Hey ! Bon, je saute le pas, une bonne fois pour toute ! Ca fait un moment que j'ai commencé à mûrir l'idée de cette fiction (oui parce que c'en était une à la base, mais finalement, la ressemblance avec Livaï était tellement flagrante que je me suis rendue à l'évidence !) et plutôt que de continuer seule dans mon coin, la voici !

Bon, en fait, je la poste surtout pour savoir si ça manque de quelque chose, parce que clairement, je ne suis pas une professionnelle de l'écriture ! Et j'imagine que ça se voit (ou que ça se lit, selon le point de vu).

Du coup, je me suis dit que plutôt que de me torturer l'esprit à parfois supprimer des chapitres entiers, bah autant faire face à la critique. Et si ça vous intéresse, bah je posterais peut-être la suite, j'en sais rien. Advienne que pourra on va dire.

Je vous laisse avec le morceau, et à bientôt peut-être. Bonne lecture à vous !


CHAPITRE PREMIER

Il n'était qu'un chauffeur de taxi. Il n'était que de passage dans la vie de ces hôtes. D'ailleurs, rares étaient ceux qu'il recroisait. Il ne s'agissait la plupart du temps que d'une rencontre unique, sans lendemain. Il ne s'en plaignait pas, loin de vouloir se faire des tonnes d'hypothétiques amis rencontrés à bord de son précieux véhicule. De toute évidence, il n'était pas quelqu'un de très sociable. Il préférait les clients calmes de la journée à ceux bruyants qui croisaient sa route aux alentours de trois heures du matin. Alcoolisée ou non, une bonne soirée passée dans un bar ou chez des amis déridait assez les gens. Et c'était ennuyant, aux yeux du conducteur. Il se serait bien passé de connaître la vie de ceux qui montaient à bord de sa voiture.

Et quelle voiture ! Elle n'était pas essentiellement moderne. Il s'agissait d'une Volvo noire qu'il s'était payé des années avant. Elle était sa seconde voiture, la première étant la vieille coccinelle qu'il avait hérité de son oncle, quand ce dernier avait quitté le navire, à peu près comme tous ses proches. Les sièges de la voiture était eux aussi noirs, en cuir, et il bénissait l'option climatique qu'il avait prit chaque été, bien qu'elle lui aie coutée. De toute façon, il n'avait pas vraiment le choix, en tant que taxi. Posséder une climatisation n'était pas spécialement obligatoire, mais c'était un réel plus. Il avait aussi dû investir dans une autoradio de qualité, de sorte que les clients ne se plaignaient pas.

Peu osaient se plaindre, de toute façon. Son allure taciturne et ses yeux gris anthracites ne laissaient pas vraiment place à des réclamations. Ce n'était pas un choix de sa part, que d'être aussi nonchalant, il l'était simplement devenu avec le temps. D'une manière générale, ce n'était pas un trait de caractère qu'il appréciait chez lui mais il faisait avec. C'était moins fatiguant qu'être exubérant. Non pas qu'il aurait préféré l'être, cela ne l'aurait simplement pas dérangé que d'être un peu plus démonstratif. A vrai dire, il enviait quelque peu les gens émotifs, ceux-là le fascinaient et il trouvait sans mal leurs vies plus passionnantes que ne l'était la sienne. Mais, comme il le disait si bien, tout était manière à s'économiser dans un monde comme celui-ci. Alors il se contentait de les observer, de loin, voire de près, selon qu'ils fussent clients ou non. Quand ce n'était pas le cas, et qu'il était donc seul dans l'étroit habitacle, il laissait ses yeux parcourir les rues. Il y trouvait souvent matière à étudier, tout en conservant une concentration d'acier sur la route.

