Bonjour à tous ! Misty revient pour une nouvelle fic, trois ans après la dernière. J'espère ne pas avoir perdu la main, ce sera à vous de me le dire. Je tiens juste à préciser une chose : Cette fic a un rating M principalement à cause des trois premiers chapitres qui seront assez violents, la suite sera beaucoup plus soft. Je remercie infiniment Khalya, qui a bêtatisé cette fic et m'a motivée à continuer à écrire pendant ces trois ans de silence.
Sur ce... Enjoy !
Sirius se faufila hors de sa chambre. Il referma silencieusement la porte et scruta les ténèbres autour de lui. Seul le léger ronflement de Regulus troublait le silence. Un coup d'œil vers la cuisine lui indiqua que Kreattur aussi devait dormir. Il avança doucement. Évita la latte de parquet qui grinçait, deux pas devant sa chambre. Enjamba la marche de l'escalier susceptible de se briser sous le poids de la prochaine personne qui poserait le pied dessus. Atteignit la porte d'entrée. C'est là que ça devenait compliqué. La porte était équipée de tous les sortilèges et toutes les protections au monde et déclenchait entre autres une sonnerie stridente si quelqu'un jetait un sortilège ou posait même juste la main dessus alors qu'elle était fermée à clé. Il ferma les yeux et respira profondément.
C'était plusieurs années auparavant, mais il était persuadé que ça marcherait encore. Ses parents qui s'étaient absentés, fermant la porte à clé par précaution. Kreattur, portant un plateau de tasses de thé. Bellatrix, Narcissa et Regulus déboulant en courant dans le hall d'entrée car ils jouaient à loup-garou-perché. Kreattur perdant l'équilibre, faisant voler le plateau qui s'était brisé contre la porte. L'alarme qui ne s'était pas déclenchée. Oui, c'était ça, la faille du système de sécurité monté par son père : l'alarme ne s'activait que si c'était une personne qui touchait la porte. Il tira une épingle à cheveux de sa poche. Lentement, très lentement, il l'inséra dans la serrure en faisant attention à ne pas l'effleurer. Il tourna l'épingle pendant quelques secondes avant d'entendre un déclic, confirmé par une étincelle magique au niveau de la serrure. Il esquissa un sourire et ouvrit la porte. L'air frais de la nuit le frappa et il inspira une longue bouffée d'oxygène. Il sortit de la résidence, referma silencieusement la porte derrière lui et s'enfuit dans les rues de Londres.
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Un chien noir trottinait en slalomant entre les passants du Chemin de Traverse, peu nombreux aussi tôt le matin. Il attrapa dans sa gueule un exemplaire de la Gazette du Sorcier abandonné sur le trottoir et tourna dans une ruelle sombre et déserte. Sirius reprit sa forme humaine, s'assit sur le trottoir et déplia le journal vers les dernières pages. Avec l'ascension fulgurante de Voldemort et de ses idées sur la pureté du sang, la Gazette avait rapidement préféré se mettre à l'abri en prouvant qu'ils étaient loin d'être contre ces idées. Depuis quelques années, une nouvelle rubrique nommée "Toujours purs" s'était frayée une place dans les pages du journal et présentait les dernières nouvelles à propos des membres des familles de sang-pur : la plupart du temps, la rubrique ne prenait que quelques lignes, se contentant d'annoncer un mariage entre deux familles pures ou un décès. Mais les auteurs désignés de ces nouvelles étaient toujours à l'affut de la moindre rumeur, du moindre ragot. Ils avaient d'ailleurs été la cause d'un certain nombre de scandales : la grossesse d'Andromeda suite à une liaison avec un né-moldu, Lucius Malefoy qui avait osé demander la main de Bellatrix alors qu'il était de notoriété publique que celle-ci était promise à Rodolphus Lestrange et, plus récemment, la mort accidentelle des parents de James et celui-ci héritant de la totalité de leur fortune. Il trouva enfin la rubrique qu'il cherchait et le premier coup d'œil confirma ses craintes : l'article était beaucoup plus long que d'habitude.
