Mot d'ouverture :
J'ai écrit cette fanfiction il y a plusieurs années de cela ( 6 ans…Waw !) et je l'avais postée sur un autre site.
Par hasard, il y a quelques temps je suis retombée dessus ainsi que les commentaires qui me réclamaient une suite. Ça m'a tellement touché, que j'ai décidé de finir mon histoire, surtout que j'ai tous les éléments dans ma tête.
J'avais laissé de côté l'écriture depuis. Le fait d'être lue m'encourage à écrire et à m'améliorer. Je publie les chapitres tel quel et m'excuse d'avance des tournures de phrases qui mériteraient certainement une révision, des fautes d'orthographe ici ou là.
J'espère sincèrement que l'histoire en elle-même intéressera assez de monde ce qui finira, définitivement, par me convaincre de me remettre à écrire la suite sérieusement.
Je vous promets que depuis le temps, mon style d'écriture a assez muri pour vous offrir un meilleur rendement de chapitres )
Merci pour votre lecture et pour vos commentaires.
Evantleen
!Je reprends à partir du chapitre 5!
Résumé:
« Deux moitiés identiques font un. Si l'une devait à en reconnaître une autre, l'autre finira bien par le reconnaître également.
Tout être a une âme sœur, même les humains, bien qu'ils soient bornés la plupart du temps à ça.
Nous autres, vampires, grâce à nos sens ou au besoin de partager la vie de quelqu'un le long de notre longue vie, y arrivons plus aisément.
Ce qu'on appelle chez nous coup de foudre : N'est que l'appel à l'autre ou la réception de son appel à lui.
Moi aussi, j'ai une âme sœur… »
Sia Bell a été mordu l'été de ses quinze ans. Condamnée en sursis, elle craint et attend le moment où elle deviendrait Level E, afin de mourir de la main d'un Hunter.
Cette destinée l'horrifie. Mais plus que ça, elle ne se supporte plus, se déteste, déteste ce qu'elle représente.
Ses pulsions devenant de plus en plus fréquentes, elle quitte sa famille, pour aller dans un pensionnat pas comme les autres.
Et lui dans tout ça ? …
Je vous laisse découvrir ! ^.^
Crédits:
Mon histoire est essentiellement basée sur l'univers de Matsuri Hino dans Vampire Knight.
Même si les personnages sortent tous de mon imagination, ils ont quelques similitudes avec les siens.
Chapitre 1
Premier Jour
Sia regardait, morose, le ciel dégagé et ensoleillé par la fenêtre de sa chambre. La journée promettait d'être magnifique pour cette rentrée scolaire. Découragée, elle se détourna de sa contemplation et cligna plusieurs fois des yeux pour retrouver sa vue. A trop être exposé à œil nu aux rayons du soleil elle avait l'impression de devenir aveugle. Depuis quelques temps déjà elle priait au fond d'elle-même pour que cette journée soit pluvieuse à souhait, rien qu'un coup de pouce du destin pour l'aider à surmonter l'épreuve de la rentrée. Elle soupira. Tant pis alors, elle allait devoir faire avec.
Elle se dirigea vers son bureau où elle fit sortir d'un tiroir une boîte à lunettes. La boîte n'avait rien de fantaisiste comme aurait pu l'être celle d'une adolescente condamnée à subir la chose…Non, cette boîte-ci était neutre, et donner l'impression de sortir d'un labo. Elle contenait une paire de lunette faite sur mesure pour Sia, les verres étaient d'un rose nacré et passait plus pour des lunettes de soleil qu'autre chose.
Justement, cette paire un peu spéciale devait l'aider en renvoyant d'une façon plus importante les rayons du soleil qui blessaient ses yeux sensibles.
Elle les mit sur le nez, se regarda dans le miroir et grimaça. Pas que les lunettes lui déplaisaient à ce point, non. En fait elle grimaçait à la vue de sa peau trop lisse, sa bouche parfaite et ses yeux, voilés par les verres de lunettes maintenant, qui continuaient malgré ça à briller un peu trop, ensorceleurs et ravageurs.
Elle ramena ses cheveux noirs en une queue de cheval maladroite mais qui pourtant n'enlevait rien à son charme. Agacée, elle finit par détourner les yeux de son reflet. Quoiqu'elle fasse pour paraître ordinaire et le moins attirer l'attention sur elle, était vain. Elle n'avait plus qu'à faire comprendre d'une façon ou d'une autre aux abeilles insistantes qui ne manqueraient pas de lui tourner autour, d'aller voir ailleurs, quitte à les blesser, tout plutôt qu'elles ne s'approchent trop à leurs dépens.
Sa famille était mal à l'aise avec elle et ne savait comment se comporter. Eux aussi elle les éloignait exprès d'elle. C'était pour leur bien à tous. Et même si elle finissait seule la plupart du temps, elle n'y pouvait rien et vivait avec tant bien que mal.
