Bonjour à tous.

Voici un autre récit, puisque je dois avouer que cette splendide histoire qu'est Puella Magi Madoka Magica est ma muse du moment.

J'espère que cet OS vous plaira, il s'agit d'une petite idée qui m'est venue après avoir revu Rebellion. A la fin, Homura prévient Madoka, lui disant qu'à leur prochaine rencontre, elle seraient ennemies.

Voici ma version de ce que pourrait être la prochaine confrontation entre Madoka et Homura. N'hésitez pas à me faire part de vos remarques.

Disclaimer : Disclaimer : Puella Magi Madoka Magika est dessiné par Hanokage. Rebellion est écrit par Gen Urobuchi.


La jeune fille reposa calmement sa tasse de porcelaine, faisant doucement tinter la soucoupe, émettant une petite note qui brisa le silence de la nuit.

Cette soirée était vraiment magnifique, songea t-elle en remontant ses lunettes rouges qui glissaient vers l'extrémité de son nez fin.

Les milliers d'étoiles scintillaient dans le ciel d'un bleu sombre comme un velours chatoyant, tandis que la pleine lune brillait comme un phare. Le ciel était clair, mais toute cette lumière ne faisait pas oublier que la lueur opaline et glacée de l'astre nocturne ne réchauffait pas sa peau, la laissant frémir sous la légère brise qui caressait faiblement l'herbe du square.

L'adolescente aux longs cheveux sombres passa une main dans sa chevelure, replaçant sa frange impeccablement coupée, avant de saisir délicatement l'anse de sa tasse immaculée, peinte de fins entrelacs dorés.

Avec une élégance aristocratique, elle sirota le liquide ambré, sentant cette chaleur s'insinuer dans son corps.

Le silence nocturne fut interrompu par son petit soupir de contentement. Vraiment, tout était parfait.

Tout était parfait en ce monde.

- Akemi Homura, appela alors une voix derrière elle, brisant le calme idyllique de ce tableau.

La jeune femme, qui venait d'être ainsi hélée, reposa calmement la tasse et sa soucoupe sur son petit guéridon. Avec une lenteur calculée, elle se redressa, lissant doucement la jupe de son uniforme scolaire, avant de se retourner gracieusement. Dans son mouvement, elle laissa sa longue crinière corbeau flotter violemment, malgré l'absence presque totale de vent. Dans le même temps, elle dévoila son oreille gauche, qui était percée d'une épaisse boucle sombre qui accompagnait le pavillon, tandis que son lobe supportait une chaîne dorée, liée à une gemme pourpre scintillante.

- Bonsoir, Sayaka Miki, salua t-elle calmement. Que me veux-tu donc, par cette belle soirée ?

Ce n'était qu'une formule de politesse, un échange dénué d'intérêt, puisqu'elle avait parfaitement conscience de ce que la collégienne aux cheveux bleus lui voulait.

D'ailleurs, Sayaka n'était pas seule. Tomoe Mami était également présente à sa droite, avec son corset serré qui faisait pigeonner sa généreuse poitrine. A côté de la blonde aux charmantes boucles, Sakura Kyôko se tenait avec son éternelle arrogance, mâchonnant un pocky en faisant tourner sa lance entre ses doigts fins. Enfin, entourée de toutes ses amies, elle était présente.

Kaname Madoka l'observait avec un regard déterminé, si différent de l'expression inquiète et emplie d'un certain manque de confiance qui la caractérisait généralement.

- Arrête tes jeux pompeux ! s'écria Sayaka en dégainant un katana. Nous savons tout !

Homura resta calme et les fixa d'un regard froid et cruel, scintillant de malveillance.

- Alors, vous avez retrouvé vos souvenirs, murmura Homura en se léchant les lèvres. C'est inattendu, mais je savais que ce moment viendrait inévitablement.

- Tu m'as brisée ! s'écria Madoka avec son regard d'or, empli par un terrifiant sentiment de manque. Est-ce que tu sais ce que tu as fait ?

Homura poussa un petit rire forcé, avant d'incliner la tête sur le coté.

- Bien sûr que je sais ce que j'ai fait, minauda le démon. Je t'ai volé tes pouvoirs, réécrit les lois de cet univers et créé un monde dans lequel tu peux enfin vivre heureuse avec ceux qui t'aiment.