L'héritier de la famille Black déshérité
Selon des sources sûres et récentes, Sirius Black, héritier de l'une des plus anciennes familles de sang-pur, se serait enfui de la demeure où il résidait jusqu'à présent avec ses parents et son jeune frère Regulus. Si, depuis maintenant quelques années, le jeune homme avait commencé à provoquer délibérément sa famille, notamment en étant le premier Black à être envoyé à Gryffondor où il fréquentait volontairement des nés-moldus et des sang-mêlés, l'ex-héritier a asséné le coup de grâce à l'honneur de sa famille la nuit dernière. Profitant de la nuit pour échapper à la vigilance de ses parents, il a quitté le domicile et brisé définitivement ses derniers liens avec la noble famille des Black. Interrogé à ce sujet, Orion Black a juste déclaré qu'à ses yeux, Sirius n'était plus son fils, avant de nous assurer qu'il ne comptait pas en rester là et qu'il lui ferait payer cet affront. On ignore actuellement où se trouve l'ancien héritier, bien que la rumeur veuille qu'il se soit réfugié chez un de ses amis de Poudlard, peut-être un des nés-moldus dont il était si proche.
Sirius soupira. Il n'était pas surpris par la réaction de son père, mais il allait devoir faire attention. Orion n'était pas du genre à lancer de telles affirmations sans avoir réellement l'intention de les appliquer. S'adossant au mur du bâtiment de pierre derrière lui, il ferma les yeux et réfléchit. Il ne pourrait rester longtemps dans la rue. Sa forme de Patmol le protègerait, mais il serait bien obligé de la quitter tôt ou tard, ne serait-ce que pour retourner à Poudlard dans un mois et deux semaines. Et il savait qu'Orion se tiendrait prêt à le cueillir ce jour là. Aller chez James était la première chose raisonnable à laquelle il avait pensé. Maintenant qu'il y réfléchissait, il aurait du se réfugier chez lui dès sa sortie de la maison. Mais c'était probablement trop tard maintenant. Orion était au courant de leur amitié et il se doutait qu'il attendait de pied ferme qu'il s'aventure chez James. Mais son père ne connaissait pas Patmol. Oui, ça restait la solution la plus sûre. Aller jusque chez James sous sa forme de chien, gratter à la porte jusqu'à ce qu'il ouvre. Lui, il le reconnaîtrait, le laisserait entrer, et alors il pourrait reprendre sa forme humaine. Oui, ça pouvait marcher. Ça devait marcher.
Sirius arriva au coin de la rue, au pied du panneau "Broadway Street". Il s'arrêta et scruta la rue déserte. Il apercevait la porte de la maison de James quelques mètres plus loin. Le chien se coucha sur le sol et resta immobile quelques minutes. C'était bien trop calme, bien trop attirant pour être vrai. Une étincelle attira son regard vers le ciel. Il scruta les airs et aperçut un éclat, approximativement au même endroit. Le soleil s'était brièvement dégagé de derrière les nuages, juste le temps de se refléter dans une fenêtre du 3e étage de la maison la plus proche de lui. Il sourit intérieurement. Prudent ne voulait pas dire parano. Après encore quelques minutes sans que personne ne passe dans la rue, il se releva. Il ne serait pas tiré d'affaire en passant sa vie ici. Il avança une patte dans la rue, puis marcha nonchalamment, adoptant la démarche du chien errant qu'il imitait parfaitement bien - selon Remus. Alors qu'il n'était plus qu'à une dizaine de mètres de la maison, une vive douleur le saisit et il sentit en l'espace de quelques secondes ses poils rentrer dans sa peau, son corps s'étendre pour rapidement reprendre sa forme humaine. Il n'eut pas le temps de se demander ce qui était arrivé. Une poigne de fer s'abattit sur son épaule et il se sentit comme compressé dans tous les sens par un rouleau de caoutchouc. Quand la sensation s'arrêta, il retomba à plat ventre sur un sol froid. Il resta étendu quelques secondes avant de relever la tête. Il était chez ses parents, dans le hall d'entrée. Il entendit derrière lui Orion ricaner :
- Tu es tellement prévisible, Sirius, c'en est presque pathétique…
Sirius se releva péniblement et Orion reprit :
- Tu croyais quoi, que je ne m'attendais pas à ce que tu te pointes chez Potter sous une autre forme que la tienne ? J'avoue que ton sortilège de métamorphose humaine était assez réussi…
- C'était quoi, ce truc ?
- Une cascade anti-magie. Métamorphose, déguisements, désillusions… Elle détecte et annule tout. Avec un sort d'invisibilité pour que tu tombes la tête la première dans le panneau.
Sirius ne répondit rien, encore sonné. Son père le saisit par les cheveux et lui enleva sa baguette de sa poche avant de le faire avancer vers les escaliers. L'obligeant à monter dans sa chambre, il le jeta violemment sur le parquet de la pièce et lança :
- Ne t'inquiète pas, tu ne resteras pas longtemps ici. Tu as déshonoré les Black mais tu peux peut-être encore me rapporter un peu d'argent.