Inutile de dire qu'il bénissait ses qualités de conducteur. Non seulement elles le faisaient vivre, mais elles lui permettaient donc d'épier les alentours en toute sécurité. Le plus souvent, son regard se posait sur des couples, se tenant la main gaiement, et il apercevait sans difficulté l'éclat brillant que le soleil faisait apparaître sur leurs bagues respectives. Ils étaient probablement les seuls qu'il n'enviait pas. L'amour, c'était trop surfait pour lui. Au grand jamais, il ne souhaitait donner à quelqu'un une importance telle que cette même personne pourrait le détruire. Il aimait la stabilité. Sa vie évitait les peut-être, les incertitudes. Il savait où il allait. Toujours. Et il se confortait dans sa routine, bien qu'ennuyante. C'était plaisant et désagréable à la fois, mais il appréciait cela, dans une moindre mesure. Après tout, il s'agissait de lui. Il n'avait d'autre choix que de concilier avec sa personnalité et sa vie.

D'autres fois, son regard tombait sur des choses moins gaies ; des sans-abris, une enfant seule, et tant d'autres encore. Le monde était comme ça. Si l'on s'en tenait à un cliché, il n'existait que le noir et le blanc. Quand il regardait par la fenêtre, c'était ce qu'il voyait. Des personnes joyeuses ou tristes. Chaleureuses ou froides. Le gris, c'était une nuance qui n'apparaissait que lorsque l'on s'approchait, lorsque l'on prenait le temps de décortiquer chaque action, d'observer minutieusement chaque personne, pendant plus qu'un dixième de seconde. Au volant, ce n'était pas quelque chose dont il était capable. Si bien qu'il s'obligeait à se contenter de cette dichotomie, du moins quand il observait les extérieurs.

Quand son attention était attirée par ses clients, c'étaient différent. Il lui était plus facile de les décrypter. Leur temps passé ensemble était plus long, et il avait le sentiment qu'il rentrait dans leur intimité. Évidemment, c'était léger, mais quand ceux-ci téléphonait à l'intérieur de son véhicule, par exemple, il lui arrivait d'en tirer un tas d'informations. Il se faufilait dans leur vie, une seule et unique fois, et cela lui allait parfaitement. Il passait ses journées à décortiquer des émotions et des comportements qui lui étaient inconnus. Il aimait apprendre. Il aimait rêver de ce qu'il pourrait être, si tout n'avait pas autant merdé à l'époque. Après tout, il n'avait pas toujours été comme ça. Il n'avait pas connu de virage à 180° pour autant, mais il fût un temps où, plus jeune, il lui arrivait encore de s'extasier. Nul doute que cette époque était révolue. Et il ne pouvait s'empêcher de sentir un pincement dans son cœur quand il y repensait. Quelque part, il aurait aimé qu'un autre événement revienne bousculer son quotidien et le ramène des années en avant. C'était contradictoire avec son envie de stabilité. Mais ce n'était que le reflet de ce qu'il était. Contradictoire. Son esprit logique aimait la sécurité. Son cœur aurait préféré l'aventure. Aurait préféré être heureux. Alors, bien qu'il répétait exécrer l'amour, peut-être que, finalement, il aurait aimé un tel bousculement dans son existence.

Plus il y songeait, plus il trouvait cette idée stupide. Mais il avait l'habitude. C'était le genre de tourments qui le prenaient pendant ses terribles insomnies. Il avait appris à faire avec. A vivre avec l'idée qu'il aurait constamment des regrets dû aux désaccords constants qui le tiraillaient. Comme le reste de sa famille. Un héritage maudit, quelque part. Aucun membre de sa famille ne pouvait se vanter d'être parfait. Certes, la plupart avait une vie décente, mais il savait par expérience qu'il manquait à tous un petit quelque chose. Comme à lui. Quoiqu'il lui manquait bien plus qu'un petit quelque chose. Et voilà, peu importe où commençait ses pensées, elles finissaient toujours au même endroit. C'était lassant. Vraiment. Il soupira et se mit à frénétiquement taper le volant du bout des doigts. Ceux-ci frappaient l'objet au rythme de sa frustration, alors que son regard passait de visage en visage. Cela dit, il n'y avait pas grand monde à observer. A cette heure matinale, peu de gens arpentaient les rues de la ville. Encore moins du côté où il était.