Un tel aplomb et une telle audace stupéfia les quatre amies, les anciennes Puella Magi.

Homura avait volé les pouvoirs que la déesse Madoka avait acquis, lorsqu'elle avait librement sacrifié son existence pour obtenir la puissance de sauver toutes les Puella Magi de leur inévitable destin tragique. Non contente de briser un être au cœur pur, Homura avait corrompu ce pouvoir, damnant volontairement son âme pour devenir un démon, avant d'effacer les souvenirs de ses amies et de les plonger dans ce monde parfait, mais qui était tellement faux.

- Tu n'as vraiment aucune honte ? explosa Kyôko en serrant sa prise. Au début, je voulais pas le croire, mais maintenant, je me souviens ! Je suis tellement en colère, que j'arrive même pas à penser clairement !

- Ca, ça ne change pas, rétorqua narquoisement le démon brun avec un sourire fou sur son visage parfait.

L'expression de Kyôko qui serrait les crocs, se retenant de charger, était inestimable.

- Enfin, rajouta Homura, elle n'est pas la plus stupide d'entre-vous. Du moins, pas plus que vous autres. Vous n'avez tout de même pas sérieusement songé que vos maigres talents pourraient vous permettre de pouvoir vous opposer au Dieu de cet univers ?

L'expression indéchiffrable sur le visage de Sayaka était plus explicite que mille mots.

Les yeux d'Homura s'écarquillèrent d'amusement, avant qu'un rire froid et psychotique n'émerge de sa gorge.

- Oh ! s'esclaffa t-elle. C'est tellement amusant !

Le démon rit quelques secondes de plus, avant de chasser une petite larme du bout de ses ongles finement manucurés.

- Vous espériez pouvoir me battre ? ajouta Homura, d'un ton mécanique, désormais dénué d'émotions. Sans vos pouvoirs, tout en sachant que je peux effacer vos souvenirs d'un claquement de doigts ?

Ce changement était radical, songea Mami. Leur ennemie passait d'une émotion à l'autre, alternant entre une crise de folie et une extrême mélancolie. A l'heure actuelle, tandis qu'elle était figée, elle lui faisait penser à une horloge, dont les rouages s'étaient bloqués.

- Oui, répondit la jeune femme rousse, qui dissimulait sa morgue derrière un masque sérieux. Peu importe que tu puisses effacer les souvenirs de nos vies passées, ça ne changera rien. Nous serons toujours amies, nous serons toujours ensemble. Tu ne changeras jamais ça. Quelque soit le temps qu'il faudra, nous les retrouverons. Quelque soit le nombre de tentatives, nous t'affronterons. Nous avons tout le temps du monde, tu le sais parfaitement.

Homura la darda de son effroyable regard pourpre, sinistrement fixe, avant de faire un pas en avant.

- Cela ne changera rien, trancha la brune. Vous avez cherché partout un moyen d'échapper à cette réalité, mais vous avez échoué. Je suis la seule à détenir les clés du destin de cet univers. Vous le savez parfaitement, vous êtes obligées de passer par moi. S'il y avait une autre possibilité, vous l'auriez saisie. Mais il n'y en a pas, sinon vous ne m'auriez pas affrontée.

La véracité de ces propos choqua les quatre amies. Une fois de plus, Homura avait parfaitement raison. La divinité omnisciente savait tout, maîtrisant les règles de son univers à la perfection.

- Tu nous a volé nos vies, déclara Mami avec déception. Tu nous prives de notre libre arbitre, contrôlant notre destin comme si nous étions des pantins.

Des pantins ? songea Homura en se retenant d'éclater de rire, repensant à un passé qui n'existait plus que dans des rêves.

- Dois-te rappeler que dans l'univers original, celui que j'ai réécrit, minauda la déesse avec un geste charmeur, vous êtes toutes mortes ?

Un froid glacé traversa les quatre adolescentes. Elles déglutirent de concert, se remémorant le tragique destin de chacune d'entre-elles.

Une Puella Magi était condamnée à mourir au combat et si elle survivait assez longtemps, elle deviendrait une sorcière.