Elle descendit les escaliers en s'entrainant à marcher le plus normalement possible sans donner cette impression de presque voler tant sa démarche avait quelque chose d'aérien et de gracieux.
En arrivant en bas elle laissa tomber, elle se dirigea vers la cuisine où sa mère lui souhaita le bonjour qu'elle lui retourna. Elle prit place à table et se servit un bol de céréales qu'elle engloutit à la va vite. Alors qu'elle avait presque fini, son petit frère tira sur le manche de son chemisier pour avoir son attention. Elle lui sourit, il n'avait que quatre ans et elle l'adorait. Après l'accident, elle avait essayé de mettre un peu d'écart entre lui et elle comme elle l'avait fait avec tout son entourage. Malheureusement étant trop petit pour comprendre, il tombait vite dans le piège de cette fascination qu'elle exerçait sur tout le monde et ne pouvait s'empêcher d'aller vers elle, elle l'aimait trop pour lui faire du mal en l'éloignant de force. Elle se disait qu'il grandira et comprendra mais pour le moment ça pouvait aller, du reste il était la seule personne à laquelle elle souriait du fond du cœur.
Elle lui ébouriffa les cheveux et s'apprêtait à se rendre en cours lorsque sa mère la retient par le bras qu'elle lâche une fois l'attention de sa fille captée :
—Jim a téléphoné, il passera te prendre après les cours pour t'emmener chez le docteur.
Une fois le message passé, elle se détendit. Enfin pas complètement, elle avait toujours les sourcils un peu froncés et le regard triste quand elle parlait à sa fille face à face. Une étincelle de tendresse vient redonner vie au regard éteint et elle la serra contre son cœur. Sia retient sa respiration pendant le temps que dura l'étreinte maternelle inattendue et se laissa faire.
—J'espère que ça se passera bien pour toi aujourd'hui au lycée et chez le docteur.
—J'espère aussi. Fit-elle sans vraiment y croire.
Elle se dépêcha de gagner la porte et en sortant entendit la petite voix de son frère qui disait :
—Au 'voir Siiiiiiii.
Il ne prononçait pas encore bien les mots et elle trouvait ça adorable la façon qu'il avait de l'appeler. Elle prit la direction du lycée tout en se forçant à marcher normalement.
Dans sa tête mille et une choses tournoyaient. Elle s'était brouillée, exprès bien sûr, avec ses amis et évitait de fréquenter les autres après l'accident. Pour elle cette magnifique journée n'allait pas être toute rose et puis le docteur…
Elle avait déjà remarqué les regards inquiets que se jetaient et lui jetaient ses parents lorsqu'on prononcé le mot « docteur », c'est pour cela qu'elle avait demandé à Jim de s'occuper de cette partie de sa vie qu'elle taisait à ses parents et maintenant encore, elle ne le regrettait pas.
En levant la tête elle remarqua que son ex-meilleure amie marchait quelques pas devant elle. Sonia elle s'appelait et ne donner pas l'impression d'avoir beaucoup changé au cours des vacances d'été. Enfin si. Ses cheveux avaient repoussé depuis et c'était tant mieux car sa dernière coupe avait été un vrai désastre ! Elle était sortie en pleurs de chez le coiffeur leur avait-elle raconté, et avait porté un bonnet durant tout le mois de Mai !
Elle ne put s'empêcher de sourire intérieurement en repensant à la première fois où le lendemain de la catastrophe (c'était un dimanche) chez Sonia, cette dernière avait enlevé son bonnet pour qu'elles voient le résultat en leur faisant promettre de ne pas rire, la mine dépitée. Mais ça avait été trop hilarant pour qu'elles se retiennent. Même si elles la plaignaient, elles s'étaient roulées par terre à force de rire, les larmes aux yeux. Elle avait fini par se joindre à elles, non pas avant de leur avoir montré un visage oh combien offensé !
Ces bons moments qu'elles avaient passés ensemble lui manquaient de temps en temps. Elle grimaça.
Maintenant elle n'avait qu'à supporter du mieux qu'elle pouvait les conséquences de ses actes.
Sonia, devant elle, fut héler par trois filles derrière, surement les autres membres de la bande. Lydia, Alex et Sandra.
Elle avait vu juste car elles la dépassèrent pour aller vers Sonia en l'ignorant totalement. Sonia qui s'était retournée pour les voir foncer sur elle, attarda son regard sur Sia avant de se détourner, les filles étant arrivées à sa hauteur. Sia les vit parler avec animation, en riant fort.
Elle baissa les yeux et soupira.
—Vraiment il n'y a rien à faire, pensa-t-elle en sentant son cœur se serrait.