Actuellement, il était engagé dans la rue qui lui permettrait de quitter son immeuble. Il était sorti du parking de celui-ci il y avait deçà quelques minutes. Autant dire que pour un taxi comme lui, le choix de son domicile avait grandement dépendu de la présence ou non d'un endroit sécurisé où il pourrait laisser son véhicule l'esprit serein. Alors, évidemment, quand il avait été mis au courant de la présence d'un parking souterrain pour cet immeuble, son choix avait été vite fait. Non seulement cela permettait de limiter les dégâts que pouvaient occasionnellement causer les conditions météorologiques sur sa voiture, mais en plus, il disposait d'un système de vidéosurveillance assez correct qui lui assurait une certain tranquillité quand à un possible casse. Le seul réel inconvénient de cet endroit était son manque de propreté. Sur ce point, il y avait de larges progrès à faire selon ses standards. Si cela ne tenait qu'à lui, il aurait déjà récuré de fond en comble les lieux, et dépoussiéré les cadavres de caisses qui y siégeaient. Comment pouvait-on prendre si peu soin de ses affaires, encore plus quand on en connaissait le prix, pensait-il à chaque fois qu'il voyait l'étendu du désastre.

Il l'aurait fait, tout nettoyer, si cela n'incluait pas des explications devant les autres habitants de l'immeuble qui l'auraient forcément vu. Et, en toute franchise, il n'avait pas franchement envie de répondre à leurs désagréables œillades. Il n'avait pas besoin de faire face à la situation pour savoir comment cela se finirait, merci à ses connaissances sur le genre humain. Il subirait des regards de travers, alors qu'il ne ferait foncièrement rien de mal. Il n'y avait aucun mal à aimer la propreté. Quand on connaissait toutes les merdes qui volaient, il était évident que le soin était de mise. Il ne se voyait même pas se justifier devant des imbéciles à qui il adresserait la parole une seule fois dans sa vie. Et même s'il en trouvait le courage, cela finirait sûrement dans un mélange d'insultes, comme il savait bien le faire. Oui, il était maniaque. Oui, il avait un langage assez fleuri. Et alors ?

Tout en réprimant un froncement de sourcils suite à ces pensées, il tourna à gauche, vers le lieu de sa première course. Un de ces clients habituels, peut-être même un de ses rares amis. Comme tous les lundis, il devait l'emmener sur son lieu de travail. Les autres jours, il s'arrangeait pour trouver un autre moyen de transport, bien qu'il eût largement les moyens de se payer un chauffeur personnel. Il lui avait dit un jour qu'il n'en ressentait tout simplement pas l'envie. Il ne souhaitait pas se couper du monde, alors les transports en communs n'étaient pas si mauvais à ses yeux. Lui s'en contre fichait bien, du moment qu'il continuait à faire appel à ses services et le payait, ça lui convenait. L'unique ombre au tableau était le côté un peu intrusif de ce dernier, mais bon, il faisait avec. Et puis, il pouvait toujours lui dire de la fermer quand il n'en pouvait plus, après tout. Ca n'empêchait pas l'autre de continuer son monologue, mais au moins, ça lui passait les nerfs.

Il finit par arriver devant la maison de son "ami", celui-ci sortant tout juste de son domicile. Pile à l'heure, comme d'habitude, songea-t-il en réprimant un sourire narquois. Celui-ci se dirigeait prestement vers sa voiture. Comme s'il était pressé, tch, grogna-t-il intérieurement. Il n'avait nul besoin d'accélérer la cadence, ils seraient à l'heure, ils l'avaient toujours été. Non, l'empressement de son client ne pouvait signifier qu'une seule chose. Et ce quelque chose avait forcément un lien plus ou moins étroit avec sa personne. En effet, puisqu'il n'avait aucun risque d'être en retard, il en concluait que ce dernier était juste impatient de le voir. Et cela ne l'enchantait guère, au contraire. Le trajet jusqu'au bureau de l'autre était plutôt long en vérité, trois quarts d'heure, et il savait que c'était suffisant pour que l'autre lui casse les oreilles avec une nouvelle qui sortait du four. Rien sur son visage ne le laissait transparaître, son acolyte ne souriait pas et n'avait donc pas l'air enjoué, mais il n'était pas dupe. Il savait le décrypter, encore plus qu'il savait décrypter les passants. Alors, oui, ce début de journée s'annonçait vraiment merdique.