Mami revit son ultime combat. Ses fusils gravés d'argent tonnaient, déchargeant le feu purificateur contre Charlotte. La sorcière des sucreries s'était effondrée comme une molle poupée, avant de soudainement se métamorphoser. Le long serpent qui avait émergé de cette chrysalide lui avait foncé dessus, ouvrant sa gueule bardée de crocs acérés. Charlotte avait alors refermé sa bouche sur le cou de la blonde, lui arrachant la tête, comme on le ferait avec un gâteau sec.

Sayaka revit cette sinistre nuit à la gare, lorsqu'elle était restée sur un banc, contemplant sa soul gem qui s'assombrissait à vue d'œil. Chaque fois qu'elle apportait l'espoir, la corruption de ce monde la débectait, la faisant douter et l'amenant à se demander pourquoi faisait-elle tout ça. Pourquoi se démenait-elle, pourquoi avait-elle sacrifié son futur, enfermant son âme, pour protéger un monde pourri qui ne valait même pas la peine d'être sauvé ? Elle avait finalement abandonné. Sa soul gem n'était qu'un catalyseur, dans lequel son âme avait été détruite, laissant place à une terrifiante sorcière. Miki Sayaka était morte et Oktavia von Seckendorff avait émergé. La sirène était couverte d'une armure glacée, n'étant plus qu'une grossière parodie haineuse de la jeune fille qui combattait au nom de la justice. Son âme n'était plus qu'une sinistre créature aveugle et dévorée par le chagrin.

Kyôko se souvint de son dernier combat, durant lequel elle avait choisi sa fin. Voir Sayaka, une idéaliste gentille et courageuse être ainsi brisée, l'avait meurtrie plus qu'elle ne voulait l'admettre. La rouquine avait tenté de sauver la jeune fille aux cheveux bleus, tentant de voir s'il restait une once d'humanité derrière le masque grimaçant qui servait de visage à la sorcière sirène. Finalement, il n'y avait plus d'espoir. Tuer Oktavia et détruire l'âme de Sayaka était la solution la plus charitable, celle qui libèrerait son amie d'un cauchemar infini. Kyôko avait chargé, mobilisant toute son énergie dans sa lance, plaçant sa propre soul gem devant l'extrémité acérée de son arme. Oktavia avait été brisée, Sayaka avait été libérée et Kyôko l'avait accompagnée. La rousse ne voulait pas laisser son amie mourir seule. Puisqu'elle n'avait plus personne à qui se rattacher sur cette planète, elle pouvait encore rester aux côtés de la courageuse combattante qu'elle avait appris à aimer.

Madoka écarquilla les yeux. Devant ses yeux, elle vit défiler des milliers d'images, redécouvrant les milliers de tentatives que Homura avait faites pour la protéger. Afin de la sauver, Homura avait sacrifié son âme, accomplissant inlassablement le voyage dans le temps, revivant sans cesse le même mois pour la sauver. Par amour pour elle, Homura avait sacrifié son futur, sa personnalité douce et timide, acceptant de devenir un monstre aux mains sales, juste pour protéger celle qu'elle aimait, sans jamais oser l'avouer.

Les quatre jeunes filles frissonnèrent, sachant que sans Homura, elles ne seraient plus de ce monde. Malgré ses crimes, Homura avait tout fait pour leur accorder une vie paisible et heureuse.

- Vous n'avez rien à dire, cracha le démon. Vous n'êtes pas en position de parler et encore moins de me juger. Je ne veux pas vous entendre. La seule qui est en droit de s'exprimer, c'est toi, Kaname Madoka.

La collégienne aux cheveux roses déglutit, forçant ses genoux à ne pas trembler.

- Je sais ce que tu as fait, commença t-elle d'un ton hésitant. J'ai tout vu. Tu as fait beaucoup de bien et beaucoup de mal. Mais, puisque nous avons une conversation sincère, je voudrais que tu retires ce masque que tu portes. La mystérieuse camarade, c'est un déguisement. Je veux voir la véritable Homura.

Ses amies se regardèrent, confuses, se demandant les unes les autres si elles savaient ce que Madoka voulait dire, mais Homura l'avait parfaitement comprise.

La brune hocha la tête, raide, sachant parfaitement que Madoka méritait de voir toute la vérité.

