Titre : Discorde
Autatrice : lasurvolte (de pseudo) ou mari (mais vous pouvez m'appelez aussi Plectrude si ça vous dit ^^)
Disclaimer : Supernatural appartient à ses créateurs.
Pairing (futur) : Destiel
Note : spoils sur les 8 ou 9 premières saisons. Fic un peu dur.
Dire que la chasse s'était mal passée était un euphémisme. Sam s'écroula sur une chaise, les yeux dans le vague. Il était de retour au bunker mais n'avait aucune idée de comment il était rentré. Son corps s'était mis en mode automatique et l'avait fait passer d'un point A à un point B sans même qu'il ne le réalise. Tout autour de lui paraissait sombre, et ce n'était pas seulement parce qu'il n'avait pas allumé les lumières. Il avait l'impression d'être dans un cauchemar, sauf que le cauchemar était bien réel et c'était comme si une araignée tissait sa toile de désespoir autour de lui. Il ne savait pas quoi faire, peut-être qu'il n'y avait rien à faire.
Sam avait depuis longtemps cessé de prier, lui qui, avant, priait tous les jours. Mais à quoi bon ? Il avait tellement eut de désillusion depuis, sur Dieu, sur les anges, à quoi bon prier ?
Pourtant il finit par joindre les mains, parce qu'à cet instant quel autre choix avait-il ? Qu'est ce qui lui restait comme option ?
Il n'y avait qu'une seule personne qu'il avait envie de prier, alors il ferma les yeux et se mit à parler.
- Cas, ce n'est que Sam, mais… Ce serait bien si tu pouvais venir.
Quand il rouvrit les yeux, Cas était là. Ce n'était pas un soulagement, cela ne rendait pas les choses plus faciles. Ce n'était pas plus lumineux et Sam ne se sentit pas mieux tout à coup. Voir l'ange le fit à peine se sentir moins seul. A peine.
- Sam ? Interrogea Cas.
Et ses yeux fouillant l'obscurité il demanda :
- Où est Dean ?
Bien sur. C'était Sam qui l'appelait mais c'était Dean que Cas venait voir, voulait voir. C'était Dean qu'il cherchait. Il pouvait le chercher longtemps. Sam s'était attendu à quoi ? Qu'ils allaient parler de la pluie et du beau temps ? De la reproduction des renards ? Qu'ils allaient prendre du bon temps avec des conversations sans importance, puis que seulement à la fin, Sam trouverait le courage de dire la vérité ?
Non. Bien sûr que non, ça n'allait pas être comme ça, ça n'allait pas être apaisant ni normal. Cas voulait savoir où était Dean, et Sam ne pouvait que lui répondre.
- Dean est mort.
Et ce fut comme si l'univers s'écrasait sur Cas, comme si le ciel avait chuté sur tout son corps d'un coup. Son visage devint si dur, si froid, ses épaules si basses, ses yeux s'éteignirent. Sam n'eut pas le temps d'expliquer ce qu'il s'était passé.
Cas disparu. Sam se retrouva seul.
xxx
Dean et Sam étaient partis pour une chasse suite à des disparitions étranges – et sans doute mortelle. Ils avaient cherché le monstre responsable de ça, mais c'était le monstre qui les avait trouvé. Et malgré un combat acharné contre quelque chose qui faisait plus office de courant d'air que d'un véritable ennemi, Dean s'était fait attrapé.
Ca n'avait duré que quelques secondes mais Sam avait entendu le monstre souffler à son oreille :
- Regarde bien, comme je vais tuer ton frère.
Un claquement de doigt seulement et Dean s'était désintégré sous les yeux de Sam sans même pouvoir hurler. Et le monstre avait disparu avec. Sam avait eu l'impression que quelque chose avait écrasé ses poumons et qu'il ne pourrait plus jamais respirer. Il s'était avancé vers son frère, ce qu'il en restait, des lambeaux d'habits éparpillés, des cheveux, du sang. Presque rien, même pas un cadavre qu'il aurait pu essayer de réveiller, de secouer, de ramener. Qu'il aurait pu serrer contre lui pour pleurer, pour réaliser.
