Titre : Égrène les jours…

Avertissement : Rating M

Disclaimer : L'œuvre et l'univers de « Harry Potter » sont la propriété exclusive de J.K.R.. Cette histoire reprend l'ensemble des 7 tomes parus ainsi que certains éléments liés à l'épilogue sans pour autant le suivre totalement.

Résumé : « Lorsque j'ai reçu ma lettre pour entrer à l'école des sorciers, je venais d'achever ma première année de collège péniblement.[...]En entrant à Poudlard, une nouvelle vie s'ouvrait effectivement à moi. Je pouvais tout changer. Recommencer. Repartir à zéro.[...] Durant ces quatre années qui ont suivi la défaite de Voldemort, je me suis fait oublier en Grande-Bretagne. […]. Et me revoilà, Hermione Granger, 25 ans depuis quelques jours, hébergée pour un temps indéterminé au Terrier, qui essaye de se reconstruire une vie. »

Note de l'auteur : J'avais pensé à un autre résumé mais je ne sais pas s'il est meilleur que l'autre. C'est un exercice difficile de faire un condensé en quelques lignes et de transcrire l'état d'esprit et le contenu d'une histoire... Je vous le met quand même, à vous qui avez ouvert ce lien mais il ne vous apportera pas beaucoup plus d'info sur le fil de l'histoire...

« Après la bataille finale de Poudlard, Hermione est partie, absente pendant plusieurs années, elle revient en Grande-Bretagne et se remet à écrire. Depuis qu'elle a appris être une sorcière, elle ne s'est jamais ennuyée. Cette année, elle apprendra à quel point sa vie extraordinaire est à la fois une bénédiction et une malédiction. »

Au fil de l'histoire, vous pourrez découvrir une Hermione adulte, qui constate et se questionne, qui se découvre des sentiments paradoxaux, qui parle de relations, de désir, de vie, de mort, de sexe, d'elle...

Le rythme de publication sera d'un chapitre par semaine. Actuellement, 7 chapitres d'écrits qui ne forment que les prémisses de l'histoire. Ce sont des chapitres assez courts mais j'espère qu'ils vous parleront... Par choix et pour vous laisser spéculer sur le qui, quoi, comment, je préfère ne pas indiquer le pairing. Je précise quand même que ce sera avec un perso "existant" dans l'oeuvre de JKR, et qu'il n'était pas à Gryffondor. Débrouillez vous avec ça !

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Si ce premier chapitre vous plait (ou s'il ne vous plait pas!), je vous invite à me faire part de vos commentaires et/ou spéculations !

A bientôt !

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Première plume

Harry a eu la bonne idée de m'offrir ce carnet et je n'ai pas la moindre idée de comment le commencer.

Cher journal, je m'appelle Herm…

Non, ce serait n'importe quoi ! Je n'ai plus douze ans ! Lorsque je suis rentrée à Poudlard, c'est pourtant ainsi que j'avais commencé mon journal. « Cher journal ». A mon âge, ce serait ridicule !

A l'époque, j'y écrivais chaque jour. Ce qu'il m'était arrivé, mes cours, mon quotidien, mes émotions, mes sentiments. J'avais besoin de retracer cette vie extraordinaire qui s'ouvrait à moi.

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Lorsque j'ai reçu ma lettre pour entrer à l'école des sorciers, je venais d'achever ma première année de collège péniblement. J'ai toujours eu des facilités intellectuelles et je pensais qu'en « entrant dans la cours des grands », il en serait de même.

Grossière erreur, j'ai eu un mal fou avec la transition depuis mon école primaire tellement rassurante et maternante. Je me suis trouvée propulsée dans un univers hostile et étranger auquel je n'ai jamais réussi à m'intégrer totalement, ni à suivre les cours face aux brimades de mes « camarades » de classe.

Je finissais l'année avec un niveau déplorable, découragée, dépitée, prête à supplier mes parents de me donner des cours à domicile. Et cette lettre, cette fameuse lettre est arrivée un beau matin.

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En entrant à Poudlard, une nouvelle vie s'ouvrait à moi. Je pouvais tout changer. Recommencer. Repartir à zéro. Je pouvais étudier, m'acharner, rencontrer de nouvelles personnes et découvrir tout un monde merveilleux.

Je pouvais oublier cette année affreuse et recommencer ailleurs, avec un pouvoir tel que je ne l'avais envisagé. Non, pas un pouvoir, des pouvoirs !

J'ai eu besoin de retracer, d'écrire et d'inscrire tout cela à l'époque. Dans cette époque. Pour moi, pour mes parents, pour les générations futures, pour mes enfants et petits-enfants. Pour la postérité !

