BYE BYE MY FRIENDS

Chapitre I

Et elle ne doit pas s'inquiéter ?

Sirius regardait les photos de mariage de James et Lily avec un sourire tendre. Ils avaient fait une superbe fête, pleine d'amour et de joie… Il se vit, lui-même, à côté de James, dont il était le témoin, faire de grands signes au photographe. De l'autre côté se tenait Remus, témoin de Lily, qui souriait lui aussi en agitant la main. Peter se tenait plus en retrait de la photo, mais souriait lui aussi. Il examina les autres photos, James et Lily en train de danser, la fête, lui-même en train de décorer leur voiture dehors avec Remus et Peter (à l'aide d'un bon vieux sort), ou encore Peter transformé en rat terrorisant les invités, bondissant au milieu de la salle (« Un rat ! Un raaaaat ! » avait hurlé la mère de Lily). Que de rires ce jour-là… Les parents de Lily, étonnés par la magie, ne cessant de poser des questions à tout le monde, ceux de Remus et de Peter… Sirius soupira en pensant que ses parents n'étaient pas là, eux, chose qui pouvait paraître compréhensible, mais qui le décevait tout de même…

"Alors, elles sont jolies, hein ?" demanda une voix claire derrière lui.

Lily Potter se tenait à côté, sur le canapé du salon des Potter, arborant un grand sourire (bien qu'il sonnât faux), ses cheveux auburn ondulant autour d'elle.

"Oui, à part le fait qu'elles ont à peu près un an de retard, tout va bien, Lily", répondit-il en riant d'un rire semblable à un aboiement.

"Oh, je n'ai malheureusement pu les récupérer que hier…"

"Ce n'est pas grave…"

On entendit un cri à l'étage.

"Harry s'est réveillé", constata Lily. "Je reviens."

Elle monta les escaliers de la petite maison de Godric's Hollow à grande vitesse. Sirius continuait de regarder les photos du mariage. Elle finit par revenir, le bébé dans les bras.

"Harry, dis bonjour à tonton Sirius…"

Mais le bébé continua de pleurer.

"Il pleure parce que James n'est pas là… C'est tout le temps comme ça…"

Sirius vit une larme couler sur la joue de Lily.

"Il va revenir, Lily. Arrête de t'inquiéter pour lui…"

"Mais, Sirius, ça fait une journée qu'ils sont partis ! Dumbledore avait dit deux ou trois heures, le temps d'espionner un peu ce coin de Londres…"

"Ne t'inquiète pas, James et Remus savent se défendre."

"Mais si jamais… Si jamais je me retrouvais toute seule… S'il les trouvait… S'il les tuait… Tu imagines…"

Elle éclata en sanglots.

"Arrête, Lily", coupa Sirius. "Tout se passe très bien pour eux, j'en suis sûr…"

"Tu as raison, je suis idiote de m'inquiéter…"

À des kilomètres de là, un jeune homme brun à lunettes, d'une vingtaine d'années, les cheveux en bataille, courait dans la rue comme un dératé. Il repéra un angle de mur et s'y dissimula pour reprendre son souffle, épuisé. Il sentit une main se poser sur son épaule et faillit hurler de terreur, brandissant sa baguette qui émit un faible rai de lumière, éclairant le visage d'un autre jeune homme du même âge.

"Hé ! C'est moi !"

"Remus ! Dépêche-toi, faut qu'on s'arrache !"

Remus Lupin attrapa James Potter par le bras et l'entraîna en direction d'un passage secret dans la roche.

"Bien vu", dit James, essoufflé.

"Remarqué ça tout l'heure, en fuyant", lâcha Remus dans un souffle.

"On est foutus, Remus, ils sont après nous…"

"Comme des rats… On est fait comme des rats…"

En sortant du passage, les deux sorciers se retrouvèrent dans une ruelle sombre.

"On devrait transplaner", dit James.

"J'ai essayé, pour te rejoindre… Ils ont dû jeter un maléfice Anti-Transplanage ici…"

"Oh,merde", siffla James. "Faut rejoindre le ministère, alors…"

"Trop loin."

"Bon, alors… Le Chaudron Baveur ! C'est pas loin, non ?"

"Oui… allons-y…"

Ils partirent en direction du vieux bar, courant toujours comme s'ils avaient la mort aux trousses (d'ailleurs, c'était le cas). Quand soudain, James se retourna.

"Tu as entendu ?"

"Quoi ?" dit Remus, tendant l'oreille.

Un sifflement sourd retentit dans l'air, bientôt suivi d'un « bang ! » assourdissant. Quelque chose heurta le mur à côté de James avec un clang métallique et retomba sur le sol.

"Qu'est-ce que c'est que ça ?" dit James en ramassant la chose, intrigué.

Un petit objet cylindrique, écrasé, brillait à la lumière de la baguette de James.

"C'est pas le truc qu'utilisent les Moldus pour se battre ? Les « pistolets » ou quelque chose du genre ?" demanda Remus.

