Danielle inspira et expira lourdement alors qu'elle jeta un regard sur ses poignets et ses chevilles. Tatsuma la regardait toujours avec une certaine appréhension lorsqu'elle montrait une force et une énergie que ne devrait pas posséder quelqu'un de son âge, même après un an d'entraînement..
Son père lui avait procuré des poids spéciaux au tout début de leur entraînement et qui ont été conçus pour être attachés à ses membres afin de pouvoir bouger tout en se musclant. Dans les premiers temps, bien sûr, les porter n'avait pas été fatiguant, mais à mesure que le temps passait, ses membres étaient devenus plus lourds, elle avait été plus fatiguée et cela avait été plus difficile de bouger.

Les prémisses de son entraînement avait commencé une semaine après leur arrivée en France. Tatsuma lui avait avoué qu'il voulait la former depuis longtemps mais qu'il se retenait parce qu'il avait peur d'entraver sa croissance. Cependant, maintenant qu'elle entrait dans l'adolescence, son père voulait qu'elle puisse se protéger.

Ils avaient commencé ensembles par des petits exercices : échauffements et une quinze minutes de courses avec ces poids, de manière à faire travailler chaque muscle et pallier leur faiblesse et améliorer leurs conditions.

Pour Danielle, la difficulté était rapidement montée et elle avait regardé avec frustration son père qui avait semblé plus en forme que jamais.
Cependant, malgré la sévérité du régime et de son entraîneur, Danielle ne s'était jamais ou quasiment jamais plainte, comprenant qu'elle en avait besoin pour apprendre à contrôler ses pouvoirs et se protéger… et cela s'était fait ressentir de multiples manières. Elle pouvait déjà sentir que son corps était devenu plus fort et plus endurant.

D'autant qu'avec la formation de l'autre dans sa tête qui complimentait ses progrès et disais que c'était un bon moyen d'en apprendre le contrôle.

Cette absence de celui-ci avait entraîné de nombreux problèmes lorsqu'elle avait été obligée par son père de retirer son bracelet. Il ne voulait pas qu'elle compte sur un objet si petit, si simple et si facilement confondable pour la maintenir en sécurité.

L'autre dans sa tête avait alors commencé un interminable entraînement tortueux et humiliant.

Danielle avait développé des réflexes musculaires de combat plutôt pénibles à cause des « traumatismes » causés par son double. Son corps bougeait parfois avant même qu'elle ne puisse réfléchir, en évaluant la corpulence de la menace et frappant là où ça pourrait faire mal sans faire de dommages permanents.

Cette année fut tellement, tellement longue pour Danielle. Elle ne comptait plus les fois où elle s'était retrouvée au tapis, le corps douloureux, l'esprit mort intellectuellement. Elle bénissait n'importe quel dieu de lui avoir accordé le droit de garder sa mémoire sinon avec tout ça, ses performances académiques en auraient été affectées.

Sa maîtrise vint très lentement. Le pouvoir qui l'habitait était normalement trop puissant pour un humain normal et elle n'avait pas cru Tobias lorsqu'il lui avait dit qu'il ne lui avait donné qu'une infime partie de ses pouvoirs.

Un jour, dans un élan de courage, elle lui avait demandé pourquoi des êtres si puissants que les anges perdaient leur temps à n'être que des anges gardiens. Pourtant, ils pourraient faire tout ce qu'ils voulaient.

Tobias l'avait regardé avec des yeux tristes et un peu déçus.

« -Je ne peux pas répondre à cette question.

-Pourquoi ?

-Parce que trouver la réponse est l'une des conditions pour devenir un ange. »

Sa bouche s'était ouverte. Surprise par l'honnêteté soudaine de son ange, lui qui était si… Tobias.

« -Je ne veux pas particulièrement devenir un ange. Tu ne veux pas me le dire ? »

Il avait secoué la tête.