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J'y ai écrit chaque jour. Tout ce qu'il m'arrivait, tout ce qu'il nous arrivait. Nos aventures, à Harry, Ron et moi.

Au quotidien, je n'y pense plus, mais avec le recul, quelle adolescence incroyable nous avons eu, tous les trois ! C'était dur, c'était beau, c'était bon. J'ai tout retranscrit. Les faits les plus insignifiants et surtout, surtout, ce qui reste encore gravé dans ma mémoire comme des évènements grandioses.

Même lorsque nous étions partis à la recherche des Horcruxes, chaque soir, je prenais mon stylo et mon carnet, puis quand je n'ai plus eu assez de pages, je prenais des feuilles volantes et j'écrivais. Tout.

Quand j'y repense, je me dis qu'ils doivent être pleins de passage anodins et sans consistance, vu la ponctualité sans faille avec laquelle je prenais ma plume.

Tout est maintenant enfermé dans une boite à chaussures, bien au chaud, sous mon lit. Je n'ai jamais réouvert un seul de ces carnets. Je n'en éprouve pas le besoin et je ne sais pas si je serais capable de me relire. Pas maintenant, en tout cas.

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Après cette guerre contre Voldemort, j'ai arrêté d'écrire. Je ne pouvais plus. Je n'y arrivais plus. J'ai tout quitté. J'ai rejoint mes parents en Australie.

J'ai levé le sort que je leur avais jeté et tout a dégénéré. Ils ne m'ont jamais pardonné ce que j'avais fait.

Bien sûr, ils ont compris pourquoi j'avais fait ça, que je voulais les protéger. Mais j'avais amputé une partie de leur vie.

Ils s'en étaient recréée une, toute l'année écoulée et en revenant, je les amputais à nouveau.

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Ils ont eu du mal à faire un choix entre leur ancienne et leur nouvelle vie, ancien et nouveau travail, anciens et nouveaux amis. Ancienne et nouvelle fille.

Ils sont restés en Australie et moi aussi. Je me suis inscrite à Mokaremungo [1], l'école de sorcellerie océanienne pour obtenir une formation diplômante que je ne pouvais plus avoir en Grande-Bretagne. Pas après tout ça. Pas après la destruction de Poudlard.

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Après mes deux ans d'internat dans cette école en Tasmanie, j'ai travaillé encore deux ans en tant qu'assistante d'un Maître de Potion aborigène, Kyle Tucker, vieil aigri bourru et antipathique devant l'éternel.

Cet homme n'avait réellement aucune qualité, si ce n'est qu'il était un expert dans l'art des potions et qu'il m'a beaucoup appris. Apprentissage subit, à la sueur de mon front, que j'ai souvent souhaité abandonner. Je me suis accroché, pourtant, sans vraiment savoir pourquoi.

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Durant ces quelques années qui ont suivi la défaite de Voldemort, je me suis fait oublier en Grande-Bretagne.

Harry, Ron et moi nous sommes écris régulièrement mais, je ne me sentais pas prête à retourner là-bas, même pour des vacances, et eux avaient tant à faire qu'ils ne pouvaient pas non plus me rendre visite.

Nos relations longues distances sont restées intactes à mesure que ma relation avec mes parents s'étiolait.

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Lorsqu'ils ont découvert que j'étais une sorcière, il y a une éternité maintenant, ils se sont montrés positivement effrayés. J'aime à penser « positivement », parce que leur peur se mêlait à l'excitation et à la joie, la même que la mienne, de découvrir le monde magique.

Les années ont passées et ils me reprochaient de ne pas assez me voir. Toute l'année à l'école, loin d'eux, et une partie des vacances où je ne rentrais pas non plus, trop prise dans cette nouvelle vie, avec mes amis, avec Harry, avec Ron et sa famille.

Je les ai éloignés de moi. Et ils ont fini par craindre le monde magique. Cette guerre, ils ne la comprenaient pas. Ils savaient simplement que j'étais directement impliquée dans des évènements plus grands que moi. Plus forts que moi. Trop de violence pour ce petit couple à la vie trop bien rangée.

Ils ne m'ont jamais pardonné de leur avoir effacé la mémoire et fait changer de vie. Deux fois. Ils n'ont surtout jamais pardonné à la magie d'exister et d'être ce qu'elle est : grande, puissante, effrayante.

J'arrive à les comprendre, je crois. Mais il y a trop de silences entre nous. Trop de choses que nous ne pouvons dire, dont nous ne pouvons parler. Et puis, il y a cette lueur de crainte dans leurs regards désormais, que je ne supporte pas.

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En finissant l'internat et en devenant l'assistante de Kyle, j'ai pris mon propre appartement. Appartement qui était en fait à peine plus qu'une simple chambre, attenante au logement du dit Kyle.