On toqua à la vitre de son habitacle, et cela mit un terme à ses réflexions. Il se pencha vers l'avant pour atteindre le bouton de verrouillage des portes et appuya dessus. Oui, il les verrouillait, et il avait plutôt intérêt à le faire, en réalité. Il était taxi, et avec le lumineux qui ornait le toit du véhicule, n'importe qui capable de connecter deux neurones et doué d'un talent pour la lecture, était au courant. De ce fait, il avait plusieurs fois dû faire face à des gens qui tentaient d'entrer alors qu'il attendait à un feu rouge, ou pire, lorsqu'il s'arrêtait à un Stop. Pour y remédier, il faisait donc en sorte que ses portes soient toujours bloquées. Ca n'empêchait pas les gens de tenter leur chance, et lui, de leur montrer son majeur avec une œillade mortelle, mais, néanmoins, il n'avait plus à s'occuper de ses emmerdeurs en plein milieu de situations qui ne lui offraient pas une grande marge de manœuvre ; essayez de virer quelqu'un de votre caisse quand une multitude de gens vous klaxonne alors que le feu vient de passer au vert, vous vous rendrez bien vite compte de la difficulté de la tâche.

Une présence s'invita dans la Volvo alors qu'il se rasseyait convenablement. Une fois fait, il se tourna vers son client et le salua d'un hochement de tête incisif. L'autre masqua un rire avant d'entamer la conversation :

« Bonjour à toi aussi Livaï, lui dit-il un brin moqueur. »

Ledit Livaï haussa les épaules, peu enclin à répondre à une attaque aussi enfantine. Et puis, il en avait l'habitude. De toute façon, l'autre allait bientôt lui donner la raison de l'excitation qui le faisait taper du pied sur le tapis au pied du siège passager. Il va me le dégueulasser avec ses godasses, pensa-le chauffeur en reniflant de manière dédaigneuse. En attendant que les vers que son compagnon semblait avoir aient raison de lui, il se mit à le détailler. Comme de coutume, il était habillé d'un de ses luxueux costumes d'homme d'affaires propre sur celui ; ce qui n'empêchait pas Livaï de douter de la propreté de ses chaussures. Il possédait la panoplie complète du gros riche : le 3 pièce, évidemment, mais aussi la montre hors de prix pour n'importe quelle personne normale, la serviette en cuir qui devait sûrement contenir une multitude de documents de haute importance, et enfin, le Smartphone qui siégeait dans la main de son propriétaire. Livaï se foutait bien lui, d'avoir un téléphone capable de tout un tas de trucs : d'une manière générale, il ne s'en servait que très peu, juste pour prendre les appels de ses clients en fait. Alors voir tous ces gens se procurer un engin aussi couteux et qui faisait trois fois la taille de leur main, ça avait le don de l'agacer.