Au cours de l'année, l'absence de son meilleur ami avait conduit inconsciemment le cœur de Kei à rechercher la chaleur de ses proches pour combler le vide. Tobias et son double l'avaient senti les deux avaient été plus présents. L'ange apparaissant le plus longtemps possible pour divers occasions comme le petit-déjeuné, les fêtes, pour la border -même si elle n'en avait pas besoin-, etc. Son autre elle, qu'elles avaient convenu de l'appeler « Dai » pour le Da de Danielle et le i de Kei au lieu de « Dobias » ou « Doby », ou même « Kei » ou « Danielle », avait fait connaître sa présence quasiment toutes les nuits pour l'entraîner, la conseiller ou tout simplement parler, exceptées celles où la jeune fille était trop épuisée mentalement. Les deux s'étaient bien entendues, elles avaient les mêmes goûts… même si elles n'avaient pas la même perception des choses et la même soif de sang ou l'envie de faire du mal.

-tousse- Mikaël -tousse-.

Quant à Tatsuma et Tobias, les deux avaient décidé de s'ignorer mutuellement la plupart du temps. La seule chose sur laquelle il pouvait discuter était Danielle. Rien d'étonnant.

En soi, c'était une année fatigante, mais paisible.

Leur retour l'était tout autant.


Kei n'avait pas pu s'empêcher de se réveiller tôt pour sa première journée.

En se levant d'un coup, elle commença à se préparer et jeta un coup d'œil dans son miroir une dernière fois. Elle n'avait pas beaucoup grandi dans l'année, et son père l'avait obligé de se couper les cheveux très courts car c'était plus pratique pour s'entraîner. Muni de l'uniforme de Teiko, avec un pantalon, elle se fit la réflexion que même si elle ressemblait à 90 % à un garçon, elle se trouvait plutôt mignonne.

En descendant, elle sentit une délicieuse odeur et marcha un peu plus vite en direction de la salle à manger.

Elle faillit percuter son ange mais il la rattrapa.

« -Bonjour Toby !

-Bonjour Danielle. Tu es de bonne humeur. » Sourit-il.

Elle lui rendit son sourire en hochant la tête, peu habituée à être aussi dynamique le matin, même après un an d'entraînement. Le sommeil était une chose si précieuse après tout.

En voyant qu'il ne la lâchait toujours pas après quelques secondes, elle le regarda dans l'expectative.

Le sourire du brun sembla s'étirer pendant un instant.

« -Passe une bonne journée. Ton père a quelque chose à te dire. »

Sans méfiance, elle acquiesça avec confusion et lorsqu'il la lâcha, elle se précipita dans la cuisine, le ventre grognant.

Les trois s'attelèrent à table et après un traditionnel « Itatakimasu », ils mangèrent.

La jeune fille attendit que son père parle avec un visage détendu.

L'adulte ne dit rien pendant le repas mais alors que Kei se levait pour aller terminer de se préparer, il l'interpella :

« -Danielle. »

L'appelée regarda son père. Il fit un début de grimace avant de se reprendre et prit une nouvelle fois la parole.

« -Est-ce que… »

Il s'interrompit, comme s'il ne savait pas quels mots employer. En passant une main sur son visage, il la regarda avec un visage légèrement rougissant.

« -Est-ce que j'ai besoin de te parler de… la puberté ? »

Le cœur de Kei rata un battement.

« -Oh. »

Quelque part, elle se sentit touchée par le fait qu'il sente devoir accomplir ce devoir… mais elle se contenta de rire.

« -Ça ira papa, je suis déjà passée par là.

-Ok. »

Il laissa échapper un soupir soulagé.

Malgré le fait que le corps de Danielle ait atteint l'âge de onze ans, elle n'avait pas encore subi de changements hormonales donc elle n'avait pas à se plaindre, même si l'idée de repasser par cette douloureuse période ne l'enchantait guère.

« -Tu n'as pas le droit de ramener des garçons, compris ? » exigea-t-il avec sérieux.

Kei réussit à garder son calme mais son fort intérieur se mit à rire plus fort.

En voyant l'amusement dans les yeux de la brune, Tatsuma se reprit :

« -Enfin, pas pour… »

L'adulte ne savait pas quel mot il devait utiliser. Même s'il savait que sa fille n'était pas une enfant, il se laissait facilement berner par ses yeux mignons et sa taille encore minuscule.

« -Tu comprends ce que je veux dire ! »

Danielle laissa échapper un sourire.

« -Oui, oui, je sais papa. Et des filles ? »

La question prit au dépourvu l'homme.

« -Ah oui, bien sû-… Non plus ! »

Cette fois, Danielle laissa échapper un rire sonore qui résonna dans la pièce.


