& Bonjour my dears ! :) Je l'avais proposé, on l'a réclamé, il est là ^^ Voilà, donc le premier OS de ce recueil ! Un petit point sur son titre ... Fifty Shades of Her, pas parce que je suis fan de l'épopée du quasi même nom mais parce que j'ai l'intention de vous montrer une nuance différente de Regina dans chaque OS :)
Je vous promets absolument rien pour le rythme de publication, ça dépend de mon autre fic et du temps qu'il me reste mais j'en ai une bonne trentaine comme ça qui attendent d'être revisitées ^^
Bonne lecture ;)
I – Business Woman.
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Jeune héritière d'un empire qui ne l'intéresse pas, la vie d'Emma va basculer le jour où elle croise le chemin de Regina Mills, la puissante et impitoyable femme d'affaires dont la famille s'est apparemment vouée à détruire la sienne.
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Contrairement à ses parents qui lui avaient toujours répété à quel point leur vie avait été gâchée par des manias de l'industrie, Emma avait toujours trouvé leur existence trop belle. Trop belle pour être vraie parfois. Un manoir à l'extérieur de la ville, un immense jardin, des écuries, des chiens de chasse, les dimanches à la campagne, les domestiques ... Toute jeune elle avait commencé à développer un rejet pour tous ces artifices. Elle avait refusé les amis qu'on lui présentait, refusé les robes et les soirées entre gens " de la haute " ... Alors ses parents avaient réagi, supprimé les petits plaisirs qu'elle avait eu l'habitude de s'offrir et interdit les sorties. Ils n'avaient certainement pas prévu qu'elle soudoierait ses professeurs particuliers pour échapper aux cours qui ne l'intéressaient pas et passer des journées à traîner en ville.
Et si elle avait d'abord innocemment exploré les centres commerciaux, les musées et les monuments historiques, elle s'était bien vite laissée tenter par autre chose. Les boîtes de nuit, les salles de sport, les clubs privés où on fumait et se droguait ... Elle avait même atterrit en prison après une mésaventure avec un petit ami qu'elle considérait comme sa seule erreur de jugement jusque là. Evidemment ses parents étaient intervenus et quelques heures plus tard elle était barricadée dans sa chambre. L'interdiction d'en sortir s'était éternisée et si elle s'était montrée patiente les premiers jours, peut être un peu honteuse des vols qu'elle avait commis pour le simple frisson de la chose, elle s'était bien vite lassée d'attendre leur pardon.
Alors elle s'était remise à sortir, plus discrètement. Moins longtemps et avec des personnes de confiance, des personnes qui ne donneraient pas son nom au premier officier de police pour ne pas être jetées en cellule.
Des personnes comme Belle.
- Alors ? Ce soir ?
Sous ses airs de sainte-nitouche, la jolie bibliothécaire avait été une alliée de choix ces derniers mois où l'isolement avait été plus intense qu'avant. Sous prétexte de lui procurer de la lecture, la petite brune avait passé de nombreuses heures avec elle. Elle avait écouté sa folle histoire d'amour avec un homme d'affaires beaucoup plus âgé et richissime qu'elle devait cacher à ses parents et les deux jeunes femmes s'étaient liées d'amitié sur leurs nombreux points communs. Après quelques entretiens, Emma avait même obtenu de sa part le soutien nécessaire pour refaire ses premiers pas en ville, accompagnée, bien sûr. Ses parents avaient poussé le vice jusqu'à employer un garde du corps qui avait jusque là systématiquement empêché ses escapades.
- Tu sais très bien que je ne peux pas Belle ... L'autre empoté va encore me cramer.
Elle avait presque perdu son esprit de rébellion ...
- Et si je te disais que j'ai quelque chose qui pourrait le distraire ?
- Quelque chose comme quoi ? demanda-t-elle intéressée malgré elle.
- De quoi lui faire faire une nuit complète jusqu'à demain matin sans ouvrir un oeil.
- Qui t'a refilé de la drogue ? C'est ton mec ? Tu lui as dit pour quoi c'était ?!
- C'est pas de la drogue, ce sont de ... puissants somnifères. Et non, il n'a pas posé de question.
- Il est vraiment louche.
- Pas tant que ça et d'ailleurs ce soir si tu viens tu le rencontreras.
- Comment est-ce que tu comptes lui faire faire avaler ça ?
- Et bien ce soir tes parents ne sont pas là donc ça veut dire que c'est lui qui nous surveillera. On reste dans le salon un long moment, je fais du thé, on lui propose une tasse et le tour est joué.
- Et s'il n'en veut pas ?
- Il en voudra.
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Il en avait voulu. Effrayées d'avoir à le traîner jusque dans un lit, elles avaient prétendu s'endormir sur un des canapés de la salle de cinéma dont était équipée le sous-sol. Les yeux mis-clos, elles avaient attendu patiemment d'entendre ses premiers ronflements depuis le fauteuil où il s'était installé pour les surveiller. Et puis ça avait été la ruée vers les escaliers pour monter jusqu'au deuxième étage où elles avaient préparé des tenues pour la soirée.
- C'est pas trop ... Trop ? s'assura-t-elle une dernière fois auprès de la brune en s'observant dans un miroir.
Elle était frileuse et il faisait bien trop frais pour qu'elle sorte une de ses robes fétiches, elle avait donc enfilé un pantalon en cuir noir et un chemisier Yves Saint Laurent de la même couleur, piqué ça et là des initiales de la marque en un rouge profond assorti aux escarpins qu'elle tenait à la main. Hors de question qu'elle les enfile avant d'être arrivée à la soirée.
- Mais non ! la rassura son amie qui avait enfilé une petite robe bleue marine.
Elles durent quitter discrètement le manoir. Si ses parents avaient employé un seul garde du corps pour la surveiller, elle avait appris qu'ici les murs avaient des oreilles et beaucoup des domestiques qui étaient passé à leur service avaient été prêts à échanger quelques renseignements contre une prime. Elles longèrent donc le mur de la battisse jusque dans le jardin et à l'orée du parc, s'enfonçant entre les arbres et jusqu'à la cabane du jardinier qui abritait son plus grand trésor.
La coccinelle qu'elle avait volée avec Neal n'avait pas le panache de la mustang que ses parents lui avaient offert pour ses dix-neuf ans, mais elle avait l'avantage de ne pas être contrôlée tous les jours pour relever le nombre de kilomètres affichés au compteur. Elle pouvait aussi aller aussi vite que le lui permettait le petit moteur sans risquer une amende puisque les plaques étaient fausses.
- Allez démarre s'il te plaît ma belle, supplia-t-elle la Volkswagen qui crachotait dans le vide.
Cela faisait presque deux mois qu'elle ne l'avait pas prise et si Belle s'était assurée de la faire tourner de temps en temps, la petite voiture avait mal vécu un tel abandon. Pourtant elle finit par démarrer dans un vrombissement qui déchira la nuit jusque là calme autour d'elles.
- Putain elle fait un boucan ...
- Ouais je sais, on peut pas tout avoir hein ...
Guidée par la jeune brune, elle avait navigué sa petite citadine dans les rues de la ville et jusqu'à un imposant manoir qui devait certainement appartenir à des gens aussi riches - voire plus - que ses parents. Presque gênée, elle s'était garée entre une Mercedes et une Aston Martin en prenant le plus grand soin du monde à ne pas railler la moindre carrosserie lorsqu'elle s'était extirpée du véhicule en enfilant enfin ses Prada rouges qui lui assuraient un équilibre précaire dans les graviers de l'allée.
- Nous sommes avec Monsieur Gold, annonça sans problème son amie au videur qui les accueillit sur le seuil.
Le regard terne, l'armoire à glace les toisa de longues secondes avant de s'adresser en russe à son talkie-walkie. Il y eut un moment de silence durant lequel Emma ne put s'empêcher de lever les yeux au ciel. Si elle avait pu donner son nom de famille, elle était quasiment certaine que personne ne les aurait fait attendre nulle part.
- C'est bon, finit-il par dire en les invitant à rentrer d'un signe de la tête.
A l'entrée elle refusa de confier son blouson en cuir rouge à qui que ce soit, préférant attendre que Belle se débarrasse de son trench Burberry auprès d'une jeune fille qui ne devait pas avoir quinze ans.
- Tu es sûre qu'ils sont réglos là dedans ? ne put-elle s'empêcher de demander, peu désireuse de retourner derrière les barreaux.
- Plus ou moins ...
- Plus ou moins ?!
- Relax Emma, tout est sous contrôle, il y a des gens que personne n'oserait déranger ici.
- Si tu le dis.
Elle avait à peine réussi à arrêter un des serveurs pour obtenir une coupe de champagne lorsqu'elle fut entraînée vers le centre de la pièce par son amie. Après qu'elle ait pris sa première cuite à une soirée caritative, ses parents ne l'avaient plus amenée avec eux en société mais elle avait toujours peur que quelqu'un la reconnaisse. Que se passerait-il si quelqu'un la voyait et en parlait à ses parents ? Eux qui avaient déjà menacé de l'envoyer à l'autre bout du pays dans une université tenue par des nonnes pour finir ses études ...
- Belle !
L'appel la fit sortir de sa torpeur. L'homme qui venait d'attirer leur attention était le centre d'un petit groupe d'hommes et de femmes qui avaient l'air aussi pompeux qu'ennuyants mais quelque chose dans son regard trahissait une malice qui l'intrigua. C'était le fameux Gold à n'en pas douter. Et elle qui s'était attendue à ce qu'il se montre peu démonstratif en public fut surprise de le voir l'attirer à lui pour l'embrasser avant de la garder prisonnière à ses côtés d'un bras fermement passé autour de sa taille.
- Et vous êtes l'amie dont ma Belle m'a parlé, n'est-ce pas ?
Il savait qui elle était. Elle pouvait le voir à l'éclat de son sourire en coin, la façon dont il lui tendit la main en faisant semblant de lui demander son nom.
- Miss Swan, mentit-elle pourtant facilement.
C'était le nom qu'elle avait toujours donné à l'époque où elle sortait régulièrement.
- Enchanté de vous rencontrer enfin.
- Moi aussi, j'ai beaucoup entendu parler de vous.
Elle se raidit lorsqu'il se pencha un peu plus sur elle pour un murmure qui la fit frissonner d'appréhension.
- Votre secret est en sécurité avec moi Emma.
Elle ne lui répondit pas, attendant qu'il s'écarte pour lui adresser un faux sourire. Elle n'avait pas envie de rester à ses côtés, pas envie de passer la soirée avec eux. Elle avait vu des gens rejoindre une piscine à l'extérieur où un DJ était en train de faire danser une dizaine d'invités à moitiés saouls. Elle ne se jetterait pas à l'eau mais aller danser au milieu d'inconnus la tentait bien. Belle l'avait remarqué et lui adressa un sourire compatissant, une autorisation d'aller batifoler à sa guise.
- Si je t'ai pas retrouvée d'ici là, rendez-vous à la caisse à trois heures, la prévint son amie.
- Parfait !
Elle avait tourné les talons avant même d'avoir fini de prononcer les deux syllabes mais dans son empressement elle manqua renverser l'intégralité de son verre de champagne sur quelqu'un. Une poigne de fer la retint de justesse et elle observa avec horreur le liquide gazeux aller s'écraser sur le sol en marbre à quelques centimètres des Louboutins. Elle ne savait pas pourquoi elle avait peur lorsqu'elle releva les yeux vers la femme qui s'était figée à quelques centimètres d'elle. Peut-être parce qu'autour d'elle tout le monde semblait avoir retenu sa respiration dans l'attente de ce qui allait se produire.
L'inconnue devait avoir une trentaine d'années, des cheveux courts et bruns coiffés à la perfection malgré la mèche soyeuse qui semblait être tombée un peu trop près de ses yeux sombres dans la précipitation du geste qu'elle venait d'avoir. Le temps s'arrêta quelques secondes encore durant lesquelles Emma ne put s'empêcher de dévorer du regard le visage parfait, les pommettes hautes, les lèvres pleines et la cicatrice qu'elle rêvait déjà de sentir sous sa langue. Elle n'était pas prête à la vague de désir qui l'étouffa, répandant une traînée de feu dans son corps avant d'aller s'écraser entre ses jambes. Gênée, elle se força à baisser le regard, détaillant sans faire exprès les formes mises en valeur par une robe noire presque stricte mais qui parvenait à rendre d'autant plus désirable celle qui la portait.
- P...Pardon, balbutia-t-elle la voix enrouée quand elle releva les yeux, trouvant ceux qui ne l'avaient pas lâchée.
Il y avait une lueur dangereuse dans les deux perles d'un brun profond qui la dévoraient.
- Vous devriez faire attention, un peu plus et vous me deviez six cent dollars.
Parlait-elle toujours avec une voix aussi basse et chaude ?
- Oh laissez-la Majesté, elle est juste un peu étourdie.
Majesté ?! Il y avait intérêt à ce que le titre ne soit qu'un surnom sinon elle méritait vraiment une médaille d'or pour sa maladresse légendaire. L'intéressée mit quelques secondes encore avant de détacher son regard pénétrant d'elle et de reporter son attention vers l'autre.
- Gold ... Je cherchais Graham.
- Une seconde. Graham !
La nouvelle arrivée ne lui avait toujours pas lâché le bras pendant qu'elle attendait avec un faible degré de patience que l'intéressé réponde à l'appel et si sa poigne de fer s'était adoucie son effet était tout aussi paralysant. Le simple contact lui donnait l'impression d'irradier dans tout le restant de son corps qu'elle pouvait presque sentir bourdonner de désir. Une première.
Elle eut un hoquet de surprise en reconnaissant l'homme qu'on avait appelé. Graham était apparemment le prénom du directeur des services de police de la ville. Quelqu'un qu'elle avait vu en grande conversation avec ses parents le jour où elle avait été sortie en hâte de la cellule dans laquelle on l'avait jetée après son arrestation. Il fallait qu'elle parte. La panique était en train de remplacer l'agréable sensation qui l'avait envahie à l'arrivée de la brune.
Le geste qu'elle entama pour fuir fut presque immédiatement stoppé par l'étau qui se resserra à nouveau sur son avant-bras.
L'espace d'un instant elle faillit prendre peur. Il y avait quelque chose qui ressemblait à de la furie dans les yeux presque noirs. Cette femme n'avait pas l'habitude qu'on la contredise ou qu'on lui dise non devina-t-elle à la façon dont tout son être semblait briller d'une aura autoritaire. Et là tout de suite, elle n'avait apparemment pas envie qu'elle parte.
- Je suis désolée, je dois y aller.
Elle n'était pas fière de la panique qu'elle laissa filtrer dans le son de sa voix ni du frisson qui agita sa colonne vertébrale quand le regard intense fouilla à nouveau le sien en quête d'une réponse à elle ne savait quelle question. Emma crut sérieusement qu'elle allait défaillir lorsqu'elle la vit humecter ses lèvres du bout de sa langue avec un air songeur. La vision la frappa en plein coeur, provoquant une embardée qui la rendit encore plus agitée qu'elle ne l'était déjà.
- Gina ! appela-t-on.
Un dernier regard enveloppant et l'instant d'après la terre se remit à tourner lorsque l'inconnue la lâcha pour la laisser s'enfuir en courant presque vers la première sortie.
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Bon sang qu'est-ce qu'il lui avait pris ? Elle avait vécu des dizaines d'histoires déjà ... Au grand dam de ses parents, Emma avait enchaîné les relations avec des hommes qu'elle rencontrait partout et nulle part. Les femmes étaient venues après. Après Neal, lorsque aveuglée par la colère elle avait cru comprendre que les hommes n'étaient que d'abjectes créatures qui ne leur arrivaient pas à la cheville. Bien sûr elle avait tort, les hommes biens existaient, son père en était un exemple parfait, n'est-ce pas ? Mais depuis elle n'avait tout simplement pas croisé la route d'un homme qui l'avait intéressée. Mais elle n'avait jamais non plus croisé quelqu'un comme cette femme.
Gina ... C'était un diminutif certainement. A moins que ce soit un surnom comme l'avait été le " Majesté " ? A moins qu'elle soit vraiment Reine ? Reine de quoi ? Les questions qui se bousculaient la firent rire. Elle ne l'avait pas croisée plus de deux minutes et cette Gina avait réussi à la bouleverser plus que quiconque jusque là. La bouleverser ? Nan, c'était un euphémisme. Elle avait éprouvé un désir qu'elle ne pensait même pas imaginable et ce dès le premier regard ... C'était ça un coup de foudre ? La notion la fit à nouveau ricaner dans son troisième verre de champagne.
