Voici ma première fic sur X. Elle ne sera sûrement pas très longue mais attendez-vous à bien des surprises ! J'aimerais ajouter que si vous avez des reproches ou félicitations, vous pouvez les faire à Roxane car elle est l'instigatrice de cette fic (mais vous pouvez me laissez les reviews, je me ferais un plaisir de lui transmettre le message ). Voilà, à bientôt et rendez-vous à… Roquefort la Bédoule !


Pourquoi moi ?

Il y avait bien longtemps que c'était la seule chose à laquelle pensait Kamui en se réveillant. Pourquoi lui ? Il y avait bien d'autres garçons sur la terre alors pourquoi lui ? Et pourquoi Kotori…et Fuuma ? Le jeune garçon ressentit un pincement douloureux au cœur. C'était lui qui avait entraîné ses deux amis dans cette histoire. Et quel en avait été le résultat ? Kotori était morte et Fuuma était devenu le Kamui des Dragons de la Terre. Ou plutôt, le vrai Fuuma avait disparu car Kamui refusait de croire que son ami était devenu cet horrible monstre cruel et sadique.

Le jeune garçon soupira et s'assit sur son lit. Tout était de sa faute. Il avait essayé de les mettre à l'écart mais tout ce qu'il avait réussi c'était à les impliquer encore plus. Et il n'avait pas pu empêcher la suite… Il regarda son bras où une longue cicatrice apparaissait des deux côtés.

- Fuuma…murmura-t-il en l'enserrant, tandis qu'une unique larme roulait sur sa joue gauche.

Il entendit alors des pas précipités dans le couloir.

- Le petit déjeuner est servi ! S'exclama Yuzuriha en ouvrant la porte en grand.

Mais très vite, une ombre passa dans ses yeux et son enthousiasme sembla s'évanouir.

- Euh…je suis désolé. J'aurais du frapper, ajouta-t-elle faiblement.

Kamui se leva prestement, s'essuya le visage et attrapa sa veste. Il passa devant la jeune fille sans lui adresser le moindre regard ou la moindre parole. Tandis qu'il marchait vers la cuisine, il sentait le regard de la jeune fille sur sa nuque. Il n'avait pas besoin de se retourner pour savoir qu'elle devait avoir les mains jointes et un air désolé, comme à chaque fois qu'elle se sentait triste ou mal à l'aise. Il aurait pu se retourner et lui faire un sourire mais il n'en fit rien. Il ferma les yeux. La froideur avait toujours été sa seule défense et aujourd'hui n'y faisait pas exception.

Quand il pénétra dans la cuisine, Arashi était en train d'écraser un poireau sur la tête de Sorata. Kamui se contenta de lever un sourcil interrogateur. Arashi rougit faiblement et se retourna vers la cuisinière. Sorata lui adressa un sourire gêné et lui fit un petit signe de la main.

- Bien dormi ? Demanda-t-il de son ton habituel plein d'entrain.

Kamui ne se donna pas la peine de répondre. Il tira une chaise et s'assit. Il s'absorba alors dans la contemplation du quadrillage de sa serviette jusqu'à ce que tout le monde soit assis. Il sentait bien que les autres échangeaient des regards embarrassés mais il ne se sentit pas la force de les rassurer. Il attrapa ses baguettes et se contenta de manger en silence.

- C'est une magnifique journée, vous ne trouvez pas ? S'exclama Yuzuriha pour détendre l'atmosphère.

- Une journée idéale pour manger des glaces ! Rajouta Sorata avec un clin d'œil pour la jeune fille. Surtout si on est deux…

Yuzuriha rougit et disparut sous la table prétextant vouloir donner à manger à Inuki. Sorata sourit jusqu'aux oreilles et se tourna vers Arashi.

- Et toi, grande sœur, tu aimes les glaces ? Demanda-t-il avec des yeux pétillants.

Il ne vit même pas le coup venir et se retrouva soudain par terre. Arashi n'émit pas la moindre parole et reposa tranquillement la bouteille de lait à côté d'elle. Sorata se releva péniblement et réajusta sa casquette.

- Pas la peine de le prendre comme ça, grande sœur. Je ne faisais que plaisan…d'accord, d'accord, je me tais ! S'exclama-t-il en levant les bras pour se protéger tandis que des éclairs étaient apparus autour de la main droite de la jeune femme.