Kei soupira alors qu'elle se dirigeait d'un pas pressé vers le bâtiment administratif.

Étant donné qu'elle avait déjà raté une semaine de cours, le fait qu'elle doive se justifier était normal, mais cela ne faisait pas vraiment bonne impression pour sa future école.

En sortant de la pièce, elle s'accroupit. Mettant ses mains sur la tête dirigée vers le sol.

Elle était arrivée plus tôt dans la matinée et était même allée en classe.

Heureusement, en réponse à ses prières, la jeune fille n'avait pas eu à passer devant tout le monde pour se présenter comme dans la plupart des animes/manga qu'elle avait vu puisqu'elle n'était pas « nouvelle » mais « retardataire ».

Son arrivée se fit en toute discrétion et le professeur lui avait exceptionnellement donné les cours qu'elle avait manqués.

Il lui avait aussi dit que ce serait dans son intérêt de choisir rapidement un club pour trouver un groupe et trouver une place dans le collège.

Le club de basket avait été évidemment son premier choix, mais elle avait vu qu'il y avait aussi un club de manga, chose qu'elle n'avait jamais vu dans son ancienne scolarité, de lecture et elle avait aussi envie d'essayer le club de volley et d'athlétisme.

Cependant, son emploi du temps n'admettrait qu'une seule activité.

Donc bon…

« -Au moins, je serai avec Seijuro. Ça fait très longtemps. »

Des souvenirs de leur enfance surgirent dans son esprit. Elle se souvint de sa peau pure et douce, de son sourire lumineux et innocent, de son odeur rassurante et des ses yeux rubis.

Elle les imagina s'amuser ensemble. Sortir, jouer au basket, courir, rire ensemble.

La jeune fille avait refusé d'être trop impatiente de vivre leurs retrouvailles, mais son inconscient y aspirait tellement qu'elle avait l'impression que bien plus qu'une année s'était écoulée. La distance et le poids de la perte de son meilleur ami l'avait un peu éloigné de son père et de son ange les premières semaines du déménagement, mais elle n'avait pas pu leur en vouloir longtemps, surtout en constatant avec des yeux adoucis qu'ils avaient essayé très durement de se faire pardonner. Elle avait fini par l'accepter, le cœur triste et la peur que son ami ne l'aime plus, ou l'ait oublié, ou l'ignore lorsqu'ils se reverraient mais prête pardonner aux deux personnes qu'elle aime le plus au monde et qui ne l'avaient jamais laissé tombée.

La dernière conversation avec Seijuro fut brève, mais si décevante. Elle ne s'attendait pas à ce qu'il le prenne bien mais son cœur s'était inconfortablement serré dans une solitude et d'un abandon insupportables. Même si elle avait expérimenté des traumatismes et le sentiment de perte auparavant, la peur de ne plus pouvoir sentir le soutien de son premier ami l'avait saisie.

Néanmoins, elle avait toujours conservé l'espoir que, malgré ses larmes, malgré sa colère, malgré sa tristesse, malgré sa déception et sans doute son propre sentiment d'abandon, Seijuro chérissait toujours leur amitié, comme elle le faisait durant cette année de séparation…

Danielle ne savait pas si elle demandait trop, après tout elle était une anomalie, qui sait ce qui s'était passé durant son absence, mais elle voulait y croire.


« -Excusez-moi... »

En laissant échapper un petit cri très peu gracieux, Danielle se releva d'un bond et à cause de Dai qui n'avait pas arrêté de tester ses réflexes jusqu'à ce que ce soit instinctif, son poing entra en contact avec le ventre de la pauvre créature qui l'avait interpellée.

En jetant un coup d'œil hésitant sur le corps par terre, la brune ne put s'empêcher de se féliciter dans sa tête pour avoir réussi à assommer quelqu'un rien qu'avec un coup de poing, avec une force retenue… et sans son bracelet… et en fermant les yeux.

Par contre, elle maudit sa malchance lorsqu'elle vit QUI était au sol. Ses yeux s'écarquillèrent et elle passa sa main sur son visage. Une image d'elle se frappant la tête contre un mur se créa dans son esprit. Elle ne devrait probablement pas reproduire cette image dans la réalité, elle risquerait de faire des dégâts au mur.

