L'ANNONCE

Le soleil rayonnait si fort que la chaleur était étouffante. Drago était quand même dehors, dans le parc du manoir, sous un chêne qu'il croyait protecteur. Malgré l'ombre de ses branches, il supportait mal l'atmosphère. Il n'arrivait pourtant pas à réagir. Ses pensées étaient trop lointaines. Il ne comprenait pas ce qui pouvait se passer. Des membres de sa famille avaient été attaqués. Il y avait déjà eu 4 morts et ça depuis seulement 3 mois. Et ils ne savaient pas ce qui avait pu se passer. Au début, à la mort de sa grande tante, ils avaient pensé à un suicide. Il est vrai qu'elle était un peu déprimée mais de là à aller jusqu'au suicide, il y avait un pas. Et puis les autres morts dans les mêmes circonstances avaient confirmées que ce ne pouvait pas être une coïncidence. Tous ces meurtres étaient sans aucune ambiguïté dirigés contre sa famille. Quelqu'un avait un compte à régler avec la famille Malefoy mais aucun membre de l'illustre dynastie n'avait su dire lequel. Et à chaque fois c'était pareil : aucun signe précurseur, des victimes surprises au moment où elles s'y attendaient le moins et pas un seul indice permettant de deviner qui avait pu faire ça.

Un elfe de maison interrompit Drago, perdu dans ses pensées. Il avait transplané juste devant lui et lui tendait un morceau de parchemin. Ses yeux fixaient le sol et Drago sentait la terreur transparaitre dans ses tremblements.

- Maître, un message pour vous.

- Bien, répondit Drago.

L'elfe s'inclina devant lui et disparut rapidement. Drago était toujours vexé du comportement des elfes. Ils agissaient comme s'il était disposé à les tuer à la moindre occasion. Il n'était pourtant pas comme son père ! Il refusait de s'abaisser à ôter la vie à une créature sans défense, surtout sans raison.

Il eut soudain un frisson en reconnaissant l'écriture de son père sur le pli. Était-il arrivé encore un malheur ? Sa mère allait elle bien ? Elle était la seule personne dont la mort aurait pu le rendre malheureux. Elle était probablement la seule qui se soucie vraiment de son bonheur. C'était la seule qui l'écoutait et le comprenait. Il ne voulait pas l'avouer mais il avait avec sa mère une relation fusionnelle. Il sentait bien qu'elle tenait à lui plus qu'aucune mère à ses enfants.

Il se hâta de se rendre dans le bureau de son père. Lorsqu'il frappa à la porte, il n'osait pas ouvrir. Mais il fut soulagé de constater que sa mère était là et qu'elle semblait aller bien. Pourtant, son regard paraissait troublé. Son père prit la parole :

- Drago, nous t'avons demandé de venir car, en ces temps troublés, il nous semble plus prudent d'agir avant de ne plus en être capables.

- ...

- Nous voulions t'annoncer le plus tôt possible que nous t'avons trouvé une compagne à ta hauteur.

- Je ne comprends pas bien père, répondit Drago mal à l'aise.

- Tu te doutes que des gens de notre rang ne peuvent pas se lier à n'importe qui. De plus, tu es en âge de te marier. Nous avons assez attendu et tu n'as semblé manifester aucun intérêt pour les jeunes filles de ton entourage. Nous t'avons donc cherché une épouse digne de toi et il se trouve qu'un ami de longue date de la famille nous a présenté quelqu'un. Il s'agit d'une sang pur évidemment et elle a suivi une scolarité à l'école de Durmstrang.

- Est ce que vous êtes en train de me dire que vous voulez que j'épouse cette fille ?

- Ce n'est pas un souhait, c'est un fait ! répliqua sèchement Lucius.

- Lucius, intervint Narcissa, peut être que Drago pourrait la rencontrer avant de ...

- Il fera comme tous ceux de cette famille : il la rencontrera pour les noces !

- Mais père ... commença Drago.

- Il n'y a pas de « mais » ! Tu n'es plus un enfant et tu savais depuis longtemps que ça se passerait comme ça.

Drago était tellement stupéfait qu'il ne trouva rien d'autre à dire que :

- Je refuse ! d'un ton catégorique.

- Tu n'as pas le choix ... hurla Lucius hors de lui.

- Lucius, intervint Narcissa, laissez moi parler avec mon fils. Je vous en prie.

- Si vous y tenez ... Je vous laisse mais essayez de faire entendre raison à VOTRE fils.

Lucius sortit du bureau. Narcissa s'approcha de son enfant chéri.

- Drago, j'ai fait tout ce que j'ai pu pour annuler ce mariage mais ton père n'en démord pas.

- Je n'épouserais pas cette fille. Je ne la connais même pas. Comment pouvez vous acceptez une telle idée ?

- Je sais ce que c'est ...

- Comment ?? Vous ne vous êtes pas choisis père et vous ?

- Non, effectivement. Nos parents ont tout organisé sans nous demander quoi que ce soit. Mais progressivement, j'ai appris à connaître et à aimer ton père.

- Mais alors, c'est justement pour ça que vous devriez vous opposer à cette idiotie.

- Je m'y oppose mais ton père ne veut rien savoir et je n'ai jamais eu beaucoup d'influence sur lui. J'ai peur que nous n'ayons pas le choix.

- « NOUS » ? Dites plutôt que JE n'ai pas le choix !

- Je ne voulais pas vendre mon fils !

Un silence gênè pesa sur la pièce. Drago se calma et reprit :

- Si vous me dites de le faire, j'accepterais ...

- Il le faut mon chéri. Tu verras, elle ne sera peut être pas aussi terrible que tu le crois. Regarde ton père, j'avais très peur et finalement, il s'est avéré qu'il est un bon mari.

- Si vous le dites.

- Allez, va te détendre et ne pense plus à ça pour le moment.

Drago sortit assommé. Il s'y attendait bien sur mais le choc état quand même difficile à encaisser. Ses parents régissaient sa vie et il ne le supportait plus. Mais que pouvait il faire ? Il se rendit dans le parc du manoir et se rassit sous le chêne qu'il préférait. Il se sentait à l'abri des regards et pouvait tout à loisir se laisser aller à la colère. Encore une fois il allait devoir baisser la tête et obéir. Et s'il s'agissait d'une idiote ? Ses parents avaient réussi à s'entendre, enfin il croyait. Il ne s'était jamais demandé si ses parents s'aimaient. Mais soudain il réalisa qu'ils étaient totalement différents et il comprit ce que signifiait le mot « soumission ».

Mais pourquoi fallait il que son père pense qu'il était temps. Ce n'était pas parce que certains membres de la famille mouraient qu'il fallait croire que ses jours étaient comptés ! Et même si c'était le cas, en quoi la présence d'une épouse pourrait changer quoi que ce soit ? Il avait peut être l'âge mais aucunement l'envie de se marier. Être uni à une fille ? Quelle idée ! Qui plus est, une inconnue ! Si en plus, il s'agissait d'une idiote, superficielle à la manière de Pansy Parkinson, ce serait le coup de grâce.

Il décida de profiter des derniers jours de tranquillité qu'on lui accordait avant ce fichu mariage et de ne plus penser à sa soi-disant épouse. Mais parfois il avait l'espoir que ce projet tombe à l'eau.