Disclaimer: tous les personnages d'Hetalia sont la propriété d'Hidekaz Himaruya; seuls les OCs capitaines sont à moi.

Genre: Adventure, Angst, Family, Friendship

Rating:M pour langage, violences physiques et mentales et sous-entendus sexuels à venir. Vous êtes prévenus

/!\Notes de l'auteur/!\:

Pour comprendre le contexte historique: Cette fic se passe vers 1715-1720: cette période voit le début de la fin de la grande piraterie dans les Caraïbes et les Antilles, avec l'intensification de la chasse aux pirates et les changements dans la navigation (moins de galions espagols chargés d'or, moins de guerres pour occuper la Navy, etc...). Pour vous donner une idée, Barbe-Noire fut tué en 1718, Jack Rackham, Anne Bonny et Mary Read capturés en 1720, Bartholomew Roberts tué en 1722 (honte sur vous si ces noms ne vous disent rien!).

Donc, même si je suis consciente de faire de monstrueux anachronismes/erreurs temporelles, les personnages agiront et parleront plus comme au 18e siècle qu'ajourd'hui, d'où le langage qui risque de paraître un peu ampoulé à nos yeux et les moeurs différentes.

Arthur et Francis ont donc une vingtaine d'années pysique, je dirais 19 ans pour Arthur et 22 pour Francis; Alfred et Matthieu (OUI, c'est Matthieu et pas Matthew!) ont environ 10 ans.

Attention! Cette fic est Rating M pour une raison, certains passages risquent de choquer: vous en entamez la lecture à vos risque et périls! (mouhahahaha!)

Quoi qu'il en soit...

Enjoy le désastre!


L'âme des pirates: le fauve piégé

« Arthur ! »

La voix qui appelait l'Anglais dans la brume obscure qu'était son monde semblait étrangement familière…mais pas assez pour qu'il se souvienne à qui elle appartenait…

« Arthur ! Réveille-toi ! »

Cette fois il lui semblait que les mots s'adressaient à lui (si son nom était bien Arthur…), qu'ils voulaient lui dire quelque chose…mais il se sentait si lourd, si fatigué…

Il voulait juste qu'on le laisse dans son monde sombre et reposant…

« Arthur, ce n'est vraiment pas le moment de dormir ! Réveille-toi, rosbif! »

Fronçant les sourcils au-dessus de ses yeux clos, l'Anglais essaya de bouger mais son corps ne répondait toujours pas à son ordre, trop épuisé et endolori; au fur et à mesure que la voix devenait plus nette, il sentait d'étranges douleurs pointer dans ses muscles et ses os…

« Arthur, l'Angleterre est devenue française. »

La phrase eut l'effet d'un électrochoc sur l'Anglais qui bondit presque de sa position allongée, manquant de heurter au passage France, assis à côté de lui et l'esquivant juste à temps.

« WHAT ? », hurla-t-Angleterre sans remarquer que sa voix rauque et faible n'avait pas du tout l'effet escompté.

France soupira :

« Je n'arrivais pas à te réveiller, alors il a bien fallu employer les grands moyens…

-Get the fuck off you bloody… », cracha Arthur en levant une main pour frapper le Français avant d'interrompre brusquement son geste en remarquant un détail anormal.

Son poignet –non, ses deux poignets – pris dans des menottes et reliés entre eux par une chaîne.

Et en regardant plus bas, ses pieds avaient subi le même sort, en étant en plus attachés au mur, qui, remarquait-il aussi à présent, se révélait être une paroi de bois bien caractéristique d'un navire.

Ils étaient dans une cale.

Il crut d'abord à une mauvaise plaisanterie de France… sauf que celui-ci était attaché comme lui.

Et à présent que le regard de l'Anglais s'était reposé sur lui,il regardait ailleurs d'un air nerveux…presque coupable.