Elle avait déjà émis la théorie que lors de la venue d'un autre monde d'un étranger, la chance de ce dernier baissait drastiquement pour s'adapter au niveau de drama du monde.

Sa deuxième théorie était qu'un dieu ou même Dieu, bref son Créateur (« -ou Créatrice, qui sait? ») s'amusait avec elle… mais étant donné qu'elle n'était pas convaincue d'être assez intéressante, jolie, spéciale, ou quoi que ce soit d'autre pour divertir un dieu, ou même attirer son attention, surtout sur une planète où vivait plus de 7,5 milliard d'individus, dont 67, 1 millions en France, elle avait vite passé à la trappe cette hypothèse… mais parfois… parfois, elle se demandait ce qu'elle avait fait pour l'énerver. C'était une question rhétorique évidemment, elle n'y croyait pas vraiment… mais quand même.

En serrant les dents et tordant ses mains, elle sortit de ses brèves pensées et soupira.

Elle s'accroupit près de lui et testa sa force. Avec l'entraînement de Dai, elle savait qu'elle pourrait se contrôler un minimum pour le porter mais elle ne voulait pas risquer plus d'excitation pour cette journée.

Lorsqu'elle remit son bracelet et commença à le soulever comme une mariée avec plus ou moins d'hésitation, la jeune fille fut soulagée de voir qu'elle n'eut aucun mal à le porter.

Sa force suffisait et elle ne put s'empêcher de se sentir un peu fière.

En essayant de ne pas paraître suspecte, elle marcha rapidement vers l'infirmerie.

« -Première année, première semaine, PREMIER JOUR, première rencontre, premier traumatisme. » Chanta-t-elle dans son esprit avec une fausse joie ironique.


Lorsqu'elle arriva à l'infirmerie, elle fut soulagée de voir que l'infirmière n'était pas là malgré le fait que la porte soit ouverte.

En se dépêchant de le déposer sur un lit, elle prit un papier vierge sur le bureau et après avoir hésité pendant plusieurs minutes, écrivit rapidement une note et l'a mise sur la table de chevet.

Malgré son envie de partir à la hâte, Danielle ne put s'empêcher d'observer les traits de l'autre en lui effleurant la peau douce de son front et ses cheveux, dont elle n'avait jamais au grand Dieu jamais vu une couleur naturelle comme la sienne. Même endormi, elle le trouvait incontestablement…

« -Beau… »

Une micro seconde après, elle secoua la tête en fronçant les sourcils.

« -Intéressant ! Un visage et des cheveux très intéressants. »

Sans attendre, ses jambes l'emmenèrent hors de la pièce.


Kuroko Tetsuya se retrouva bloqué par le corps d'un autre garçon devant la porte du secrétariat.

Il avait attendu quelques minutes sans rien dire mais il sembla qu'il n'allait pas bouger pendant un petit moment. Normalement, il serait repassé car en voyant l'état du garçon, il s'était dit qu'il devait être déprimé donc il ne l'aurait pas dérangé.

Malheureusement, on lui avait demandé de justifier ses absences en urgence. Le problème était qu'il était là, mais le professeur ne l'avait pas entendu donc il devait aller directement s'expliquer avec l'administration.

En soupirant, il se résigna à faire connaître sa présence pour demander au garçon de se déplacer.

« -Excusez-moi... »

Et soudain, une douleur, puis le noir.


Le bleuté sentit une caresse légère sur ses cheveux et sur sa front.

Cependant, aussi vite qu'il l'avait ressentie, elle disparue. En pensant rêver, il essaya d'ouvrir les yeux et vit qu'il était à l'infirmerie.

A côté de lui, se trouvait une note.

« -Pardon. »

Le mot était simple, semblant nonchalant et sans sincérité, mais il vit derrière le papier plusieurs début de lettre mais gribouillées et barrées. Ce n'était donc pas quelque chose fait à la hâte sans réfléchir. Il devina que l'autre était soit très maladroit, soit très nerveux, ou même peut-être très sang-chaud pour frapper quelqu'un au hasard, ou autre chose qu'il ne pourrait pas penser… mais il supposa que ce n'était pas un acte malveillant. Surtout que la personne aurait très bien pu le laisser dans le couloir s'il avait vraiment été cruel. Mais le geste l'avait surpris, normalement, les gens ne font que crier lorsqu'il « apparaît » et même s'il avait déjà failli recevoir des coups, ce n'était jamais aussi rapide et puissant. Il avait très bien sentit le coup de poing.