Homura claqua ses mains l'une contre l'autre, applaudissant deux fois. Dans son dos, deux immenses ailes émergèrent. Contrairement aux élégants membres des mythiques anges, ces appendices étaient sinistres. Chaque aile était formée d'une longue barre d'acier noirci et tordu, sur laquelle un velours d'argent servait d'appui à de longues plumes de corbeau.

Homura se cambra, étirant ses muscles, faisant apparaître une robe sombre et révélatrice, qui couvrait à peine sa chair pâle. Le tissu était fait d'une matière indéfinissable, dévoilant son dos jusqu'au creux de ses reins, ainsi que son nombril. Ses longues jambes étaient sublimées par ses collants à carreaux, terminés par ses habituelles chaussures.

Les quatre jeunes filles restèrent ébahies devant cette apparition, choquées par l'apparence que venait de prendre Homura. Elle était belle à couper le souffle, mais c'était une beauté maléfique, un ange déchu.

- Me voici devant toi, déclara le diable. Tu peux m'appeler Akuma Homura, Homucifer ou même Satan, cela ne m'importe plus. Ces noms ont tellement peu de sens pour décrire ce que je suis.

- Peut-être, approuva Madoka. Ils ne suffisent pas à englober tous tes crimes.

Homura sourit, observant les étoiles.

- Peut-être fais-tu références aux Incubateurs ? murmura Homura. Tu sais, j'ai peut-être été la première à accomplir un génocide à l'échelle planétaire, mais je les ai recréés. Plusieurs fois même, je dois bien avouer que les exterminer une seule fois n'était pas suffisant au regard de la haine que je leur portais. Mais je les ai recréés, mon univers à besoin d'eux, ajouta t-elle en souriant. Bien sûr, j'ai apporté une petite modification, je les créés capables de ressentir des émotions. Une seule émotion, la même émotion qu'ils ont fait subir à toutes les Puella Magi qu'ils ont trompé. Je leur ai offert le désespoir.

Madoka frémit. C'était cruel, même pour les Incubateurs, cette race qui ne connaissait pas le principe des émotions. Pour eux, la souffrance n'était qu'une source d'énergie. Ils étaient incapables de comprendre ce que ces sentiments signifiaient réellement.

Homura sourit, observant Madoka en se léchant les lèvres d'une façon suggestive.

- Homura-chan, appela la jeune fille aux cheveux roses. Je …

Madoka serra les poings, ses ongles courts s'enfonçant dans sa peau.

- Non, tu n'es plus elle, soupira la jeune fille avec une expression désabusée.

- Effectivement, coupa brutalement la femme ailée. Je ne suis plus cette humaine, je suis la divinité qui a écrit les lois de cet univers, la régente de milliards d'étoiles et rien ne m'est impossible.

Satan sourit, claquant des doigts à travers ses gants de soie.

Une seconde plus tard, la lune n'était plus qu'un demi corps céleste. L'orbe familier avait été coupé en deux et une moitié avait disparu.

Deux secondes plus tard, le satellite avait retrouvé son apparence normale, avec ses tâches sombres et ses cratères.

Les quatre anciennes Puella Magi restèrent tétanisées par ce spectacle, cette éclatante démonstration de pouvoir. Sans ciller, Homura venait de leur offrir un spectacle inimaginable, sans pour autant dévoiler plus d'une once de l'étendue de ses pouvoirs indicibles.

- Je peux tout faire, se vanta le démon. Je peux créer la vie, ressusciter les morts, créer de nouvelles étoiles si je le désire. Rien ne m'est impossible.

- C'est faux, coupa Madoka.

Le sourire dévoré d'ambitions de Homura disparut instantanément.

- Développe, ordonna t-elle à celle qu'elle aimait passionnément.

- Je me souviens de mon temps en tant que déesse, lorsque je n'étais plus humaine, que j'étais devenue un concept. Tu es limitée par les lois que tu as créées, y compris celle de l'entropie.

Homura se tut. Malgré toute sa puissance, malgré le fait qu'elle englobait les limites infinies du cosmos, elle faisait partie de ce tout et en tant que tel, elle était toujours soumise aux règles de son univers.

Elle ne pouvait pas y échapper. Malgré tout son pouvoir, elle savait que Madoka avait raison.