Penchée au dessus de la rambarde de l'immense terrasse, noyée dans la mer des invités, elle se surprit à avoir un vertige. Pourtant les hauteurs ne lui faisaient pas peur et il lui fallait bien plus qu'un peu de champagne pour être saoule. Non, c'était encore un effet secondaire de cette rencontre et de la panique qui l'avait soudain envahie à l'idée qu'on puisse la découvrir.
- Un autre verre ?
Le jeune homme qui venait de l'approcher lui arracha un sourire. Lui, était définitivement en état d'ébriété.
- J'espère que vous ne conduisez pas, ce ne serait pas prudent dans votre état.
- La soirée vient à peine de commencer, j'aurais vidé mon estomac plusieurs fois avant de reprendre ma voiture ne vous inquiétez pas ...
- Vous savez que l'alcool est dans le sang, pas dans l'estomac hein ? se moqua-t-elle gentiment.
- Possible. Ou alors je peux vous passer les clefs de ma voiture et vous me raccompagnerez chez moi ?
- Non, merci, j'ai déjà ma voiture et je ne suis pas intéressée, se força-t-elle à répondre en restant agréable.
- Mais moi j'ai une Porsche, sembla-t-il vouloir la tenter.
- C'était un non.
Ce n'était pas elle qui venait de parler et la voix qu'elle n'eut aucun mal à reconnaître venait de faire pâlir le jeune homme qui l'avait abordée. Et ça n'avait pas l'air d'être du à l'alcool. Non, il avait plutôt l'air d'être mort de peur à l'idée de subir la moindre remontrance.
- Est-ce que je vais devoir me répéter ?
Elle l'avait vue toute à l'heure. L'autorité raisonnait à nouveau mais comme une menace cette fois. Mais qui était-elle ?!
Ravie de ne pas être l'objet du soudain courroux de la brune, la jeune femme se contenta d'observer l'échange avec un sourire qu'elle retenait tant bien que mal. La panique qu'elle avait ressentie toute à l'heure était progressivement en train de muer en quelque chose d'autre à mesure qu'elle se ré-imprégnait de la présence de la nouvelle arrivante et elle vida d'un trait le restant de sa flûte de champagne.
- C'est donc ici que vous étiez venue vous cacher ? s'enquit-elle lorsque le jeune homme eut fui.
- Je ne me cachais pas, répondit-elle en gardant le regard rivé sur la rue en contrebas.
- Regardez-moi.
Elle obéit sans chercher à comprendre pourquoi, notant que les yeux sombres étaient à nouveau en train de la dévorer. Ressentait-elle la même chose qu'elle ou regardait-elle tout le monde avec la même intensité ?
- Comment vous appelez-vous ?
- Miss Swan. Et vous Majesté ?
- Majesté suffira si vous ne voulez pas me donner votre véritable nom.
Comment savait-elle qu'elle mentait ? L'avait-elle reconnue ? Pourtant elle se serait souvenue de l'avoir déjà croisée.
- Vous êtes seule ? reprit-elle parce qu'apparemment elle n'avait aucune honte à relancer elle même la conversation là où elle voulait qu'elle aille.
- N... Non, je suis venue avec Belle, la ... la petite amie de Monsieur Gold ?
- D'accord, mais ce n'était pas ma question.
- Oh !
Pourquoi aurait-elle voulu savoir si elle était seule ? Parce qu'elle ressentait définitivement la même chose qu'elle ? Emma avait presque du mal à y croire, du mal à respirer aussi lorsque la brune se rapprocha encore d'elle.
- Miss Swan, je ne suis pas montée sur le toit de cette maison pour assister à un numéro de mime. Fermez cette jolie bouche et répondez-moi.
Elle obéit, resserrant la mâchoire que la réalisation avait entrouverte.
- Non, lâcha-t-elle.
- Comment ça non ? répéta l'autre avec une contrariété déçue parce qu'apparemment elle n'était vraiment pas habituée à ce que les choses ne se passent pas comme elle le voulait.
- Non, je veux dire ... Je n'ai personne.
- Tant mieux, déclara-t-elle cette fois avec un sourire diplomatique qui laissait à penser qu'elle aurait presque trouvé dommage de devoir se débarrasser de toute concurrence.
- T...Tant mieux pour quoi ?
- A votre avis ? Pourquoi quelqu'un comme moi serait venu jusqu'ici ?
- Quelqu'un comme vous ?
- Vous ne savez pas qui je suis ?
- Ne me dites pas que Majesté n'est pas un surnom ? paniqua-t-elle.
La question lui valut un rire qui se dirigea droit entre ses jambes.
- Vous allez devoir m'excuser Miss Swan, nous prendrons le temps de nous connaître plus tard.
Quelque chose tomba le long de sa gorge, le poids d'une déception qui alla s'écraser dans son estomac mais la seconde d'après la brune avait comblé l'espace qui restait entre elles.
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Si elle avait eu l'impression que le temps s'était arrêté lorsqu'elle avait posé les yeux sur elle la première fois, il avait tout simplement cessé d'exister à la seconde où elle s'empara de ses lèvres. Il n'y eut aucune place faite à la moindre protestation, une langue trouvant presque immédiatement la sienne en une caresse qui la fit fondre contre le métal de la rambarde qui la soutenait. Les mains se jetèrent sur les corps plaqués l'un contre l'autre et elle se demanda comment elle avait pu croire que l'attraction n'était pas mutuelle. Un seul baiser et elle avait l'impression que cette femme était en train de la tuer et de la faire vivre pour la première fois aussi.
Les ongles qui glissèrent le long de son flanc gauche finirent leur course entre ses jambes et elle ne parvint pas à retenir le gémissement que provoqua la main qui s'était refermée sur elle. Moulée dans son pantalon en cuir, elle se sentait en feu. Les yeux maquillés d'un simple trait d'eye liner la dévoraient toujours sous le couvert des longs cils et ses hanches sautèrent sans son accord quand deux doigts appuyèrent avec une précision mortelle là où elle avait déjà rêvé de les sentir. Elle allait vite en affaires. Très vite. Mais Emma ne parvenait pas à trouver quelque chose à y redire.
- Bordel, souffla-t-elle contre le cou où elle avait fait glisser sa bouche.
- Je sais que vous avez dit à ce jeune homme toute à l'heure que vous aviez une voiture, mais est-ce que prendre la mienne vous tenterait plus ?
Comment arrivait-elle à parler ? Comment espérait-elle pouvoir lui soutirer une réponse cohérente quand ses doigts continuaient leur torture ? Elle était trempée, pouvait sentir le string qu'elle avait enfilé à la va-vite se liquéfier sous les assauts sans gêne. Et dire qu'autrefois elle avait regardé d'un œil noir tous ces couples qui manquaient s'envoyer en l'air devant tout le monde en soirée ... C'était exactement ce qu'elle était en train de faire. Bien sûr la main qui travaillait entre ses jambes avait habilement été dissimulée par le corps qui avait épousé le sien mais quiconque y aurait regardé à deux fois aurait su.
- Dites moi oui, la supplia - lui ordonna - la brune.
- Je ... Je dois rentrer chez moi après et je ne peux pas partir sans mon amie.
Elle était assez fière d'avoir pu prononcer la moindre réponse intelligible mais le grondement contrarié qu'elle entendit dans son oreille manqua lui faire perdre ses moyens. Elle était au bord de l'orgasme réalisa-t-elle avec stupeur.
- Mais vous avez envie de moi n'est-ce pas ? Vous êtes trempée, je peux le sentir.
- Oui, avoua-t-elle immédiatement sans prendre le temps d'avoir honte.
Son manque de pudeur parut faire perdre pied à l'inconnue dont les doigts se mirent littéralement à faire de la magie. La pression s'était intensifiée et les mouvements presque désordonnés se firent urgents. Les dents serrées elle retint le cri qui s'était faufilé jusque dans sa gorge quand son corps entier se tendit sous l'emprise de l'orgasme qui la déchira.
- Oh mon dieu Miss Swan ...
En face d'elle la fautive s'était figée, presque comme si elle avait du mal à croire ce qu'elle était parvenue à faire. Ses grands yeux sombres la détaillaient avec un désir évident et cette fois lorsqu'elle sortit sa langue pour humecter ses lèvres, elle put distinctement l'imaginer entre ses jambes. La simple pensée la fit tressaillir sous l'œil attentif de la brune.
- On oublie la voiture Miss Swan, on va vous trouver un coin tranquille ici.
- Ah oui ? demanda-t-elle à bout de souffle.
- Oui, lui confirma-t-elle contre ses lèvres. Je suis plutôt connue pour être douée dans ce que je fais Miss Swan ... Et en affaires comme ailleurs, s'il y a quelque chose que je déteste souverainement c'est qu'on me vole le mérite de quelque chose.
- C'est quoi le rapport ?
- Le rapport c'est que si je ne m'abuse je viens de vous faire jouir et vous, vous m'avez volé le droit d'en profiter.
Le ton autoritaire avait fait son retour et elle ne fut pas surprise de découvrir ce que sa toute nouvelle amante venait de lui dévoiler. Elle ne pouvait pas l'imaginer autrement que triomphant de tout ce qu'elle entreprenait.
- Alors il va falloir trouver une chambre Miss Swan et me laisser vous déshabiller parce que la prochaine fois que vous ferai jouir sur mes doigts je veux pouvoir vous entendre crier mon nom.
Cette fois elle gémit ouvertement juste avant que les lèvres pulpeuses ne s'emparent à nouveau des siennes en un baiser exigeant.
- Mills !
L'appel fit se tendre la brune contre elle et elle fut plaquée un peu plus étroitement contre la rambarde comme pour lui donner l'ordre tacite de ne pas bouger lorsqu'elle se détacha d'elle avec un grondement frustré.
- Quoi ?
- Je vous cherchais partout. J'ai le Maire en ligne pour vous.
- Je ne suis pas disponible.
Le Maire ? Pas disponible pour le Maire ?
Mills ?
ReGina Mills ?! réalisa-t-elle et ce fut à son tour de se tendre. Regina Mills ... Elle venait d'embrasser Regina Mills. Regina Mills venait de la faire jouir comme une adolescente inexpérimentée sur un toit terrasse au milieu d'une bande d'alcoolique.
Il fallait qu'elle parte. Tout de suite. Oubliant Belle qui comptait sur elle pour rentrer, oubliant l'ordre qui venait de lui être donné, oubliant le désir qui rongeait encore tout son être, la blonde bondit hors de l'étreinte dans laquelle elle était encore prisonnière.
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Elle ne s'était pas retournée lorsqu'elle avait entendu la voix encore rauque de désir l'appeler, elle n'avait même pas tenté de retrouver Belle pour la prévenir de son départ précipité et elle avait roulé pied au plancher jusque dans la propriété qui lui appartiendrait bientôt.
Ses parents étaient rentrés le lendemain et pour la première fois de sa vie, elle s'était presque sentie honteuse de ses actions. Personne n'avait appelé pour prévenir de son escapade, personne ne l'avait donc reconnue mais l'expérience avait suffi pour la dissuader de retenter le coup. Deux semaines durant elle n'était pas sortie, allant à peine courir en forêt avec son garde du corps. Elle avait vu la surprise et la suspicion de ses parents. Mais elle n'avait pas bougé, menti à Belle lorsqu'elle avait voulu savoir ce qu'il s'était passé, inventé un prétexte ridicule sur une nausée insupportable ...
L'automne allait s'achever et la coccinelle n'avait toujours pas bougé.
- Tout va bien Emma ?
- Bien sûr, pourquoi ?
- Je ne sais pas tu as l'air ... Mélancolique ces derniers temps chérie.
Son père semblait plus inquiet que d'habitude, au point d'ignorer le journal des finances qu'il avait commencé à lire mais abandonné à force de voir sa fille debout près d'une fenêtre comme une veuve éplorée attendant le retour du soldat parti à la guerre.
- Je ne sais pas ... J'ai grandi, je crois, mentit-elle.
La réponse le fit carrément plier son journal et elle l'observa du coin de l'oeil croiser ses jambes et ses bras en une posture qui laissait à penser qu'elle allait devoir subir un laïus.
- Je veux que tu sois heureuse, lui répondit-il à la place.
- Tu crois que je ne le suis pas ?
- Je ne suis pas bête. Je sais que cette vie ne te convient pas. Mais tu dois comprendre que ce que ta mère et moi avons bâti ... Nous nous sommes tellement battu que ... Ca fait mal de penser que tu ne t'y intéresses pas.
- Je m'y intéresse, mentit-elle à nouveau.
En vérité elle n'aimait pas le monde des finances, ni la politique, ni le droit ... Elle aimait l'action, les gens, l'aventure. Rien de tout ce que sa famille pouvait lui offrir.
- Redis moi pourquoi est-ce que nous détestons tant les Mills ?
C'était une question qu'elle avait répété des centaines de fois dans sa tête. Comment la poser sans qu'on la soupçonne de quelque chose ? Mais aujourd'hui alors que l'occasion ne s'était jamais présentée, elle venait de lui tomber dessus comme un cadeau du ciel.
- Enfin Emma ... Tu le sais, ta mère ne parlait que de ça à une époque.
- J'ai oublié.
Ça, ce n'était pas un mensonge.
- Cora Mills a brisé le couple de tes grands parents. Elle s'est servie de leur divorce pour s'approprier les trois quarts des entreprises qu'ils avaient créées ensemble. Nous avons énormément perdu d'argent et ... On est passé à deux doigts de la faillite. Nous aurions tout perdu.
- Mais ça ne s'est pas passé.
- Non, parce que ta mère s'est battue comme une lionne.
- Et aujourd'hui ?
- Comment ça aujourd'hui ?
- Les Mills. Ils sont toujours beaucoup plus puissants que nous ?
- Ils ont bâti un empire très important Emma et leur fille, Regina, est pire que sa mère.
- Pire que Cora ? s'insurgea-t-elle malgré elle.
- Elle a repris toutes les affaires maintenant. Le Maire lui mange dans la main, la police aussi ... Si tu t'intéressais un peu plus aux journaux que je lis tu verrais que ce n'est pas la première fois qu'elle n'hésite pas à détruire de petites entreprises pour les absorber.
Donc elle s'était mise à lire des journaux économiques. Ennuyée mais à la recherche du moindre article qui pourrait lui donner une idée de qui était vraiment cette femme qu'elle ne parvenait pas à s'arracher de la peau.
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Le mois de novembre arrivait à son terme et son intérêt tout nouveau pour les finances n'avait pas échappé à ses parents. Et si ils avaient tendance à crier au miracle, elle dut supporter des cours supplémentaires d'économies, de lois du marchés qui ne l'intéressaient que lorsqu'elle parvenait à arracher une information sur la fameuse Regina Mills à ses professeurs.
- On s'intéresse à la concurrence ?! avait plaisanté l'un d'eux.
- Il faut savoir être proche de ses amis et encore plus proche de ses ennemis non ? avait-elle répondu, fière de sa réplique.
Bien sûr la petite pique avait été répétée à ses parents et ils s'étaient montrés encore plus fiers qu'elle, croyant qu'elle s'intéressait enfin à leurs affaires et à un moyen de terrasser leurs ennemis jurés.
Du coup elle n'avait pas été plus surprise que ça de s'entendre proposer une sortie en ville la semaine d'après. Elle accepta avec enthousiasme, enfilant une robe courte sous un manteau chaud avec des escarpins d'un vert profond assorti au chapeau sous lequel elle se cacha pour observer le gratte ciel.
Oui, parce que les Mills avaient un gratte-ciel. Leur entreprise était tellement puissante qu'ils s'étaient construits leur propre gratte-ciel où le logo " MILLS " brillait jour et nuit à plusieurs centaines de mètres de haut. Et quelque part là dedans, Regina Mills devait être occupée à saccager toute l'industrie d'une entreprise qu'elle voulait s'approprier.
Debout devant la terrasse du Starbucks, elle savourait son deuxième chocolat chaud de la matinée. Son garde du corps avait été surpris de la requête qu'elle avait faite après être passée dans plusieurs magasins et à croire que son attitude ces derniers temps avait même fini par gagner sa confiance, elle avait obtenu de lui qu'il attende au volant de l'immense Audi RS6 qui faisait office de taxi dans la famille à quelques mètres de la terrasse où elle s'était postée.
Vue imprenable sur le building.
Emma n'avait pas prévu d'attendre une éternité, elle ne savait pas très bien non plus pourquoi elle s'était sentie obligée d'être là mais toute question disparut lorsque la silhouette qu'elle n'avait pas vue depuis bientôt un mois et demi fit son apparition dans le hall aux immenses baies vitrées. A l'abri des regards, elle n'eut pas à cacher sa surprise de la voir en compagnie du Maire. Aujourd'hui, pas de robe. Sous le manteau noir en daim et fourrure elle pouvait discerner un tailleur pantalon noir et un chemisier blanc. La tenue était tâchée par des accessoires d'un rouge profond : un collier et un sac hermès sur lequel la blonde avait déjà lorgné en vitrine.