Le fait est que ce n'était pas non plus comme s'il n'avait aucune part de responsabilité.

En se frottant le ventre, il décida de rester au lit un peu plus longtemps avant d'aller s'entraîner.


« -DONC. Première journée, j'assomme un de mes héros préférés... »

« -Non c'est bien. C'est une bonne journée. » Pensa la brune en haussant les épaules avec un sourire sarcastique dans sa tête.

En essayant de chasser cet incident de son esprit, Danielle se dirigea vers le gymnase principal où résidait normalement le bureau de l'entraîneur et potentiellement le capitaine.

Observant l'architecture du bâtiment de dehors, elle vit avec étonnement que c'était plutôt grand pour un gymnase. En grimaçant, elle espéra que Kuroko n'avait pas vu son visage ou l'oublierait ou…

Ses pas s'arrêtèrent en même temps que ces angoisses lorsqu'elle vit l'équipe principale jouer. La porte étant ouverte, elle pouvait voir un peu de de l'action de l'extérieur.

Sans savoir à qui s'adresser pour s'inscrire, elle demanda au premier individu qu'elle croisa.

Il lui sembla un peu agacé qu'elle lui parle mais il lui répondit quand même d'aller voir l'entraîneur en désignant une porte.


Nerveuse, Danielle inspira et expira une grande bouffée d'air. Cela ne faisait pas si longtemps donc Seijuro pourrait facilement la reconnaître, et même si ce n'était pas le cas…

« -Je suppose que ce ne serait pas si grave. On était assez petits après tout, mais ça ne fait qu'un an… »

L'entraîneur, qu'elle avait reconnu vaguement comme un vieil homme au visage sérieux lui avait simplement fait remplir une fiche en lui disant que puisqu'elle n'avait pas assisté aux tests de la rentrée, elle devrait rester dans le dernier groupe le temps des nouveaux tests le mois prochain.

Elle lui avait demandé si ceux-ci s'entraînaient ici et il lui avait répondu négativement en ajoutant qu'ils étaient dans le gymnase n°2 en lui indiquant le chemin.

En le remerciant, elle partit.


Danielle ne se sentait absolument pas déçue de ne pas avoir pu rencontrer Seijuro.

Absolument pas.

Absolument pas.

« -ABSOLUMENT PAS ! »

En passant dans le gymnase, la jeune fille, trop perdue dans ses pensées, ne fit pas attention aux regards qu'elle reçus.


Les propriétaires des regards étaient hésitants sur la présence de la brune dans le gymnase.

L'un était empli de curiosité, un autre de perplexité, et un autre de surprise et d'impatience.


Ce n'est qu'en arrivant dans le gymnase n°2 que Kei se rendit compte à quel point la période d'attente jusqu'au prochain examen serait longue.

En arrivant à Teiko, Danielle avait certaines attentes. L'une était évidemment de retrouver son meilleur ami, une autre était de pouvoir assister aux premières loges aux changements et à l'évolution des différents membres de la générations des miracles.

L'une des plus importantes en plus de ces deux-là étaient simplement de pouvoir s'amuser avec des adversaires avec qui elle pourrait rehausser son niveau.

« -C'EST TELLEMENT MORT. »

Danielle observa avec pitié plusieurs joueurs qui ne pouvaient même pas dribbler correctement, n'avait aucune expérience de tirs et étaient hésitants à la moindre attaque extérieure.

Ces premiers jours d'entraînement de son ancienne vie lui revinrent en mémoire, elle se vit à leur place, en train d'apprendre et de se faire écraser par l'expérience des autres.

« -D'un autre côté, ça pourrait être sympa. »

Partager son jeu et son expérience avec les novices pourrait être une bonne idée. Ils pourraient servir de test d'essai pour observer ses propres compétences en tant que « senpai » même s'ils ne savaient pas qu'elle était plus âgée.

Sans qu'elle ne s'en rende compte, la brune avait inconsciemment vu ces joueurs qui avaient besoin d'aide comme les futurs membres de la générations des miracles.