Un silence gêné s'installa autour de la table. Yuzuriha n'était pas réapparue de dessous la table, Arashi mangeait avec stoïcisme et Sorata jouait avec ses baguettes.

- Alors Kamui, tu as rendez-vous avec Subaru ce midi, non ? Demanda le moine de Koya pour briser le silence.

- Oui.

- Vous allez manger ensemble, c'est ça ?

- Oui.

- Et…euh…Il va t'aider pour tes devoirs ?

- Oui.

A cours d'imagination, Sorata abandonna ses efforts pour tenter d'engager la conversation.

- Il serait temps d'y aller, annonça Arashi en se levant pour débarrasser la table.

Yuzuriha réapparut et se mit à aider la jeune femme à ramasser les plats. Kamui se leva et se dirigea vers les escaliers.

- Je vais chercher mes affaires, déclara-t-il d'un ton monocorde et il laissa le jeune homme seul.

Il referma la porte de sa chambre derrière lui et se mit à préparer son sac comme un automate. Il n'avait aucune envie d'aller en cours mais il n'avait pas vraiment le choix. Il repensa à un autre matin qui lui semblait il y a des siècles maintenant. C'était au lycée qu'il les avait revus la première fois…

- Kamui ! Entendit-il crier Sorata d'en bas.

Réalisant qu'il cherchait son livre de math alors qu'il était déjà dans son sac, le jeune garçon ferma celui-ci et rejoignit les autres en bas. L'air était doux dehors et le soleil brillait, donnant une nuance dorée aux feuilles. Ils prirent leur chemin habituel : un petit sentier de gravier qui serpentait entre les arbres. Yuzuriha sautillait en expliquant à une Arashi de marbre les bienfaits de la glace au chocolat. Sorata marchait un pas derrière, fixant la chevelure de la prêtresse d'Isé avec un sourire niais.

Se souvenant de quelque chose, Kamui s'écarta du chemin en déclarant :

- Je vous rejoindrais.

- Attends, Kamui ! On va être en ret…Commença Yuzuriha.

- Laisse, la coupa Sorata, il va voir Kotori…

Le jeune garçon n'entendit pas la suite, s'étant déjà trop éloigné entre les buissons. Au bout de quelques minutes de marches, il arriva dans une petite clairière, au milieu de laquelle trônait un grand arbre. Des dizaines d'oiseaux piaillaient dans ses branches. Kotori en aurait été contente, songea-t-il en regardant leurs plumes de toutes les couleurs. Il posa son sac par terre et s'avança vers l'arbre. L'image d'une jeune fille avec de longs cheveux blonds et un sourire d'ange apparut alors devant ses yeux. Kamui tomba à genoux.

- Kotori…Pardonne-moi.

Un rire grave retentit alors derrière lui. Sursautant, Kamui se remit prestement debout et scruta les buissons tout autour.

- J'étais sûr que je te trouverais ici en train de geindre, reprit la voix, sarcastique.

Kamui fronça les sourcils et essaya de percer les buissons dans la direction d'où semblait venir la voix. Alors que sa tête le mettait en garde contre la personne à qui appartenait cette voix familière, son cœur n'avait qu'une envie : qu'il apparaisse.

Son vœu s'exauça.

Une longue silhouette émergea petit à petit des ombres d'un bosquet. Ce qui frappait Kamui à chaque fois qu'il le voyait, c'était ses yeux. Des yeux d'un rouge profond et sombre, des yeux qui avaient été autrefois plein de sollicitude et de tendresse, des yeux qui ne reflétaient maintenant plus que la haine et la cruauté. Fuuma s'avança de plusieurs pas, jusqu'à se trouver en pleine lumière. Il portait son uniforme noir habituel qui le faisait paraître encore plus grand et élancé qu'il ne l'était. Ses mains étaient négligemment enfoncées dans ses poches et ses lèvres s'étiraient en un demi-sourire qui lui donnait l'air dangereux.

Soudain, il fit mine de s'incliner, ne détachant pas ses yeux un seul instant de sa proie.

- Bonjour, Kamui, fit-il tandis que son sourire devenait narquois.