La porte claqua et Sirius entendit plusieurs sortilèges de verrouillage retentir. Il se redressa difficilement et se laissa tomber sur son lit, les yeux fermés. Il ne cherchait même pas à comprendre ce que son père avait voulu dire. Quelque chose le brûla dans la poche de sa robe. Son miroir à double-sens. James. Il le sortit et vit le visage de son meilleur ami dans le miroir.
- Sirius ? Sirius c'est quoi ces conneries que la Gazette a racontées ? Tu es où ? Qu'est-ce qui s'est passé ?
- Je suis chez mes parents. Je me suis enfui… Je voulais venir chez toi mais… Mon père m'attendait. Il m'a rattrapé au coin de ta rue.
- Il t'a… commença James.
- Non. Il m'a juste enfermé dans ma chambre. Je sais pas ce qu'il veut faire.
- Calme-toi Sirius. Calme-toi. Et écoute-moi. On va te sortir de là d'accord ? Tu sais si ton père compte te garder longtemps dans ta chambre ?
- Il a dit que je resterai pas longtemps, non. Que… Que je pouvais lui rapporter de l'argent. J'ai rien compris.
Des bruits de pas se rapprochèrent de sa chambre.
- Je crois qu'il revient ! s'écria Sirius.
- OK. On se rappelle dès qu'on peut. Et quoi qu'il arrive, ne t'inquiète pas, Sirius, je te tirerai de là, d'accord ?
- D'accord, murmura-t-il avec un sourire.
- Allez tiens le coup frangin. On se revoit très vite.
Sirius rangea son miroir dans sa poche au moment où son père ouvrait la porte à la volée. Il se leva de son lit et le regarda, mais Orion ne dit pas un mot. Il pointa sa baguette sur lui.
- Stupefix !
Le rayon frappa Sirius en pleine poitrine et il s'évanouit avant d'avoir touché le sol.
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Il ouvrit lentement les yeux mais ne vit absolument rien autour de lui. Il se redressa et son bras heurta un mur de pierres froides. Il étendit doucement les bras pour discerner le tour de la pièce où il était. Petite, très petite. Il n'avait même pas la place d'écarter totalement les bras. Trois murs de pierre et une grille froide. Il se rapprocha de la grille et, à mesure que ses yeux s'habituaient à l'obscurité, il discerna qu'elle donnait sur un grand couloir, le long duquel s'étalaient d'autres cellules comme la sienne – avec d'autres personnes, vu les murmures qui s'en échappaient. Il frissonna violemment et constata qu'il ne portait que sa robe de sorcier, il n'avait plus sa cape de fourrure. En revanche, il soupira de soulagement en sentant son miroir à double-sens qui n'avait pas bougé de sa poche. Il hésita un instant à appeler James mais il réalisa rapidement que ça ne servait à rien. Il n'en savait pas plus que tout à l'heure sur l'endroit où il était – et encore moins sur ce qui allait lui arriver. Des éclats de voix jaillirent au bout du couloir, faisant taire aussitôt toutes les autres personnes enfermées. Deux personnes s'avancèrent dans le couloir, jetant un rapide regard sur chaque cellule. Elles arrivèrent devant lui et s'arrêtèrent.
- Tiens, il est là.
Sirius se tassa dans le fond de sa cage quand l'une des personnes ouvrit la grille. L'un d'eux le saisit par les cheveux et l'obligea à se redresser et à sortir de la cellule. Il se débattit violemment mais un coup de baguette lui attacha les bras dans le dos. Ils le traînèrent le long du couloir et le firent entrer dans une salle tout au fond. Ils le jetèrent violemment par terre avant de s'asseoir à une table un peu plus loin. Sirius réussit à s'asseoir et regarder autour de lui. La table et les deux chaises étaient les seuls meubles, en plus d'un petit placard dans un coin au fond de la pièce qui ne devait pas faire plus d'une dizaine de mètres carrés. Observant les deux hommes discuter sans prêter attention à lui, il rugit :
- Eh ! Vous êtes qui ? Qu'est-ce que je fous là ?
L'un d'eux lui jeta un regard agacé, mais aucune réponse ne vint. Il cria un peu plus fort :
- Vous allez me répondre, putain ? On est où ?
Le plus grand des deux hommes se leva et se rapprocha de lui. Le dominant de toute sa hauteur, il l'obligea à se redresser et esquissa un rictus.
- Ton père ne t'a même pas dit ce qu'il comptait faire de toi ?
Sirius ne répondit rien mais son silence fut suffisamment explicite.