Cela dit, dans celle de son voisin, l'appareil n'avait absolument pas l'air démesuré. Il fallait dire que tout était grand chez l'autre. Il devait mesurer pas loin d'un mètre quatre-vingt-dix, peut-être plus, il n'en savait trop rien, et n'allait certainement pas lui poser la question. De toute façon, avec son mètre soixante, à lui, tout paraissait grand, trop grand. Et ça, son entourage l'avait bien remarqué surtout l'une des personnes qui le constituait, complètement barge. Alors qu'il songeait encore à au combien il maudissait cette personne ; au moins autant qu'il maudissait sa taille à vrai dire, il vit l'autre enclencher la manette qui lui permettrait de faire reculer le siège. Naturellement. Putain de géant, était ce que son sourcil tiquant voulait dire. L'autre haussa les épaules, sentant un regard peser sur lui. Evidemment, parfait comme il l'était, lui ne se doutait pas du tourment intérieur de l'autre. Avec ses cheveux blonds et ses yeux bleus, en parfait cliché, rien ne semblait pouvoir gâché un tel portrait. Ses cheveux étaient toujours bien peignés dans une coupe assez classique et transparente, là où, lui, possédait une chevelure ébène, qui lui retombait parfois devant les yeux, qui était rasée vers l'arrière, un peu à la manière d'une coupe militaire. En même temps, il n'avait le temps, ni l'envie d'aller voir un coiffeur alors il se débrouillait comme il pouvait.

A bien y regarder, tous deux n'avaient aucun point commun, et cela allait bien au-delà de la teinte de leur cheveux. Leurs yeux aussi étaient différents : bleus pour l'un donc, et gris anthracites pour l'autre. Mais c'était plus qu'une question de couleurs. Pour Livaï, l'œil avait toujours été un reflet de l'âme, un gouffre sans fond qui était une source inépuisable d'informations sur son possesseur. Alors il n'avait aucun mal à voir la chaleur, la finesse et l'élégance dans les prunelles ciels, là où il imaginait bien l'obscurité et l'impassibilité qui émanaient possiblement des siennes. A cela, s'ajoutait leur carnation, peu différente, mais légèrement plus pâle pour Livaï. Alors oui, dit comme ça, Livaï avait vraiment l'air taciturne, mais, en même temps, c'était ce qu'il était, alors tant mieux si son physique correspondait le laissait entendre, c'était un gain de temps.

Au-delà de leur physique opposé, quoique leur musculature était assez similaire puisqu'ils semblaient tous deux aussi dur que de la pierre, leur caractère en était de même. Il n'allait pas s'épancher sur le sujet, le fait était que son ami savait gérer une conversation en toute simplicité, alors que lui non. C'était l'une des innombrables choses qu'il savait faire, et dont lui, Livaï était incapable. Son ami était un homme d'affaires au succès sans pareil, un avocat qui avait une société florissante, et un chef d'entreprise talentueux. A côté de ça, il faisait pâle figure, sans mauvais jeux de mots. Lui n'avait jamais su penser de manière stratégique. Contrairement aux apparences, il était quelqu'un de simpliste. Cela ne voulait pas dire qu'il était un imbécile, bien sûr que non, simplement, il ne se perdait pas en réflexions multiples dans le but d'amasser de l'argent. De plus, il n'était pas du genre à commander. Oui, il donnait des ordres à ses amis quand ceux-ci le faisaient royalement chier, mais au-delà, il n'avait point l'âme d'un leader. Sans compter qu'il n'avait absolument aucun talent quand il s'agissait de parler aux autres. Dans le sens, discuter calmement. Calmement, un mot quasiment inconnu de son vocabulaire. Quasiment, parce son visage était calme. Non pas d'un calme serein, mais d'un calme aussi impassible que ses yeux. En revanche, son esprit fulminait toujours. Tout était manière à s'énerver selon lui. Là où le blond prenait tout pacifiquement.

Dépeints comme ça, une seule conclusion sautait aux yeux : Erwin était un synonyme de victoire alors que Livaï était plutôt celui de parcours tortueux. Non, il ne se considérait pas comme un échec, enfin, si, mais là n'était pas la question. A quoi je pense moi putain, fût la première chose qui lui vint en tête. Ce fût à peu près à ce moment que le grand blond intervint :

«—Est-ce que tout va bien Livaï ? Tu me fixes depuis tout à l'heure et je dois te dire que c'est quelque peu embarrassant. D'ailleurs il serait temps de démarrer, tu ne crois pas ? dit-il avec un air serein nullement révélateur de son embarras. Sale charlatan, aurait été tenté de lui répondre son interlocuteur peu loquace.

