L'angoisse l'avait prise tout d'un coup…

Elle lisait recroquevillée sur son canapé, la musique dans les oreilles, coupée du monde. Seule avec les lignes qui défilaient sous ses yeux et la voix de velours de Jane Monheit… Une suggestion de Jane…

Elle fut frappée sans s'y attendre. Un vide, un trou noir au creux de l'estomac… un tourbillon de papillons qui prenaient leur envol.

Puis la nausée, l'envie de vomir, la tête qui tourne, la pièce autour d'elle qui s'emballe et vire en tous sens.

Elle ressentit au plus profond d'elle-même qu'elle ne pourrait pas se lever.

Elle arracha les écouteurs de l'Ipod et jeta son livre au loin. Elle se coucha complètement sur le sofa, la tête bien en arrière, le souffle court, le cœur emballé et l'estomac en vrac.

Respirer lentement, retrouver une régularité.

Elle ferma les yeux et attendit quelques minutes.

Pourquoi ?

Elle ne sut pas l'expliquer.

Sa poitrine était sur le point d'exploser. Reprendre son souffle.

Elle ouvrit sa bouche comme un poisson jeté sur la rive, à la recherche d'oxygène.

Rester calme...

Rester calm..e.

Rester cal…me…

Res…ter cal…me

Lorsqu'elle s'en sentit le courage, elle ouvrit lentement les yeux. Un frisson la parcourait, ses mains tremblaient et le vortex au creux de son estomac virevoltait de plus belle.

Précautionneusement, elle glissa sur le sol et se dirigea doucement vers les quelques bouteilles qui gisaient à demi-entamées sous la télé.

Les mains tressautantes, elle fit glisser deux doigts de bourbon dans le fond d'un mazagran qui trainait et qu'elle but d'une traite.

La chaleur de l'alcool se répandit dans sa poitrine, douce et violente, pour un moment d'apaisement, un moment de répit.

Elle se servit un second verre et le nettoya aussi sec, la tête renversée, un sourire aux lèvres…

Ses mains ne tremblaient plus… Elle regarda le verre vide et les larmes montèrent à ses yeux. Elle le rejeta loin d'elle. Et la bouteille aussi.

Elle rechercha, hésitante, son téléphone portable sur la table à côté d'elle.

Puis, elle se coucha par terre. En pleurs.

Elle fit défiler les noms et lança l'appel. On décrocha.

- Eh, Lisbon ?

Lorsqu'elle entendit la voix de Patrick Jane, les larmes redoublèrent. Elle ne pouvait presque plus parler.

- Lisbon ? S'inquiéta-t-il.

- Jane ?

- Lisbon… Se radoucit-il…

- Protège-moi…