Sur le trottoir d'en face, Regina Mills ne semblait pas prête à faire de concession dans la conversation qu'elle avait avec l'homme censé être le plus puissant de la ville. Le Maire lui mange dans la main avait dit son père. Ça se voyait. Ça se devinait même de là alors que l'intéressé continuait à parler et que la femme s'adressait à un assistant resté en retrait. Lui aussi, elle avait l'air de le sermonner. Certainement parce qu'elle attendait une voiture, devina-t-elle la seconde d'après lorsque le regard perçant parcourut la rue à la recherche d'un véhicule.
Emma eut un haut le coeur lorsque les yeux sombres s'accrochèrent aux siens malgré les lunettes de soleil qu'elle portait. Son attention n'en dériva plus, comme si toute idée d'une conversation avec qui que ce soit d'autre était absurde. L'avait-elle reconnue ? Oui, se douta-t-elle. Elle sentit ses jambes se déplier sans son propre accord, jetant son gobelet encore tiède dans une poubelle alors qu'elle avançait vers la berline de sport qui l'attendait.
Du désir, c'était encore un satané désir qu'elle pouvait sentir envahir son organisme et polluer son sang comme un poison dont elle ne voulait définitivement pas se débarrasser. En face d'elle, la brune avait carrément cessé d'accorder toute attention au Maire, le laissant en état de choc lorsqu'elle fit plusieurs pas dans sa direction. Comme ce soir là, elle eut l'impression que le temps s'était arrêté. Il y avait de la colère dans les yeux de la plus âgée, une colère qu'elle l'aurait bien laissée passer sur elle dans toutes les positions du kamasoutra dont elle pouvait se rappeler.
Le klaxon d'une commerciale brisa sa transe, la glaçant d'effroi l'espace d'un instant avant que Regina Mills ne fasse un pas en arrière pour retourner en sécurité sur le trottoir opposé. Avalant sa salive avec précipitation, la jeune femme brisa enfin l'échange pour se précipiter sur la portière passager de l'Audi.
- On rentre. Dépêchez, se permit-elle d'ordonner.
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Regina Mills avait lâché une conversation avec le Maire de la ville pour tenter d'aller à sa rencontre. Qu'est-ce que ça voulait dire exactement ? Mais elle avait eu l'air tellement en colère ... Certainement devait-elle lui en vouloir de l'avoir abandonnée sans autre forme de procès cette fois là ? Et si elle avait appris qui elle était ?! Que devait-elle penser ? Qu'est-ce qu'une femme au sommet de sa puissance pouvait bien penser de la jeune femme qu'elle était ? Ceux qui ne la connaissaient pas la prenaient pour cette fille un peu réservée, parfois hautaine, discrète et peu sociable. C'était la réputation qu'une éducation stricte et loin de la société lui avait valu. Pas qu'elle s'en soucie ...
Jamais jusqu'à maintenant.
Et pourquoi pensait-elle encore à ça ? Il n'y avait aucun moyen que quoi que ce soit d'autre puisse se passer entre elle et la brune ... Si, peut être s'enverraient-elles en l'air mais après ? Elle n'avait rien à lui apporter. Ou peut-être que si ... Peut être qu'elle profiterait d'elle pour finir le travail qu'avait commencé sa mère, profiterait d'elle pour agrandir son entreprise et sa fortune ...
- Emma ? Tu es prête ?
- J'arrive.
Ces derniers temps les efforts qu'elle avait fait auprès de son père avaient porté leurs fruits et aujourd'hui il avait enfin accepté de lui arranger un entretien avec le directeur des services de police, Grahamde son petit nom se rappela-t-elle. Parce que oui, c'était bien le seul secteur qui lui donnait envie de travailler ces derniers temps. Elle avait réussi à présenter ça à ses parents sur le ton d'une étudiante cherchant un stage et visiblement ça avait marché. Les "Pourquoi pas" s'étaient transformés en "Si tu veux" et le rendez-vous avait été fixé.
Les mains dans les poches de son blouson en cuir, elle entra à la suite de son père dans le commissariat où il reçut plusieurs signes de têtes respectueux avant qu'on ne se rende compte qu'il avait bel et bien sorti sa fille et qu'elle soit finalement l'objet de plus de regards insistants que lui. La jeune femme garda les yeux baissés, le nez enfoncé dans l'immense étole Vuitton qu'elle avait noué plusieurs fois autour de son cou pour ignorer l'accroc du vent froid.
- Monsieur White, le Directeur va vous recevoir, si vous voulez bien vous asseoir.
Contente pour une fois d'être ignorée, la blonde s'installa dans l'un des fauteuils en cuir aux côtés de son père et fidèle à son emploi du temps, la porte du bureau s'ouvrit quelques minutes plus tard sur la haute stature de l'homme qui lui était désormais familier.
- ... mon possible.
- Ton possible ne m'intéresse pas.
La voix la fit se figer. Elle était à deux doigts de se lever et courir se cacher dans les toilettes qu'elle avait repérées à l'entrée.
- Je veux que ce soit fait d'ici demain. Il est hors de question que ça se reproduise et si tu peux m'en jeter un ou deux der... derrière les barreaux, ce sera un plus.
La femme avait manqué perdre le fil de son discours lorsque leurs regards s'étaient croisés mais elle l'avait vite retrouvé et si ses yeux ne l'avaient pas lâchée d'un moment, elle avait apparemment fini ce qu'elle avait à dire puisqu'elle ignora la réplique que Graham sembla vouloir faire. A la place, son visage se figea en un masque qu'elle ne lui connaissait pas et elle eut un sourire complètement faux à l'adresse de son père.
- David, quelle coïncidence. Ici pour faire effacer un casier judiciaire ?
C'était visiblement une pique à son encontre. Donc, elle savait. Elle savait qui elle était et ce que son père avait fait pour elle moins d'un an plus tôt.
- Regina c'est toujours un plaisir.
- Il paraît. Et vous êtes ... Miss ?
- Emma, répondit à sa place son père. Emma est ma fille, Regina.
- Miss White donc, sembla-t-elle vouloir préciser à voix haute en lui tendant une main.
Les doigts gelés qu'elle avait enfouis dans les poches de son blouson manquèrent ne pas répondre à son appel lorsqu'elle voulut les sortir. Mais elle trouva finalement la force de faire le geste. La poigne de fer se referma sur elle et elle fut incapable de s'en dégager. Le contact l'avait immédiatement réchauffée et elle pouvait déjà sentir le désir enfler dans son ventre.
- Regina Mills, se présenta inutilement la brune. Ravie d'enfin rencontrer la jeune Miss White. Vous êtes une légende parmi nous.
- A... Ah bon ? bafouilla-t-elle.
- L'innocente Miss White, le monde commençait à se demander si vous existiez vraiment, confirma l'autre avec son assurance habituelle en lui lâchant finalement la main.
- Et bien me voilà, répondit-elle un peu bêtement.
- Vous voilà en effet.
Elle espérait que personne d'autre n'avait remarqué la façon dont la voix était descendue d'un octave, jouant dans le sarcasme et la façon dont les yeux sombres la dévoraient encore et toujours. C'était le genre de femme à faire croire à ses employés qu'elle pouvait lire dans leurs pensées devina-t-elle et elle ne retint pas le rougissement qui gagna ses joues à l'idée que Regina Mills puisse accéder au moindre souvenir la concernant. Et surtout à tous les rêves qu'elle avait eus à propos d'elle. D'elles, au pluriel.
Comme si elle pouvait en effet le faire et suivre le cours de ses pensées, la blonde vit clairement les pupilles se dilater en face d'elle et la plus âgée prit une soudaine inspiration avant de se détourner.
- Graham, demain, sembla-t-elle lui rappeler.
- Bien.
C'était bien lui qui avait l'air de prendre des ordres de sa part. Le Maire lui mange dans la main. La police aussi... Oui, son père avait tout vu juste.
- David, au plaisir. Emma.
Le bref signe de tête auquel elle eut droit compensa la façon dont elle avait prononcé son prénom. Pourquoi lui semblait-il si intime ? Pourquoi avait-elle envie de l'entendre crier ? Clouée au sol, elle l'observa s'éloigner de quelques pas sur ses talons aiguilles noirs avant de faire demi tour. Elle avait du mal à entendre le bruit ambiant par dessus le tumulte des battements de son coeur dans ses tympans mais la voix presque grave lui parvint clairement lorsqu'elle revint à sa hauteur pour lui tendre un carré de carton.
- Ma carte. Si vous êtes intéressée par ce que vos parents vous lèguent, je serais heureuse de vous apprendre quelques tours.
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L'entretien avec le directeur des services de police s'était bien passé mais elle n'était pas parvenue à se réjouir du stage qu'il lui avait accordé de bon coeur. Dans la voiture au retour son père s'était indigné de la façon dont Regina Mills lui avait parlé, osé lui proposer des conseils. Elle n'avait pas répondu, se contentant de garder les yeux fermement fixés sur le paysage qui défilait et les doigts crispés sur la carte qu'elle tenait dans sa poche.
Même sa carte ressemblait à rien d'autre. De la taille d'une carte bancaire, elle avait la couleur noire de celles que ses parents utilisaient, le nom écrit en cursives laquées qu'elle caressait distraitement du bout des doigts depuis plusieurs minutes. Elle avait déjà enregistré le numéro dans son téléphone.
"Regina" titrait la conversation qu'elle avait ouverte sans savoir par quoi commencer. L'appeler par son prénom lui semblait un privilège et si elle avait longtemps considéré mettre renommer le contact en " Majesté " elle avait finalement décidé contre. Elle avait déjà effacé et retapé une dizaine de messages. Quel ton devait-elle employer ? Pouvait-elle se permettre d'être sarcastique ? Ou devait-elle se montrer prudente ?
# Je ne suis pas intéressée.
Elle avait finit pas envoyer le message en début de soirée et avait passé tout le repas a vérifier si son iPhone n'avait pas bipé sans qu'elle s'en rende compte. C'était risqué, elle avait choisi l'humour et le sérieux en même temps, espéré que la brune serait assez intelligente pour savoir de quoi elle parlait, se rappeler de ses derniers mots. Mais aucune réponse n'était venue.
Jusqu'à ce qu'elle se réveille en sursaut au milieu de la nuit. Le téléphone dont elle avait réglé le son au maximum venait de tinter et elle eut un moment d'appréhension en observant le plafond de sa chambre illuminé par l'écran qui s'était allumé à moins d'un mètre de son lit. Si c'était son opérateur qui la prévenait qu'elle avait encore dépassé son offre, elle allait jeter le mobile par la fenêtre.
# Dommage.
Ce n'était pas son opérateur. Emma eut un rire, pressant le téléphone contre sa poitrine un instant avant de se reprendre. Elle avait passé l'âge pour de telles réactions. Le sourire aux lèvres elle ignora l'horloge qui lui signalait que le réveil sonnerait dans trois heures. Elle n'avait pas besoin de dormir si Regina Mills ne dormait pas.
# Mais je pourrais faire semblant.
# Vous n'aurez pas besoin de faire semblant avec moi Miss Swan.
Le surnom fit battre son coeur la chamade. Le sous entendu aussi ...
# Vous êtes en colère ? se risqua-t-elle à demander.
# Vous n'avez pas idée.
À nouveau la perspective de l'avoir énervée ne la terrifia pas autant que cela aurait du et avec un nouveau rire elle reposa son téléphone sur la table de nuit où il avait fini de charger. Elle ne lui répondrait pas. Pas tout de suite. Elle était peut être un peu rouillée en matière de relations humaines mais elle se rappelait très bien de la règle numéro un qui stipulait qu'une femme devait se faire désirer.
Est-ce que ça marchait aussi comme ça entre deux femmes ? La dernière fois qu'elle avait ignoré une femme c'était uniquement parce qu'elle ne voulait plus la revoir. Ses brèves relations avec la gente féminine avaient été purement physiques mais elle savait déjà que ce n'était pas ce qu'elle voulait avec Regina Mills. Quant à savoir si elle était à la hauteur ... C'était une toute autre question.
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Regina n'avait pas fait le pas suivant et deux jours plus tard c'était elle qui lui avait envoyé un message pour savoir si elle serait présente à la soirée à laquelle ses parents et elle avaient été invités chez le Maire.
# Et vous ? avait été la réponse presque immédiate.
# Oui.
Et malgré le silence auquel elle avait eu le droit, elle ne s'était pas défilée. Ses parents avaient consenti à ce qu'elle amène Belle avec elle par peur de s'ennuyer et parce qu'elle savait que ce serait une occasion de plus pour elle de voir l'homme qu'elle aimait. Evidemment, ce soir là la fréquentation des lieux n'était pas la même que celle du manoir où elle les avait vus ensemble pour la première fois. Cette fois, Gold semblait plus distant et peut être le comprenait-elle. Elle ne pensait pas que des gens comme son père et sa mère par exemple soit très friands de ce genre de relations.
Belle aussi semblait l'avoir accepté, se contentant de passer la soirée avec elle et d'autres personnes de leur âge qui leur furent présentées.
- Quelqu'un à ton goût ? lui demanda-t-elle d'ailleurs lorsqu'elles en furent à leur deuxième verre.
Elle avait déjà capté le regard attentif de ses parents et notamment sa mère. Elle ne pouvait pas lui en vouloir supposait-elle, c'était elle qui avait du l'aider à vomir par la fenêtre de leur Audi quelques années plus tôt lorsqu'elle avait abusé de la Margarita.
- Nope, répondit-elle sans prendre la peine de s'en assurer une autre fois.
Regina Mills l'avait ruinée pour toute autre personne.
- Est-ce que tu crois que Rob sera jaloux si je vais voir celui là ? lui demanda son amie en pointant du doigt un jeune homme aux yeux clairs qui se rendit immédiatement compte qu'il était leur sujet de conversation.
- Pour quoi faire ? Te faire trainer par les cheveux jusqu'au premier placard ou il pourra t'embrasser ?
Sa réplique lui valut un éclat de rire bruyant qui attira d'ailleurs l'attention du riche homme d'affaires et un instant elle éprouva de la sympathie pour lui. Il ne savait pas dans quoi il s'était embarqué, comprit-elle lorsque ses yeux se plissèrent sur la vision qu'il avait de la femme qu'il devait certainement aimer en train d'en aborder un autre.
- Est-ce que je peux ? Vous traîner par les cheveux jusqu'au premier placard ?
La voix basse la fit sursauter et elle manqua à nouveau renverser son verre, arrêtée au dernier moment par les doigts qui s'enroulèrent autour de son poignet. Elle était là.
- Pour m'embrasser ?
- Seulement ?
Il y eut un instant de flottement durant lequel elle la vit étudier son visage avec quelque chose qui ressemblait littéralement à l'envie de la dévorer et la seconde d'après les doigts resserrèrent leur étreinte pour l'entrainer à sa suite. Quelques invités se poussèrent sur leur passage avant qu'une porte ne se referme derrière elle. Pas celle d'un placard constata-t-elle avec soulagement en remarquant un bureau où étaient encore épars de nombreux documents.
- Aïe ! Hey ! J'ai pas essayé de vous rendre jalouse moi ! protesta-t-elle lorsque ses cheveux furent tirés en arrière et son corps plaqué contre celui qui l'accula contre la porte de la pièce.
- Encore heureux. Vous savez très bien ce que vous avez fait !
Le ton cassant contrasta avec les lèvres qu'elle sentit se poser sans le creux du cou qu'elle offrit immédiatement à la langue qui traça une ligne droite jusqu'à son oreille. Elle avait déjà les genoux qui tremblaient réalisa-t-elle presque honteuse.
- Je suis désolée d'avoir fui comme ça. Je ne ... Je ne pouvais pas.
- Et maintenant ? sembla-t-elle demander sérieusement le souffle suspendu à quelques millimètres de sa peau.
- Tout ce que vous voudrez, avoua-t-elle sans vraiment savoir d'où lui venait cette confession.
Elle lui valut tout de même un grondement sourd avant qu'elle ne soit forcée à tourner la tête d'une pression sur le noeud qu'elle avait fait de ses cheveux autour de son poignet. Et l'instant d'après leurs lèvres s'étaient retrouvées. Un bras s'enroula autour de sa taille et elle crut que les sensations que lui offrait le simple geste allaient la faire imploser. Regina l'embrassait comme elle devait vivre, avec une autorité qui manquait déborder sur l'égoïsme et beaucoup de volonté. Du genre qui ne lui laissait l'occasion de respirer que lorsqu'elle sentait qu'elle était visiblement sur le point de perdre son dernier souffle.