Il tomba à genoux et attendit qu'on l'achève. Que le monstre revienne et le tue à son tour. Il ne revint pas, il ne mit pas fin à son calvaire. Il le laissa en vie. Pour quelle raison ? Pourquoi tuer son frère et pas lui ?
Parce que c'est plus amusant ainsi, souffla une petite voix vicieuse à son oreille.
La suite, Sam ne s'en rappelait pas tout à fait. Il avait juste fini par rentrer et se retrouver dans le bunker. Sans plus tout à fait savoir comment.
xxx
Combien de temps Sam resta assis sur la chaise ? Qu'est ce que c'était que le temps ? Quand il retrouva la force de se lever, ce ne fut que pour rejoindre son lit et essayer de dormir mille ans. Un million d'années. Et ce ne serait sans doute pas suffisant pour effacer la douleur. Rien ne pourrait effacer la douleur.
Sam dormit longtemps mais pas assez longtemps. Il dût se lever, il dût continuer.
Il portait son corps comme on traîne un sac trop lourd, il n'avait envie de rien. Seulement dormir lui avait donné une raison de ne pas s'arrêter au bord de la route, ses cauchemars lui avaient soufflé de quoi rester en vie. Il savait que Dean était bien mort, il avait une sorte de conscience bizarre sur l'état actuel des choses et cette conscience lui disait qu'il ne pourrait jamais ressusciter Dean parce que Dean n'avait même plus de corps, même plus d'existence propre. Mais s'il ne pouvait pas chercher à le ramener, il y avait quelque chose qu'il pouvait faire en revanche. Le venger. Se venger.
Et son regard changea. De vide il devint déterminé, remplit d'une colère froide, d'une soif de sang intense. Plus de compassion, plus de gentillesse, ça ne servait à rien, ça le rendrait faible. Sam était prêt à tout pour faire partager la douleur qu'il ressentait à tous ces monstres responsables de cette douleur, à un en particulier, celui qui lui avait pris son frère. Il n'avait plus envie d'écouter, il n'avait plus envie de défendre ou de comprendre, il les tuerait tous et dans d'atroces souffrances, jusqu'à remonter la piste vers celui qui l'intéressant vraiment.
Il planta son couteau dans le pain qu'il tenait comme s'il s'était agit d'un corps qu'il tranchait, et se coupa un morceau. Il devait manger, s'il voulait se venger.
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Sam avait toujours été sur une sorte de corde raide plantée au dessus du bien et du mal. La plupart du temps il vacillait vers le bien. La plupart du temps. Même quand il se servait des choses mauvaises – comme le sang de démon – il essayait de faire en sorte de l'utiliser pour faire le bien. Mais… Quand quelque chose arrivait Dean, quand il le perdait et se retrouvait incapable de gérer sa mort ou sa disparition, quand il ne savait plus où trouver le nord de l'ouest, quand tous les chemins se ressemblaient et qu'il était aveuglé par la tristesse, le désespoir et la colère, alors Sam ne se contentait pas de vaciller vers le mal, il y plongeait carrément. La tête la première.
Ne disait-on pas qu'il fallait des centaines d'années pour qu'un arbre pousse et une seconde pour qu'il disparaisse dans les flammes ?
Le mal était plus facile que le bien une fois qu'on lui retirait son côté culpabilisant. Et cette fois-ci, Sam était tombé de la corde raide, il était tombé du côté séduisant, du mal. Celui où il pourrait enfouir toute sa douleur sous des paquets et des paquets d'actes cruels, sans retour en arrière, sans rédemption. Et la rédemption qu'est ce que ça pouvait lui foutre ? Alors que son grand frère n'était même plus là ? Faire le bien maintenant, c'était comme nager dans le vide et se rendre nulle part, alors que se laisser submerger par la haine et le désir de vengeance lui donnait un but. Ce n'était pas comme si quelqu'un l'attendait quelque part de toute façon.