- OK gamin, reprit l'homme devant lui. Ici tu es dans les coulisses du marché aux esclaves de l'Allée des Embrumes. Ton père t'a laissé ici contre un petit paquet d'argent. Tu vas rester dans ta cellule jusqu'au moment où tu seras vendu, mais en attendant on doit estimer le prix auquel on va te vendre, et c'est pour ça qu'on est dans cette pièce. Et je te préviens tout de suite, on s'embarrasse rarement d'esclaves que personne ne veut acheter. Alors si tu espères rester en vie, tu as intérêt à fermer ta gueule et à montrer aux clients que tu seras un esclave bien obéissant, c'est compris ?
Sirius pâlit, trop sonné par la nouvelle pour répondre. Son père l'avait vendu comme esclave. Au fond, il devait avouer que ça ne l'étonnait pas venant de lui mais… Putain, qu'est-ce qui allait lui arriver ? Il y avait toujours une maigre chance qu'il réussisse à contacter James et que celui-ci le rachète, mais il ne voulait pas l'impliquer là-dedans. Il devrait trouver le moyen de s'en tirer. Seul. Encore fallait-il qu'il sache quand il allait être vendu – et combien de temps il aurait pour réfléchir à un plan. Le vendeur qui lui avait parlé agita sa baguette et ses liens volèrent en éclats.
- Déshabille-toi.
Il hocha la tête de droite à gauche, reculant contre le mur. L'homme soupira et le plaqua violemment contre le mur.
- Ne fais pas le con. Ce n'est pas comme si tu étais plus fort que nous.
Le tenant d'une main, il lui arracha sa robe de l'autre, le laissant en boxer. Le deuxième vendeur s'approcha de lui et demanda :
- Alors, ça vaut combien à ton avis ?
- Peut-être un petit paquet… Il est assez musclé.
L'autre homme le regarda, le saisit par l'épaule, le retourna et ricana :
- Tu vois, je t'avais dit que c'était de l'arnaque… Regarde ces cicatrices sur son dos, qui voudrait d'un esclave aussi marqué ?
Sirius tenta à nouveau de se débattre. Il détestait que quelqu'un voie les traces des coups decanneque son père avait pris l'habitude de lui asséner à chaque fois qu'il revenait de Poudlard. La seule personne qui l'avait déjà vu torse-nu était James – après que celui-ci l'ait convaincu de le laisser le soigner.
- Bon, tu vas te calmer oui ? rugit l'un des vendeurs.
L'autre sourit :
- Je te l'avais dit, c'est une arnaque ce gamin… Incapable de tenir en place, son dos témoigne que c'est un petit con !
- Il a des avantages quand même. Jeune, musclé, assez beau… Et je suis sûr qu'il serait agréable au lit !
Les deux hommes ricanèrent et Sirius se débattit de plus belle.
- Lâchez-moi… murmura-t-il. Je veux pas…
La prise de celui qui le tenait se raffermit.
- Tais-toi donc un peu. Tu sais, si tu ne veux pas être vendu, on peut te placer dès maintenant un avada entre les deux yeux !
Sirius ferma les yeux. Une phrase lui revint en mémoire. Quoi qu'il arrive, ne t'inquiète pas Sirius, je te tirerai de là. James. Il savait qu'il ferait l'impossible pour le sauver mais il ne voulait pas avoir recours à son aide. La porte de la pièce s'ouvrit sur un homme de petite taille, habillé d'une robe élégante. Sûrement un homme d'affaires.
- On a un problème.
- Qu'est-ce qui se passe ?
- L'un des esclaves qu'on devait vendre ce matin est mort dans la nuit. Déjà qu'on en avait pas beaucoup… On ne peut pas proposer uniquement deux esclaves dans la journée ! Vous en avez un autre, en réserve ?
Les deux hommes réfléchirent un moment avant que l'un d'eux ne rompe le silence.
- Aucun en état. La plupart de ceux qu'on a déjà dressés sont encore trop mal en point, ils ne peuvent pas être présentés maintenant.
- Et celui-là ? demanda le petit homme en désignant Sirius.
- Celui-là est celui qui nécessite le plus de dressage. On ne va pas envoyer un petit con incapable de fermer sa gueule deux minutes.
- En même temps… commenta l'autre vendeur. Tu l'as dis toi-même, regarde son dos ! Après toutes les raclées qu'il a du se prendre, il est toujours aussi con… On pourrait tenter, certains clients aiment les esclaves qu'ils ont besoin de mater un peu.
- Faites ce que vous voulez, mais je ne veux pas de grabuge sur la scène de vente. Soit vous m'envoyez celui-là en vous débrouillant pour qu'il se tienne tranquille, soit vous me trouvez quelqu'un d'autre.