"Si, c'est ça… Eh, attends voir… C'est en argent…"

"Quoi !"

Remus sursauta.

"Eh bien, quoi « quoi » … oh, merde !"

James obligea Remus à se baisser tandis qu'un nouveau projectile les frôlait de peu.

"Cours !"

Ils se remirent à courir, terrorisés devant l'avalanche de balles qui leur tombait dessus. Enfin, il leur sembla que le Chaudron Baveur n'était pas loin. Ils s'arrêtèrent sous un porche.

"Mais comment ils ont su que…"

"Les revoilà !"

Remus tendit sa baguette et cria : « Stupéfix ! ». On entendit un bruit sourd et un gémissement. Il tira James par le bras et tous deux se remirent à courir.

"On… est… presque… arrivés…" souffla Remus. "Au bout…de la… rue…"

Ils décampaient sous le bruit des balles sifflantes et les jets de lumière verte provoqués par les Mangemorts. C'est alors qu'il entendit un bruit derrière lui et un hurlement de douleur. Il se retourna, et horrifié, constata que James ne le suivait plus : il était étendu sur le sol et se tenait la jambe en gémissant. Remus s'arrêta, hésitant. S'il partait au secours de James, ils risquaient d'y rester tous les deux… Mais jamais il ne pourrait le laisser aux griffes des Mangemorts… Lui qui l'avait aidé tant de fois où il risquait d'y laisser la vie… Remus fit son choix : il courut vers James en hurlant :

"Tiens bon, Cornedrue !"

James était à terre : visiblement l'une des balles d'argent l'avait touché à la jambe.

"Argh, ça déchire ce truc…"

"Tiens bon, mon vieux, je vais te sortir de là…"

"Laisse tomber, Remus, ils arrivent… Tu vas te faire tuer avec ces machins… Laisse, je te dis, casse-toi…"

Mais Remus le souleva et tenta de le remettre sur pied.

"Relève-toi, essaye, je vais te soutenir…"

Un nouveau sifflement se fit entendre et cette fois ce fut Remus qui poussa un cri de douleur et flancha sous le poids de James.

"Lunard !"

"T'inquiète, ça va aller ! Allez, faut marcher…"

Remus et James essayèrent d'avancer vers l'auberge, l'un boitant, appuyé sur Remus, l'autre le bras droit en sang. Les Mangemorts se rapprochaient et envoyaient une pluie de sorts et de balles. Bellatrix Lestrange en tête, hurla aux deux membres de l'Ordre du Phénix, triomphante :

"Lupin ! Potter ! Vous n'y arriverez pas ! J'enverrai les faire-parts à mon cher cousin, si ça vous dit ! Je pense que ça lui fera plaisir ! Je pourrai toujours lui dire que vous êtes morts en héros, si vous voulez ! En fuyant comme des lapins !"

James siffla une réponse peu galante et tendit le bras derrière lui, hurlant le premier sort qui lui venait à l'esprit, à savoir le maléfice du Saucisson :

"Petrificus Totalus !"

Bellatrix poussa un cri; les Mangemorts suivant ralentirent : la chute de la jeune femme en travers du chemin les empêcha momentanément de passer. Ils se contentèrent de tirer de nouveau avec leurs armes à feu et de lancer de féroces « Avada Kedavra ! ». Les deux jeunes hommes profitèrent de ce court répit pour se précipiter à l'intérieur du Chaudron Baveur, là où le sort d'Anti-Transplanage n'avait certainement pas été appliqué. Heureusement, à cette heure tardive, la salle d'accueil était déserte.

"Hé là !" Cria le barman. "Vous avez besoin d'aide ? Qu'est-ce qui vous est arrivé ?"

"Où va-t-on ?" dit Remus à James d'une voix faible.

"Chez moi ! C'est plus sûr…"

Deux secondes plus tard, ils avaient transplané.

Lily et Sirius sursautèrent lorsqu'un « CRAC ! » sonore retentit dans le salon.

"James ! Remus !"

Remus lâcha James et se laissa tomber sur le canapé en gémissant. James tomba dans les bras de Lily et de Sirius qui l'aida à s'asseoir. Lily le prit dans ses bras en pleurant, l'étreignit avec force sans tenir compte de ses protestations.

"Oh James, j'ai eu si peur… j'étais si inquiète...

Sirius partit dans la cuisine et revint avec de l'eau et de quoi nettoyer les plaies des jeunes hommes.

"Vous êtes dans un bel état !" dit-il d'une voix inquiète. "Qu'est-ce qui s'est passé ?"

"On racontera plus tard, tu veux ?" répondit Remus, les yeux fermés, serrant les dents.

"J'ai prévenu Maugrey, il devrait arriver", dit Lily d'une voix entrecoupée de sanglots. "Il va s'occuper de vous…"

Elle examina la jambe de James et le bras de Remus et poussa un cri d'horreur.

"Mais enfin, ce sont des blessures par balle !"