Eux aussi avaient eu besoin d'aide, de conseils, d'être guidé. C'était dommage que l'entraîneur ait été retiré avec un timing aussi mauvais pour eux.

Quand elle se rendit compte de cette association, Danielle essaya de se remémorer les épisodes de Teiko. D'après ses souvenirs, Aomine et les autres avaient encore plus sombré à ce moment-là et le nouvel entraîneur avait enfoncé la politique de jouer solo et seulement pour la victoire.

En soi, Kei pouvait comprendre pourquoi il l'avait fait mais le système n'était pas parfait et avait conduit son ami à dédoubler sa personnalité.

En y réfléchissant, la jeune fille mit une main sous son menton.

« -J'avais oublié, mais c'est vrai qu'il se fait un double. Est-ce que je devrais empêcher ça ? Dans un sens, cette nouvelle personnalité n'est pas vraiment mauvaise, elle répond juste au besoin de victoire de Seijuro. »

Kei savait qu'empêcher Murasakibara d'affronter l'empereur ne serait sans doute pas assez. Elle ne voulait pas penser que le « destin » se laisserait tranquillement faire. Danielle avait évité la mort à Shiori mais elle avait failli aller en prison. Ce n'était que grâce à Tobias que la famille était encore soudée.

En soupirant, elle continua à y penser jusqu'à ce qu'une voix attira son attention.

« -Bonjour, tu dois être la nouvelle élève ? »

Danielle se retourna vers la voix grave. Elle reconnut le professeur qui lui avait conseillé de vite trouver un club. Quelle belle coïncidence.

« -Bonjour. »

L'homme (Nda : je l'imaginais en Bon de Blue Exorciste) lui expliqua le programme et lui fit faire des échauffements et des étirements.

Finalement il lui donna un ballon et lui dit d'appliquer les consignes qu'il avait écrit au tableau.

Puis, il partit.

En se dirigeant vers ledit tableau, elle lut :

« -Cours groupe n°4 : Objectif : tirer, dribbler, défendre. »

« -D'accord. »

Commençant à s'exécuter, elle se mit à faire rebondir la balle en marchant lentement. Arrivée à une certaine distance, elle se mit en position et tira. Le ballon atterrit parfaitement dans le panier.

« -Ouah. Mais on est obligé de s'entraîner tout seul ? »

Kei secoua la tête en relevant le menton.

« -Non non non non non. Vas-y il n'y a rien de mieux de retravailler les bases ! »

En gardant le moral, Danielle se mit à bouger plus rapidement et à imaginer plusieurs adversaires qui lui barrait la route. En dribblant, elle les passa et en sautant tout près du panier, elle marqua.

Cette petite routine dura bien vingt minutes avant que Kei n'entende l'entraîneur crier pour qu'ils se rassemblent.

« -Vous êtes 14, mettez-vous par deux et divisez-vous sur les deux parties du terrain. Deux équipes vont s'affronter. Une seule action. Celui qui la rate sort et laisse le prochain groupe affronter les vainqueurs. »

Immédiatement, la jeune fille regarda timidement autour d'elle… pour s'apercevoir que la plupart des groupes étaient déjà fait. Les autres avaient eu une semaine pour se lier d'amitié alors très vite, elle se retrouva toute seule.

Mal à l'aise, elle s'apprêta à aller voir le coach lorsqu'elle vit qu'il n'y avait que douze personnes autour d'elle.

« -Bah… ? »

En fronçant les sourcils, elle observa le gymnase.

Soudainement, une idée lui vint et la brune se réprimanda. Sa mémoire lui avait décrit la manière dont la génération des miracles allaient plus ou moins sombrer mais il avait omis de lui faire connaître avant la position originale du sixième membre fantôme.

« -Le prof a dit qu'on était 14. DONC, soit le dernier est allé au toilette ou autre, SOIT… »

N'osant plus bouger de peur de faire une bêtise, elle réussit à ne faire que sursauter lorsqu'elle entendit la voix douce et tranquille d'un bleuté derrière elle.

Dans sa tête, un filet de sang coula de sa lèvre en ayant tenté de garder son sang-froid et freiner ses réflexes.

« -Pas… une… deuxième fois. » Se dit-elle à moitié dans sa tête, à moitié à voix haute.