De temps en temps elle levait la tête vers elles, pour les détailler, regarder de loin son ex-groupe d'amies.
Elles formaient de loin, un quatro pas comme les autres. Il y avait Lydia, la rousse qui aimait défendre les nobles causes et avait un cœur en or. Elle positivait toujours tout, souriait et riait à la moindre occasion. Alex et Sandra, elles, faisaient la paire. Pas l'une sans l'autre. Toutes deux blondes, Alex plus que Sandra, elles adoraient suivre la mode, les dernières tendances, baver sur les beaux mecs et d'autres choses encore…
Sonia et Sia avaient été jusqu'au début de juin dernier les meilleures amies du monde. Elles se connaissaient depuis le jardin d'enfant et avaient presque tout partagé ensemble. Si par hasard vous preniez l'un des nombreux albums photos de la famille Bell ou White, vous ne manqueriez pas de tomber sur les deux fillettes, petites, dans diverses situations, aux anniversaires de l'une comme de l'autre, aux fêtes de fin d'année… Plus vous vous passerez d'albums plus vous suivrez leurs transformations de l'enfance à l'adolescence. Même le temps n'avait pût altérer leur solide amitié. Enfin…
Le lycée était en vue et les élèves avant même de passer les portes s'arrêter pour saluer, embrasser leurs amis qu'ils n'avaient pas eu l'occasion de voir durant les vacances. Leurs groupements de plus en plus importants posèrent vite problème en bloquant l'accès. Le surveillant général dût intervenir pour leur rappeler qu'ils pouvaient très bien discuter entre eux dans l'enceinte de l'école.
Le lycée datait du siècle dernier. Il avait accueilli en son sein de nombreuses générations dont les parents de Sia à quelques années d'intervalle. L'établissement était une vieille bâtisse en pierre de style assez classique. Sa silhouette devait se fondre entre les arbres du parc derrière dont le vert étincelait en ce beau matin de Septembre.
Sia prit une bonne inspiration, expira et essaya de se détendre. Elle appréhendait cette journée où elle côtoierait autant de monde depuis un certain temps, seule. Elle ouvrit son sac, s'assura qu'elle avait ses cachets et le referma.
—Bien. Il faut te ressaisir Sia, quand même ! se reprocha-t-elle à elle-même.
Sur son passage certains la dévisageaient, la suivaient du regard. Elle n'y prêta aucune sorte d'attention et continua son chemin, mine de rien.
Ses sens s'étaient développés, son ouïe surtout et elle n'arrivait pas encore à bien la diriger. De ce fait elle se retrouvait vite engloutit dans une vague de sons. Elle essaya de ne se concentrer que sur une seule à la fois et choisis au hasard une cible :
—Rachelle et Johny ne sont plus ensemble aux dernières nouvelles. Il la surprit avec un autre gars à la soirée qu'avait…
Elle laissa la suite de la phrase en suspens et papillonna vers une autre conversation :
— Désolé Katty je n'ai pas pu te joindre de là où j'étais. Pas de portable, ni de connexion internet, ni même de télé.
— A ce point ? s'exclama peut être la dite Katty
.
— Et oui ! soupira l'interlocutrice. On a voyagé avec mon grand père qui vient de se remettre d'une crise cardiaque. Mes parents ont pensé que de l'air pur, loin de la pollution de la ville et tout, pourrait lui faire du bien.
— Ma chérie … T'as dût passer le mois le plus long de ta vie là bas, fit son amie d'une voix conciliante.
— Je te dis pas, renchérit elle.
Sia aperçut entre temps son groupe d'ex-amies, qui s'étaient mêlées à d'autres élèves. Ils parlaient avec entrain. Elle ne voulut pas suivre ce qu'ils disaient, c'était comme si elle les espionner, même si ce n'était pas le cas mais bon…
Elle s'engagea dans un couloir vide pour le moment et essaya de faire un peu de ménage dans sa tête. Rien n'y fasse. Elle secoua sa tête comme pour en faire sortir ses idées noires en fermant bien les yeux. Quant elle les rouvrit, elle fut prise d'un vertige suivit d'un mal de tête infernal. Elle se prit la tête entre les mains et s'adossa au mur.
Les battements de son cœur s'espacèrent, sa respiration devint lourde, difficile. Chaque bouffée d'oxygène lui déchirait la gorge et pressait ses poumons encore plus. Respirer devint vite une torture qu'elle en reteint son souffle.
Ses yeux commencèrent à la picoter et tout en luttant à grand mal contre la douleur qui la tenaillait, le tournis et ses pulsions qu'elle sentait commencer à naitre en elle, elle farfouilla dans son sac pour en sortir ses cachets.