- Cette discussion est intéressante, siffla la brune aux cheveux noués d'un ruban rouge comme le sang, mais elle nous éloigne de notre point. Comment comptez-vous m'arrêter ? D'ailleurs, pensez-vous que je dois être arrêtée, alors que vous vivez toutes dans un monde parfait, fait d'amour absolu ?

Un silence accueillit cette déclaration. Homura avait peut être commis un crime contre Dieu, mais au moins, cette réalité n'était pas pire que l'ancienne. Elle était même meilleure, puisque sur cette planète au-moins, il n'y avait pas une personne qui mourrait de faim toutes les cinq secondes.

- Tu sais, Madoka, murmura Homura avec un trémolo sincère dans sa voix, en tant qu'ancienne déesse, tu sais ce que c'est que de porter cette terrible charge. Tu es la seule qui puisse me juger ici. Si tu veux le faire, je te laisse rendre ton verdict.

- Que pourrais-je dire ? répondit doucement la collégienne. Tu n'es pas le mal absolu, puisqu'il n'y a plus de bien absolu pour contrebalancer tes actions. D'un point de vue cosmique, tu as atteint un équilibre. Bien et mal, ça ne veut plus rien dire, mais personne ne comprend cela comme nous le faisons. Si nous étions deux, puisqu'il faut être deux pour danser un tango cosmique, nous pourrions être des opposées, comme nous pourrions être complémentaires, formant une harmonie. J'aurais beaucoup apprécié être avec toi, mais je ne peux pas me permettre d'être égoïste et de ne me focaliser que sur une personne. C'est pour ça que cet univers ne me convient pas.

C'était une réponse honnête, admit Homura, mais visiblement, Madoka avait encore des choses à dire.

- Tu n'es plus celle que j'appréciais et que j'aimais. J'ai donné ma vie pour te sauver et même si je considère que tu en vaux toujours la peine, que tu es digne de l'amour que j'avais pour toi, je ne peux pas te considérer comme la divinité parfaite. Mon jugement, c'est que je ne peux pas rendre de jugement.

Homura fronça les sourcils. Lorsque elle était devenue Dieu et Satan, qu'elle s'était trouvée déliée des lois des mortels, obtenant un tel niveau d'omnipotence, elle avait compris qu'il n'y avait plus rien pour la traiter en égal.

Quoi qu'elle fasse, elle ne pourait jamais vivre simplement heureuse aux cotés de Madoka. L'une et l'autre, que ce soit la déesse de lumière ou l'ange des ténèbres, elles avaient toutes deux été forcées de renoncer à l'autre.

- Je vois, comprit Homura, rongée par cette terrible réalisation. J'étais une idiote et tu étais bien plus sage que moi. Je te perds, quoi que je fasse. C'est inévitable. Malgré tout mon pouvoir, je te perdrais.

La déesse brisée plissa son regard d'améthyste, se concentrant sur les quatre héroïnes qui avaient combattu à ses côtés, il y a bien longtemps.

- Vous avez choisi de m'affronter. Il n'y a que deux issues possibles. Ou bien j'efface de nouveau vos souvenirs et vous reprenez vos vies jusqu'à la prochaine rencontre, ou bien Madoka se sacrifie de nouveau pour redevenir la déesse de cet univers.

Le choix était aisé à comprendre, mais la jeune fille avait peur. Pouvait-elle assumer de nouveau cette terrifiante charge de déesse ? Devait-elle faillir moralement, continuer dans le déni et laisser cette réalité mensongère continuer d'exister ?

- Cependant, ajouta encore Homura, il y a un dernier problème. Si je me contentais de vous effacer la mémoire, nous nous retrouverions tôt ou tard dans la même situation. Voyez vous, cela nous conduirait alors à une impasse similaire. Je ne renoncerais pas à mon pouvoir, c'est une certitude et Madoka ne renoncera jamais à son monde de lumière. Nous sommes arrivées à un embranchement.

Homura savait qu'elle n'avait plus le choix. Cette boucle était condamnée à se répéter invariablement, quoi qu'elle fasse.

- Madoka, appela t-elle, je t'ai dit que tu étais la seule apte à me juger. Je vais te laisser une minute, Madoka. Une seule minute durant laquelle tu auras la tâche décider laquelle de nous deux détiendra à jamais le destin de l'univers.

La brune claqua des doigts, faisant apparaître une arme familière dans sa main.