L'homme ressortit et les deux vendeurs se regardèrent. Sans échanger un mot, ils semblèrent se mettre d'accord. Celui qui le tenait relâcha sa prise et sourit.
- Finalement tu vas peut-être partir d'ici un peu plus tôt que prévu.
Il se dirigea vers le placard et en sortit un pantalon noir.
- Enfile ça pendant qu'on règle les derniers détails à ton propos.
Sirius prit le pantalon mais ne répondit rien. Les deux hommes retournèrent s'asseoir à la table. Il enfila le vêtement mille fois trop serré et moulant. Remarquant que les deux hommes lui tournaient le dos, il avisa les lambeaux de sa robe par terre. Il se baissa lentement, silencieusement, et trouva rapidement son miroir à double sens. Notant que les vendeurs ne s'étaient pas retournés, il glissa rapidement le miroir dans la poche du pantalon. La forme de sa poche montrait de façon plus qu'évidente qu'elle contenait quelque chose, mais il faisait confiance au sortilège que Remus avait lancé dessus, deux ans auparavant. Il posa un doigt sur le verre et murmura inaudiblement :
- Je jure solennellement que mes intentions sont mauvaises.
Le miroir devint chaud quelques secondes pendant que Sirius sentait qu'il se déformait, s'aplatissait, et épousait totalement la forme de sa jambe. Deux secondes plus tard, il était impossible de deviner qu'il avait quelque chose dans sa poche. Il esquissa un sourire et remercia Remus intérieurement. Il avait eu l'idée de ce sortilège lorsque James s'était fait confisquer le sien par Rusard en 5e année, et l'avait mis en place de façon à ce que personne ne puisse le remarquer, à moins de plonger la main dans sa poche.
- Bon, c'est entendu. Et on laisse les acheteurs négocier si on arrive pas à s'en débarrasser pour 500 gallions.
Le vendeur qui venait de parler se rapprocha de lui et murmura à son oreille.
- Et j'espère que tu as bien compris ce qu'on t'a dit, petit enfoiré. Tu as intérêt à te tenir tranquille, c'est bien compris ? Au pire on a tous les moyens pour ça.
Il remarqua que son collègue venait de sortir une cravache du placard. Il rattacha les mains de Sirius d'un coup de baguette et le prit par l'épaule.
- Allez, je l'emmène, la vente va commencer dans quelques minutes.
Il posa une main ferme sur l'épaule de Sirius qui sembla reprendre ses esprits. Saisi par un accès de panique, il donna un violent coup d'épaule pour faire lâcher prise au vendeur.
- Lâchez-moi ! cria-t-il d'une voix plus suppliante qu'il ne l'aurait voulu. Lâchez-moi, je veux pas !
L'homme abattit violemment sa cravache sur son dos, le faisant sursauter de douleur. Le coup était mille fois plus fort que ce à quoi il était habitué avec son père et il se douta que la cravache avait été ensorcelée. Deux autres coups tout aussi brutaux suivirent avant que l'homme ne demande :
- C'est bon, t'es calmé ?
Sirius ne répondit rien et un quatrième coup frappa son dos lacéré.
- Tu apprendras à répondre quand on te pose une question, petit con ! Allez avance maintenant !
Il le poussa dans le couloir sombre et Sirius pensa que l'homme le renfermerait dans sa cellule quelques instants, mais ils passèrent sans ralentir devant la succession de grilles avant de tourner vers un couloir plus éclairé. Sirius remarqua que ce couloir débouchait sur un escalier d'où filtrait la lumière du jour. Il eut à peine le temps de caresser l'idée de s'enfuir par ici. Un homme imposant qui devait facilement faire deux fois son poids en descendit et saisit Sirius par l'épaule.
- Combien ? demanda-t-il en détaillant le Gryffondor de la tête aux pieds.
- 500 gallions, négociable si on n'arrive pas à s'en débarrasser. Tiens, ajouta-t-il en lui tendant une baguette que Sirius reconnut aussitôt comme la sienne. Tu demanderas à son acheteur s'il veut la garder.
Il acquiesça et poussa Sirius vers l'escalier, le faisant avancer tellement vite qu'il trébucha. Ils montèrent les marches et l'adolescent plissa les yeux, ébloui par la lumière du jour. Il était sur une estrade de bois, face à la foule qui passait dans l'allée devant lui, certains s'arrêtant, d'autres ne jetant pas un œil. L'homme qui le retenait toujours fermement lui détacha les bras avant d'attacher à nouveau la corde férocement à un de ses poignets. Il lui asséna un coup de cravache dans le dos et Sirius se cambra légèrement sous la douleur.