C'était petit, ça sentait les herbes sèches, c'était moche. Vraiment moche. Mais c'était chez moi. Je ne regrette pas.

Après deux ans, ce n'était plus suffisant. J'avais besoin d'autre chose et surtout, j'avais rencontré Allan et je ne pouvais décidément pas l'intégrer à ce mode de vie monacal.

J'ai aménagé à Melbourne et j'ai travaillé dans une herboristerie. Je fabriquais des potions pharmaceutiques et j'avais une vie paisible. J'ai vécu quelques temps une histoire simple avec lui.

Quand nous nous étions mis ensemble, mon expérience se limitait aux quelques baisers échangés avec Victor [2] et à notre relation épistolaire enflammée que j'avais interrompue quelques mois après avoir aménagé avec mes parents ainsi qu'à une relation avortée dans l'œuf avec Ron.

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Mai 1998, Grande Bataille à Poudlard ! J'échangeais mon premier baiser avec lui, dont j'étais indubitablement amoureuse depuis… tellement longtemps que je ne saurais le dire. Depuis qu'on était devenus vraiment amis, je crois.

Baiser tant attendu, tant espéré. Baiser spontané, mouillé, tremblant. Pas eu le temps de penser. Bonheur. Et malheur. Les batailles continuaient autour de nous. Fred meurt. Tonks, Lupin, Colin. Ils meurent tous. Harry meurt. Harry revit. Ron est meurtri. On est meurtri. Je n'arrive pas à le réconforter.

Je ne peux pas être là pour lui. Il ne peut pas être là pour moi. Statut quo. On n'en a jamais reparlé. La question ne s'est plus posée. Tout simplement. On a continué notre route, chacun de notre côté, comme avant. Comme si ce baiser n'avait jamais existé. Je suis partie, j'ai fuis.

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Non, quand j'ai commencé à fréquenter Allan, je n'avais aucune expérience. Je rêvais d'histoires d'amour à l'eau de rose, de celles que j'avais lu, les belles, les enflammées, les passionnées.

Je me suis investie totalement dans cette histoire. J'ai fait de lui mon univers. J'ai arrêté de fréquenter les quelques amis que je m'étais fait à Mokaremungo et il est devenu mon monde. Lui et ses amis. Ceux que j'aimais et ceux que je n'aimais pas.

On vivait une histoire simple. Jusqu'à ce qu'on se lasse. Ou que lui se lasse. Je passais sur ses frasques, son irresponsabilité et son manque de respect à mon égard. Il m'aimait. Il avait fait de moi une femme. Une femme souvent malheureuse, ou mal heureuse, je ne sais pas, mais une femme quand même.

Et au bout de deux ans, il s'est mis à regarder d'autres femmes en ma présence.

Deux ans. C'est drôle, depuis que je suis partie, je n'ai fait que des cycles de deux ans. Deux ans d'internat, deux ans d'apprentissage, deux ans d'amour…

Allan s'est mis à regarder d'autres femmes et j'ai souffert. Je n'envisageais pas d'emménager avec lui, de me marier ou d'avoir des enfants. Mais je n'imaginais pas non plus ma vie sans lui. Le célibat, je n'en voulais pas.

J'ai pleuré, beaucoup. Je l'ai supplié, deux fois. Il est resté, un peu. Mais il n'y était plus. C'était facile, pour lui, d'être avec moi. Il n'avait pas d'effort à faire. Je m'accrochais à lui. J'avais honte de moi, de ce qu'il avait fait de moi.

J'ai cru qu'il m'était devenu indispensable et ce n'est qu'alors que j'ai compris que je devais m'en séparer. Je l'ai quitté. J'ai pleuré, encore. J'ai survécu quelques mois, comme ça. Je l'ai recroisé, parfois. Je me suis cachée, à chaque fois.

Je l'ai observé et quelquefois, je l'ai suivi. J'en ai encore honte aujourd'hui. J'ai eu besoin de fuir, encore.

Je suis rentrée en Grande-Bretagne, cet été. Et me voilà, Hermione Granger, 25 ans depuis 4 jours, hébergée pour un temps indéterminé au Terrier, qui essaye de se reconstruire une vie.

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23 septembre 2004.

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Mokaremungo [1] – Contraction de « Mokare », un Noongar du Sud-Ouest de l'Australie qui a servi de médiateur entre les peuples locaux et les européens explorant la région au début des années 1800 et de « Mungo », qui désignes les fossiles les plus anciens découverts au bord du lac Mungo, ceux d'habitants qui y auraient vécus au Pléitocène. Bref, une histoire d'aborigènes, quoi !

Victor [2] – Krum, oui, oui