Celui-ci recula instinctivement et se prépara à contre-attaquer s'il le fallait. Ce geste n'eut pour seul résultat que de faire rire Fuuma. Un rire léger et méprisant.

- Aurais-tu peur de moi ? Demanda-t-il une seconde avant de lancer une vague d'énergie en direction du garçon.

Distrait par la question, Kamui fut pris au dépourvu et s'écrasa violemment contre un arbre deux mètres derrière. Fuuma rit de plus belle.

- Je vois que tu es toujours aussi faible.

Kamui se redressa et leva la main vers Fuuma. Mais au moment où il envoyait la décharge d'énergie, le jeune homme esquiva avec une vitesse prodigieuse et s'élança vers son attaquant. Kamui eut juste le temps de retenir son souffle que Fuuma était déjà sur lui. Il l'attrapa par la gorge et le plaqua contre le tronc de l'arbre. Le jeune garçon ne pouvait plus respirer, ses pieds battaient dans les airs à une trentaine de centimètres du sol. Il essaya de donner des coups mais Fuuma resta imperturbable. Son sourire s'élargit même tandis qu'il resserrait encore sa prise sur le cou de sa victime. Kamui se débattait tant qu'il pouvait mais il suffoquait et sentait ses forces qui progressivement l'abandonnaient.

Fuuma approcha son visage du sien et murmura à son oreille :

- On dirait que la fin approche, Dragon du Ciel…

Kamui donna un coup de genoux dans le ventre du jeune homme avec la force du désespoir. Fuuma recula à peine et ne sembla pas avoir été affecté. Kamui sentait la panique montait en lui. Il fallait qu'il fasse quelque chose. Cela ne pouvait pas se terminer ainsi. Il avait encore un vœu à réaliser, il ne pouvait pas mourir maintenant. Pas ici, en plein milieu du campus CLAMP et pas maintenant alors qu'il s'était promis de sauver Fuuma. Fuuma qui s'apprêtait à le tuer.

Le jeune garçon réfléchissait à toute allure. Il fallait qu'il trouve un moyen de lui faire lâcher prise. De l'aide. Il aurait tellement besoin d'aide en ce moment, lui qui clamait à chaque personne qui faisait un pas vers lui qu'il pouvait se débrouiller seul. Mais aucun étudiant ni aucun de ses amis n'allait venir le sauver cette fois-ci. Il était seul et il ne pouvait rien faire. Sa tête lui tournait de plus en plus et son champ de vision semblait s'emplir de noir. Il ne voyait plus que le visage de Fuuma. Kamui se sentit partir à la dérive et sa vision se troubla un instant.

Devant lui, maintenant, se tenait le Fuuma qu'il connaissait quand il était petit. Il lui souriait mais son air était triste. C'était un matin de printemps et les cerisiers étaient en fleurs. D'eux émanait une agréable odeur sucrée et leurs feuilles s'agitaient gracieusement dans le vent. Fuuma était assis devant lui et paraissait préoccupé.

- Qu'est-ce qu'il y a ? Demanda Kamui qui n'aimait pas voir son ami dans cet état.

Les yeux de Fuuma s'agrandirent un instant mais il détourna la tête.

- Rien, répondit-il finalement.

Kamui s'approcha et s'assit à côté du petit garçon.

- Dis-moi, ajouta-t-il plus autoritairement. S'il te plaît…

Fuuma baissa la tête, l'air gêné.

- Il y a des garçons dans ma classe qui se moque de moi parce que mon père est prêtre et que nous n'avons pas beaucoup d'argent et qu'à cause de ça, nous ne partons jamais en vacances. A chaque rentrée, ils montrent tous leurs photos de pays étrangers et moi, je n'ai rien. Ils disent que c'est parce que mon père n'est pas assez bien que nous ne partons jamais…

Le petit garçon enserra ses genoux de ses bras et se mit à se balancer d'avant en arrière. Ses yeux brillaient et il regardait le sol d'une manière un peu trop insistante pour être seulement intéressé. Kamui s'approcha encore et passa son petit bras autour des épaules de son ami.

- Ne t'inquiète pas ! Je te promets qu'un jour toi et moi nous irons sur la côte d'Azur !

