon d'arme. Tuer un inconnu ou tuer un adversaire, n'est pas pareil qu'assassiner de sang-froid un compagnon d'arme. Il le sait par expérience.

Le Juge ne lui répond pas, Sylphide s'en accommode. Les yeux glués sur le sol de marbre noir, il ne fait que suivre la marche.

Rhadamanthe s'arrête soudain devant une porte. Son arrêt est tellement imprévisible que son subalterne manque de lui rentrer dedans. Le Juge n'en porte aucun intérêt et s'occupe de donne un coup sec sur le montant en bois.

_ Aux vues des circonstances, si tu prends ces quelques jours de repos, je le verrai juste comme un acte de fainéantise. Toutefois, il serait aussi inconvenable de refuser un présent accordé par Ses Majestés.

Le spectre du Basilic ne peut répondre quoi que ce soit, ni poser plus de question (qui allait-il devoir tuer ? Un collègue, certes, mais s'il n'a pas à prendre quelques jours, c'est qu'il n'est pas proche de ce spectre, n'a-t-il pas raison ?) Perséphone sort de la pièce ; Sylphide s'incline immédiatement. La déesse lui lance un regard si indéchiffrable que son mal-être revient au galop.

La Déesse redonne toute son attention à son Juge, son regard maintenant bien plus affligé.

_ Il dort. Ce sera mieux ainsi.
_ Je pense aussi. Nous y allons Sylphide.

Le Porteur du Basilic saute sur ses pieds, incapable de croiser le regard de sa déesse.

Celle-ci l'interpelle, dans une voix si tranchante qu'un inconnu aurait pu se demander s'il s'agissait de la même personne s'étant adressée à Rhadamanthe quelques secondes plus tôt :

_ Sois rapide.
_ Oui, Votre Altesse !

Il rentre dans la pièce plongée dans le noir, Rhadamanthe le suit sur ses talons. Cela ne calme pas le mal-être persistant du plus jeune depuis quand son Seigneur assiste personnellement à une exécution ? La porte se referme sur leur déesse sans un bruit.

Ils ne restent pas dans le noir bien longtemps les bougies s'allument une à une, vacillantes, et éclairent peu à peu l'endroit.

Dire que la pièce est en désordre minimiserait les détails. Plusieurs furies l'ont habités : comme expliquer les coussins éventrés, les meubles brisés, les murs marqués d'empreintes de griffes, les vitres éclatées désormais remplacées par un champ de force ? Sylphide ne sait pas vraiment où mettre les pieds, au milieu de ces détritus de bois, de tissus, de verres et de plumes.

Derrière-lui, adossé à la porte, Rhadamanthe sort une cigarette qu'il allume d'une bouffée de cosmos. Son Seigneur l'observe un moment, avant de lâcher à voix basse :

_ Sur ta droite.

Docile, Sylphide s'avance vers les vestiges d'un lit à baldaquin. Plus il s'en approche, plus il distingue une forme assoupie, roulée en boule sur le matelas visiblement intacte. Sans un bruit, ayant promis que sa proie aurait une mort rapide, le spectre ne retient plus son poison, et le laisse se diffuser aux alentours.
Pour le contenir en catastrophe, statufié par l'effroi et ses yeux écarquillés d'horreur. Non. Non. C'est impossible. Il ne peut pas. Ses Majestés ne peuvent pas lui demander de faire ça.

_ N'attends pas qu'il se réveille.
_ C'est- Je-

Un piaffement mécontent le fait sursauter.
Une harpie est dans un coin, son regard braqué sur lui. La lueur qui brille dans ses prunelles est haineuse. Elle bat des ailes, et piaille une seconde fois. Une deuxième suit, perchée sur le haut de ce qui devait être une armoire.

Rhadamanthe souffle une autre bouffée. Un peu de cendre tombe sur le sol, alors qu'une troisième harpie feule et piaffe son mécontentement de leurs présences.

D'autres harpies descendent de leur perchoir, entourant le lit. Elles chuintent de plus en plus fort, toujours plus agressives, plus haineuses. Ensemble, elles éveillent sa proie.

_ Qu'attends-tu Sylphide ? questionne son maître d'un ton si calme que la situation parait irréaliste

C'est une situation à laquelle le jeune spectre se sent littéralement démunit. Ses pensées vont et viennent, s'entrechoquent, se bousculent, le paralysent. Ses jambes flageolent, peinent à le maintenir debout et droit.
D'un côté, il sait qu'il désobéit à un ordre direct, de l'autre… il ne peut porter la main sur le corps assoupi un peu plus loin. Une fois avait suffi. Sylphide ne survivrait pas à une deuxième fois.

_ Je ne peux pas ! hurle-t-il au-delà du vacarme des harpies, Je ne tuerai pas Valentine !

Rhadamanthe tire une nouvelle fois sur sa cigarette. Son regard doré le fixe, le transperce. Sylphide baisse la tête, courbe le dos.

_ Je ne peux pas tuer Valentine. C'est au-dessus de mes forces.

Sa voix est plus faible, un vague chuchotement qu'il pense assourdit par les piaillements aigues des harpies

_ Pourtant, à la dernière Guerre Sainte, cela ne t'a guère posé problème.

Il sait.
Sylphide ne veut pas savoir comment son supérieur a appris son méfait passé. Même s'il reçoit cette information avec un rien de soulagement, alors que la honte commence à lui dévorer l'estomac. Il mérite le fouet et l'emprisonnement. Peut-être mérite-t-il même de mourir ici, maintenant, de la main de son maître, bien qu'être exécuté de la main de Valentine soit plus équitable.

Le silence reprend ses droits de manière bien abrupte, de quoi permettre un piaillement plus guttural –moins féminin- de retentir dans la pièce détruite.

Le visage de Rhadamanthe se tord dans une grimace. Il lâche sa cigarette qu'il écrase bien vite sous son talon.

_ Si tu ne peux pas le tuer, dégage d'ici.
_ S'il vous plait, Seigneur, ne le tuez-

Les pupilles roses qu'il aime tellement s'accrochent aux siennes.

Sylphide sent sa gorge s'assécher.
Quelque chose ne va pas avec Valentine. Entre son surplis qui ne le couvre qu'à moitié et ce regard plus animal qu'humain…

_ Val-

Les iris se fendent, tandis que les pupilles deviennent rouges.
Il sent le bras de son supérieur sur son épaule, dans une veine tentative de le faire partir.

D'un simple battement d'ailes, Valentine s'est jeté sur lui pour le projeter au le sol et l'y maintient avec ses serres. Ses dents se plantent dans son cou, juste au niveau de sa jugulaire.

Comme une harpie, Valentine lui aspire son âme.


En espérant que cela vous a plu et que je vous verrais au mois prochain !
Des harpies en chocolat pour tout le monde !