De ses mains tremblantes, elle en glissa un dans sa bouche et le laisse se dissoudre. Le médicament mélangé à sa salive prit un gout amer et descendit vers sa gorge en en atténuant la sécheresse, la soif et la douleur. Elle put de nouveau respirer librement et retint les larmes qui s'étaient formés au coin de ses yeux.
Sa souffrance engendrait sa colère. Une colère qu'elle ne savait contre qui diriger et de ce fait en voulait au monde entier. Mais le pire, le pire c'était cette injustice qu'elle ressentait constamment.
Pourquoi elle ? Pourquoi a-t-il fallut que ce soit elle ?
Elle se détestait, détestait ce qu'elle était devenue. Elle aurait voulu que ça s'arrête, qu'elle se réveille un jour ou l'autre de ce long cauchemar qui avait duré des mois. Des mois de souffrance, de doute, de haine et de colère.
— Euh…Sia ça va ?
La question l'arracha de ses réflexions et la ramena sur Terre. Elle se rendit compte qu'elle était toujours adossée au mur, la tête entre les mains, que le couloir se remplissait petit à petit et que les certains élèves qui passaient par là ne manquaient pas de la regarder bizarrement.
Le garçon qui l'avait abordé était un garçon de sa classe un dénommé Matt. Des cheveux châtains clairs, des fossettes et une carrure de d'athlète. Il jouait d'ailleurs dans l'équipe de basket du lycée et était très doué.
Etant plus grand qu'elle de taille, cela va de soit, elle leva la tête pour le regarder en face. Il prit une couleur tomate et recula d'un pas. Elle le regarda deux, trois secondes de plus avant de détourner le regard et lâcha enfin un « Ca va » qui n'allait pas vraiment, en fronçant un petit peu ses sourcils fins.
Elle continua son chemin et remarqua que Matt la suivait de près comme s'ils faisaient le trajet ensemble.
Cela lui faisait bizarre d'une certaine façon, tout ce que Matt représentait ne le rendait pas moins infréquentable mais elle ne pouvait oublier.
FLASH-BACK :
On était début juin et l'été était plus que là. Elle était devant son casier comme d'habitude à attendre que ses amies en retard comme toujours, enfin presque, la rejoignent pour qu'elles se rendent en cours ensembles. Mais voyez vous La Sia qui se tenait là n'était plus la même, il y avait maintenant deux semaines déjà. Alitée durant tout ce temps, elle n'avait repris les cours que ce Jeudi et était même venue à l'avance pour réfléchir avant l'arrivée de ses amies.
Elles déboulèrent en même temps dans le couloir, étant déjà en retard, et se précipitèrent vers elle en même temps.
— Siiiiiaaa ! Fit Sonia en sautant dans ses bras et la serrant fort. Comment tu te sens ? lui demanda t elle en se dégageant et la regardant dans le blanc des yeux.
— On s'était fait un sang d'encre pour toi. Ajouta Alex. Tes parents nous avez dit que tu ne recevais pas de visites, ni de coups de fil, rien ! Tu m'entends rien !
Les questions fusaient. Sia ne pipait toujours pas mot, se contentait de retenir sa respiration lorsqu'elles étaient trop proches d'elle.
—Imagine un peu notre inquiétude. Rajouta Lydia en la prenant dans ses bras aussi, après que Sonia se soit écartée.
Sandra fit aussi un commentaire, puis Sonia reprit de plus belle. Des fois elles parlaient toutes en même temps, lui demandant ce qu'elle avait eu, pourquoi elle les avait tenues à l'écart.
Elle les écouta lui raconter ce qu'elle avait ratée de ces deux dernières semaines, tant au niveau études que côté ragots. Elles ne se rendirent même pas compte que la concernée n'avait pas ouvert la bouche depuis le début, ni qu'elle portait de drôles de lunettes. C'est Lydia qui fit la première remarque qui fit mouche, Alex et Sandra se corrigeant mutuellement leur récit des derniers jours, Sonia, elle, était occupée à la scruter de près.
— Sia, on dirait que tu as quelque chose de changer, je ne sais pas trop quoi mais il y a un truc…
Sonia confirma.
— Lydia a raison tu parais changée en bien, hein. Peut être tes cheveux … ?
— En fait c'est quoi ces lunettes ? demanda Sandra
— Des lunettes de protection. Ca m'a été recommandé par mon docteur.
Un silence plana. Avec son ouïe développée elle pouvait se rendre compte combien sa voix avait changé. Ses modulations berçaient, caressaient, charmaient. Ses intonations en harmonie comme une musique captivaient même un public avec une ouïe normale.
Durant les cinq minutes qui avaient précédées, ses amies n'avaient cessé de parler, parler et parler, qu'elles lui en avaient donné mal à la tête.
Personne ne fit de commentaire. La cloche sonna à ce moment là et elles se rendirent en classe.