« Francis… »Murmura Arthur, le regard sombre et menaçant, « Où sommes-nous ? Qu'est-ce qui s'est passé ? »

Francis releva la tête et sourit à son rival, mais nerveusement et le regard toujours fuyant :

« Tu ne te rappelles pas ce qui s'est passé, Angleterre ? Sans doute à cause de tout l'alcool que tu ingurgites régulièrem… »

Sa phrase fut coupée par la poigne de fer qu'Arthur referma brusquement sur sa gorge; les yeux de l'Anglais brûlaient de rage contenue, et s'il ne l'avait pas aussi bien connu, Francis aurait eu vraiment peur de lui. Déjà, il était loin d'être à l'aise, encore moins lorsque que l'Anglais siffla d'une voix menaçante, martelant chaque mot comme autant de menaces mortelles :

« What. The. Fuck. Are. We. Doing. Here? »

Angleterre pouvait être très effrayant quand il était en colère, mais Francis garda son calme, prenant presque un air détaché alors qu'il répondait :

« Si tu te souviens de ce qui s'est passé, tu devrais le comprendre assez vite, mon cher… »

Qu'est-ce que ça voulait dire ?

Sans lâcher sa prise sur la gorge du Français, Arthur essaya de se rappeler les derniers évènements dont il avait le souvenir.

Déjà, s'il ne voyait rien d'étonnant à la présence de France, c'était parce qu'il était habitué à voyager avec lui; depuis quelques temps les temps se faisaient durs pour les pirates, leurs pays respectifs ayant plus de temps et de moyens pour traquer les bandits des mers. De grands capitaines avaient été capturés et pendus, des équipages entiers décimés, les butins ne rapportaient plus autant.

Même Arthur sentait le vent changer. Au point de s'allier avec Francis, tant pour les rapines que pour l'aider à veiller sur les deux colonies qui les accompagnaient…

Angleterre se tourna brusquement vers Francis, le regard paniqué :

« Alfred ! Matthew ! Où sont-ils ?

-Calme-toi, ils sont juste là », répondit le français en désignant les deux enfants-colonies blotties l'une contre l'autre à moins de deux mètres d'eux, « et ils viennent de s'endormir, alors ne les réveille pas avec tes accès de rage s'il te plaît. »

Fronçant les sourcils, Arthur replongea dans ses souvenirs, remontant rapidement jusqu'au jour où tout avait basculé…

Après plusieurs abordages plus ou moins réussis, le Fierce Unicorn avait dû s'abriter dans une baie secrète, connue seulement de quelques pirates, pour réparer les nombreuses avaries du navire.

Personne n'aurait dû les trouver.

Et pourtant, quelqu'un avait dû les trahir.

Les pirates s'étaient réveillés en découvrant la baie encerclée par des vaisseaux de la Navy, sans aucune échappatoire possible, et l'un d'entre eux s'apprêtant à lancer l'abordage sur le navire pirate.

« Tous à vos postes ! Parés au combat ! », hurla Arthur à son équipage, pestant contre ses canons devenus inutiles sans munitions après sa campagne.

Se tournant vers le Français, il lui ordonna sèchement : « reste dans ma cabine avec les garçons jusqu'à ce que ce soit fini.

-Je ne suis pas une pauvre fille sans défense qui va se cacher au moindre danger! », avait protesté le Français, vexé et inquiet

-Seuls mes ordres comptent ici, et ils sont de protéger Alfred et Matthew sur ta vie s'il le faut. Compris ? »

Baissant la tête, Francis avait fini par obéir retournant vers la cabine du capitaine, il prit un des pistolets à sa ceinture et le lança à Arthur, qui l'attrapa :

« Je sens que tu vas en avoir besoin plus que moi… »

Se souvenant soudain de ce qui s'était passé ensuite, Arthur fusilla Francis du regard :

« Je t'avais demandé de veiller sur les petits !

-C'est ce que j'ai fait. Mais tu croyais vraiment que j'allais sagement rester caché dans ma cabine quand on se battait sur le pont ? Surtout que tu en avais besoin…

-N'importe quoi ! Je me débrouillais très bien tout seul !