Il s'agissait de son fameux pistolet, l'arme qu'elle avait utilisé la première fois pour affronter les familiers, l'arme avec laquelle elle avait tué sa première sorcière.

Homura fit flotter l'arme devant elle, avant de la pousser vers Madoka.

La jeune fille hésita, tremblante à l'idée de toucher l'arme. Elle aurait aimé reculer, mais ses jambes semblaient pétrifiées, refusant de reculer, tandis que ses bras étaient à portée de ce beau bijou de mort chromé.

Effrayée jusqu'à la moelle, Madoka accepta de prendre l'arme, sans le moindre enthousiasme.

- Il n'y a qu'une seule balle, ajouta Homura en désignant le chargeur. Une balle que j'ai créée moi-même, avec assez de pouvoir pour détruire tout ce que tu désires, y compris un dieu. Maintenant, tu dois choisir. Rends ton verdict. Toi ou moi. L'une de nous deux doit disparaître. Ce monde n'a pas besoin de deux dieux. Tu as toujours fait le bon choix, alors vas-y. Agis.

- Non ! hurla Sayaka, éternelle justicière. Il y a forcément un autre moyen ! Ne fais pas ça !

Agacée par cette interruption, Homura dressa une barrière circulaire, l'englobant avec Madoka. Désormais, elles étaient toutes les deux seules, isolées de tous les sons. Sayaka, Kyôko et Mami avaient beau frapper la barrière, hurler de toutes leurs forces, les deux amies n'entendaient rien, elles étaient enfermées dans un cocon, comme si elles n'était plus que seules au monde.

Madoka trembla. Ses mains menaçaient de lâcher l'arme, consciente du choix que Homura lui imposait. Une immense horloge était visible, sur sa gauche, son unique aiguille trottait inlassablement, décomptant les secondes. Si elle ne prenait pas de décision, Homura le ferait.

Madoka savait parfaitement ce que ferait Homura.

Le démon la tuerait. Puis, dans un ultime acte de désespoir, la déesse nihiliste anéantirait cet univers, avant de disparaître à son tour, ne laissant qu'un néant glacé.

Elle l'avait vu. Elle avait vu ce futur possible, qui semblait de plus en plus inévitable.

La trotteuse poursuivit sa route, inlassable, grignotant le temps.

Quoi qu'elle fasse, le temps n'attendait pas, filant comme du sable. Même Homura ne pouvait rien faire. Elle pouvait l'arrêter, le remonter autant qu'elle le souhaitait, il continuerait toujours de s'écouler.

L'adolescente aux cheveux roses inspira, tandis que ses yeux arboraient un reflet doré.

Madoka saisit l'arme, s'avança vers Homura et la fixa dans les yeux.

- Homura-chan, murmura t-elle d'une timide voix enchanteresse, je dois te faire ma dernière confession. Tes sentiments m'ont profondément marquée, leur pureté est absolue et tu me manqueras atrocement. Je t'aime, Homura-chan.

Sur ce, Madoka saisit délicatement le visage de son amie entre ses mains, comme on le ferait d'un amant trop longtemps éloigné. Elle caressa les soyeux cheveux bruns et enserra Homura contre son corps fin, profitant de la chaleur de son amie. Madoka plaça son propre visage au-dessus du crâne de la brune, afin de profiter une ultime fois du parfum fleuri de son amie.

Elle resta ainsi quelques secondes, plaçant le canon du pistolet contre la nuque de la brune. L'angle était choisi avec soin, elle offrirait une paix rapide pour soulager l'âme de sa meilleure amie. Ce serait instantané.

Kaname Madoka avait fait son choix.

Lorsque l'aiguille du destin termina son tour, Madoka appuya sur la détente.

Alors que la déflagration retentissait, que le projectile perforait la chair et les os des deux adolescentes, elle sentit qu'elle avait fait le bon choix.

Homura ne méritait pas de ne connaître que haine et ressentiment. Malgré tout ce qu'elle avait fait, ses gestes n'avaient été dictées que par amour. Un amour pur, absolu et sincère.

Homura ne méritait pas de mourir seule. Madoka l'aimerait pour l'éternité et maintenant, elles seraient toujours ensemble.

Et puis, ce monde parfait n'avait plus besoin de dieux.