Il avait dit le nom du premier lieu qui lui était passé par la tête. Il lui semblait vaguement que sa mère en avait parlé la veille. Elle avait dit que là-bas, la mer était plus belle que partout ailleurs sur la Terre. Fuuma ne devait sûrement pas savoir où c'était ni ce que c'était mais il regarda Kamui une longue minute avec ses grands yeux embués puis il hocha la tête et sourit.

- Promis ? Dit-il en tendant son petit doigt.

- Promis ! Répondit Kamui en lui attrapant le petit doigt avec le sien.

L'image se dissipa et le Fuuma-Dragon de la Terre réapparut. Il y eut un déclic dans l'esprit de Kamui et celui-ci se mit à essayer d'articuler quelque chose malgré la pression sur sa gorge. Fuuma fronça les sourcils et approcha son oreille de la bouche du garçon.

- Qu'est-ce que tu dis ?

La voix de Fuuma résonna longuement dans la tête de Kamui.

- Une…der...dernière…fa…fa…veur…

Fuuma reste stupéfait un instant et sa prise se desserra légèrement. Il donnait l'impression de ne pas savoir quoi faire. Il hésita encore quelques secondes, puis sans crier gare, il affirma sa prise sur le garçon et dans un mouvement tournant, il envoya celui-ci à l'autre bout de la petite clairière. Kamui s'étala sur le sol avec un bruit mat. Il avait l'impression que tout tanguait autour de lui. Il inspira une grande bouffée d'air et fut immédiatement pris d'une violente quinte de toux. Alors qu'il essayait difficilement de reprendre son souffle, Fuuma se planta devant lui les bras croisés et un sourire malveillant aux lèvres.

- Une faveur ? Tu penses que tu pourras m'arrêter avec ça ?

Il éclata d'un rire arrogant qui glaça le sang de Kamui.

- Je suis curieux de voir ce que tu vas me proposer, reprit-il avec un sourire carnassier.

Kamui eut presque envie de rire. Ce qu'il s'apprêtait à faire était sûrement le plus grand coup de poker qui ait jamais été tenté.

- Allons…-nouvelle quinte de toux-…à la mer. Allons sur…la Côté d'Azur.

Au début de cette histoire, il n'aurait jamais imaginé se retrouver à lui demander, à la place de s'occuper de la fin du monde, d'aller à la plage.

Et apparemment, Fuuma non plus…


Il était déjà une heure. Les derniers étudiants en retard se hâtaient vers leur salle de classe, leurs livres serrés contre leur poitrine de peur de les perdre dans leur folle course. La cour avait maintenant des allures de désert. Une légère brise faisait tourbillonner des papiers aux multiples couleurs, derniers restes d'un repas avalé à la hâte. La seule chose qui tranchait dans ce décor de solitude était un long manteau blanc dont les mouvements paisibles suivaient les oscillations du vent.

Un manteau blanc et la fumée d'une cigarette.

Subaru ferma les yeux et tira une nouvelle fois sur sa cigarette. Presque immédiatement après, des volutes blanches s'échappèrent de sa bouche et s'enfuirent avec la brise. Mais malgré ce calme apparent, les doigts qui tenaient la cigarette étaient crispés.

Où est-il ?

Cela faisait maintenant une heure que Subaru attendait Kamui. Ils avaient prévu de manger ensemble, mais le garçon n'était pas venu. Cela ne lui ressemblait pourtant pas. Mais ce n'était pas le pire. Comme il ne venait toujours pas, Subaru avait pensé que peut-être, il avait été invité à manger par Keiichi et il s'était alors mis en quête du jeune homme. Il avait rapidement trouvé celui-ci qui dégustait son sandwich en compagnie d'autres lycéens. Quand Subaru lui avait demandé où était Kamui, le jeune garçon avait pris un air inquiet et lui avait révélé que Kamui n'était pas venu en cours de toute la matinée.

Maintenant, les cours de l'après-midi avaient débuté et toujours aucune trace du jeune garçon. Subaru soupira profondément et prit une décision. Après avoir tiré une dernière fois sur sa cigarette, il la laissa tomber et l'écrasa distraitement. Cela fait, il se dirigea à pas tranquille vers le bâtiment devant lui. Il pénétra dans un grand hall sombre baigné de silence et se dirigea sans hésiter vers une petite loge, à demi cachée par l'une des immenses colonnes qui soutenaient la bâtisse. Là, derrière une vitre blanchie par le passage des ans, se trouvait une petite dame replète dont les lunettes à montures dorées semblaient occuper tout le visage.