-Ce n'est pas ce que j'ai vu ! »

Vidant son dernier pistolet sur un matelot qui lui fonçait dessus, Arthur ne vit pas, au milieu de la furie du combat entre les deux équipages, le soldat de la Navy qui le frappa brusquement de sa baïonnette, faisant saigner et jurer le pirate, avant que celui-ci ne se retrouve plaqué contre le bastingage, le mousquet bloquant sa gorge et l'empêchant de se dégager. Jurant et se débattant, Arthur essaya de repousser le soldat qui menaçait de le faire tomber dans la mer, mais n'avait pas assez de force de cet angle pour cela.

Tout à coup, le soldat écarquilla les yeux et s'effondra sur Angleterre, un trou sanglant dans le dos.

« Qui est sans défense maintenant ?

-Francis? What're you doing here?

-Te sauver la vie, visiblement.

-Like I needed », siffla Arthur en récupérant un sabre, « je t'avais dit de veiller sur les garçons, idiot !

-Si tu te fais prendre, ça ne servira plus à grand-chose, n'est-ce pas ? »

Arthur gronda mais ne répondit pas, replongeant dans le combat et devinant Francis faire de même à ses côtés.

Malgré leurs forces qui valaient bien dix hommes, il était évident que le combat tournait au désavantage des pirates; bientôt, Arthur, Francis et quelques autres pirates furent les seuls à encore se battre, et les deux capitaines se retrouvèrent encerclés par les soldats de la Navy.

Dos à dos, ils parvenaient encore vaillamment à tenir tête mais il était évident que ce ne serait pas éternel plusieurs blessures, bien que bégnines pour des Nations, les affaiblissaient peu à peu

« Fuck, », jura Arthur en repoussant un soldat, tournant le dos à Francis, « comment on va s'en sortir, Frog ?

-Je pense avoir une idée, mais elle ne va pas te plaire…

-What are you… »

Un violent choc à l'arrière du crâne. Et tout devint noir.

Francis comprit, au silence tendu qui s'était établi entre les deux pirates, qu'Arthur venait de se rappeler comment s'était terminé le combat… il ne fallait pas être idiot pour comprendre ce qui s'était passé, et Arthur était loin d'être un idiot.

« Ecoute… », Commença le Français, essayant de calmer les choses.

Il n'eut pas le temps de finir sa phrase qu'il fut agrippé à la gorge et plaqué au sol, un Anglais fou de rage à cheval sur son ventre et lui serrant la gorge entre ses mains.

« You… », gronda Arthur, « what did you do ? »

Francis soupira légèrement:

« Je pense que tu as compris, non? Je t'ai assommé moi-même pour nous rendre à l'équipage…et sauver ce qui restait du tien…

-YOU MORON ! », rugit l'Anglais, et Francis serra les dents en prévision de coups à venir, mais Arthur se contenta de resserrer sa prise sur la gorge du Français, l'étouffant presque, mais lui laissant assez d'air pour répondre à sa question :

« Tu préparais ça depuis le début, n'est-ce pas ? C'est pour ça que la Navy nous a retrouvé, hein ? Qu'est-ce qu'ils t'ont offert en échange d'un des derniers pirates des Caraïbes et de son équipage, la tranquillité pour tes Français, peut-être ? You bastard… », siffla-t-il, prêt à étrangler sans état d'âme son ennemi à la moindre mauvaise réponse.

Francis grimaça sous la pression, mais ne chercha pas à se dégager :

« Ni moi ni mes hommes n'avons rien dit sur cette baie et j'ignore comment la Navy nous a retrouvé, je t'en donne ma parole de Nation. Je n'avais préparé aucun complot, aucun piège. T'assommer et te livrer n'étaient pas prévu au programme mais je n'avais pas le choix…ou plutôt, tu ne m'as pas laissé le choix.

-What do you mean… ?