En tournant son corps avec raideur, ses yeux rencontrèrent ceux de Kuroko Tetsuya.

En serrant ses lèvres, elle arriva difficilement à garder un masque de neutralité.

« -Salut… »

L'autre ne dit rien. Après quelques instants, il tendit la main en souriant timidement.

« -Prends soin de moi, s'il te plaît. »

La jeune fille eut beaucoup de mal à résister au visage mignon du collégien. En arrivant miraculeusement à garder son calme, elle lui fit un petit sourire en lui serrant la main.

Sa peau était douce mais elle retira rapidement sa main pour supprimer la tentation de faire quelque chose d'impoli.

La sensation resta cependant. En inspirant et expirant profondément, elle lui proposa de commencer.


En observant son partenaire, Danielle savait qu'il l'avait reconnu… et il savait qu'elle savait. Il n'avait cependant pas l'air trop mal en point, même après son coup de poing.

Heureuse de ne pas lui avoir fait de mal, elle mit plus d'ardeur dans leur match. Même avec le niveau novice du bleuté, il était vif et rapide donc ils n'avaient jamais perdu. Les autres n'étaient pas de taille contre elle mais elle s'assurait de ne pas jouer seule et de faire participer son partenaire.


Danielle avait complètement oublié sa déception de ne pas avoir vu Seijuro en jouant avec son… son… coéquipier. Après tout, elle aurait tout le temps de le chercher, ils avaient des années devant eux.

En attendant, elle se dirigea lentement vers Kuroko Tetsuya. Nerveuse jusqu'aux os, une de ses jambe était raide et refusait de fonctionner correctement, un peu comme si quelque chose s'y accrochait. L'autre jambe par contre se dirigeait vers le bleuté, ce qui lui faisait prendre une position un peu étrange.

La jambe fonctionnelle représentant le côté qui voulait se rapprocher de son héros, se lier d'amitié et l'autre jambe, celle qui ne voulait pas bouger, représentait son côté beaucoup moins confiant et qui avait peur du rejet.

Malgré le conflit interne et le chaos dans son esprit, Kei fit de son mieux pour garder une voix normale :

« -Ku... »

Pour ne pas bégayer, elle avala une gorgée de salive et prit une profonde inspiration lorsque leurs yeux se rencontrèrent.

« -Kuroko-kun, je me demandais si par hasard, tu voudrais, enfin si ça t'intéresserait de prendre… d-de faire quelque chose après les cours. Je veux dire, ensemble. Tu vois ? Puisqu'on est coéquipiers, tout ça… »

Fort heureusement, au cours de l'année, elle avait fait de son mieux pour supprimer entièrement ses tics nerveux et fit de son mieux pour rester calme en attendant la réponse de l'autre.

« -J'en serais ravi. » dit-il avec un micro-sourire.

Sans qu'elle puisse s'en empêcher, son masque de neutralité se brisa un peu. Un sourire éblouissant éclata sur son visage et ses yeux s'illuminèrent.

« -Ok ! Hum… Je vais me changer, et…

-Je t'attends dehors.

-D'accord, merci ! »


Les propriétaires des paires d'yeux qui avaient vu Danielle sortir du gymnase lors de leur entraînement se souvenaient parfaitement de leur rencontre respective avec Nakamura Kei lorsqu'ils étaient encore enfant.

Leurs yeux l'avaient instinctivement repérés lorsqu'elle était entrée dans leur gymnase.

Cependant il leur avait fallu du temps pour se remémorer qui était « ce garçon » et pourquoi ils avaient l'impression de « le » connaître.

La réponse leur vint et leur cœur rata un battement en se souvenant de d'admiration, de l'excitation et de l'adrénaline que cette personne avait provoquées en eux.

Ils n'iraient jamais jusqu'à dire que Kei était un héros à leurs yeux, non quand même pas, mais ils devaient bien admettre que c'était leur objectif de dépasser son niveau, quel qu'il soit et de pouvoir la regarder droit dans les yeux avec fierté. Ils avaient été en quelque sorte inspirés en la voyant jouer, en la voyant gagner, et ils voulaient la surpasser, surpasser l'image qu'ils avaient vu. L'ange qui avait sauté devant eux, qui les avait écrasé avec force par sa passion et son expérience.