- Bonjour, Kanzaki-san, annonça poliment Subaru.

Le visage de la petite dame sembla s'éclairer un instant.

- Ah, Suméragi-san ! On vous voit souvent par ici ces temps-ci !

Subaru ne sut pas trop quoi répondre à cette exclamation.

- Euh…oui…c'est vrai.

- Que puis-je faire pour vous ? Reprit la concierge avec enthousiasme.

- J'aimerais que vous m'indiquiez le numéro des salles où ont cours Yuzuriha Nekoi, Arisugawa Sorata et Kishu Arashi, s'il vous plaît.

La petite dame fronça les sourcils et se lança dans l'étude de son écran d'ordinateur.

- Alors voyons voir, Yuzuriha Nekoi…salle 206, Arisugawa Sorata salle 109 et Kishu Arashi salle 120 !

Elle releva la tête et adressa son plus grand sourire au jeune homme en imperméable blanc.

- Il vous faut autre chose, Suméragi-san ?

Subaru agita la main en signe de dénégation et ajouta, tandis qu'il s'éloignait déjà vers les escaliers :

- Merci infiniment, Kanzaki-san !

Il gravit rapidement la volée de marches qui conduisaient vers le premier étage et s'engagea dans le couloir à la recherche des salles 109 et 120. Lorsqu'il parvint devant la première, il frappa légèrement à la porte et la poussa au son d'un « Entrez ». Vingt paires d'yeux curieux se tournèrent immédiatement vers lui. Le professeur, qui était un homme entre deux âges qui tenait son livre d'histoire comme s'il s'agissait d'une bible du quinzième siècle, le fixa d'un air surpris.

- Oui ? Demanda-t-il d'une voix qui donnait l'impression d'être poussiéreuse.

- Excusez-moi de vous déranger. Je viens chercher Arisugawa Sorata, s'il vous paît.

Les yeux de l'instituteur papillonnèrent un instant entre ce jeune homme qui venait d'interrompre son cours et le garçon à la casquette assis au fond de la classe. Un éclair de compréhension sembla alors passer dans ses yeux et il répondit.

- Oh, bien sûr ! Arisugawa, vous pouvez y aller.

Le jeune moine du Kansai se leva et attrapa son sac avant de rejoindre Subaru dans le couloir. Une fois qu'il eut refermé la porte, il se tourna vers le treizième chef de la famille Suméragi et lui demanda :

- Qu'est-ce qu'il y a ? Qu'est-ce qui ne va pas ?

Subaru lui fit signe de se taire.

- Plus tard, quand on aura cherché les autres.

Sur ce, il se dirigea d'un pas assuré vers la salle 120, qui se trouvait au bout du couloir. Le même manège se répéta et ce fut bientôt plus un mais deux adolescents qui le suivirent dans les escaliers en échangeant des regards à la fois inquiet et curieux. Ils n'eurent pas plus de difficultés à excuser Yuzuriha de cours qu'il n'y en avait eu pour les deux autres. Toujours sans daigner répondre aux questions insistantes des trois lycéens, Subaru reprit le même chemin en sens inverse et ce n'est pas avant qu'ils aient traversé la cour et qu'ils se soient engagés dans le chemin qui conduisait vers leur maison qu'il ne s'arrêta. Là, il se retourna et fixa les trois Dragons du Ciel avec sérieux.

- Je crois que nous avons un problème.

Il leur exposa rapidement la situation : son absence à midi et les informations apportées par Keiichi. Sorata se gratta la tête et semblait réfléchir. Arashi ne montrait aucune émotion particulière mais la manière dont elle serrait les poings démentait cette impression. Enfin Yuzuriha couvrait sa bouche de ses mains et semblait prête à s'effondrer.

- Mais qu'est-ce qui a bien pu lui arriver ? J'espère qu'il n'est pas…Sanglota-t-elle.

Sorata lui passa un bras autour des épaules à la manière d'un grand frère et la rassura :

- Je pense que s'il était mort, on l'aurait su.