C'était un cours d'Histoire. Elle écouta les propos de son professeur sans vraiment en saisir le sens. Sonia la harcelait de messages auxquels elle répondit par un « Je vous en parlerai tout à l'heure ». Méfiante, elle passa le message de Sia aux autres et attendit avec eux la fin du cours soporifique de Mr. Melson avec impatience pour savoir ce qui se passait.
Lorsqu'elles quittèrent la classe, ses amies étaient accrochées à ses lèvres, prêtes à ne perdre aucune miette de ce qu'elle allait leur dire. Elle les entraina à l'écart :
— J'ai eu un accident. J'ai passé ces deux dernières semaines à l'hôpital avec, la plupart du temps, des inconnus pour seule compagnie. Vraiment désolé de ne vous avoir rien dit et même dans le cas où j'aurai pu avoir de la visite, je ne me sentais pas voir du monde alors…
Ses amies la regardèrent, désolées pour elle. Sonia prit la parole la première :
— Je comprends. Est-ce que tu vas mieux maintenant ?
— Pour tout te dire, non pas vraiment…
— On peut faire quelque chose pour toi ? lui demanda Lydia
— Pas vraiment. Il n'y rien à faire.
La discussion s'arrêta là. Personne ne voulant faire une remarque déplacée, elles se turent et respectèrent son choix de ne pas en parler.
Une autre semaine passa et Sia se faisait de plus en plus lointaine. C'est à peine si elle prenait part aux conversations.
Un midi, alors qu'elles déjeunaient à la cafétéria, Sonia piqua un fard, ce qui n'échappa pas à ses amies, alors que Matt Davis passait la porte en direction de la table où se trouvaient ses amis. Il adressa à Sonia un sourire en passant à côté d'elles ce qui l'amena à devenir encore plus écarlate si c'était possible.
Matt Davis : Un garçon au physique avantageux, partageait leur classe voilà maintenant trois ans. Toutes les filles de leur année avaient craqué pour lui les premiers temps, même Sia, elle devait se l'avouait. Cette attirance avait décliné avec le temps chez la plupart pour ne devenir au fil du temps qu'une bonne camaraderie. Sonia elle, en était profondément amoureuse et ça se savait. Ils étaient bons amis pas plus, même si ça ne lui aurait pas déplut, au contraire.
— Les filles je dois vous avouer quelque chose, dit-elle.
— Quoi ?
— Ca a un rapport avec …Matt, lui demanda Alex avec un grand sourire.
— Euh…Oui.
— Alors accouche. Qu'est ce que t'attends ?
— On travaillait à la fin des cours hier sur notre projet et le sujet a dévié vers un autre. On riait bien et on se rapprochait de plus en plus jusqu'à n'être plus qu'à quelques centimètres l'un de l'autre. On n'a pas cessé de se regarder dans les yeux et puis on…Elle s'arrêta les joues toutes rouges et les yeux baissés.
— Vous vous êtes embrassés c'est ça ? continua Sia pour elle
— Oui, fit-elle d'une petite voix. Puis il m'a demandé si je voulais être sa petite amie.
— AAAAHH ! Je suis vraiment contente pour toi ! cria en chuchotant Sandra, pour ne pas attirer l'attention sur elle.
— Moi aussi, ajouta Sia. Excusez moi je dois aller aux toilettes.
Elle prit son plateau et partit sans un regard derrière elle. Elle le vida, avant de se diriger vers les toilettes pour filles, laissant derrière elle ses amies discuter avec entrain prenant part à la joie de Sonia.
— Cela fait quand même trois ans, songea t-elle.
Dans les toilettes, elle trouva deux filles qui se lavèrent les mains et partirent, la laissant seule. Elle se regarda dans le miroir accroché au mur et prit conscience de sa métamorphose. Elle ne se reconnaissait plus dans le reflet que lui renvoyait le miroir.
Elle but une goulée d'eau du robinet et s'en passa un peu sur le visage. Tout en s'essuyant et se regardant du coin de l'œil dans la glace elle repensait à ce que lui avait dit Jim :
—Un mal t'a contaminé et grandit chaque jour un peu plus en toi. Un jour ou l'autre il aura prit tant de place en toi que tu devras céder au courant trop fort. Ce courant là ce sont tes pulsions. Tu as arrêté d'être toi-même le jour où tu as été atteinte, ce qui est sûr c'est que depuis ce jour là tu es devenue un danger, une bombe à retardement. Prends en conscience et tu sauras ce qu'il faut faire.
Il lui avait dit cela sans la moindre douceur, la moindre tendresse, le jour où elle lui avait confié qu'elle ne savait plus où elle en était et comment se comporter avec son entourage, sa famille, ses amies…
Elle jeta le mouchoir en papier avec lequel elle s'essuyait et plongea son regard dans celui que lui renvoyait le miroir.