- Tiens-toi droit !
Il s'efforça de se redresser et regarda autour de lui. Deux autres personnes, vêtues comme lui d'un simple pantalon noir, étaient attachées et surveillées chacune par un homme aussi imposant que celui qui le retenait. En bas de l'estrade, beaucoup de personnes les regardaient, et certaines d'entre elles étaient montées pour examiner de plus près l'un des deux autres esclaves. Une personne encagoulée franchit les escaliers de l'estrade et s'approcha de lui. Elle demanda :
- Vous le faites à combien ?
Sirius devina d'après sa voix que c'était une vieille femme.
- 500 gallions.
La femme lui saisit le menton et l'obligea à redresser la tête. Elle le détailla quelques minutes, dégageant son visage d'une mèche noire qui lui barrait le front, effleurant du bout des doigts les cicatrices qui zébraient son dos avant de lancer à l'homme qui le tenait.
- Il ne vaut pas plus que 150 gallions.
- 500 gallions madame, répondit uniquement le vendeur.
- Vous ne le vendrez jamais ! lâcha-t-elle avec mépris avant de se tourner vers les autres esclaves.
Sirius pâlit légèrement. Il ne savait pas depuis combien de temps il était debout en plein soleil sur l'estrade. Ses jambes tremblaient de fatigue, les coups de cravache pour l'obliger à se redresser tombaient de plus en plus souvent. Levant les yeux vers le ciel, il distingua le soleil à son point le plus haut. Midi, pensa-t-il. Il ne savait pas à quelle heure se terminait la vente, il ne savait même pas quel serait le pire pour lui : être vendu ou être tué. Il remarqua que l'esclave à sa gauche venait de partir avec un acheteur. Plusieurs heures s'écoulèrent, beaucoup de personnes l'examinèrent mais toutes refusaient de l'acheter à plus de 100 gallions. Les mêmes remarques tombaient à chaque fois. Couvert de cicatrices. Pas que ça à faire de mater un esclave à la cravache, c'est votre boulot ça ! Chaque acheteur, chaque humiliation lui enlevait un peu plus d'amour propre, le décourageant, le fatiguant plus que le soleil ou sa position immobile depuis le début de la journée. Le deuxième esclave fut vendu vers la fin de l'après-midi. Sirius remarqua qu'il y avait de moins en moins de passage dans l'allée. Alors que le soleil se couchait et que la rue était désormais déserte, le petit homme d'affaires que Sirius avait vu le matin monta sur l'estrade.
- Tu n'as pas réussi à vendre celui-là ?
- Non. Aucune offre à plus de 150 gallions.
L'homme détailla Sirius quelques secondes et décida :
- Laisse-le encore une heure, après on remballe tout. Si un acheteur se pointe, laisse-le lui au prix qu'il voudra, mais essaye quand même de négocier un maximum. Sinon tu l'achèves.
Il acquiesça et le petit homme repartit vers les sous-sols. Sa dernière phrase tournait en boucle dans l'esprit de Sirius. Sinon tu l'achèves. Il ferma les yeux. Il ne voulait pas mourir. Pas maintenant, pas ici, pas comme ça. Il avait plusieurs fois essayé de se retourner pour reprendre sa baguette au colosse qui le retenait, mais celui-ci l'avait maîtrisé dès la première seconde à chaque tentative. Il s'en voulait d'avoir été incapable de se tirer de cette situation, incapable de faire quoi que ce soit d'autre que mourir bêtement lorsque les gérants du marché en auront assez d'attendre.
- Excusez-moi… Il est encore en vente ?
La voix le fit sursauter. Il ouvrit les yeux pour dévisager le visage de la personne qui venait de parler. Un visage qu'il ne connaissait que trop bien.
- Oui monsieur. Vous voulez y jeter un œil ?
- Pourquoi pas, répondit Severus Rogue.
Le Serpentard saisit Sirius par le menton pour l'obliger à le regarder. Il le foudroya du regard mais les yeux de Rogue lui montraient ouvertement qu'il savourait la situation. Sirius se retira vivement.
- Me touche pas ! rugit-il.
Un cri de douleur s'échappa de ses lèvres lorsque la cravache s'abattit sur son dos avec une rare violence. Deux autres coups tombèrent avant que le vendeur ne s'adresse à Rogue.
- Toutes nos excuses monsieur. C'est un petit rebelle, mais qui se calme assez vite. Vous prendrez plaisir à le mater et à le soumettre.