Subaru hocha la tête pensivement et la jeune fille se calma un peu.

- La dernière fois qu'on l'a vu, c'était ce matin. Il nous a quitté pour aller voir Kotori, continua le jeune moine. Peut-être qu'il faudrait commencer par là-bas.

- Tu as raison, l'accorda le maître du yin et du yang. Sorata, tu viens avec moi. Arashi, Yuzuriha, vous prévenez les autres. D'accord ?

Les deux jeunes filles acquiescèrent et, d'un même geste, disparurent dans le ciel sans même vérifier que personne ne pouvait les voir. Subaru fit alors un geste à Sorata et s'enfonça dans les buissons, le moine à sa suite. Ils parvinrent rapidement à la petite clairière où était planté le chêne sous lequel Kotori reposait. Ils ne découvrirent rien à première vue, puis Sorata s'élança soudain vers le côté droit de l'arbre et montra à Subaru sa découverte.

Le sac de Kamui.

Le treizième chef des Suméragi fronça les sourcils et se mit à examiner attentivement la clairière.

- Il y a des traces de lutte, dénota-t-il en observant un certain nombre de branches brisées dans les alentours ainsi que de légères traces de brûlure sur l'herbe qui tapissait le sol.

- Mais qu'est-ce que ça veut dire ?! S'énerva Sorata.

- Que Kamui s'est battu avec quelqu'un et qu'il est parti avec lui. Ou inversement.

- Et qu'est-ce qu'on fait alors ?

- On le retrouve, conclut Subaru froidement.


- Satsuki, est-ce que « Kamui » est rentré ?

La jeune femme pianota encore pendant quelque seconde sur le clavier devant elle, puis répondit d'une voix monocorde.

- BEAST dit que non.

Kanoe émit un son énervé et tapa du pied.

Mais où est-il encore passé ? Ce garçon n'en fait vraiment qu'à sa tête…

Elle tourna les talons et retourna dans sa chambre d'un pas énergique. Là, elle se laissa tomber en soupirant sur un large fauteuil de velours. Ses longs cheveux de jais s'étalèrent autour, formant une aura de ténèbres autour de son visage. Devant elle, une tête émergea des couvertures enroulées sur son lit à baldaquin. Ses cheveux en bataille donnaient à Yuuto un air endormi que Kanoe trouva adorable.

- Kékispass ? Marmonna-t-il en se frottant les yeux.

Kanoe repoussa une mèche qui lui tombait dans le visage et sourit à l'employé de la mairie.

- « Kamui » a disparu, déclara-t-elle en riant à demi.

Yuuto leva un sourcil interrogateur et roula dans le lit pour s'asseoir sur le bord.

- Euh…et c'est ça que vous trouvez amusant ?

Kanoe se leva avec grâce et tourna sur elle-même, un sourire radieux aux lèvres. Elle s'approcha du jeune homme et prit son menton dans une de ses mains.

- Non, chuchota-t-elle à son oreille, mais ça pourrait le devenir…

Et elle sortit en riant, laissant derrière elle un Yuuto nu et embrouillé.

Elle retourna dans la salle où se trouvait l'ordinateur géant et sa « compagne ». La pièce était sombre et seulement éclairée occasionnellement par des flashs de lumière verte. La jeune fille qui trônait au milieu de tous les fils électriques ne prêta aucune attention à son entrée jusqu'à ce que Kanoe prenne la parole.

- Satzuki, pourrais-tu essayer de trouver « Kamui » avec l'aide de BEAST ?

La jeune fille ne répondit pas mais se mit immédiatement à pianoter sur son clavier.