— Un danger hein…
—
Elle tirait le diable par la queue en ayant décidé après l'accident de continuer à vivre avec sa famille, de fréquenter le même lycée. Bien sur cela non sans quelques conditions à respecter et des difficultés survenues avec lesquelles, elle devait faire avec. Un faux pas et Nick, son petit frère, ne soufflerait pas ses prochaines bougies. Un faux pas et ses amies ne seront peut être plus. Un faux pas et Sonia n'embrassera plus jamais Matt, ne rougirait plus en le voyant. Un seul faux pas et les conséquences qui s'en résulteront en seront désastreuses. Une bombe à retardement.
« Tu sauras ce qu'il faut faire »…
Trois semaines déjà que cela durait, depuis son accident et elle n'en pouvait plus. La certitude que rien ne changera même après, qu'elle pourra reprendre sa vie comme si ne s'était passé, s'effritait avec le temps. Et elle doutait. Le douta la rongeait et l'effrayait.
Elle avait l'impression que le reflet la narguait.
Et sa décision fut prise.
Elle retrouva ses amies déjà sur le chemin du prochain cours et sourit avec tout l'enthousiasme à sa disposition à une Sonia rayonnante. Le cours de Maths se passa sans anicroches et Sia attendit le signal pour mettre son plan à exécution. Le signal ? La sonnerie !
Lorsque cette dernière retentit, elle ne brancha quand même pas et puis commença à ranger ses affaires lentement. Elle savait tout se qui se passait autour d'elle. Matt était derrière elle parlant à un ami d'un match qu'il avait vu hier à la télé. Ses amies l'attendaient. Elle leur adressa un signe de la main pour leur dire de la devancer et quand enfin elle eut empilait tous ses livres, notes, paperasses et brouillons de toute sorte qu'elle avait pris la peine d'emportait, elle les prit dans ses bras et attendit que retentisse le bruit de pas de Matt tout près d'elle pour se retourner vivement. Résultat : En heurtant Matt de plein fouet, tout ce qu'elle avait eu tant de mal à ranger voltigea dans les airs avant de se répandre par terre dans une vague de papiers, et de bouquins. Ses amies qui avaient assistaient à toute la scène accoururent, Sonia lançant un regard à Matt, qui se dépêcha de s'excuser en commençant à aider Sia à tout ramasser. Il ne restait déjà plus dans la classe qu'elles, Matt, son copain et elles avaient tous dans à peine cinq petites minutes cours de gym…
— Vous devriez y aller je vais ramasser ça moi-même, lança t-elle à la ronde qui s'était mise à aider aussi, en plus on a Perle maintenant…
Tous s'arrêtèrent et se regardèrent. Leur tyrannique prof de gym était très pointilleuse sur la ponctualité et aucun ne se serait aventurer à être en retard à son cours.
— Je ne te laisserai pas toute seule au risque d'être en retard alors que c'est aussi ma faute. Allez y vous, on vous rejoindra bien vite.
Matt ajouta à l'encontre de Sonia qui hésitait encore alors que les autres gagnaient déjà la porte en leur souhaitant bonne chance :
— Vas y ne t'inquiète pas pour nous, dit il en lui souriant.
— Bon d'accord, et faites vite surtout sinon vous aurez surement à faire des pompes jusqu'à la fin de votre vie.
Elle n'exagérait pas, enfin si peu …
Un silence vite s'installa interrompu seulement pas le bruit des feuilles qu'on froissait en les rangeant à la va vite.
Sia ne croyait pas ses yeux en voyant son plan fonctionnait si bien, c'était bien sûr compte tenu de la loyauté de Matt de ne pas la laisser payer seule les pots cassés…Son plan d'ailleurs consistait à lui parler seul à seul et c'est se qu'elle fit :
— Alors comme ça tu sors avec Sonia maintenant hein.
Il rosit légèrement.
— Oui. Elle vous la dit, constata t-il.
— Et bien je suis contente pour vous, mais pourquoi avoir attendu si longtemps ?
Ils continuaient à s'affairer du moins Matt s'affairait, Sia, elle, paressait.
— Et bien je n'étais pas sûr de ses sentiments à mon égard et étant un peu timide…
Il leva la tête et lui adressa un sourire contrit. Sia releva ses lunettes sur sa tête libérant son regard émeraude qui captura le sien et sourit de son sourire le plus convainquant, achevant de le piéger.
— Et bien tu devais être le seul à ne pas être sûr des sentiments de Sonia.
Elle rit et des clochettes fines teintèrent. Il était hypnotisé, à sa merci…
Elle se rapprocha sans aucune compassion pour le pauvre Matt et baissa d'un ton :
— Dis-moi…À quoi tu penses là ?