Les boucles blondes furent enfin libérées et elle en profita pour s'imposer, laissant courir ses dents le long de la gorge et jusque dans le cou orné d'une petite rivière de diamants.
- Pas de marque, la prévint l'autre.
- Pas de marque, jura-t-elle.
Et si elle avait eu honte quelques minutes plus tôt de la façon dont la brune semblait pouvoir la réduire à un amas de chairs tremblantes, elle ne retint pas son sourire lorsque le corps svelte se cambra sous ses caresses. Elle ne demanda aucune permission avant de plonger sa main dans le décolleté de la robe noire qu'elle portait et sous le soutien gorge où elle découvrit des tétons aussi durs que devaient l'être les siens.
- Emmaa ...
Son prénom lui sembla presque obscène gémit par la brune lorsqu'elle parvint à faire rouler une pointe entre deux doigts. Et si toutes les précédentes fois elle avait accepté, ravie, les assauts de la plus âgée, là, maintenant, c'était elle qui avait envie de pouvoir la faire sienne.
Des mains glissèrent le long de son dos et jusqu'à ses fesses qui furent brièvement agrippées avant que les ongles n'aillent courir sur le tissu de ses bas.
- Des bas, gronda la brune contre ses lèvres.
- Hum ?
Son interrogation se transforma en gémissement lorsqu'une main remonta avec une facilité déconcertante le tissu de sa robe pour aller effleurer son entre-jambes.
- Bordel, Emma vous êtes trempée.
- Oui, vous avez cet effet là sur moi apparemment, avoua-t-elle avec un rire.
Elle se perdit à nouveau dans le baiser qu'elles échangèrent jusqu'à ce qu'elle sente deux doigts écarter le tissu du string qu'elle portait et effleurer ses lèvres tremblantes. Mais la sensation était déjà un souvenir furtif et elle fut écartée du plat de la main de quelques centimètres. Fascinée, elle observa l'autre porter ses doigts à sa bouche et gémir.
- Regina ... Je vais jouir sans que vous ayez eu besoin de me toucher si vous continuez.
Un éclat dangereux passa dans les yeux sombres.
- Ça c'est hors de question Miss Swan, je vous ai promis quelque chose la première fois que nous nous sommes vues. Et je tiens toujours mes promesses.
Soudain elle s'était écartée, écrasant une main sur un interrupteur qui illumina la pièce et elle l'observa quelques secondes durant se rapprocher d'un miroir où elle ré arrangea son brushing. Laissant son impulsivité parler pour elle, la jeune femme fit glisser le sous-vêtement qu'elle portait le long de ses jambes et se baissa pour le récupérer.
- Je vous vois plus tard, n'est-ce pas ? demanda-t-elle à la femme dont elle s'était rapprochée.
Les yeux sombres accrochèrent les siens dans le miroir.
- Bien sûr, confirma-t-elle comme une évidence.
- Gardez-moi ça alors, déclara-t-elle en lui confiant le morceau de tissu avant de s'enfuir presque de la pièce.
##
Elle avait presque peur de sa réaction à présent et avait décidé que le seul endroit où elle serait à l'abris de ses charmes serait aux côtés de ses parents. Elle s'était donc mêlée aux personnes plus âgées, retrouvant un Gold qui l'avait fusillée du regard comme si elle était complice des déviances de son amie et Graham - qui insistait pour qu'elle l'appelle Graham - qu'elle laissa volontiers lui expliquer en quoi consisterait son stage.
- Est-ce que vous pensez ... Est-ce que vous pensez que ça peut déboucher sur quelque chose de concret ? lui demanda-t-elle lorsque ses parents furent hors de portée.
- Si vous faites les études appropriées, bien sûr. Mais vos parents semblent croire que vous allez faire du droit et des finances.
- Oui, répondit-elle simplement.
- Mais ça ne vous int... Oh ! Regina ! Qu'est-ce que tu fais là ? T'étais pas censée être en Argentine ?
- J'y étais. Bonsoir Miss White.
- Mais ton assistant m'avait dit que tu devais y rester pour la semaine.
- On m'a appâtée et mon jet se mourait d'ennui.
Elle avait un jet privé. Regina Mills avait un jet privé ... Et elle avait interrompu ses vacances pour la retrouver ce soir.
- Est-ce que ça a marché ? Ils ont signé ?
Ah, pas vraiment des vacances alors. Les affaires ...
- Bien sûr qu'ils ont signé Graham. Et vous Miss White ? À ce qu'il parait vous allez faire grâce de votre présence au Directeur de nos services de police pendant plusieurs semaines ?
- Oui, j'avais envie de voir comment ça marchait.
- La petite est peut être une future moi, déclara l'homme en plaçant une main bienveillante sur son épaule.
Sous le regard perçant de la brune, le simple contact la fit frissonner. Et cette fois oui c'était bien de la jalousie qu'elle discerna dans les iris sombres.
- Graham, laisse nous.
Elle faillit le retenir, le supplier de ne pas les laisser seules mais il obéissait déjà et elle se rappela qu'après tout elle était en sécurité au milieu de tous les autres. Ce n'était pourtant pas ce dont elle eut l'impression quelques secondes plus tard quand Regina Mills s'approcha d'elle à l'en effleurer pour parler dans le creux de son oreille.
- Vous avez de la chance que vos parents soient en train de nous observer Emma.
- Sinon quoi ?
- Sinon croyez moi vous seriez déjà en train de réfléchir à un endroit où aller vous réfugier pour régler le problème qui se passe entre vos jambes.
- Dans mon lit ces derniers temps, répondit-elle avec plus d'assurance qu'elle n'en avait. Mais je vous avoue que ça me laisse toujours un peu sur ma faim. C'est vous que j'ai envie de sentir en moi, pas moi.
En face d'elle les pupilles s'élargirent encore mais elle parvint à voir une brève incrédulité passer sur les traits maquillés à la perfection.
- Vous ... Non, je refuse qu'on parle de ça, sembla-t-elle se reprendre. Vous allez trouver une excuse avec votre amie, Belle, pour vous éclipser de la soirée. J'ai une Mercedes noire, je vous attendrai devant la maison dans un quart d'heure.
- Où va-t-on ?
- Là où personne à part moi ne vous entendra crier, lâcha-t-elle avant de tourner les talons.
##
Belle ne s'était pas montrée difficile à convaincre, c'était ses parents qui avaient été déçus mais elle avait promis de passer la nuit chez les parents de Belle, une soirée pyjama comme elle n'en avait pas faite depuis longtemps. Finalement, ses parents avaient cédé contre la promesse de son retour dans la matinée le lendemain matin et surtout que les parents de Belle les appelle bien pour confirmer que tout était en ordre.
La bibliothécaire lui avait assuré que ce serait fait et ensemble elles étaient sorties. Dehors, elle avait à peine accordé un sourire à Gold qui attendait sa conquête, cherchant déjà des yeux une Mercedes noire. Elle la trouva facilement. Un immense modèle d'un noir laqué aux détails chromé. Le sigle à trois branches luisait dans la nuit à côté des lettres qui ne lui disaient rien Maybach S650. Le modèle lui était inconnu.
- Qu'est-ce que c'est cette voiture ? demanda-t-elle en entrant dans la berline cabriolet.
- Une Mercedes.
- Non mais elle est spéciale non ?
- Peut être. Elle m'a plu, je l'ai achetée. Je n'y connais pas grand chose Emma.
Pourtant elle conduisait bien. Assez pour que la blonde se perdre dans l'admiration de la chose, ses yeux dévorant les mains agiles qui manoeuvraient la berline décapotable.
- On ne va pas chez vous ?
- Le nom écrit avec des lettres de quatre mètres de haut n'est pas suffisant ? se moqua la brune lorsqu'elles rentrèrent dans le parking du gratte-ciel.
Ce n'était pas un parking public comprit-elle lorsqu'elles déboulèrent sur une série de berline de luxe quasiment toutes noires ou grises à l'exception d'une tâche rouge sur une Ferrari.
- C'est à vous ?
- Vous êtes du genre que ça impressionne ?
Cette fois le ton était presque ennuyé. Avait-elle amené beaucoup d'hommes ou de femmes qui avaient été impressionnés par un tel spectacle ?
- Un peu, avoua-t-elle tout de même. Moi j'ai une Mustang.
- Je vous ai dit que les voitures ne m'intéressaient pas forcément Emma ...
- Pourquoi en avoir autant alors ?
- J'aime le changement.
La phrase lui fit plus de mal que ce à quoi elle s'était attendue. Elle aimait le changement. Avait-elle aussi une amante dans chaque port ? Chaque quartier de la ville ? Histoire d'en changer ? Elle dut détourner violemment le visage pour se concentrer sur un détail, n'importe lequel pour empêcher les larmes d'envahir ses yeux.
- Emma ?
- Hum ?
- Regardez-moi.
Elle voulut désobéir mais la décapotable venait de s'immobiliser aux côtés d'une Maserati et la main qui se posa sur sa cuisse uniquement couverte par les bas en nylon qu'elle portait ne lui laissa pas le choix. Elle ne prononça pas le moindre mot et en face d'elle la brune l'observa une éternité avant de parler avec une voix qu'elle ne lui connaissait pas.
- J'ai voulu de vous à la seconde où je vous ai vue Emma. Je n'étais même pas sûre que vous soyez majeure mais je vous ai suivie jusque sur ce toit parce que j'avais besoin de vous revoir. Et ... Et vous étiez tellement parfaite que je n'ai pas résisté. Si vous saviez combien j'étais en colère lorsque vous êtes partie ... Après tous les risques que j'avais pris. Je n'ai compris qu'après ... Et vous ne serez complètement pardonnée que lorsque j'aurais pu vous entendre me supplier d'arrêter de vous toucher mais je peux comprendre si vous ne voulez pas aller plus loin ... Un seul mot et je vous ramène chez vos parents. Vous n'êtes pas un jeu Emma.
- Est-ce que ... Est-ce que vous avez quelqu'un d'autre ?
- Pas en ce moment.
- Est-ce que ... Est-ce que vous seriez prête à essayer de ...
- J'ai bâclé un voyage d'affaires pour vous voir ce soir, croyez-moi je suis prête à tout.
- Mais ... Qu'est-ce que vous me trouvez ?
- Je ne sais pas. Je ne sais pas encore mais ça arrive. Parfois j'achète une entreprise en faillite et j'en fais la plus grosse industrie du domaine.
- Je ne suis pas une entreprise.
- Vous pourriez. Vous en représentez une. Une grosse.
- Si c'est pour ça que vous êtes là, vous pouvez me reconduire chez mes parents.
- Swan, vous auriez bien pu être une domestique ce soir là, j'aurais toujours eu la même attraction pour vous.
- Vous savez faire un compliment, hein ?
- Je sais oui, mais il me faut une bonne motivation.
La blonde haussa un sourcil interrogateur. N'était-elle pas une motivation suffisante et nécessaire ?
- D'accord, sembla la comprendre l'autre.
Les ongles manucurés pianotèrent sur le volant à trois branches en cuir beige et sa respiration se coupa à nouveau quand elle se pencha vers elle. Les lèvres laquées d'un rouge profond effleurèrent les siennes lorsqu'elle parla et Emma sentit ses entrailles se liquéfier.
- C'est une première mais je peux vous assurer que vous m'êtes rentrée dans la peau à l'instant où je vous ai vue. Je veux apprendre à vous connaître. Je veux tout savoir de vous et j'espère sincèrement que ce que vous découvrirez de moi ne fera pas passer votre envie de moi. Je vous veux et quand je me consacre à quelque chose, plus rien d'autre n'a d'importance. Personne d'autre n'en aura si c'est ce que vous voulez mais là tout de suite ... J'ai vraiment envie de vous.
- Oui, eut-elle l'impression de répondre à tout.
Oui pour apprendre à la connaître, oui elle ne voudrait de définitivement personne d'autre dans les draps de Regina Mills et oui, il fallait qu'elles couchent ensemble sinon elle allait imploser. En face d'elle les yeux presque noirs brillèrent de quelque chose qui ressemblait à une profonde satisfaction et elle tenta tant bien que mal de ne pas penser que c'était certainement le regard qu'elle affichait lorsqu'elle venait de conclure une affaire particulièrement avantageuse.
De toute façon l'instant d'après elles s'embrassaient à nouveau et plus rien n'avait d'importance. Leur dernier baiser avait beau avoir eu lieu un peu plus d'une heure plus tôt, elle avait l'impression de devoir s'accrocher aux lèvres qui jouaient avec les siennes comme un homme sur le point de se noyer s'accroche à une dernière bouffée d'oxygène.
Un couinement métallique la fit se figer, provoquant un petit rire qu'elle partagea avec la brune lorsqu'elle comprit qu'il ne s'agissait que du bruit que la berline était en train de faire en se décapotant.
- Venez.
L'invitation avait été accompagnée d'une pression sur ses hanches et elle fut surprise quand elle devina les intentions de la brune. Jamais elle n'aurait pensé qu'elle était du genre à risquer salir les fauteuils en cuir d'une voiture qui coûtait plusieurs centaines de millier de dollars. Mais là encore, c'était peut-être une broutille pour elle qui n'aimait pas forcément ses voitures comme elle pouvait tenir à l'impeccabilité de sa Mustang.
L'instant d'après elle était à genoux au dessus d'elle et toute autre pensée que les ongles qui étaient en train de griffer un chemin sur ses cuisses la quitta définitivement. Puisque c'était visiblement ce que Regina attendait d'elle, elle ne retint pas le gémissement que provoquèrent les doigts qui s'approchaient de là où elle le voulait le plus. Mais à sa plus grande déception ils la dépassèrent pour remonter sous sa robe, caressant son ventre plat jusqu'à atteindre un soutien gorge sous lequel elle glissa sans autre forme de procès. Cette fois ses hanches sautèrent littéralement, retenues de justesse par une poigne ferme.
- Regina si vous voulez me faire jouir il va falloir vous y prendre autrement.
- Vous avez de la chance que le défi ne m'intéresse pas dans l'immédiat Miss Swan.
Elle allait répliquer lorsqu'elle fut soudain lâchée, les doigts brûlants fondant entre ses jambes où elle les senti enfin la posséder.
- Bordel, ne put-elle s'empêcher de jurer à la sensation qu'elle avait tant anticipée.
Deux doigts en elle, la brune s'était immobilisée pour la couver d'un regard incandescent. Elle aussi avait l'air de savourer l'instant et elle dut se retenir de ne pas la supplier d'entamer des va-et-vient. Le regard impérieux l'étudiait toujours avec attention lorsque les doigts se recourbèrent en elle, la faisant se cambrer et manquer appuyer sur le klaxon. Les lèvres pulpeuses volèrent dans son décolleté pour y lécher et embrasser le moindre centimètre de peau nue qu'elle pouvait atteindre et elle crut qu'elle allait mourir quand les doigts sortirent de leur immobilité.
Le rythme lent et puissant était parfait. Il avait l'art de repousser suffisamment longtemps l'orgasme qu'elle sentait tout près de la déchirer et celui de lui donner l'impression que chaque poussée l'emplissait un peu plus d'un plaisir qu'elle ne pourrait bientôt plus contenir. Son corps entier était en feu, le moindre contact même avec le siège en cuir, un mélange de plaisir et de douleur. Il n'y avait que les doigts profondément enfouis en elle qui lui tiraient systématiquement des gémissements de pur bonheur.
Son corps bascula vers l'avant et elle dut enrouler un bras autour de l'appui tête pour ne pas tomber sur celle qui profita de sa nouvelle position pour s'emparer de sa bouche avec entrain. Un instant elle imagina la langue qui était en train de caresser la sienne bien plus bas sur son corps et la vision fut suffisante pour la faire basculer dans le précipice avec lequel elle flirtait depuis de longues minutes.
- Je veux vous entendre Miss Swan, lui ordonna sans équivoque la voix rauque de la brune pour qui elle n'avait apparemment plus de secret.
Elle obéit, sans chercher à savoir si quelqu'un pourrait les entendre ou si ses cris qui raisonnaient dans le vide relatif du parking auraient du la faire rougir. Ils n'avaient pas du tout l'air de gêner son amante en tout cas. Les pupilles éclatées de désir, Regina Mills l'admirait ouvertement, murmurant des encouragements contre sa gorge qu'elle embrassait en tentant de ne pas la marquer à en croire la façon dont elle l'avait sentie se reprendre à plusieurs fois lorsque ses dents s'étaient mêlées à la partie.
Ce fut bien son prénom qu'elle cria quand elle eut l'impression que son corps éclatait en mille morceaux. Sous elle les doigts ne s'arrêtèrent pas, même lorsque ses hanches eurent cessé d'aller à leur rencontre. Un bras enserra un peu plus sa taille pour la plaquer contre elle et les va-et-vient se firent plus rapides, le rythme plus exigeant.