- Je n'en doute pas, répondit Rogue avec un rictus.
Le Serpentard posa une main sur son épaule et l'obligea à se tourner. Il effleura du doigt les marques de coups sur son dos et Sirius se mordit les lèvres pour s'interdire de bouger. Il avait horreur que quelqu'un voit ses cicatrices, mais laisser Severus Rogue les toucher était juste insupportable.
- Visiblement d'autres auront essayé de le mater avant moi… commenta Rogue. Vous le faites à combien ?
L'homme hésita quelques secondes avant de répondre :
- 200 gallions.
- Il en vaut pas 50 ! s'exclama Rogue. Je refuse de mettre autant d'argent dans un petit con qui va me faire perdre du temps. Regardez-le, non seulement il est blessé, mais ça se voit qu'il est épuisé. Incapable de se tenir droit, il pue la sueur… 50 gallions, pas plus.
- Il a beaucoup d'avantages, vous savez… Regardez un peu ses muscles. Il est jeune, il pourra vous être utile pour des tâches lourdes ou pénibles… Même si vous voulez en faire un esclave sexuel, il sera très agréable au lit…
Rogue laissa ses doigts glisser sur le dos du Gryffondor avant de descendre vers son pantalon et de poser une main sur ses fesses, sur lesquelles il donna une légère claque. Sirius se débattit mais la poigne du vendeur menaça de lui briser l'épaule.
- C'est vrai qu'il a un bon petit cul… Mais c'est bien son seul avantage. 100 gallions ou rien.
- Très bien, va pour 100 gallions monsieur.
Severus laissa tomber une bourse dans la main tendue du vendeur, qui lui donna la corde attachée au poignet de Sirius. Prenant réellement conscience que Rogue l'avait acheté, il tenta de lui asséner un coup de coude.
- Lâche-moi connard ! Je veux pas être ton esclave, lâche-moi !
Il se débattit violemment et parvint presque à faire lâcher prise à Rogue mais le vendeur le saisit par le poignet aussi fort que s'il avait voulu lui broyer les os sous sa poigne. Il lui tordit férocement les bras dans son dos avant de jeter un sort qui lui attacha les poignets, l'empêchant de bouger. Sirius laissa échapper un gémissement de douleur et le vendeur se tourna vers Rogue.
- Votre esclave, monsieur. Et permettez-moi de vous laisser ceci en prime, ajouta-t-il en lui tendant la cravache. Cadeau de la maison. Souhaitez-vous garder sa baguette ?
- Ce sera toujours utile pour allumer un feu, répondit Rogue avec un haussement d'épaules. Merci bien.
Il prit la cravache, empoigna Sirius par les cheveux de l'autre main et transplana avec lui.
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Sirius retomba à plat ventre sur un parquet de bois, hoquetant légèrement de douleur. Rogue était debout à coté de lui. Le Serpentard ricana :
- Tu dois vraiment être un bon à rien pour qu'ils te vendent aussi peu cher… Ils auront au moins compris ce que tu vaux vraiment…
- Va te faire foutre, souffla Sirius.
Il tenta de se redresser mais ses bras étaient toujours tordus et attachés dans son dos. Rogue le saisit par les cheveux et le jeta contre un mur, lui permettant de s'asseoir et de regarder autour de lui. Il était dans une chambre de taille moyenne, adossé contre la seule porte. A sa droite, une grande cheminée couvrait la quasi-totalité du mur. Un lit deux places recouvert d'une couverture verte foncée occupait tout le milieu de la pièce, laissant juste la place pour deux placards, contre le mur à sa gauche. A coté de lui, un bureau de taille moyenne avait été posé juste à coté de la porte. Il leva les yeux vers Rogue qui tenait toujours la cravache que le vendeur lui avait laissée. Sans signe avant-coureur, le Serpentard l'abattit violemment sur ses cotes, lui arrachant un gémissement. Deux autres coups tombèrent avant que Rogue ne le saisisse par les cheveux pour l'obliger à se redresser.
- Répète-moi ce que t'as dis, souffla-t-il.
- Je t'ai dit d'aller te faire foutre, connard ! cracha-t-il en foudroyant Rogue du regard.
Un coup de poing tomba sur sa mâchoire.
- Au cas où tu ne l'aurais pas compris, Black, tu n'es plus à Poudlard. Tu m'appartiens entièrement et Potter n'est plus là pour te protéger. Je peux faire absolument ce que je veux de toi. Alors je te conseille de me respecter un minimum.
- Depuis quand les bâtards graisseux ont droit à du respect ?