-Comment es-tu devenu aussi puissant en étant aussi naïf ? Tu n'as pas remarqué ce qui se passait autour de nous ? Tu croyais que la Navy cherchait juste à éliminer ton équipage ? Quelques coups de canon leur auraient suffi, et on n'en parlait plus. Au lieu de ça, ils ont abordé, attaqué, et même avec ça ils ont cherché à faire le plus de prisonniers possibles…dont toi. »

Le dernier mot fut asséné d'un ton accusateur, mettant l'Anglais mal à l'aise malgré sa position de force :

« Tu prétends que c'est de ma faute si nous sommes ici? »

France éclata alors d'un rire amer :

« Prétendre ? Mais c'est la plus simple vérité, mon chéri, bien sûr que c'est de ta faute! Ta marine te court après depuis des années, tu es le pirate le plus recherché des Caraïbes, bien plus que moi ou Hollande, et peut-être, je dis bien peut-être, que ça a un rapport avec le fait que tes souverains en ont assez que leur Nation vagabonde librement sur les mers ? C'était toi qu'on cherchait à capturer, mais tu y mettais tellement de mauvaise volonté que tu as failli provoquer une catastrophe !

-De quoi parles-tu ? »

La voix remplie de sarcasme, Francis reprit, un sourire moqueur aux lèvres :

« Suis-je bête, j'oubliais que le grand et puissant empire Britannique était si bien protégé par sa magie qu'il était impossible de prendre une balle perdue ou un coup mortel par accident…et pourtant de ne pas mourir comme n'importe quel humain…tu t'imagines quelle réaction çela aurait provoqué ? »

Contrairement à ce que laissait entendre Francis, Arthur n'était pas un naïf, et il comprenait un peu mieux les intentions de Francis: en l'assommant et le livrant, il avait stoppé le combat et empêché que quelqu'un ne découvre ses capacités surnaturelles. Les ordres de ces soldats étaient de l'arrêter vivant, mais il doutait que quiconque en dehors du capitaine de ce navire ne sache qui il était vraiment; l'existence des Nations, sans être un secret d'Etat, n'était généralement révélée qu'en des circonstances exceptionnelles.

Dieu savait comment pouvaient réagir des hommes ayant à leur disposition l'incarnation d'un pays entier…

Et pourtant, s'il comprenait les intentions de Francis, Arthur ne pouvait tout simplement pas admettre que son rival ait raison. Relâchant sa prise sur la gorge du Français, il posa ses mains de chaque côté de la tête de son rival, sifflant d'une voix basse :

« On n'était pas obligés d'en arriver là ! Il y avait d'autres solutions…

-Et lesquelles, je te prie ? Nous étions encerclés, en infériorité…

-Il y en avait sûrement une ! Il y en a toujours une !

-Angleterre…je suis réaliste. Je sais que tu t'es sorti de situations très épineuses. Tu as toujours échappé à tes adversaires d'une façon ou d'une autre…mais même toi, tu ne pouvais rien faire dans cette situation. Tu as tes limites, comme nous tous. »

Angleterre baissa le regard, ses yeux cachés par ses mèches couleur sable, ses mains se serrant involontairement de frustration et de rage.

« Idiot…tu commences à parler comme mon second…qu'est-il devenu d'ailleurs ?

-La dernière fois que je l'ai vu, il se battait contre des soldats, et depuis je ne l'ai vu ni mort ni vivant. J'ignore ce qu'il est devenu. »

L'Anglais serra les dents. Searlay avait été son plus fidèle homme depuis des années et l'un des rares à qui il avait confié son secret de Nation. Plus qu'un officier fidèle, c'était un ami pour Arthur, et l'imaginer mort provoqua une pointe de culpabilité dans sa poitrine.

Pourtant, tout avait été prévu pour empêcher cela.

Il avait sélectionné ses hommes, tous dévoués jusqu'à la mort, n'avait laissé aucun indice sur sa route jusqu'à cette enclave cachée, alors comment la Navy avait-elle pu le retrouver ?