"Par QUOI ?" dit Sirius, sans comprendre. "Ils ne se sont pas pris des ballons dans la figure tout de même !"

"Non, par balle !"

Lily expliqua le procédé à Sirius, vaguement intéressé.

"OK… et pourquoi les Mangemorts utilisent des pistolets, maintenant ? Ils ne savent plus lancer de sorts ?"

"Si, je te rassure, ils savent", pesta James. "Mais on dirait qu'ils savaient aussi pour Remus…"

"Ce ne sont quand même pas…"

"Si", dit Remus. "Ce sont des balles d'argent."

"Oh non ! Ça va aller ?"

"Oui, oui, ça va, ce n'est rien, et puis, j'ai eu de la chance, ça ne m'a touché qu'au bras…"

"Je vois ça… Mais comment auraient-ils pu être au courant ? Nous sommes les seuls avec Peter, Dumbledore, quelques membres de l'Ordre du Phénix et…"

"Et Rogue", dit James froidement. "Tu paries combien qu'il a alerté Voldemort ?"

"James, arrête avec lui, tu veux ?" s'écria Lily, exaspérée."Rogue sert l'Ordre, maintenant ! Il est de notre côté !"

"Pff… Il aurait très bien pu lui dire avant…"

"Dans ce cas, ils auraient eu milles occasions de se servir de balles argentées ! Non, quelqu'un l'a prévenu il y a peu de temps…"

"Ça, ça veut dire qu'il y a un traître dans l'Ordre, Lily", dit James, levant un sourcil.

Il poussa un hurlement lorsque cette dernière versa de l'alcool sur sa blessure.

"Je sais. J'ai du mal à y croire…", dit Lily, ignorant le "AIE-EUH" de James.

Elle renifla.

"Chérie, arrête…"

"Mais regarde-toi ! Tu aurais très bien pu y passer ce soir ! Il y a un traître parmi nous et les membres de l'Ordre, Remus et toi avez failli mourir, et Peter qui ne donne plus de nouvelles depuis deux semaines… Qui sait, il lui est peut-être arrivé quelque chose… Oh James, j'ai peur… Regardez-vous tous les deux, ça ne devait être qu'une simple mission d'observation…"

"Il semblerait que Dumbledore ait eu raison", intervint Sirius, "il y avait vraiment un QG de Mangemorts là-bas… Quant à Peter…"

Personne ne souffla mot. Tous savaient très bien qu'il y avait peu de chance que Peter soit encore en vie. D'ailleurs, lui qui avait un véritable don pour la fuite (et pour cause), c'était louche qu'il disparaisse comme ça… Tous partageaient la même pensée : soit il avait fui l'Ordre, soit il était mort, ou pire… Une sonnerie rompit le silence.

"Ça doit être Maugrey", dit Lily avec un sourire à l'attention de James et Remus. "Il est très doué dans les sorts de soin, d'ici quelques minutes, vous n'aurez plus rien."

"Chouette, plus que quelques minutes à tenir avant que je puisse enfin arrêter de m'empêcher de perdre connaissance", dit Remus avec un faible sourire.

"Bienvenue au club, vieux", renchérit James.

Enfin, un personnage étrange entra dans la salle. Un homme d'une quarantaine d'année, un Auror du ministère et surtout un membre de l'Ordre du Phénix. Il avait le visage buriné et marqué de nombreuses cicatrices.

"B'soir tout le monde", dit-il d'une voix rauque, en claudiquant sur sa jambe de bois. "Alors les jeunes, on s'est fait canarder ?"

"Oh, ça ira, Maugrey", répondit James en lui serrant la main.

"Bonsoir, James. Je m'occupe de toi dans deux minutes. Bonsoir Lily."

Cette dernière le serra dans ses bras comme s'il s'agissait du Christ réincarné.

"Salut, Black. Bonsoir, Lupin."

Puis il se mit au-dessus des deux blessés, marmonna quelques formules magiques, et quelques minutes plus tard, les blessures avait disparu.

"Fioou, merci, Maugrey", dit Remus en se massant le bras. "Tu peux te lever, James ?"

"Ouais, génial. Merci, vieux."

"De rien, les jeunes. Faites plus attention la prochaine fois", grogna-t-il.

"Promis", dit Remus avec un sourire.

"Réunion au QG, les enfants. Dumbledore est là. Vous venez ? On passe par la poudre de Cheminette."

Remus, James et Sirius se levèrent.

"Black, t'es gentil, tu restes avec Lily", dit alors Maugrey en fronçant les sourcils," pour la protéger s'il y a un problème. Elle doit rester s'occuper de Harry."

"Bien", acquiesça Sirius sans broncher.

Néanmoins, une drôle d'expression passa sur son visage, à mi-chemin entre la résignation et l'indignation. James le remarqua et lui posa la main sur l'épaule, l'air grave.

"Fais-ça pour moi, Patmol. Je te fais confiance."

Sirius sourit et hocha la tête. James, Remus et Maugrey disparurent dans la cheminée, engloutis par d'immenses flammes vertes…