Rogue le jeta par terre et lui décocha un coup de pied vicieux dans les reins.
- Depuis que tu es mon esclave et que je peux par conséquent à n'importe quel moment décider de te tabasser, de te laisser crever de faim, de te foutre dans mon lit pour t'enculer ou de te laisser à la disposition de quiconque serait prêt à me payer pour passer ses nerfs sur toi.
Sirius ricana :
- Tu te crois impressionnant ? Tu me fais pas peur, pauvre con !
Un coup de pied tomba contre sa mâchoire. Rogue le saisit par les cheveux pour l'obliger à se redresser et à avancer vers les placards au fond de la chambre. Il en ouvrit un totalement vide et lui souffla à l'oreille :
- Je te laisse réfléchir tranquillement. Et je te conseille d'être calmé quand je reviendrai.
Il obligea Sirius à se pencher et à se tasser au fond du meuble qui ne devait pas faire plus d'un mètre de haut. La porte claqua et se verrouilla. Le Gryffondor se débattit violemment, tenta d'ouvrir la porte avec un coup d'épaule et hurla :
- Tu crois pouvoir t'en tirer comme ça, sale bâtard ? Tu m'enfermes parce que tu sais que tu fais pas le poids contre moi ?
Aucune réponse ne vint mais Sirius était persuadé que Rogue était encore dans sa chambre. Il reprit :
- Eh, Servilus ! Réponds au lieu de te planquer ! Détache-moi les mains et on va voir lequel de nous deux va respecter l'autre ! Tu te crois le plus fort, mais tu faisais vachement moins le fier à la fin de nos BUSES, quand tu t'es retrouvé la tête en bas et le cul à l'air !
La porte du placard s'ouvrit violemment, faisant sursauter Sirius. Il ne l'avait pas entendu revenir. Les poings serrés, Rogue semblait bouillonner de rage. Il murmura entre ses dents :
- Très bien. Si tu veux qu'on emploie la manière forte, moi ça me va aussi.
Saisissant Sirius par les cheveux, il le traîna hors du placard pour l'obliger à s'agenouiller, dos au mur de la chambre. Sans signe avant-coureur, Rogue balança un violent coup de pied sous le menton du Gryffondor qui laissa échapper un cri de douleur. Un deuxième suivit contre sa joue. Plusieurs coups tombèrent sur son visage. L'un d'eux le frappa au milieu de la figure et Sirius hurla de douleur lorsqu'un craquement sinistre résonna au niveau de son nez. Un flot de sang s'écoula sur son visage et il se pencha en avant, recroquevillé aux pieds de Rogue pour tenter de se protéger, suffoquant.
- Non, j'en ai pas encore fini avec toi.
Le Serpentard lui agrippa les cheveux pour l'obliger à redresser la tête. D'autres coups tombèrent sous son menton, sur son nez déjà brisé, sur sa mâchoire. Sirius s'écroula sur le sol, recroquevillé sur lui-même. La douleur devenait poignante, insoutenable. Il tenta de respirer mais son nez et sa mâchoire étaient trop douloureux, déclenchant un pic de douleur à chaque inspiration.
- Tu as autre chose à dire ? demanda Rogue.
Sirius ne répondit rien et un nouveau coup de pied tomba sur sa mâchoire, faisant danser des étoiles devant ses yeux fermés.
- Réponds-moi !
Il essaya. Mais au moment où il voulut ouvrir la bouche, la douleur de sa mâchoire franchit un nouveau cap et seul un long gémissement de douleur passa ses lèvres. Rogue ricana :
- Je vais prendre ça pour un non.
Sirius sentit à peine le Serpentard le jeter à nouveau dans le placard. Il l'entendit s'accroupir près de lui et lui souffler à l'oreille :
- Quant à se retrouver le cul à l'air, ne t'inquiète pas, tu vas vite en faire l'expérience.
La porte claqua et se verrouilla. Doucement, il appuya sa tête contre la paroi du meuble, les yeux fermés, luttant contre la douleur insupportable. Une voix retentit dans ses oreilles. A moins que ce ne soit un effet de son imagination ? Quoi qu'il arrive, ne t'inquiète pas, Sirius, je te tirerai de là. La voix répétait la même phrase en boucle. Ne t'inquiète pas, Sirius, je te tirerai de là. Se laissant bercer par la voix de James, il cessa de lutter contre la douleur et sombra dans l'inconscience.
Voilà pour le premier chapitre ! Suite dans deux semaines, je poste un dimanche sur deux. N'hésitez pas à me laisser vos impressions dans une reviews !