- Bien, murmura Kanoe. Maintenant, rassemblons les troupes…


Les sous-sols du palais de la Diète étaient sombres. Sombres et silencieux. Seule une faible lumière filtrait à travers les cloisons d'une pièce close. A l'intérieur, le silence y était tout aussi profond malgré la présence de sept personnes. La princesse Hinoto n'avait pas proférait un mot depuis que Subaru lui avait annoncé la nouvelle. Elle semblait réfléchir, plongeait dans son esprit. Derrière elle, Hien et Sohi restaient à l'affût du moindre de ses ordres ou besoins. Enfin, devant se tenaient quatre Dragons, tous attendant avec inquiétude et impatience. Yuzuriha s'était assise et avait pris Inuki dans ses bras. La jeune fille semblait assez affectée par la disparition de Kamui et son regard se perdait souvent dans le vague. Juste à côté se trouvait Arashi, immobile, tendue. Karen paraissait aussi décontractée que d'habitude et sa tenue était toujours aussi légère, néanmoins la flamme qu'elle n'arrêtait pas d'allumer et d'éteindre dans sa main droite laissait penser qu'elle n'était pas aussi tranquille que ça. Enfin, Subaru se tenait en retrait. Le maître du yin et du yang était perdu dans diverses théories et hypothèses expliquant la disparition du Kamui Dragons du Ciel.

Soudain, des bruits de pas précipités se firent entendre dans le couloir. Tous levèrent la tête, y compris Hinoto. Sorata fit alors coulisser violemment la porte. Il était essoufflé et se tenait les côtes.

- On…on l'a…trouvé ! Haleta-t-il.

Yuzuriha étouffa un petit cri de soulagement et les autres le regardèrent avec espoir.

Subaru se précipita sur lui.

- Où est-il ? Est-ce qu'il va bien ?

Sorata parut embêté, ne sachant apparemment pas comment formuler les choses.

- Euh…en fait, j'ai dit qu'on l'avait trouvé mais je voulais dire par là que nous savions où il était, pas qu'il était avec nous… Aoki a demandé à un de ses amis au journal qui a des contacts avec la police. Son ami flic a trouvé des infos pour nous.

Subaru laissa retomber ses bras et soupira.

- Et où est-il alors ? Demanda-t-il.

- A Roquefort la Bédoule.

Le treizième chef des Suméragi battit des paupières plusieurs fois sans rien dire.

- Pardon ? Finit-il par ajouter.

- C'est un petit village sur la Côte d'Azur, en France…

- En France ? S'exclama Karen. Mais que fait-il en France ?

Sorata baissa la tête.

- Le problème n'est pas ce qu'il y fait mais avec qui il se trouve.

Le moine de Koya hésita une seconde avant de reprendre :

- Il est partit avec le « Kamui » Dragon de la Terre…

Un silence écrasant tomba sur la salle.

- Quoi ?? S'exclama Subaru. Tu plaisantes ?

Sorata secoua lentement la tête.

- J'aimerais bien mais ce n'est pas le cas.

- Mais qu'allons nous faire ? S'écria Yuzuriha, paniquée.

Subaru se dirigea alors vers la porte d'un pas décidé et juste avant de la franchir, il s'arrêta pour déclarer avec détermination :

- Nous devons y aller.


- Roquefort la Bédoule ???? Répéta Yuuto, incrédule. Mais qu'est-ce que c'est que ça ?

- C'est un village en France, répondit froidement Satsuki.

Seïshiro éclata de rire.

- Vous voulez dire que les deux Kamuis sont partit en vacances à la plage ? Demanda-t-il.

Et il repartit d'un grand éclat de rire.

Yuuto secouait la tête, ne parvenant pas à croire ou à comprendre ce qu'on venait de lui dire. Kanoe, elle, semblait pensive.

- Es-tu sûre de cela, Satsuki ?

La jeune femme replaça les lunettes sur son nez et répondit :

- Certaine. BEAST confirme qu'ils ont pris deux places dans un avion pour la France. De là, ils ont pris un train pour le Sud et BEAST a découvert une location d'une maison à Roquefort la Bédoule. Il n'y a aucun doute quant à ce que ce soit eux. Le satellite que j'ai piraté corrobore, images à l'appui.

Kanoe se mit à marcher de long en large, ses cheveux s'agitant derrière elle. Yuuto en était venu à se frapper la tête pour savoir s'il ne rêvait pas. Seïshiro paraissait sur le point de succomber à un étouffement par rire prolongé. Et Satsuki jouait avec un fil électrique en attendant la suite des évènements.

Kanoe finit par s'arrêter et les regarda tous, un par un, une lueur d'excitation dans les yeux.

- Nous devons y aller.


Héhé !

Affaire à suivre…

(Mais ça ira plus vite si j'ai des reviews )