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Titre : « Vienne la nuit sonne l'heure ; les jours s'en vont je demeure. » _ Guillaume Apollinaire

Résumé : « Tu ouvres les yeux, il est parti. Il te manque, tu es seul. »

Note de l'auteur : Juste parce qu'une simple phrase me trottait dans la tête, un OS est né. Certes court, je ne dis rien de bien intéressant, mais j'avais envie, c'est aussi simple que ça.

Et... Oui, le titre est à rallonge, mais j'ai bugué sur cette citation d'Apollinaire, donc j'vous la mets quand même ! N'est-elle pas magnifique ? (J'avoue que je ne l'ai pas prise que pour sa beauté, elle a quand même trait à l'histoire, hein.)

Une suite est attendue, donc ne perdez pas le fil !

Bonne lecture.


On ne se rend compte de la valeur d'une chose que lorsqu'on l'a perdue.

Je pensais que ce n'était que foutaises, élucubrations d'un esprit malade, maximes exacerbant le remords, mais je me suis trompé. J'ai voulu masquer la vérité à moi-même. J'ai tenté de la pallier à force de subterfuges vains et inutiles. J'ai couru dans le cours instable du temps pour échapper à son emprise. J'ai usé de félonie et de manipulation pour la bâillonner et l'immoler sur l'autel de mon refus. J'ai cru y arriver. Mais je me suis pris la réalité en pleine face.

Depuis que tu n'es plus là, un vide s'est creusé en moi. Profond, infini, sombre. Grouillant de cauchemars, suintant de désespoir, criant de solitude. Incurable. Seuls les regrets le remplissent, et seule ta présence pourrait le combler. Mais tu n'es plus là.

Tu es parti.

Sans penser aux conséquences de tes actes.

Je pensais que c'était une bonne chose. Je pensais enfin acquérir le calme dont je rêvais. Je pensais reprendre le cours de ma vie normale, là où elle s'était arrêtée huit ans plus tôt. Je pensais pouvoir recommencer à zéro – sans toi. Je pensais être capable de vivre comme autrefois. Je pensais ne plus avoir à craindre que le ciel ne me tombe sur la tête. Je pensais être débarrassé. Je pensais la quiétude acquise. Je me suis rendu compte qu'en fait, avec ton absence, ce sont mes rêves eux-mêmes qui sont partis en fumés. Des cendres de mon soleil ne restent plus que l'obscurité de mon âme. Tu régissais ma vie. Tu obnubilais mon âme. Tu possédais mon être. Mais tu as fui.

Je t'ai perdu.

Et je comprends à peine l'importance que tu avais pour moi.

Je partais vainqueur, je suis ressorti vaincu. Le feu incandescent de mon tempérament a brûlé mes ailes après avoir brisé les tiennes. Le chat a fini par abandonner la souris. Notre jeu n'en valait plus la chandelle. Et nous nous sommes perdus. Nous trônions en maître sur un fil de funambule. Nous nous croyions invincibles. Il s'est avéré que nous n'étions que de simples mortels un peu trop vivaces pour la tranquillité du destin. Alors il s'est vengé de notre effronterie et s'est amusé avec nous, à nos dépens, sans penser aux blessures de nos âmes.

Nos existences se basaient sur des mensonges piteux. L'âpre infantilité de nos caractères avait pris le pas sur l'amère maturité que nous aurions dû revêtir. Nous vivions dans l'obscurité, et nous dédaignions la salvatrice lueur qui nous auréolait vainement. Nous nous fourvoyons, croyant aveuglément en ce que nos yeux nous montraient, alors que nous aurions dû suivre ce que nous cœurs nous dictaient et ce que nos âmes ressentaient. Mais il est trop tard désormais.

Tu es parti.

Et je ne peux te blâmer pour ça.

Je suis le seul fautif, car le plus borné des deux. Peut-être avais-tu compris l'enjeu, peut-être avais-tu ouvert les yeux, peut-être étais-tu le plus mature de nous deux. Personnellement, je n'ai pas pu arrêter cette mascarade dont je n'avais pas conscience. Je refusais obstinément d'ouvrir les yeux. J'étais focalisé sur nos rixes. Et aujourd'hui, je n'ai plus personne avec qui me battre, que ce soit physiquement ou oralement.

Je suis seul.

Sans toi.

Alors j'ai changé. Bizarrement, nos rôles se sont comme inversés. Toi qui étais insensible as su percevoir la réalité. Moi qui étais aimé suis devenu craint. Les gens m'évitent à cause de mon irascibilité. Pourtant je ne veux pas être ainsi, mais sais-tu pourquoi je le suis ? Parce que je pense, inconsciemment, qu'une partie de mon être a pris ton caractère afin que tu sois toujours près de moi, que jamais je ne t'oublie, que jamais l'âpre solitude ne m'accable, que jamais tu ne me manques aussi viscéralement. Mais mes efforts sont vains.

Je t'ai perdu.

Et je m'en mords les doigts.