- Encore, lui réclama son amante.
Et elle savait déjà qu'elle lui donnerait tout ce qu'elle voudrait. Alors elle se laissa faire, presque étonnée de la vitesse à laquelle elle était déjà en train d'être poussée vers d'autres sommets. Peut-être pour compenser la brutalité de ses gestes, la brune consentit à happer ses lèvres en un baiser bien plus doux que ce qui se passait entre ses jambes, ne s'écartant pas lorsqu'elle fut frappée par la foudre qui fit à nouveau se tendre tous les muscles de son corps. Cette fois ses gémissements furent étouffés par leur échange et elle eut un frisson quand elle la sentit finalement s'écarter.
Appuyée sur l'acier chromé de la structure qui encadrait le pare brise de la berline cabriolet, Emma mit un moment encore avant de regagner sa respiration. Le souffle court elle observa la brune essuyer ses doigts sur le tissu brillant de sa robe Alexander Mcqueen comme s'il s'était agi de n'importe quelle serviette. Les yeux sombres re-capturèrent les siens et elle fut surprise de voir ses propres sentiments reflétés sur le visage de la plus âgée.
Même si ce n'était que temporaire, elle semblait presque soulagée. Rassasiée.
- Vous êtes parfaite Emma.
- Moi ? Moi parfaite ? répéta-t-elle avec incrédulité.
- Hum hum, lui confirma l'autre avec un véritable sourire. J'espère que vous me pardonnerez de ne pas avoir pu attendre de vous emmener dans un lit.
- C'est déjà un net progrès par rapport à un toit terrasse rempli de monde non ?
Sa réplique lui valut un rire qui réchauffa son ventre d'une autre émotion que le désir et seulement alors se rendit-elle compte qu'elle était vraiment dans de mauvais draps.
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Elle avait déjà chassé les idées noires quelques minutes plus tard lorsqu'elle sortit de la plus longue montée en ascenseur qu'elle n'ait jamais faite. L'ascension s'était passée dans un silence lourd de sens durant lequel Regina avait refusé qu'elle la touche en lui montrant d'un signe de tête la caméra installée dans un angle de la cabine.
Elle ne prit pas la peine de contempler le spectacle de la ville en contrebas lorsqu'elle fut arrivée au dernier étage. La lumière ne fut pas allumée, celle qui irradiait des immenses lettres du nom placardé en haut du gratte-ciel suffisant à baigner le loft dans une lueur semblable à celle de la lune.
- Emma !
Elle fut assez fière du petit cri qu'elle venait d'arracher à la femme qu'elle avait jetée sur un canapé en cuir noir à quelques mètres de l'entrée. C'était à son tour d'obtenir ce dont elle rêvait depuis elle ne savait combien de semaines. Il n'y eut aucune protestation lorsqu'elle plaqua le corps brûlant de son amante contre l'assise, écartant ses jambes d'un coup sec pour s'y faire une place. Il y avait une lueur de défi qui la ravit dans les yeux sombres qui la surveillaient et elle ne les lâcha pas lorsqu'elle fit remonter ses mains le long des cuisses fuselées, froissant la robe de haute couture à mesure qu'elle s'accumulait autour des hanches qui s'étaient soulevées pour l'aider dans sa manœuvre.
- J'ai rêvé de ce moment, avoua-t-elle les lèvres effleurant le satin trempé du sous vêtement qui la séparait encore de ce qu'elle voulait.
- Faites en une réalité, lui répondit l'autre avec l'air de s'amuser de la facilité de sa propre réplique.
Elle ne répondit pas, léchant le tissu du bout de sa langue mais le goût qui explosa sur ses papilles lui fit perdre toute patience, écartant la matière luisante pour plonger en elle.
- Em-ma ! Mon dieu ...
Le corps de la brune s'était violemment cambré et elle dut bloquer les cuisses qui s'étaient refermées sur elle, ignorant la douleur des talons aiguilles qui griffaient son dos. Elle avait presque du mal à croire que c'était elle qui était en train de provoquer de telles réactions, étouffant un petit rire satisfait contre le sexe qu'elle lapait avec application lorsque le soin qu'elle y portait fit naître des jurons.
Ses lèvres se refermèrent sur la petite boule de nerf qui réclamait son attention et une main aux ongles manucurés vola jusque dans ses cheveux pour l'empêcher de s'en éloigner. Pas qu'elle en ait eu envie de toute manière ... Pas quand elle pouvait la sentir sur le point de jouir.
- Tes doigts Emma. Tes doigts.
La voix rauque et suppliante réveilla en elle une bestialité à laquelle elle ne s'était pas attendue.
- Tournez-vous, ordonna-t-elle en ignorant le gémissement déçu lorsqu'elle s'écarta de quelques centimètres. A quatre pattes.
La surprise qui fit briller les yeux sombres ne fut que passagère et elle ne chercha pas à retenir le grondement satisfait qui lui échappa lorsqu'elle fut obéie.
Le corps de la brune se cambra dès qu'elle l'effleura et ce fut elle qui cria cette fois quand elle fut enfin pénétrée de deux doigts. Debout derrière elle, les jambes tremblantes, Emma regretta presque aussitôt sa décision. Cette position ne lui permettrait pas de voir le visage de la brune lorsqu'elle basculerait dans l'orgasme. C'était presque inadmissible.
- Plus.
Wow. L'ordre la fit serrer les jambes pour atténuer l'envie lancinante qui était réapparue dans le bas de son ventre et elle donna exactement ce qu'elle avait envie de recevoir. S'écartant de quelques centimètres, Emma se retira complètement de la brune avant de re-rentrer en elle avec un doigt en plus. Les phalanges tendues allaient systématiquement frapper contre les parois qui étaient en train de se resserrer autour d'elle à une allure folle.
L'instant d'après elle comprit pourquoi Regina avait tenu à l'entendre crier son prénom toute à l'heure. Pas qu'elle n'ait jamais ressenti une certaine fierté avec ses ex conquêtes, mais sonnom sortant de cette bouche tandis que le corps transpirant se cambrait un peu plus, les fesses fermes se précipitant à la rencontre de ses doigts ... Elle faillit jouir en même temps qu'elle.
- Bon sang Emma, c'était ...
La brune qui venait de s'effondrer dans le canapé finit sa phrase en un petit rire qui lui fit froncer les sourcils.
- C'était quoi ?
- Parfait, répéta-t-elle. Mais j'aimerais qu'on atteigne ce lit dont je vous ai parlé.
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Elles l'avaient atteint. Après une ultime étape sur le comptoir de la cuisine en marbre noir qui l'avait glacée au point que Regina lui propose de prendre une douche. Elle s'était endormie dans l'immense lit où elles auraient pu tenir toutes les deux bras et jambes écartées après un énième orgasme mais la lueur des néons qui illuminaient les lettres du nom de famille de son amante l'avait réveillée.
Trop habituée à dormir dans le noir complet elle en avait profité pour observer la brune totalement abandonnée, les mèches noires en bataille et légèrement ondulées après avoir été mouillées. Et si son regard était une des choses qui l'avait le plus attirée chez elle, même les yeux fermés, elle demeurait une créature d'exception.
Elle s'en éloigna pourtant au bout de quelques minutes, incapable de se rendormir. Enroulée dans une serviette de bain frappé du logo de la compagnie des Mills, elle alla se servir un verre d'eau directement à la fontaine intégrée du frigo américain avant de se poster derrière le mur de verre qui laissait le loisir d'observer la ville illuminée. Elle se demanda brièvement à quoi devait ressembler la vue à la période de Noël où toutes les allées se recouvraient d'une multitude de guirlandes. Ce devait être magnifique.
Le verre d'eau fini, elle s'aventura dans la suite du loft, impressionnée par la salle de conférence qu'elle y trouva et la bibliothèque qui n'était pas rempli que de codes et de traités internationaux mais aussi d'une bonne quantité de romans en tous genres.
Dans le bureau impeccable elle trouva un cadre photo discret où elle admira la jeune Regina Mills aux côtés d'un cheval, sa mère tenant pour elle le prix qu'elle venait visiblement de gagner. Jeunesse riche typique ... Mais ce qui attira définitivement son attention fut le dossier où son nom avait été écrit en lettres capitales. Et elle eut l'impression que sa vie basculait lorsqu'elle ne put résister à la curiosité de l'ouvrir.
Il contenait tout. De son certificat de naissance jusqu'à son témoignage dans l'affaire où elle avait finalement anonymement fait tomber Neal Cassidy pour vol et recel. Il y avait aussi les détails de certains comptes en banque et des contrats qu'elle ne prit pas la peine de lire. En revanche, quelque chose qui ressemblait à des exemples qu'on avait pu lui montrer en cours attira son regard. Des études de marché comprit-elle. Des études de marché qui concernaient les diverses entreprises que possédaient ses parents. Et surtout une liste détaillée de leurs faiblesses et de ce dont il suffirait pour les faire tomber.
La rage faillit lui faire tout envoyer en l'air mais elle prit quelques minutes pour calmer sa respiration saccadée et refermer le dossier. Elle n'avait pas besoin d'en lire d'avantage. Avec un calme qu'elle ne possédait pas, la jeune femme se re dirigea vers la chambre où elle ne réveilla pas la brune lorsqu'elle récupéra ses affaires, se rhabillant dans le salon, pressée de mettre le plus d'espace entre elles. Ses parents avaient eu raison.
Elle ne savait plus vraiment comment elle avait regagné son propre lit, se rappelait à peine de la façon dont elle avait décidé au dernier moment d'exposer en évidence le dossier à son nom sur le comptoir de la cuisine où elle avait vu jouir Regina Mills quelques heures plus tôt. Il lui semblait se rappeler d'avoir pris un taxi et puis plus rien ...
Elle s'était réveillée le lendemain matin avec une migraine effroyable et elle n'avait pas relevé les remontrances de sa mère à propos de l'abus d'alcool lorsqu'elle était descendue dans la cuisine pour avaler un petit déjeuner à presque quatre heures de l'après midi.
Son portable était resté éteint presque une semaine durant laquelle elle n'avait accepté la seule visite de Belle à qui elle n'avait pourtant toujours pas trouvé la force de se confier. Personne n'aurait pu comprendre. Et personne ne devait savoir à quel point elle était stupide.
- Graham m'a dit qu'il avait tenté de te joindre sans succès ? l'interrogea son père au bout du dixième jour.
- J'ai des problèmes de portable. Est-ce que tu crois qu'il pourrait venir à la maison ? J'aimerais bien lui parler.
- Je vais arranger ça.
Et à croire que le Directeur des services de police se faisait un plaisir d'organiser son emploi du temps pour elle, la première date qui avait été proposée avait immédiatement été acceptée. A la fin du repas elle était parvenue à lui poser les questions qui l'intéressaient vraiment.
- Quel genre d'étude je dois faire pour envisager un poste comme le votre Graham ?
- J'ai peur que droit et politique ne soient obligées d'être au programme ...
- Mais je n'ai aucune intention de reprendre l'empire de mes parents.
- Et quoi ? Le laisser tomber ?
- Non. Je pourrais toujours employer des gens pour le gérer non ?
- Et pour ça il faudra que vous vous y entendiez. Ne confiez jamais votre argent à des gens qui s'y connaissent plus que vous. Faites les études que vos parents réclament, vous pourrez choisir un établissement qui propose certaines options utiles à mon département …
- Comme quoi ?
- Le sport. Le tir. La criminologie et la psychologie. Je suis sûr que suffisamment motivée vous arriverez à supporter les cours un peu plus barbants que vos parents veulent que vous suiviez.
- Est-ce que je peux faire ça en alternance avec le stage que vous m'aviez proposé ?
- Ça il faudra voir avec votre planning.
Elle avait été surprise de la candeur de l'homme et de l'enthousiasme qu'il semblait manifester pour vouloir l'aider à trouver sa voix mais bien vite elle avait du se rembrunir.
- Emma ... J'ai quelque chose d'autre dont je voudrais vous parler.
Et il semblait gêné, c'est ce qui la mit immédiatement sur la bonne piste.
- Non, je ne veux pas en parler, refusa-t-elle tout de go.
- Ecoutez, elle ne m'a rien dit mais ... Elle voulait s'assurer que tout allait bien pour vous et ... Et savoir si elle était la seule à qui vous ne répondiez pas au téléphone ? Mais je crois que mes tentatives ont été une réponse suffisante.
- Tout va à merveille, répondit-elle en bondissant du fauteuil dans lequel elle s'était assise.
Soudain elle avait hâte de retourner dans la pièce adjacente, retrouver la présence de ses parents devant lesquels elle était sûre qu'il n'oserait pas aborder le sujet.
- Emma ...
- Merci beaucoup, c'était super intéressant, se força-t-elle à déclarer d'un ton plein d'entrain lorsqu'elle ouvrit la porte du bureau où ils s'étaient isolés.
Elle ne mit pas plus de cinq minutes pour courir s'enfermer dans sa chambre.
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Et tout s'était passé très vite. Ses parents avaient très bien accueilli la nouvelle et moins de deux semaines plus tard elle était déjà inscrite dans l'école où elle devrait suivre la formation censée la préparer à la vie adulte. Lui apprendrait-on aussi comment ne pas tomber dans les filets des sentiments trompeurs que certaines personnes pouvaient lui inspirer ? Où était-elle censée apprendre à gérer ce genre de conflits ?
Belle était restée avec elle durant l'intégralité de la journée et l'avait accompagnée avec ses parents jusqu'à l'aéroport où casque audio fermement planté sur les oreilles elle avait suivi la foule de passagers jusqu'à la première classe. Elle ne pouvait pas s'empêcher d'être anxieuse, faisant tourner et retourner le téléphone qui lui servait de baladeur entre deux doigts.
- Vous avez mis votre téléphone en mode avion ? lui demanda une vieille dame à ses côtés.
Il l'était depuis plusieurs semaines mais quelque chose qu'elle n'expliqua pas la poussa à appuyer sur l'écran tactile. Le sigle de l'opérateur mit quelques secondes encore à apparaître tandis que l'avion était en train de décoller et elle se surprit à prier pour que son iPhone ait le temps de trouver du réseau avant que l'oiseau de métal ne soit trop haut dans le ciel.
Dans sa main tremblante, l'appareil vibra à plusieurs reprises sous le regard désapprobateur de sa voisine à qui elle n'accorda pas la moindre importance. Elle avait une trentaine d'appels manqué et une dizaine de sms. Aucun message audio. Elle compta jusqu'à dix plusieurs fois pour essayer de calmer son cœur qui battait la chamade et prit le temps de s'enfoncer un peu plus confortablement dans le cuir beige du siège où elle était installée avant de déverrouiller l'écran.
Son père et sa mère avaient tenté de l'appeler plusieurs fois. Belle et deux autres amis également mais le nom de Regina apparaissait à treize reprises. En plus des huit sms qu'annonçait la conversation dans sa messagerie.
Elle n'aurait pas du les ouvrir réalisa-t-elle lorsque son estomac se serra si fort qu'elle crut qu'elle allait vomir. Elle qui n'avait jamais été malade en avion avait soudain peur de devoir se lever pour atteindre les toilettes.
# Emma c'est ridicule, répondez à ce téléphone.
# Emma ...
# Acceptez au moins d'entendre ce que j'ai à dire, non ?
# Visiblement c'est un non ...
# C'est pas croyable, je viens d'avoir Graham et vous avez éteint votre téléphone juste pour éviter d'avoir à me parler ?!
# Et quand je pense que la presse ose dire que personne ne me résiste ... Bravo.
# Et vous allez " À merveille " ? Moi non, merci de vous en soucier.
# Très bien, j'ai compris.Pardonnez moi d'avoir insisté. Je vous souhaite de réussir la nouvelle vie que vous entamez Emma.
Le dernier message datait de la semaine dernière. Pour quelqu'un qui avait l'habitude de tout obtenir sur simple demande, Regina Mills n'avait pas eu peur de revenir plusieurs fois à la charge ... Mais ces derniers mots ... C'était un adieu et elle dut essuyer à de nombreuses reprises les larmes qui s'étaient échappées.
Elle avait passé le reste du voyage le nez collé au hublot, finissant par ignorer les larmes jusqu'à ce qu'elles sèchent en de désagréables traînées que son mascara collait. L'œil morne et l'estomac noué, elle avait suivi le chauffeur qui l'avait conduite jusqu'à l'établissement dans la berline grise qui l'avait arrêtée au pied d'un bâtiment réservé aux dortoirs.
La chambre qu'on lui avait indiquée était au deuxième étage et elle fut surprise d'y entendre du bruit lorsqu'elle en ouvrit la porte à l'aide du badge qu'une hôtesse d'accueil lui avait fourni au rez-de-chaussée.