Aucune réponse. Pour la première fois qu'elle utilisait ses nouveaux talents, elle ne s'en sortait pas si mal que ça…
— Penserais-tu à moi ?
—
Elle passe sa main sur sa joue, le faisant sursauter. Tout cela lui venait si naturellement, juste une partie de chasse dont l'entrainement n'était plus à faire mais maintenant était marquée dans ses gènes.
Elle approcha ses lèvres des siens, lui la laissant faire. Son parfum la frappa de plein fouet et sans y réfléchir, un peu effrayée, elle se retira d'un bond en arrière.
Se reprenant elle lui renvoya un sourire plein de sous entendus, c'était un jeu pour elle…un simple jeu…De toute façon elle n'avait jamais eu l'intention de l'embrasser. Enfin pas maintenant…
Elle se releva gracieusement et continua à ranger. Ils avaient presque fini. Matt avait fait du très bon travail mais n'était plus performant dorénavant. Elle rempila tout avant de les prendre dans ses bras devant un Matt totalement hébété.
Elle se dirigea vers la porte lourdement chargée lorsqu'il la rejoignit.
— Pour…pourquoi as-tu fais…ça ?
— Mmmm…fait quoi ?
— Et bien …tout à l'heure…
— Ah ça ? …
Elle s'arrêta devant son casier en passant et y fourra toute ses affaires. Les couloirs étaient vides à présent.
— Et bien, tout à l'heure c'était un petit jeu entre nous, ok ?
Elle plongea ses yeux dans les siens, gardant le contact visuel.
— Tu aimerais qu'on recommence ? ça t'a plu ?
Matt rougit et cligna des yeux éblouit. Il hocha la tête doucement, reprenant peu à peu ses esprits.
— Je ne te connaissais pas comme ça...Je veux dire…
Il ne termina pas sa phrase, Sia lui avait enlacé la taille tendrement, lui coupant le souffle.
— Tu as beaucoup de choses alors à apprendre sur moi, susurra t elle.
— Et Sonia ?...
— Oui Sonia…alors…mmm…laissons la au dehors de notre petit jeu d'accord ?
Elle releva la tête pour le voir hocher de la tête. Elle eut un peu pitié pour lui et se sentais un peu coupable envers Sonia mais elle se disait que c'était la seule manière d'en finir et que la fin justifiant parfois les moyens…
— On est en retard.
Elle le lâcha et se dirigea vers la salle de gym puis l'oublia.
Ils eurent à rester après le cours de gym et de ranger le matériel, décidément c'était jour de rangement…
Quelques jours plus tard, des gestes langoureux après, des regards enflammés, des baisers n'atteignant jamais leur but encore, Matt lorsqu'il était avec eux se désintéressait presque totalement de Sonia en dévorant carrément des yeux Sia.
D'ailleurs il n'était plus le seul, plusieurs garçons l'avaient remarquée, avaient remarqué le changement qu'il y avait eu en elle sans parvenir néanmoins à l'identifier.
Sonia avait connu deux déceptions en même temps, alors que Sia se faisait de moins en moins présente, de moins en moins attentive durant leurs conversations, Matt commençait lui aussi à s'éloigner d'elle. Elle finit par se confier à Sia en pleurant à chaudes larmes sur l'épaule de son amie, en lui parlant de ce qui la laissait redouter le pire : qu'il en aime une autre.
Sia la réconforta autant que possible et durant tout le temps que dura l'échange peinait beaucoup à respirer normalement.
— Si tu as peur qu'il voit quelqu'un d'autre, tu n'as qu'à le tenir à l'œil si tu vois ce que je veux dire…
— Tu veux dire le suivre ? …hasarda t-elle
— Et bien si tu n'as pas confiance en lui…
— Non, non ce n'est pas ça, la coupa t-elle. C'est juste que…
— Que quoi ? Comme ça tu seras fixée.
Elles en parlèrent aux autres plus tard. En sortant de leur cours de maths elle envoya un message à Matt lui disant de s'attarder après le cours de gym en étant discret.
Elle savait que Sonia allait quand même le suivre.
Elle s'attarda sous les douches jusqu'à se retrouver vite toute seule, ses amies étant parties devant.
Il y avait une porte qui donnait sur l'extérieur depuis la salle de gym et un petit sentier qu'empruntait le jardinier d'habitude.
Elle sortit et se cala au mur près de la porte. Matt connaissait aussi cet endroit s'y étant déjà retrouvé avec elle.
La porte s'ouvrit peu après sur lui et il lui sourit de toutes ses dents quand il la vit
.
Elle l'entraina à quelques pas et le laissa faire quand il la prit dans ses bras. Il souriait encore, irradiant de joie comme si le simple fait d'être avec elle justifiait une vie.