Je me tue à ressasser ton souvenir impérieux. Je désespère de revoir tes yeux orageux. Je dépéris d'entendre ta voix traînante. A chaque coin de rue, je crois apercevoir ta silhouette filiforme. A mon réveil, j'espère ressentir ta présence. Dans mes songes, je rêve de te voir à mes côtés. Et lors de mes éclats devenus aujourd'hui légendaires, je m'imagine te frapper, toi. T'insulter, toi. Te hurler dessus. Te cracher dessus. Te lancer maints et maints sorts.

Te faire souffrir, toi.

Comme je souffre, moi.

Chaque matin, je me levais, et je tirais un trait sur ton absence. Littéralement. Je rayais les journées qui passaient loin de toi. J'ai vu la pluie tomber pour effacer les travers de la guerre, le vent souffler avec force sur les vestiges de la dévastation, la neige recouvrir les débris de ces âmes errantes. J'ai assisté aux remises de médailles, aux mensonges éhontés, aux hypocrisies maladives. J'ai supporté les cérémonies officielles, les larmes factices, les serpents opportuns. J'étais investi d'une volonté farouche, d'une rage indéniable, d'une haine incommensurable.

Parce que je pensais à toi.

Parti.

Loin de moi.

Aujourd'hui, cela fait six mois que tu t'en es allé, que tu as préféré fuir à des lieux de moi, que tu as jugé bon d'instaurer cette distance entre nous. En souffres-tu ? Rêves-tu de moi la nuit ? Deviens-tu fou le jour ? Ou alors as-tu trouvé le remède à nos maux ? Es-tu enfin heureux – loin de moi ? J'espère que tu regrettes ton geste. J'espère que je te manque. J'espère que tu dépéris. J'espère que le gouffre de ton néant intérieur t'enlise dans une spirale de douleur fatale. J'espère que tu crèves d'envie de revenir – revenir vers moi.

Parce qu'alors je t'accueillerai tel qu'il se doit.

Mes doigts se transformeront en serres crochues qui t'attraperaient et te déchiquèteraient. Mes lèvres se métamorphoseront en venin acide qui te cracherait poisons et désillusions. Je ne serais qu'une bête noire, avide de ton sang, assoiffée de ma vengeance. Je te torturerais avec extase. Je te décortiquerais avec lenteur. Je mettrais ton cœur à nu, et je le regarderais battre avec difficulté. Je le happerais d'un coup de main fébrile, et je croquerais dedans à pleines dents.

Parce que ton cœur est ma vie.

Parfois je revois nos accrochages et toutes les tempêtes que nous avons dû traverser. Les tumultes de nos existences se sont pris la main dès le premier jour pour ne plus se lâcher, s'alliant avec machiavélisme. Ce truc bizarre entre nous s'est développé, et nous a pourri, jusqu'à la moelle. Jusqu'au cœur. Pour notre plus grand malheur. Alors, quand la colère gronde en moi, je te revois me dénoncer à Ombrage. Et elle explose en flots sanguins dégoulinant le long des murs. Je crie, je hurle, je tue. Rien ne m'apaise, mis à part mes souvenirs. Parce que, quand je me revois te lancer le sortilège du Sectumsempra, le calme m'envahit. Mais mes sentiments deviennent flous, et je me sens confus.

Je te déteste.

Et pourtant je ne peux pas vivre sans toi.

Parce que moi sans toi, ça ne veut rien dire.

Six mois jour pour jour que nous avons quitté Poudlard, ce château gigantesque et glacial qui paradoxalement réchauffa nos cœurs par sa convivialité. Nos ASPIC en poche, nos cicatrices sur le visage – car le triple de temps que Voldemort n'était plus. Et à cette pensée, je te revois encore fuir la queue entre les jambes. A croire que tu ne sais faire que cela. Qu'est-ce que ça fait de savoir que sa famille a perdu bien plus que les autres dans cette guerre ? Qu'est-ce que ça fait de savoir que le prestige de son nom, la renommée de sa lignée s'éteint dans un trait de lumière rouge, emportant avec eux la demi-vie d'un tyran ? Qu'est-ce que ça fait de savoir que de craint, on passe au statut d'humilié et hué ? Qu'est-ce que ça fait de découvrir, du jour au lendemain, à quel point une âme peut être seule ? Qu'est-ce que ça fait ?

Bien sûr, tu ne me répondras jamais. Parce que tu as fui, lâchement. Parce que tu es humilié, grandement. Parce que ton égo est bafoué, totalement. Et parce que tu ne me fais pas confiance, jamais. Mais il faut dire que nous n'avons jamais rien partagé que des coups et insultes. La seule discussion à peu près civile que nous avions pu avoir a fini pour être le moteur déclencheur de toute cette inimité puérile. Alors à quoi bon essayer, sachant que tout est vain ? Mieux valait laisser couler. Pourtant je m'accroche, là où toi tu as préféré laisser tomber. Comme quoi nous ne sommes qu'antipodes.