Son entrée provoqua un cri chez la jeune femme qui avait été en train de danser enroulée dans une immense serviette de bain devant un poste télévision où un clip musical tournait à plein volume.
- Oh mon dieu, désolée ! Tu dois être Emma White ?!
Elle ne répondit que d'un hochement affirmatif de la tête, détaillant les longs cheveux bruns méchés de rouge et le désordre dans lequel cette frêle créature avait apparemment réussi à mettre la chambre.
- Je suis désolée, je pensais pas que tu arriverais en pleine semaine.
Amusée malgré elle, la jeune femme l'observa paniquer et tenter de ramasser des affaires éparses pour les jeter en vrac dans une grande valise.
- Vas-y installe-toi ! Oh et je m'appelle Scarlett !
- Enchantée, réussit-elle à répondre en masquant un petit rire.
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Elle avait tout de suite accroché avec la personnalité un peu folle de sa colocataire. Comme elle, la jeune femme aspirait à autre chose que la carrière à laquelle sa famille la destinait mais elle avait tout de même décidé de tenter sa chance. Fille unique d'une famille d'industriels, elle était censée reprendre l'entreprise que sa grand mère tenait encore suite au décès de ses parents.
L'événement dramatique qu'elle avait subi très jeune lui donnait une profondeur d'esprit qui ne faisait surface que lorsqu'elle avait un peu trop bu, mais de manière générale, Scarlett était tout de même une bonne élève. Et elle eut la chance de partager la plupart de ses cours avec elle. La brune l'avait prise sous son aile, la présentant à de nombreuses personnes et elle ne pouvait lui en être plus reconnaissante.
Pour la première fois de sa vie elle avait soudain l'impression d'être normale. Ses parents s'étaient limités à l'appeler un jour sur trois, ne réclamant que quelques textos le reste du temps et Emma se sentait presque libre.
Presque.
Quelque chose l'oppressait pourtant dès qu'elle fermait les yeux le soir, la forçant à prendre l'habitude de s'endormir devant des séries qu'elle regardait sur son ordinateur portable. Comme un fantôme qui l'aurait suivie dans toutes les étapes de sa journée, le souvenir de Regina Mills ne la lâchait pas d'une semelle. Même dans ses rêves.
Au point qu'elle se demande si elle était bien réveillée quelques jours plus tard lorsque assise dans la salle de repos de son dortoir elle vit le visage familier imprimé en première page du journal quotidien.
"Deux entreprises de plus broyées par les dents du requin" titrait la publication. Les yeux clairs dévorèrent le visage qui avait été pris de face, visiblement à un gala à en croire les épaules dénudées et le collier de pierres précieuses qui brillait à son cou. Le regard brun et sûr de lui qui défiait le photographe eut l'art de la transpercer et elle se hâta de tourner la page quand elle remarqua le sourire en coin que la femme d'affaires affichait. Ce n'était vraiment pas le moment qu'elle laisse le désir la rattraper.
" C'est hier soir à l'heure où la bourse fermait que Regina Mills a décidé de donner le coup de grâce aux deux entreprises qui lui résistaient depuis la semaine dernière. L'OPA hostile place la jeune multi-millionnaire à la première place des dirigeantes d'entreprises de l'état alors qu..."
- T'as vu ce truc ? Je suis sûre qu'on va en bouffer en cours ! s'exclama Scarlett qui venait de s'effondrer à ses côtés sur un des fauteuils en plastique transparent.
- Hum ...
C'était la dernière chose dont elle voulait. C'était déjà assez handicapant de se rendre compte qu'une multitude de détails de la vie de tous les jours lui rappelaient l'existence de la brune alors si en plus on devait en parler en cours ...! Il ne manquait plus qu'elle ait une rédaction à faire sur la façon dont Regina Mills révolutionnait le monde des affaires. Les dents du requin tu parles ... C'était elle qui avait l'impression de s'être faite broyer par la machine de guerre qu'était cette femme.
- Attends regarde !
Par réflexe ses yeux suivirent la trajectoire de l'index pointé vers l'écran télévision qui diffusait en continu une chaîne d'information en direct. Et là, sortant de la tour à son nom, Regina se faisait un chemin au milieu de la foule de journalistes qui tentaient de l'arrêter dans sa course jusqu'à la berline grise qui l'attendait sur le trottoir.
- Madame Mills ! Pourquoi ne pas avoir fait de conférence de presse ?!
Cette question parvint visiblement à attirer l'attention de l'intéressée qui se figea, main sur la porte de la Mercedes, forçant au silence l'intégralité des journalistes qui se pressaient autour d'elle. Les yeux sombres brillaient de quelque chose de dangereux lorsqu'elle détailla l'homme qui venait de s'adresser à elle mais que la caméra ne permettait pas de voir. Emma se surprit à retenir sa respiration.
- Tenez-vous une conférence de presse auprès de vos collègues lorsque vous avez fini de rédiger un article ? finit-elle par répondre.
Bordel, cette voix ... Le ton dégoulinant d'un sarcasme hautain la fit croiser les jambes malgré elle.
- C'est votre façon de nous dire que vous ne faites que votre travail ? Certains disent que vous êtes en train de racheter la ville entière, qu'avez-vous à leur répondre ?
- C'est intéressant, je songeais justement à me présenter aux prochaines élections, lui répondit-elle avec condescendance avant de rentrer dans l'habitacle et faire claquer la porte de sa voiture insensible à la nouvelle vague de questions affolées que sa révélation venait de provoquer.
Et Emma était presque certaine qu'elle décrocherait la Mairie sans problème si elle le voulait vraiment.
- Truc de fou ! s'exclama la jeune femme à ses côtés.
- Carrément, feignit-elle d'approuver.
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Cet après-midi là elle avait séché ses cours pour la première fois depuis le début de sa toute nouvelle scolarité, préférant passer deux heures dans la salle de tir où elle fit un score qui lui valut des sourires impressionnés qu'elle ignora. Et comme visiblement tirer sur une cible immobile n'était pas suffisant à calmer ses nerfs, elle s'était ensuite rendue à la salle de sport où elle s'était récemment mise à de la boxe.
Elle ne fut pas ménagée par le jeune homme qu'elle affronta, la laissant percluse de douleurs y compris dans les poings dont elle s'était trop - et mal - servie. Allongée sur le tapis plastifié, elle était immobile depuis de longues minutes lorsque sa colocataire vint perturber l'examen qu'elle faisait du néon qui commençait à clignoter au dessus de sa tête.
- C'était là que tu te cachais ?
- Je me cache pas, répondit-elle en un grognement.
- Oh mais c'est qu'on est de bonne humeur.
Le couinement des cordes qui fermaient le ring lui révéla que la brune était en train d'y monter et elle ne fut pas surprise de la voir s'installer à ses côtés l'instant d'après.
- Tu peux me parler si tu veux, lui proposa-t-elle sa voix soudain plus sérieuse.
- Merci.
- Ça veut dire que t'es pas intéressée hein ? comprit l'autre avec un petit rire.
- Je suis désolée Scarlett mais c'est ... Compliqué.
- Ok. Je connais. Je vais dans le dortoir B ce soir, est-ce que ça te dit de venir ? Le capitaine de l'équipe de foot fait une soirée. Je pense finir avec lui d'ailleurs, donc si tu veux ramener quelqu'un dans la chambre ...
La proposition eut le mérite de la faire rire et une fois douchée et surtout maquillée par les soins de sa nouvelle amie, Emma avait accepté de se rendre à la soirée organisée autour de la star de l'école. Tout le monde savait qu'il était promis à une carrière nationale et ses parents étaient déjà en train de former son petit frère pour perpétuer les affaires. Pourquoi n'avait-elle pas de frère ou de sœur pour faire ce qu'elle ne voulait pas ?
L'alcool avait coulé à flots et elle avait dansé avec plus d'élèves qu'elle n'avait pu retenir de noms. C'était déjà la troisième fois qu'elle refusait à un des quarterback d'aller le rejoindre dans sa chambre et les pieds engourdis par les talons aiguilles qu'elle portait, elle se laissa choir dans l'un des canapés qui avait été installé en extérieur pour un coin fumeur. Distraitement, elle accepta une cigarette très bien roulée, agréablement surprise lorsqu'elle se rendit compte qu'il ne s'agissait pas de tabac.
- Je ne savais pas que tu fumais ! s'exclama un jeune homme qu'elle côtoyait en cours.
- Pas souvent, avoua-t-elle.
Peu désireuse d'entamer une conversation avec lui, la blonde se plongea dans l'observation de son téléphone, parcourant les photos de la soirée qu'elle avait déjà prises et décidant d'en partager une sur un réseau social et d'en envoyer d'autres à Belle. La bibliothécaire lui manquait mais elles échangeaient presque tous les jours des messages.
# Canon ! C'est elle Scarlett ?! fut d'ailleurs la réponse qu'elle obtint presque aussitôt.
Le message eut le don de la faire rire et la seconde d'après elle était en train de parcourir les autres conversations lorsque son doigt s'arrêta au dessus du prénom qui la fit tressaillir. Elle avait appuyé dessus avant de se rendre compte de ce qu'elle avait fait. IPhone à l'oreille, son courage ne dura pourtant pas plus de trois sonneries avant qu'elle ne raccroche avec précipitation, plaçant le téléphone sur ses cuisses pour diminuer la tentation.
De toute manière il était presque deux heures du matin. Un soir de semaine qui plus est. Regina Mills devait dorm...
Non. L'écran de son mobile venait de s'illuminer. Elle était en train de la rappeler. Dans sa précipitation le téléphone à six cent dollars s'écrasa par terre et elle manqua s'écorcher un doigt sur le pavé numérique fissuré lorsqu'elle s'empressa de décrocher.
- Emma ? entendit-elle à l'autre bout de la ligne comme elle n'avait pas trouvé la force de parler.
- Oui, répondit-elle simplement le ventre noué par la voix qui lui avait terriblement manqué.
- Tout va bien ? Qu'est-ce qu'il se passe ?
Les lèvres pincées, elle prit encore un moment pour empêcher les larmes de couler des yeux qu'elle avait pourtant fermés de toutes ses forces.
- Je voulais vous féliciter pour votre coup d'état, trouva-t-elle.
- A deux heures du matin ?
- Une heure cinquante quatre, la corrigea-t-elle après un regard à l'Audemars Piguet qu'elle portait à son poignet gauche.
- Vous avez bu ?
- Et j'ai fumé quelque chose qui doit être de l'herbe, oui, confirma-t-elle.
- Vos parents seraient ravis de l'apprendre.
- Pas plus que d'apprendre que j'ai couché avec une femme dont la famille s'est toujours acharnée à détruire ce que la mienne bâtissait.
- Non c'est faux Emma. Ce que vous avez vu ...
- Je sais ce que j'ai vu, coupa-t-elle.
- Les résultats d'une enquête ! Oui, j'ai payé des gens pour savoir qui était la femme qui m'avait filé entre les doigts ce soir là. Je vous voulais comme je n'avais jamais voulu personne d'autre Emma. Qu'est-ce que j'aurais du faire ? Oublier comme vous êtes en train de le faire ?!
Cette fois il y avait de la colère dans la voix de la brune, les flammes de son courroux lui parvinrent même au travers du mobile et en dépit de tous les kilomètres qui les séparaient. Mais elles eurent le mérite de la faire se sentir en vie pour la première fois depuis des semaines.
- Je n'ai jamais eu l'intention de toucher à ces entreprises, rajouta l'autre.
Mais elle ne la croyait pas, constata-t-elle avec une étrange déception. Elle avait souvent espéré qu'un jour ou l'autre Regina Mills parviendrait à lui faire accepter ses excuses, une quelconque explication mais aujourd'hui elle n'était apparemment pas suffisante pour lever le poids qui barrait son estomac depuis des semaines.
La blonde accepta le joint qui venait de lui être à nouveau tendu, prenant le temps d'inspirer profondément la drogue qui ressortit par son nez et sa bouche lorsqu'elle parla.
- Je vais coucher avec quelqu'un ce soir.
A l'autre bout de la ligne, la surprise qu'elle venait de créer ne fut pas masquée et elle n'eut aucun mal à imaginer la brune serrer les poings lorsqu'elle l'entendit inspirer bruyamment.
- Avec qui ? fut-elle pourtant étonnée de l'entendre demander.
- J'ai pas encore décidé. Qu'est-ce qui est mieux vous croyez ? Un quarterback, un futur ingénieur ou le hacker le plus doué du campus ?
- Je ne sais pas Emma ... Sans doute celui qui est le moins susceptible de vous refiler une MST, l'étonna à nouveau la voix qui paraissait presque lasse à présent.
- C'est noté. Je ne vous ennuie pas plus longtemps. Retournez à ce que vous étiez en train de faire.
- Dormir. J'étais en train de dormir ...
- Ok. Et bien bonne nuit alors Regina.
- Vous aussi ... Faites attention à vous Emma.
Ce ne fut pas elle qui raccrocha en premier. La vague de nostalgie qui la submergea à l'instant où l'écran de son téléphone s'éteignit ne fut rien comparée à la nausée qui la força à se plier en deux au dessus du pot de plante le plus proche. L'alcool et la Marijuana ne faisaient visiblement pas bon ménage avec les cœurs brisés ...
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Le lendemain elle s'était rendue en cours à moitié réveillée aux côté d'une Scarlett qui avait gardé ses lunettes de soleil pour cacher les cernes qu'elle n'était pas parvenue à effacer avec sa palette de maquillage et à elles deux elles avaient plus ou moins réussi à noter l'intégralité de la leçon sur l'intelligence des marchés. Lorsqu'elle s'était réveillée ce matin là, l'écran fissuré de son téléphone lui avait rappelé que ce qui s'était pas la veille n'était définitivement pas un mauvais rêve et depuis elle avait guetté l'iPhone sans savoir si elle espérait ou non qu'il se mette à sonner.
Il n'avait pas sonné. Elle n'avait pas non plus reçu de message et ne savait pas très bien si elle devait le faire.Au moins pour s'excuser, lui soufflait une petite voix. Mais elle savait qu'entamer la moindre conversation, même pour s'excuser, ne ferait qu'amplifier la magnitude du séisme qui déchirait ses entrailles à chaque fois qu'elle pensait à Regina Mills.
- Tu te rappelles qu'on doit passer en ville hein ?
- A midi s'il te plait ? Ce soir je sais pas si j'en aurais la force après les cours ... Je vais avoir besoin de dix bonnes heures de sommeil.
- J'ai dit à Aurore qu'on se verrait surement à la cafet ...
- Et t'as faim ? Parce que perso j'ai l'impression que mon estomac va se venger si j'essaie de lui faire avaler autre chose que du café.
- C'est pas faux, concéda-t-elle. On y va pendant la pause alors ? J'ai vraiment besoin d'un autre téléphone ...
- Comme tu veux.
Elle avait jeté son dévolu sur l'exact même modèle pendant que son amie somnolait derrière le volant de sa Volkswagen et elles avaient du appuyer sur l'accélérateur pour ne pas être en retard.
- Dix minutes. J'ai le temps d'aller aux toilettes.
- Comme des pros, confirma-t-elle les doigts pianotant déjà sur le nouveau téléphone qu'elle était en train de configurer.
- Te le fais pas confisquer le premier j... Oh putain regarde !
L'exclamation l'avait fait lever un oeil désintéressé de l'écran mais elle se figea lorsqu'elle remarqua qui son amie venait de voir. En pleine conversation avec le directeur de l'établissement, Regina Mills se tenait en chair et en os à côté de la Mercedes dans laquelle elles avaient couché ensemble pour la première fois.
- C'est Regina Mills ! lui souffla Scarlett à ses côtés.
- Ouais, confirma-t-elle en resserrant l'écharpe autour de son cou pour la remonter le plus haut possible en une vaine tentative de se cacher. Demande lui un autographe si tu veux mais moi je vais te garder une place dans l'amphi.
- Tu m'as prise pour qui ?
Le ventre noué par d'autres raisons que l'alcool et la drogue qu'elle avait consommés la veille, la blonde se hâta de monter les escaliers qui menaient à l'entrée de l'établissement.
- Lucas ! White !
Leurs noms criés sans vergogne par le surveillant général les firent se figer.
- Ça vous suffit pas de traîner dans les salles comme des âmes en peine, il faut aussi que vous soyez en retard ! Et Lucas enlevez-moi ces lunettes on est en plein hiver !
- Allez vous f...
Le coup de coude qu'elle mit dans les côtes de la grande brune ne l'arrêta pas à temps pour que l'autre ne comprenne pas ce qu'elle allait lui dire.
- Qu'est-ce que vous venez de dire Lucas ?
- Elle est désolée, intervint-elle. On a passé une mauvaise nuit.