Il ignorait où il avait fait une erreur. Et cette erreur avait sans doute coûté la vie à son second, et certainement à plusieurs membres de son équipage…

« Je m'en excuse pour lui, mais autrement je ne regrette rien de ce que j'ai fait. Surtout que tu m'as fait prendre des risques », termina Francis sur un ton un peu plus agressif, « si quelqu'un sait pour nous…la Nation de France et un de ses colonies, quelle prise de choix pour tes Anglais…il ne manquerait plus qu'on reconnaisse le capitaine Bonnefoy et le tableau sera complet »

Arthur plissa les yeux, remarquant un détail :

« Tu veux dire que personne ne t'a reconnu sur ce navire ? Même pas leurs officiers ?

-Apparemment non. Lorsque je t'ai…enfin, une fois le combat fini, le capitaine de leur navire s'est contenté de nous faire enfermer avec toi, c'est tout juste s'ils ont fait attention à moi… »

Dans d'autres circonstances, Arthur aurait ricané de la moue un peu vexée de Francis, comme si le fait d'être « oublié » au profit de son rival portait atteinte à son orgueil.

Cependant, il avait d'autres choses en tête :

« A quoi ressemble leur capitaine ? Quel est son nom ?

-Aux alentours de la trentaine, assez grand, cheveux bruns, yeux noirs, habitué à bourlinguer à en voir son halage…rien d'extraordinaire, à part une balafre à côté de l'œil. Je crois que son nom est Reeves, ou quelque chose comme ça… »

Angleterre réfléchit un instant, les sourcils froncés, et secoua finalement la tête :

« Ce nom ne me dit rien…il devait encore étudier à l'Académie Royale la dernière fois que je suis rentré en Angleterre… »

Il ne dit pas à Francis qu'en temps normal, ses espions le renseignaient même sur les cadets qui sortaient de son Académie pour savoir à quoi s'attendre. Et pourtant, ce nom ne lui disait rien… Mais peut-être France avait-il mal compris. C'était sûrement ça.

Et ça ne changeait rien à leur situation, ni au fait qu'elle était entièrement due (selon lui) à Francis.

Même si ça avait sauvé le reste de son équipage, même s'il n'y avait pas d'autre choix…

Enfin, ce n'était pas comme s'ils étaient en grand danger…la Navy devait vouloir lui donner une leçon en l'enfermant comme un vulgaire prisonnier avant de le ramener à Londres, et normalement les soldats de son pays n'étaient pas censés lui faire de mal.

Du moins normalement.

Quand à Francis et aux enfants…ils avaient de la chance pour l'instant que personne ne sachent qui ils étaient, mais il fallait faire durer l'esbroufe…

La voix de Francis le tira à nouveau de ses pensées :

« Et maintenant, Angleterre ? »

L'interpellé jeta un regard noir au Français :

« Maintenant quoi ? Tu t'attends à ce que je nous libère d'une formule magique, ou que je nous transporte chez no..chez moi ou un des petits ? Aucun de nous ne sommes sur notre terre et la téléportation de groupe n'est pas vraiment dans mes pouvoirs, surtout si je ne peux tracer aucun pentacle. Et on ne peut sûrement pas compter sur les tiens… », railla-t-il en regardant de haut Francis : le français n'arrivait même pas à voir les êtres magiques, c'était certain qu'il ne serait d'aucune aide.

« Alors on se tait et on attend le bon plaisir de Mossieur le capitaine pour sortir, rien de plus ?

-Que toi tu le fasses serait parfait, oui. Et si ça ne te plaît pas, fallait réfléchir avant de tout faire échouer, stupid frog.

-La ferme, British !

-Ah ouais ? Sinon quoi, tu me frappes par derrière comme le lâche que tu es ? »

La tension et l'inquiétude (même s'ils ne l'avoueraient jamais) avait vite fait remonter le ton entre eux, et bientôt Arthur se retrouva à essayer à nouveau d'étrangler Francis qui cette fois-ci ne se laissa pas faire, et repoussa l'Anglais d'un violent coup de rein; les deux rivaux se mirent debout et s'observèrent agressivement, prêts à se jeter l'un sur l'autre comme des fauves.