Ils voulaient briller autant, voire plus.


« -Ton amie, Nakamura Kei est rentrée au Japon ce weekend. » annonça la voix grave d'Akashi Masaomi alors qu'il mettait délicatement un morceau de poulet dans sa bouche.

Le sentiment que Seijuro ressentit fut violent, soudain et invasif. Un tourbillon de pensées et de sentiments vola dans sa tête et dans son cœur. Immédiatement, il n'avait plus l'impression qu'une seule année s'était écoulée mais qu'une éternité de vide venait de prendre fin en une seconde.

Il remercia mentalement son père d'avoir attendu qu'il finisse la bouchée qu'il était en train de mâcher. Ses couverts suspendus dans leurs gestes, il laissa son esprit s'éloigner une seconde en jetant un coup d'œil sur son poignet où reposait la montre aux motifs de basket que lui avait donné son amie il y a longtemps le jour de ses 6 ans. Tous les sentiments qu'il avait ressenti pendant cette année d'absence et spécialement durant le dernier jour où il l'avait vu.

Tout ce qu'ils avaient partagés.

Ses propres moments de regret et de tristesse ressurgirent.

Ses résolutions lui revinrent également en mémoire. Il s'était promis de s'excuser. Il s'en souvenait.

Le collège Teiko était grand, mais pas suffisamment pour qu'il ne puisse pas la trouver.

Ce serait facile pour lui.

« -D'accord. »


Shiori et Masaomi n'étaient aucunement dupes par cette réponse simple, brève et paraissant désintéressée. Ils voyaient avec clarté les sentiments qu'avaient provoqué cette nouvelle dans les yeux de leur fils. Il n'y avait aucun doute sur le fait que l'absence de sa meilleure amie avait causée pendant un temps, et même peut-être encore jusqu'à maintenant, une vie à demi-vécue. Certes il continuait de sourire et de rire sincèrement, de vivre sans plus de regret qu'il l'avait fait durant les premières semaines du départ, mais cette année représentait un long moment de solitude, de manque d'air et de l'amour de la jeune fille.

Une étincelle couleur or venait de briller dans les yeux de leur fils, une étincelle qui avait disparue depuis le départ de Nakamura Kei.

Les deux parents avaient gravement sous-estimé l'impact émotionnel qu'avait eu Danielle sur leur fils. Ils s'en étaient vivement inquiétés et avaient essayé par tous les moyens de remplir le vide dans son cœur.

En soi, ils avaient en parti réussi car Kei avait laissé Seijuro prendre confiance en lui et être plus sociable, plus fort, s'acceptant lui-même et ne plus faire attention au regard des autres. Cette séparation lui avait permis de relever suffisamment la tête pour devenir meilleur.

La nouvelle de son arrivée sembla l'entraîner à nouveau dans un délicieux bonheur, et se faire envoler tout sentiment négatif, mais Shiori ne pouvait pas s'empêcher d'être nerveuse et craignit que la situation ne devienne incontrôlable. Elle avait peur que son fils ne se laisse submerger et contrôlé par ses émotions. Elle avait peur. Ce que ressentait son fils pour cette jeune fille semblait un peu trop fort pour son âge.

Masaomi soupira mais ne dit rien. Il s'était promis de ne rien faire pour les séparer mais le regard sur le visage de son fils l'inquiéta, non seulement pour les mêmes raisons que son épouse, mais également pour Kei. Shiori n'avait pas été sa première amie, puis petite-amie, d'autres s'étaient risquées et y avait laissé des plumes. Il ne voulait pas que la petite fille se blesse davantage au contact de sa famille… plus qu'elle ne l'avait été dans le passé.

Quoi qu'il en soit et malgré tout ce qui pourrait arriver, bon ou mauvais, Masaomi soutiendrait son fils.

Si les deux parents avaient des pensées qui s'accordaient, ils ne savaient pas que leur détermination pour protéger leur enfant était différente.

Si Masaomi apporterait son soutien pour tout ce que voudra Seijuro, Shiori apporterait ce dont Seijuro aurait besoin.


NDA : VOILA ! J'espère que je n'ai rien oublié. Je vous remercie d'avoir lu jusque-là et je vous invite à laisser un commentaire pour ce retour fabuleux de Kei ! :)