- Vous croyez que je sais pas dans quel état était le dortoir B ce matin ? Je sais exactement quel genre de nuit vous avez tous passés. D'ailleurs ce soir Lucas vous aiderez les femmes de ménage et vous aussi White, je pense pas que vos parents paient cette école pour que vous passiez votre temps à ...
- Qu'est-ce qu'il se passe ici ? demanda la voix du directeur dans son dos.
Elle ne se retourna pas, consciente qu'il n'y avait aucune chance pour que Regina Mills ne l'ait pas suivi. D'ailleurs si elle y faisait bien attention, elle pouvait déjà sentir son regard brûler un point à la base de sa nuque.
- Rien du tout Monsieur le Directeur, se força-t-elle à répondre les yeux rivés sur le surveillant. Scarlett et moi nous sommes montrées irrespectueuses mais Monsieur Sax a trouvé le moyen de réparer l'offense. Par contre on risque d'être en retard si on part pas tout de suite.
A ses côtés Scarlett avait enlevé ses lunettes de soleil, révélant ses yeux rougis et les cernes qu'elle n'avait pas pris la peine de maquiller, considérant le combat perdu d'avance.
- White, regardez-moi.
Les poings serrés, elle s'exécuta, mordant sa joue pour ne pas réagir aux deux paires d'yeux qui la scrutèrent. Elle était pâle ce matin lorsqu'elle s'était vue dans le miroir de la salle de bain et toute à l'heure encore dans ceux du magasin mais elle se doutait que les récents événements l'avait d'autant plus dépouillée de tout semblant de couleur.
- Mauvaise soirée, s'excusa-t-elle auprès de l'homme qui la dévisageait sévèrement.
- Miss White vous êtes au courant n'est-ce pas de la politique de l'établissement concernant la consommation de produits illégaux ?
- C'était de l'alcool Monsieur, rien de plus, mentit-elle effrontément.
Ses yeux ne purent s'empêcher de dériver vers la femme qui se tenait à moins d'un mètre en retrait mais son visage ne trahissait en rien le fait qu'elle lui avait révélé le contraire la veille au téléphone. Elle mit un instant à détacher son regard du visage figé en une indifférence froide. Elle était magnifique eut-elle le temps de se dire avant de devoir baisser les yeux sur la pointe de ses bottines noires pour éviter qu'on ne voit les larmes les envahir.
- Je l'espère pour vous mesdemoiselles, une enquête sera menée. Allez, filez en cours et n'hésitez pas à dire que c'est moi qui vous ai retenues.
- Merci Monsieur, répondit à sa place Scarlett dont elle sentit la main s'emparer de la sienne pour la tirer vers les escaliers et jusque dans le petit amphithéâtre où elles déboulèrent au pas de course.
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Que faisait Regina Mills sur le campus ? La question l'avait hantée toute la soirée qu'elle avait passée à récurer les couloirs, son casque audio planté sur les oreilles. À neuf heures elle s'était effondrée sur son lit, dormant presque tout le week-end quand elle ne somnolait pas devant son écran d'ordinateur sous sa couette.
Le lundi elle allait mieux. Physiquement du moins. Ses joues avaient retrouvé leur couleur habituelle malgré le savon que lui avaient passé ses parents au téléphone la veille. Parce que bien sûr ils avaient été mis au courant par un quelconque bon samaritain ... Et elle avait même réussi à avaler un petit déjeuner complet en lisant les premières pages d'un roman que Belle lui avait envoyé lorsqu'un dossier jeté sur la table où elle était installée la fit sursauter.
Le regard attentif qu'elle rencontra lorsqu'elle leva la tête la fit se figer. Qu'est-ce qu'elle faisait là ? Elle sentit sa bouche s'ouvrir mais aucun son parvenir à en sortir. Autour d'elle plusieurs élèves eurent des rires qui l'agacèrent mais son manque de réaction ne lui valut qu'un haussement de sourcil de la part de la femme qui la jaugeait depuis sa position.
- Qu'est-ce que vous faites là ? parvint-elle à articuler.
- Je vous apporte de la lecture, répondit-elle tout naturellement en désignant d'un signe de tête la pile de documents qu'elle venait de déposer sans délicatesse sur la table en faux bois.
Elle mit quelques secondes encore à pouvoir détacher son regard de la vision qu'elle avait du mal à croire et refermer le livre qu'elle avait été en train de lire. Les doigts tremblants, elle finit par ouvrir la pochette cartonnée d'un rouge profond. Elle contenait plusieurs contrats qu'elle ne prit pas la peine de lire, relevant simplement avec surprise la signature de ses parents et celle de Regina sur plusieurs d'entre eux.
- Qu'est-ce que c'est ? demanda-t-elle parce qu'il y avait peu de chances pour qu'elle comprenne tout tant qu'elle était encore épiée par le regard perçant de la femme d'affaires postée en face d'elle.
- Les preuves dont vous avez besoin.
- Les preuves de quoi ?
- De ma bonne foi, lui répondit l'autre en posant deux mains sur la surface de la table pour plonger d'avantage son regard en elle.
Les pans écartés de son trench révélaient un tailleur pantalon gris aux détails en cuir noir et elle s'empressa de retrouver ses yeux pour ne pas trop s'attarder sur d'autres parties de son corps.
- Lisez les. Demain soir je viendrai vous récupérer à sept heures sur le parking.
Pour aller où ?! aurait-elle voulu lui demander mais la présence autoritaire de la brune la paralysait toujours. En face d'elle, elle vit avec surprise un flash d'hésitation passer sur le visage parfaitement maquillé et elle aurait voulu en savoir plus mais l'autre tournait déjà les talons. Hébétée, elle observa sa silhouette disparaître à l'angle du couloir, les conversations reprenant quelques secondes après. Tout le monde avait-il entendu ce qu'elle lui avait dit ?
A croire que oui et que la rumeur s'en était vite répandue comprit-elle lorsque quelques minutes plus tard Scarlett vint s'asseoir à ses côtés avec l'air de quelqu'un qui voulait lui arracher des informations.
- Pourquoi est-ce que Regina Mills était là ?
- Elle voulait me montrer des contrats, répondit-elle laconiquement sans pouvoir s'empêcher de poser une main protectrice sur le dossier qui lui avait été confié.
- Comment ça se fait qu'elle ait pu entrer ? L'accès aux ailes où il y a des élèves est hyper restreint !
Elle ne répondit pas tout de suite, réfléchissant à quel passe-droit elle avait bien pu invoquer pour se faufiler un chemin jusqu'à elle mais la vérité lui explosa en pleine figure lorsqu'elle y réfléchit quelques secondes.
- Elle a payé, réalisa-t-elle à haute voix. Elle s'est acheté des parts dans l'établissement ou elle a du faire une donation.
- Juste pour pouvoir te donner des contrats en mains propres ? Genre ça pouvait attendre qu'elle te voie dehors ? Et depuis quand tu la connais ?
- Je te l'ai dit ... C'est compliqué.
- Oh mon dieu ! s'écria la brune en un murmure. C'était elle le "c'est compliqué" ? Tu ... C'est personnel, entre elle et toi ?
- Ça l'a été. Écoute, j'ai vraiment pas envie d'en parler ...
- Ok. Pas de souci. Viens, on a cours dans cinq minutes et moi j'ai vraiment pas envie de repasser la moindre de mes soirées à récurer du vomi dans un placard à balais.
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Evidemment, elle avait été incapable de suivre le moindre cours, feignant de travailler lorsqu'elle lisait avec attention les contrats qui lui avaient été communiqués. Elle avait brièvement été tentée de téléphoner à ses parents pour se faire expliquer certains passages mais avait finalement préféré emprunter des livres à la bibliothèque pour comprendre la moindre complexité.
Mais ce qu'il fallait en retenir était plutôt clair. Regina Mills renonçait purement et simplement à s'approprier par n'importe quel moyen tout ce qui appartenait à ses parents. Elle avait même stipulé dans certains contrats qu'elle n'achèterait aucune entreprise concurrente sur certains marchés pour leur laisser une plus grande marge de manœuvre.
Ses parents ne devaient rien avoir compris à sa soudaine initiative n'avait-elle put s'empêcher de penser avec un petit rire lorsqu'elle avait fini de lire la dernière page du dossier vers deux heures du matin. Mais si la lecture avait réussi à lui lever un poids de la conscience, une centaine d'autres questions subsistaient.
Elle avait failli envoyer un message à Regina sans parvenir à trouver les mots justes, continuant à y réfléchir toute la journée qui suivit et jusqu'après les cours où elle se retrouva devant la petite penderie qui contenait toutes les affaires qu'elle avait apportées. Comment devait-elle s'habiller ? Où allaient-elles ?
Elle finit par jeter son dévolu sur un simple jean noir et un chemisier quasi transparent de la même couleur qu'elle agrémenta d'un collier en jade assorti à une paire d'escarpins qu'elle enfila juste avant de sortir de la chambre.
- Hey ! l'arrêta sa colocataire sur le pallier.
- Ouais ?
- Est-ce qu'il faut que je te laisse la chambre après votre dîner ?
- Roh la ferme, râla-t-elle en claquant la porte.
Dehors le vent glacé la fit frissonner sous son blouson en cuir mais ce qui la fit tressaillir n'avait rien avec le temps lorsque son regard se posa sur la silhouette nonchalamment appuyée sur une Bentley continental d'un bleu profond. Le regard sombre la parcourut des pieds à la tête avant que la brune ne s'écarte pour lui tenir la porte et l'inviter à entrer dans l'habitacle en cuir beige.
- Où est passée votre Mercedes ? demanda-t-elle lorsque l'autre l'eut rejointe derrière le volant épuré.
- Au garage. Je ne voulais pas qu'elle vous rappelle de mauvais souvenirs.
Elle ne répondit pas, refusant de lui révéler que les souvenirs l'avaient systématiquement poursuivie depuis qu'elle remettait les pieds dans n'importe quelle voiture. Son regard fila sur la robe d'un violet si profond qu'il paraissait noir et l'échancrure qui courait sur toute une moitié de ses cuisses dévoilées par sa position assise.
- Comment ont réagi mes parents quand vous leur avez montré ces contrats ? trouva-t-elle à dire pour se distraire.
- Ils ont appelé leur avocat. C'est ce qui a pris le temps de temps d'ailleurs, sinon je serais venue bien avant.
- Bien avant ? Mais je vous ai appelée il y a six jours ...
- Je travaille vite.
- Qu'est-ce qui vous a fait croire que je voudrais bien vous parler ? Je croyais que vous m'aviez dit adieu dans votre dernier message.
- Vous m'avez appelée. On appelle pas n'importe qui en pleine nuit quand on a bu pour lui dire qu'on va coucher avec quelqu'un d'autre Miss Swan.
- White. Je m'appelle White vous savez ... Et je ... Je n'ai pas ...
- Vous serez toujours Miss Swan pour moi. C'est ce nom que vous m'avez donné le soir où je vous ai rencontrée Emma ... Et vous n'avez pas ... ?
- Après vous avoir téléphoné, j'ai été malade comme un chien pendant toute la nuit, j'ai pas couché avec qui que ce soit.
Pour la première fois depuis le début du trajet la brune détacha son regard de la route pour l'observer mais son visage parfait ne lui révéla qu'un masque d'impassibilité. Au moins était-elle capable de desceller que ce n'était qu'un masque, se rassura-t-elle.
- Ravie de l'apprendre Emma.
Elle ne répondit pas et aucune d'entre elles ne relança la conversation, pas même lorsque Regina confia sa voiture à un groom et l'invita à passer devant elle quand on les conduisit jusqu'à une des meilleures tables du restaurant où elle avait visiblement réservé.
- Vous parlez combien de langues ? voulut-elle savoir après l'avoir entendue commander du vin dans un français impeccable.
- Cinq.
- Lesquelles ?
- Anglais, espagnol, italien, français et russe. Je me suis essayée à un peu d'allemand et de chinois mais sans réel succès.
- Vous travaillez souvent avec ces pays ?
- Ca m'arrive.
- Mais qu'est-ce que vous me trouvez ? s'étonna-t-elle à voix haute.
- Je vous demande pardon ?
- Vous êtes une femme accomplie … Qu'est-ce que vous pouvez bien me trouver ? La seule chose qui sorte du commun chez moi c'est ma famille.
- Je suis connue pour desceller l'extraordinaire avant tous les autres.
- Alors je suis quoi ? Un pari sur l'avenir ?
- Non Emma. Vous n'êtes pas un pari. Et vous n'êtes pas un jeu non plus, je vous l'ai déjà dit.
- Je suis quoi ? répéta-t-elle.
- Vous êtes quelqu'un que je veux apprendre à connaître. Quelqu'un avec qui partager quelque chose.
- C'est pour ça que vous vous êtes autant renseignée sur moi ?
- Je voulais un moyen de vous retrouver et quand j'ai su qui vous étiez je … J'avoue que je ne savais plus trop quoi faire. Mais quand nous nous sommes revues j'ai su que ça ne changeait rien.
- Et vous m'avez donné votre carte.
- C'est ce que j'ai fait oui.
Elle la laissa commander pour elles deux une poêlée de coquilles saint jacques avec des légumes et elle essaya de ne pas dévorer trop vite la sienne sous le regard amusé de celle qui l'invitait. Elles ne furent interrompues que par un homme qui aborda la brune. Quelqu'un avec qui elle avait déjà eu l'occasion de travailler comprit-elle à leurs allusions à un contrat dont Regina s'enquit.
- Ce n'est pas grave s'il nous a vues ? lui demanda-t-elle lorsqu'il se fut retiré après les avoir saluées.
- J'espère que vous plaisantez Emma ?
- Non, c'était une vraie question, insista-t-elle. Est-ce que ça vous fait quelque chose qu'on puisse nous voir ensemble ?
Ce fut de la panique qu'elle sentit étreindre son estomac pourtant bien rempli lorsqu'en face d'elle la brune replia calmement sa serviette de table avant de se lever avec une lenteur certainement délibérée. Elle savait qu'elle avait l'air anxieux quand elle s'approcha pour se pencher au dessus d'elle et elle remercia le ciel d'être assise la seconde d'après lorsque les lèvres pulpeuses enserrèrent chastement les siennes. Le bref contact ne parut pourtant pas suffire à son amante qui ne s'écarta qu'après être revenue plusieurs fois à la charge et avoir pu caresser la lèvre qu'elle avait brièvement emprisonnée entre ses dents du bout de sa langue.
- Je suis désolée mais j'en mourrais d'envie depuis lundi, sembla-t-elle s'excuser avant de s'éloigner pour aller aux toilettes.
Bouche bée, Emma ne fit que l'observer jusqu'à ce qu'elle disparaisse derrière une porte en bois sculpté. Autour d'elle, elle capta plusieurs regards curieux qui lui confirmèrent que non, personne n'avait manqué le show que Regina avait fait et elle se demanda combien de temps ses parents mettraient pour être mis au courant.
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A son retour elle avait agi comme s'il ne s'était rien passé alors qu'Emma ne pouvait plus s'empêcher de penser à autre chose même lorsqu'on lui présenta une coupe de glace que Regina l'observa déguster en avalant des gorgées du café qu'elle avait commandé.
- A quelle heure devez-vous rentrer ?
- Je n'ai pas d'heure.
- Pas de couvre-feu ? sembla s'étonner l'autre.
- Non. Vous avez pas lu ça dans le règlement quand vous avez acheté l'établissement ? se moqua-t-elle.
- Qui vous a dit que j'avais acheté votre école ?
- Ce n'est pas ce que vous avez fait ? Pour avoir le droit d'entrer dans les locaux qui abritent les élèves ? Je sais que la politique intérieure est très stricte à ce niveau …
- Non, ce n'est pas exactement ce que j'ai fait. Mais oui, j'ai injecté un peu d'argent dans leurs comptes.
- Ok.
- Vous voulez que je vous ramène ?
- Vous aviez d'autres plans ?
- J'ai pas mal d'idées mais je me suis promis de ne rien faire sans votre accord.
- C'est une façon de me forcer à supplier ?
Le sous entendu provoqua un demi sourire satisfait mais elle n'obtint aucune réponse mis à part le mouvement de la main que Regina fit pour attirer un serveur à qui elle confia une carte platinium sans même demander l'adition. Ses parents aussi faisaient ça. Mais avec moins de classe, ne put-elle s'empêcher de noter tandis qu'elle signait le ticket qu'on était revenu lui donner.
Il y eut quelques secondes de silence et si elle crut qu'elle s'apprêtait à lui proposer de partir, elle fut étonnée de la voir reculer pour s'installer un peu plus confortablement dans son fauteuil. Prête à tout entendre, la jeune femme plongea son regard dans les yeux sombres qui la détaillaient par-dessus les doigts que la brune avait croisés devant elle, coudes posés sur les accoudoirs.