Pendant ces six mois, j'ai continué à jouer mon rôle en public, et à prendre conscience de la mascarade en privé. J'ai intégré la formation d'Aurors, j'ai emménagé dans le Square Grimmaurd, j'ai définitivement quitté Ginny, j'ai menti à mes amis. Je suis monté sur scène et me produit jour après jour devant le reste du monde, feintant sourires et bonne humeur, masquant colère et dépit. La comédie investit mon corps alors que mon âme n'est que tragédie.

Le rideau ne tombe jamais.

Et je t'ai perdu.

Après l'examen, à peine les résultats reçus, tu as pour ainsi dire pris tes clics et tes clacs avant de prendre la poudre d'escampette et de disparaître. Sans me chercher, sans attendre un geste de moi. Alors que j'étais là, à river mon regard émeraude dans la foule, attendant une chevelure blonde. Alors que je voulais te voir, savoir tes résultats, te parler. Bien que je sus que tout ceci n'était que rêves éthérés. Car nous sommes incapable de nous parler, n'est-ce pas ? Nous ne sommes jamais passés par cette case. Et maintenant, je me demande où tu peux bien être. Je crève d'envie de te retrouver. Je crève d'envie de revenir à ce passé encore non révolu que nous avons partagé pendant sept longues années.

Je crève de toi.

Quand j'ai quitté Poudlard et son réconfort pour partir à la chasse aux Horcruxes, je n'ai pas pensé à toi. A Ginny, à mes amis, aux Weasley, oui. A toi, jamais. Parce que, obscurément, je savais que je te reverrais. Et cela n'a pas raté. Tu m'as couvert, je t'ai pris ta baguette, tu m'as pourchassé, je t'ai sauvé la vie. Notre histoire est trop dense pour de simples ennemis. Mais nous ne nous rendions compte de rien. Alors quand j'ai vaincu Voldemort, quand le monde fut libéré de son despotisme, quand nous sommes retournés à Poudlard pour empocher avec succès nos diplômes, ce fut naturellement que nous avons continué nos rixes. Nous ne pouvions pas faire autrement. Cette attitude était ancrée dans nos gênes. Innée. Irréversible.

Trompeuse.

Dis-moi où tu es, et je viendrai me venger de la souffrance que tu m'infliges. Je te torturerai et je te ferai hurler de douleur afin que tu comprennes ce que je ressens. J'effacerai ainsi le tableau de nos dettes et peut-être pourrions-nous repartir à zéro – en Enfer. Mais tu es introuvable. Alors, peu à peu, j'abandonne. Je délaisse mes espoirs et annihile mes utopies. J'oublie mes rêves et éteins mes illusions. J'arrête la supercherie.

Tout est perdu.

Dès lors nous continuerons nos vies l'un sans l'autre, comme cela avait commencé et aurait dû continuer. Sûrement ressasserons-nous ce que nous avons perdu. Peut-être le fais-tu en ce moment même, à mon instar. Allongé sur ton lit, les bras le long du corps, le regard rivé sur le plafond de ta chambre, tu attends. Tu attends un juste retour des choses. Tu attends un signe de moi. Tu attends l'arrivée d'un hibou qui t'apporterait de mes nouvelles. Tu attends sagement, avec un léger poids dans l'estomac qui descend de plus en plus bas au fur et à mesure que les heures s'écoulent et que les jours passent. Tu attends, et au fil du temps, ton cœur se serre. Parce que j'attends également. Parce que nous sommes tous deux immobiles dans l'obscurité de notre manque et que nous ne daignons pas bouger. Nous n'osons pas interférer dans le cours des choses. Nous n'osons pas chambouler le destin.

Nous n'osons pas vivre, et c'est cela qui nous mène à notre perte.

Tu étais ma Némésis, Draco, et cela ne changera jamais. Nos rixes nous étaient vitales, et tu as pris peur en comprenant le sens caché de ce besoin viscéral qui nous étreignait. Tu as pris peur, tu as fui, et je t'ai perdu. Ce n'est que bien après que j'ai compris pourquoi. Mais contrairement à toi, je n'ai pas pris peur. Contrairement à toi, je ne suis pas lâche. Contrairement à toi, je n'ai pas fui.

Et tout comme toi, je t'aime.


Foala. Dites-moi si une suite est vraiment nécessaire, sinon le petit bout de caca-prout que j'ai pondu servira à autre choses, no soucaï pour ça !

Cet hurluberlu de texte traînait depuis un bail dans le capharnaüm de mon bureau, applaudissez le pour :

1/ avoir survécu (on sait jamais ce qu'il se cache sous les tonnes de choses qui s'entassent sur ce brave bout de bois)

2/ être sorti en warrior alors que j'étais censée, à la place, pondre une petite (veuillez noter l'ironie et transcrire ce mot dans votre esprit en "grosse") synthèse de français.

Je sais, je suis géniale. Et je sais aussi, ma vie est fantastique. Ne vous en faîtes pas, vous aussi pouvez avoir la même (quoique...).

Bref, sur ce, gentes gens, je m'en vais.

Magic', pour vous servir