PROLOGUE

Wow. Emma Swan avouait difficilement lorsqu'un coup d'un soir était bon mais cette fois, elle ne put s'en empêcher.

Trois jours étaient passés dans un flou total alors qu'elle se remémorait encore et encore la nuit de folie qu'elle avait passé chez « The Red Rabbit », un bar à l'allure innocente mais qui finalement, en était loin. Il était coincé entre deux pans d'immeubles rapprochés en plein centre-ville. Il descendait sous-terre et couvrait une bonne partie d'un ancien repère de la mafia irlandaise. C'était grand, bruyant et seulement éclairé par des néons rouges qui soulignaient les courbes de chaque personnes y entrant. La salle était 24H/24 plongée dans une atmosphère sensuelle à en mourir. Mais Emma ne se souvenait pas de cette soirée, ce samedi qu'elle avait passé à boire dans son esprit, la salle avait été silencieuse alors qu'elle savait que c'était impossible. Il y avait juste elle et... cette autre femme aussi prédatrice qu'une lionne dans une chambre raccrochée au couloir débutant jusque à côté des toilettes.

Elle sentait encore les mains de cette inconnue qui avaient parcourues son corps sans gêne même si elles n'avaient échangé que quelques mots. Un regard avait suffit et Emma s'était faite embarquée dans la tanière d'un monstre de sensualité. Elle ne suppliait jamais mais juste pour cette fois, elle l'avait fait. Ça avait été tellement bon, divin, irréel. Elle se souvenait rarement de quoi que ce soit lorsqu'elle buvait comme elle avait bu cette fois-là mais le lendemain, même si l'inconnue n'avait plus été à ses côtés, God, elle ne pouvait effacer les sensations. Le pire était sans aucun doute qu'elle n'avait même pas pu la toucher ! Cette femme l'avait retenue sans faillir et toute la soirée, gardant une poigne ferme sur ses deux poignets à la fin rattachés ensemble par son propre T-shirt. De quoi être frustrée...

...-wan... Miss Swan !

Emma ouvrit vite les yeux pour se rendre compte qu'elle fantasmait encore depuis bien une demi-heure, sur un fauteuil dans l'attente d'un entretien d'embauche. Une femme tirée à quatre épingles la fixait et tapait du pied, impatiente. La blonde fit bien attention à son tailleur et sa jupe crayon ajustée à sa silhouette. Ce n'était pas la même chose que cette bombe qu'elle avait rencontrée au bar mais c'était quelque chose quand même. La secrétaire remonta ses lunettes strictement sur son nez et se racla la gorge. Elle ne semblait pas plus dérangée que ça par l'attitude d'Emma.

Madame Mills vous attend.

Le ton hautain avec lequel la secrétaire s'adressa à elle lui tira une grimace. Elle se redressa nonchalamment et se révéla un chouïa plus grande que l'autre et aussitôt, un petit sourire vint étirer ses lèvres légèrement craquelées par le froid de l'hiver New Yorkais. Elle fourra ses mains déjà emmitouflées dans des gants noirs, dans les poches de sa veste en cuir rouge et jeta un regard noir à son interlocutrice. Il lui fut retourné avant qu'elle ne puisse tourner les talons. Emma se dirigea vers la porte et adressa un petit sourire tellement poli qu'il parut aussitôt faux, aux autres candidats assis confortablement dans leurs sièges. Que des hommes, quel sexisme.

Messieurs.

La secrétaire la pressa dans son dos. Elle l'entendit rayer un nom sur sa liste et jurer quelque chose comme « encore une de moins ». Elle voulut se retourner pour lui dire deux mots mais fut presque poussée dans la salle devant elle. Une salle aux quatre murs plaqués de tapisserie à l'ancienne et d'un parquet tellement ciré qu'elle jurait pouvoir y observer son reflet.

Miss Swan, quel plaisir de pouvoir enfin bénéficier de votre présence.

S'il n'y avait eu que cet homme à la voix grasse, elle aurait pu s'en sortir mais bordel, qu'est-ce que faisait cette autre femme entre lui et deux autres jurés ?! Elle était la seule entre ces trois autres hommes bien gras. La plus raffinée et la plus prédatrice surtout. Un sourire étira les lèvres de la brune. Pas une once de surprise, comme-ci elle l'avait attendue impatiemment jusque-là. Emma se demanda d'ailleurs si ce n'était pas vraiment le cas. Sa photo était dans le dossier. Shit, shit, shit...

L'un des trois hommes lui fit le signe de s'asseoir. Il lui fallut toute la volonté du monde – qu'elle n'était pas sûre de posséder, pour s'avancer de deux pas vers le large bureau placé juste devant une grande fenêtre qui faisait presque toute la surface d'un mur. Il s'ouvrait sur New York et Emma tenta de se concentrer sur les buildings mais elle était bien mal barrée comme un fantasme, tous les immeubles semblaient placardés de l'image de cette prédatrice. Elle déglutit.

Emma revint sur les mots de la secrétaire. « Encore une de moins », elle n'était finalement plus très sûre de qui elle parlait.

Installez-vous donc, Miss Swan...

God, sa voix était aussi sensuelle qu'au premier soir. Et sa position, mon dieu sa position. Cette prédatrice avait laissé son crayon sur son bureau et était désormais penchée vers elle, le menton flanqué sur ses doigts croisés gracieusement. Un port de tête élégant et une posture dominatrice. Ses jambes soulignées par un collant croisée sous le bureau et en rien dissimulées. Dans la nuit comme au grand jour, elle avait cette allure de lionne infatigable.

Emma fit hausser des sourcils lorsqu'elle s'assit maladroitement presque à côté du siège. Elle se laissa tomber lourdement dans l'assise de velours. Elle essaya de regagner un minimum de posture mais difficile à faire quand elle voyait encore et encore, cette femme qui dansait sensuellement au-dessus d'elle. Elle n'entendait que ses mots murmurés à l'oreille, ses gémissements atrocement langoureux, ses gestes lents à en crever et son regard plein de luxure. Elle dut se redresser dans son siège tant les contractions de son entrejambes étaient puissantes. Une grande inspiration n'y changea rien. Elle fit tout son petit cinéma sous les quatre jurés trois en pleine confusion et une quatrième qui semblait se délecter de la voir dans un tel état.

God, elle était finie.