Pendant un moment Sam pensa à Cas, juste pendant une seconde il se dit qu'il pouvait l'appeler une deuxième fois, qu'ils seraient plus fort à deux pour supporter ça, pour en parler, ce serait plus facile ensemble. Puis il balança un verre contre le mur qui s'éclata en morceau exactement comme son cœur l'était. A quoi bon ? Qu'allaient-ils faire ? Se partager des souvenirs de Dean autour d'un bon feu ? Et se consoler mutuellement en finissant par se rouler des pelles comme dans une mauvaise comédie ? Dean aurait bien pu, ça l'aurait peut-être soulagé, pas Sam.
Sam n'appela pas Cas, Sam ouvrit son ordinateur et chercha des chasses.
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Ce qui avait été autrefois des chasses pour Sam, ressemblait maintenant plutôt à un règlement de compte. S'il capturait un vampire, un loup garou, un démon, un monstre quelconque, il ne se contentait pas de le tuer, il s'amusait d'abord avec, pour obtenir des données sur celui qui avait tué Dean, même si le prisonnier jurait ne rien savoir. Sam était comme fou, Sam avait juste besoin de les entendre crier et souffrir. Parce qu'ils le méritaient non ? Ils le méritaient. Sans eux, Dean n'aurait pas eut cette vie, sans eux, Dean ne serait pas devenu chasseur et serait toujours vivant.
Il se fichait qu'on lui dise qu'il était entrain de mal tourner, quand les monstres parlaient trop sans lui dire ce qu'il voulait entendre, il leur coupait la langue et continuait de les torturer. Jusqu'à en avoir assez, jusqu'à abréger les souffrances.
Il n'y avait que les fantômes dont il se débarrassait vite, parce qu'il n'avait pas trouvé de moyens efficaces de les blesser. Il se fichait bien que les fantômes ne soient souvent que des âmes blessés, il se fichait de tout. S'il avait pu leur faire du mal, il l'aurait fait.
Et pourtant ça n'enlevait pas la douleur, ça n'enlevait pas les cauchemars. Sam pouvait se réveiller en hurlant parce qu'il venait de revivre la mort de Dean, encore et encore. Sam pouvait le chercher partout, essayer de le trouver, Sam pouvait rentrer dans sa chambre et tomber à genoux et ne plus savoir quoi faire. Sam n'était jamais sûr de réussir à se relever.
Torturer des monstres était la seule et unique chose qui arrivait à lui donner une satisfaction, mais dès que ça s'arrêtait, il se sentait toujours plus noir, toujours plus sale, toujours plus dégoûté de tout. Toujours aussi seul.
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Dean ouvrit les yeux. Et un seul mot lui vint à l'esprit. Blanc.
Un instant il se dit qu'il était mort, et que le paradis – où l'enfer - s'était transformé en quelque chose de tout blanc. Super il allait vraiment se faire chier si c'était le cas. Mais en reprenant doucement ses esprits, il se dit qu'il avait l'air quand même sacrément vivant. Sans doute qu'il pensait ça à cause du mal de crâne ou parce que son corps était courbaturé comme s'il avait cherché à courir trois marathons d'affilés.
Il n'était pas mort, donc il n'était pas au paradis et sans doute pas en enfer non plus (ou alors il allait devoir dire à Crowley de revisiter ses goûts esthétiques).
Dean se redressa et malgré la douleur essaya de comprendre où il était. C'était difficile à dire. Il était entouré de blanc. Quatre murs blancs, un plafond blanc, un sol blanc. Il se regarda et s'aperçu qu'il portait lui-même une sorte de pyjama blanc. Il était pied nu. Il se leva et fit le tour de la pièce, touchant les parois pour chercher une sortie, un interstice. Une porte. N'importe quoi pour pouvoir partir d'ici. Il n'y avait rien.
Soudaine une voix résonna dans toute la pièce et Dean dans un réflexe chercha son arme dans son pantalon. Il n'était pas armé.