—Arrête de t'y croire, évidemment que tout va bien. Qui ne serait pas ravi de voir son client ruiner un tapis tout neuf dès le début de sa journée, répondit-il légèrement amer puisque l'autre n'avait en effet toujours pas arrêter de frapper la cadence de sa chaussure, les vers que t'as au cul vont finir par te bouffer alors accouche avant que ce ne soit moi qui te fasse gigoter pour une putain de bonne raison, asséna-t-il en démarrant le véhicule, sans un regard pour son vis-à-vis.

—Toujours égale à toi-même à ce que je vois, pouffa légèrement l'autre à la vue de la mine renfrognée de Livaï. En effet, il y a bien quelque chose dont je souhaiterais te parler, mais, je ne pense pas que le moment soit approprié, à bien y réfléchir.

—Qu'est-ce que tu racontes encore comme merde…, soupira le brun en lui jetant un bref coup d'œil. Ce n'est pas comme ci on allait se revoir de sitôt, en tout cas pas avant la semaine prochaine si on ne prend pas en compte ce soir, conclu-t-il.

—Justement, je songeais à sortir ce soir ; dans un bar, ou au restaurant, cela n'a pas vraiment d'importance. Pourquoi ne te joindrais-tu pas à moi ? Cela fait longtemps depuis la dernière fois, non ? lui proposa le blond, cessant finalement de remuer.

—Je sentais bien une connerie arriver, sourcils de merde. Va pour un restaurant, j'ai pas vraiment envie de me retrouver entouré de merdeux incapables de se souvenir de leur prénom. Choisis ce que tu veux, j'm'en carre.

—Du Livaï tout craché, l'autre grogna alors qu'il prononça ses mots. Je réfléchirais pendant la journée et je te dirais ça quand tu reviendras me chercher.

—Fais comme tu veux, du moment que tu choisis pas un truc où tout le monde à un putain de balais dans le cul, râla-t -il en se souvenant d'une plutôt mauvaise expérience dans l'un de ces restaurants beaucoup trop chic pour son langage.

—Ne t'en fais pas pour ça, j'ai compris mon erreur au moment où tu as fait remarqué à la serveuse que ton verre n'était absolument pas propre. Je crois qu'elle n'avait jamais dû entendre autant de noms d'oiseaux dans une seule phrase. La pauvre, j'ai vraiment cru qu'elle allait défaillir.

—'Avaient qu'à mieux laver, dit Livaï avec mauvaise foi. »

Le plus grand des deux sourit à la remarque bougonne de son ami. Livaï avait son petit caractère, c'était indéniable. Malgré cela, il n'avait jamais eu à douter de lui. Certes, les conditions de leur rencontre n'avait pas vraiment été optimales, et le brun ne l'avait pas vraiment compté parmi ses amis de prime abord, mais, aujourd'hui, ils étaient amis. Et c'était tout ce qui comptait.

Livaï s'arrêta à un stop et en profita pour descendre un peu sa fenêtre. Il aimait sentir l'air pénétrer dans l'habitacle. L'avantage était qu'avec Erwin, il n'avait pas besoin de demander pour effectuer ce geste. Alors il en profitait, tout en songeant au mystère que l'avocat semblait vouloir garder. Cela l'énervait un peu, mais, encore une fois, qu'est-ce qui ne l'énervait pas ? Au moins, il n'aurait pas à attendre trop longtemps, même s'il devait payer le prix fort. La perspective de sortir ce soir ne l'enchantait pas vraiment, il n'aimait que très peu les espaces habités par trop de gens en même temps. C'était probablement pour cela qu'il exerçait ce métier : il n'avait jamais plus de quatre personnes autour de lui. Enfin, il serait avec son ami, et les autres seront loin d'eux. Et puis, avec un peu de chances, Erwin inviterait l'autre cul-de-bouteilles.