Ce fut Arthur qui craqua le premier : bondissant en avant, il se jeta sur Francis pour le plaquer au sol, mais celui-ci parvint à se dégager et à le repousser d'un coup de pied, s'éloignant de quelques pas pour se préparer à un nouvel assaut.

Grondant de rage, Arthur se rua à nouveau sur lui, mais quelque chose le fit trébucher et il tomba brutalement sur le sol. Furieux, il chercha l'origine de sa chute, et la découvrit vite : sa propre cheville était enchaînée au mur de la cale, alors que Francis ne l'était pas.

Cela amena un sourire moqueur sur les lèvres de son rival qui s'avança juste assez près pour qu'Arthur puisse le frôler en tirant, mais pas assez pour être attaqué, juste assez pour narguer, et Angleterre ne haït jamais autant le Français qu'à cet instant.

« Bloody

-Daddy ? Papa ? »

Les deux hommes tournèrent la tête vers la petite voix qui avait parlé : Alfred et Matthew s'étaient réveillés, et ils les regardaient d'un air apeuré, blottis l'un contre l'autre.

« Pourquoi vous vous battez ? », demande Alfred d'une petite voix, « c'est à cause des méchants ? »

Les deux hommes s'entreregardèrent et détournèrent le regard, honteux : c'était leur rôle de calmer et rassurer les petits, et c'était pourtant Alfred qui avait interrompu leur dispute stupide, alors que la petite colonie était clairement effrayée par la situation.

Les jumeaux avaient beau être âgés de plus d'un siècle, ils n'étaient encore que des enfants aux yeux des leurs, et il y avait beaucoup de choses qu'ils ne comprenaient pas encore. Et là, ils ne comprenaient pas pourquoi les propres soldats d'Angleterre avait capturé et enchaîné leur Nation, alors que jusqu'ici ils n'avaient vu Arthur faire ça qu'avec ses ennemis les plus cruels et dangereux (ils n'avaient pas connu ses problèmes avec Espagne).

Jetant un regard noir à l'Anglais, Francis marcha jusqu'aux petits et les prit gentiment dans ses bras pour les rassurer :

« Ne t'inquiète pas Alfred, on se bat comme d'habitude, pour des bêtises, mais ce n'est pas grave. », dit-il gentiment, esquivant la deuxième question sans compter sur l'obstination de la colonie :

-Est-ce que c'est parce que les méchants nous ont enfermé ?

-…ce…ce ne sont pas des méchants, c'étaient des soldats anglais, tu as reconnu leurs uniformes, non ?

-Mais pourquoi ils ont enfermé Daddy alors que c'est ses soldats ? »

Francis regarda à nouveau son rival, et cette fois les enfants firent de même, s'attendant à ce qu'Angleterre réponde et leur explique sèchement que ce n'était que des idiots, qu'il y avait une explication stupide à cela…

Et pourtant le pirate ne pouvait donner d'explications. Il se posait exactement la même question qu'Alfred et n'y avait pas de réponses.

Il aurait pu rassurer Alfred en montant un mensonge, dire que tout irait bien…

Mais il ne pouvait pas.

Il n'arriverait pas à mentir en regardant sa colonie dans les yeux.

Il ne voulait pas le rassurer pour briser sa confiance si les choses tournaient mal. Il ignorait d'où lui venait cette sensation, mais il sentait que ça n'allait pas s'arranger…

Sans répondre, il releva les yeux vers son rival avec un regard noir, lui en voulant pour toute cette histoire même s'il savait que ce n'était pas vrai : il avait juste besoin d'en vouloir au Français pour décharger sa propre culpabilité et son inquiétude

« Ask the Frog», gronda-t-il avant d'aller s'assoir dans un coin, le plus loin possible des trois autres et leur tournant le dos, autant pour réfléchir que pour ne pas avoir à regarder les yeux effrayés de sa colonie et de celle de Francis.

Il se rendait compte que ce qui le frustrait le plus était de ne pouvoir rien y faire.

Juste se taire –et attendre.