- Ce n'est pas la peine de chercher une sortie, il n'y en a pas.
La voix n'était ni masculine, ni féminine. Elle était comme si elle avait un million de timbres différents. Comme si elle était à la fois en colère et à la fois peiné, mais en même temps une certaine joie s'en dégageait.
- Qui êtes vous ? Où suis-je ?
- J'ai plusieurs noms. Mais tu peux m'appeler discorde. Je n'aime rien tant que les histoires où tout le monde se dispute. Pas toi ? Roméo et Juliette, Caïn et Abel…
- Ouais celle là on me l'a déjà faites, ronchonna Dean.
- Titi et Gros minet, Tom et Jerry.
Dean roula des yeux.
- Celles où les gens finissent par s'entretuer restent mes préférés.
Dean n'aimait pas ce type, qui qu'il soit.
- Où suis-je ? Redemanda-t-il.
- A l'abris.
- A l'abris où ?
- Dans un endroit génial.
- Sois plus précis, ducon !
Un rire. Mille rires. Grinçants. Exactement le genre de rire qu'on imagine chez le serial killer du coin et tous ses copains serial killers.
- J'appelle ça l'aquarium.
- Génial, je suis ton putain de poisson c'est ça ?
- Oui et non. Disons que tu vas être celui qui observe.
- Qui observe quoi ?
La pièce cessa d'être blanche tout à coup. Dean se retrouva sur un plancher… Mais le plancher n'était qu'une image, il n'était pas vraiment là. Et sur les murs il pouvait voir le bunker. Sam était là, plongé dans des recherches sur son ordinateur.
- Sam ! Appela Dean.
- Ca ne sert à rien il ne peut pas t'entendre.
- Il est vivant !
- Bien sûr, aucun intérêt de le tuer.
Dean eut presque un sourire, son petit frère était vivant et avait l'air en bonne santé, malgré ses cernes.
- Il a l'air fatigué.
- Oui ces derniers temps il n'a pas beaucoup dormi.
- Ces derniers temps ?
Dean essaya de retracer ses souvenirs. Lui et Sam étaient partis à la chasse, ça avait mal tourné et… Il avait ouvert les yeux sur cette pièce blanche.
- Ca fait combien de temps que je suis ici ?
- Oh ! Quelques temps. Ca n'aurait pas été drôle de te réveiller trop vite. Tu l'aurais juste vu dormir, chouiner sur son sort, ce genre de trucs inintéressants au possible. Il est beaucoup plus intéressant depuis qu'il a reprit les chasses, crois-moi, tu vas adorer le spectacle.
Dean sentit un frisson glacer son dos.
- Qu'est ce que tu veux dire ? Qu'est ce qu'il se passe avec Sam ?
- Il se passe qu'il est persuadé que son frère chéri est mort. Comme c'est drôle n'est ce pas ?
- Je ne suis pas mort. Il faut que je lui dise ! Ramène moi là bas.
Ce rire, comme mille prisonniers qui se moqueraient de lui en même temps, n'amusa pas Dean.
- Pas tout de suite. Profite un peu du spectacle avant ça Dean. Tu vas voir, je suis sûr que tu vas bien t'amuser. Moi, je m'amuse déjà.
Dean essaya de frapper contre les murs et insulta la voix :
- Ramène moi près de lui espèce de salopard !
Mais seul le silence lui répondit. Et Dean eut beau hurler, s'égosiller, la voix ne revint pas. Il n'était pas sûr d'être seul, mais il avait l'impression de l'être.
Il regarda Sam toujours concentré sur son ordi et posa sa main sur son image :
- Je suis vivant Sammy.
Sam n'eut aucune réaction. Il ne pouvait pas l'entendre.
A suivre.
L'autatrice : cette fic a des moments plutôt glauques, je crois. Et donc j'ai fais des chapitres plus courts (qui ont fini par devenir plus longs il me semble, vous verrez bien). J'espère que ce début vous plais.