Le reste de la route se fît assez tranquillement, l'homme d'affaires menant la conversation. Il évoqua surtout des banalités auxquelles le brun répondait par monosyllabes. Il le comprenait, à force de le côtoyer, il avait acquis un certain décodeur. Le blond reçu aussi un coup de fil, auquel il répondit, laissant un certain répit à l'ébène qui avait envie de s'adonner à son activité préférée. Son regard parcouru donc les trottoirs, épiant les gens, les décodant rapidement, ses yeux balayant le paysage plus vite que le vent. Même lorsque l'autre termina son appel, il le laissa tranquille. Il avait bien vu que Livaï était concentré, et puis, ils n'en avaient plus pour très longtemps de toute façon.

Peu après, le chauffeur s'arrêta juste devant une grande entreprise. Il ne prit pas la peine de se garer sur une place, après tout il s'attendait à ce que l'autre déguerpisse vite, il avait d'autres clients de prévu. Et puis, il n'avait pas envie de se faire mauvaise réputation si le grand boss de l'entreprise arrivait en retard simplement parce qu'il avait mis trop de temps à trouver une place. Et son radar n'était pas encore parfaitement optionnel à cette heure matinale. Il entendit une ceinture être débouclée et Erwin lui commença à se lever. A ce moment, Livaï réalisa qu'il avait oublié de lui préciser à quelle heure il devait venir le chercher ce soir. Il attrapa donc la veste de costume du blond et lui lança :

«—A quelle heure je viens, vieux sourcils ?

—Hm, je devrais finir un peu plus tôt ce soir alors dix-neuf heure. Nous devrions aller dîner vers vingt-et-une heure, comme cela, nous aurons une heure devant nous pour nous préparer, constata-t-il, tout en lissant sa veste là où son chauffeur l'avait agrippé.

—Seulement si tu ne décides pas de prendre un restaurant à vingt-mille kilomètres d'ici, râla-t-il.

—Je vais faire de mon mieux dans ce cas, conclu Erwin en sortant de la voiture. A ce soir Livaï.

—Ouais, c'est ça, dégage, j'ai pas que toi comme client j'te signale.

—Oh, tu en as un juste après moi ? C'est rare, non ?

—Que veux-tu, le succès m'étouffe. Allez casses-toi, que j'puisse aller chercher la môme qui me demande, lança le brun.»

Ce fût sur ces belles paroles que les deux se quittèrent. Erwin se dirigea vers son lieu de travail, alors que le corbeau quittait les lieux, en route pour sa nouvelle course. En effet, il avait souvent un peu de répit après celle de son ami, mais pas aujourd'hui. Une gamine l'avait contacté hier pour qu'il l'emmène à l'aéroport alors il n'avait pas de temps à perdre. Le compteur tournait et plus vite il aurait fini cette journée, plus vite il saurait ce que l'autre avait de si important à lui partager.


Est-ce que c'était trop long ? Si je me trompe pas, on part sur 4000 mots et quelques. Même les chapitres suivants tournent autour de ce nombre. Du coup, c'est pas trop chiant ? C'est juste le premier chapitre, donc y'a pas trop de mouvement non plus hein, mais ça doit pas être lourd à lire pour autant, donc si vous avez trouvé que ça l'était, dites-le moi. Genre, si vous avez sauté des passages, ou que sais-je encore ~

Pour le moment, je ne défini pas clairement ce qu'il va se passer dans la fanfic. D'une part parce qu'il n'y a aucune garantie que j'en poste la suite, donc ça va dépendre de vous. Et d'autre part parce que je pense que la définir clairement serait du bon gros spoil. Donc, rien de tout ça, je peux juste dire qu'on part sur un Hurt&Comfort/Romance. J'aime beaucoup ces deux registres, donc on y va ~

J'espère quand même que ça vous a plu, évidemment, et merci à vous d'avoir tenu jusque là. C'est déjà assez gratifiant à mes yeux !

(Je ne me suis pas relue, parce que je ne fais pas énormément de fautes en théorie, cela dit, quand j'écris c'est toujours très tard, donc il se peut qu'il y en ait beaucoup, dans ce cas, dites le moi, et je me relirais au mieux ;))

-lauel