1. La Star de Hollywood
En quinze ans, Francis L. Zong était devenu la coqueluche du tout Hollywood.
Sa beauté froide rendaient les femmes folles, et nombreux étaient les hommes à jalouser sa chevelure aile de corbeau qui disait-on n'avait encore jamais subi de teinture.
Si l'on ajoutait à cela un physique parfait et soigneusement entretenu, une classe innée et des manières raffinées très travaillées elles, le tableau était presque complet. N'y manquait plus que les cachets démesurés octroyés quasi sans discussions, et qui ne faisaient que grossir film après film !
Dès lors, quand l'annonce avait été officielle peu avant la fin décembre 2098, son nom avait été sur toutes les lèvres quant à l'attribution du rôle principal du plus important blockbuster qui serait à venir.
Curieusement, alors que les pronostics battaient leur plein, c'était le principal intéressé qui affichait le plus de scepticisme !
- Non, Caroline, du réalisme, rectifia-t-il à l'adresse de sa rousse agent qui partageait un thé glacé sur l'une des trois terrasses arrières du corps de logis du Manoir. En plus, ce rôle ne m'intéresse pas un instant !
- Comme si la majorité des acteurs n'étaient pas dans ton cas, mon ombrageux Francis. Mais tu peux tout interpréter, tu pourrais même finir par apprécier !
La trentaine bien frappée, le petit prince de l'Amérique fit un clin d'œil à la dénommée Caroline.
- Justement, cela fait un moment que je peux m'offrir le luxe de refuser ce qui ne me fait pas bander.
- Tssst, quel langage, si tes fangirls t'entendaient ! ?
- Caro, je suis un homme, pas une icône parfaite. Et j'ai juré et ai appelé un chat un chat plus souvent qu'à mon tour. On m'adule également pour ne pas user de la langue de bois !
- D'où tes refus systématique à la prod', sans nécessairement me tenir au courant, remarqua l'agent d'Hollywood qui avait elle le privilège de s'occuper d'un seul poulain !
Elle passa la langue sur ses lèvres.
- Si c'est plus d'argent que tu recherches en manœuvrant ainsi… Je peux encore négocier. Je suis même certaine que je peux t'obtenir le cachet le plus faramineux qui soit depuis qu'Hollywood existe !
Francis eut un négligent haussement des épaules.
- Le fric ne me motive plus autant qu'avant, bien que je ne crache nullement dessus, j'adore bien trop le dépenser ! Et plus je le jette par les fenêtres, plus on parle de moi ! Il est indispensable de ne jamais quitter les tabloïds…
- … et de changer de compagne comme de chemise, compléta Caroline.
- La vérité à ce sujet est d'un banal ! Même mes fans purs et durs, femmes et hommes, s'y ennuieraient !
Caroline pianota sur sa tablette.
- Je vais porter ce que j'interprète comme un refus de plus à la prod'… Le casting sera donc ouvert, à tous, insista-t-elle, dès ce soir minuit ! Que puis-je invoquer comme raison de ta part ?
- C'est nécessaire ? grommela l'acteur.
- Cela atténuerait ce que désormais plus d'un qualifie d'énorme caprice, ce dont tu n'es guère coutumier au demeurant.
- Il s'agit d'adapter un dessin animé, je n'ai pas le physique. Et je ne suis pas de ces acteurs disposés à mettre sa santé en péril pour un rôle ! J'ai décroché tous les premiers trophées, toutes cérémonies confondues, sans jouer avec mon poids.
- Bien, je ferai part de ta réponse.
En pleine réunion, Caroline Gordon prit l'appel venu sur son téléphone.
- Francis met une unique condition à sa participation au projet, informa-t-elle ensuite.
- Laquelle ? firent les producteurs.
- Il veut interpréter le vilain !
- Bien, en ce cas, il reste à trouver notre tête d'affiche, conclurent-ils.