Elle étendit son ouïe et découvrit les pas légers de deux personnes qui approchaient, surement Sonia et Alex, elle avait appris à reconnaître le son de leurs pas…
Elle prit la tête de Matt entre ses mains et planta son regard dans le sien, il se fit tout à coup très sérieux et au moment où la poignée tournait lentement, leurs lèvres se scellèrent en un baiser.
Elle entendit derrière elle le hoquet de surprise d'Alex, celui plus douloureux de Sonia. Dans la trahison de sa meilleure amie et presque sœur elle ressentait le poignard perfidement planté dans son dos.
Elle se détacha de Matt qui ne s'était encore aperçu des deux nouvelles venues, l'esprit flottant quelque part, complètement hagard, et leur fit face.
— Surprises ?
— Comment est ce que…Commença Alex.
— Quoi ?
— Je n'aurais jamais cru possible que..toi !...Cracha Alex
— Tu es ma meilleure amie, murmura Sonia. Pourquoi ?...Qu'est ce que je t'ai fait… ?
— Mais rien. Je voulais juste m'amuser un peu.
— Pourquoi ?
— Tu penses vraiment que je suis ta meilleure amie c'est ça ? Et bien peut être que cela ne m'intéresse plus de tenir ce rôle. Alors, ça ne m'a juste rien fait de te blesser ou non. Mais je suis quand même désolée tenant compte de toutes ces années d'amitié…enfin bon…
Hébétées ses deux amies ne trouvèrent rien à dire sur le coup. Matt qui s'était réveillé depuis prit sa défense.
— N'en veut pas à Sia, on n'a jamais voulu te faire du mal mais on s'aime et …
— Espèce de salaud, s'écria Alex qui avait retrouvé avec la parole, son répertoire d'insultes.
Elle le gratifia d'encore d'autres avant d'être coupé par Sia. Elle regardait la scène sereinement, se préparant à porter le coup fatal qui marquerait l'abaissement du rideau sur l'ultime acte.
— Non. Non, tu te trompes…Je ne t'aime pas.
Elle mit de l'ordre dans ses vêtements, ses cheveux, indifférente au silence de plomb qui avait suivit la révélation.
Matt ne devait ne plus rien comprendre mais paraissait si blessé, si malheureux…Sonia n'en pouvant plus, éclata en larmes, ce qui réveilla l'attention d'Alex, qui la prit dans ses bras. Elle jeta un regard empli de doute, de colère et de déception vers Sia qui lui en retourna un, totalement indifférent.
— Comme je le disais, ce n'était qu'un jeu pour moi… Ces jeux là par expérience n'ont jamais de fin heureuse.
Elle fit un pas vers la porte.
— Ne t'approche plus de nous. Pour nous tu n'es plus notre amie, plus rien…Une amie n'aurait jamais fait ça, jamais !
Alex dit ça en jetant un regard appuyé en direction de Sonia qui pleurait toujours dans ses bras.
— Comme vous voulez, d'ailleurs c'est ce que, moi, je voulais…ça tombe bien, hein ?
— Contente pour toi idiote ! Savoure bien ta solitude.
Et entrainant Sonia avec elle, elles les quittèrent.
— Au revoir Matt.
Elle allait partir lorsque Matt lui retint le bras.
— Sia. Tout compte fait ce n'est pas si grave que tu ne m'aime pas. Je nous aimerai pour deux. Je t'aime tellement, si tu savais…
— Non Matt, tu ne m'aimes pas. Ton amour pour moi n'est qu'illusion. En réalité, tu aimes toujours Sonia et même avec ta trahison, elle te reprendrait, te pardonnant, si tu allais t'excuser. Tu l'aimes toujours autant qu'avant que tu ne sois trompé.
— Mais, …mais…
— Je me suis juste un peu servi de toi. Ce n'est pas si grave, hein ?...
Il la lâcha, secoua la tête et partit devant.
S'étant retrouvée seule à ce moment là, elle se laissa tomber par terre et pleura.
FIN DU FLASH-BACK.
Le reste de la journée se passa simplement, banalement. Elle évita les autres toute la journée ce qui lui permit d'être tranquille un peu.
A la sonnerie de la fin des cours, elle alla aux toilettes et se passa de l'eau sur le visage.
Le reflet que lui renvoyait le miroir la fit de nouveau grimacer mais cette fois- ci, elle lui adressa un beau sourire moqueur, semblant dire « Je me battrai, même si je dois me battre contre moi-même. Je ne te laisserai pas dévorer Sia Bell, je t'en fais la promesse. »
Devant le lycée, elle monta dans une voiture qui démarra tout de suite après.
— Bonjour Jim.
— Bonjour Sia.
Fin Du Premier Chapitre.