- Emma … Je sais à quel point commencer une relation sur de bonnes bases est important en affaire comme ailleurs … L'autre soir j'ai bien entendu que vous ne me croyiez pas quand je vous ai parlé de cette enquête mais je tiens à ce que vous sachiez que je ne mentais pas. Je les ai demandées à des collaborateurs qui sont très bons dans ce qu'ils font mais je ne leur avais pas précisé … Je ne leur avais pas dit que c'était personnel. Ils ont cru bon de faire des recherches poussées sur ces entreprises que possèdent vos parents en pensant peut être que je comptais les récupérer mais c'est faux. Ça n'a jamais été mon but. Vous comprenez Emma ?
- Oui, répondit-elle honnêtement.
En face d'elle Regina fit durer encore quelques secondes le silence qui lui servit apparemment à déterminer si elle mentait ou non avant de se décider à bondir hors de sa chaise.
- Suivez-moi, nous partons.
Elle la suivit. La brune fit filer sa voiture à toute allure dans les rues quasiment désertes au point qu'elle s'étonne que le trajet ait si peu duré lorsqu'elles arrivèrent à proximité de l'établissement.
- Vous étiez si pressée que ça de vous débarrasser de moi ?
- De me débarrasser de vous ? Non Emma, mais j'ai peur de ne pas tenir mes résolutions si je reste encore un peu trop avec vous.
- Garez-vous.
- Et risquer qu'on me voie vous raccompagner jusqu'à votre chambre ? plaisanta la plus âgée en manœuvrant pourtant la Bentley pour la garer aux côtés d'un pick-up qu'elle savait appartenir à un membre de l'équipe de foot.
Elle avait à nouveau l'impression d'avoir quinze ans et devoir filer en douce à l'extérieur de sa maison lorsqu'elles se faufilèrent dans les couloirs déserts à peine éclairés par les lumières de secours.
- C'est ici que nos chemins se séparent ? demanda-t-elle à celle qui n'avait pas lâché sa main depuis qu'elles étaient entrées dans l'aile réservée aux étudiants.
- Quand est-ce que je pourrais vous revoir Emma ?
- Je ne sais pas. C'est vous la femme d'affaires avec un emploi du temps chargé.
- Quand revenez-vous chez vos parents ? Vous ne deviez pas faire un stage avec Graham ? Et vos vacances ? Vous n'allez pas passer vos vacances de Noël en famille ?
- Si, c'est dans deux semaines.
- Deux semaines ?! Non, je reviendrai d'ici là. C'est impossible.
- Je vais vous manquer ?
- A votre avis ?
- Je ne sais pas, vous aviez l'air de bien vous débrouiller sans moi. Deux OPA, les magasines affirment que vous êtes devenue la femme la plus puissante de l'état et les journalistes ne parlent plus que de votre candid…
La main qui s'était abattue sur le col de son blouson la força au silence, son corps plaqué contre le mur le plus proche quand Regina s'approcha à l'en effleurer pour lui répondre, chaque mot raisonnant étrangement comme une menace et une douce promesse.
- J'étais dévastée lorsque j'ai compris pourquoi vous étiez partie Emma, je vous ai appelé une dizaine de fois. Je ne rappelle jamais deux fois quelqu'un. J'ai cru que jamais plus vous ne voudriez me voir et j'ai foncé tête la première dans tout ce qui pourrait m'occuper pour oublier que chaque jour je me réveillais avec l'envie de savoir ce que vous faisiez, où vous étiez, s'il vous arrivait de penser à moi, d'avoir envie de moi … Quand vous m'avez appelée j'ai cru que j'allais imploser. Vous savez pourquoi j'ai voulu des parts dans votre établissement ? Pour pouvoir en faire renvoyer l'enfoiré qui vous avez touchée à ma place. Alors ne vous avisez jamais plus de supposer que votre absence dans ma vie ne m'affecte pas.
L'attirer à elle pour l'embrasser fut la seule réponse qu'elle trouva. Et cette fois elle n'était pas assise pour retenir les genoux qui flanchèrent au premier contact de leurs langues mais la brune avait déjà enfilé un bras autour de sa taille pour l'empêcher de bouger. Il y avait du soulagement et de la colère dans leur échange mais alors qu'elle avait cru être enfin parvenue à s'immuniser un tant soit peu contre le désir ardent qu'elle semblait provoquer en elle, Emma le sentait revenir au galop. Ses mains glissèrent dans les cheveux de soie noire tandis que la plus âgée se glissait dans le cou qu'elle embrassa. Ses doigts se crispèrent dans les mèches courtes lorsque la douce torture qu'elle lui infligeait migra vers sa gorge.
- Vous savez que ce chemisier est une abomination hein ?
- Comment ça ?
- Ça ou rien, c'était pareil Emma. Il est transparent.
- Vous croyez que je l'ai mis pourquoi ? ricana-t-elle malgré les dents qui mordillèrent son décolleté en guise de remontrance.
Mais la seconde d'après le contact s'était évaporé et la brune semblait vouloir mettre un peu de distance entre elles malgré ses pupilles dilatées à l'extrême par l'obscurité autour d'elles et le désir évident. Les perles noires la surveillaient avec un air prédateur qui la fit frissonner.
- Je refuse de vous prendre contre un mur Emma, je veux vous faire l'amour dans un lit.
- Alors ramenez-nous à la voiture et votre hôtel parce qu'il est hors de question que vous partiez comme ça.
En face d'elle Regina l'observa encore de longues secondes avec l'air de contempler ses options et elle se sentit fondre lorsqu'elle obtint un hochement de tête positif. La main brûlante qui avait colonisé le creux de ses hanches s'empara de la sienne et elle fut entraînée dans une direction qui n'était définitivement pas celle de la sortie.
- La sortie n'est pas par là.
- Exact Miss Swan. Je n'ai peut être pas lu le règlement de l'école mais quand j'investis de l'argent dans quelque chose, je m'assure tout de même de son fonctionnement. Savez-vous que plus d'un quart des dortoirs sont vides ? Certains parents ont cette étrange idée qu'un pensionnat complet n'est pas un milieu propice à un apprentissage sérieux …
- Je me demande pourquoi, se moqua-t-elle alors qu'elle se faisait guider vers un étage où elle n'avait pas encore mis les pieds.
Regina ne prit pas la peine de vérifier quoi que ce soit avant de pousser la première porte d'une chambre qu'elle trouva sur leur chemin. Elle était vide. De la même configuration que celle qu'elle partageait avec Scarlett mais paraissant beaucoup plus grande sans les affaires de jeunes femmes pour l'encombrer. La brune la lâcha brièvement pour se débarrasser de la longue veste en daim qu'elle portait et la seconde d'après son blouson en cuir subit le même sort, jeté sur une chaise vide.
Les mains qui la déshabillèrent étaient urgentes, manquant arracher les boutons en nacre de son chemisier et la forçant à se débarrasser de son jean étroit avec empressement. Le rythme sembla se calmer uniquement lorsqu'elle fut jetée sur un des lit, plus qu'en sous vêtements. La respiration saccadée, elle observa son amante enlever sa robe pour dévoiler un porte jarretelles et des sous-vêtements d'un rouge profond. Le signe qu'elle lui fit pour lui demander de s'approcher ne fut pas obéit et elle gémit mi déçue mi adorative lorsque l'autre tomba à genoux entre ses jambes, tirant son corps vers le rebord du lit.
Une langue brûlante traça un chemin sur ses cuisses tremblantes et elle bondit littéralement lorsque Regina souffla sur la trainée mouillée qu'elle avait faite.
- Hey ! se plaignit-elle lorsque sa réaction lui valut un ricanement satisfait.
Mais déjà la bouche se posait sur son string trempé, jouant à la toucher au travers du tissu qui l'empêchait de pouvoir la sentir vraiment sur elle, en elle.
- Regina, s'il vous plaît.
Sa demande fut largement ignorée, la brune remontant torturer son ventre, s'arrêtant au niveau de son nombril avant de se hisser sur le lit où elle embrassa chaque parcelle de peau jusqu'à atteindre le soutien gorge dont elle se débarrassa sans autre forme de procès. Elle crut qu'elle allait mourir lorsque la bouche se referma sur la pointe d'un de ses seins, suçant avec force tandis qu'une main était remontée caresser l'autre.
- Vous vous rappelez lorsque vous avez sous-entendu que je ne pourrais pas vous faire jouir si je ne vous touchais pas là où vous vouliez ?
- Oui, ok, je vous crois, capitula-t-elle immédiatement. Vous pouvez mais s'il vous plaît, une autre fois. Je vais mourir si vous ne me touchez pas.
- Vous n'êtes pas dure en affaire, eut-elle l'air de se moquer.
- Pas avec vous. Je suis à vous, prenez-moi.
- À moi ?
- Oui. Regina, s'il vous plaît …
Les yeux sombres eurent l'air de la dévisager avec un certain degré d'incertitude mais ils soutinrent son regard jusqu'à ce qu'elle soit forcée de se cambrer, déchirée par la sensation des doigts qui avaient écarté le tissu de son string pour entrer en elle. Il n'y avait pourtant aucune hésitation dans les gestes qui la prirent inlassablement, faisant enfler une bulle de plaisir dans le creux de son ventre. Elle sentit la brune bouger au dessus d'elle et elles gémirent à l'unisson lorsqu'elle chevaucha l'une de ses cuisses pour atténuer son propre désir.
Au milieu de la foule de pensées incohérentes qui se bousculaient dans sa tête, la blonde n'eut aucun mal à la sentir trempée et le besoin impérieux de faire jouir cette femme formidable surpassa tout le reste. Elle ne se formalisa pas du cri qu'elle lui arracha lorsqu'elle déchira le boxer en dentelle qu'elle portait pour lui présenter les doigts sur lesquels elle s'empala presque aussitôt. Un instant Regina sembla se perdre dans son propre plaisir et elle l'admira la bouche entr'ouverte se déhancher sur ses doigts, le corps cambré, la tête renversée et la gorge offerte à des lèvres qui ne pouvaient pourtant pas l'atteindre.
- Putain ce que vous êtes belle …
Son compliment eut le mérite de rappeler son existence à la brune et le sourire aux lèvres elle l'observa basculer en avant, une main aux ongles manucurés froissant les draps neufs quelque part à côté de son oreille.
- Je vais pas tenir très longtemps Emma, lui murmura-t-elle la voix rauque. J'ai essayé … Plusieurs fois j'ai essayé de m'en charger moi même mais chaque fois je pensais à vous et je finissais plus frustrée que je l'avais commencé.
La confession lui arracha un petit rire mais comme si elle cherchait à la punir de se moquer d'elle, son amante entreprit de lui faire oublier l'intégralité de son vocabulaire à l'exception de son prénom et des oui qu'elle lui fit crier lorsque le rythme de ses doigts reprit entre ses jambes avec une nouvelle force. Elle en avait presque les larmes aux yeux lorsqu'elle sentit les premières vagues de l'orgasme s'écraser dans son ventre. Dans un sursaut de lucidité la jeune femme parvint à recourber les phalanges sur lesquelles ondulait encore la brune. L'angle ne lui permettait pas grand chose de plus mais son pouce alla rejoindre le sexe trempé pour cercler la petite boule de nerf et ce fut le cri que le mouvement provoqua qui fit s'arrêter le temps. L'espace d'un instant la terre s'arrêta de tourner, son corps se cambra, la sensation éclatant dans tous les muscles qui s'étaient tendus.
- Vas-y, l'encouragea la voix enrouée dans le creux de son oreille. Vas-y Emma, crie mon nom. À qui est-ce que tu appartiens ?
- Toi. À toi, répondit-elle presque en un sanglot avant que l'impression d'être chauffée à blanc ne l'emporte.
Au dessus d'elle le corps svelte se crispa lorsqu'elle lui obéit, jouissant son prénom d'une voix qui se cassa sur l'un des nombreux A qu'elle y rajouta. Comme dans un rêve elle sentit à peine la bouche qui courut de son cou jusqu'à la sienne qu'elle prit en baiser lascif, rassasié tandis que ses doigts finissaient leur travail avec beaucoup plus de douceur.
- Non, c'est officiel, je ne pourrais pas attendre deux semaines, lui confirma la brune le souffle court tandis qu'elle basculait à ses côtés sur le lit beaucoup plus étroit que celui où elles s'étaient endormies la dernière fois.
- Et si tu devenais prof ici ? Je me mettrais au premier rang et tu aurais le droit de t'asseoir sur mon bureau.
- Oh s'il te plaît, quel cliché … Non, je viendrai dès que mon emploi du temps le permettra Emma, je ferai en sorte d'avoir du temps mais quand les cours seront finis je vais vouloir te voir beaucoup plus souvent.
- Ça veut dire qu'on sera ensemble ?
- Pas la peine d'employer le futur Emma, nous le sommes déjà, tu ne crois pas ?
- Je ne voulais rien présumer.
- Hum …
Les lèvres pulpeuses s'étirèrent en un petit sourire avant qu'elle ne les sente se poser brièvement sur son épaule.
- A quelle heure commencent les cours demain ?
- Tôt, répondit-elle seulement.
L'information fut accueillie sans trop de surprise et malgré ses prières, Regina ne céda pas après lui avoir annoncé qu'il était temps qu'elle dorme pour être en mesure de suivre les cours le lendemain. Pourtant elle était presque sûre de l'avoir convaincue quand elle se retrouva à nouveau plaquée contre le mur à côté de la porte de sa chambre. Mais le genou qui s'était insinué entre ses cuisses n'y resta pas longtemps et elle fut lâchement abandonnée dans le couloir où elle observa la brune disparaître au rythme du claquement de ses talons aiguilles avec un sourire béat aux lèvres.
Elle n'alluma pas la lumière dans la chambre où elle chercha le chargeur de son téléphone à tâtons. Plus question de rater le moindre message. Dans le noir elle tapa contre l'angle d'une table basse, crachant une insulte à l'intention du mobilier mais qui parut réveiller sa colocataire dont elle vit la forme se redresser subitement sur ses coussins. Elle émit un grondement lorsque la brune écrasa son poing sur sa lumière de chevet.
- Alors ? Alors ? Il est quelle heure ? Ça s'est bien passé ?
- Ouais, tenta-t-elle de répondre innocemment.
- Oh mon dieu ! Oh mon dieu ! Vous l'avez fait ! C'était où ?! Elle t'a amenée dans son hôtel ? Dans sa voiture ? Sur le parking ? Dans le couloir ?
- Bon sang Scarlett, s'indigna-t-elle en se dirigeant vers la salle de bain où elle enfilait son pyjama quand le tintement de son téléphone raisonna dans la pièce.
Elle ne comprit pas tout de suite à quoi correspondait l'agitation qu'elle entendit dans la pièce adjacente, revenant sur ses pas une seconde trop tard pour voir que son amie encore enroulée dans sa couette s'était jetée par terre pour attraper l'iPhone qu'elle avait laissé en charge à côté de sa table de nuit.
- Emma, j'ai passé une merveilleuse soirée, commença à lire la brune d'une voix exagérément séductrice.
- Lâche ça ! ordonna-t-elle déjà rouge de honte.
- … J'essaierai de me libérer dans la semaine mais ne prévoyiez rien ce week-end. J'ai une propriété dans les environs, un très bon lit et … Wow ! Ok, vous avez définitivement couché ensemble, se moqua Scarlett en lâchant le téléphone comme s'il l'avait brûlée.
- T'es débile.
- Oh allez souris ! Ta meuf est la plus badass de tout le pays !
La déclaration lui fit marquer une pause et elle se rapprocha de son lit avec plus de calme que ce qu'elle avait prévu. Est-ce qu'elle pouvait dire que Regina Mills était sa petite amie ? « Nous le sommes déjà » avait-elle dit lorsqu'elle avait évoqué la possibilité qu'elles soient ensemble.
- Ouais beh tu ferais mieux de t'en rappeler la prochaine fois que tu voudras m'emmerder comme ça. Tu sais pas de quoi elle est capable, plaisanta-t-elle tandis que les lumières s'éteignaient à nouveau et qu'elle plongeait sous sa couette pour lire le message qu'elle avait reçu dans son intégralité.
# Emma, j'ai passé une merveilleuse soirée. J'essaierai de me libérer dans la semaine mais ne prévoyiez rien ce week-end. J'ai une propriété dans les environs, un très bon lit et une multitude d'autres meubles où j'ai bien l'intention de vous faire jouir … Ramenez-moi des bonnes notes et peut-être que je consentirai à jouer les professeurs ;)
Ok, elle comprenait pourquoi Scarlett avait lâché le téléphone comme s'il était contagieux.
Alors ?! À vos commentaires ! ^^
